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La théorisation de l’inclusion financière des femmes au Burundi: rôle des

politiques publiques dans la promotion féminine

Résumé
Le concept d’inclusion est lié aux moyens d'intégrer les personnes et les groupes sociaux dans
la vie sociale, économique et culturelle en leur permettant d’y participer pleinement. La
pensée économique depuis des siècles considère que le bien-être humain est ce qui donne de
la signification à l'activité économique. La théorie morale utilitariste de Bentham et John
Stuart Mills affirme que l’objectif de l'activité économique est d'améliorer la qualité de vie
pour un maximum de personnes. L'approche inclusive couvre divers aspects, tels que
l'inclusion sociale, culturelle, économique et financière. Pour atteindre ces objectifs, il est
crucial de tenir compte des besoins des individus et des groupes vulnérables et de développer
des politiques publiques pour les satisfaire. L'objectif de cet article est d'explorer le concept
d'inclusion financière des femmes en tant que forme d'amélioration du bien-être individuel et
d'intégration dans l'activité économique et sociale du Burundi. Pour atteindre cet objectif,
l'article utilise une approche théorique qui se base sur la revue de la littérature disponible sur
l'inclusion financière et les différentes approches et perspectives théoriques qui y sont
associées des recherches et des études préalables pour étayer les arguments présentés et pour
montrer l'importance de l'inclusion financière pour garantir une société plus inclusive. Les
allocations budgétaires actuelles sont insuffisantes pour répondre aux besoins de la
population, compte tenu de sa croissance rapide

Introduction

Les politiques publiques jouent un rôle essentiel dans la promotion de l’égalité des
sexes et l’autonomisation des femmes. Quelques aspects clés retracent leur rôle.
L’accès équitable à la vie politique : les politiques publiques visent à garantir que les
femmes aient un accès équitable à la vie politique. Cela inclut leur droit de voter, de
se présenter comme candidates, d’être élues et de participer activement aux
processus démocratiques. À la deuxième position vient les législations et réformes
constitutionnelles : l’ONU Femmes milite en faveur de nouvelles législations
nationales et de réformes constitutionnelles pour garantir le juste accès des femmes à
la vie politique. Cela concerne leur participation en tant qu’électrices, candidates,
élues ou membres de la fonction publique. Le troisième point parle de la formation et
compétences : les politiques publiques soutiennent la formation des femmes
souhaitant exercer un mandat politique. Elles aident à développer leurs compétences
en leadership et à renforcer leur capacité à agir comme agents du changement.
L’Éducation civique et sensibilisation essaient de mettre en lumière les programmes
d’éducation civique et de sensibilisation des électeurs mis en place pour promouvoir
l’égalité des sexes. Ils encouragent la participation active des femmes dans la vie
politique. Enfin vient l’encouragement des jeunes qui prônent des initiatives visant à
encourager les jeunes à défendre l’idée que les mesures en faveur de l’égalité des
sexes doivent occuper une place centrale dans l’élaboration des politiques publiques.
Les politiques publiques sont un levier essentiel pour créer un environnement
favorable à la participation et au leadership des femmes dans la sphère politique.
Elles contribuent à briser les barrières structurelles et à promouvoir l’égalité des
chances pour toutes.

DISCUSSION

Il est vrai que l’inclusion financière des femmes en Afrique peut parfois sembler rester
au stade théorique. Cependant, il est essentiel de reconnaître les efforts en cours et
de comprendre les défis persistants. Quelques raisons pour lesquelles l’inclusion
financière des femmes peut sembler théorique sont (1) Les barrières culturelles et
sociales : les normes culturelles et les rôles de genre traditionnels peuvent limiter
l’accès des femmes aux services financiers. Les stéréotypes et les attentes sociales
peuvent entraver leur participation active dans l’économie formelle. (2) L’accès limité
à l’éducation financière : l’éducation financière est essentielle pour autonomiser les
femmes et les aider à prendre des décisions éclairées concernant leurs finances.
Cependant, de nombreuses femmes n’ont pas accès à une éducation financière
adéquate. (3) Les infrastructures déficientes : dans certaines régions d’Afrique, l’accès
aux services bancaires et aux technologies financières reste limité. Les femmes vivant
dans des zones rurales ou éloignées ont souvent moins d’opportunités pour accéder
aux services financiers. (4) Les inégalités de revenus et d’emploi : les femmes gagnent
généralement moins que les hommes et occupent souvent des emplois informels ou
précaires. Cela peut rendre difficile l’accès aux produits financiers tels que les prêts ou
les comptes d’épargne. (5) Le manque de sensibilisation : certaines femmes ne sont
pas conscientes des avantages de l’inclusion financière ou ne savent pas comment
accéder aux services financiers. La sensibilisation et l’éducation sont essentielles pour
surmonter ces obstacles. Cependant, il est important de noter que des progrès sont
réalisés. Des initiatives telles que l’AFAWA (Initiative pour favoriser l’accès des
femmes au financement en Afrique) cherchent à combler le déficit de financement
qui affecte les femmes. Les gouvernements, les organisations internationales et les
institutions financières travaillent ensemble pour créer un environnement propice à
l’inclusion financière des femmes. Bien que cela puisse sembler théorique à certains
moments, ces efforts contribuent à créer un avenir plus équitable et prospère pour
toutes les femmes africaines.

L’inclusion financière des femmes est un enjeu crucial pour le développement socio-
économique. Malheureusement, les femmes sont systématiquement et
disproportionnellement exclues des services financiers essentiels à travers l’Afrique,
malgré leur fort potentiel en tant que catalyseurs du progrès.

1. Contexte et justification

Les femmes africaines ont un rôle essentiel dans l’économie, mais elles font face à des
obstacles pour accéder aux services financiers. L’inclusion financière des femmes est
un moyen de renforcer leur autonomie économique et de favoriser l’égalité des
sexes. L’importance de l’inclusion financière des femmes en Afrique a été soulignée
en juillet 2019, dans le rapport de la Fondation Bill et Melinda Gates. Selon ce
rapport, l’inclusion financière de 400 millions de personnes, dont près de 60 % sont
des femmes, serait à notre portée si les pays du G7 et les institutions financières
internationales soutenaient davantage les projets de développement des services
financiers numériques (SFN) en Afrique. Il a été démontré aussi dans la Pandémie et
Accélération des Services Financiers Numériques (SFN): La pandémie de COVID-19 a
accéléré l’adoption des services financiers numériques pour lutter contre la
propagation du virus. Cependant, cela a également mis en évidence des inégalités de
genre et nécessite une vigilance pour éviter de créer une nouvelle fracture
numérique. La Collaboration et Stratégies d’Innovation spécifient l’accélération du
développement des SFN et nécessite une collaboration étroite ainsi que des
stratégies ambitieuses. L’UNCDF (Fonds des Nations unies pour le développement
des capitaux) travaille en partenariat avec la Fondation Bill & Melinda Gates et le
Ministère français des Finances pour soutenir les gouvernements africains dans la
promotion de SFN sûrs, compétitifs et inclusifs. Grâce à l’Africa Policy Accelerator
(APA), l’UNCDF fournit une assistance technique aux décideurs politiques et
régulateurs de 18 pays africains, afin de planifier et mettre en œuvre des projets
règlementaires favorisant le développement de SFN adaptés aux besoins des
communautés à faible revenu. L’inclusion financière et l’autonomisation économique
des femmes restent au cœur de cette mission. En outre, l’Initiative pour favoriser
l’accès des femmes au financement en Afrique (AFAWA) vise à combler le déficit de
financement qui affecte les femmes sur le continent. Estimé à 42 milliards de dollars,
ce déficit entrave leur accès aux ressources financières nécessaires pour développer
leurs activités et améliorer leur bien-être. L’inclusion financière des femmes en
Afrique est un impératif pour bâtir un avenir plus équitable et prospère. Elle nécessite
des efforts concertés, des politiques adaptées et des investissements ciblés pour
permettre aux femmes d’accéder pleinement aux services financiers et de contribuer
activement au développement économique de leurs communautés.

Stimuler l'inclusion financière et l'autonomisation économique des femmes


est au cœur des organisations internationales. C’est pour cette raison que
l’UNCDF a été choisie pour diriger, avec d’autres organisations partenaires,
la Coalition d’Action ‘Justice et droits économiques’ au sein du Forum
Génération Egalité, un rassemblement mondial d’organisations militant pour
l'égalité des genres, initié par ONU Femmes et co-organisé par les
gouvernements mexicain et français. L’UNCDF a joué ce rôle de leadership
et a participé au lancement officiel du Forum du 7 juillet 2020 pour marquer
symboliquement la cérémonie d'ouverture initialement prévue à Paris et qui
devait réunir de nombreuses organisations militantes du monde entier en
faveur de l'égalité des genres, à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire
de la Déclaration et du Programme d'action de Beijing.

Le terme "inclusion" est de plus en plus utilisé pour décrire les efforts des personnes et
groupes marginalisés dans la société. Il est utilisé dans différentes Déclarations, Charte et
Agenda d'évaluation des politiques publiques de l'UNESCO.
1.1. Contextes et justifications
Au cours de ces dernières années, nombreuses initiatives planétaires ont été entreprises. L'Alliance pour
l'inclusion financière (AFI) est créée en 2008, premier réseau mondial de diffusion de connaissances sur
l'inclusion financière. En 2009, AFI publia la Déclaration de Maya, qui renferme une série de serments pris par
des pays émergents et les gouvernements des pays en développement en quatre grands domaines de l'inclusion
financière. Plus de 90 économies en développement ont ratifié 75% de la population mondiale non bancarisée.
Dès lors, la Mandataire spéciale du Secrétaire général pour la promotion de services financiers accessibles à
tous favorise le développement s’est employé à faire en sorte que des services financiers sûrs, efficaces et
abordables soient accessibles à tous et utilisés de manière responsable. En, à partir du Forum mondial tourné sur
les politiques d'inclusion financière, des initiatives de coopération régionale ont été mises en place dans le cadre
de l' «Alliance for Financial Inclusion» (AFI), à l’exemple de l'Initiative africaine sur les politiques de
prestations financières à travers la téléphonie mobile, lancée en 2012.
Près de 86 organismes de régulation, représentant 80 pays, ont adopté un ensemble de principes d’inclusion
financière dans la Déclaration de Maya. Cette dernière reconnait la discrimination des pauvres, inclues les
femmes rurales pour enfin éclaircir ses argumentations dans les quatre engagements qui suivent: (1) diminueront
de façon drastique le coût unitaire de ces services, mettre en place des politiques qui produiront un
environnement favorable à l'accès aux services financiers et utiliseront l'ensemble des technologies les plus
accommodées et innovantes. (2) Mettre en place un cadre réglementaire stable et adapté qui atteigne les objectifs
complémentaires suivants: inclusion, stabilité et intégrité financière. (3) Reconnaître que la protection et
l'autonomisation des consommateurs ainsi que l'inclusion de toutes les personnes au secteur financier national
sont les piliers de l'inclusion financière. (4) Faire des politiques basées sur la preuve une priorité, par la collecte
et l'analyse de données complètes, le suivi des changements affectant l'inclusion financière, et la création
d'indicateurs comparables au sein du réseau.
En 2009, le G-20 a fait de l'inclusion financière un des piliers du Sommet de Pittsburgh. Le Groupe d'experts sur
l'inclusion financière du G-20 (GEIF) l'année suivante a publié ses neuf "Principes de l'inclusion financière
novatrice", destinés à constituer la base d'un plan d'action pragmatique et concret visant à améliorer l'accès des
pauvres aux services financiers. Au Sommet de Séoul, novembre 2010, les dirigeants du G-20 ont consenti un
Plan d'action pour l'inclusion financière. Ils ont ensuite éclairé la création d'un Partenariat mondial pour
l'inclusion financière qui réunit tous les pays passionnés dépendant ou non du G-20 et tous les acteurs considérés
pour mener des travaux sur l'inclusion financière, spécialement pour la mise en œuvre du Plan d'action pour
l'inclusion financière du G-20. Ces travaux sont exécutés par les partenaires de mise en œuvre, à savoir l'Alliance
pour l'inclusion financière, la Banque mondiale, le Groupe consultatif d'assistance aux pauvres, l'Organisation de
coopération et de développement économiques et la Société financière internationale.

Depuis 2010, une cinquantaine de pays ont élaboré, lancé et/ou mis en œuvre des stratégies d’inclusion
financière. À cet égard, d’autres instruments internationaux pertinents, mentionnés dans les Principes directeurs
des Nations Unies, sont les Principes de l’inclusion financière novatrice du Groupe des Vingt (G20), publiés en
2010, les Principes de haut niveau sur la protection financière des consommateurs, élaborés par l’Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE) et adoptés par le G20 en 2011, et les bonnes pratiques
pour la protection financière des consommateurs, définies par la Banque mondiale et dont la version révisée la
plus récente date de 2017. En 2011, l’Australie a imposé aux établissements de crédit de publier
des notes d’information sur les prêts immobiliers et les cartes de crédit. En 2014, l’Éthiopie a
mis en place un système de notes d’information dans le cadre de sa stratégie nationale
d’inclusion financière En 2015, l’Assemblée générale a adopté le Programme de développement durable à
l’horizon 2030, qui définit 17 objectifs de développement durable (ODD). En 2016, le G20 a adopté huit
principes de haut niveau pour l’inclusion financière numérique. L’extension de l’accès aux services financiers est
l’une des cibles relevant de ces objectifs, dont la réalisation doit assurer un avenir meilleur à tous et durablement.
Les services financiers sont un puissant moyen d’améliorer le bien-être économique des consommateurs et,
partant, de contribuer à la réalisation des ODD.

En étendant l’accès des consommateurs à des possibilités de paiement et d’envoi de fonds, d’épargne et de
crédit, d’assurance et d’investissement, l’on se rapproche des objectifs 1, 2, 3, 4, 5 et 10. En 2017, le Ghana
a publié un modèle de note d’information sur des prêts normalisés, qui a été testé auprès de
consommateurs pendant sa phase d’élaboration. Au Mexique, la Banque centrale a mis à la
disposition des consommateurs un outil en ligne qui permet de comparer les taux de divers
produits de crédit. En 2018, le Bhoutan a engagé une stratégie nationale d’inclusion financière et un plan
d’action national en faveur de l’inclusion financière pour 2019-2023. La pandémie de maladie à coronavirus
(COVID-19) a rappelé combien il était urgent de protéger les consommateurs, alors que les services financiers
sont de plus en plus dématérialisés et adoptent des formes de plus en plus innovantes, les envois de fonds
prennent de l’importance et les consommateurs risquent le surendettement et la faillite. En 2020, l’Indonésie a
lancé une stratégie nationale pour l’inclusion financière des femmes, la première du genre au niveau mondial. En
2021, les Îles Salomon ont engagé une stratégie nationale d’inclusion financière pour 2021-2025 et mis en place
un tableau de bord de l’économie numérique inclusive. Ce tableau de bord, élaboré par le Fonds d’équipement
des Nations Unies, met en évidence les obstacles au développement d’une économie numérique inclusive afin
d’aider les pouvoirs publics à prendre des décisions éclairées ; il définit six objectifs stratégiques, donc celui de
faire participer les femmes, les enfants et les adultes ruraux au secteur financier formel. Au Togo, la stratégie
nationale d’inclusion financière pour 2021-2025 fait de la dématérialisation une priorité. Un puissant moyen de
parvenir à l’inclusion financière est d’éduquer les consommateurs et de renforcer leurs connaissances dans le
domaine financier.

En matière d'inclusion financière, l’implication des pays constituant le G-20 a donné un nouvel élan au
programme. En 2023, l’Inde s'est fixé six priorités pour le dialogue du G20 : Le développement vert, la finance
du climat et le programme LIFE. Les dirigeants des pays les plus riches et les plus puissants du monde ont
participé au sommet du G20 qui s’est tenu à New Delhi, la capitale indienne. Cette dernière a, pour toute la
première fois, accueilli un groupe aussi puissant de dirigeants mondiaux comprenant 19 pays, Allemagne,
Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Espagne, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-
Uni, Russie, Royaume-Uni, République de Corée, Royaume-Uni et Russie ainsi que deux organismes
régionaux : l'Union européenne et l'Union africaine représentée par l'Afrique du Sud, le seul pays africain
membre du G20 en 2023. Dans le cadre de sa propre stratégie nationale d’inclusion financière, la Côte d’Ivoire
compte porter son taux d’inclusion financière à 60 % au cours de cette année 2024.

L’éducation des consommateurs est l’un des principaux objectifs auxquels doit tendre toute politique de
protection du consommateur. Pour se convaincre de son importance, il n’est que de voir toute l’attention qui lui
est portée dans les Principes directeurs des Nations Unies, qui invitent les pouvoirs publics, les entreprises et les
groupes de consommateurs à y apporter leur contribution. Il est également mentionné dans les Principes
directeurs des Nations Unies que les États Membres devraient adopter des mesures pour renforcer et intégrer
leurs politiques visant à assurer l’accès de tous aux services financiers, l’éducation financière et la protection des
consommateurs en matière d’accès aux services financiers et d’utilisation de ses services . Plusieurs États, dont
l’Australie, le Brésil, le Chili, les États-Unis, l’Inde, l’Indonésie, la Macédoine du Nord, l’Ouganda, le Portugal,
Singapour et la Zambie ont mis en œuvre des stratégies nationales d’éducation financière et de développement
des connaissances dans le domaine financier. Le Brésil offre un exemple de participation multipartite. Sa
stratégie nationale d’éducation financière a été élaborée par divers organismes de surveillance dont la Banque
centrale et l’autorité de surveillance des assurances, ministères dont ceux de la justice, des finances et de
l’éducation et associations professionnelles. Aux États-Unis, la Commission pour l’éducation financière et le
développement des connaissances dans le domaine financier, composée de membres du Département du Trésor,
du Bureau de protection des consommateurs de services financiers et de 19 autres entités de l’administration
fédérale, a publié la première stratégie nationale de développement des connaissances financières en 2011,
laquelle a ensuite été mise à jour en 2016 et 2020. Les activités d’éducation financière et de développement des
connaissances financières ciblent de plus en plus les consommateurs vulnérables, y compris les pauvres, les
habitants des zones rurales, les femmes et les personnes âgées.

En raison de leurs connaissances financières médiocres et du recours par les fournisseurs de


services financiers à des pratiques de vente et de publicité agressives et trompeuses, les
consommateurs peuvent être amenés à faire des choix peu judicieux. Un traitement équitable
et une bonne communication, y compris la communication d’informations sur les conflits
d’intérêts entre les fournisseurs de services financiers et des tierces parties, étant entendu que
les établissements financiers sont également responsables des actes de leurs mandataires et
doivent en répondre, sont essentiels à de bonnes pratiques commerciales. Le Bangladesh, la
Côte d’Ivoire, le Ghana, l’Inde, le Kenya, le Myanmar, l’Ouganda, le Pakistan, la République-
Unie de Tanzanie et le Rwanda ont des règles qui imposent la transparence quant à l’identité
du mandataire, le nom et souvent le numéro de téléphone du mandant et les frais et
commissions applicables aux différents produits et services. L’autorégulation contribue
grandement à l’adoption de pratiques commerciales responsables par les fournisseurs de
services financiers et leurs mandataires. La carte mondiale de la protection du consommateur
montre que certains États, dont l’Afrique du Sud, l’Argentine, le Brésil, la Nouvelle-Zélande,
le Pérou, la Suède et Trinité-et-Tobago, encouragent l’autorégulation dans le secteur
financier.

En 2020, le Brésil a lancé l’initiative « N’appelez pas pour proposer des offres de crédit »,
sous la direction du Secrétariat national à la consommation. Au Kenya, l’autorité de la
concurrence a organisé des formations à la protection du consommateur à l’intention des
entreprises du secteur des services financiers. Le long de cette même année est marqué par une étude
internationale sur les connaissances financières de la population adulte et a montré qu’en moyenne, les femmes
et les personnes de 60 ans et plus avaient de moins bonnes connaissances financières. L’Argentine a créé une
formation autonome spécialement destinée aux femmes, qui est accessible depuis une plateforme Web. Le
Canada s’est servi des sciences comportementales pour répondre aux besoins de différents segments de
consommateurs vulnérables et défavorisés, notamment des personnes qui peinent à joindre les deux bouts, ont un
revenu insuffisant ou instable, ont peu d’expérience des produits et services financiers, sont peu alphabétisés et
n’ont guère de notions de calcul, n’ont pas accès aux outils numériques ou savent peu les utiliser, rencontrent des
obstacles systémiques à cause de leur genre, de leur race ou pour d’autres raisons, et subissent les effets négatifs
de la pandémie de COVID-19. En Inde, un film a été réalisé en vue d’informer les personnes âgées des services
qui pourraient faciliter leurs relations bancaires. Cette question de l'inclusion financière touche aussi à cœur les
intervenants de l'Organisation des Nations Unies. Leurs objectifs de développement présentent des
recommandations qui incluent l'accès universel aux services financiers comme facteur critique pour la création
d'emplois et la croissance équitable
1.1. Le rôle des politiques publiques dans la promotion de l’inclusion financière
Les crises bancaires dans de nombreux pays en développement ont suscité des discussions sur
les réformes nécessaires dans le secteur financier. Cela a conduit à une réapparition de
politiques publiques interventionnistes qui se concentrent sur le secteur financier et qui se
déploient via des interactions avec des acteurs collectifs ou individuels. En conséquence, le
fait d'offrir des services bancaires à une clientèle plus large grâce à l'inclusion financière en
tant que bien public est devenu un sujet de débat politique et un programme de politique
publique (Sodokin Koffi, 2022). Cela est dû au fait qu'exclure des personnes de l'accès aux
services financiers n'est pas considéré comme un bien public sur le plan économique
(DesmaraisTremblay, 2017 ; Ülgen, 2020). L'opinion internationale est en train de réexaminer
la nécessité d'intervention gouvernementale dans certains secteurs économiques face aux défis
liés aux objectifs du millénaire. Cette tendance se reflète également dans les propos de la
Banque mondiale, qui, tout en persistants dans son soutien au modèle néoclassique de
désengagement de l'État et de primauté du marché, est maintenant plus encline à accorder plus
d'importance à un modèle redistributif qui intègre une dimension sociale dans les politiques
publiques. Cette partie de cet article s’intéresse aux politiques publiques interventionnistes en
matière d’inclusion financière au Burundi et s’interresse à présenter différents apports et
limites des programmes et politiques de développement d’accès au financement et l’usage de
l’offre financière par les exclus de financement formel et la population vulnérable au Burundi
afin de mettre en évidence le rôle des acteurs publics et la façon dont cela se reflète dans
l'offre financière en réponse aux défis de l'inclusion financière.
1.3.POLITIQUES ET RÉGLEMENTATIONS DESTINÉES À PROMOUVOIR L'INCLUSION
FINANCIÈRE AU BURUNDI
Dans cette section, nous décrivons les politiques et les réglementations le plus souvent adoptées
par les pouvoirs publics pour promouvoir l'inclusion financière. Le but n'est pas d'exprimer un
jugement sur l'efficacité de chacune d'elles, mais c'est plutôt de donner les renseignements
nécessaires pour un examen plus approfondi de ces politiques et réglementations au regard du
cadre de l'Accord Général sur le Commerce des Services enveloppant l’inclusion financière de la
femme.

Le Burundi a mis en place un arsenal juridique et institutionnel visant à éradiquer les


violences faites aux femmes et aux filles. Il rentre dans ce cadre une série de lois adoptées ou
révisées comme la loi no 1/13 du 22 septembre 2016 portant prévention, protection des
victimes et répression des violences basées sur le genre. Cette loi érige en infractions les
pratiques coutumières de violences faites aux femmes et aux filles et renforce certaines peines
prévues par le Code pénal et instaure la saisine d’office dans les infractions relatives aux
Violences Basées sur le Genre. Par la loi n°1/27 du 29 décembre 2017 portant révision du
Code pénal, ce dernier réprime très sévèrement les infractions en matière des Violences
Sexuelles Basées sur le Genre.

Les lois fondamentales qui se sont succédées réitèrent l’engouement de la République du


Burundi de prévenir, par des mesures concrètes, toute forme de discrimination et de
promouvoir les droits de tous les citoyens y compris les femmes et les filles. L’article 22 de la
Constitution du 7 juin 2018 énonce à cet effet que : « (…) Nul ne peut être objet de
discrimination du fait notamment de son origine, de sa race, de son ethnie, de son sexe, de sa
couleur, de sa langue, de sa situation sociale, de ses convictions religieuses, philosophiques ou
politiques, du fait d’un handicap physique ou mental, du fait d’être porteur du VIH/SIDA ou
toute autre maladie incurable ».

De 2019 à 2024, les cinq principales priorités du Burundi sont se résument par (i)
l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles, (ii) l’éradication de la pauvreté,
l’accroissement de productivité agricole et de la sécurité alimentaire, (iii) la participation et la
représentation politique des femmes (iv) la protection sociale sensible à l’égalité des sexes et
(v) l’inclusion numérique et financière des femmes.

Par rapport à l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le Gouvernement et ses


partenaires vont poursuivre l’opérationnalisation du plan d’actions 2017-2021 de la Politique
Nationale Genre, PNG en son axe premier dans l’orientation du principe de « ne laisser
personne de côté. Dans l’orientation de l’indépendance économique des femmes et des filles,
l’élimination de la pauvreté se croise avec la visée des Objectifs du Développement Durable,
ODD en matière d’autonomisation des femmes et des filles et l’approche national NAWE
NUZE est en train d’être appliqué sur tout le territoire. Par rapport à la participation et la
représentation politique des femmes, l’environnement légal sera amélioré afin de permettre la
pleine participation des femmes et des filles et leurs capacités seront renforcées sur les
techniques de plaidoyer et de communication. Des formations des responsables et des femmes
leaders des partis politiques seront organisées au niveau national et provincial sur le genre et
l’intégration du genre dans la gestion et le travail des partis politiques, la Résolution 1325 et
les enjeux de la participation des femmes dans les instances de prise de décision.

En matière de protection sociale, des mesures d’accompagnement seront prises afin de


permettre une couverture maladie universelle, des transferts monétaires et des allocations de
retraite comme (i) concevoir et exécuter la politique nationale en matière de transports, des
bâtiments publics et d’infrastructures routières et assurer la protection civile, notamment par
la prévention et le secours public en cas de risque naturel ou autre cataclysme ; (ii) contribuer
à l’amélioration de la qualité de vie des populations en milieu rural ; (iii) promouvoir et
encadrer le mouvement coopératif ; (iv) faire exécuter les travaux d’utilité publique dans les
domaines des infrastructures et équipements collectifs tout en maximisant les effets sur
l’emploi des populations cibles (approche HIMO) ; (v)élaborer les stratégies pour réduire le
pourcentage de la population qui n’a pas accès ni à un approvisionnement en eau potable ni à
des services d’assainissement de base; (vi) mettre en place des politiques d’adaptation aux
changements climatiques en collaboration avec les autres services techniques concernés et
(vii)gérer un régime d’assurance maladie institué en faveur des travailleurs du secteur privé ;
(viii) veiller à la sécurité alimentaire de la population par la promotion des cultures vivrières
et des productions animales ; (ix) concevoir une politique visant l’achèvement de
l’enseignement primaire pour tous les enfants en âge de scolarisation et en assurer sa mise en
pratique ; (x) promouvoir le développement de l’enseignement préscolaire, de base et
secondaire, et l’alphabétisation des adultes ; (xi) coordonner les actions de promotion de la
santé de prévention et de prise en charge médicale et psychosociale et (xii) promouvoir des
systèmes d’assurances maladies ou de mutualité-santé pour la population.

En matière d’inclusion financière, il est prévu l’accompagnement et l’encadrement des


femmes et des filles en groupements ; le renforcement de leurs capacités en éducation, en
inclusions financières et leur connexion aux Institutions de Micro Finances (IMF) ainsi que le
développement de l’entrepreneuriat féminin et encadrement des femmes et filles du secteur
informel seront poursuivis. Cette section retrace les progrès déjà réalisés de 2014 à 2019 dans
les secteurs suivants : (i) le développement inclusif, la prospérité partagée et le travail décent ;
(ii) l’élimination de la pauvreté, la protection sociale et les services sociaux ; (iii) libérer de la
violence, de la stigmatisation et des stéréotypes ; (iv) la participation, la responsabilisation et
les institutions favorables à l’égalité des sexes ; (v) des sociétés pacifiques et inclusives et (vi)
la conservation, la protection et la réhabilitation de l’environnement.

1.3.1. Les mesures prises pour promouvoir le genre en matière de lutte contre la
pauvreté.

Le Gouvernement a pris des mesures suivantes pour promouvoir le genre dans l’emploi :(i)
l’adoption par le Conseil des Ministres le 22 mai 2014 du Programme des Réformes
Administratives (PNRA), (ii) la mise en place de la politique Nationale de l’Emploi en date
du 12 novembre 2014 avec un axe sur le genre ; (iii) le Décret No 100/169 du 26 Mai 2015
portant organisation et fonctionnement du Secrétariat Exécutif Permanent de l’Administration
Publique(SERAP). (iv) le Décret NO 100/20 du 27 Janvier 2015 portant création, organisation
et fonctionnement de l’Office Burundais de l’Emploi et de la Main d’œuvre(OBEM). Au
niveau du renforcement des politiques actives sur le marché du travail relatif à l’égalité des
sexes, il y a lieu de signaler l’élaboration d’un guide de l’intégration du genre dans la mise en
œuvre du PNRA. Dans 35 actions du PNRA, 22 actions constituent une porte d’entrée à la
prise en compte du genre. Ainsi, le recrutement de l’unité de gestion au projet d’appui à la
mise en œuvre du PNRA sur financement du Programme des Nations Unies pour le
Développement a également pris en compte le genre. En outre, des programmes de formation
en Technologies de l’Information et de la Communication TIC incluant la dimension genre
ont été élaborés et mis en œuvre en 2015 sur financement du PNUD. Pour promouvoir
l’emploi décent avec une prise en compte du genre, une Etude sur la disparité entre hommes
et femmes dans l’Administration Publique Burundaise en 2017 a été menée. C’était dans le
but d’aider le Gouvernement du Burundi à veiller à la représentation équilibrée du genre dans
les instances politiques et administratives des institutions publiques. Des mesures ont été
prises pour prévenir la pauvreté pouvant découler du harcèlement sexuel, y compris sur le lieu
de travail.

En effet, le Code pénal en vigueur réprime le harcèlement sexuel en son article 586. Cette
infraction figure aussi dans la liste des infractions prévues par la loi spécifique sur les
Violences Basées sur le Genre qui prescrit dans son article que toutes les infractions de VBG
sont inamnistiables et imprescriptibles en ce qui concerne tant l’action publique que la peine
qui est incompressible et non graciable. Pour ce qui est du renforcement du droit foncier et la
garantie du droit de propriété, l’Article 12 de la loi n° 1/13 du 9 août 2011 portant révision du
Code foncier stipule que : « Toute personne morale ou physique peut jouir, sans
discrimination aucune, de tous les droits définis par le présent code et les exercer librement,
sous le respect des droits d’autrui et des restrictions résultant de la loi ». Toutefois, le Décret
no100/015 du 30 janvier 2017 portant réorganisation de la Commission foncière nationale et
son secrétariat permanent chargé du suivi d’exécution en matière foncière propose des voies
de solution pour des contestations liées à des exécutions et à des vérifications des jugements
rendus et coulés en force de la chose jugée. En rapport avec l’amélioration de l’inclusion
financière et accès au crédit des femmes, y compris pour les travailleuses indépendantes, le
Burundi a adopté la loi n°1/010 du 12 août 2016 régissant les suretés mobilières
conventionnelles au Burundi, en vue d’aider la population pauvre mais économiquement
active sans garanties hypothécaires à accéder aux crédits dont la majorité sont des femmes. A
ce titre, le Gouvernement du Burundi a mis en place un mécanisme d’inclusion financière des
femmes à travers le Fonds de Microcrédit Rural (FMCR appuyé par le PNUD) qui a fourni en
2017, 45579 emplois dont 32% en faveur des femmes. Son outil, le Microcrédit aux pauvres
économiquement actifs (MCPEA) est particulièrement pertinent pour l’inclusion des plus
faibles. C’est dans ce cadre le pays a signé avec le Fonds International de Développement
Agricole (FIDA) à Rome en Italie, le 03 octobre 2017, un Accord de financement d’un Projet
d’Appui à l’Inclusion Financière Agricole et Rurale du Burundi « PAIFAR-B ». L’objectif
global du projet est de contribuer à augmenter les revenus des ruraux pour une réduction
durable du niveau de la pauvreté, destinés à toucher 99200 ménages ruraux dans 14 provinces
sur 18, répartis comme suit : (i) 5000 ménages très vulnérables ; (ii) 6000 jeunes hommes et
jeunes femmes ruraux, diplômés, scolarisés ou non scolarisés, menant une activité agricole et
non agricole ; (iii) 9000 ménages ruraux pouvant directement participer à un groupe de
caution solidaire ; (iv) 60000 petits producteurs membres des groupes coopératifs rizicoles ;
(v)19200 petits producteurs de lait membres des groupes coopératifs. Il y a eu également
l’élaboration d’autres Projets d’Appui à l’Inclusion Financière comme Programme de
Développement des Filières (PRODEFI II) en janvier 2015, le projet d’Appui à
l’Intensification et à la Valorisation des produit Agricoles-Deuxième phase (PAIVA-B) en
2016, Projet Régional de Développement Agricole et Intégré dans les Grands Lacs
(PRDAIGL) le 14 juin 2017 , Projet d’Appui à la Compétitivité du Secteur du Café (PACSC)
en octobre 2017 qui s’inspire de la Stratégie café et jeunesse et du genre de la Banque
Mondiale ainsi que le Projet de Productivité Agro-Pastorale et de Développement des
Marchés-Financement Additionnel (PRODEMA-FA) dont la mise en œuvre a commencé en
avril 2017.

Ces projets ont été financés respectivement par le FIDA et la Banque mondiale dans le but
d’appuyer les catégories vulnérables regroupées dans les coopératives/associations agricoles.
A titre illustratif, 37% des interventions du PRDAIGL sont orientées aux groupes vulnérables
dont les femmes, les jeunes et les Batwa. Concernant l’amélioration de l’accès aux
technologies modernes (y compris les technologies intelligentes sur le plan climatique), aux
infrastructures et aux services (y compris la vulgarisation agricole), les mesures prises sont (i)
l’adoption d’une agriculture intelligente qui permettra au Burundi d’améliorer la sécurité
alimentaire nationale et de contribuer à la réalisation des objectifs de développement du pays
tels que définis dans la Vision Burundi 2025 et déclinés dans la Stratégie Agricole Nationale
2018-2027 et le Plan National d’Investissement Agricole 2018-2022 ; (ii) mise en place des
infrastructures intelligentes telles que les pistes de desserte, hangars de stockage, moulins
pour alléger le travail des femmes et des filles d’une part et d’autre part, pour les rendre
compétitives sur le marché ; (iii) la gestion intégrée des éléments nutritifs des sols,
aménagement des marais et des bassins versants ; (iv) la promotion des variétés à cycle court ;
(v) création de nouvelles variétés grâce à la biotechnologie dont la patate douce, colocase ;
(vi) le développement des systèmes de micro-irrigation (petite irrigation avec des
motopompes, des barrages hydro agricoles et électriques), (vii) collecte des eaux de pluie,
captage et adduction d’eau de sources.

L’investissement dans des infrastructures sensibles au genre permet d’économiser du temps et


du travail, comme les transports publics, l’électricité, l’eau et l’assainissement, afin de réduire
le fardeau des soins et travaux domestiques non rémunérées sur les femmes. Des initiatives
prises dans l’orientation ci-dessus sont entre autres: (i) des aménagements adéquats pour le
transport de véhicules et de piétons en construisant des ponts piétonniers fréquentés par des
femmes agricultrices, (ii) des passerelles , (iii) un éclairage public pour la sécurité et qui aide
les femmes qui font du commerce ambulant ; (iv) les bonnes pratiques permettant aux femmes
enceintes et celles qui portent des bébés ou les personnes vivant avec un handicap ou âgées à
ne pas faire la queue dans les parking des transports en commun ; (v) les toilettes et les
fontaines publiques. Des mécanismes pour une participation égale des femmes aux instances
de prise de décisions économiques ont été également crées par le Gouvernement du Burundi.

Ainsi, le Plan National d'Investissement Agricole, PNIA 2018-2022 focalise son attention
particulière sur la dimension genre à travers les sous-programmes relatifs à l’accroissement de
la production animale et halieutique ainsi que la professionnalisation des producteurs des
initiatives privées notamment par l’implication des femmes et des jeunes dans la filière
élevage et la facilitation de leur intégration dans les organes de prise de décision des
organisations de producteurs. De même, la création du Forum National des Femmes, FNF,
répond à cette appréhension. La représentativité des femmes dans les institutions élues ou
structures publiques respecte le quota de 30%. Cependant, il n’en est pas de même dans les
organes de décision des sociétés privées. A ce niveau, aucune obligation de quota ou de
représentativité n’est observée, même si la Constitution énonce de manière générale le
principe d’égalité entre les hommes et les femmes.

Le Gouvernement du Burundi a enregistré des avancées significatives en matière de


promotion et de protection des droits des femmes et reconnait notamment des manquements
dans les réalisations suivantes: (i) les lois et politiques publiques adoptées pour promouvoir
l’égalité de sexes et l’autonomisation de la femme ; (ii) la mise en place des structures et des
mécanismes institutionnels de mise en œuvre de ces lois et politiques, (iii) l’existence des
programmes et initiatives diversifiés d’autonomisation des femmes ; (iv) la promotion de
l’accès des femmes aux services de santé à travers l’extension de la couverture sanitaire
universelle ; (v) des mesures incitatives pour augmenter l’accès des filles à l’éducation
scolaire et académique ; (vi) des mesures prises pour protéger la femme et la fille contre la
violence, la stigmatisation et les stéréotypes et (vii) des mesures prises pour une plus grande
participation des femmes au sein des organes de prise de décision à différents niveaux.
Toutefois, des défis persistent à savoir (1)le niveau d’appropriation du genre par les
Ministères sectoriels ; (2)le niveau d’intégration de la budgétisation sensible au genre dans la
planification ; (3)l’insuffisance des moyens pour l’opérationnalisation des plans d’actions de
la PNG, de la Résolution 1325 et de la Stratégie nationale de lutte contre les VSBG ;
(4)l’absence d’une stratégie claire d’autonomisation économique de la femme ; (5)l’absence
de la loi sur la succession, les régimes matrimoniaux et les libéralités et la persistance des
violences sexuelles et basées sur le genre.

Pour pallier à ces défis, des stratégies sont envisagées dont : (1)Le renforcement des capacités
des réseaux communautaires et d’autres intervenants dans le domaine de lutte contre les
VSBG, permettre le travail en synergie ; (2) La multiplication des centres de prise en charge
intégrée par province ; (3)Le renforcement de la coordination en matière de lutte contre les
VSBG et l’opérationnalisation de la base de données nationale ; (4)L’accompagnement et
encadrement des femmes et filles en groupements, renforcement de leurs capacités en
éducation financière et leur connexion aux Institutions de Micro Finances (IMF) ; (5)
L’amélioration de l’accès et de contrôle des femmes aux facteurs de production et le
développement des foyers améliorés en créant des centres pilotes de renforcement de
capacités, d’incubation et de test pour les initiatives de développement de technologie
d’efficacité énergétique ; (6)L’élaboration d’un programme d’autonomisation des femmes et
formation des filles et des femmes regroupées en associations sur les techniques de
l’augmentation de la production, de conservation, de la commercialisation et de la
transformation des produits agro-alimentaires. Une grande importance est aussi attachée au
(7) développement de l’entrepreneuriat féminin et à l’encadrement des femmes et filles du
secteur informel; (8) La multiplication des séances de sensibilisation en direction des leaders
d’opinion pour soutenir le quota et la participation équitable des femmes et des hommes dans
tous les secteurs et à tous les niveaux ; (9) La formation des responsables des partis politiques
au niveau national et provincial et les femmes leaders au sein de ces derniers sur le genre et
l’intégration du genre dans la gestion et le travail des partis politiques, la Résolution 1325 et
les enjeux de la participation des femmes dans les instances de prise de décision ; (10) La
mobilisation des femmes à participer aux processus électoraux en tant que candidates et
électrices et à tous les niveaux ; (11) L’accompagnement et renforcement des capacités des
femmes et filles élues dans l’exercice de leur mandat ; (12)En matière de protection sociale, il
faut des mesures d’accompagnement qui mettront l’accent sur le renforcement des
comportements liés à la nutrition et au développement de jeunes enfants.
Ces mesures pourront beaucoup contribuer à la lutte contre la malnutrition au Burundi où,
parmi les ménages au même niveau de pauvreté, les attitudes, connaissances et
comportements des mères jouent un rôle déterminant pour l’état de santé et le bien-être de
jeunes enfants ; (13)Concevoir et exécuter la politique nationale en matière de transports, des
bâtiments publics et d’infrastructures routières et assurer la protection civile, notamment par
la prévention et le secours public en cas de risque naturel ou autre cataclysme ; (14)
Contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des populations en milieu rural ; (15)
Promouvoir et encadrer le mouvement coopératif et faire exécuter les travaux d’utilité
publique dans les domaines des infrastructures et équipements collectifs tout en maximisant
les effets sur l’emploi des populations cibles; (16)Elaborer les stratégies pour réduire le
pourcentage de la population qui n’a pas accès à un approvisionnement en eau potable ni à
des services d’assainissement de base ; (17)Mettre en place des politiques d’adaptation aux
changements climatiques en collaboration avec les autres services techniques concernés et
gérer un régime d’assurance maladie institué en faveur des travailleurs du secteur privé ; (18)
Veiller à la sécurité alimentaire de la population par la promotion des cultures vivrières et des
productions animales ; (19) Concevoir une politique visant l’achèvement de l’enseignement
primaire pour tous les enfants en âge de scolarisation et en assurer sa mise en pratique; (20)
Promouvoir le développement de l’enseignement préscolaire, de base et secondaire, et
l’alphabétisation des adultes ; (21) Coordonner les actions de promotion de la santé de
prévention et de prise en charge médicale et psychosociale ; (22) Mettre en place une
commission permanente chargée de veiller à la mise en application de toutes les lois et
politiques adoptées par le gouvernement pour renforcer les droits des femmes et des jeunes
filles. Dans le domaine du partenariat, le Gouvernement du Burundi a signé avec les agences
des Nations Unies (ONU FEMMES, UNFPA, UNICEF et PNUD), un accord pour
l’exécution du programme conjoint de lutte contre les VSBG couvrant la période de 2014 à
2016. Le FIDA appui les CDFC des zones d’actions des projets qu’il finance dans la lutte
contre les VBG.
Avec 12.5 millions d'habitants (2021), dont 50.6% de femmes et 52.5% en 2023, le
Burundi est l'un des pays à plus haute densité de population avec un ratio de densité de
442hab/km2. La croissance économique du Burundi reste faible et soumise à des chocs. La
croissance du PIB est projetée à 2,9 % en 2023 contre 1,8 % en 2022, tirée par l'agriculture et
les services. Le Burundi est le pays le plus pauvre au monde, avec 87 % de la population
vivant avec moins de 1,9 USD/jour selon la Banque mondiale et un PIB par habitant de 309,1
USD en 2022 selon le FMI, contre 274,0 USD en 2021. En 2023, l’Éthiopie a présenté
un PIB croissant de 5,8 % contre 6,2 % en début d’année 2024, tiré par le secteur industriel, la
consommation des ménages et l'investissement. Le PIB par habitant étant un indicateur
économique qui correspond à la valeur du PIB divisée par la population d'un pays, le
Luxembourg, l'Irlande et la Suisse comptaient le PIB par habitant le plus élevé au monde en
2023. À titre de comparaison, le Nigeria, considéré comme le pays d'Afrique le plus riche, est classé au
31eme rang des pays les plus riches du monde. La France occupe le 7eme rang mondial avec un PIB estimé
à 2 780 milliards de dollars. Ces sont ses manquements qui ont fait appel à notre étude pour enfin
tenter à identifier les déterminants de l’inclusion financière de la femme burundaise issues des
textes juridiques.

CADRE METHODOLOGIQUE
La méthodologie utilisée dans cet article consiste en une revue de la littérature sur les
politiques et programmes de l'inclusion financière au Burundi. Elle inspire aussi une analyse
théorique et conceptuelle de la pensée de l'inclusion financière, de son importance dans la
société, ainsi que des différentes approches et perspectives théoriques qui y sont associées.
Cette étude se base sur des données qualitatives et quantitatives disponibles dans les rapports
officiels, les publications universitaires et les recherches menées par des organisations
gouvernementales et non gouvernementales. La démarche vise à favoriser l'inclusion
financière des populations, c'est-à-dire l'accès et l'usage par ces populations exclues de
services financiers fournis par des intermédiaires financiers formels : banques, coopératives
financières, institutions de microfinance. Pour comprendre cette problématique, il est
important de commencer par définission le concept d'exclusion financière qui en est l'opposé.
Nous verrons dans cet article l'inclusion financière effective des femmes. Nous verrons
comment l'inclusion financière est devenue un concept universel qui concerne tous les pays et
toutes les populations. Ensuite nous examinerons l'évolution de ce concept. Enfin, nous
verrons pourquoi il est important de résoudre le problème de l'exclusion financière pour
garantir une société plus juste et plus inclusive.

RESULTATS

PIB PAR FEMME AU BURUNDI


L’inclusion financière des femmes au Burundi est un sujet d’une importance capitale
pour le développement économique et social. Voici quelques éléments théoriques
liés à ce domaine :
1. Cadres Réglementaires : Les lois et régulations jouent un rôle essentiel dans la
promotion de l’inclusion financière des femmes. Ils créent un espace pour
les services financiers numériques dont les femmes ont besoin, tout en assurant la
sécurité du système.
2. Taux d’Inclusion Financière :
o Selon une étude de la Banque Mondiale, le taux d’inclusion financière des
femmes au Burundi est encore faible, malgré les efforts déployés pour garantir aux
femmes l’accès aux services financiers.
o Actuellement, environ 4 % des femmes ont accès aux services bancaires et aux
microfinances. Cependant, avec le développement de la digitalisation financière,
environ 30 % des femmes ont accès à l’argent mobile.
3. Données Essentielles :
o Titulaires de Comptes : Le pourcentage d’adultes âgés de 15 ans et plus ayant un
compte dans une institution financière ou via un fournisseur de mobile money est
un indicateur important. Cela permet de mesurer l’inclusion financière. Les données
régionales excluent les économies à revenu élevé.
o Écart entre les Sexes des Titulaires de Comptes : Cet indicateur mesure la disparité
entre les hommes et les femmes en matière d’inclusion financière. Les données
régionales excluent également les économies à revenu élevé.

En somme, il est crucial de continuer à travailler sur des politiques et des mesures
concrètes pour améliorer l’inclusion financière des femmes au Burundi. Cela
contribuera à renforcer leur autonomie économique et à favoriser le bien-être des
ménages dans le pays.

Discussion
L’objectif principal du Plan National de Développement (PND) 2018-2023
est de transformer structurellement l'économie burundaise, pour une
croissance forte, durable, résiliente et inclusive, créatrice d'emplois décents
pour tous et induisant l'amélioration du bien-être social. Le programme
national de consolidation de la paix a été développé en 2020 pour
opérationnaliser le PND. Ce programme sert de référence pour toutes les
stratégies d’intervention et d’actions visant la promotion de la croissance
économique, le relèvement communautaire, la réinsertion et réinstallation
durable et inclusive des personnes déplacées au Burundi.
Discussion
Plusieurs études ont démontré l’impact de l’inclusion financière sur la croissance
économique, le développement financier, l’inclusion sociale et économique, chose qui
montre que l’exclusion financière peut être considérée comme un dysfonctionnement de
l'activité économique, qui devrait avoir pour objectif de garantir le "bien-être humain"
(Perroux cité par Savall et al., 2015). Pour Obstfeld (1994), l'inclusion financière peut être
un moteur de la croissance économique en améliorant la répartition des fonds en
diversifiant les risques. Dabla-Norris et al. (2015) et Sahay et al. (2015) ne considèrent
que l'inclusion financière impacte la croissance à travers des voies similaires à celles du
développement financier, en conduisant à une augmentation des niveaux d'épargne et de
crédit. Andrianaivo et Kpodar (2011) ont étudié la relation entre l'inclusion financière et la
croissance économique, et ont constaté un impact positif et significatif sur la croissance,
même résultat constaté par Kouet (2021) dans son étude de l’impact de l’inclusion
financière des individus et des entreprises sur la croissance économique en Côte d’Ivoire.
En outre, leurs résultats ont révélé qu’un secteur financier performant peut avoir une
influence bénéfique sur la croissance économique. De même, Wong et al (2015) ont
également démontré un effet positif sur la croissance économique des pays en
développement. L'analyse de Kim et al. (2017) auprès d'un échantillon de 55 pays de
l'Organisation de la Coopération Islamique (OCI) durant la période 1990-2013 a révélé
une corrélation positive entre l'inclusion financière et la croissance économique. Les
résultats ont également conclu que le niveau élevé d'inclusion financière est un élément
clé pour stimuler la croissance. De plus, l'étude de Kim (2004-2011) auprès des pays de
l'Union européenne et de l'OCDE a également confirmé l'impact positif de l'inclusion
financière sur la croissance. Une étude récente de Sethi et Acharyaa (2018) auprès de 31
pays a abouti aux mêmes résultats. Abor et coll. (2018) ont examiné l'effet de l'inclusion
financière sur la croissance inclusive au Ghana à partir d'une enquête auprès d'un large
échantillon de ménages. Ils ont découvert que l'inclusion financière réduit
considérablement les chances d'un ménage de tomber dans la pauvreté et augmente la
consommation des ménages par habitant. Cabeza-Garcia et ses collaborateurs (2019) ont
étudié l'incidence de l'inclusion financière des femmes sur le développement économique
inclusif et ont constaté que l'augmentation de l'inclusion financière des femmes a un
impact positif sur la croissance inclusive. Les travaux de Kapur (1976), Vogel et Buser
(1976), Galbis (1977) et Mathieson (1979) sur le concept de libéralisation financière, puis
ceux de Roubini et Sala-i-Martin (1992), King et Levine (1993) ont défendu la thèse selon
laquelle un système financier inclusif peut contribuer positivement à la croissance
économique en utilisant des techniques statistiques telles que les moindres carrés
ordinaires, l'effet fixe et l'effet aléatoire. Cependant, selon Rancière et al. (2006), la
libéralisation financière peut à la fois renforcer le développement financier et entraîner des
crises financières qui peuvent réduire ou annuler son impact positif sur la croissance.
McKinnon (1973) et Shaw (1973) ont prôné la libéralisation financière comme moyen de
lutter contre le sous-développement économique. L'étude de Beck, Levine et Loayza
(2000) montre une corrélation positive et significative entre le développement financier et
la croissance économique. Selon les recherches de Quinn (1997), Mougani (2012) et
Deidda et Fattouh (2002), il est considéré que la croissance économique est à l'origine du
développement financier plutôt que le contraire. Pour que le système financier ait un
impact positif sur la croissance économique, il doit d'abord atteindre un certain niveau de
développement. Les idées de Keynes (1936), Robinson (1952) et Friedman et Schwartz
(1963) renforcent également l'idée que le développement financier est le résultat de la
croissance économique. Selon l’étude de Zenasni (2014) en utilisant un modèle de
moindres carrés ordinaires avec des effets fixes et aléatoires, l'intégration financière a des
impacts positifs sur la croissance économique dans les pays de l'Union du Maghreb Arabe,
mais ces effets peuvent varier d'un pays à l'autre. Il montre aussi que la libération
financière a un impact positif sur le développement du système bancaire et financier et
peut améliorer la croissance. Selon la Banque mondiale (2018), l'inclusion financière joue
un rôle important dans la réduction de la pauvreté et le développement économique. Elle
permet aux personnes à faible revenu de satisfaire leurs besoins à travers le système
financier formel, de diversifier leurs sources de revenus et d'acquérir une forte culture
d'épargne (Sarma, 2008). L’étude d’Abor et al. (2018), à travers une enquête sur un large
échantillon de ménages au Ghana a révélé que l'inclusion financière peut
significativement réduire la probabilité de la pauvreté et augmenter la consommation par
habitant. De plus, Harley et al. (2017) ont déterminé que les succursales bancaires jouent
un rôle important dans la croissance économique et la réduction de la pauvreté dans les
pays en développement. Selon le rapport du Fonds Monétaire International (FMI) de
2012, l'exclusion du secteur financier formel et la pénurie de produits bancaires peuvent
entraîner la pauvreté chez les populations les plus vulnérables. L'inclusion financière peut
augmenter les revenus des individus, réduire la pauvreté et stimuler la création d'emplois
(Pearce, 2011; Park & Mercado, 2015). L'accès aux services financiers formels tels que
les comptes d'épargne, le crédit, l'assurance et les services de paiement peut améliorer la
vie des personnes et des entreprises en leur permettant de tirer parti de possibilités
commerciales, d'investir dans l'éducation, d'épargner pour la retraite et de se protéger
contre les risques (Demirgüç-Kunt et al, 2008).

Le montant du crédit est égal à 80% du coût global d'acquisition du matériel ; une
participation de 20% à 30% est ainsi exigée au client sous forme de loyers payés d'avance.
Exceptionnellement, le montant du crédit pourra atteindre 100% du coût de l'équipement
sur demande motivée du crédit-preneur.

La recherche montre que l'inclusion financière peut avoir un impact positif sur la croissance
économique, le développement financier et la réduction de la pauvreté et des inégalités
sociales. C'est pourquoi de nombreuses initiatives pour promouvoir l'inclusion financière ont
vu le jour à l'échelle internationale et nationale dans les pays développés et en développement.
L’inclusion financière est l’accès permanent de la population adulte à un ensemble de produits
et services financiers (i) offerts par des institutions financières formelles et pérennes, régies
par une réglementation adéquate, (ii) diversifiés, abordables et adaptés aux besoins de la
population, (iii) utilisés par celle-ci dans le but de contribuer à l’amélioration de ses
conditions de vie socio-économiques.
Les résultats retenus au terme de cette étude, fournissent en quelque sorte une idée sur le
niveau de développement économique et sociale du Burundi. Ainsi les politiques et stratégies
visant à promouvoir l'inclusion financière, doivent se fonder non seulement sur le
renforcement de la concurrence du secteur bancaire pour réduire les coûts, mais également sur
l’utilisation de l’innovation technologique pour surmonter les infrastructures déficientes.
D’ailleurs, le Burundi se démarque des autres pays du monde d’une part par sa faible
bancarisation au sens classique du terme (détention d’un compte bancaire courant) et d’autre
part par sa suprématie dans l’usage du paiement mobile. Dans ce cadre, On suggère que les
politiques gouvernementales visant à promouvoir l'inclusion sociale et l’insertion du secteur
informel dans l’économie formelle peuvent accroître la probabilité d’inclusion financière. De
même que l’incitation des institutions financières et du secteur bancaire à investir dans
l’éducation aura un effet rétroactif positif à long terme sur ces derniers et généralement sur le
financement de l’économie. Il est cependant important d’adapter ces stratégies d’inclusion
financière au contexte de chaque économie et d’améliorer la supervision prudentielle, en
particulier dans les pays dont le développement financier est rapide.

L’inclusion financière des femmes au Burundi est un enjeu majeur car elle a un impact
significatif sur l’accumulation des actifs économiques au sein des ménages et contribue à
l’accroissement du bien-être de ces derniers. Malheureusement, les résultats d’une recherche
récente révèle que les femmes sont souvent minoritaires, voire exclues, des circuits permettant
l’accès aux services financiers. L’inclusion financière englobe l’accès aux services
financiers tels que l’ouverture de comptes et l’accès aux crédits. Selon la recherche, le
taux d’inclusion financière des femmes dans les banques et les Micro-finances est
d’environ 4 %. Notamment, la politique d’égalité femmes-hommes est une
politique publique particulière. Elle intègre des objectifs dans la plupart des politiques
publiques, est transversale et entretient des liens étroits avec le secteur associatif.
Depuis les premières mesures en faveur des droits des femmes il y a un demi-siècle.
La politique d’égalité femmes-hommes a deux principaux objectifs : le correctif et
le transformatif. Le premier objectif est de lutter contre les discriminations envers les
femmes, garantissant l’égalité des droits et l’égalité de traitement. Le second objectif
est de combattre les stéréotypes de genre et de promouvoir une culture d’égalité
pour transformer les rapports sociaux. Ces objectifs sont portés par des institutions
dédiées à l’égalité femmes-hommes depuis les années 1970. Liens avec le secteur
associatif: Pour atteindre ces objectifs, ces institutions collaborent étroitement avec
le secteur associatif. Les associations jouent un rôle financier en déléguant certaines
actions, telles que l’information sur les droits et l’accompagnement des victimes de
violences. Environ 97% du Environ 97 % du programme 137 de la loi de finances
2022 est consacré aux subventions aux associations 1.

En somme, la politique d’égalité femmes-hommes associe des mesures spécifiques


pour les femmes et intègre la prise en compte transversale de l’égalité dans d’autres
politiques publiques, malgré des moyens financiers et humains réduits

Au Burundi, la promotion de l’égalité des sexes et la participation active des


femmes dans les sphères politiques sont soutenues par diverses politiques publiques
et mécanismes. Voici un aperçu de ces initiatives :
1. Quota de 30 % :
o La Constitution du Burundi prévoit un quota de 30 % de femmes dans le
gouvernement, l’Assemblée nationale et le Sénat. L’objectif est de promouvoir la
participation politique des femmes1.
o Depuis 2010, le pays a réalisé des progrès significatifs en termes de représentation
des femmes dans les postes de décision électoraux.
2. Parlement bicaméral :
o Le Parlement burundais est bicaméral, composé de l’Assemblée Nationale et
du Sénat.
o L’Assemblée Nationale, élue au suffrage universel direct, compte actuellement 34
femmes députées sur un total de 106, soit 32 %.
o Le Sénat, élu au suffrage indirect, comprend 19 femmes sénatrices, soit 46,34 % .
2

3. Structures et organes du Parlement :


o Les Bureaux de l’Assemblée Nationale et du Sénat sont composés d’un Président et
de deux Vice-Présidents, respectant les équilibres ethniques et de genre.
o Les Commissions Permanentes ont une double mission : législative et de contrôle
de l’action gouvernementale. Le Sénat veille également à la représentativité ethnique
et de genre.
o Le respect des équilibres en genre s’étend jusqu’à la composition des Commissions
permanentes et de leurs Bureaux2.
4. Rôle vital des femmes :
o La présence des femmes dans les sphères de prise de décisions est capitale.
o Leur rôle dans la promotion et le renforcement de la démocratie au Burundi doit
être reconnu3.

En somme, le Burundi met en œuvre des politiques et des mécanismes pour favoriser
la participation active des femmes dans la vie politique et institutionnelle, malgré les
défis persistant

Conclusion
L'un des principaux objectifs des acteurs politiques, tant dans les pays en développement
que dans les pays développés, est de parvenir à une croissance inclusive. Les services
financiers ont été reconnus comme l'un des services fondamentaux ayant le potentiel
d'atteindre cet objectif et de contribuer au bien-être des individus dans une société plus
équitable. La corrélation entre l'intermédiation financière et le bien-être des personnes
dépend du niveau d'inclusion financière de ces dernières (Saab, 2018). Le concept de
l’inclusion financière a acquis de multiples sens, un concept universel que chaque
organisme l'a défini selon son point de vue. D'un point de vue capacité d'accès avec un
coût raisonnable, d'autres la considèrent comme le fait d'élargir l'accès aux plus grand
nombre d'individus, tant pour d'autres, l'inclusion financière et de garantir un accès
durable et adéquate aux besoins des individus et des entreprises. A la lumière des
différents points exposés dans cet article, il est possible de déduire que l'inclusion
financière est considérée comme un phénomène complexe et multidimensionnel
nécessitant des initiatives gouvernementales pour développer des stratégies visant à
favoriser une inclusion financière efficace et équitable. La question de l'inclusion
financière gagne de plus en plus d'attention de la part de chercheurs, de responsables
politiques et d'autres acteurs du secteur financier.
L'inclusion financière est aussi parmi les objectifs de l’Organisation des Nations Unies. En
mai 2013, le Secrétaire général de l'ONU a formulé des recommandations pour les objectifs
de développement des Nations Unies, considérant l'accès universel aux services financiers
comme un élément clé pour la création d'emplois et une croissance équitable. L'évolution du
concept d'inclusion financière a également été influencée par les avancées technologiques.
Les services financiers mobiles et les plateformes en ligne ont rendu possible l'accès aux
services financiers pour des populations qui étaient auparavant exclus. Les services financiers
digitaux ont également ouvert la voie à de nouveaux types de services financiers, tels que les
microcrédits et les transferts d'argent, qui ont permis aux populations les plus défavorisées
d'accéder à des services financiers. Il est important de noter que le concept d'inclusion
financière ne se limite pas à l'accès aux services financiers. Il englobe également l'éducation
financière, qui permet aux populations les plus défavorisées de comprendre les produits
financiers et de les utiliser de manière efficace. L'éducation financière est considérée comme
un élément clé pour promouvoir l'inclusion financière, car elle permet aux populations les
plus défavorisées de comprendre les risques et les avantages des produits financiers, et de les
utiliser de manière responsable.

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

L’inclusion financière est considérée come un indice d’inclusion sociale, pourtant le nombre
d’études mettant l’accent sur ses déterminants reste limité, et ne prend en considération que
les facteurs caractérisant les populations sans tenir compte d’autres éléments importants. Les
résultats retenus au terme de cette étude, fournissent en quelque sorte une idée sur le niveau
de développement économique et sociale du Burundi. Ainsi les politiques et stratégies visant à
promouvoir l'inclusion financière, doivent se fonder non seulement sur le renforcement de la
concurrence du secteur bancaire pour réduire les coûts, mais également sur l’utilisation de
l’innovation technologique pour surmonter les infrastructures déficientes
financière dans la province de Cibitoke à partir d’un échantillon de 1012 individus
clients des institutions de microfinance. **

Dividende démographique : une opportunité pour le


développement durable au Burundi
37 La transition démographique est perçue comme un changement de la structure de
population impliquant le passage d’une situation de forts taux de natalité et de mortalité à un
régime de faibles taux de natalité et de mortalité (Bloom, 2016). Le dividende démographique
décrit l’interaction entre l’évolution de la structure par âge d’une population, en raison de la
transition démographique, et la croissance économique rapide. Celle-ci est acquise dans un
État où la structure de la population active (de 15 à 64 ans) est supérieure à la population
dépendante. Le concept de dividende démographique a été introduit à la fin des années 90
pour décrire l’interaction entre l’évolution de la structure de la population et la croissance
économique rapide en Asie de l’Est (Bloom et Williamson, 1998 ; Bloom, Canning et
Malaney, 2000). Dans cette perception initiale, le dividende démographique caractérise les
effets de l’évolution de la structure par âge sur l’offre de main-d’œuvre. Il puise ses sources
dans la dynamique de population observée en démographie et décrit le phénomène de nature
transitoire dont dispose un pays qui amorce et suit la trajectoire de sa transition
démographique (un nombre maximum de jeunes adultes, et relativement peu d’enfants et de
personnes âgées). Le dividende démographique représente donc une promesse de gain en
croissance économique et en richesse pour un pays, provenant d’une main d’œuvre abondante
et productive par rapport à la population dépendante. Pour que le dividende démographique se
réalise, il est indispensable que s’opère une transition démographique37 qui s’accompagne
d’un développement inclusif. Au Burundi qui dispose d’une population totale estimée à
11,215 millions à mi-2016, la densité de la population est la 3e plus élevée d’Afrique. Elle est
passée à 403 habitants au km² en 2016 et la population du pays continue de s’accroître
d’environ 2 800 00 personnes par an, soit à un rythme croissance annuelle de 2,6 %
(ISTEEBU-UNFPA, 2017). La description de la structure par âge de cette population révèle
que 51,82 % de la population totale est potentiellement active (âgée de 15 à 64 ans), tandis
que la population dépendante (toutes catégories confondues) représentait environ 48,18 % en
2016 (les 0-14 ans sont à 45,61 % et les 65 ans et plus sont à 2,57%). Avec des taux de
natalité et de mortalité infantile respectifs de 41,7 ‰ et 60,4 ‰ ; un indice de fécondité à
6,04 enfants par femme, une baisse de la mortalité infantile, suivie de la baisse de la
fécondité, devrait représenter une opportunité indéniable pour le développement durable de ce
pays (ISTEEBU-UNFPA, 2017). Sur le plan économique et social, le PIB par habitant du
Burundi en 2017 est de 213 dollars américains (Banque mondiale, 2018), pour plus de 64,6 %
de la population vivant avec un revenu en-dessous du seuil de pauvreté de 1,90 dollar
américain par jour (ECVMB, 2014). Pour permettre au Burundi de tirer un meilleur parti de sa
situation socio-économique et démographique, il est impératif que les décideurs implémentent
et mettent en œuvre des politiques adaptées à cette dynamique de la population qui permettent
à terme de transformer les opportunités de changements démographiques offertes en facteurs
de développement durable pour le Burundi. Pour y parvenir, la démarche adoptée dans ce
chapitre nous amènera à présenter dans un premier temps les mécanismes autour de la
transition démographique en relation avec le concept de dividende démographique ; puis dans
un second temps, il sera question d’analyser la dynamique de population au Burundi. Le
chapitre s’achèvera par la présentation des enjeux en matière de développement humain
durable au Burundi.

La littérature récente a mis en évidence un grand nombre de facteurs explicatifs qui peuvent
être classés en trois catégories : les facteurs d'offre, les facteurs de demande et les facteurs
institutionnels non spécifiques au secteur financier.
Ces indicateurs couvrent trois (3) des quatre (4) dimensions de l'inclusion financière, à
savoir "l'accès", "l'utilisation" et "la qualité". Cette dernière dimension est appréhendée dans
l'Union, à travers l'accessibilité-prix des services financiers.
Le chômage qui, au sens strict, est plus urbain que rural à l’ordre de 7,3% contre 0,4% et
touche également les gens les plus instruits (9,2%) alors qu’il est 1,1% au niveau national.
L’analyse de la pauvreté monétaire et des privations de l’enfant au Burundi s’inscrit dans le
cadre des analyses thématiques planifiées par l’Institut National de la Statistique du Burundi
(INSBU) suite à la réalisation de l’enquête intégrée sur les conditions de vie des ménages au
Burundi de 2019/2020 (EICVMB 2019/2020) affirmant une pauvreté de plus de 43% après
analyse des résultats de l’enquête. L'analphabétisme et le sous-emploi font partie des facteurs
majeurs de la pauvreté. Cependant, il existe des disparités selon le milieu, le niveau
d'instruction, l'âge et le sexe. En considérant la pauvreté non monétaire, les résultats de
l'enquête montrent que 53,1% de la population sont pauvres. La pauvreté peut avoir
des conséquences économiques importantes, notamment par une faible croissance
économique : la pauvreté peut freiner la croissance économique, car les populations pauvres
ont moins de pouvoir d'achat pour consommer des biens et des services, ce qui peut réduire la
demande économique globale. L'intégration sociale, la réduction des inégalités, la hausse de la
productivité et un environnement favorable comptent parmi les mesures essentielles à la mise
en place de ces politiques. Cela s’explique par la dette publique qui devrait atteindre 72,7 %
du PIB en 2023, contre 68,4 % du PIB en 2022, engendré par les décaissements dans le cadre
du programme soutenu par la Facilité Élargie de Crédit du FMI

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