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Pour conclure 2

L’Imaginaire linguistique
conceptualise comment les individus et les groupes se servent du discours pour définir et redéfinir
leur vécu collectif.

il peut être plus ou moins partagé,

peut être source de conflit quand les individus ou les groupes s’y réfèrent pour prendre des
positions opposées. Autrement dit, un groupe peut construire des imaginaires hétérogènes constitués
à partir du même point de référence ou de références différentes ou contradictoires.

permet de négocier des identités pour se situer par rapport aux autres, l’identité étant une
construction historique, sociale…dynamique ;

 c’est-à-dire, il favorise l’intégration au groupe ou la démarcation par rapport à ce groupe,


l’intégration de l’autre ou son exclusion et sa stigmatisation.

 institue et manifeste des rapports de pouvoir inégalitaire

Qui fait les normes ? Comment se construisent les imaginaires linguistiques et culturels ?
Quelles attitudes génèrent ces imaginaires et ces représentations, individuels et collectifs ?

1ème exemple : le dictionnaire

Le dictionnaire est présenté généralement comme descriptif des usages d’une langue.

Dans les dictionnaires, quels que soient les objectifs déclarés, même s’ils ne véhiculent pas un
discours normatif explicite, la description de la langue est nécessairement sous-tendue par une
intention normative. Une norme de référence est certes nécessaire (cela a été dit), mais elle ne doit
supposer ni exclusion ni omission. Or les dictionnaires présentent une échelle de jugements allant
de l’acceptable au recommandé. Les mentions rare, régional, populaire, usuel…participent d’un
imaginaire sélectif.

Certains dictionnaires déclarent explicitement leur objectif de promouvoir une langue de bon gout,
un bon usage valorisé socialement et institutionnellement. Ils se réfèrent  aux bons auteurs et
intègrent dans leurs nomenclatures des mots et des expressions rares et archaïques et excluent
parallèlement d’autres jugés communs ou de création récente même s’ils correspondent aux
besoins socio-économiques d’une société en mutation. Quand ils les recensent, ils les
accompagnent de recommandations qui limitent leur usage. (trouvez des exemples en arabe et en
français.)

2ème exemple : l’enseignement

L’omniprésence du discours normatif

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L’école doit-elle veiller à une normalisation des pratiques langagières au détriment du
développement de l’expression orale et écrite ou bien doit-elle aider à la maitrise des structures
variationnelles de la langue ??.

La pertinence de la question n’est plus à démontrer. Mais :

1- Faire accepter à l’enseignant, avant de s’intéresser à l’apprenant, que la langue qu’il


enseigne n’est qu’une variété parmi d’autres de la même langue et que les autres niveaux de
langue ont autant de légitimité que la forme consacrée par la littérature.

2- L’école est à la fois :+le lieu de manifestation des inégalités sociales,


et + la clé de la promotion sociale.
(voir Bourdieu ? : le pouvoir symbolique et la violence symbolique s’exercent en partie à
travers les discours et les institutions officiels destinés à assurer la position symbolique des
dominants)

Donc :
- faire accepter à l’apprenant que sa langue ou sa variété idiolectale, régionale… qui le met
dans en insécurité linguistique est une langue ou variété parmi d’autres et qu’elle a une
légitimité et une pertinence pragmatique ;
- faire changer les représentations stigmatisantes de sa propre langue ou de celle des autres ?

La prise en compte de la multiplicité des normes, donc des variétés, et la remise en question de cet
imaginaire qui surdétermine la langue standard, permet de:
 prendre conscience de la variété des usages dans une même langue,
 De connaitre à la fois les différents usages et leurs valeurs pragmatiques,
 La forme littéraire n’est qu’une variété parmi d’autres,(variation situationnelle/stylistique :
diaphasique)
 L’oral n’est pas un usage relâché ou familier d’une forme écrite de prestige,
 Oral et écrit ne constituent pas deux niveaux de maitrise de la langue mais deux codes qui
s’acquièrent en parallèle, (variation diamésique)
 La différence entre l’écrit et l’oral, mais également entre les différentes variétés de chacun des
codes, n’est pas uniquement lexicale, mais également syntaxiques, phoniques, discursive…
 Dépasser l’opposition traditionnelle entre l’oral spontané, expression des émotions et l’écrit élaboré,
 La nécessité d’une pédagogie de l’oral, avec des activités spécifiques, autres que la récitation de
poèmes, par exemple, ou l’oralisation d’exposés,
 L’oral, comme l’écrit, connait plusieurs variétés selon les situations,
 La variation peut contribuer à l’évolution d’une langue,
 Montrer que la variété idiolectale, régionale…de l’élève n’est pas une scorie,
 Elle n’est pas non plus la manifestation d’une compétence linguistique limitée,
 Éviter d’installer les apprenants dans une insécurité linguistique en stigmatisant leurs idiolectes,
régiolectes…

3ème exemple : l’arabe classique :

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Cet exemple d’imaginaire (lien inextricable entre langue-culture-religion) sera développé dans un
séminaire de S4.

4ème exemple  La féminisation des noms de métiers et fonctions

- La féminisation : -est-elle un simple ajout des femmes aux raisonnements déjà construits pour
l’homme ? => orthographe inclusive.
- ou bien une prise en compte de la différence  ? => désigner la femme en tant
qu’individu à part entière et donc féminiser en recatégorisant.

On peut expliciter la féminisation linguistique en trois points:


1- Décliner au féminin tous les noms de personnes au masculin sans connotation particulière,
(dévalorisante, ou femme de… (exp. la présidente, l’ambassadrice…)
2- utiliser des termes féminins chaque fois qu'on veut désigner une femme,
3- utiliser le masculin et le féminin des noms d'agent dans tout discours, oral ou écrit, spécialisé ou
courant…, sauf si la langue compte réellement un neutre (ni masculin, ni féminin).

La féminisation de la langue parait formelle, anodine. Il n’en est rien.


 phénomène complexe avec des présupposés constituant les fondements de l’organisation de la
société et des rapports entre ses composantes : sont-ils tous des acteurs sociaux ?
 la langue étant une pratique sociale dans une communauté donnée, l’objectif est de rendre les
femmes visibles dans cette pratique sociale, autant que les hommes : la valeur symbolique du
langage, sa valeur représentationnelle.

La question de la construction de la catégorie du « genre » procède d’un système de relations


dissymétriques entre les sexes.
=>interroger les pratiques et les représentations ; les imaginaires à la fois subjectifs et collectifs qui
participent de la construction de l’identité sociale, sexuelle...

 Différence dans la qualification (monde du travail):


- Qualification des hommes => compétences acquises, habiletés, savoir-faire…
- Qualification des femmes : des qualités naturelles : l’idéologie de la fée du logis, de la gardienne du
foyer, la mère nourricière…
-> On se retrouve pour la femme, devant des domaines de travail « naturalisés » ; ces métiers ou
« travaux de femmes », comme le textile, les soins, l’éducation qui renvoie aux travaux domestiques
(historiquement relégués aux femmes),
 Mais constructions d’un imaginaire, valeur symbolique :
 domestique = subalternes ou ‘bas’, de moindre valeur marchand,
 par opposition à la figure, l’archétypique de l’ouvrier mâle supposé universel.

Dès lors, l’organisation du travail et des rôles sociaux est sexuelle : les rapports sociaux en général
et le lieu de travail reproduisent le schéma, l’organisation de la famille.

Evolution :
->l’essor du travail des femmes dans les services et le commerce,
->la scolarisation massive des filles, niveaux supérieurs,
-> déconstruction du clivage travail/famille et public/privé
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-> également, l’évolution du contexte politique, notamment le développement des mouvements
féministes…
ont ébranlé cet imaginaire, ce modèle social.

- La question de la construction des catégories de « genre » procède d’un système de relations


dissymétriques entre les sexes 
=>interroger les pratiques et les représentations ; la construction de l’identité.

Le sexisme en tant que représentation dissymétrique des sexes (minoration de la femme, exclusion)
laisse des traces dans le langage. Il s'inscrit non seulement dans le discours ordinaire et dans celui du
spécialiste, mais laisse aussi des marques dans la mémoire collective et fonde les structures de la
langue :
- les expressions figées (locutions et proverbes…)
- les contes, les mythes, les récits…
- et au cœur même de la langue :
+ dans le système du genre et dans la structure logico-syntaxique de l’accord,
+absence de féminin pour certaines expressions  expliquée par le générique ou le neutre !
+ les connotations péjoratives attachées au féminin de certains noms : entraineur/ entraineuse,
aventurier/aventurière, maitre/maitresse, salaud/salope,
+ l’injure au féminin : faire le coq/une poule mouillée ; une poule…
+ l’absence du féminin dans les noms de métiers ou de fonctions, surtout dans les hautes fonctions.

Il faut prendre conscience du fait que l’absence de féminin n’est ni fortuite ni anodine, elle n’est pas
non plus accidentelle ou exceptionnelle.
 Elle correspond à des représentations individuelles et collectives, à un imaginaire culturel qui
occulte les femmes, les rend invisibles dans l’espace public, dans certains espaces sociaux, dans les
lieux de pouvoir et de décision. Car ce qui n’est pas nommé dans une langue, n’existe pas, ne fait pas
partie de ses représentations, de sa vision du monde et de son imaginaire.

d’où les demandes/revendications de féminisation de la langue ;


Si la féminisation linguistique ne remettait pas en cause des rapports de pouvoir, des rapports de
domination instaurés par le masculin tout le long de l’histoire, si elle ne contrariait pas son
imaginaire, si elle n’était que formelle, et non une recatégorisation linguistique reflétant une
reconstruction des rapports sociaux, elle n’aurait posée aucun problème.
Mais la féminisation linguistique risque d’ébranler ‘la sécurité linguistique’ des hommes ; cette
sécurité linguistique qui manifeste « leur sécurité sociale » et consacre leur rôle dans l’Histoire, et du
même coup elle va « sécuriser » les femmes qui vivaient cette discrimination, en les rendant visibles
dans tous les espaces sociaux.

La ‘nomination’ du féminin :
- permet l’élaboration d'une nouvelle forme d'écriture plus précise, qui visibilise
pareillement les agents sociaux.
- Elle fait coexister juridiquement, socialement et politiquement les femmes et les
hommes,

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