Vous êtes sur la page 1sur 6

PROGRAMME THÉMATIQUE DE RECHERCHE : PTR-LSCC – CAMES-

Langues, Sociétés, Cultures et Civilisations (LSCC)

Axe 7 : La problématique du genre dans les processus électoraux

THEME 2019-2021 : CONSIDÉRATIONS SOCIALES, CULTURELLES ET POLITIQUES SUR


LES ÉLECTIONS EN AFRIQUE

1. ARGUMENTAIRE POUR LA RÉDACTION D’UN OUVRAGE COLLECTIF SUR LE


THÈME LA PROBLEMATIQUE DU GENRE DANS LES PROCESSUS ELECTORAUX.
Contexte

Les pays africains ont été marqués au début des années 1990 par une vague de démocratisation
et par l’universalisation du discours démocratique. La réintroduction du multipartisme et des
élections concurrentielles sont très tôt apparues comme des enjeux à l’émergence d’un nouvel
ordre politique et social. Les élections inclusives, transparentes et participatives, où tous ceux
qui en ont le droit ont la possibilité de voter pour choisir leurs représentants élus, sont ancrées
au cœur de la Démocratie (PNUD, 2015). La démocratie apparaît dès lors comme un état social
marqué par un processus d’égalisation des conditions qui comporte une triple
dimension égalitaire : l’égalité des droits, l’égalité des chances et l’égalité culturelle (Alexis de
Tocqueville).

A juste titre, l’égalité est consacrée comme un principe fondamental par l’ensemble des
instruments juridiques internationaux, régionaux, sous régionaux et nationaux promouvant et
protégeant les droits de l’Homme. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée
le 10 décembre 1948 dispose en son article 1er : « tous les êtres humains naissent libres et égaux en
dignité et en droits ». De même, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples
dispose en son article 2 : « toute personne a droit à la jouissance des droits et libertés (…) sans
distinction aucune, notamment (…) de sexe ». Ces droits incluent celui de « participer librement à la
direction des affaires publiques de son pays » (article 13).

Dès lors, l’intégration du genre dans le processus électoral constitue un impératif démocratique
et une démarche visant au respect du droit humain fondamental à l’égalité. Elle vise à s’assurer
de la participation de tous les citoyens, sans discrimination, à un processus qui ne pourrait être
qualifié de démocratique si une partie de la population en était exclue. Cet aspect est d’autant
plus critique que, dans la plupart des sociétés africaines, les femmes représentent plus de la
moitié de la population. L’accès des femmes au monde politique est d’ailleurs prévu par l’ODD
10 (Objectif du Développement Durable) « promouvoir l’égalité entre les hommes et les
femmes».

Cependant, en dépit de l’existence de dispositions règlementaires, législatives, institutionnelles


et structurelles favorables à l’instauration de l’égalité des sexes, de nombreuses inégalités
entravent l’intégration effective du genre dans les processus électoraux en Afrique. Une analyse
diachronique de la participation des femmes en politique montre à cet effet qu’elles ont toujours
été tenues à l’écart des instances du pouvoir. Depuis la démocratisation des pays africains, les
efforts déployés par les politiques et stratégies nationales de même que les mécanismes

1
PROGRAMME THÉMATIQUE DE RECHERCHE : PTR-LSCC – CAMES-

Langues, Sociétés, Cultures et Civilisations (LSCC)

Axe 7 : La problématique du genre dans les processus électoraux

institutionnels et les actions des organisations de la société civile, pour promouvoir le genre
dans le cycle électoral, n’ont eu qu’un impact limité dans la pratique.

Les conceptions « traditionnelles » basées principalement sur le patriarcat relèguent la femme


au second rang et confèrent à l’homme l’autorité et le pouvoir de gérer les affaires publiques et
politiques. La perception différenciée des rôles masculins et féminins et des relations familiales
entre les hommes et les femmes ont entrainé l’infériorisation de la femme.

« La considération de la femme comme une poule non autorisée à chanter comme le fait
le coq au village, appliquée à la sphère politique est non seulement une aberration mais
aussi une évidence que dans les structures patriarcales existantes dans la Sous-Région, la
politique n’est pas une affaire des femmes » (Barhatulirwa, 2013).

Dans un environnement à prédominance masculine, l’engagement politique des femmes


apparaît comme contraire aux bonnes mœurs. L’internalisation de ces conceptions a engendré
des stéréotypes et préjugés qui créent une hiérarchie entre les hommes et les femmes et fondent
les discriminations dont sont victimes les femmes dans les domaines social, économique et
politique.

Dès lors, la sous-représentativité des femmes en politique paraît largement une évidence dans la
plupart des pays africains, la politique étant un univers largement dominé par les hommes. Au-
delà des pesanteurs socioculturelles de cette situation, des obstacles structurels limitent la
participation des femmes à la politique. C’est notamment le cas du fonctionnement des partis
politiques (manque de promotion des candidates, difficulté à obtenir une position éligible), au
système électoral qui limite le renouvellement du personnel politique. En outre, des entraves
économiques et relatives à la prise de décision affectent l’engagement des femmes dans le cycle
électoral. Les femmes ne disposent généralement pas des ressources financières pour payer leur
caution ou leur positionnement sur les listes électorales. De plus, leurs responsabilités familiales
sont incompatibles avec les programmes politiques, et elles ont un moindre accès à l’éducation
et à la formation (Boistard, 2014).

De fait, l’analyse du genre dans une perspective d’intersectionalité croisant (sexe, ethnie, niveau
d’instruction, classe et toutes les autres formes d’appartenance) et de consubstantialité
considérant les faits sociaux et culturels dans leur combinatoire montre que les rapports sociaux
entre les sexes dans les processus électoraux s’articulent avec les structures économiques et
symboliques en insistant sur les permanences structurelles. Les appartenances ethniques,
religieuses, régionales constituent aussi parfois des déterminants majeurs des élections (capacité
de vote, candidature, apport de suffrage) dans certains pays. L’élection présidentielle de 2012 au
Burkina Faso a été marquée par l’exclusion de nombreuses femmes au processus électoral par
défaut de certificat de naissance, les parents ayant l’habitude de ne pas prendre la peine d'en
obtenir pour les filles.

2
PROGRAMME THÉMATIQUE DE RECHERCHE : PTR-LSCC – CAMES-

Langues, Sociétés, Cultures et Civilisations (LSCC)

Axe 7 : La problématique du genre dans les processus électoraux

Dès lors, si l’on considère les élections comme un processus continu comprenant de grands
blocs constitutifs intégrés dans lesquels plusieurs parties prenantes agissent et interagissent
dans le but d’influencer positivement la conduite technique du processus électoral, l’adoption
du principe de l’inclusion s’avère inéluctable pour promouvoir une culture politique favorable à
l’égalité de genre dans le cycle électoral constitué de trois principales phases : la phase
préélectorale, la phase électorale et la phase postélectorale.

L’observance du caractère inclusif des élections dans la perspective du genre peut se faire sous
deux angles. Pour les électeurs, elle implique qu’on accorde une attention aux normes et
pratiques qui affectent l’égalité dans : l’inscription des électeurs, l’accès aux lieux de vote et au
vote. Pour les candidats, elle implique de prêter attention aux normes et pratiques qui affectent
l'équité chez les hommes et la capacité des femmes à se présenter aux élections, y compris : les
systèmes électoraux, les procédures de nomination, les partis politiques, les systèmes de
financements politico-électoraux, l’accès aux médias ; l’identification des gestionnaires du
processus électoral et des opérations de vote y compris les observateurs.

Certes des changements positifs ont été constatés ces dernières années au niveau des normes
culturelles et sociales qui structurent la participation des femmes dans les élections. En 2017, les
statistiques de l’Union interparlementaire (UIP) révèlent que la proportion de femmes occupant
des sièges dans les parlements nationaux dans le monde était de 27,1% contre 23,8% en Afrique.
Dans le but de promouvoir la participation des femmes au processus électoral, plusieurs Etats
ont adopté la discrimination positive basée sur le principe du quota voire même de la parité
homme-femme. Malgré les critiques sur ces mesures, les expériences de ces pays ayant appliqué
le quota montrent que les mesures de discrimination positive sont un levier pour tendre vers
l’idéal qui est la représentation paritaire entre les hommes et les femmes dans les instances de
décision (Attanaso et Onibon Doubogan, 2012).

Le classement mondial de l’ONU Femmes et de l’Union interparlementaire réalisé en 2019


classe ainsi cinq pays africains parmi les 20 meilleurs élèves du monde en matière de
représentation des femmes au Parlement. Il s’agit : du Rwanda (1er), de la Namibie (7ème), de
l’Afrique du Sud (10ème), du Sénégal (11ème), du Mozambique (17ème). En revanche, la
participation des femmes au processus électoral reste très faible dans la plupart des pays
africains. Le Bénin, la Centrafrique, les Comores, l’Eswatini, le Nigéria et le Mali constituent
d’ailleurs les pays du continent noir les moins avancés en la matière dans un contexte où
l’égalité de genre dans les processus électoraux est pourtant présentée comme un impératif
démocratique.

Quelle peut être la contribution du CAMES à la production de connaissances sur la


problématique du genre dans les processus électoraux et le développement de programmes
innovants sur les mécanismes et stratégies d’intégration du genre en politique dans les
contextes spécifiques des pays africains ?

3
PROGRAMME THÉMATIQUE DE RECHERCHE : PTR-LSCC – CAMES-

Langues, Sociétés, Cultures et Civilisations (LSCC)

Axe 7 : La problématique du genre dans les processus électoraux

2. Principaux axes de l’ouvrage collectif

Axe 1 : Contextes socioculturels et stéréotypes sexistes en politique dans les pays africains

Cet axe vise à procéder à un examen historique des rôles joués par les femmes dans les systèmes
politiques classiques d’Afrique et de Madagascar. Il s’agit de mieux comprendre les évolutions et
les mutations présidant au contexte socioculturel actuel et qui influencent la problématique du
genre dans les processus électoraux. En effet, l’entrée des femmes dans les sphères politiques se
heurte à un ensemble de contraintes qui trouvent leurs origines dans les parcours de vie
différentiels entre les hommes et les femmes. En dehors des barrières inhérentes au milieu
politique, les contextes socioculturels sont des terreaux de création, d’éclosion et de maintien des
inégalités dans les arènes politiques. Ces barrières ou contraintes structurelles se retrouvent entre
autres dans les rôles traditionnels dévolus aux filles et aux femmes, les systèmes religieux et
cultuels emprunts de morale et d’interdits, les violences faites aux femmes sous toutes leurs
formes, etc…
Cet axe se propose d’accueillir les contributions qui lèvent un coin de voile sur les contextes
socioculturels spécifiques et les stéréotypes sexistes qu’ils engendrent dans l’arène politique
comme frein structurel à l’émergence d’une classe politique féminine : déconstruction des
rapports politiques, sexisme du discours électoral, représentations imagées de la femme sur les
affiches de campagne, les logos et leur évolution au fil du temps. Enfin cet axe examine les leviers
que peuvent constituer ce même contexte pour une inclusion plus égalitaire des femmes dans les
instances de décision politique

Axe 2 : Justice de genre, et inégalités entre les sexes dans les processus électoraux en Afrique
Les processus électoraux sont empreints de régimes de privilèges et d’exclusion révélant ainsi les
rapports sociopolitiques inégalitaires entre hommes et femmes. La configuration féminine dans les
processus électoraux est surtout visible à travers son rôle d’électrice. Les rôles réels qu’elles jouent
dans ce processus s’appréhendent lors de la campagne électorale soit dans le discours des politiciens
candidats soit en tant que mobilisatrices des autres femmes. Sur les listes électorales, elles sont
souvent des figurantes ou des suppléantes. En ce qui concerne les instances de gestion et de contrôle
des opérations de votes, elles sont également absentes. Elles sont donc instrumentalisées et exploitées
pour la conquête du pouvoir au profit des hommes. Face à ce tableau, des stratégies et des politiques
sont mises en place pour permettre une plus grande inclusion des femmes dans les processus
électoraux notamment les recours au système de quota pour asseoir une justice de genre.
Malheureusement ces stratégies se concentrent sur les inégalités de représentation et taisent les autres
formes d’inégalités. Quel est l’état des lieux de la participation des femmes dans les processus
électoraux ? Quelles actions stratégiques intégrées pour une participation effective des femmes à la
vie politique en général et aux actions/activités électorales en particulier ?
Cet axe veut mettre en lumière la manifestation de toutes les inégalités de genre dans les processus
électoraux ainsi que les comportements électoraux des femmes qui de plus en plus se caractérisent
par un fort absentéisme involontaire ou volontaire dans tout le processus ; les différentes mesures

4
PROGRAMME THÉMATIQUE DE RECHERCHE : PTR-LSCC – CAMES-

Langues, Sociétés, Cultures et Civilisations (LSCC)

Axe 7 : La problématique du genre dans les processus électoraux

incitatives y compris le système de quota mis en place par les partis politiques, les parlements,
gouvernants et les organisations internationales pour plus de justice de genre dans les processus
électoraux en Afrique ; l’analyse critique de ces mesures incitatives et leur capacité/impact pour
l’avènement d’une classe politique féminine qui en retour favorise plus d’inclusion ainsi que
l’analyse des cadres juridiques en faveur de la justice de genre dans les processus électoraux.
Axe 3 : Processus électoraux inclusifs : leçons apprises de trois décennies de militantisme

Après l’analyse de la problématique de la justice de genre et des inégalités hommes/femmes dans les
processus électoraux, cet axe focalise sur deux thématiques. La première est celle de l’équité et
l’égalité de tous/tes les citoyen.nes quant à la participation politique aux processus électoraux. Dans
cette optique, l’axe se consacrera à la participation inclusive des citoyen.nes aux élections,
notamment, dans chaque contexte et selon les diverses composantes sociales en interaction.

La seconde thématique est une invite au bilan et à la capitalisation des actions des femmes et des
hommes, des institutions, des gouvernants et des associations pour des processus électoraux plus
inclusifs en Afrique. Il veut offrir l’occasion aux chercheurs d’analyser et d’identifier les actions
qui ont marché dans des contextes avec des configurations d’acteurs spécifiques et les conditions
de mise à l’échelle. Cet axe s’attachera aussi à l’historiographie des actions en faveur de
l’égalité de genre dans les processus électoraux ; C’est ici aussi le lieu de questionner
l’intersectionalité dans le processus électoral où les femmes d’une certaine classe sociales,
professionnelles, politiques et économiques sont plus ou moins concernées que d’autres quant
aux actions en faveur de l’inclusion.

3. Modalités de soumission

Les propositions de résumés d’articles comporteront les éléments suivants :


 Nom et prénoms, adresse électronique du ou des auteurs ;
 Statut professionnel, institution(s) de rattachement de l'auteur / des auteurs ;
 Résumé de l’article : 300 mots maximum en français ou en anglais qui met en évidence la
problématique, l’approche méthodologique et les principaux résultats;
 Cinq (05) mots-clés au maximum.
Normes de rédaction

 Interligne : 1
 Police : Times New Roman
 Taille 12
Les propositions de résumés de contribution doivent être envoyées aux adresses suivantes :
yvette.onibon@gmail.com, tassoflorent@gmail.com.

5
PROGRAMME THÉMATIQUE DE RECHERCHE : PTR-LSCC – CAMES-

Langues, Sociétés, Cultures et Civilisations (LSCC)

Axe 7 : La problématique du genre dans les processus électoraux

Dates importantes

 15 juillet 2020 : date limite de réception des propositions de résumés de contributions ;


 30 juillet : avis du comité scientifique sur l’acceptation des résumés proposés et envoi des
consignes de rédaction des articles ;
 15 octobre 2020 : date butoir pour l’envoi des contributions intégrales ;
 30 novembre 2020 : retour des évaluations des articles ;
 15 décembre 2020 : deadline pour l’envoi des contributions intégrales selon les normes
éditoriales de l’ouvrage ;
 2021 : publication de l’ouvrage.

Pour plus d’informations, contacter Dr Florent Tasso : tassoflorent@gmail.com ; (+229) 96562003

Directrice de publication :
- Dr (MC) ONIBON DOUBOGAN Yvette, Université de Parakou, Bénin, Responsable de l’axe
Comité scientifique
AMADOU Sanni Mouftaou, Professeur titulaire, Université de Parakou, Bénin
BADINI Kinda, Professeur titulaire, Université Joseph ki Zerbo, Burkina Faso
DIOP Fatou, Maitre de conférences, Université Gaston Berger, Saint Louis, Sénégal
KAKAI Hygin, Maitre de conférences agrégé, Université d’Abomey-Calavi, Bénin
KOFFIE BIKPO Céline, Professeur titulaire, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
KOLA Edinam, Professeur titulaire, Université de Lomé, Togo ;
KOUADIO Anne Marilyse Maitre de conférences, Ecole Normale Supérieure d’Abidjan, Côte d’Ivoire.
LEZOU KOFFI Aimée-Danielle, Professeur titulaire, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
ONIBON DOUBOGAN Yvette, Maître de conférences, Université de Parakou, Bénin
OUASSA KOUARO Monique, Maître de conférences, Université d’Abomey-Calavi, Bénin
ROUAMBA Valérie, Maître de conférences, Université Joseph ki Zerbo, Burkina Faso.

Vous aimerez peut-être aussi