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LES INSTITUTIONS DE L’ART

Emanuele Quinz
equinz@univ-paris8.fr

INTRODUCTION / 27.02.20

Pour commencer, je vous propose quelques premiers "cas méthodologiques” : des démarche de
recherche qui utilisent la fiction comme méthode, qui me sont proches, et qui ont été des importantes
sources d’inspiration pour l’approche que je souhaite développer dans ce séminaire.

Comme je l’ai annoncé dans la courte présentation que j’ai pu vous faire, le séminaire emprunte la voie
de la fiction avec le but de déconstruire les discours des institutions de l’art.
Dans la bibliographie, je vous suggère quelques pistes de lecture, notamment d’un auteur qui explore la
fiction comme dispositif d’enquête littéraire, Pierre Bayard. Professeur de littérature française à
l’université de Paris VIII et psychanalyste, il est surtout connu par son essai Comment parler des livres
que l’on n’a pas lus ? (que je vous conseille vivement!). Dans ses ouvrages, avec une démarche
irriverente et ironique, il introduit des éléments fictionnels voir faux (par exemple, dans
L'Enigme Tolstoïevski, 2017, il postule qu'un seul auteur ait écrit Anna Karénine et Crime et châtiment,
ou Les Frères Karamazov et Guerre et paix), et cette “ruse” lui permet d’exercer une critique sur
l’emprise des codes littéraires sur nous les lecteurs, donc sur la capacité des institutions - l’art, la
littérature en tant qu’institution - à imposer leur discours comme une vérité. Si vous voulez, vous pouvez
écouter son entretien sur France Inter : https://www.franceinter.fr/emissions/boomerang/boomerang-08-
decembre-2017
Vous êtes surtout invités.es à lire quelqu’un de ses ouvrages - il y en a pour tous les goûts - par
exemple pour les passionnés de polars, Bayard a expliqué que les solutions des grands classiques du
roman policier données par les auteurs, comme Le meurtre de Roger Ackroyd ou Les dix petits nègres
d’Agatha Christie, ne sont pas les bonnes… Mais vous pouvez aussi simplement enquêter sur Internet
autour de cet auteur, en essayant de vous faire une idée de sa méthode.

Deux autres pistes - plus liées directement à l’art. Vous pouvez regarder deux vidéos de deux projets
expérimentaux qui emploient la fiction comme méthode d’enquête et de pratique.

- Le procès de la fiction / Un procès fictif de la frontière entre fait et fiction. Une proposition d'Aliocha
Imhoff et Kantuta Quirós / le peuple qui manque Production Nuit Blanche 2017 (sous le commissariat
général de Charlotte Laubard).
+ https://www.youtube.com/watch?v=C3Hd0iQP-fk
- Climat, Théâtre des négociations. Un documentaire de David Bornstein, 2015 - qui relate de
l’expérience menée par SPEAP, le master d’Arts politiques de SciencesPo, dirigé par Bruno Latour et
Frédérique Ait-Touati, aux Théâtre des Amandiers, à l’occasion de la COP 21.
+ https://vimeo.com/143874181

Deux références bibliographiques cités dans le séminaire :


+ Jacques Rancière, Les bords de la fiction, Paris Seuil, 2016
+ Christian Salmon, Storytelling, La machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits, Paris La
découverte, 2008.

I. LE MUSEE / 16.03.2020

Quelques références historiques :

Ici une courte histoire du Musée, sur le site du Ministère de la Culture :


https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Musees/Nos-musees/Qu-est-ce-qu-un-musee-de-France/Un-
peu-d-histoire
(attention, posez-vous toujours la question : qui parle? Qui écrit?)

Un autre conseil d’approfondissement : vous pouvez regarder les vidéos du séminare Histoire
transnationale des musées en Europe de Bénédicte Savoy, au Collège de France, de https://www.college-
de-france.fr/site/benedicte-savoy/course-2017-2018.htm
Il y a aussi une version podcast.

Trois références historiques importantes :

1. l’essai Le Musée Imaginaire publié par André Malraux en 1947. Comme il l’écrit :
" J'appelle Musée Imaginaire la totalité de ce que les gens peuvent connaître aujourd'hui même en n'étant pas dans un musée,
c'est-à-dire ce qu'ils connaissent par la reproduction, ce qu'ils connaissent par les bibliothèques, etc. "

+ Un descriptif un peu sommaire sur la page wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Musée_imaginaire


+ Un descriptif plus développé par Michel Melot :
http://www4.culture.fr/patrimoines/patrimoine_monumental_et_archeologique/insitu/pdf/mm001-723.pdf

+ deux articles
https://www.artpress.com/2012/02/10/lart-en-images-andre-malraux-linvention-du-musee-imaginaire/
https://chmcc.hypotheses.org/2360

et surtout les commentaires de Georges Didi-Huberman (magnifique série de leçon, que je vous invite à
regarder)
https://www.louvre.fr/l-album-de-l-art-l-epoque-du-musee-imaginaire-par-georges-didi-huberman

2. L’Atlas Mnemosyne d’Aby Warburg, corpus d’images créé entre 1921 et 1929, et qui constitue une des
bases de la fondation de l’iconologie.
+ http://warburg.sas.ac.uk/collections/warburg-institute-archive/bilderatlas-mnemosyne/mnemosyne-atlas-
october-1929

+ Un bon article :
https://journals.openedition.org/etudesphotographiques/3173

3. Le texte de Paul Valéry, “Le problème des musées”, que vous pouvez télécharger ici. Avec une vision
critique du musée, que je vous invite à méditer.

Paul Valéry, « Le problème des musées », in Œuvres, Pièces sur l’art, t.I, Paris, Gallimard, coll. «
Bibliothèque de la Pléiade », 1960, p. 1290-1293.
Publié pour la première fois dans Le Gaulois, Paris, 4 avril 1923.
https://www.louvre.fr/sites/default/files/medias/medias_fichiers/fichiers/pdf/louvre-txt-ref-paul-valery.pdf

ART CONTEMPORAIN

La référence historique est le projet de Marcel Broodthaers, Musée d’Art Moderne, Département des Aigles,
1968, : https://www.paris-art.com/musee-dart-moderne-departement-des-aigles-2/

Quelques références d’artistes contemporains qui questionnent le discours et les modes de présentation
du musée :
+ Joan Fontcuberta : https://www.fontcuberta.com
+ Mark Dion : http://www.insituparis.fr/fr/artistes/presentation/1591/dion-mark
+ Kader Attia : http://kaderattia.de

ETUDE DE CAS :
J’ai choisi comme étude de cas le projet MUSEE PRECAIRE ALBINET de Thomas Hirschhorn, 2004.

+ Descriptif (Communiqué de presse sur site ArtParis) :

Le «Musée Précaire Albinet» est un projet de l’artiste Thomas Hirschhorn réalisé à l’invitation des
Laboratoires d’Aubervilliers. Le projet propose d’exposer des œuvres-clés de l’histoire de l’art du XXème
siècle au pied de la Cité Albinet dans le quartier du Landy à Aubervilliers. Thomas Hirschhorn prévoit ainsi
de présenter pendant huit semaines des travaux de huit artistes dont l’utopie était de changer, à travers
l’art, le monde: Marcel Duchamp, Kasimir Malevitch, Piet Mondrian, Salvador Dali, Joseph Beuys, Le
Corbusier, Andy Warhol, Fernand Léger. L’ensemble des œuvres exposées sont des œuvres originales.
Elles appartiennent aux collections du Centre Pompidou, Musée National d’Art Moderne et du Fonds
National d’Art Contemporain. Le «Musée Précaire Albinet» se compose d’un ensemble de bâtiments
temporaires dont une salle d’exposition, une bibliothèque, un atelier, une buvette. Chaque semaine est
consacrée à un artiste. Dans une logique active, le Musée Précaire Albinet propose, en lien avec chaque
exposition, des conférences, des débats, des ateliers pour enfants, des ateliers d’écriture, ainsi que des
sorties.
Le projet associe les habitants du quartier à la construction et au fonctionnement du Musée. Il inclut un
important programme de formation, particulièrement à destination des jeunes.
La construction du Musée Précaire Albinet au bas de la barre Albinet s’est déroulée pendant trois
semaines du 29 mars au 19 avril 2004. 39 personnes, habitant le quartier, rémunérées, (dont certaines ont
suivi une formation à la Biennale d’art contemporain de Lyon, au Centre Pompidou et au Fonds National
d’Art Contemporain) ont construit avec Thomas Hirschhorn le Musée Précaire, qui comporte une salle
d’exposition installée dans un espace modulaire Algeco, une bibliothèque et un atelier attenants, ainsi
qu’une buvette.
L’Ouverture du Musée Précaire Albinet a eu lieu le mardi 20 avril 2004, à l’occasion du vernissage de la
première exposition consacrée à Marcel Duchamp. Les œuvres de cette exposition, avant d’être
acheminées par transporteur spécialisé, ont été emballées dans les réserves du Centre Pompidou par
deux jeunes du quartier préalablement formés à la régie d’œuvre d’art qui les ont ensuite déchargées,
déballées et installées dans l’espace d’exposition, en présence des responsables du Centre Pompidou et
du Fonds National d’Art Contemporain. Le premier vernissage a ensuite réuni de nombreux habitants du
quartier et d’autres visiteurs.

+ https://www.centrepompidou.fr/cpv/ressource.action?param.id=FR_R-
dadcd1c25c7773cab20f977a597493&param.idSource=FR_E-5a9b3dfc5553d1c36a8affe5d77908c

+ Déclaration de l’artiste : http://www.thomashirschhorn.com/a-propos-du-musee-precaire-albinet/


+ Entretien de l’artiste avec Guillaume Desanges : http://www.guillaumedesanges.com/spip.php?article54

Je vous invite aussi à faire une recherche spécifique sur Internet, vous trouverez beaucoup d’articles de
presse qui vous montreront l’acceuil du projet.

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