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Constance Rivière, directrice du Musée national

de l’histoire de l’immigration : « Notre objectif est


de pouvoir poser sereinement1 ce qu’est l’histoire
de l’immigration »
Dans un entretien au « Monde », la directrice générale du Palais de la
Porte-Dorée, à Paris, qui abrite le musée de l’immigration, rouvert le
17 juin après trois ans de fermeture, assure que le lieu n’a pas vocation à2
délivrer un discours militant.

1
Sereinement :
Avoir vocation à :
Nommée en septembre 2022 à la tête du Palais de la Porte-Dorée3, à Paris, qui
héberge le Musée national de l’histoire de l’immigration, Constance Rivière, qui
a succédé à Pap Ndiaye, compte attirer4 un nouveau public dans ce lieu qui rouvre
le 17 juin après trois ans de travaux et présente un parcours entièrement renouvelé.

- Le nouveau parcours5 du musée est inauguré au moment où une nouvelle


loi sur immigration arrive à l’Assemblée nationale, suscitant de vifs
débats. Une exposition telle que6 celle que vous présentez peut-elle jouer
un rôle pour faire évoluer les regards et les mentalités ?

Le nouveau parcours repose sur7 l’idée de remettre8 de l’historicité et de la


profondeur de champ, notamment scientifique, sur la question de
l’immigration, qui est souvent écrasée par des généralités aveuglantes9 et qui
empêche la pensée de s’asseoir solidement sur10 des faits objectifs, sur des
données historiques, sociologiques, démographiques.

L’historien Patrick Boucheron, professeur au Collège de France, qui a


travaillé au rapport de préfiguration11 du nouveau musée, a œuvré avec près
de quarante scientifiques de toutes les disciplines 12 . Quatre commissaires
scientifiques ont écrit les textes que l’on a interprétés avec des objets et des
œuvres d’art, et des parcours intimes, des parcours de vie. C’est important que
l’on se rappelle13 que, quand on parle d’immigration, on parle d’hommes et
de femmes.

- On sent, de la part des commissaires, une volonté de présenter les choses


de manière équilibrée14, pas militante15…

Palais de la Porte Dorée :

Compter + inf. :
Parcours :
Tel que :
Reposer sur :
Remettre :
Aveuglant :
S’asseoir sur :
Préfiguration :
Discipline :
Se rappeler :
Equilibré :
Militant :
Ce musée n’a pas vocation à16 être un lieu militant. C’est un lieu qui peut
accueillir des paroles17 militantes et diverses sur ces sujets. Mais, en tant que18
musée national, notre objectif est de pouvoir poser sereinement ce qu’a été, et
ce qu’est l’histoire de l’immigration en France, avec des zones qui sont
douloureuses, difficiles, avec des réussites, des métissages19 qui font le visage
de la France d’aujourd’hui, mais aussi avec des luttes20, des difficultés d’accès
à la nationalité, un droit qui a beaucoup évolué. On ne doit pas avoir peur de
la complexité.

- Le souci pédagogique 21 est évident. Pour autant 22 , il y a beaucoup de


textes à lire, de documents d’archives. Quel public visez-vous en priorité ?

Ce que l’on aimerait, c’est être accessible à tout le monde. Tout au long du
parcours, on trouve de courts textes, didactiques23, et des cartels développés24,
qui permettent d’entrer dans le détail pour ceux qui le souhaitent. Mais il y a
aussi un parcours littéraire fait en partenariat avec la Comédie-Française, une
approche cinématographique, une autre musicale. Il s’agit d’offrir à chacun un
point d’entrée qui va lui donner envie de mieux comprendre cette histoire. Et
nous tenons beaucoup à25 ce que le musée soit un lieu de transmission de
mémoire et de transmission familiale. On mène 26 un travail autour de la
médiation orale 27 , on donne des clés aux enfants pour qu’ils puissent
interroger leurs parents et grands-parents sur leur histoire.

- Parmi les pièces exposées, il y a des œuvres d’art qui racontent aussi
l’immigration. Que vous inspire le sujet de bac philo « L’art nous
apprend-il quelque chose ? », sur lequel viennent de plancher28 les élèves
de terminale technologique ?

Avoir vocation à :
Parole :
En tant que :
Métissage :
Lutte :
Pédagogique :
Pour autant :
Didactique :
Cartel développé :
Tenir à :
Mener :
Médiation orale :
Plancher :
Je trouve cela magnifique que l’on invite des jeunes gens à disserter29 sur ce
thème, aujourd’hui. C’est l’une des choses que l’on voudrait essayer de
montrer dans le musée, comment l’art, ancien ou contemporain, nous amène
à réfléchir et à dialoguer. Dans le nouveau parcours, l’art est présent à toutes
les étapes. Le musée, dès sa création en 2007, a fait le choix de développer
une collection d’art contemporain. Avec le budget, limité, le choix aurait pu
être de se concentrer sur des documents d’archives. La décision qui fut prise,
c’est d’avoir une collection d’art contemporain.

- Limité dès l’origine, le budget du Palais de la Porte-Dorée reste faible


comparé à celui d’autres grands musées nationaux…

Le budget total est de 12 millions d’euros, incluant la masse salariale30 pour


l’ensemble de l’établissement, qui est très grand (16 000 mètres carrés), le
musée, mais aussi l’aquarium. Il est trop serré31. Donc, on demande un peu
plus d’argent. Ça ne nous empêche pas d’essayer d’être sobre32, de faire des
choses belles et fortes.

- Malgré des expositions récentes remarquables, l’établissement est encore


peu identifié dans la géographie parisienne des musées. Qu’envisagez-
vous pour davantage33 le faire connaître ?

La fermeture des collections permanentes pendant trois ans a été un


handicap. Mais je crois qu’un musée est fort quand il correspond à34 ce que
les gens attendent. Quand on les interroge, 78 % répondent : du savoir et de
la connaissance. Et puis aussi des sujets de société, sur la vie culturelle. On a
en projet des expositions qui répondent à de grandes questions
contemporaines : sur l’immigration asiatique, à l’automne, puis autour du
sport et de l’olympisme, sur les migrations climatiques, la nourriture, les
femmes, les banlieues35.

- Quand on fait le tour du bâtiment, on voit ses bas-reliefs36, qui rappellent


son passé de temple du colonialisme. Comment faire avec cet héritage-
là ?

Disserter :
Masse salariale :
Serré :
Sobre :
Davantage :
Correspondre à :
Banlieue :
Bas-relief :
Le Palais de la Porte-Dorée a été construit comme un monument de
propagande coloniale. Tout le travail que l’on essaie de faire, c’est de regarder
cette histoire en face37. Le parcours de l’exposition commence par la traite38
des esclaves, puis on aborde 39 la question coloniale et la question
postcoloniale, ce qui n’était pas le cas dans le précédent parcours. Ce que l’on
voudrait, c’est être un lieu où l’on puisse discuter de ces sujets-là. C’est une
manière de répondre au monument que d’avoir des voix qui le contestent40
en son sein.

- Les musées se diversifient pour renouveler leur public en organisant des


concerts, des ateliers. Est-ce aussi votre position ?

Le Palais de la Porte-Dorée pratique la diversification depuis ses débuts. On


présente des spectacles de danse, du théâtre, des cycles de cinéma, de
littérature. On est déjà un lieu culturel total, et l’on doit continuer à l’être.

- Au moment de la polémique41 sur une œuvre de Miriam Cahn, présentée


au Palais de Tokyo, accusée de promouvoir la pédophilie, vous avez pris
position dans une tribune42 pour dire qu’un musée ne doit pas se réduire
à un lieu présentant des œuvres…

Un responsable d’institution culturelle doit d’abord préserver la liberté de


création artistique. Si l’on commence à entrer dans l’autocensure43, dans la
peur de déplaire44, à choisir les artistes pour autre chose que pour leur talent,
on va contribuer à un affaiblissement45 de la participation des lieux culturels
et artistiques au débat public. L’art, ça dérange. Moi, je peux être dérangée
par certaines œuvres, y compris certaines que l’on expose ici.

- Vous avez quatre tutelles 46 : les ministères de la culture, de l’éducation


nationale, de l’enseignement supérieur et de l’intérieur. Comment celle
du ministère de l’intérieur se manifeste-t-elle ?

Regarder en face :
Traite :
Aborder :
Contester :
Polémique :
Tribune :
Autocensure :
Déplaire :
Affaiblissement :
Tutelle :
Il y a un intérêt de leur part, notamment pour organiser des débats sur les
questions de citoyenneté, de naturalisation. On propose des dispositifs 47
d’accès aux expositions pour les réfugiés48, les demandeurs d’asile. Et puis le
ministère nous a accompagnés pour traduire le parcours dans les huit
principales langues des personnes demandant l’asile en France.

- Quels sont vos objectifs de fréquentation49 ?

Pendant la fermeture du musée, les expositions temporaires présentées dans


le Palais ont connu des succès variés. « Picasso l’étranger » a été vu par
45 000 personnes [en 2021-2022], « Ciao Italia ! », par 90 000 [en 2017].
Pour le nouveau parcours, on vise un doublement du nombre de visiteurs par
rapport à la précédente présentation, qui réunissait en moyenne
100 000 personnes chaque année.

Dispositif :
Réfugie :
Fréquentation :

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