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Qu’est-ce que ce courage ? Je laisse parler un auteur : « Si nous n’acceptons pas d’avouer qu’en
un sens notre salut éternel n’est pas assuré, c’est que nous refusons d’avoir confiance. S’il est
devenu presque impossible de parler de l’enfer aux chrétiens, ce n’est pas parce qu’ils ont peur,
mais parce qu’ils ne veulent pas avoir peur. Ils ne peuvent plus supporter ce dogme parce qu’ils
n’ont plus confiance : s’ils croyaient à l’enfer, n’ayant pas confiance, ils seraient perdus. Ce que
j’appelle le courage d’avoir peur, c’est le courage de croire à l’enfer. Et je dis que le refus de ce
courage est un refus d’avoir confiance, et donc un très grand danger d’y aller ». (Père Molinié,
Le courage d’avoir peur, ch. 13)
L’enfer existe et chacun de nous court le risque d’y aller. Si l’Eglise n’a jamais affirmé que tel ou
tel était en enfer, elle affirme de manière constante que c’est bien une possibilité réelle d’y
aller si nous ne nous appuyons pas sur la miséricorde. Nous ne devons pas vider la miséricorde
de son contenu en oubliant l’enjeu : notre salut ou notre condamnation éternelle.
Quelle a été la force du Bon Larron ? C’est de comprendre que son salut éternel était en jeu. Il a
compris que Jésus pouvait ouvrir les portes du pardon et qu’il fallait accueillir ce pardon. Mais il
aurait pu se dire : "Cet homme parle de pardon, il le pardonne à tous. Il doit être généreux en
miséricorde et je ne risque pas grand-chose. Si Dieu est miséricordieux, alors je suis sauvé à
coup sûr". Laissons encore parler notre auteur : « Ce raisonnement évacue la miséricorde au
nom même de la miséricorde. Au lieu de s’appuyer sur elle pour l’invoquer, on s’appuie sur elle
pour ne pas l’invoquer. On dit à Dieu : "Il parait que vous êtes miséricordieux, alors attention,
hein, ne me parlez pas d’enfer éternel - sinon votre miséricorde, je n’y crois pas" ». (Père
Molinié, Le courage d’avoir peur, ch. 13)
Le Bon Larron nous rappelle que la confiance en la miséricorde doit s’exprimer clairement et
humblement dans la reconnaissance qu’on a besoin d’être pardonné pour être sauvé, et qu’il
faut demander ce pardon. Si le Bon Larron dit « Souviens toi de moi », c’est qu’il sait au plus
profond de lui que si Jésus ne se souvient pas de lui, il est perdu.
Peu importe le poids des péchés pour lesquels on demande pardon : le Bon Larron était un
criminel. Et le seul péché qui ne peut être remis ni dans ce monde ni dans l’autre, c’est le péché
contre l’Esprit-Saint (Mt 12, 31), qui consiste justement à ne pas croire en la miséricorde, à ne
pas vouloir jusqu’au bout se convertir.
Peu importe le moment où l’on demande pardon : le Bon Larron s’est repenti au dernier
instant. Et il a été autant purifié par la miséricorde que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qui n’a
jamais commis de péché grave. Ce qui compte, c’est l’intensité de la confiance. Et cette
intensité vient de la conscience qu’on a que notre salut dépend de cet acte de confiance.
La vie repose sur une double alternative : ou faire confiance en la miséricorde et être touché
par la miséricorde, ou bien refuser par mépris ou désespérance la miséricorde, et c’est la mort
éternelle. Etre sauvé est une affaire simple : il suffit de faire confiance. Cette confiance nous fait
demander pardon pour nos péchés graves dès qu’on y tombe. Et peu à peu elle nous fait éviter
ces péchés.
Aujourd’hui, en méditant cette parabole, nous pouvons demander la grâce d’avoir une vraie
confiance, qui est consciente de l’enjeu de la vie éternelle et qui s’appuie entièrement sur la
miséricorde.
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Prière
Dieu notre Père, ta miséricorde est sans bornes et peut toucher l’âme la plus endurcie jusqu’au
dernier instant de sa vie. Donne-nous la grâce de la pénitence finale, à l’heure de notre mort et
par notre prière aujourd’hui, touche l’âme d’un grand pécheur pour l’attirer vers le paradis. Par
le Christ notre Seigneur.