Vous êtes sur la page 1sur 54

Retrouver ce titre sur Numilog.

com
Retrouver ce titre sur Numilog.com

1956
VARSOVIE-BUDAPEST
Retrouver ce titre sur Numilog.com
Retrouver ce titre sur Numilog.com

1956
VARSOVIE
BUDAPEST
LA DEUXIÈME RÉVOLUTION D'OCTOBRE

TEXTES RÉUNIS PAR PIERRE KENDE


ET KRZYSZTOF POMIAN

ÉDITIONS DU SEUIL
27, rue Jacob, Paris VIe
Retrouver ce titre sur Numilog.com

ISBN 2 - 0 2 - 0 0 - 4 7 9 0 - X .

© ÉDITIONS DU SEUIL, 1978.

La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective.
Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit,
sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contre façon
sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Avant-propos

Voici réunies en volume les principales contributions d'un colloque


qui eut lieu à Paris en fin septembre 1976 et qui a permis à une poi-
gnée d'intellectuels venus des quatre coins du monde de revivre et faire
revivre la vérité de l'année 1956.
1956, année zéro d'un XX siècle « bis »; année de l'impensable, de
l'inattendu, de l'invraisemblable; année de référence pour tout socia-
lisme passé, présent et à venir; année —ô combien proche et néan-
moins lointaine! —où « l'imposture totalitaire a fini par éclater ». Et
puisque ladite imposture n'en continue pas moins de se propager à tra-
vers le monde : année de la raison retrouvée et aussitôt reperdue, année
d'un message prématuré, donc refoulé, gardé sous scellés et annulé
chaque fois que, quelque part, à propos de l'avenir, on se pose les
questions vraies...
Voilà pourquoi ce colloque qui allait réunir un aréopage plus que
respectable, académiquement parlant, a dû se faire en dehors de tout
patronage institutionnel et, notamment, académique. Voilà aussi
pourquoi les « eurocommunistes », pourtant invités avec courtoisie et
insistance, ont préféré se tenir à l'écart. Ont-ils craint, les uns et les
autres, d'être entraînés trop loin et d'indisposer quelqu'un de lointain
et néanmoins proche?
Le colloque 1956, comme beaucoup de manifestations de cette
nature, est né d'une rencontre fortuite, à la faveur d'une amitié nais-
sante et grâce à une idée lancée au moment opportun. Quelque part à
Paris, alors qu'ils prenaient un pot dans un bistrot, un exilé hongrois
disait à un Polonais expatrié (à moins que ce fût l'inverse) : « N'est-il
pas extraordinaire que, depuis vingt ans, aucune manifestation n'ait
réuni les vôtres et les nôtres pour qu'ils dressent le bilan d'un combat
Retrouver ce titre sur Numilog.com

qu'ils avaient mené au même moment, avec les mêmes ambitions,


contre le même adversaire? Et où ils ont échoué, les uns après les
autres, faute de l'avoir gagné ensemble? » L'idée de confronter les
deux expériences était si simple, si évidente, qu'il suffisait d'y penser.
La persévérance a fait le reste. Onze mois plus tard, dans une salle
de congrès de la rive gauche – l'une de ces salles en location dont
la seule existence est, pour un Européen de l'autre côté, tout un pro-
gramme de liberté —, on a vu rassemblé pour la première fois un échan-
tillon représentatif de la révolution est-européenne : Polonais, Hongrois,
Tchèques, entourés de nombreux amis français et autres.
Encore faut-il donner quelques précisions au sujet de cet « échan-
tillon ». Il était composé d'intellectuels, certes, puisque, dès l'origine,
l'ambition de la réunion était scientifique autant que politique. Échan-
tillon de « militants » aussi ? Oui, dans la mesure où la plupart des par-
ticipants polonais et hongrois étaient, d'une façon ou d'une autre, asso-
ciés à l'effervescence intellectuelle qui avait préparé l'explosion de
1956. Mais ce qui a surtout marqué le colloque, c'est le fait que la
quasi-totalité de ses participants, polonais, hongrois, tchèques, appar-
tenait à ce qu'on pourrait appeler la gauche est-européenne. Ce qui a
d'emblée assuré la sympathie et le concours actif d'éminents représen-
tants de la pensée socialiste et libérale française.
Il est hautement significatif qu'en 1976 une telle réunion n'ait pu
avoir lieu que dans un pays d'accueil. Et que, sauf exception, ses pro-
tagonistes ne pouvaient être que des gens que leurs positions et exi-
gences intellectuelles avaient condamnés à l'exil. Combien pourtant
il eût été plus normal que cette assemblée se réunît à Budapest ou à
Varsovie pour mener ses débats devant un public de témoins et d'hé-
ritiers! Le fait que, vingt ans plus tard, une telle réunion reste impen-
sable à Budapest comme à Varsovie, donne à lui seul la mesure de la
contradiction dans laquelle se débat la gauche européenne, et indique
l'immensité du chemin qu'elle a à parcourir.
Calomnie et silence à l'Est, oubli et méconnaissance à l'Ouest.
Devant ce triste constat, il nous a semblé que notre colloque avait à
répondre à une double exigence du fait même qu'il allait s'adresser
à deux publics. A l'intention d'un public présent, proche et tangible
—celui de la terre d'accueil – , il fallait décoder le message d'un évé-
nement, encore et toujours refoulé, de façon à le rendre recevable. A
l'autre public, physiquement lointain mais bien présent à toutes nos
Retrouver ce titre sur Numilog.com

pensées — celui de nos pays d'origine —, on devait un bilan. Bilan


de 1956 à la lumière des vingt ans écoulés. Un bilan honnête, sans
fureur et sans rêverie, mais qui ne verse pas dans le fatalisme et qui,
de ce fait, oppose au désespoir des vaincus certaines virtualités de la
situation présente.
C'est en fonction de cette double préoccupation — pour ne pas dire :
double engagement — que nous avons fixé les thèmes du colloque et le
cheminement des débats. L'accueil des deux publics a dépassé nos
espoirs. Mais en définitive, c'est au lecteur de juger si les lumières
apportées par ce colloque ont été à la hauteur de ses ambitions.

Les textes qui se trouvent réunis dans ce volume ont été tous pré-
sentés au colloque, comme communication ou comme intervention,
certains tels qu'ils paraissent ici, d'autres dans une mouture provi-
soire ou improvisée, donc légèrement différente de la présente version
définitive. Compte tenu des limites qui nous ont été fixées par l'édi-
teur, il ne nous a pas été possible d'accueillir ici toutes les communi-
cations du colloque ni de rendre compte, même succinctement, des dis-
cussions qui les ont suivies. Notre seule consolation est qu'au prix
de cette opération chirurgicale, certes regrettable au point de vue docu-
mentaire, notre volume a gagné en unité et en lisibilité.
La structure du volume correspond à un itinéraire logique plus que
chronologique : nous partons de l'analyse des événements (I) pour
nous interroger sur leur signification (II et III); de là, on passe à l'es-
quisse des répercussions (IV et V) pour terminer sur quelques inter-
rogations concernant le futur (VI). Cet ordre des textes suit en gros
celui des débats avec toutefois quelques modifications rendues néces-
saires par le contenu même des exposés. Il nous a semblé utile d'ajouter
à ce recueil une chronologie succincte des événements de 1956 et une
bibliographie pouvant mettre en route le lecteur dont ce serait la pre-
mière rencontre avec le chapitre d'histoire ici traité.

Il nous reste à remercier tous ceux qui, par leurs contributions pré-
cieuses – et jusqu'au bout, bénévoles —, nous ont permis de mener à
bonne fin cette entreprise. Il nous reste aussi à souhaiter que ce livre
Retrouver ce titre sur Numilog.com

de réflexion et de combat, qui marque peut-être le début d'une nou-


velle conscience est-européenne, fasse son chemin dans les deux
publics.

Pierre Kende, Krzysztof Pomian.


Paris, printemps 1977
Retrouver ce titre sur Numilog.com

L'EXPLOSION, SON ARRIÈRE-PLAN


ET SON CONTEXTE
Retrouver ce titre sur Numilog.com
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Branko Lazitch

Les mécanismes de la domination soviétique


au temps de Staline

Dès que commença l'expansion soviétique en Europe orientale et


centrale, analystes et commentateurs occidentaux, pour chercher une
explication cohérente à la conduite de Staline, se référèrent couram-
ment, tantôt à la politique de Pierre le Grand, tantôt à la pensée de
Karl Marx. Dans les années 1944-1948, la référence à Pierre le Grand
l'emportait; ensuite (dans les années 1949-1952), le tsar céda la place
à Karl Marx. En fait, pour choisir une politique en Europe centrale
et orientale, Staline n'avait guère besoin de deux inspirateurs, plus ou
moins discutables; il ne puisait d'inspiration ni dans l'imagination ni
dans l'érudition, mais plutôt dans l'expérience et la routine : donc, dans
ce qu'il avait vu Lénine faire et dans ce qu'il avait fait lui-même à sa
suite.
Vues avec un recul de trente ans, les idées directrices de Staline,
à propos de l'Europe centrale en 1945, apparaissent assez claires
aujourd'hui. A la question léniniste : « Que faire? », sa réponse était
toute prête : Ces pays doivent tomber dans la même dépendance à
l'égard de l'Union soviétique que leurs propres partis communistes
connaissaient déjà à l'égard de l'Internationale communiste (Komin-
tern). La formule stalinienne, mise en pratique avec succès en ce qui
concernait les partis communistes, devait être désormais étendue aux
pays eux-mêmes, sommés de se soumettre aux ordres de Moscou.
Fût-ce à l'issue de diverses péripéties, et même d'incidents de parcours,
comme cela avait été le cas précédemment avec les partis communistes.
La formule — la recette – stalinienne exigeait les éléments suivants :

1. L'expansion du communisme ne doit pas résulter de la victoire


des forces révolutionnaires autochtones, mais de l'intervention décisive
Retrouver ce titre sur Numilog.com

de l'Armée rouge soviétique. Dès 1921, au temps de Lénine, deux


pays – les deux premiers —étaient tombés sous le pouvoir commu-
niste, grâce à la seule intervention de l'Armée rouge soviétique : la
Géorgie, où les communistes représentaient moins de 3 % de l'élec-
torat et la Mongolie-Extérieure. De même, si en 1920, la Pologne
avait vu s'instaurer un régime communiste, le mérite en serait entière-
ment revenu à l'Armée rouge soviétique et nullement au prolétariat
révolutionnaire polonais ou au PC.
« Au commencement était l'action », dit Goethe. Au commencement
était l'Armée rouge, Moscou le maintenait fermement. Elle était l'alpha,
mais aussi l'omega : ce n'est pas par hasard que deux pays ramenés
in extremis dans le giron du « socialisme » à la soviétique : la Hongrie,
en 1956, et la Tchécoslovaquie, en 1968, ont été « sauvés » grâce à
l'intervention de l'Armée rouge. En revanche, trois pays qui ont pris
leurs distances ou rompu avec l'URSS, la Yougoslavie, l'Albanie et la
Roumanie, n'avaient pas alors de soldats soviétiques sur leur terri-
toire.
Lors de l'échange de lettres entre Staline et Tito, au début de 1948
—premier document historique que la plus haute hiérarchie commu-
niste ait rendu public depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale —,
Staline admoneste Tito en ces termes : « Il faut également remarquer
que les partis communistes français et italien ont pour la cause de la
révolution, non pas moins, mais plus de mérites que le Parti commu-
niste yougoslave. S'il est vrai que les partis français et italien ont jus-
qu'à présent moins de succès que le Parti communiste yougoslave,
cela ne s'explique pas par des qualités exceptionnelles du Parti commu-
niste yougoslave, mais principalement par le fait que... l'Armée sovié-
tique accourut au secours du peuple yougoslave, défit les occupants
allemands, libéra Belgrade et créa ainsi les conditions indispensables
pour l'accession du parti communiste au pouvoir. Malheureusement,
l'Armée soviétique n'apporta pas et ne pouvait pas apporter la même
assistance aux partis communistes français et italien 1 »

2. L'assurance devait être obtenue au départ que l'avance de l'Ar-


mée rouge en Europe orientale et centrale se ferait avec l'accord des

1. Échange de lettres entre le Comité central du Parti communiste de Yougoslavie


et le Comité central du Parti communiste (bolchevik) de l'URSS, Le Livre yougoslave,
1950, p. 110-111.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Occidentaux, et que la soviétisation de ces pays s'accomplirait ensuite


sans qu'ils sortent de la passivité et de la non-intervention. Les Occi-
dentaux laisseront donc Staline faire à partir de 1944, mais à une plus
grande échelle, ce que Hitler lui avait déjà permis au temps du pacte
germano-soviétique en 1939-1940 (la « libération » par l'Armée rouge
de la partie orientale de la Pologne, des trois pays baltes, de la Bes-
sarabie et de la Moldavie). Une fois rassuré sur leur attitude de non-
intervention en Europe orientale et centrale, Staline se refusera à
mettre en péril cet acquis par une quelconque action expansionniste
militaire, qu'elle soit de son fait ou d'un autre parti communiste. Quand
Tito aura convoité Trieste, il se verra rappeler à l'ordre par Staline :
« Et, comme tous les moyens pour donner Trieste à la Yougoslavie
étaient épuisés, il ne restait plus à l'Union soviétique que d'entrer en
guerre avec les Anglo-Américains à cause de Trieste et de le prendre
de force. Les camarades yougoslaves auraient dû savoir qu'après une
guerre aussi difficile, l'URSS ne pouvait s'engager dans un nouveau
conflit 1 » Lors de l'insurrection communiste en Grèce, de 1944 à 1949,
Staline se montrera complètement indifférent et même hostile, au point
de ne pas autoriser la diffusion de nouvelles sur la question dans la
Pravda et d'interdire de mentionner l'action des insurgés dans les
déclarations officielles du Kominform.

3. Parallèlement à l'action militaire décisive de l'Armée soviétique,


il faut mettre en marche un processus politique, confié forcément aux
autochtones, mais dirigé par les hommes de Moscou. Ce processus
doit se dérouler par étapes successives et exige la recherche d'alliances
provisoires, sous la forme de la tactique dite « de fronts ». Déjà, à
l'époque de l'Internationale communiste, cette tactique des fronts avait
connu trois versions successives : le Front unique ( en décembre 1921),
c'est-à-dire l'unité d'action avec les socialistes; le Front populaire (en
1934-1935), alliance avec les socialistes et avec les partis dits petits-
bourgeois; le Front national, lancé en juin 1941 en Europe (après avoir
été inauguré dès 1920 en Asie), autrement dit l'alliance avec la bour-
geoisie, grande, moyenne ou petite, à condition qu'elle soit « patrio-
tique ».
A partir de 1944 – donc après la dissolution de l'Internationale

1. Op. cit., p. 85.


Retrouver ce titre sur Numilog.com

communiste —, ces trois formules de Front sont mises en application


en Europe centrale et orientale, mais selon un ordre chronologique
inverse de celui qui apparut au temps du Komintern. Cette fois ce fut
d'abord le Front national, ensuite la formule moins large du Front
populaire antifasciste et enfin, aux environs de 1950, le Front unique,
aboutissant, sous le couvert de l'unification du PC et du PS, à la
liquidation progressive et définitive des partis socialistes en Europe
centrale.

4. Dans les coulisses, derrière le Front qui se trouvait officiellement


au gouvernement dans tous les pays, opère un véritable noyau diri-
geant, plus restreint que le Bureau politique du Parti communiste,
comme au temps du Komintern une fois de plus. A la tête de ce noyau
dirigeant se trouve toujours un homme totalement dévoué à Staline;
en Allemagne orientale, Walter Ulbricht avec son groupe (cf. la des-
cription de Wolfgang Leonhardt dans ses souvenirs) ou, en Hongrie,
Rakosi avec sa « clique ».

5. La soumission totale de ces pays ne doit pas aboutir à leur


incorporation pure et simple dans le cadre de l'Union soviétique. A
l'instar — une fois de plus —du Komintern, au sein duquel chaque
parti communiste gardait toutes les apparences d'une entité autonome,
chaque pays communiste se doit maintenant de présenter la façade d'une
existence propre. Lorsque, le 5 juin 1945 — un mois après la fin de la
Seconde Guerre mondiale –, le Yougoslave Kardelj déclare à l'ambassa-
deur soviétique : « Nous voudrions que l'Union soviétique nous consi-
dère comme représentants d'une des futures républiques soviétiques »,
il se fait tourner en ridicule par Staline pour « ces réflexions primi-
tives et erronées ».

6. Comme au temps de l'Internationale communiste, sur laquelle


il exerçait un règne absolu, Staline entretiendra des liens bilatéraux
entre l'Union soviétique et chacun des pays communistes, mais ne
tolérera pas l'instauration de liens organiques entre ces pays commu-
nistes en dehors de l'URSS. De la même manière qu'au temps du
Komintern, Staline avait mis en sommeil la Fédération balkanique
des partis communistes, de même en 1947-1948, il s'opposera à la
formation de la Fédération balkanique des pays communistes.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

La mainmise soviétique sur les pays de l'Est a été achevée dans un


délai allant de six à sept ans, mais en deux étapes assez nettement
distinctes : de 1945 à 1948, le régime des pays, dirigés au départ par
un gouvernement du Front national, se transforme en un régime entiè-
rement dominé par le Parti communiste; de 1949 à 1952, ces mêmes
pays se transforment en satellites soviétiques dans le domaine de la
politique extérieure et deviennent des dictatures staliniennes dans le
domaine de la politique intérieure.

Première phase : 1945-1948.

La diversité des situations de départ d'un pays à l'autre était telle


qu'il était parfaitement possible de ne pas percer l'unité de but de
Staline et même de croire à l'adoption d'une solution spécifique dans
chaque pays. Une distance apparemment infranchissable séparait la
Yougoslavie, entièrement aux mains des communistes dès 1945, et la
Hongrie où, aux premières élections, en 1945, le PC n'obtint que 17 %
des suffrages exprimés et où, aux élections suivantes, en 1947, l'oppo-
sition récoltera près de 40 % des voix. Mais derrière cette diversité
(« formelle », dirait le vocabulaire léniniste), des caractéristiques com-
munes se rencontraient dans tous les partis communistes de l'Europe
orientale et centrale :
Première caractéristique. L'ordre politique et social que ces partis
se proposaient d'établir fut défini par le terme « démocratie populaire »
— une expression que Tito fut le premier à employer dès 1945. La
formule désignait une phase intermédiaire dans le passage du capita-
lisme au socialisme, mais, dès le départ, dans sa définition, deux parti-
cularités furent évoquées pour la singulariser par rapport à la Russie
soviétique :
1. La démocratie populaire représente une voie spécifique et natio-
nale qui se distingue du modèle soviétique, ainsi que Rakosi le préci-
sait au III Congrès du PC hongrois, le 29 septembre 1946 : « Dans les
vingt-cinq dernières années, les partis communistes du monde entier
ont appris qu'il existe plusieurs voies qui mènent au socialisme et par
conséquent que nous ne pouvons pas édifier le socialisme sans emprun-
ter notre propre voie, sans prendre en conséquence les conditions
spécifiques de notre pays... Notre socialisme sera créé uniquement
Retrouver ce titre sur Numilog.com

comme le résultat de l'histoire hongroise et des forces économiques,


politiques et sociales hongroises. Ce sera le socialisme né sur le sol
hongrois et adapté aux conditions hongroises » Ce que le secrétaire
général du PC hongrois et futur premier ministre de Budapest promettait
pour son pays, Klement Gottwald, secrétaire général du PC tchécoslo-
vaque et futur premier ministre de Prague le promettait quatre jours plus
tôt pour le sien dans son rapport au Comité central du PC : « Ainsi que
l'expérience l'a déjà montré et que nous l'ont appris les classiques du
marxisme et du léninisme, il n'y a pas, dans toutes circonstances,
qu'une seule voie vers le socialisme, c'est-à-dire celle qui y mène à tra-
vers la dictature du prolétariat et les soviets. En présence d'un certain
rapport de forces dans le domaine international et sur le plan intérieur,
on peut envisager encore un autre chemin menant au socialisme...
Cela est également vrai pour notre p a y s » Ce n'est pas non plus un
pur hasard si le secrétaire général d'un troisième PC et lui-même can-
didat (malheureux) au poste de président de gouvernement, Maurice
Thorez, tenait sept semaines plus tard le même langage au moment
où précisément il posait sa candidature à la direction du gouvernement
français 3
2. Cette voie spécifiquement nationale vers le socialisme exclut
le recours à la dictature du prolétariat, comme le soulignent dans
leurs discours Rakosi, Gottwald et leurs homologues. La raison pro-
fonde de cette tactique ou plutôt de cette concession verbale, Rakosi
l'expliquera a posteriori, une fois l'opération réussie : « En 1945... la
discussion théorique de la dictature du prolétariat, envisagée comme
une fin, aurait effrayé nos alliés de la coalition et aurait rendu, plus
difficiles nos tentatives pour rallier la majorité non seulement des
petits bourgeois, mais aussi des masses o u v r i è r e s »

Seconde caractéristique. A l'intérieur du gouvernement du Front,


dont le titre officiel variait (Front de l'indépendance nationale en

1. Cité par E. Kardelj, 0 Narodnoj Demokratiji u Jugoslaviji, Beograd, 1949, p. 8.


2. Rude Pravo, 27 septembre 1946; cité par Paul Barton, Prague à l'heure de
Moscou, Paris, 1954, p. 118.
3. Cf. son interview au Times, Londres, 17 novembre 1946.
4. M. Rakosi, « La voie de notre démocratie populaire », discours prononcé le
19 février 1952 à l'École supérieure du Parti, publié intégralement en France deux fois :
la Documentation française, Articles et documents, n° 2 536 et Est-Ouest, n° 18.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Hongrie, Front patriotique en Bulgarie, Front national en Tchécoslo-


vaquie et en Pologne), un processus identique fut partout engagé dès
1946-1947. Il reçut après coup le nom devenu célèbre de « tactique du
salami », l'inventeur de cette formule étant Rakosi dans le discours
déjà cité de février 1952. Il dira alors cyniquement : « Cette tactique
consistait à débiter, jour par jour, tranche par tranche, la réaction qui
se dissimulait dans les autres partis politiques. » La première phase
de l' « opération salami » permettait de liquider les partis d'opposition;
avec les tranches suivantes, les partis du Front, donc faisant partie
du gouvernement, étaient découpés. Mais cette seconde phase se dérou-
lait selon un ordre strict : les alliés dits de droite étaient les premiers
visés (en Hongrie c'était le Parti des petits propriétaires), ensuite
venait le tour du centre et de la gauche (le Parti social-démocrate y
compris). Chaque fois, à l'intérieur de la formation destinée à devenir
la victime prochaine, les communistes soutenaient ou même susci-
taient une « gauche » qui exigeait l'élimination de la « droite » dans son
propre parti. Une fois cette besogne accomplie, cette « gauche »
complice du Parti communiste subissait le même sort, comme ce fut
le cas dans le Parti social-démocrate hongrois, deux des principaux
pourfendeurs de la « droite » et champions de la fusion avec le PC,
Arpad Szakasits et György Marosan, furent à leur tour épurés et
jetés en prison.
Une composante importante dans la tactique de destruction de tous
les partis politiques qui n'étaient pas le PC était leur noyautage par des
agents communistes. Voici ce qu'on a appris grâce au livre de Euge-
nio Reale (Avec Jacques Duclos au banc des accusés à la réunion
constitutive du Kominform à Szklarska Poreba). Au cours de ladite
réunion en septembre 1947, Revai au nom du PC hongrois déclara que
quatre communistes siégeaient officiellement dans le gouvernement,
mais qu'en fait leur nombre était sept; on sut encore par la suite que
parmi les « sous-marins » communistes se trouvaient un ministre socia-
liste, Sandor Ronai, et un dirigeant du Parti des petits propriétaires,
Istvan Dobi. Lors de la même réunion du Kominform, G. Dej au
nom du PC roumain révéla qu'au sein du Parlement le nombre officiel
des députés communistes était 70, mais que leur nombre réel s'élevait
à 180!
Pour pratiquer efficacement cette double « tactique du salami » et
du « cheval de Troie », le Parti communiste dans chacun de ces pays
Retrouver ce titre sur Numilog.com

devait pouvoir compter sur deux appuis : l'Armée soviétique (absente


il est vrai, après la guerre en Yougoslavie et en Tchécoslovaquie) et la
police politique Rakosi, toujours dans le discours cité plus haut,
devait avouer le rôle monopoliste de la police — au mépris non seule-
ment de toutes les rassurantes déclarations officielles faites à l'époque,
mais aussi de la doctrine du déterminisme marxiste, puisque visible-
ment ce n'était pas sur les forces économiques, mais policières que le
Parti comptait pour imposer le régime communiste : « Il n'y avait
qu'un seul organisme où notre Parti avait réclamé dès la première
minute la direction et où aucun pourcentage ne joua en faveur de la
coalition : c'était l'AVH » (police politique).
Au cours de cette première phase, communistes soviétiques et com-
munistes autochtones avaient partie liée pour réduire à néant toutes les
autres forces politiques; ce n'est qu'une fois cette besogne terminée, que
viendra le tour des communistes autochtones eux-mêmes d'être vic-
times du mécanisme qu'ils avaient mis en marche. Le destin tragique
de Laszlo Rajk symbolise bien ce passage d'une phase à l'autre :
ministre de l'Intérieur du 23 mars 1946 au 10 juillet 1948, il dirige
la purge du Parti des petits propriétaires dans la première phase pour
devenir la victime la plus célèbre dans la seconde.

Seconde phase : 1949-1952.

C'est au cours de celle-ci que la domination soviétique s'impose tota-


lement dans les pays de l'Est, à l'exception de la Yougoslavie. Quels
sont les moyens et les méthodes, plutôt que les mécanismes, que
Staline mit en marche pour instaurer et maintenir la mainmise sovié-
tique totale d a n s ces p a y s devenus déjà des démocraties p o p u l a i r e s

Il faut distinguer les moyens institutionnels, moins nombreux et


moins importants, et les moyens non institutionnels, qui avaient la
préférence de Staline. Parmi les moyens institutionnels, trois assurent

1. Cf. François Fejtö, Le Coup de Prague, Seuil, Paris, 1976.


2. Ce thème n'a pas été traité suffisamment, ni en quantité ni en qualité, dans les
ouvrages consacrés aux pays de l'Est. Une exception à signaler : le chapitre 6 de l'ou-
vrage suivant : Zbigniew K. Brzezinski, The Soviet Bloc. Unity and Conflict, Revised
Edition, New York, 1961. Voir aussi François Fejtö, Histoire des démocraties popu-
laires, vol. I : L'ère de Staline.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

le passage de la première à la seconde phase lors de la mainmise sovié-


tique :

1. Les traités bilatéraux d'amitié et d'assistance. Ils sont signés selon


un protocole de préséance strictement respecté. Staline divise les pays
en trois catégories par ordre d'importance décroissant : dans la pre-
mière entrent les pays alliés (Tchécoslovaquie, Yougoslavie et Pologne)
qui signent un traité d'alliance diplomatico-militaire avant même la
fin de la Seconde Guerre mondiale; la catégorie suivante comporte les
anciens alliés de Hitler au cours de la guerre (Hongrie, Bulgarie et
Roumanie) qui signent tous les trois, en 1948, l'alliance avec l'URSS.
Enfin dans la troisième catégorie se rangent de véritables parias du
système stalinien : l'Albanie et l'Allemagne orientale, auxquelles
Staline n'accordera jamais une protection sous forme d'alliance diplo-
matique et militaire.

2. Le Kominform, fondé en septembre 1947, à l'exclusion une fois de


plus des partis communistes est-allemand et albanais. Il symbolisa aux
yeux de l'Ouest la politique stalinienne de la mise au pas de l'Est. En
fait, le Kominform en tant qu'institution fonctionnera de moins en
moins au fil des années. Sa fondation avait comme objectif principal
de régler le « cas de Tito » : l'échec de cette mission entraîna la mise en
sommeil progressive de l'institution, dont la dernière réunion officielle
et publique remonte à novembre 1949.

3. Le Comecon, Conseil d'assistance économique mutuelle, fondé


en janvier 1949. Après n'avoir eu qu'une session en 1950, il ne se
réunit pas une seule fois ensuite, sous le règne de Staline. Sa réanima-
tion, à partir de 1954-1955, sera l'œuvre de Khrouchtchev, qui prési-
dera aussi à la naissance du pacte de Varsovie à la même époque.

Cet inventaire des moyens institutionnels illustre, par sa brièveté et


sa pauvreté, un trait important du caractère et du comportement de
Staline : pour les mêmes raisons qu'il ne convoqua qu'une seule fois
le Plénum du Comité central du Parti bolchevik de l'URSS durant
toute la guerre et qu'il ne le réunit qu'une seule fois dans toute la période
Retrouver ce titre sur Numilog.com

d'après-guerre, de 1945 à 1952, pour les mêmes raisons encore qu'il


ne rassembla le Congrès du Parti bolchevik qu'une seule fois durant
plus de treize ans, Staline dans ses relations avec les pays de l'Est
européen comptera sur les moyens non institutionnels pour affirmer
sa domination. Voici les principaux de ces moyens non institutionnels :
a. Staline lui-même et le stalinisme. Les secrétaires généraux des
PC de l'Est devaient à Staline leur nomination à la tête de leur parti
(d'abord) et de leur État (ensuite). Ils lui devaient par conséquent tout.
Pour faire connaitre sa volonté et la faire immédiatement accepter, il
suffisait à Staline — comme il le disait lui-même – de « lever le petit
doigt ». En pratique, cela se traduisait par un coup de téléphone
(comme il fit pour trancher les points litigieux lors de la fondation du
Kominform), par l'envoi d'un télégramme (comme il en usait avec Tito,
avant la rupture de 1948), ou à la rigueur —un dérangement déjà plus
important pour Staline — par une invitation à Moscou pour faire
connaître oralement à une délégation est-européenne (généralement
après une attente de plusieurs jours) son point de vue qui n'admettait
aucune modification, mais seulement l'exécution.
A la personne de Staline et à son savoir-faire venait s'ajouter le sta-
linisme en tant que doctrine officielle de chacun des partis au pouvoir.
Certes, la doctrine officielle était le marxisme-léninisme-stalinisme,
mais la part de Marx était minime, la part de Lénine à peine un peu
moins insignifiante, alors que le stalinisme (cf. le futur « culte de la per-
sonnalité ») se taillait la part du lion. La doctrine stalinienne était complé-
tée par la pratique stalinienne, celle-ci tenant encore plus de place que
celle-là, avec un trait principal : la substitution du rôle de la police au
rôle dirigeant du Parti, à l'instar de ce qui s'était déjà passé en URSS.
Dans son mémorandum, évoquant le stalinisme en Hongrie, Imre
Nagy écrira peu après : « La police, avec l'aide active de Staline, s'est
élevée au-dessus du Parti et de la société et elle est devenue le principal
organe du pouvoir. » L'imitation aveugle du stalinisme de la Russie
soviétique ne se bornait pas à placer la police au sommet de l'État et de
la société, et à faire encenser chaque secrétaire général par son propre
parti. Elle apportait aussi d'autres inspirations : les Constitutions mises
en vigueur en Europe de l'Est à partir de 1948-1949 seront calquées sur
le modèle stalinien de 1936 (cela avait déjà été le cas de la première
Constitution yougoslave, en 1945); les Plans quinquennaux, introduits à
partir de 1949, avec la collectivisation et l'industrialisation forcées; les
Retrouver ce titre sur Numilog.com

grands procès spectaculaires qui n'épargnèrent pas la vie aux secrétaires


du Parti (Dzordzé en Albanie, Kostov en Bulgarie, Slansky en Tchécos-
lovaquie).
b. Le personnel soviétique. Chaque démocratie populaire recevait
une quantité croissante de « spécialistes » soviétiques de tout genre,
ayant chacun le droit de surveiller un secteur de la vie nationale du
pays satellite. Le Surveillant officiel n° 1 est bien entendu l'ambassa-
deur soviétique, dont le rôle dans une démocratie populaire est ainsi
défini par Staline lui-même (dans sa correspondance avec Tito) :
« L'ambassadeur soviétique, communiste responsable, représentant
d'un État ami qui a libéré la Yougoslavie de l'occupation allemande, a
non seulement le droit mais le devoir de s'entretenir de temps à autre
avec les communistes de Yougoslavie sur toutes les questions qui
peuvent les i n t é r e s s e r » Au nom de ce droit et de ce devoir, l'am-
bassadeur soviétique à Belgrade, à Varsovie, à Budapest, etc., rencontre
séparément des membres du Bureau politique des « partis frères » et
envoie des rapports à Moscou, alors que le Bureau politique yougos-
lave, polonais, hongrois, etc., n'est tenu au courant ni de ces entretiens
ni à plus forte raison du contenu des rapports envoyés à Moscou.
Le système de la nomenklatura (liste des postes à pourvoir selon
le droit exclusif du Parti) fonctionne ainsi dans chaque pays : au pre-
mier degré, le Parti communiste surveille la nomination à toutes les
fonctions jugées importantes; au second degré, l'ambassadeur sovié-
tique surveille son choix et use (ou abuse) du droit de veto. C'est ainsi
que lorsque Tito nomma en 1946 Vladimir Velebit ministre-adjoint
des Affaires étrangères, Molotov s'y opposa et provoqua une enquête
sur ce compagnon de Tito qualifié d'« espion anglais ». Dans sa lettre
à Tito, le 4 mai 1948, Staline ajoute d'autres accusations du même
style, sans fournir l'ombre d'une preuve : « Mais Velebit n'est pas le
seul espion dans l'appareil du ministère des Affaires étrangères. Les
représentants soviétiques ont plusieurs fois parlé aux dirigeants you-
goslaves du ministre yougoslave à Londres, Léontitch, comme d'un
espion anglais... Le gouvernement soviétique sait que, sans compter
Léontitch, il y a encore trois collaborateurs de l'ambassade yougos-
lave à Londres, dont les noms ne sont pas encore connus, qui sont au
service de l'espionnage anglais2. »
1 Échange de lettres..., op. cit., p. 83.
2 Ibid., p. 82.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

c. Le noyautage de l'appareil communiste. Alors que le Parti


communiste autochtone noyaute les autres formations politiques de
la coalition, ce sont les Soviétiques qui noyautent les trois princi-
paux appareils du régime communiste : le Parti, la Police et l'Armée.
Dans l'appareil du Parti, deux secteurs principaux sont visés : la
section des cadres, donc la véritable police intérieure du Parti, et la
section internationale, qui s'occupe des relations avec les « partis
frères ». Dans la police des pays satellisés et stalinisés, la présence sovié-
tique est double. Tout d'abord, des conseillers soviétiques sont placés au
ministère de l'Intérieur et, à ce titre, ils vont par exemple superviser et
diriger l'organisation des grands procès spectaculaires. Lors des procès
Rajk, en 1949, et Slansky, en 1952, il était facile de constater que
l'imitation du modèle soviétique était totale. Mais il faudra attendre
la déstalinisation et la révolution de 1956 en Hongrie pour apprendre
que le général Bielkine, du NKVD, supervisait dans les moindres détails
la mise en scène du procès Rajk. Il faudra attendre encore le Printemps
de Prague, en 1968, pour connaître le nom du général Likatchev qui
accomplit la même besogne à Prague à l'occasion du procès Slansky.
Cependant, une autre forme de présence soviétique, plus dange-
reuse parce que clandestine, se développe à l'intérieur de l'appareil
policier des satellites : le recrutement que les services secrets de
l'URSS opèrent parmi les fonctionnaires de la police politique, pour
les faire travailler au bénéfice de Moscou. Au nom de l'« internationa-
lisme prolétarien », les fonctionnaires de la police cachent ce recrute-
ment à leur propre parti. En cas de divergence, ils sont censés préférer
le parti dirigeant soviétique. Quand la Yougoslavie publiera en 1951 un
« Livre blanc » sur les procédés agressifs soviétiques, les documents
vont révéler que dès 1945 les Soviétiques tentaient de recruter beau-
coup de monde dans la police yougoslave, du ministre-adjoint de l'In-
térieur jusqu'au simple fonctionnaire au Département du chiffre.
Quant à l'Armée de chaque pays satellite, les Soviétiques s'efforcent
de la contrôler par un triple noyautage. Pour commencer, des spécia-
listes soviétiques sont affectés (au titre de la coopération fraternelle
et socialiste) à l'état-major général, au ministère de la Défense natio-
nale, et même au sein des différentes armes : aviation, artillerie, etc.
Deuxième échelon : des officiers de l'Armée rouge d'ascendance
polonaise, bulgare, etc., reviennent dans leur pays d'origine et sont
nommés à la tête de l'armée nationale, comme le maréchal Rokossow-
Retrouver ce titre sur Numilog.com

ski, promu en 1949 ministre de la Défense nationale en Pologne et


Petar Pantchevsky, général de l'Armée rouge, devenu en 1950 ministre
de la Défense nationale en Bulgarie. Enfin, troisième forme de noyau
tage, la plus redoutable pour les intérêts nationaux : le recrutement
effectué par les services secrets soviétiques dans le corps d'officiers de
chaque pays. La Yougoslavie, après la rupture, révélera qu'entre 1945
et 1948 la plupart des officiers yougoslaves, envoyés pour se perfection
ner dans les écoles militaires supérieures soviétiques, avaient été l'objet
à la fin de leurs études d'un entretien particulier, d'abord en vue de les
« tâter » et ensuite de les recruter dans les services soviétiques.
d. L a russification des pays de l'Est. La domination soviétique se
traduit en pratique par une russification dans tous les domaines, à
commencer par l'adoption de la langue russe comme première langue
étrangère dans chaque pays. Le modèle russe est dominant partout.
Dans le domaine de la presse, la Pravda est imitée par l'organe officiel
de chacun des autres partis communistes satellites. Dans le domaine
de la littérature, le réalisme socialiste est le dogme obligatoire. Dans le
cinéma, la production russe envahit les salles. Dans le domaine de la
science, la Russie est célébrée comme première nation du monde et les
Russes comme les plus importants des inventeurs.
Dans les relations économiques l'hégémonie russe aboutit logique-
ment à l'exploitation de ces pays au profit de Moscou, qui ne respecte
pas les prix mondiaux, mais fixe les prix d'achat à sa guise. Ainsi, en
1948, l'URSS achète les quatre cinquièmes des exportations de tabac
bulgare à un prix très bas; lorsque la Bulgarie tente de trouver un
marché étranger capitaliste pour les 20 % qui restent, elle constate
que les Soviétiques ont déjà revendu son propre tabac aux Italiens à
un tarif inférieur de 35 % à celui qu'elle propose. Les Soviétiques ont
pu consentir ce prix avantageux pour la bonne raison qu'ils ont payé
le tabac bulgare à un prix dérisoire. Autre exemple : en 1949, la
Yougoslavie révéla qu'avant la rupture avec Moscou, la production
d'une tonne de molybdène, alliage essentiel de l'acier, revenait à
500 000 dinars, alors que les Soviétiques la payaient aux Yougoslaves
45 000 dinars, moins d'un dixième de son coût.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

La stalinisation sur le plan intérieur et la satellisation sur le plan


extérieur connurent une croissance à rythme accéléré sous Staline,
mais aussi un recul rapide après la mort de Staline. A partir du
5 mars 1953, l'absence déjà sensible de liens institutionnels se fit encore
plus sentir avec la disparition de l'homme qui dans un tel système
pyramidal représentait à la fois la base et le sommet. Le vide créé par
sa mort ne tarda pas à entraîner deux effets : l'un au Kremlin et l'autre
dans les partis communistes des pays satellisés.
L'équipe dirigeante du Kremlin, Khrouchtchev en tête, se rendit vite
compte que des changements étaient indispensables dans les relations
avec les pays satellites, comme ils l'étaient à l'intérieur de l'URSS
elle-même. Au sommet, les dirigeants du Kremlin firent étendre dans
les pays satellites le principe de la direction collective, avec, comme
corollaire, la séparation des deux postes suprêmes : le secrétariat géné-
ral du Parti et la direction du gouvernement. A la base, des réformes
connues sous le nom de « cours nouveau » ou « étape nouvelle » furent
inaugurées d'urgence en Hongrie, en Tchécoslovaquie, en Pologne.
En même temps, les premières secousses post staliniennes se produi-
sirent durant cette année 1953 : la révolte populaire en Allemagne
orientale et les émeutes de Pilsen, en Tchécoslovaquie. Les réformes
dans le Parti et les modifications dans le pays ne réussirent pas à pro-
duire d'effets durables en 1953; pour paraphraser une formule léniniste
connue, l'année 1953 ne fut que la répétition générale de l'année 1956.
La disparition de Staline eut une autre conséquence pour la direction
des partis communistes de l'Est. Les équipes communistes dirigeantes
qui avaient été, dans la première phase (1945-1948), les instruments
utilisés pour imposer la domination soviétique et communiste et qui
étaient devenues, dans la deuxième phase (1949-1952), des victimes de
cette domination, se transforment peu à peu en centres d'autonomie,
sinon d'indépendance à l'égard de Moscou. Entre les deux principales
forces en présence dans les pays de l'Est – les Russes et le peuple —
de nombreux dirigeants communistes commencent à se rapprocher du
peuple et à s'éloigner des Russes, processus qui devait rendre possible
les événements de 1956.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

François Fejtö

D e B u d a p e s t et V a r s o v i e 1956
à P r a g u e 1968

Budapest 1956 : ce n'est pas simplement le lieu et la date d'un événe-


ment historique. C'est un symbole, une ligne de partage entre les
hommes pour lesquels la liberté, nationale et individuelle, représente
une valeur prioritaire et les autres qui — sous quelque prétexte et nom
que ce soit – préfèrent la dictature. En empruntant une formule de
l'Internationale communiste, on pourrait dire que c'est l'attitude envers
Budapest 1956 qui constitue la véritable pierre de touche de l'attache-
ment aux principes démocratiques, aux droits de l'homme, au droit
des peuples de décider eux-mêmes de leur propre sort.
En effet, aucune révolution n'a été autant et aussi injustement
calomniée que celle du peuple hongrois. Et les calomnies, les préjugés
ont la vie tenace. Beaucoup de ceux qui en 1956, de bonne ou de mau-
vaise foi, se sont faits les complices des divisions blindées qui ont écrasé
l'insurrection, même s'ils ont « évolué » depuis —au point de désap-
prouver l'invasion de la Tchécoslovaquie en 1968 —, se montrent
aujourd'hui encore réservés à l'égard de la Hongrie. C'est que dans
la révolte hongroise, disent-ils, « il y avait eu des éléments contre-
révolutionnaires, tandis que la Tchécoslovaquie, c'était autre chose,
il n'y avait aucun danger pour le socialisme 1 ». Or cette discrimination
est tout à fait arbitraire.

Il est vrai, en revanche, que la signification historique de Budapest


1956 ne s'éclaire réellement que par la comparaison avec les événe-
ments simultanés de Varsovie et avec ce qui s'est passé en Tchécoslo-

1. Jean Kanapa, en polémiquant avec ses camarades hongrois, a évoqué les « erreurs
de 1956 ». Mais il n'a pas précisé en quoi consistaient selon lui ces erreurs.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

vaquie douze ans plus tard. (« Toute histoire si elle est faite sérieuse-
ment devient histoire comparée », écrit Paul Veyne avec raison.) Les
trois événements relèvent de la crise de l'ordre international instauré
par Staline en Europe orientale. Les événements de Hongrie — que
Georges Lukacs a qualifié de népfölkelés, soulèvement populaire; un
Kadar assagi se servira en 1972 à leur propos des termes « déraille-
ment », voire « tragédie nationale » — comme les événements moins
spectaculaires de Pologne de ce même automne étaient étroitement
liés aux changements survenus dans la politique soviétique après la
mort de Staline, à la réhabilitation de Tito, au X X Congrès, au
processus de la déstalinisation. Les protagonistes du Printemps de
Prague se référeront, eux aussi, au X X Congrès du Parti soviétique;
le paradoxe —dont les causes restent à éclaircir — c'est qu'ils sont
devenus, Dubcek à leur tête, « khrouchtchevistes » quatre ans après la
chute de Khrouchtchev et en plein essor du néo-stalinisme en URSS.

Les crises de 1956, puis de 1968, ont eu pour effet de révéler les
antagonismes latents, les potentialités de changements, voire de révo-
lutions, inhérentes au système communiste en même temps que la
nature et la puissance des forces de cohésion, d'intégration et de régu-
lation dont celui-ci dispose pour prévenir ou surmonter des crises. Les
sociétés capitalistes démocratiques, sauf de rares moments d'euphorie
positiviste (quand on se met à parler de la fin des idéologies, de la fin
de la lutte des classes), sont conscientes du caractère conflictuel et de
la fragilité de leur système. Elles savent —les historiens et sociologues
sont là pour les en persuader —qu'elles sont bourrées de contradictions
mortelles. Ce n'est pas le cas des régimes « socialistes » qui ont mis
longtemps à s'apercevoir que la collectivisation des moyens de produc-
tion et l'élimination de la bourgeoisie ne les a pas immunisés contre
les antagonismes et contre les crises. Ils se croient toujours irréver-
sibles, mais au moins admettent-ils maintenant qu'ils ne sont pas
invulnérables.

Tant la crise hongroise que celle, parallèle, de la Pologne en 1956,


puis la crise tchécoslovaque de 1968 ont mis en lumière la dépendance
décisive des démocraties populaires à l'égard de l'URSS, ce que j'ai
défini comme la « contradiction fondamentale » du système soviétique.
Les régimes communistes de l'Est sont des sous-systèmes faisant partie
Retrouver ce titre sur Numilog.com

toires. Il n'en reste pas moins que pour la première


fois, le sang coule. Dans la nuit, la garnison de la
caserne Kilian se range aux côtés des manifestants qui
disposeront ainsi d'armes supplémentaires provenant
des usines d'armement « Lampart et Danubia ».
Le Comité central siège toute la nuit et coopte parmi
ses membres Imre Nagy, qui devient président du
Conseil. Dans la matinée du 24, le gouvernement,
invoquant le traité de Varsovie, fait appel aux troupes
soviétiques pour rétablir l'ordre. Plus tard, on expli-
quera qu'Imre Nagy ignorait cet appel émanant d'Er-
nö Gerö et d'Andras Hegedüs.
La loi martiale est proclamée. L'après-midi, le pré-
sident du Conseil promet l'amnistie pour les insurgés
qui auront rendu les armes, ainsi que la « démocrati-
sation systématique de la vie politique et économique ».
Mais les rangs des insurgés grossissent d'heure en
heure. Les Soviétiques ne peuvent plus compter que
sur les forces de sécurité : la police ordinaire et l'armée
se désintègrent, laissant le gouvernement pratiquement
isolé.
C'est dans ces circonstances que Souslov et Mi-
koyan, membres du Présidium (aujourd'hui Politburo)
du Parti soviétique, arrivent inopinément à Budapest
et font tomber sur Ernô Gerö toute la responsabilité
des événements.
Le Premier secrétaire est aussitôt remplacé par Janos
Kadar. Celui-ci promet des négociations « sur les ques-
tions litigieuses entre la Hongrie et l'Union soviétique ».
Imre Nagy déclare que les « f a u t e s du passé sont à
l'origine des événements actuels. L a contre-révolution
est soutenue p a r un g r a n d nombre d'ouvriers de bonne
f o i ». Ce langage est nouveau, mais les combats meur
triers se poursuivent. Des conseils ouvriers se créent
à Budapest et en province : la grève générale continue.
Le 26 octobre, le Parti s'engage à assurer la forma-
tion d'un gouvernement « largement représentatif et
national » et approuve la formation de conseils d'ou-
vriers. Le nouveau gouvernement du 27 octobre com-
prend aussi des ministres qui n'appartenaient pas au
PC; en même temps, les références à la « contre-
révolution » se font plus rares. Le lendemain, l'éditorial
de S z a b a d Nép, organe du Parti, qualifie l'insurrection
de « mouvement national et démocratique ». Des négo-
ciations sont entamées en vue d'un cessez-le-feu entre
Retrouver ce titre sur Numilog.com

les insurgés et les Soviétiques. Le 28, la direction du


Parti est provisoirement confiée à un présidium com-
posé de six membres, parmi lesquels figurent Imre
Nagy et Janos Kadar. Le programme gouvernemental
présenté le même jour tient compte de la plupart des
revendications formulées par les étudiants avant le
début de l'insurrection.
Mais les concessions arrivent trop tard. Les conseils
ouvriers, comités révolutionnaires, partis et groupe-
ments spontanés veulent bien aller beaucoup plus
loin. Ils réclament un nouveau remaniement gou-
vernemental afin d'éliminer tous les hommes de la pé-
riode stalinienne. On commence à parler d'élections
libres et de retrait de la Hongrie du pacte de Varsovie.
Les troupes soviétiques, apparemment vaincues et
démoralisées, commencent à se retirer de Budapest.
Inattendue, mal préparée, improbable, la révolution
semble victorieuse. Dans les rues de Budapest, on
pourchasse ouvertement les membres de l'AVH, la
sinistre police de sécurité. Des scènes d'atrocité se pro-
duisent le 30 octobre devant le bâtiment du comité
local du Parti, place de la République.
Le jour même de l'attaque, Janos Kadar et le nou-
veau présidium semblent avoir franchi le Rubicon. Ils
approuvent l'abolition du parti unique et le retour à
un système de gouvernement fondé sur une coalition,
telle qu'elle existait en 1945. Kadar entrera personnel-
lement dans le nouveau cabinet. Dans la soirée, le car-
dinal primat Mindszenty, condamné à la prison à vie
en février 1949 après une sinistre comédie judiciaire,
retrouve la liberté. Dans un discours adressé quelques
jours plus tard, il émettra des réserves expresses à
l'égard des gouvernants en place en qui il voit les
héritiers du régime effondré.
Le 30 octobre, une déclaration solennelle du gouver-
nement soviétique parle d'« égalité complète de droits »
entre États socialistes et de « non-immixtion dans les
affaires intérieures des autres pays ». Mais les nouvelles
qui parviennent de Budapest —où le régime commu-
niste est en train d'agoniser —incitent Nikita Khroucht-
chev à préparer la contre-attaque. Au même moment,
l'action franco-britannique contre l'Égypte déclenche
une autre crise internationale. En province, les troupes
soviétiques, qui faisaient mine de quitter le pays,
commencent à faire demi-tour. Mais l'ambassadeur
Retrouver ce titre sur Numilog.com

d'URSS à Budapest, convoqué au siège du gouverne-


ment Nagy, n'admet pas l'évidence.
Le I novembre, le comité d'organisation du Parti,
qui remplace le présidium créé trois jours plus tôt,
recommande au gouvernement le retrait de la Hongrie
du pacte de Varsovie. Il estime que l'URSS a rompu
ses engagements. Janos Kadar, membre du comité et
ministre d'État, approuve cette décision capitale. Il
sera présent lorsque le président Imre Nagy la notifiera
à l'ambassadeur Andropov, aujourd'hui membre du
Bureau politique du PC soviétique et le chef du KGB.
Dans un appel diffusé par radio, Kadar salue une
nouvelle fois l'« héroïque soulèvement du peuple ».
Mais il ajoute aussi que ce soulèvement est arrivé à
la croisée des chemins et insiste sur le danger contre-
révolutionnaire.
Peu après avoir lancé cet appel, il disparait dans la
nuit. Aujourd'hui encore, on se garde bien de donner
des précisions sur les circonstances de son départ.
Les textes officiels actuels se contentent d'assurer
qu'« après le retrait du pacte de Varsovie, la proclama-
tion de la neutralité et l'accroissement contre-
révolutionnaire il n'existait aucune autre voie que la
rupture avec le gouvernement d'Imre Nagy et la créa-
tion d'un nouveau centre révolutionnaire ». Ce n'est
que par recoupement d'informations d'origines diverses
que l'itinéraire du futur chef du Parti peut être main
tenant reconstitué. En compagnie de Ferenc Münnich,
vétéran du mouvement communiste et ancien ambas-
sadeur à Moscou, Kadar devait se rendre tout d'abord
à l'ambassade soviétique de Budapest, où se trouvaient
Souslov et Mikoyan, membres du présidium envoyés
pour la deuxième fois en quelques jours en Hongrie
par Nikita Khrouchtchev.
Kadar et Münnich partirent ensuite pour Oujgo-
rod, petite ville soviétique d'Ukraine subcarpatique.
Khrouchtchev consacrera la journée du 2 novembre
ainsi que la nuit du 2 au 3 novembre aux consultations
avec les dirigeants des pays de l'Est. Il obtient leur sou-
tien pour cautionner une action militaire mettant fin à
la « contre-révolution ». Seul le maréchal Tito, qu'il a
rencontré dans l'île de Brioni, ne croit pas qu'un retour
des blindés soit la meilleure solution à la crise hongroise.
C'est lui qui proposera la création d'un nouveau gou-
vernement dirigé par Kadar et regroupant les « forces
Retrouver ce titre sur Numilog.com

saines », bien que les Soviétiques aient misé sur un


autre candidat, vraisemblablement Ferenc Münnich.
En tout cas, lorsque, dans la matinée du 3 novembre,
Khrouchtchev et Malenkov regagnent Moscou, le pré-
sidium donne le feu vert à l'intervention.
En même temps et dans le plus grand secret, Kadar
et une demi-douzaine d'autres personnalités commu-
nistes qui ont rompu avec Imre Nagy quittent le terri-
toire soviétique pour s'installer à Szolnok. Dix-neuf
ans plus tard, une plaque inaugurée en grande pompe
sur l'immeuble du conseil départemental de cette petite
ville, à une centaine de kilomètres de Budapest, com-
mémore la création en ces lieux du « gouvernement
révolutionnaire ouvrier-paysan ».
A l'aube du 4 novembre, les troupes soviétiques
entrent en action à Budapest. Imre Nagy déclare qu'il
s'agit d'une « intention évidente de renverser le gou-
vernement légal ». Au même moment, sur la longueur
d'onde utilisée habituellement par les émissions vers
l'étranger, une « lettre ouverte » lue par Ferenc Mün-
nich annonce la formation d'un « gouvernement révo-
lutionnaire ouvrier-paysan » présidé par Kadar, qui
demande l'aide des troupes soviétiques. En réalité, ces
troupes étaient entrées en action avant même que les
Hongrois ne fussent informés de l'existence d'un tel
gouvernement.
Informé de la capture, en pleine négociation, des
généraux hongrois chargés de mettre au point avec
leurs homologues soviétiques un plan de retrait des
troupes soviétiques, Imre Nagy, suivi d'un certain
nombre de ses conseillers et amis politiques, se réfugie
le matin du 4 novembre à l'ambassade de Yougoslavie
alors qu'au même moment le primat Mindszenty
demande et obtient l'asile à l'ambassade des États-
Unis.
A partir de ce jour, et pendant une semaine environ,
des groupes insurgés opposent une résistance achar-
née, mais militairement peu organisée, aux Sovié-
tiques. (L'armée régulière se trouve pratiquement
disloquée.) Ce n'est que le 12 novembre que le gouver-
nement Kadar viendra s'installer à Budapest dans
l'édifice du Parlement.
L'Assemblée générale de l'ONU est saisie de la
situation en Hongrie et décide de s'en occuper par
53 voix contre 7 (et 7 abstentions). Elle charge son
Retrouver ce titre sur Numilog.com

secrétaire général d'envoyer en Hongrie des représen-


tants : cette mission ne verra jamais le jour.
A Budapest, et dans les autres centres industriels
de la Hongrie, l'envahissement du pays par les Sovié-
tiques déclenche une grève générale qui se poursuit
tout au long du mois de novembre et ne cessera défi-
nitivement que vers Noël.
22 novembre 1956 Après des tractations entre Belgrade et Budapest,
Imre Nagy et plusieurs de ses amis quittent l'ambas-
sade de Yougoslavie, assurés, en principe, d'être
libres. Mais, en dépit des protestations yougoslaves,
ils sont conduits à l'état-major soviétique et emmenés
en Roumanie.
17 juin 1958 Un communiqué officiel du ministère hongrois de la
Justice annonce l'exécution d'Imre Nagy et de ses
proches collaborateurs, accusés de haute trahison.

POLOGNE

5 mars 1953 Mort de Staline.


29 octobre 1953 Boleslaw Bierut, le n° 1 du régime, annonce quelques
mesures inaugurant le « nouveau cours » polonais.
10-16 mars 1954 Congrès du Parti communiste. Séparation des pou-
voirs : Boleslaw Bierut est premier secrétaire du
PC, Zawadzki président du Conseil d'État et Cyran-
kiewicz, président du Conseil.
7 décembre 1954 Dissolution du ministère de la Sécurité publique (les
différents services sont répartis entre plusieurs minis-
tères).
Début de 1955 Quatre hauts fonctionnaires de la Sécurité et plusieurs
officiers du contre-espionnage exclus du PC et traduits
en justice pour « violation de la légalité révolution-
naire ».
8-11 juin 1955 Congrès des écrivains. Plusieurs orateurs critiquent la
censure.
21 août 1955 Publication du « Poème pour adultes» de Adam
Wazyk dans Nowa Kultura.
14-25 février 1956 X X Congrès du Parti communiste de l'Union sovié-
tique.
12 mars 1956 Mort de Boleslaw Bierut. Edward Ochab lui succède
à la tête du Parti.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

6 avril 1956 Ochab annonce plusieurs réhabilitations, dont la « ré-


habilitation partielle » de Wladyslaw Gomulka.
27 avril 1956 Promulgation d'une loi d'amnistie. Environ la moitié
des prisonniers politiques (35 000) retrouvent la li-
berté.
5 juin 1956 Le département d'État publie le « rapport secret » de
Nikita Khrouchtchev au X X Congrès du PC de
l'Union soviétique.
28 juin 1956 A Poznan, 50000 travailleurs défilent dans les rues
réclamant du pain, des élections libres et le départ des
troupes soviétiques. Après 24 heures d'affrontement
entre manifestants et forces de sécurité, l'ordre est
rétabli. Bilan : 50 morts et 300 blessés. 323 personnes
sont arrêtées.
18 27 juillet 1956 VII Plénum du Parti. Ochab affirme que ce ne sont
pas les « agents impérialistes et les provocateurs » qui
ont provoqué les manifestations de Poznan. La réso-
lution du Plénum favorise l'application de certaines
réformes. Gomulka est réintégré au Parti (annoncé le
5 août); Edward Gierek entre au Bureau politique.
27 septembre 1956 Début des procès de Poznan. Trois accusés condam-
nés à des peines relativement modérées. Quatre autres
procès sont annoncés.
19 octobre 1956 VIII Plénum du Parti. Une délégation soviétique
comprenant Khrouchtchev, Mikoyan, Molotov et le
maréchal Koniev, commandant en chef des troupes du
pacte de Varsovie, et d'autres généraux, arrive à
l'improviste dans la capitale polonaise. Les Sovié-
tiques se livrent à des manœuvres d'intimidation pour
empêcher l'élection d'un nouveau Bureau politique.
Des divisions soviétiques stationnées dans le pays
font mouvement vers Varsovie.
20 octobre 1956 Au cours de la nuit du 19 au 20, dirigeants sovié-
tiques et polonais s'affrontent, parfois avec violence.
Les Polonais réussissent à convaincre leurs interlo-
cuteurs que leur pays, tout en suivant à l'avenir une
politique plus libérale et plus nationale, restera fidèle
à l'alliance soviétique. Khrouchtchev et les autres
dirigeants du Kremlin acceptent la modification du
Bureau politique du PC polonais.
21 octobre 1956 Lors de l'élection du nouveau Bureau politique, Wla-
dyslaw Gomulka obtient au scrutin secret 74 suffrages,
alors que le maréchal Rokossowski, citoyen sovié-
Retrouver ce titre sur Numilog.com

tique (d'origine polonaise) placé à la tête de l'armée


et devenu le symbole de la sujétion à Moscou,
ne recueille que 24 suffrages. Gomulka est désigné
comme premier secrétaire.
28 octobre 1956 Le cardinal Wyszynski, primat de Pologne (interné le
26 septembre 1953 dans un monastère) retrouve la
liberté.
Novembre 1956 Gomulka inaugure une série de réformes politiques
et économiques : limitation des pouvoirs de la police,
libération de nombreux prisonniers, attributions plus
étendues de la Diète (Parlement), censure moins
stricte, retour partiel à l'exploitation privée dans
l'agriculture (sur 10 600 fermes collectives, 9 000 dis-
paraissent).
15-18 novembre Visite d'une délégation polonaise dirigée par Gomulka
1956 et Cyrankiewicz (président du Conseil) à Moscou.
Les Soviétiques accordent des concessions d'ordre
économique.
19 novembre 1956 Le maréchal Rokossowski quitte son poste de mi-
nistre polonais de la Défense pour devenir... vice-
ministre soviétique de la Défense.
10 décembre 1956 Manifestations en faveur des insurgés hongrois devant
le consulat soviétique de Szczecin. 88 arrestations.
20 janvier 1957 Les élections législatives prennent l'aspect d'un plé-
biscite en faveur de Gomulka. Un chapitre nouveau
semble s'ouvrir pour la Pologne « déstalinisée ».
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Bibliographie 1

HONGRIE

Depuis vingt ans, neuf bibliographies ont déjà été publiées en Occident sur
les événements hongrois de 1956, sans compter, bien entendu, les bibliogra-
phies sommaires insérées dans divers ouvrages.
Parmi les bibliographies de langue française : Thomas Schreiber : « La
Hongrie de 1918 à 1958 (État des travaux et annexe documentaire)» in
Revue française de science politique, vol. VIII, n° 3, septembre 1958, qui
donne également des indications sur les publications consacrées aux suites des
événements. A ce propos, voir aussi l'étude rédigée par le même auteur (en
collaboration avec Nicole Dethoor) : « L'évolution politique et économique
de la Hongrie 1956-1966 » in Notes et Études documentaires, n° 3335, secré-
tariat général du gouvernement.

PRINCIPAUX LIVRES EN FRANÇAIS.

Baudy (N.), Jeunesse d'octobre, Paris, La Table ronde, 1957, 444 p.


Fejtö (F.), Budapest 1956, Paris, Julliard, 1971, 280 p.
Meray (T.), Budapest, Paris, 1966, Robert Laffont, 352 p.
Meray (T.), Imre Nagy, L'homme trahi, Paris, Julliard, 1960.
Mikes (G.), La Révolution hongroise (traduit de l'anglais), Paris, Gallimard,
1957, 288 p.
Molnár (M.), Victoire d'une défaite, Budapest, 1956; Paris, Fayard, 1968,
364 p.
Molnár (M.) et Nagy (L.), Imre Nagy, réformateur ou révolutionnaire?,
Genève, Droz, Publications de l'Institut universitaire de hautes études
internationales, 1959, 253 p.
Nations unies, Rapport du Comité spécial pour la question de Hongrie, New
York, 1957, 306 p.

1. Établie, pour la Hongrie, par Thomas Schreiber, et, pour la Pologne, par Georges
Mond.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

L a Révolte de la Hongrie. D'après les émissions des radios hongroises.


Octobre-novembre 1956, Paris, Pierre Horay, 1957, 252 p.
L a Révolution hongroise (M.J. Lasky et F. Bondy, éditeurs) Paris, Plon,
1957, 334 p.
L a Révolution hongroise vue p a r les partis communistes de l'Europe de l'Est,
Paris, Centre d'études avancées du Collège de l'Europe Libre, 1957, 320 p.
L a Vérité sur l'affaire Nagy, Paris, Plon, 1958, 256 p.

PRINCIPAUX LIVRES EN ANGLAIS.

Kecskeméti (P.), The Unexpected Revolution, Stanford University Press,


1961. 182 p.
Urban (G.), The Nineteen Days. A broadcaster's account o f the H u n g a r i a n
revolution, London, Heinemann, 1957, 362 p.
Vali (F.A.), Rift a n d Revolt in Hungary, Cambridge, Mass. Harvard Univer-
sity Press, 1961, 590 p.
Zinner (P.E.), Revolution in Hungary, Columbia University Press, New
York, 1962, 384 p.

Parmi les bibliographies de langue anglaise :


Halasz de Beky (I.L.), A Bibliography o f the H u n g a r i a n Revolution, Univer-
sity of Toronto Press (2 136 titres énumérés).

PUBLICATIONS HONGROISES PARUES À BUDAPEST.


Les Forces contre-révolutionnaires dans les événements d'octobre en Hongrie,
quatre volumes, Budapest, Office d'information du Conseil des ministres
de la République populaire de Hongrie, 1956-1957, 62, 157, 140 et 136 p.
L a Conjuration contre-révolutionnaire d'Imre Nagy et de ses complices,
Budapest, Office d'information du Conseil des ministres de la République
populaire de Hongrie, 1958, 176 p.

A part ces cinq volumes qui constituent le « Livre blanc », il n'existe à l'heure
actuelle, aucun livre en français publié à Budapest sur l'histoire du soulève-
ment. En revanche, de nombreux livres en langue hongroise sont consacrés
aux événements de 1956 reflétant le point de vue officiel quant au caractère
contre-révolutionnaire de l'insurrection.

PRINCIPAUX LIVRES EN HONGROIS.


Berecs (J.), Ellenforradalom tollal és fegyverrel (Contre-révolution avec la
plume et les armes), Budapest, Kossuth, 1969, 170 p.
Hollos (E.), Kik voltak, mit a k a r t a k ? (Qu'étaient-ils et que voulaient-ils?),
Budapest, Kossuth, 1974, 322 p.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Hollos (E.), Lajtai (V.), Köztarsasag tér 1956 (Place de la République 1956),
Budapest, Kossuth, 1974 (nouvelle édition en 1977), 322 p.
Molnar (J.), A Nagybudapesti Központi Munkastanacs (Le Conseil ouvrier
central de Budapest), Budapest, Akadémiai, 1969, 151 p.
Molnar (J.), Ellenforradalom Magyarorszagon 1956-ban (Contre-révolution
en Hongrie en 1956), Budapest, 1967, 268 p. (avec bibliographie qui
donne une liste détaillée des brochures en langue hongroise publiées dans
les différents départements du pays).
Szenes (1.), A Kommunista Part ujjaszervezése Magyarorszagon 1956-1957
(La réorganisation du Parti communiste en Hongrie 1956-1957), Buda-
pest, Kossuth, 1976, 252 p.
A szocializmus utjan. A felszabadulast Követö negyedszazad kronologiaja
(Sur la voie du socialisme. Chronologie des événements depuis la Libéra-
tion jusqu'en 1975), Budapest, Akadémiai, 1970, 410 p.
Ellenforradalom Magyarorszagon 1956 (Contre-révolution en Hongrie 1956),
Kossuth (MSZMP KB Parttörténeti Intézet), 1958, 308 p.
Testvérpartok a magyarorszagi eseményekröl (Les Partis frères et les événe-
ments de Hongrie), Budapest, Kossuth, 1957, 115 p.

POLOGNE

OUVRAGES.
Babeau (A.), Les Conseils ouvriers en Pologne, Paris, A. Colin, 1960,310 p.
Bethell (N.), Le Communisme polonais : Gomulka et sa succession, préface
et post-face de G. Mond, Paris, Seuil, 1971, 350 p.
Blit (J.), Gomulka's Poland, London, 1959.
Bromke (A.), Poland's Politics : Idealism versus Realism, Cambridge Mass.,
Harvard University Press, 1967, 316 p.
Broué (P.), Marie (J. J.), Nagy (B.), Pologne-Hongrie 1956, Paris, Études et
Documentation internationales, 1966, 368 p.
Dziewanowski (M.K.), The Communist Party of Poland (Second Édition),
Cambridge Mass., Harvard University Press, 1976, 420 p.
Gomulka (W.), Przemowienia (Discours), vol. III : 1956-1957. Warszawa,
Ksiazka i Wiedza, 1957, 482 p.
Jedlicki (W.), Klub Krzywego Kola (Le club de la roue tordue), Paris, Instytut
Literacki, 1964.
Karol (K.S.), Visa pour la Pologne, Paris, Gallimard, 1958, 328 p.
Kuron (J.), Modzelewski (K.), List Otwarty do Partii (Lettre ouverte au Parti),
Paris, Instytut Literacki, 1966 (édition française : Maspero, 1968), 95 p.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Lewis (F.), The Polish Volcano, London, Secker and Warburg, 1959.
Mond (G.), 6 Lat Temu. Kulisy Polskiego Pazdziernika, Paris, Instytut
Literacki, 1963, 200 p.
Schneidermann (S.L.), The Warsaw Heresy, New York, Horizon Press, 1959,
259 p.
Staar (R.), Poland 1944-1962, Louisiana State University Press, 1962.
Stehle (H.J.), Nachbar Polen, Frankfurt am Main, S. Fischer Verlag, 1963.
Syrop (K.), Spring in October : The Polish Revolution of 1956, London,
Weidenfeld and Nicolson, 1957.
Wacowska (E.), Poznan 1956 —Szczecin 1970, Paris, Instytut Literacki,
1971, 228 p.
Wetz (A.) Refleksje pewnego zycia (Réflexions d'une vie), Paris, Instytut
Literacki, 1967, 220 p.

ARTICLES ET ÉTUDES.
Ben (Ph.), « Jak to bylo : naoczny swiadek o polskim pazdzierniku » (Témoin
oculaire raconte l'Octobre Polonais), Na Antenie, Londres, 16 juin 1963.
Voir également une série de ses articles dans le Monde, octobre-
novembre 1956.
Jelenski (K.), « Ce qu'était Po Prostu », Preuves, novembre 1957.
Kolakowski (L.), « Responsabilité et histoire », Les Temps modernes, mai-
juin et juillet 1958.
—« Le sens idéologique de la notion de gauche », Les Lettres nouvelles,
mai 1957.
—« Le marxisme comme institution et le marxisme comme méthode »,
La Nouvelle Réforme, novembre-décembre 1957.
Mond (G.), « 0 nieznanej dyskusji Gomulki z dziennikarzami » (Discussion
inconnue de Gomulka avec les journalistes), Zeszyty Historyczne, n° 4,
1963, Paris, Kultura 1963, p. 7-21 (quelques passages publiés en français
dans Revue de l'Université d'Ottawa, n° 1, 1965, p. 74-99).
Peju (M.) et autres, numéro spécial des Temps modernes (février-mars 1957)
consacré au socialisme polonais, p. 1065-1448, de même que :
— Dossier de Po Prostu, janvier-février 1958 contenant quelques impor-
tants articles d'octobre 1956 à juin 1957, p. 1191-1294.
— Chez les intellectuels en Pologne, janvier-février 1958, p. 1 183-1190.
— Retour de Pologne, juillet-août 1958, p. 35-36.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Les auteurs

Bronislaw Baczko Historien et philosophe, ancien professeur à l'Univer-


sité de Varsovie, professeur à l'Université de Genève.
Pierre Broué Historien, maître de conférences à l'Université de Gre-
noble.
Wlodzimierz Brus Économiste, ancien professeur à l'Université de Var-
sovie, professeur à l'Université d'Oxford.
François Fejtö Historien et journaliste d'origine hongroise, Paris.
Vladimir-C. Fisera Historien, Portsmouth Polytechnic School, Grande-
Bretagne.
Pierre Kende Économiste et sociologue, ancien rédacteur au journal
Szabad Nép de Budapest, maître de recherches au
CNRS, Paris.
Béla Király Général, ancien commandant de la garnison de Buda-
pest, actuellement professeur d'histoire, Brooklin Col-
lege of the City University of New York.
Leszek Kolakowski Philosophe, ancien professeur à l'Université de Var-
sovie; actuellement : Ail Souls College, Oxford.
Janos Kovacs Pseudonyme d'un collaborateur demeurant à Budapest.
Annie Kriegel Politologue, professeur à l'Université de Paris-X, Nan-
terre.
Branko Lazitch Historien et journaliste d'origine yougoslave, Paris.
Claude Lefort Philosophe et politologue, directeur d'études à l'École
des hautes études en sciences sociales, Paris.
Jacques Lévesque Historien, professeur à l'Université du Québec à Mon-
tréal.
Gilles Martinet Journaliste, membre du Comité directeur du Parti
socialiste, Paris.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Adam Michnik Historien polonais demeurant à Varsovie.


Miklós Molnár Historien et homme de lettres, ancien rédacteur de la
Gazette littéraire de Budapest, professeur à l'Institut
de hautes études internationales, Genève.
Jiri Pelikan Journaliste, ancien directeur de la Télévision tchécos-
lovaque, actuellement établi à Rome.
Krzysztof Pomian Historien et philosophe, avant 1968 enseignant à l'Uni-
versité de Varsovie, depuis 1973 chargé de recherche
au CNRS, Paris.
Akos Puskas Architecte et écrivain hongrois, Paris.
Thomas Schreiber Journaliste, Paris.
Alexandre Smolar Économiste, ancien assistant de faculté à l'Université
de Varsovie, chargé de recherche au CNRS, Paris.
Michel Winock Historien, maître-assistant à l'Université de Paris-VII.
Ilios Yannakakis Historien et politologue, maître-assistant à l'Université
de Lille.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Index des noms des personnages


évoqués dans le texte ou dans la chronologie

Ady, E., 75, 78. Chambaz, !37.


Amalrik, A., 151. Chaulieu, P. (Castoriadis, C.), 147.
Andropov, Y., 47, 249. Chou En-laï, 42, 56.
Arany, J., 81. Chtemenko (gén.), 41, 42.
Arendt, H., 198. Cyrankiewicz, J., 56, 57, 251, 253.
Aron, R., 217.
Attila, 70, 74. Deak, F., 76.
Dej, G., 19, 31.
Baczko, B., 202. Dmowski, R., 201, 202.
Bakonyi, J., 105. Dobi, I., 19.
Bali, S., 99. 102. Domino, W., 106.
Barton, P., 18 n. Dozsa, G., 77.
Beleznay (gén.), 44. Dubcek, A., 28, 32, 33, 37, 38, 97,
Berend, I., 73. 108, 204, 205, 218, 224, 232.
Béria, L., 135. Duclos, J., 19. 141.
Besançon, A., 137, 192. Dzordzé, K., 23.
Bevan, A., 146, 147.
Bibo, I., 126. Emmanuel, P., 143, 144.
Bielkine (gén.), 24. Engels, F., 197.
Bienkowski, W., 201, 203, 204.
Bierut, B., 177, 183, 251. Farkas, M., 43, 44.
Bochenski, J., 203. Faye, J. P., 105 n.
Bondy, F., 105 n. Fejtö, F., 20 n, 55 n, 97, 100, 106,
Bourdet, C., 146, 151. 147.
Brandys, K., 203. Fisera, J., 106, 109 n.
Brejnev, L., 39, 210, 225.
Broué, P., 106, 107 n. Gaulle, C. de, 79, 136.
Brus, W., 197, 202. Gero, E., 31, 35, 36, 41, 96, 246,
Brzezinski, Z., 20 n. 247.
Brzozowski, S., 213. Gierek, E., 183, 185, 252.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Goethe, W., 14. 32, 36, 39, 49, 50, 52, 55, 59, 135-
Golubiew, A., 205. 137. 150, 223, 245, 248-250, 252.
Gomulka, W., 33, 35, 36, 52, 53, 54, Kiraly (gén.), 36.
56, 57, 59, 82, 97, 102, 146, 156, Kisielewski, S., 205.
162, 176, 177, 183, 202, 205, 206, Kissinger, H., 42.
218, 221, 252, 253. Kolakowski, L., 34, 157, 202, 213.
Görgey, A., 73. Koniev (maréchal), 252.
Gottwald, K., 18. Kossuth, L., 72, 75-80.
Gozdzik, L., 101, 156. Kosta, J., 109 n.
Gramsci, A., 230. Kostov, T., 23.
Kott, J., 80.
Hanak, P., 73, 74. Kravchenko, V., 144.
Hegedüs, A., 245, 247. Kula, W., 203.
Heltai, G., 53. Kun, B., 75.
Hervé, P., 143. Kuron, J., 157.
Hirszowicz, M., 202.
Hitler, A., 15, 21. Lacko, M., 77.
Horthy, M., 72, 76. Lange, O., 202, 235.
Horvat, I., 70. Lasky, M., 105 n.
Horvath, M., 77, 78. Lefort, C., 110, 147.
Hutten, U. von, 77. Lénine, V., 13, 14, 22, 65, 66.
Leonhardt, W., 16.
Illy (gén.), 44. Léontitch, 23.
Illyes, G., 75. Lewis, F., 52 n.
Liehm, A., 33, 187.
Jaurès, J., 65. Likatchev (gén.), 24.
Jeanne d'Arc, 79. Lin Piao, 58.
Jivkov, T., 31. Lipinski, E., 202.
Jozsef, A., 78. Lorinc (col.), 44.
Louis XIV, 72.
Kadar, J., 28, 36, 82, 102, 147, 219, Lukacs, G., 28, 34, 77, 79.
245-250. Luxemburg, R., 65, 66, 103, 150.
Kaganovitch, L., 29.
Kalecki, M., 197. Malenkov, G., 250.
Kallay, M., 76. Maléter (gén.), 36, 46, 125.
Kanapa, J., 27 n, 137. Malewska, H., 205.
Kardelj, E., 16, 18 n. Mao Tsé-toung, 29, 32, 35, 50-52,
Karolyi, M., 74, 75. 55-59.
Kecskeméti, P., 31. Marie, J. J., 105 n.
Kerenski, A., 125. Marosan, G., 19.
Khrouchtchev, N., 21, 26, 28-30, Martinet, G., 146, 147.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Martinuzzi, G., 76. Rajk, L., 20, 24, 31, 43, 245, 246.
Marx, K., 13, 22, 67, 80. Rakoczi, F. (prince de), 72, 74, 76,
Medvedev, R. et J., 234. 77, 79.
Merényi-Scholz, G., 44. Rakosi, M., 16-20, 31, 35, 43, 77,
Merleau-Ponty, M., 145. 96, 245, 246.
Metaxas, I., 84. Ranki, G., 73.
Mikoyan, A., 29, 52, 247, 249, 252. Reale, E., 19.
Mindszenty (card.), 150, 248, 250. Rejtan, T., 207.
Moczar (gén.), 209. Revai, J., 19, 76-79.
Modzelewski, K., 157. Révay (gén.), 44.
Mollet, G., 142, 146. Rokossowski (maréchal.), 24, 252,
Molotov, V., 23, 29, 32, 52, 252. 253.
Morin, E., 195. Ronai, S., 19.
Münnich, F., 36 n, 249, 250. Roosevelt, F. D., 39.
Rousselot, J., 75.
Nagy, B., 99 n, 105.
Sakharov, A., 234 n.
Nagy, I., 22, 31-33, 35, 36, 38, 40,
42, 45-47, 53, 54, 97, 120, 125, Sartre, J. P., 141, 143, 144, 149.
126, 218, 224, 232, 233, 245-251. Shakespeare, W., 80.
Nalkowski, W., 213. Sik, O., 235.
Németh, L., 75. Slansky, R., 23, 24.
Nenni, P., 146. Slejska, D., 110.
Nicolas I 69. Smrkovsky, J., 120.
Soliman I 72.
Nogradi, S., 43.
Novotny, A., 31,37,219. Soljénitsyne, A., 96.
Solyom (gén.), 44.
Sonnenfeldt, H., 39, 42, 228.
Ochab, E., 35, 52, 251, 252. Souslov, M., 247, 249.
Staline, J., 13-17, 20-23, 26, 28, 29,
Palach, J., 120. 39, 49, 51, 56, 64, 79, 82, 100, 135,
Palffy (gén.), 43. 144, 169, 223, 225, 245, 246,
Pantchevsky (gén.), 24. 251.
Pelikan, J., 108. Stomma, S., 201, 202, 205-207.
Péter, G., 245. Szakasits, A., 19.
Petöfi, S., 75, 77-80. Széchenyi, I., 72, 76-78.
Philip, A., 142. Szekfü, G., 73.
Pierre le Grand, 13, 72. Szlachcic, F., 209.
Pilniak, B., 195.
Pineau, C., 142. Tancsics, M., 77, 78.
Pomian, K., 157, 202. Teng Hsiao-ping, 42.
Porffy (gén.), 44. Thorez, M., 18, 146.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Tito, J., 14, 15, 17, 21-23, 28, 29, Wazyk, A., 203, 251.
31, 36 n, 100, 135, 146, 239, 249. Wielopolski, A., 207.
Tourtchine, V., 234 n. Wierzynski, K., 193.
Turowicz, J., 205. Woroszylski, W., 203.
Wozniakowski, J., 205.
Ulbricht, W., 16, 31. Wyspianski, S., 213.
Wyszynski (card.), 253.
Velebit, V., 23.
Vercors, 145. Zawadzki, A., 251.
Veyne, P., 28. Zawiejski, J., 205.
Villefosse, L. de, 144. Zeromski, S., 213.
Vörösmarty, M., 75. Zrinyi. M., 76.
Retrouver ce titre sur Numilog.com
Retrouver ce titre sur Numilog.com
Retrouver ce titre sur Numilog.com
Retrouver ce titre sur Numilog.com
Retrouver ce titre sur Numilog.com

IMPRIMERIE FLOCH A MAYENNE


D.L. 1 TRIM. 1 9 7 8 . N ° 4 7 9 0 ( 1 5 5 9 8 )
Retrouver ce titre sur Numilog.com

« LA C I T É P R O C H A I N E »

SAUL ALINSKY, M a n u e l d e l ' a n i m a t e u r social.


CHARLES D'ARAGON, L a R é s i s t a n c e s a n s h é r o ï s m e .
PIERRE BAUCHET, L a P l a n i f i c a t i o n f r a n ç a i s e .
SIMONE BUFFARD, Le F r o i d p é n i t e n t i a i r e .
JEAN-YVES CALVEZ, L a P e n s é e d e K a r l M a r x .
HENRI DESROCHE, L a S o c i é t é festive.
H . DARIN -DRABKIN, Le K i b b o u t z s o c i é t é différente.
D. DUBREUIL, G r e n o b l e , ville test.
JOFFRE DUMAZEDIER, V e r s u n e c i v i l i s a t i o n d u loisir?
ROBERT FOSSAERT, L ' A v e n i r d u c a p i t a l i s m e .
PIERRE F O U G E Y R O L L A , Le M a r x i s m e en q u e s t i o n .
FRANÇOIS GOGUEL, L a P o l i t i q u e d e s p a r t i s s o u s la I I I R é p u b l i q u e .
JOHN H . GOLDTHORPE, DAVID LOCKWOOD, FRANK BECHHOFER,
JENNIFER PLATT, L ' O u v r i e r d e l ' a b o n d a n c e .
GROUPE D'ÉTUDES DES PROBLÈMES DU CONTINGENT,
S e r v i c e m i l i t a i r e et R é f o r m e d e l ' a r m é e .
JACQUES HOCHMANN, P o u r u n e p s y c h i a t r i e c o m m u n a u t a i r e .
S. HOFFMANN, C H . - P . KINDLEBERGER, L. WYLIE, J . - P . PITTS,
J. B. DUROSELLE, F. GOGUEL, A la r e c h e r c h e de la F r a n c e .
ARTURO CARLO JEMOLO, L ' É g l i s e et l ' É t a t en Italie.
DANIÈLE KERGOAT, B u l l e d o r o u l ' h i s t o i r e d ' u n e m o b i l i s a t i o n o u v r i è r e .
JEAN LACROIX, F o r c e et F a i b l e s s e s de la famille.
JEAN WILLIAM LAPIERRE, V i v r e s a n s É t a t ?
HAROLD LASKI, R é f l e x i o n s s u r la r é v o l u t i o n de n o t r e t e m p s .
C . M. LORENZO. L e s A n a r c h i s t e s e s p a g n o l s et le P o u v o i r ( 1 8 6 9 - 1 9 6 9 ) .
SERGE MALLET, L a N o u v e l l e C l a s s e o u v r i è r e .
SEYMOUR MARTIN LIPSET, L ' H o m m e et la P o l i t i q u e .
CANDIDO MENDES, Le M y t h e d u d é v e l o p p e m e n t .
MAURICE MONTUCLARD, C o n s c i e n c e religieuse et D é m o c r a t i e .
DANIEL MOTHÉ, M i l i t a n t c h e z R e n a u l t .
HUBERT MULTZER, L a P r o p r i é t é s a n s le vol.
LEWIS MUMFORD, T e c h n i q u e et C i v i l i s a t i o n .
L a C i t é à t r a v e r s l'histoire.
HARVEY O ' C O N N O R , L ' E m p i r e d u p é t r o l e .
PLACIDE RAMBAUD, S o c i é t é r u r a l e et U r b a n i s a t i o n .
ANDRÉ ROUÈDE, Le L y c é e i m p o s s i b l e .
JOSEPH ROVAN, L e C a t h o l i c i s m e p o l i t i q u e en A l l e m a g n e .
J.-J. SALOMON, S c i e n c e et P o l i t i q u e .
JACQUES SARANO, M é d e c i n e et M é d e c i n s .
ALAIN SCHNAPP, PIERRE VIDAL-NAQUET,
J o u r n a l de la C o m m u n e é t u d i a n t e .
FRITZ STERNBERG, Le C o n f l i t d u siècle.
JACQUES THIBAU, U n e télévision p o u r t o u s les F r a n ç a i s .
MAURICE VAUSSARD, H i s t o i r e d e la d é m o c r a t i e c h r é t i e n n e .
ALFRED WILLENER, L ' I m a g e - a c t i o n d e l a s o c i é t é .
Retrouver ce titre sur Numilog.com

« LA C O N D I T I O N H U M A I N E »

C . CAPITAN PETER, C h a r l e s M a u r r a s et l ' i d é o l o g i e d ' a c t i o n f r a n ç a i s e .


L o u i s CASAMAYOR, OÙ s o n t les c o u p a b l e s ?
Le B r a s s é c u l i e r .
C o m b a t s p o u r la j u s t i c e .
I.-A. CARUSO, P s y c h a n a l y s e p o u r la p e r s o n n e .
C . t y p e = " B W D " L ' I n s t i t u t i o n i m a g i n a i r e d e la s o c i é t é .
Les C a r r e f o u r s du labyrinthe.
H . CHATREIX, A u - d e l à d u l a ï c i s m e .
M. D . CHENU, P o u r u n e t h é o l o g i e d u t r a v a i l .
JACQUES DESTRAY, L a Vie d ' u n e f a m i l l e o u v r i è r e .
M. DUFRENNE, P o u r l ' h o m m e .
MIKEL DUFRENNE et P. RICŒUR,
K a r l J a s p e r s et la P h i l o s o p h i e de l ' e x i s t e n c e .
HENRI DUMÉRY, L a T e n t a t i o n d e f a i r e d u bien.
FRANTZ FANON, P e a u n o i r e , m a s q u e s b l a n c s .
NINA GOURFINKEL, T o l s t o ï s a n s t o l s t o ï s m e .
FRANCIS JEANSON, S i g n i f i c a t i o n h u m a i n e d u rire.
JEAN LACROIX, P e r s o n n e et A m o u r .
P . - L . LANDSBERG, P r o b l è m e d u p e r s o n n a l i s m e .
E s s a i s u r l ' e x p é r i e n c e d e la m o r t .
J.-J. LENTZ, D e l ' A m é r i q u e e t d e la R u s s i e .
O . MANNONI, L e t t r e s p e r s o n n e l l e s à M. le D i r e c t e u r .
H . - I . MARROU, D e la c o n n a i s s a n c e h i s t o r i q u e .
Histoire de l'éducation d a n s l'antiquité.
CANDIDE MOIX, L a P e n s é e d ' E m m a n u e l M o u n i e r .
EMMANUEL MOUNIER, L ' A f f r o n t e m e n t c h r é t i e n .
Traité du caractère.
L a p e t i t e p e u r d u X X siècle.
F e u la c h r é t i e n t é .
L e s C e r t i t u d e s difficiles.
L'Espoir des désespérés.
M o u n i e r et sa g é n é r a t i o n .
PAUL M u s , G u e r r e s a n s v i s a g e .
A. NÉHER, L ' E x i s t e n c e j u i v e .
PAUL RICŒUR, H i s t o i r e et Vérité.
MARIE-CLAIRE ROPARS-WUILLEUMIER, L ' É c r a n d e la m é m o i r e .
PIERRE STIBBE, J u s t i c e p o u r les M a l g a c h e s .
D R A . VINCENT, L e J a r d i n i e r d e s h o m m e s .
JEAN ZIEGLER, L e s V i v a n t s e t la M o r t .
Retrouver ce titre sur Numilog.com

« FRONTIÈRE OUVERTE »

M. BENNABI, V o c a t i o n de l ' I s l a m .
J. BERQUE, L e s A r a b e s d ' h i e r à d e m a i n .
Le M a g h r e b entre deux guerres.
H . VON BORCH, U . S . A . , s o c i é t é i n a c h e v é e .
G . CASTELLAN, D . D . R . A l l e m a g n e de l'Est.
J. DE CASTRO, G é o g r a p h i e de la f a i m .
U n e z o n e e x p l o s i v e : le N o r d e s t e d u Brésil.
B. DAVIDSON, L e s A f r i c a i n s .
I. DEUTSCHER, L a R u s s i e a p r è s S t a l i n e .
P. DEVILLERS, H i s t o i r e d u V i ê t - n a m d e 1 9 4 0 à 1962.
P. DEVILLERS et J. LACOUTURE, V i ê t - n a m ,
de la g u e r r e f r a n ç a i s e à la g u e r r e a m é r i c a i n e .
R . DUMONT, L ' A f r i q u e n o i r e est m a l p a r t i e .
S o v k h o z , k o l k h o z , o u le p r o b l é m a t i q u e c o m m u n i s m e .
C u b a , s o c i a l i s m e et d é v e l o p p e m e n t .
C h i n e surpeuplée, Tiers M o n d e affamé.
Paysanneries aux abois.
R . DUMONT et R. MAZOYER, D é v e l o p p e m e n t et S o c i a l i s m e s .
R . DUMONT e t B. ROSIER, N o u s a l l o n s à la f a m i n e .
G . ÉTIENNE, L e s C h a n c e s de l ' I n d e .
F . FEJTÖ, H i s t o i r e d e s d é m o c r a t i e s p o p u l a i r e s .
1. L ' è r e d e Staline. 2. A p r è s S t a l i n e .
J. GEORGEL, L e F r a n q u i s m e , h i s t o i r e et b i l a n ( 1 9 3 9 - 1 9 6 9 ) .
L. HARTZ, L e s E n f a n t s d e l ' E u r o p e .
STANLEY HOFFMANN, G u l l i v e r e m p ê t r é .
H . KUBY, Défi à l ' E u r o p e .
J. et S. LACOUTURE, L ' É g y p t e en m o u v e m e n t .
M. LE LANNOU, L e D é m é n a g e m e n t d u t e r r i t o i r e .
M . LIEBMAN, L e L é n i n i s m e s o u s L é n i n e .
1. L a c o n q u ê t e d u p o u v o i r .
2. L ' é p r e u v e d u p o u v o i r .
A . MEISTER, S o c i a l i s m e et A u t o g e s t i o n , l ' e x p é r i e n c e y o u g o s l a v e .
L ' A f r i q u e peut-elle partir?
V. MONTEIL, L e s M u s u l m a n s s o v i é t i q u e s .
L ' I s l a m noir.
P. M u s , Le D e s t i n d e l ' U n i o n f r a n ç a i s e .
Viêt-nam, sociologie d'une guerre.
M. J. C . VILE, L e R é g i m e d e s É t a t s - U n i s .
JEAN ZIEGLER, Le P o u v o i r a f r i c a i n .
Retrouver ce titre sur Numilog.com
1956 : La Pologne bouge. Budapest prend feu. L'Europe, le
monde en seront secoués.
Pourtant, on ne sait presque rien de cette révolution
assassinée. Sans doute parce qu'elle était gênante, aussi
bien pour ceux qui l'ont réprimée que pour ceux qui veulent
vivre en se bouchant les yeux. Pour en finir avec la calomnie,
lé silence et l'ignorance, un colloque international s'est réuni
à Paris, vingt ans après, dont voici les textes fondamentaux.
L'année 1956 y ressuscite dans sa vérité historique et dans
sa nouveauté prophétique. Les prémisses et les causes de
l'explosion en Pologne puis en Hongrie, l'histoire de l'insur-
rection de Budapest, ses caractéristiques, ses premières
décisions, ses contre-coups sur le système communiste et
sur la gauche occidentale, tout cela apparaît dans une
lumière proche et bouleversante.
Comme la Commune de Paris, la révolution hongroise a
inventé, dans le feu de l'action, une réforme à la fois radicale
et universelle. C'est la première des révolutions anti-
totalitaires : un peuple réconcilié a isolé l'Etat bureaucratique
et s'est formé en Conseils pour inaugurer une démocratie
nouvelle. Antistalinienne, mais aussi anticapitaliste, la Révo-
lution de 1956, seconde Commune, a osé instaurer un pouvoir
populaire et fédératif qui s'est aussitôt prémuni contre ses
propres abus. Comme la première Commune, celle de
Budapest restera la matrice et l'espoir des révolutions
futures.

En couverture : photo Erich Lessing Magnum.


Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès
par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement
sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012
relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au
sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.
Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire
qui a servi à la numérisation.

Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.

Couverture :
Conception graphique ‒ Coraline Mas-Prévost
Programme de génération ‒ Louis Eveillard
Typographie ‒ Linux Libertine, Licence OFL

*
La société FeniXX diffuse cette édition numérique en accord avec l’éditeur du livre original,
qui dispose d’une licence exclusive confiée par la Sofia
‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒
dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.

Vous aimerez peut-être aussi