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Centre de Recherches et d’Etudes du Madiba

Leadership Institute (CREMLI)


Démocratie, Genre et Droits humains

Thème :
Le protocole de Maputo 20 ans après : bilan et
perspectives pour la femme africaine.
Sous la direction de : Ndeye Ndiaba SAKHO

Co–rédigée par : MBONDZI DIARRA Miléna Régine, Alida

Cécile Déguéne TINE, Karima TOURÉ


Introduction

En Afrique, bien que les femmes occupent une place importante dans la société
traditionnelle, la question de leurs droits a toujours été au cœur des
préoccupations des peuples, dirigeants, mais également des femmes
ellesmêmes. On note que bon nombre d’entre elles sont victimes de violences
de toutes sortes, de discriminations liées à des questions de genres et
beaucoup n’ont pas souvent accès à l’éducation et aux soins de santé, et ce,
depuis fort longtemps. En effet, les cas de mortalités maternelles enregistrés
dans le continent correspondent à plus de la moitié de ceux enregistrés dans le
monde et plus de 9 femmes sur 10 soit plus de 90% d'entre elles vivent dans
des pays dont la législation en matière d’avortement est restrictive. C’est dans
ce sillage que le continent africain va faire preuve de son engagement à
promouvoir
l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes en adoptant

progressivement un certain nombre d’instruments visant à promouvoir les


droits des femmes parmi lesquels on retrouve le Protocole à la charte africaine
des droits de l’homme et des peuples relative aux droits des femmes
communément appelé “Protocole de Maputo”. Ce dernier a été adopté le 11
juillet 2003 par l’Union africaine et est considéré comme un texte novateur
venu pour compléter et renforcer la charte africaine des droits de l’homme et
des peuples. Il est le premier traité panafricain à reconnaitre l’avortement
comme un droit humain en cas de viols, d’incestes, d’agressions sexuelles, de
dangers pour la santé de la femme et occupe une place de choix dans l’arsenal
juridique en participant à la protection des droits des femmes notamment
reproductifs ,éducatifs, etc... Cependant, malgré son caractère contraignant et
tous les progrès engendrés par le protocole, la situation des femmes demeure
tout de même instable dans beaucoup de pays d’Afrique, certains Etats
signataires peinent à faire respecter les droits établis par la charte et de
nombreux autres obstacles persistent. La question de son effectivité est posée
avec acuité et des organisations comme ILO (Organisation Internationale du
Travail) ou encore le Centre pour les Droits Reproductifs se battent pour la
cause des femmes et en font même une thématique récurrente de leur lutte afin
d’obtenir une réelle libération pour elles sous de nombreux spectres. De même,
Saïd Djinnit, diplomate de nationalité algérienne, dans son œuvre Carnet de
Maputo, raconte les circonstances particulières de l’adoption du protocole ainsi
que son rôle et soutient le combat des femmes africaine pour la reconnaissance
de leurs droits. Ainsi, quel bilan peut-on dresser concernant l’application du
Protocole de Maputo et quelles en sont les différentes perspectives que l’on
peut faire ressortir pour la femme africaine ? Quelles sont les possibles
alternatives pour l’amélioration de la condition de la femme en Afrique en
accord avec le protocole ? C’est donc une multitude de questions se posant à
l’égard de ce protocole et un besoin d’éclaircissement à propos de son
institution dans le continent qui mène à une analyse de ce dernier et
l’établissement de son bilan sur les plans socio-professionnel, économique,
sanitaire,etc… Les failles et manquements du protocole sont également à
l’origine de nombreux plaidoyer et nécessitent donc une réflexion à ce sujet
dans le but d’arriver à les dénouer.

Bilan et perspectives de l’application du


protocole de Maputo dans le continent
Crédit : l’union africaine

Adopté le 11 juillet 2003 par la


Conférence de l’Union Africaine, le
protocole de Maputo existe depuis
maintenant 20ans.
20ans après, quel bilan peut-on
établir s’agissant des progrès de la
femme tant sur le plan socio-
professionnel, qu’économique et
sanitaire ? Quel impact a-t-il eu sur
les femmes africaines ? A quels
obstacles ces dernières sont toujours heurtées ? Quelles sont les limites et les
failles du protocole ? Quelles solutions pour améliorer davantage les conditions
de la femme africaine ?

Les progrès enregistrés grâce au protocole de Maputo


Le protocole de Maputo a contribué à de nombreux progrès en matière de droits
des femmes en Afrique. Parmi ceux-ci, on peut citer les lois qui ont été
adoptées ainsi que les politiques pour protéger les femmes contre la violence
et la discrimination mais aussi pour lutter contre la violence à l'égard des
femmes. Il y a aussi la participation des femmes qui a augmenté quand il s'agit
de la prise de décision politique et économique sans oublier la nette
amélioration de l'accès des femmes à l'éducation, la santé et bien d'autres
services sociaux. Nous pouvons également noter une promotion de
l'autonomisation économique des femmes grâce à des programmes de
financement mais aussi de formation, la reconnaissance des droits des femmes
à la propriété et à l'héritage. Il est tout aussi important de noter la mise en place
des politiques qui ont permis de promouvoir l'égalité des sexes et la protection
des droits des femmes dans les conflits armés.
Le protocole de Maputo a pris en compte toutes les difficultés rencontrées par
la femme africaine comme les mutilations génitales ou l’excision qui étaient
beaucoup pratiquées au sein de nos sociétés africaines. Selon l’Unicef, en 2006
plus de 127millions de jeunes filles ont été excisées en Afrique dont
27,2millions en Egypte. Depuis, les pays ayant ratifié le protocole de Maputo
s’engagent à combattre ce type d’acte barbare contre les femmes par des
sensibilisations de masse, des créations d’ONG qui luttent contre ce phénomène
telles que le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) au Sénégal.
En ce qui concerne le domaine de la santé, le protocole de Maputo a permis la
prise de mesures pour améliorer l'accès des femmes aux soins de santé
notamment en matière de planification familiale mais aussi de lutte contre les
mutilations génitales féminines.
Dans le domaine éducatif, le protocole a reconnu que l'éducation est un droit
fondamental pour les femmes, il a encouragé les États à prendre des mesures
pour garantir l'égalité des sexes dans l'éducation. D'ailleurs, depuis que le
protocole a été adopté, plusieurs pays africains ont pris des mesures pour
améliorer l'accès des filles à l'éducation mais ont également instauré des
mesures abolissant les frais de scolarité ainsi que la mise en place de bourses
d'études pour les filles.
Au niveau économique, depuis l'adoption du protocole, des mesures ont été
prises afin d'améliorer la situation économique des femmes en adoptant des lois
sur l'égalité des sexes quand il s'agit de l'emploi mais aussi en offrant des prêts
et des subventions aux femmes entrepreneures.
Les obstacles auxquels les femmes sont toujours heurtées

Malgré l'adoption du protocole de Maputo et bien que certains États aient pris
des mesures afin d'améliorer la situation de la femme africaine, nous nous
rendons compte que la femme africaine se heurte toujours à certains
problèmes. Nous pouvons dès lors noter la discrimination qui est un obstacle
majeur pour la femme africaine. En effet, cette discrimination se retrouve au
niveau de l’éducation (on notait la non-scolarisation de 130 millions de jeunes
en Afrique selon les nouvelles données recueillies par l’Institut de la Statistique
de l’UNESCO (ISU) en 2016), de l'emploi, des salaires mais aussi à l'accès aux
soins de santé et à la participation politique. Force est de constater que les
femmes sont également confrontées à des pratiques culturelles qui, bien
qu’ayant été interdites, existent toujours. On peut citer par exemple l'excision
ou encore les violences basées sur le genre.
Les femmes sont aussi confrontées à la pauvreté en raison des inégalités
économiques mais aussi sociales. En effet, elles ont moins d'accès à l'éducation
et à la formation dans certains pays, ce qui limite les possibilités de trouver un
emploi ou de démarrer une entreprise.
Les violences domestiques mais aussi sexuelles sont également une forme
d'oppression à combattre. Les femmes sont victimes de violence, que cela soit
physique, psychologique ou encore sexuelle.
Nous pouvons également noter une sous-représentation politique des femmes

qui est un obstacle à leur participation à la prise de décision. Elles sont souvent
exclues des processus politiques, d'ailleurs, le nombre de femmes ayant été
présidentes en Afrique est très faible.
Cependant, malgré tous ces obstacles, les femmes africaines ont été leaders
dans la lutte pour l'égalité et continuent toujours d’œuvrer pour un avenir
meilleur pour elles-mêmes mais aussi pour les générations futures.
Le principal obstacle que le Protocole de Maputo dans son entrée en vigueur a
eu à rencontrer est celui de l’article 14 qui dispose : « protéger les droits
reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement
médicalisé, en cas d’agression sexuelle en cas de viol, d’inceste et lorsque la
grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de
la mère ou du fœtus ». Plusieurs ont considéré que cet article allait en
contradiction avec nos valeurs africaines et religieuses et que c’était accorder
à la femme un peu trop de droits au détriment du géniteur. Par exemple, en
2009, la conférence épiscopale zambienne a interpellé son gouvernement sur
l’immoralité de ratifier ce Protocole à moins que l’article cité ne soit supprimé
ou révisé. Par la suite une fervente résistance catholique a vu le jour pour
protester contre l’entrée en vigueur du protocole de Maputo qui pour d’autres
bafoues les lois bibliques.
Notons par la suite que ce même article 14 a été accusé de n’être pas conforme
aux constitutions des Etats signataire du traité dans la mesure où beaucoup
d’Etats avaient prohibé l’avortement. Sachant qu’en relations internationales la
loi des Organisations Internationales est supérieure à celle des Etats, certains
pays ont quand même fait entrer la loi en vigueur mais sous des conditions qui
n’étaient au préalable pas marquées dans le traité original.

Les limites et les failles du protocole de Maputo

Le protocole de Maputo
et très important pour la
protection et la
promotion des droits des
femmes en Afrique.
Cependant, il n'est pas
parfait et présente
certaines limites parmi
lesquelles nous pouvons
noter le manque de
mécanismes de mise en
œuvre afin de garantir le respect des dispositions du protocole , le manque de
ressources et aussi de soutien financier pour soutenir la mise en œuvre du
protocole, le manque de sensibilisation et de compréhension de la part des
gouvernements sur l'importance et les implications du protocole, les défis liés
à la mise en œuvre des dispositions du protocole car certaines normes
culturelles et certaines pratiques traditionnelles sont en conflit avec les droits
des femmes. Il y a également la nécessité de renforcer la coopération ainsi que
la coordination entre les différents acteurs impliqués dans la mise en œuvre du
protocole.
Cependant, bien qu'il y ait toutes ces failles le protocole de Maputo reste un
outil très pertinent pour l’émancipation féminine et la promotion des droits des
femmes au niveau du continent.

Les solutions pour améliorer les conditions de la femme


En Afrique
Afin de garantir le
respect des droits
des femmes nous
pouvons proposer
quelques solutions.
Parmi ces dernières,
nous avons la mise
en place de programmes d'éducation pour sensibiliser la population à l'égalité
des sexes et aux droits des femmes ou encore la promotion de la participation
des femmes à tous les niveaux de la société notamment dans les sphères
politiques tout comme économiques. Il serait également important voire
primordiale d’améliorer l'accès aux soins de santé reproductive mais aussi à
l'éducation sexuelle. Il s’agira également de créer des mécanismes de
surveillance pour garantir que les droits des femmes sont respectés et
protégés, lutter contre les stéréotypes de genre, les préjugés qui perpétuent la
discrimination à l'égard des femmes par la création d'associations ou encore
par l'organisation de panel, encourager la participation des hommes à la
promotion de l'égalité des sexes et des droits des femmes, soutenir les femmes
dans leur lutte en leur fournissant des ressources et des services tels que des
refuges, des conseils et des soins de santé, offrir aux femmes des opportunités
d'emploi d'entrepreneuriat.
Ces solutions pourraient être mises en œuvre à différents niveaux en allant des
gouvernements aux organisations de la société civile mais aussi aux individus
eux-mêmes de manière concertée et coordonnée pour garantir que les droits
des femmes sont respectés et protégés dans tous les domaines.

Conclusion
Adopté depuis le 11 juillet 2003, ce présent article a été l’occasion de revenir

sur le protocole de Maputo, son bilan et ses perspectives pour la femme


africaine 20ans après sa signature.
Ainsi, bien des progrès ont été réalisés depuis son adoption tels que des lois et

politiques de protection des pays envers les femmes en passant par


l’augmentation de la formation et de l’autonomie féminine sans oublier les
avancées dans le domaine de la santé. Néanmoins, il a été remarqué que malgré
ces améliorations, les difficultés que rencontrent la femme africaine sont loin
d’être totalement éradiquées comme le témoignent les nombreux cas de
discrimination de toutes sortes basées sur le genre ou encore les violences
physiques, psychologiques ou sexuelles que bon nombre d’entre elles subissent
au quotidien.
C’est suivant cette perspective que des solutions ont été proposées pour
améliorer les conditions générales de vie des femmes sur le continent comme
les programmes de sensibilisation population sur l’égalité homme femme.
En définitive, on pourrait considérer le protocole comme étant réellement
progressif et pertinent dans la mesure où il est l’instigateur d’un souffle
d’espoir pour les femmes africaines victimes comme tant d’autres des inégalités
politiques, économiques et sociales dues à leur genre. Elle a abordé bon nombre
de points qui demeurent des sujets de préoccupations pour les femmes

africaines. C’est le cas des mutilations génitales féminines, des mariages forcés
ou précoces, du droit à l’héritage, de l’accès à la justice et à l’égalité de
protection devant la loi, de la protection des femmes dans les conflits armés et
bien d’autres encore.
Cependant, il serait intéressant de voir comment procéder afin que les États
ayant ratifié ce protocole puissent respecter entièrement leurs engagements et
tenir leurs promesses car de nombreux manquements sont toujours notés.
Références
 Mobilisation du protocole de Maputo

 www.ilo.org International Labor Organization


 PDF protocole à la charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatifs
aux droits des femmes
 www.fillespasepouses.org Le protocole de Maputo à compter de 10 ans :
comment peut-il être utilisé pour mettre fin au mariage précoce
 www.prb.org › fiche PDF L'application du
 Protocole de Maputo peut réduire les avortements non sécurisés
 www.lemonde.fr Droits des femmes en Afrique
 fr.hespress.com Action des ONG pour la ratification du protocole de Maputo
 beijing20.unwomen.org Gros plan sur les droits humains des femmes
 https://au.int
 Résumé- Biographie de l'Ambassadeur Said

 http://www.monde.fil-info-

france.com/protocole_de_maputo_union_africaine.htm

 https://www.bbc.com/afrique/region-58708852

 http://www.monde.fil-info-

france.com/protocole_de_maputo_union_africaine.htm

 https://www.bing.com/search?q=le+protocole+de+maputo+bilan+mon
dial+apr%C3%A8s+20ans&qs=n&form=QBRE&sp=-
1&ghc=1&lq=0&pq=le+protocole+de+maputo+bilan+mondial+apr%C3

%A8s+20ans&sc=0-

48&sk=&cvid=460F2CAC9374477CAA2B1E95865C9BB8&ghsh=0&gha

cc=0&ghpl=&ntref=1

 https://www.seneweb.com/news/protocole-de-Maputo

 Photos : site de l’union africaine

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