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Faire confiance jusqu’au bout

Jésus et le Bon Larron (Lc 23, 33-43)


« Jésus disait : "Père, pardonne-leur : ils ne savent ce qu'ils font." Puis, se partageant ses
vêtements, ils tirèrent au sort. Le peuple se tenait là, à regarder. Les chefs, eux, se moquaient :
"Il en a sauvé d'autres, disaient-ils, qu'il se sauve lui-même, s'il est le Christ de Dieu, l'Elu!"
Les soldats aussi se gaussèrent de lui : s'approchant pour lui présenter du vinaigre, ils disaient :
"Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !" Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui :
"Celui-ci est le roi des Juifs." L'un des malfaiteurs suspendus à la croix l'injuriait : "N'es-tu pas le
Christ ? Sauve-toi toi même, et nous aussi."
Mais l'autre, le reprenant, déclara : "Tu n'as même pas crainte de Dieu, alors que tu subis la
même peine ! Pour nous, c'est justice, nous payons nos actes ; mais lui n'a rien fait de mal." Et il
disait: "Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton royaume." Et il lui dit : "En
vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis". »
Méditation : « Septième jour : Faire confiance jusqu’au bout »
L’épisode magnifique et consolant du Bon Larron permet une méditation sur la confiance et la
bonne crainte du jugement. La confiance dans la miséricorde, que nous avons méditée hier,
suppose une certaine crainte, une certaine peur, celle du jugement. Ne pas prendre conscience
de l’enjeu du jugement, c’est aussi ne pas vraiment avoir confiance, et c’est donc ne pas
comprendre le sens de la miséricorde. Il faut avoir d’une certaine manière le courage d’avoir
peur.

Qu’est-ce que ce courage ? Je laisse parler un auteur : « Si nous n’acceptons pas d’avouer qu’en
un sens notre salut éternel n’est pas assuré, c’est que nous refusons d’avoir confiance. S’il est
devenu presque impossible de parler de l’enfer aux chrétiens, ce n’est pas parce qu’ils ont peur,
mais parce qu’ils ne veulent pas avoir peur. Ils ne peuvent plus supporter ce dogme parce qu’ils
n’ont plus confiance : s’ils croyaient à l’enfer, n’ayant pas confiance, ils seraient perdus. Ce que
j’appelle le courage d’avoir peur, c’est le courage de croire à l’enfer. Et je dis que le refus de ce
courage est un refus d’avoir confiance, et donc un très grand danger d’y aller ». (Père Molinié,
Le courage d’avoir peur, ch. 13)

L’enfer existe et chacun de nous court le risque d’y aller. Si l’Eglise n’a jamais affirmé que tel ou
tel était en enfer, elle affirme de manière constante que c’est bien une possibilité réelle d’y
aller si nous ne nous appuyons pas sur la miséricorde. Nous ne devons pas vider la miséricorde
de son contenu en oubliant l’enjeu : notre salut ou notre condamnation éternelle.

Quelle a été la force du Bon Larron ? C’est de comprendre que son salut éternel était en jeu. Il a
compris que Jésus pouvait ouvrir les portes du pardon et qu’il fallait accueillir ce pardon. Mais il
aurait pu se dire : "Cet homme parle de pardon, il le pardonne à tous. Il doit être généreux en
miséricorde et je ne risque pas grand-chose. Si Dieu est miséricordieux, alors je suis sauvé à
coup sûr". Laissons encore parler notre auteur : « Ce raisonnement évacue la miséricorde au
nom même de la miséricorde. Au lieu de s’appuyer sur elle pour l’invoquer, on s’appuie sur elle
pour ne pas l’invoquer. On dit à Dieu : "Il parait que vous êtes miséricordieux, alors attention,
hein, ne me parlez pas d’enfer éternel - sinon votre miséricorde, je n’y crois pas" ». (Père
Molinié, Le courage d’avoir peur, ch. 13)

Le Bon Larron nous rappelle que la confiance en la miséricorde doit s’exprimer clairement et
humblement dans la reconnaissance qu’on a besoin d’être pardonné pour être sauvé, et qu’il
faut demander ce pardon. Si le Bon Larron dit « Souviens toi de moi », c’est qu’il sait au plus
profond de lui que si Jésus ne se souvient pas de lui, il est perdu.

Peu importe le poids des péchés pour lesquels on demande pardon : le Bon Larron était un
criminel. Et le seul péché qui ne peut être remis ni dans ce monde ni dans l’autre, c’est le péché
contre l’Esprit-Saint (Mt 12, 31), qui consiste justement à ne pas croire en la miséricorde, à ne
pas vouloir jusqu’au bout se convertir.
Peu importe le moment où l’on demande pardon : le Bon Larron s’est repenti au dernier
instant. Et il a été autant purifié par la miséricorde que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qui n’a
jamais commis de péché grave. Ce qui compte, c’est l’intensité de la confiance. Et cette
intensité vient de la conscience qu’on a que notre salut dépend de cet acte de confiance.

La vie repose sur une double alternative : ou faire confiance en la miséricorde et être touché
par la miséricorde, ou bien refuser par mépris ou désespérance la miséricorde, et c’est la mort
éternelle. Etre sauvé est une affaire simple : il suffit de faire confiance. Cette confiance nous fait
demander pardon pour nos péchés graves dès qu’on y tombe. Et peu à peu elle nous fait éviter
ces péchés.

Aujourd’hui, en méditant cette parabole, nous pouvons demander la grâce d’avoir une vraie
confiance, qui est consciente de l’enjeu de la vie éternelle et qui s’appuie entièrement sur la
miséricorde.

Texte de sainte Faustine


Confions cette demande à l’intercession de sainte Faustine qui a entendu cette parole de Jésus :
« Que les plus grands pécheurs mettent leur espoir en Ma Miséricorde. Ils ont droit avant tous
les autres, à la foi en l’abîme de Ma Miséricorde. Ma fille, ne cesse pas d’écrire au sujet de Ma
Miséricorde, pour les âmes tourmentées. Quelle joie me font les âmes qui s’adressent à Ma
Miséricorde. A de telles âmes, J’accorde des grâces bien au dessus de leurs désirs. Je ne peux
sévir, même contre le plus grand pécheur s’il invoque Ma pitié. Mais au contraire, Je l’excuse en
Mon insondable et inconcevable Miséricorde. Note : Avant de Me montrer au Jugement dernier
comme Juge équitable, J’ouvre d’abord toutes grandes les portes de Ma Miséricorde. Qui ne
veut passer par les portes de Ma Miséricorde, doit passer par les portes de Ma justice. » Petit
Journal, n° 1145

Vous pouvez conclure en prenant la prière de la communauté en cliquant sur "je prie"

Prière
Dieu notre Père, ta miséricorde est sans bornes et peut toucher l’âme la plus endurcie jusqu’au
dernier instant de sa vie. Donne-nous la grâce de la pénitence finale, à l’heure de notre mort et
par notre prière aujourd’hui, touche l’âme d’un grand pécheur pour l’attirer vers le paradis. Par
le Christ notre Seigneur.

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