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Le Rouge et le Noir, est un roman écrit par Stendhal, publié en 1830. La première partie retrace le
parcours de Julien Sorel un jeune provincial, et plus précisément son entrée chez les Rênal, et sa passion
pour Mme de Rênal.
Julien Sorel, a une âme sensible animée par l’ambition de s’élever sur l’échelle sociale et d’échapper à sa
condition d’origine. L’extrait étudié ici est situé chapitre 10 du livre 1, dans celui-ci Julien est heureux d’avoir
triomphé de Mr de Rênal, mais agité par des scènes vécues récemment, son besoin de réfléchir le pousse à
entreprendre une ascension symbolique de la montagne qui domine la ville.
s
Lecture du texte
Problématique et plan : Nous allons donc voir comment la description du cadre permet à Stendhal de
traduire l’énergie qui anime son héros.
Après avoir analysé l’ascension physique symbolique des désirs du héros, nous envisagerons
comment est mise en place la sensation de réussite de Julien, puis nous examinerons en quoi la nature
est à l’unisson des espoirs de puissance du héros.
I Une ascension physique symbolique des désirs du héros l.1 à 6 (la joie à son âme)
Julien prenait haleine un instant à l’ombre de ces grandes roches, et puis se remettait à monter.
« prenait haleine » 2 verbes imparfaits à valeur de Accentuation de l’idée des efforts très
« se remettait à monter répétition (itératifs) importants et fatigants fournis par
Julien pour parcourir le chemin qui
monte en haut de la montagne.
Stendhal place son héros dans un
décor particulier après une lente
ascension, dont il souligne la difficulté,
mais aussi la ténacité de Julien
Bientôt par un étroit sentier et qui sert seulement aux gardiens des chèvres, il se trouva debout sur un roc
immense et bien sûr d’être séparé de tous les hommes.
« étroit sentier à peine Adjectif « étroit » et Cette ascension est difficile, le sentier est associé à
marqué » adverbe « seulement » « étroit », et n’est réservé « seulement » qu’aux initiés.
« seulement » A nouveau insistance sur la difficulté et la volonté de
Julien
Cette position physique le fit sourire, elle lui peignait la position qu’il brûlait d’atteindre au moral.
« elle lui peignait la passage du point de Cette élévation se fait donc l’écho de l’état d’âme
position qu’il brûlait vue omniscient au point du héros. Le verbe « brûlait » souligne la violence de
d’atteindre au moral. » de vue interne son ambition.
L’air pur de ces montagnes élevées communiqua la sérénité et même la joie à son âme.
« L’air pur de ces Vocabulaire des Julien est comme protégé par la nature (référence
montagnes élevées » éléments naturels romantique)
mélioratifs avoir surmonté les difficultés pour arriver sur ce
sommet imprime en lui la certitude qu’il parviendra à
« la sérénité et même Associé au atteindre son idéal, à réussir son ascension sociale,
la joie à son âme. » Vocabulaire des d’où son exaltation
Ressentis positifs
Le maire de Verrières était bien toujours, à ses yeux, le représentant de tous les riches et de tous les
insolents de la terre ; mais Julien sentait que la haine qui venait de l’agiter, malgré la violence de ses
mouvements, n’avait rien de personnel.
« Le maire de Désignation de M.de Julien est le fils d’un simple charpentier qui, par
Verrières » Rênal par un GN l’éducation reçue du curé, a pu devenir le précepteur
correspondant à sa des enfants de M. de Rênal. Mais il reste parfaitement
fonction sociale conscient de l’écart social entre lui et celui qui est ici
introduit par son titre officiel de « maire de Verrières »
, « de tous les riches et Association du maire M. de Rênal a aussi une fonction symbolique. Il
de tous les insolents de des riches à un devient le représentant de « tous les riches » que
la terre » adjectifs péjoratif Julien condamne fermement en les traitant
« insolent » d’ « insolents »
= hyperbole
S’il eût cessé de voir M. de Rênal, en huit jours il l’eût oublié lui, son château, ses chiens, ses enfants et toute
sa famille.
« lui, son château, ses Enumération Ce n’est pas par jalousie, par envie, encore moins par
chiens, ses enfants et sarcastique admiration que Julien a construit son idéal, son
toute sa famille. » ambition sociale, C’est donc simplement pour se
prouver sa valeur à ses propres yeux qu’il
ambitionne cette élévation.
Julien ressent un sentiment de supériorité
Je l’ai forcé, je ne sais comment, à faire le plus grand sacrifice. Quoi ! plus de cinquante écus par an ! un
instant auparavant je m’étais tiré du plus grand danger. Voilà deux victoires en un jour ; la seconde est sans
mérite, il faudrait en deviner le comment. Mais à demain les pénibles recherches.
Tout le passage Discours indirect libre Nous avons accès aux exactes pensées du
personnage. Fusion entre le narrateur et le
personnage.
« Je l’ai forcé […] à Vocabulaire Satisfaction de Julien qui a vaincu Mr. de Rênal sur le
faire le plus grand hyperbolique plan financier. Et se moque de lui, connotation
sacrifice » ironique de sacrifice.
« je m’étais tiré du plus Champs lexical de la Julien envisage ses relations avec les autres comme
grand danger. » guerre, marqué par un combat. Il se réjouit de ses victoires et reste lucide
l’hyperbole « plus sur son propre mérite(« La seconde est sans mérite »)
« Voilà deux victoires grand danger » Il apparaît comme un stratège, un guerrier.
en un jour ; la seconde
est sans mérite »
Bilan Julien du fait de ses deux récentes victoires sur « les riches » qu’il méprise et sur celle qu’il
aime, se sent supérieur au commun des mortels.
III Une nature à l’unisson des espoirs de puissance du héros l.13 à fin du texte
Julien debout sur son grand rocher regardait le ciel, embrasé par un soleil d’août. Les cigales chantaient dans
le champ au-dessous du rocher ; quand elles se taisaient tout était silence autour de lui. Il voyait à ses pieds
vingt lieues de pays.
« grand rocher » « ciel » « soleil » Vocabulaire hyperbolique savec D’une part, le rappel de la
« embrasé » un sens « d’élevé » position de Julien et ses
regards soulignent sa
supériorité
La première proposition traduit
son élan vers l’idéal
D’autre part, chaque élément
prend un sens en lien avec son
idéal :
« Il voyait à ses pieds vingt lieues Vingt lieues équivalent à peu près Cela illustre l’étendue de la
de pays. » à 100 km domination qu’il ambitionne !
A ses pieds peut être pris au sens
propre ou figuré : figure de style
syllepse
« embrasé » « soleil d’août » Vocabulaire évoquant la chaleur, Nous avons l’impression que « le
le feu les couleurs chaudes ciel, embrasé par le soleil d’août
», lui promet les rayons de la
gloire.
« . Les cigales chantaient dans le Opposition entre les deux Le chant des cigales
champ au-dessous du rocher ; propositions (« chantaient » / « se accompagne cette apothéose, et
quand elles se taisaient tout était taisaient ») le contraste créé « quand elles se
silence autour de lui » taisaient », comme soudainement
alors que le soleil brille encore,
semble, dans ce « silence », lui
accorder le respect dû à sa
grandeur.
Quelque épervier parti des grandes roches au-dessus de sa tête était aperçu par lui, de temps à autre,
décrivant en silence ses cercles immenses. L’œil de Julien suivait machinalement l’oiseau de proie. Ses
mouvements tranquilles et puissants le frappaient, il enviait cette force, il enviait cet isolement.
« épervier » Petit oiseau de proie, rapace le choix de l’épervier, « décrivant
en silence ses cercles immenses
» au-dessus de lui, n’est pas
innocent, si nous nous rappelons
qu’un aigle était le symbole choisi
par Napoléon. Julien se projette
sur un avatar miniature de son
héros. On peut voir une forme
d’ironie du narrateur
« décrivant en silence ses cercles Participe décrivant à valeur Les mouvements de l »épervier
immenses » d’action qui dure et est en train paraissent même auréoler le
de se dérouler personnage.
« L’œil de Julien suivait Lexique de la puissance À nouveau la focalisation interne
machinalement l’oiseau de proie. souligne le symbolisme de sa
Ses mouvements tranquilles et Anaphore verbale nature d’« oiseau de proie » ( un
puissants le frappaient, il enviait prédateur) qui révèle la volonté de
cette force, il enviait cet Julien de s’emparer de tout ce
isolement » que son origine sociale lui interdit
a priori d’acquérir, en détruisant
ses ennemis. Le vol de l’épervier
semble faire écho au désir de
puissance qui l’habite, « Ses
mouvements tranquilles et
puissants le frappaient », souligné
par l’anaphore verbale : « il enviait
cette force, il enviait cet isolement.
»
CONCLUSION
Cette ascension du héros dans la montagne symbolise la montée au pouvoir, idéal que Julien s’est fixé, de
même que l’épervier symbolise la gloire napoléonienne dont il rêve. Dans cet « isolement », le héros peut
alors mesurer son énergie, celle qu’il lui a fallu mettre dans cette marche vers un sommet comme celle qu’il
a décidé de mettre en œuvre pour obtenir une reconnaissance sociale. Mais dans cet extrait l’énergie
s’associe à un évident orgueil. Ces actions seront t’elles à la hauteur de ses ambitions.