Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Le roman = souvent mal compris en raison d’une réduction à des analyses thématiques, la prose ne se
plie pas aux outils d’analyse stylistique traditionnels.
Càd qu’il comprend plusieurs « unités linguistiques hétérogènes » dont les principaux types
sont :
o Narration directe littéraire
o Narration orale traditionnelle stylisée ou « récit direct »
o Stylisation de la narration écrite semi-littéraire
o Discours des personnages
Alors que la poésie repose sur un langage unique & individuel, c’est le contraire pour le roman.
Le postulat de la véritable prose romanesque, c’est la stratification interne du langage, la diversité des
langages sociaux et la divergence des voix individuelles qui y résonnent.
Roman = partage de nombreuses similitudes avec les discours rhétoriques mais ne peut pas y être
réduit.
Le langage commun repose sur un système de normes linguistiques (« forces créatrices du langage »)
-> ce langage est « idéologiquement saturé », chacune de ses composantes est profondément liée
aux conceptions & imaginaires de la catégorie socio-historique qui l’emploie. C’est donc une force
d’unification et de centralisation qui garantit une compréhension forte entre les hommes qui
l’emploient (conception commune du monde) -> VS la prose possède des « forces décentralisatrices
et centrifuges ».
[Les catégories stylistiques initiales] furent constituées par les forces historiques réelles du devenir
verbal et idéologique de certains groupes sociaux précis. […] Ces forces furent celles de l’unification et
de la centralisation des idéologies verbales.
Les phénomènes spécifiques au discours romanesque = viennent de son orientation dialogique. C’est
un « discours vivant » qui s’élabore précisément dans son interaction avec les autres langages ->
« dialogue social ».
Un énoncé vivant […] ne peut manquer de toucher à des milliers de fils dialogiques vivants, tissés par
la conscience socio-idéologique autour de l’objet de tel énoncé et de participer activement au
dialogue social.
Quand ce discours conceptualise son objet -> processus plus complexe qu’avec un « langage unique »,
l’image que l’intention du discours donne à l’objet en fait un « discours-rayon ». P101 L’objet y révèle
la « multiformité sociale plurilingue de ses noms ». La dialogisation = partie active du processus.
Les dialogues vivants = caractérisés par leur dépendance aux autres milieux, ne sont jamais
autonomes mais toujours orientés vers la réponse. La compréhension par l’interlocuteur n’est pas
passive mais sert à enrichir la conception, une action mutuelle s’exerce entre les idées déjà présentes
et les nouvelles. = autre aspect de la « dialogisation intérieure », la rencontre des deux discours par la
perspective de l’interlocuteur -> accentue la subjectivité du discours. C’est l’événement principal du
discours. =/= « utilisation directe » du langage par les genres poétiques. -> le langage comme milieu
vivant n’est jamais unique en raison de sa participation à la vie sociale & de son historicité.
Le langage, en tant que milieu vivant et concret où vit la conscience de l’artiste du mot, n’est jamais
unique.
Toutes les visions du monde socialement signifiantes ont la faculté d’éparpiller les intentions virtuelles
du langage, en les réalisant concrètement.
Càd que toutes les visions du monde qui participent au plurilinguisme donnent une valeur
particulière aux éléments du langage utilisé. On parle de « stratification ». -> c’est elle qui
aboutit à la « stratification » déjà mentionnée.
Les différents « langages » (ici : visions du monde) = sont des pdv sur le monde, coexistent.
On y observe des constructions hybrides : les « paroles d’un autre » sont introduites dans le discours
de l’auteur mais c’est un langage qui lui est étranger, deux perspectives s’y confondent.
Il prend l’exemple de Rabelais qui parodie toutes les formes de discours idéologique & de
pensée linguistique.
Le narrateur n’y sert pas à organiser le plurilinguisme mais il y est vecteur d’une certaine perspective
linguistique et peut mettre en perspective les éléments objectivés. -> l’auteur réalise ainsi son
« intention » à travers le pdv du narrateur du récit.
L’auteur n’est ni dans le langage du narrateur, ni dans le langage littéraire « normal », mais il recourt
aux deux langages pour ne pas remettre entièrement ses intentions à aucun des deux. -> « troisième
homme »
Le polylinguisme dans le roman, c’est le discours d’autrui dans le langage d’autrui, servant à réfracter
l’expression des intentions de l’auteur.
Autre élément du plurilinguisme : les paroles des personnages, qui représentent une altérité
complète. L’auteur exerce un dialogue permanent avec eux. Ce « discours à deux voix » = enjeu
principal de la prose, repose sur une diversité historique.
Discours direct
Discours indirect
Discours indirect d’autrui/indirect libre
Utilisation de genres intercalaires : peuvent aussi bien être présents de manière relativement
indépendante que déterminants pour la structure d’ensemble (biographie, lettres, etc.), ou
objectivés.
= les locuteurs sont nécessaires pour apporter à la prose des discours idéologiques originaux,
l’homme y est principalement présent par sa parole.
Le locuteur du roman est essentiellement un individu social mais aussi un idéologue ; son discours
produit donc un langage social mais aussi des « idéologèmes » -> comme le discours = l’idée, si on
veut démontrer une idée il faut que le discours soit représenté ; jusqu’au langage de l’auteur peut
être objectivé/représenté. Image du langage de l’homme = plus grande caractéristique du discours
romanesque. Il n’est plus une réalité empirique mais une création libre, « phénomène bivoque et
bilingue ».
Ce n’est pas l’image de l’homme en soi qui est caractéristique du genre romanesque, mais l’image de
son langage.
Le héros du roman :
Même si sa position correspond à celle de l’auteur, il est placé par rapport au système
plurilingue du roman (=/= héros épique)
Ses actions & paroles ont toujours une valeur idéologique, elles incarnent sa conception du
monde
Selon Bakhtine, dans le langage courant, 50% des paroles prononcées = viennent ou se réfèrent à
autrui. -> le discours de l’autre est très présent dans la vie sociale. Ces paroles subissent des
modifications de sens et sont souvent comprises grâce à leur contexte, « encadrement dialogique ». -
> le contexte détermine la transmission. Cette transmission =/= représentation puisqu’elle est
intéressée, elle sert un propos.
Double utilisation par le roman des formes dialogiques & de la transmission de la parole d’autrui :
Déf du « langage social » : « entité concrète et vivante des signes de sa singularisation sociale ». Le
langage est historiquement réel en tant que devenir plurilingual.
- Hybridation (mélange de deux langages sociaux dans un énoncé). =/= « éclairage mutuel » où
un seul langage est présenté à la lumière de l’autre. Types d’éclairage mutuel ;
o Stylisation (représentation littéraire du style linguistique d’autrui)
o Variation (le langage qui éclaire introduit son matériau propre dans le langage éclairé)
o Stylisation parodique (les intentions du langage qui représente sont opposées à celles
de celui qui est représenté)
- Interrelation dialogisée des langages
- Dialogues purs
Auteur (représente)
Personnage (représenté)
Le roman ne peut s’accomplir que dans un monde décentralisé, avec une « conscience galiléenne »
du langage. = correspond à la 2e ligne.
Roman = « présuppose la décentralisation verbale et sémantique du monde idéologique »
Jadis incarnation irréfutable et unique du sens et de la vérité, le langage est devenu l’une des
hypothèses possibles du sens.
Les « romans des sophistes » sont ainsi à l’origine de la « 1e ligne stylistique » : si le langage &
le style restent unifiés on a un fond de PL. elle est non-polémique et éloignée du langage
quotidien. PL « de haut en bas ».
o Romans de chevalerie classique (en vers) -> monde de cultures & langues étrangères
donc multilinguisme social déjà assez affirmé malgré la centralisation idéologique
o 1er romans en prose : conscience linguistique décentralisée, rupture totale
langage/matériau -> le style fait communiquer les 2 organiquement, langage réfracte
les intentions du matériau. Pas de lien langage littéraire/langage réel
Sommet de cette évolution avec la « prose de l’exposé » (plus aucune base
sociale stable présente) par ex dans Amadis.
e
2 ligne = introduction du PL social dans le corps véritable du roman. Elle parodie les procédés
d’abstraction utilisés par le langage ennobli en ramenant les comparés au prosaïsme & au
vulgaire -> ex de Cervantès, Don Quichotte. Se construit dans une interaction constante avec
le langage de la vie courante + organise le PL. Le discours pathétique direct n’y sert plus de
fondement du style. PL « de bas en haut ».
o Grandes œuvres romanesques de la 2nd ligne: originalité se déploie réellement,
avènement des « authentiques représentations romanesques bivocales ».langage ne
sont plus objet d’une simple parodie mais remplissent fonction d’une
« représentation littéraire équitable ». Commence à se servir de tous les langages en
« surélevant » au-dessus ses intentions & accents, accordés avec eux par le dialogue.
o « L’auteur investit sa pensée dans la représentation du langage d’autrui, sans en
violer la volonté ni l’originalité propre »
o Début d’une nvelle exigence: « le roman doit être le reflet intégral & multiforme de
son époque », microcosme du PL.
Au 17e : la 1e ligne prend une orientation sociale & politique avec le roman baroque -> la stylisation
est orientée d’une nouvelle façon, intègre la réalité contemporaine dans le langage qui en est éloigné,
l’auteur parle de « mascarade héroïsante », on se représente de façon élevée.
Le roman d’épreuves : essentiellement organisé autour des idées de crise & de régénération. Variante
au 20e : épreuve romantique du génie/de la vocation, type de « l’élu ». Stendhal & Balzac : le parvenu,
Zola : mesure l’aptitude à vivre. Autres variantes :
- Individu VS collectif
- Réformateur moral
- Mesure de l’aptitude à vivre en société (romans russes)
Le discours dans le roman baroque : pathétique qui se définit par son aspect apologétique &
polémique+ rétablit un autre genre qui n’est plus directement présent. Il se présente comme se
suffisant à lui-même, représente les limites encyclopédiques de la 1 e ligne, lié à des représentations
d’une hiérarchie passée.
Masse verbale fondamentale = sur 1 seul plan donc liée en tous points au PL mais sans l’intégrer dans
la composition.
Roman psycho sentimental = lié aux lettres présentes dans roman baroque. On y a un discours
pathétique « en chambre », qui devient intime + qualité didactique morale. Modification des
relations langage roman/PL: + directes.
En liaison avec une mutation du langage littéraire qui se rapproche du parler -> devient langage
unique pour expression directe des intentions de l’auteur. S’oppose aux grands genres littéraires, se
place en Langage universel littérature/vie, pour une expression authentique. Opposé aussi au PL
grossier de la vie courante. Malgré l’opposition le langage récusé reste hors de l’œuvre
Pour remplacer les conventions du « haut langage littéraire » refusé, création d’une autre norme :
dialogisme unilatéral, conflit avec polyphonie de la vie.
Le PL en-soi devient un PL pour-soi : les langages sont dialogiquement correlatés & commencent à
exister les uns pour les autres (comme les répliques du dialogue).
Le discours bivocal = s’invente d’abord dans « petits genres épiques » -> s’y élaborent les procédés de
structure pour représenter le langage, l’associer à la figure du locuteur, montrer le « propriétaire »
=/= objectivité.
« Le sens réel du discours est défini par celui qui parle, par les circonstances qui le font parler »
Début du « scepticisme rad » de tout discours direct, impossibilité qu’il ne soit pas
mensonger (Villon, Rabelais, Sorel, Scarron)
Figure du fripon : « joyeuse supercherie » = moquerie du mensonge opéré par tous les langages (en
particulier de ceux qui détiennent un pouvoir). « Le mensonge s’éclaire en prenant conscience de lui-
même ». Il détermine 1e forme du roman de la 2 nde ligne = roman d’aventures picaresque (originalité
à replacer dans contexte des genres de l’époque). Hors de toutes les catégories du roman d’épreuves,
étranger au sérieux pathétique qui avait déterminé la figure de héros dans roman d’épreuves + de
l’homme dans maj des genres rhétoriques. Schéma crime/ mérite/ exploit/droit politique = organisait
l’unité du roman & de son action + du perso
Figure du sot : naïveté qui ne comprend pas la moquerie, « singularisation » de la prose pathétique
conventionnelle. L’incompréhension des conventions sociales = trait qui restera avec 3 procédés
distincts :
Aspect d’incompréhension voulue = détermine quasi toujours les romans de la 2 nde ligne. Toujours
dans une relation polémique à l’intelligence, la dénonce. Auteur = peut le ridiculiser, mais sa présence
reste indispensable pour « singulariser » le monde des conventions sociales -> aide à percevoir
objectivité/ relativité & à construire leurs représentations.
Héros de série d’épisodes sans fin, fond dialogique =/= genre dramatique classique (sauf certaines
comédies avec par ex figure de Figaro)
Présence simultanée mais peu d’influence: forme de la « confession », construction d’une image
intérieure de l’homme & de ses actes
« Tous les liens anciens entre l’homme & son action, entre l’événement & ses participants se
désagrègent ».
Fusion interne de 2 pdv -> le côté parodique prend un nouveau caractère, résistance dialogique aux
tentatives extérieures de parodie « la représentation devient une interaction évidente » -> possibilité
de la réinterpréter & réaccentuer en permanence, devient polysémique // symbole
« Dans le roman, chaque langage est un pdv, une perspective socio-idéo des groupes sociaux réels &
de leurs représentants incarnés ». -> tout pdv sur le monde doit s’incarner organiquement dans un
roman.
« PL social concret » -> pas une plénitude logique & abstraite mais une liée à son époque, entité en
évolution. Les différents langages prennent leur sens complet en relation avec les autres langages de
leur époque.
Roman de la 2nd ligne: met en avant son « autocritique du discours »,discours critiqué dans son
rapport à la réalité. Roman de l’épreuve du discours littéraire, 2 types d’épreuves:
- Critique & épreuve concentrées autour du héros, « homme littéraire » qui tente de vivre
« selon la littéraire » -> Mme Bovary, Don Quichotte
- « Mise à nu du procédé »: introduit l’auteur en qualité d’auteur véritable, « roman sur le
roman »
Diff degrés de parodie du discours littéraire: « fin en soi » (extérieure & grossière), « ironie
romantique » (quasi-solidarité avec lediscoursparodié), ou encore dépourvue de parodisation (Patrie
des cigognes, Prichvine)
Début 19e: fin de la forte opposition entre les 2 lignes. roman du 19e/20e = mixtes où prédomine la
2e ligne.
- Constitué lors de la création des conditions qui favorisent au max interaction des langages +
éclairage mutuel
- Chacun des langages reflètent une partie du monde
Remarques de méthodo:
Difficultés rencontrées:
- Canonisation -> certains éléments du PL ont été totalement intégrés au discours de l’auteur,
servent à orchestrer ses intentions. Difficile de distinguer ce qui appartient réellement à son
langage de ce qui relève du PL. en particulier vrai aux époques les + favorables au r
- Réaccentuation = concerne perception des distances & des accents restrictifs de l’auteur en
effaçant souvent nuances, d’autant plus que les degrés d’objectivation/solidarité de l’auteur
& ses intentions changent en permanence. Déterminée par modif du fond dialogique càd
dans le corps du polylinguisme. Compréhension neuve pas forcément opposée à la volonté
de l’auteur. Souvent dans une certaine mesure inévitable mais si fond polylingue trop éloigné
= déformation grossière. Chaque époque réaccentue d’une nouvelle façon les œuvres qui
l’ont précédée. Type de réaccentuation significatif: passage dans un autre format (ex. prose
poésie)
Stylistique du roman = commence à être étudiée vers années 1920 mais sans traiter réellement de sa
spécificité. 5 types de démarches stylistiques :
- Analyse uniquement du discours direct de l’auteur en partant de l’expression poétique
directe
- Etude linguistique neutre
- Choix de se focaliser sur éléments qui permettent de rattacher à un courant
- Recherche d’éléments spés au romancier
- Analyse des procédés en fonction de leur valeur rhétorique
Pb : aucune ne s’intéresse réellement au discours DANS LE ROMAN, toutes ces particularités
dissimulent les caractéristiques du genre lui-même -> présente des différences substantielles avec
mêmes les genres proches. On voit toujours l’image du langage d’autrui -> par ex. utilisation de vers
=/= moyen primaire de représentation mais OBJET de représentation. « Image du langage d’un autre
et de sa conception du monde, représentée en même temps qu’elle représente » = typique de roman,
communication dialogique auteur/d des diff persos : polémique, conteste, écoute, acquiesce,
interroge, raille, pastiche etc.
Représentations deviennent autocritiques car à la fois montrées dans leur signification originelle ET
« extériorisées », relativisées. Montre les limites de tous les discours
Ex. d’Eugène Onéguine -> l’auteur n’a quasi pas de présence directe mais il est le centre d’organisation
de tous les langages. Pour Bélinski (critique) : c’est une « encyclopédie de la vie russe » =/= objets
inertes, langage qui apparait dans son multilinguisme vivant. Système complexe des langages de
l’époque entouré par le dialogue
« le verbe romanesque est toujours autocritique » =/= genres directs. DONC pbs fondamentaux du
roman = interrelations & représentations/organisation des diff langage=/= étude linguistique directe
Roman = seul où le discours peut atteindre de véritables profondeurs. Héritier des «discours
indirects » très anciens -> langage parlé, certains genres folkloriques, toujours évolution aux limites
des cultures et des langues, « préhistoire du genre romanesque »
Ex. sonnets parodiques au début de DQ -> ce ne sont pas des sonnets indé en eux-mêmes mais bien
l’image de sonnets. Le « héros » = genre du sonnet
Parodie dans l’Antiquité : aucun genre direct strict sans sa contrepartie ironique -> souvent aussi
consacrés que les originaux
Pb du « drame satirique » = il suit la trilogie tragique, reprend les mêmes thèmes, aspect diff. Tous les
auteurs en produisent, aussi consacré que les pièces tragiques
Figure très populaire d’avant Aristophane : « Ulysse comique » avec prévalence du thème de la folie
Autre figure : « Hercule comique », nature héroïque associée à rire + images de la vie charnelle, héros
jovial. Portée majeure sur toute la littéraire mondiale
DONC transformation parodique de grands mythes = au départ pas du tout une profanation. Intro de
la contradiction & du multilinguisme, aspects laissés de côté par genre direct
Ce qui est parodié = pas mythes ou persos eux-mêmes mais leur « héroïsation épique/tragique »
Littéraire romaine : « atellanes » joués après les tragédies. Exigence d’homogénéité. Même volonté
d’équilibrer tragique par comique dans autres arts ex. arts plastiques avec « distiques consulaires »
(ou autres p415). Racines rituelles du rire -> joue rôle important dans créations verbales
Forme sérieuse = toujours uniquement perçue comme incomplète, fragment sans sa contrepartie.
Peu de textes écrits issus de cette trad nous parviennent en raison des « épurateurs » extérieurs
Genre parodique : difficile à classer, « hors-genres », mais unifié par volonté de se faire « correctif » +
objet commun = le langage lui-même. Forme un « tout » unique « un immense roman, multigenre,
multistyle, impitoyablement critique, lucidement ironique, reflétant toute la plénitude & la diversité
des l, des voix, d’une culture, d’un peuple & d’une époque donnés ». Tout discours direct = y est
limité/borné
Le « roman grec » (Apulée & Pétrone) ne réussit pas à absorber toute cette matière
Ces formes parodiques préparent le roman de plusieurs façons : délivrent objet du pv du l, détruisent
puissance absolue du mythe dans le langage, libèrent la conscience de l’emprise du discours direct +
lui permettent d’échapper à la prison de son propre discours-> création d’une distance l/réalité
Début d’un nouveau mode d’élaboration créatrice du langage, discours direct parodié à la lumière
d’un autre style possible. Cs créatrice = position diff, à la lisière des langage & styles -> orientés autant
sur objet que sur le discours d’un autre qui le parodie, discours devient représentation -> création de
la distance. Le langage passe de dogme absolu à hypothèse de travail.
Cs littéraire romaine = bilingue latin /grec, langue latine qui se crée à la lumière de la langue grecque
littéraire. L’éclairage de la langue étrangère permet d’objectiver la « visée universelle » de son propre
langage. ce que l’on perçoit = « style du langage en tant qu’entité ». Le langage tt entier est perçu
comme un STYLE (« perception extériorisante »)
Début littéraire romaine : « 3 âmes/l », 3 cultures dans quasi tous les initiateurs de discours romains :
grecque/osque/ romaine. Pdv PL : Rome = ultime étape de l’hellénisme (nouveau type de PL au MA)
Hellénisme = étouffe maj des formes de discours direct liées à un langage unique national, mais
favorise genres parodiques. Caractérisé par un PL complexe (ex. milieux où évoluent Lucien ou
Apulée)
Pour E. Rhode (écrit sur le roman grec), roman grec = produit de la désintégration des grands
genres directs. Mais ne voit pas la nouveauté : début du discours romanesque en prose, « débuts
lucides du roman ». la qualité du langage modifiée, passe de « ptoléméen » à « galiléen » (fermé ->
ouvert). Mais ne contiennent pas de «langage images » qui reflètent époque à langage multiples.
Elargissement de la notion de PL : tout unilinguisme est relatif -> nbreux conflits & dialectes avant
d’arriver à l’unification de la langue grecque. Question du PL liée à la question de la stratification du
langage national
Roman européen à partir du 17e : reflète conflit des tendances dé/centralisatrices des langages
d’Europe -> conscience de se trouver à la limite des divergences littéraire/extra-littéraire & des limites
du tps. Inséparables des luttes socio-idéo
Littéraire comique & parodique au MA = très riche, à la fois héritage de Rome & production originale.
Pb stylistique des citations : formes diverses + ambiguïté vis-à-vis des propos d’autrui. Très présente,
ex. du cento = exclusivement citations
P. Lehman sur la parodie médiévale -> histoire de la littéraire MA en particulier latine = « histoire de
l’adoption, du remaniement & de l’imitation du bien d’autrui (=langage, style, parole) »
Œuvres parodiques : Cena Cipriani, symposium gothique, reprise carnavalesque des Ecritures -> jeu
avec la Parole que l’on peut interpréter de diverses manières (de la mémorisation au sacrilège)
Aujourd’hui, fonction de la parodie = faible, étiolée MAIS au MA elle prépare la nvelle cs linguistique
& littéraire
MA : liberté acceptée de la parodisation, rire surtout limité aux fêtes (ex du « rire de Pâques » avec
rires & récits après les jours de jeûne). Aussi grande liberté dans récréations scolaires -> grand rôle
dans vie culturelle & littéraire, par excellence parodiques & travestissantes. Variations parodiques de
la grammaire latine. Virgilius Maro Grammaticus -> caractère parodique encore discuté, montre
fragilité des limites au MA entre parole directe/parodiquement réfractante
Parodia sacra : héros = Parole sacrée directe, qui fait autorité en langue étrangère -> phénomène
bilingue parce qu’il se construit à la lumière d’une autre langage dont les accents sont parfois
perceptibles mêmes dans le latin. Croisement langage parodié/parodisant. Le 2 e n’est pas
directement présent mais dicte la partialisation du langage parodié selon son ordre. Débat Parole
austère VS parlé pop. Parole sacrée latine = corps hétérogène qui envahit ttes les langues
européennes, rejet de cette parole qui envahit la pensée idéo nationale.
« L’un de ces langages (celui qu’on parodie) est réellement présent, tandis que l’autre est présent,
mais invisible, comme arrière-plan actif de l’œuvre et de sa perception » -> hybride intralinguistique
« N’importe quel hybride stylistique délibéré est, dans une certaine mesure, dialogisé » -> dispute
entre langages.
Existence à côté de la PS d’une parodie mixte, bilingue (voire tri) avec attitudes variées vis-à-vis de la
langue étrangères -> ex des Epîtres farcies en France.
Grandiose littéraire parodique en langage vulgaire national -> crée une superstructure comique au-
dessus de tous les genres directs sérieux
A la Renaissance : plus de limites, s’engouffre partout. Diableries, soties, Rabelais, Cervantès. Point
culminant des éclairages mutuels des l. la volonté de retour au latin classique en fait une langue
morte -> objectification complète.
Le verbe du roman = naît dans un milieu de conflit des cultures & des langages.
« La préhistoire du verbe romanesque ne s’insère pas dans le cadre étroit de l’histoire des styles
littéraire »