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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie


Département Sociologie

MEMOIRE DE MAITRISE
Second Cycle

IMPACT DE LA DEMOCRATIE REPUBLICAINE SUR LES


VALEURS MALGACHES
ENQUETE AUPRES DE LA POPULATION DE LA CITÉ UNIVERSITAIRE
D’ANKATSO I

Présentée par : RANDRIAMBOLOLONA Noro Nandrianina


Membres du jury :
Président : Monsieur RAJAOSON François, professeur titulaire
Juge : Monsieur RASOLO André, Maître de conférences
Encadreur : Monsieur RASOLOMANANA Denis, Maitre de conférences

Année universitaire : 2010-2011


2010
Date de soutenance : 31 Juillet 2012
IMPACT DE LA DEMOCRATIE
REPUBLICAINE SUR LES VALEURS
MALGACHES
Remerciement:
Ce petit volume de mémoire de maitrise est le fruit non seulement de ma recherche, il est
effectivement le fruit d’aides, de conseils, et de soutiens de plusieurs personnes. Et je remercie
vivement tout d’abord :
• Dieu qui m’a donnée force et courage,
• Monsieur Denis RASOLOMANANA, mon encadreur qui a corrigé mes travaux et m’a fait
profiter de ses expériences,
• A mon ami pour les aides qu’il m’a offertes,
• A ma famille qui m’a soutenue,
• A tous ceux qui ont participé de près ou de loin à la réalisation de cet ouvrage.
Sommaire
Introduction générale
Partie I : présentation des outils et du terrain
Chapitre I : cadre théorique
Chapitre II : état de la démocratie à Madagascar
Chapitre III : présentation du terrain
Partie II : enquête sur la pratique de la démocratie
Chapitre IV: résultats de l’enquête
Chapitre V: pratique de la démocratie à Madagascar
Partie III : analyses et prospectives
Chapitre VI : analyses
Chapitre VII: les prospectives
Conclusion générale
Bibliographie
Table des matières
Annexes
Liste des tableaux
Liste des acronymes
Résumé
1

INTRODUCTION

A-GENERALITES

Les changements politiques qui sont survenus dans de nombreux pays d’Afrique noire, suite à
la «nouvelle indépendance» des années 1990 suscitent toujours beaucoup d’interrogations. Le
mouvement de transition démocratique fût perçu positivement par les experts internationaux à la
recherche de résultats lorsque le processus électoral semblait s’être déroulé raisonnablement comme
ce fût le cas à Madagascar ou encore en Afrique du Sud.
Cette lame de fond qui a poussé tous les pays d’Afrique noire et du Sud-ouest de l’Océan Indien à
des changements politiques devait déboucher sur l’instauration d’un nouveau système politique qui
était cause d’un espoir de mieux-être pour les classes moyennes paupérisées et aux couches sociales
les plus défavorisées. On se rend compte aujourd’hui que l’économie n’a pas suivi le politique ; de
plus, les conséquences économiques inhérentes à l’étirement des situations de crises liées au
processus de transition ne peuvent favoriser le développement d’un simple coup de baguette
magique. Les mentalités africaines et malgaches sont là pour démontrer que la démocratisation des
sociétés et Etat ne peut se réaliser suivant un schéma stéréotypé.
Les crises que Madagascar a connues ont permis de mettre en place un système politique complexe
calqué de prime abord sur le régime parlementaire c'est-à-dire un équilibre entre les pouvoirs du
parlement et du gouvernement où cependant les jeux du pouvoir s’éclairent dans un rapport de forces
entre plusieurs groupes politiques formant la « classe politique »au sens traditionnel du terme, elle-
même enrichie des nouveaux éléments issus de la société civile. À vrai dire la clef de la réussite du
processus de transition démocratique à Madagascar, hormis le fait que ce pays renferme des
mentalités propres, repose essentiellement sur la pérennité de la classe politique formée au
ème
XIX siècle à partir de la constitution du royaume merina.

En outre, nous sommes de plus en plus convaincus que la mise en place d’un système
politique reposant sur les principes fondamentaux de la démocratie libérale présente des problèmes
dans un grand nombre de pays du Sud. La démocratie majoritaire des pays de l’Occident s’avère
actuellement inapplicable dans les situations politiques des pays comme Madagascar, car, elle peut
subir une dérive totalitaire par son inertie face à des mentalités spécifique. S’il est de règle
qu’elle accepte le principe du pluralisme politique ou multipartisme, elle se doit d’être à la fois
participative et consensuelle, l’Etat devant simplement jouer un rôle de régulateur. Cela implique
nécessairement la participation des minorités politique et/ou ethnique au pouvoir. Par conséquent la
vie politico-administrative de l’Etat moderne en Afrique noire doit dépasser le cadre institutionnel
proprement dit. Elle se charge forcement des constances politiques traditionnelles. Il serait donc
absurde de ne voir à travers l’idée démocratique en Afrique et à Madagascar qu’un seul modèle,
qu’une seule manière de penser la démocratie. Et puis comme l’a très bien dit Georges Burdeau, la
démocratie est aujourd’hui «une philosophie, une manière de vivre, une religion et presque
accessoirement, une forme de gouvernement».
2

Présentement, les coopérations multilatérales et bilatérales ne savent plus à quel saint se vouer
en matière de développement. Depuis que de nouvelles directives des principaux bailleurs de fonds
ont insufflé une nouvelle donne en matière politique, à l’instar du discours de La Baule pour la
France «il n’y a pas de démocratie sans développement, et l’inverse est aussi vrai, il n’y a pas
de développement sans démocratie » ;style de la gouvernance par une reforme éducative de
système politique pour les Etats-Unis, les changement politiques survenus dans certains pays
semblent s’inscrire en fait dans des logiques de mentalités politiques très variables.
Jusqu'à présent, les études de cas concernant Madagascar par exemple, sont soit beaucoup trop
fragmentaires, soit très stéréotypées pour qu’on puisse tirer une conclusion sur le diptyque
démocratie et développement et la marge de manœuvre pouvant exister entre ces deux
notions .On sait très bien que la démocratie est apparue dans certains pays à la faveur du
développement, lui- même orchestré par une dictature éclairée.

La démocratie dans le sens occidental du terme repose sur la base de deux principes : celui
de la souveraineté du peuple et celui de la séparation des pouvoirs. Par exemple l’étude des
fondements de la démocratie et notamment de leur mise en œuvre en France, qui remonte d’ailleurs à
la révolution de 1789, et par d’autres régimes politiques les plus significatifs nous permettra en
l’occurrence, d’explorer et d’approfondir les différentes typologies de système politique de notre
monde actuel.
C’est, d’une part, en fonction de la manière dont la souveraineté est exercée (par la nation ou
par le peuple lui-même, au moyen de ses représentants).
C’est, d’autre part, en fonction des degrés de séparation des pouvoirs (exécutif ou législatif
en particulier) que l’on pourra prendre en compte d’autres classifications (traditionnelles) des
systèmes politique démocratique.
Depuis son invention, la démocratie est le seul système socioculturel et politique qui pose
comme principe et projet renouvelé et élargi à des sphères nouvelles de la vie en société, l’égalité de
tous et leur participation égale à la vie publique et au partage de la richesse de la cité. Elle est
solidaire des significations et des pratiques sociales telles que le bonheur de tous et l’intérêt général,
et la loi qui est censée l’assurer.
Le choix fut ingénieux d’éclairer le terme « démocratie » à la lumière des trois mots d’ordre de
la révolution française : liberté, égalité, fraternité, « trois socles qui ne sont pas complémentaire
entre eux-mêmes »mais sans lequel on s’éloigne de la démocratie, le sentiment pour chacun d’être
autonome, d’être reconnu et de pouvoir contribuer avec les autres, et autant qu’il le désire, à la vie
collective. Cette approche a permis de renouer avec les moments forts d’un débat qui traverse
l’histoire occidentale ,en amont et en aval de la Révolution française ainsi qu’avec des figures aussi
emblématiques que Grotius ,Hobbes, Locke, Montesquieu, Rousseau, Comte, Tocqueville, les
Utopistes, Marx ,…qui ont pensé le politique comme une sphère différenciée mais en relation étroite
avec l’économique et le social.
Les politiques de conditionnalité démocratique ont gagné, depuis la fin des années 80.Le
discours sur la vocation universelle du modèle démocratique et de droit de l’homme, profondément
enraciné dans l’histoire occidentale, informe à présent les politiques de coopération au
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développement économique. La démocratie est posée à présent comme une condition de


développement économique. Mais aussi, la démocratie est posée non plus comme un droit
universel mais comme une obligation, au moins par les Etats bénéficiaires de l’aide, plus
particulièrement les états africains.

a) Rubrique épistémologique

L’anthropologie et la sociologie peuvent nous apprendre beaucoup sur la réussite d’un projet
de recherche ; mais pour le cas présent nous recourons à la sociologie et à l’anthropologie politiques
envisageant l’homme sous la forme de l’homo politicus et recherchant les propriétés communes à
toutes les organisations politiques reconnues dans leur diversité historique et géographique, Il s’agit
donc d’étudier le gouvernement des hommes et des institutions qui y servent.

b) Contexte

Le choix du thème repose sur le fait qu’un point de vue sur la démocratie est urgent en ce
moment vu que le pays est dans une ornière et que les élites constituent un potentiel pour solutionner
le problème.

B/ MOTIFS DU CHOIX DU THEME ET DU TERRAIN

Les questions d’éducation, de culture et de religion, d’identité et de besoins humains, de


gouvernance démocratique, de conflits et de cohésion se déploient suivant des modes d’interactions
complexes. La démocratie libérale n’est pas parfaite, elle est d’ailleurs critiquée par de nombreux
penseurs en tant que « dictature de la majorité ». On dit également qu’elle n’est applicable que dans
les pays riches ou dans les pays ayant atteint un certain niveau de développement économique et
culturel. Ainsi, nous trouvons l’importance et l’urgence de nous concentrer et d’avoir une capacité d’
une vision à long terme.
Cette étape préliminaire est indispensable pour notre étude car toutes les recherches qui vont
suivre s’y référeront .Nous ne pouvons pas travailler sur terrain immédiatement, il faut se préparer.
Notre terrain sera désormais la cité universitaires d’Ankatso I où nous rencontrons des spécificités
1
intéressantes puisqu’elle représente une diversité au plan ethnique et régionale , ce qui sera propice à
cet ouvrage .Ainsi, le diptyque « ethnie et démocratie » sera t-il mit en œuvre puisque toutes les
régions de Madagascar y sont représentées.

1
A Madagascar, il existe 18 ethnies dont certaines comportent des sous groupes (voir annexe 02) qui sont répartit dans 22
régions.
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C/ PROBLEMATIQUE

Concernant notre étude, une problématique se pose : «est-il possible, et dans quelle
mesure, d’articuler les valeurs malgaches avec les exigences modernes de la démocratie
libérale ?». Au fil de notre recherche se trouvent les réponses à cette question.

D/ HYPOTHESES

D’emblée, des propositions de réponses à la problématique peuvent être avancées :


 Dans un premier temps, la démocratie imposée par la culture occidentale est un
frein, et parfois un blocage .En effet, elle repose sur un postulat : l’égalitarisme, qui est démenti par
la philosophie des cultures traditionnelles.
 La démocratie telle qu’elle a été appliquée jusqu’ici est l’une des causes de non-
développement de Madagascar
 C’est dans la capitale (Antananarivo) que se concentrent les avantages, lesquels ne
se dispersent pas dans les provinces, ce qui signifie un déséquilibre au profit du groupe «merina»,
donc un déséquilibre régional
 Trop d’analphabètes favorisent le déséquilibre entre les citoyens ce qui freine ainsi
l’égalité et la liberté de tous.
 Osons dire que la mondialisation détruit plus qu’elle ne développe.

E/ OBJECTIFS

De par l’objet de la sociologie, il est question de décrypter les phénomènes, ainsi, nous
n’allons pas nous contenter des connaissances empiriques, mais nous allons fouiller dans le sens
profond de la démocratie et surtout par rapport aux valeurs du patrimoine malgache. L’objectif de cet
ouvrage est de dégager les problématiques significatives, leurs convergences et divergences et de les
éclairer grâce à nos investigations, et nous aurons notre point de vue, qui de toute évidence nous
engage en tant que chercheur.

a) Objectif global
Nous allons voir si la démocratie occidentale est transposable dans un pays pauvre comme
Madagascar, autrement dit nous allons voir si les malgaches peuvent s’adapter à la démocratie
occidentale, ou plutôt nécessite- t- elle certaines conditions.

b) Objectif spécifique
Nous allons dégager les implications de la démocratie sur les quotidiens des malgaches, sur
leurs cultures et mentalités propres, et sur leur adaptation à cette nouvelle exigence occidentale. Nous
allons voir les impacts de l’égalitarisme sur les sociétés claniques toujours à hiérarchie des sociétés
traditionnelles.
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F- METHODOLOGIE

 Méthode
Les méthodes d’investigation sociologique avaient été appliquées à l’occasion de la descente sur
terrain. Notre base est l’anthropologie politique qui tend à fonder une science du politique envisageant
l’homme en tant que homo- politicus et recherchant les propriétés communes dans leur diversité
historique et géographique.il s’agit donc d’étudier les gouvernements des hommes et des
institutions qui y servent. Mais la méthode de l’anthropologie politique est possible dans la mesure où
sa tradition, sa démarche, et son objet lui permettent de s’adapter au changement d’échelle qui
accompagne l’accélération de l’histoire, le rétrécissement de la planète, et l’individualisation des
destins.
Nous allons procéder à notre étude en considération du discours de la Baule « il n’y a pas de
démocratie sans développement et l’inverse est aussi vrai, il n’y a pas de développement sans
démocratie. » Pour Madagascar, un pays pauvre (pas encore un pays en développement mais parmi
les pays les moins avancés), ladite déclaration implique que la démocratie ne peut être possible.

 Technique
1) Echantillonnage

Nous allons reposer notre étude sur une masse d’observation effectuée auprès de la
population de la cité universitaire d’Ankatso I. Nous avons choisi nos enquêtés au hasard, des
universitaires pour la plupart de sexe masculin, de tous les niveaux et de tous les cycles d’études.
Pour l’échantillon, il y aura 80 enquêtés.

2) Technique documentaire

Malgré l’importance de l’observation, elle ne suffit pas. Il faut avoir recours à la


documentation : les ouvrages des experts en la matière, les journaux, les medias sont des outils de
notre documentation. Des ouvrages, journaux, encyclopédies, revues, … seront des outils de
documentation surtout pour le cadre théorique de cet ouvrage. À part ces différentes méthodes et
techniques, nous avons assisté à des conférences organisées par le C.E.D.S (Centre d’Etude
Diplomatique et Stratégique), portant sur des thèmes qui nous sont intéressants pour notre étude.

3) Technique vivante

Afin de fournir des donnés qualitatives et quantitatives pour recueillir des informations
nécessaires à notre recherche, il nous est indispensable de recourir à des techniques et méthodes.
Pour cet ouvrage, une étude comparative qui distinguerait les citoyens analphabètes des zones
rurales et le milieu des intellectuels malgaches s’avère très importante. La sociologie possède des
techniques vivantes bien à jour pour atteindre ses objectifs.
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• Observations
Avant toute recherche, il convient tout d’abord de faire une observation au sein des groupes que
l’on veut étudier.
Il nous est bénéfique de vivre concrètement une observation participante afin de découvrir plus
rapidement l’éventuel problème ; cette technique d’observation nous permettra d’étudier le groupe tel
qu’il est, et peut être à la fin, arriverions-nous à le voir tel qu’il devrait être.

• Entretien
La communication verbale est importante pour recueillir des informations en relation avec le but
fixé. Nous avons parlé avec différentes personnes à titre d’entretien libre ou semi- libre ou encore
entretien directif avec les personnes ciblées.

G/LIMITE DE LA RECHERCHE

Il est à noter que l’échantillonnage ne reflète pas fidèlement les différentes composantes de la
population malgache, quelques représentants des groupes ethniques respectifs ne nous permettent
pas de dire que l’ethnie toute entière en a une conception généralisable.
De plus, des universitaires enquêtés ne reflètent pas l’état de la Démocratie à Madagascar,
compte tenu de la statistique où les universitaires ne représentent que 2% de la population malgache.
Nous aurons dû enquêter des analphabètes dans les bourgs ruraux les plus reculés ; mais cet
ouvrage va nous donner une perception de la démocratie par les « instruits » malgaches.

H) PLAN

Le mémoire comprend 3 parties :


La première partie abordera la présentation générale des outils et du terrain, où le premier chapitre
portera sur les fondements et sources de la démocratie, et dans le deuxième chapitre sera évoqué
l’Etat de la démocratie à Madagascar.
La deuxième partie aura pour objet l’explication de la problématique et la vérification des hypothèses
avancées au début. Ainsi, les chapitres vont parler respectivement de la démocratie par les résultats
de l’enquête, les grands axes de la mise en pratique ; le dernier chapitre va nous dégager un aspect
du problème sur tous les plans
La troisième partie va dégager une approche prospective de la réponse à la problématique, en
considérant des solutions externes et en nous permettant de faire des suggestions personnelles.
 

PARTIE I
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PARTIE I : PRESENTATION DES OUTILS ET DU TERRAIN

Il s’agira d’une synthèse des investigations et activités opérées durant la descente sur terrain.
A travers ces diverses activités, on peut citer les rencontres avec les responsables et les interviews
qui ont été effectués. En tant que données sociologiques, elles prennent en compte la présence de
phénomènes et d’acteurs sociaux, jouant une fonction précise, mais aussi responsable des diverses
interactions.
Le thème du mémoire concerne la démocratie. La première partie se compose de trois
chapitres à savoir le cadre théorique parlant du fondement et de la source de la démocratie à
Madagascar ; ensuite l’état de la démocratie à Madagascar ; enfin la présentation du terrain.

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE

Dans ce chapitre seront dégagés les fondements et les sources de la démocratie qui s’impose
actuellement dans les pays nouvellement indépendants.

SECTION 1 : fondements et sources de la démocratie

Où et comment la démocratie s’est-elle développée ? Un bref rappel historique

Beaucoup pensent que la démocratie a vu le jour il y a deux cents ans aux Etats-Unis.
D’aucuns, n’ignorant pas ses racines dans l’antiquité, affirmeront qu’elle est née dans la Grèce ou
dans la Rome antiques. La démocratie est-elle vraiment aussi vieille que cela ? Où se situent
réellement ses origines, et comment a-t-elle évolué ?
Nous pourrions être tentés d’imaginer que la démocratie n’a cessé de progresser de façon
plus ou moins continue depuis son « invention » dans la Grèce antique et à partir de ce « petit » foyer,
a fait tache d’huile pour gagner aujourd’hui tous les continents et une portion très importante de
l’humanité. C’est là une vision flatteuse des choses, mais elle est fausse pour au moins deux raisons.
Premièrement : comme le sait toute personne informée de l’histoire de l’Europe, quelques
siècles après leur apparition les régimes démocratiques instaurés en Grèce et à Rome ont décliné,
puis disparu. Même en nous montrant très larges dans la définition des régimes qui méritent le
qualificatif de « populaires », « démocratiques » ou « républicains », nous ne pourrions décrire leur
parcours comme une longue et constante ascension vers un lointain sommet, seulement coupée çà et
là de brèves descentes. L’histoire de la démocratie ressemblerait plutôt au cheminement d’un
voyageur traversant une étendue désertique, plate et presque sans fin, coupée de quelques rares
collines, jusqu’à ce que le sentier aborde enfin sa longue montée jusqu’aux sommets qu’il a
aujourd’hui atteints.
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Deuxièmement : on aurait tort de croire que la démocratie a été inventée une fois pour toutes,
comme l’a été, par exemple, la machine à vapeur. Lorsque les ethnologues et les historiens
découvrent que des outils ou des pratiques similaires sont apparus en des lieux et des moments
différents, ils cherchent généralement à savoir comment ces diverses apparitions se sont produites.
Ces outils ou ces pratiques se sont-ils progressivement diffusés à partir de leur lieu d’invention, ou
bien ont-ils été inventés indépendamment par des groupes distincts? II est souvent difficile, voire
impossible, d’apporter une réponse. Il en va de même pour le développement de la démocratie dans
le monde. Dans quelle mesure sa généralisation peut-elle s’expliquer par un simple phénomène de
propagation à partir de sa source originelle, ou peut-on penser qu’elle a été inventée de façon
totalement indépendante en des époques et des lieux différents?
On a la conviction que la démocratie peut être inventée et réinventée dès lors que se trouvent
réunies les conditions appropriées. Et ces conditions ont été réunies, en des lieux et en des moments
différents. De même que la présence simultanée de terre arable et d’un régime de précipitations
adéquat a généralement favorisé le développement de l’agriculture, de même certaines conditions
ont, de tout temps, contribué à l’instauration d’un régime démocratique. C’est ainsi, par exemple, que
des conditions favorables ont probablement permis l’existence d’une certaine forme de démocratie au
sein des sociétés tribales de l’époque préhistorique.

Nous savons cependant que cette longue période de l’histoire humaine s’est à un moment
achevée. Lorsque les êtres humains ont commencé à se fixer pour de longues périodes en un lieu
donné pour former des colonies sédentaires, en s’adonnant essentiellement à l’agriculture et au
commerce, les conditions favorables à la participation populaire au gouvernement mentionnées
précédemment —. Conscience identitaire, faible influence de l’extérieur, sens égalitaire semblent
s’être trouvées plus rarement réunies et certaines formes de hiérarchie et de domination être
devenues plus « naturelles ». Comme conséquence: les gouvernements populaires ont disparu chez
les peuples sédentaires pour plusieurs milliers d’années. Ils ont été remplacés par des régimes
monarchiques, despotiques, aristocratiques ou oligarchiques, tous fondés sur quelque forme de
hiérarchie.
Et puis, aux environs de l’an 500 av. J.-C., les conditions favorables paraissent avoir été de
nouveau réunies, et quelques petits groupes humains ont commencé à développer des systèmes de
gouvernement qui offraient d’assez larges possibilités de participation populaire aux décisions. La
démocratie primitive, pourrait-on dire, a été réinventée sous une forme plus évoluée. C’est en Europe
que se sont produits les développements majeurs, sur le pourtour méditerranéen pour trois d’entre
eux, et en Europe du Nord pour les autres.

DANS LE BASSIN MÉDITERRANÉEN :


C’est dans la Grèce et la Rome antiques, vers 500 av. J.-C., qu’ont été pour la première fois
instaurés des systèmes de gouvernement offrant à un nombre relativement important de citoyens la
possibilité de participer aux décisions, systèmes fondés sur des bases si solides qu’ils ont perduré
pendant plusieurs siècles, moyennant quelques modifications épisodiques.
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La Grèce : La Grèce antique ne constituait pas une nation au sens moderne du terme — un
pays dans lequel tous les Grecs auraient vécu au sein d’un seul et même Etat, sous l’autorité d’un
seul et même gouvernement.
De toutes les démocraties grecques, celle d’Athènes fut de loin la plus importante et reste aujourd’hui
la plus célèbre; elle a exercé une influence sans égale sur la philosophie politique et a souvent été par
la suite citée comme le plus parfait exemple de participation des citoyens au gouvernement de la cité
ou, comme diraient certains, de démocratie participative.
Le gouvernement d’Athènes était complexe, trop complexe pour être décrit ici de façon correcte. Il
avait pour noyau une assemblée à laquelle tous les citoyens avaient le droit de prendre part. Cette
assemblée élisait un petit nombre de hauts responsables — les généraux, par exemple, aussi étrange
que cela puisse nous paraître. Mais le principal moyen de sélection utilisé afin de pourvoir aux autres
charges était un tirage au sort dans lequel tous les citoyens éligibles avaient la même chance d’être
désignés. Selon certaines estimations, tout citoyen ordinaire avait une chance raisonnable d’être
désigné une fois dans sa vie pour occuper la fonction la plus importante au sein du gouvernement de
la cité.
Bien que certaines cités grecques se soient rassemblées pour former des gouvernements
représentatifs rudimentaires, essentiellement en charge de leur défense commune. On sait peu de
chose du mode de fonctionnement de ces systèmes. Ils n’ont pratiquement pas laissé d’empreinte sur
les idées et les pratiques démocratiques et n’ont pas eu pratiquement une influence sur la forme la
plus aboutie de la démocratie représentative. Pas plus que le système athénien de désignation des
citoyens aux charges publiques par tirage au sort n’a jamais été considéré comme une alternative
acceptable à la désignation des représentants du peuple par la voie électorale.
Ainsi les institutions politiques de la démocratie grecque, aussi innovantes qu’elles fussent à
leur époque, ont-elles été ignorées, voire rejetées, lorsque s‘est développée la démocratie
représentative des temps modernes.

Rome : A peu près à l’époque où il était instauré en Grèce, le gouvernement populaire faisait
son apparition sur la péninsule italienne, à Rome. Mais les Romains, eux, donnèrent à leur système le
nom de république, des mots latins res, chose ou affaire, et publica, publique; la république était donc
la chose qui appartenait au public.
Le droit de participer au gouvernement de la république fut au départ réservé aux patriciens,
ou aristocrates. Mais, par un enchaînement que nous rencontrerons ailleurs, le peuple ordinaire
(plebs, les plébéiens) a lui aussi obtenu, après une longue lutte, le droit à la parole. Tout comme à
Athènes, la participation était exclusivement réservée aux hommes, comme ce devait être aussi le
cas, jusqu’au XXe siècle, dans toutes les démocraties et républiques ultérieures.
La République romaine, qui n’était au départ qu’une fort modeste cité, s’est progressivement
étendue, par voie de conquête et d’annexion, bien au-delà de ses frontières originelles. Toute l’Italie et
une large partie des pays alentour sont ainsi passées sous le gouvernement de la République. Qui
plus est, celle-ci conférait fréquemment la citoyenneté romaine, hautement appréciée, aux habitants
des pays conquis qui devenaient ainsi non plus de simples sujets, mais des citoyens romains à part
entière, avec tous les droits et privilèges liés à ce statut.
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En dépit de leur esprit hautement créatif et de leur sens pratique, les Romains n’ont jamais été
capables de développer, à partir de ce principe de désignation de certains hauts responsables par les
assemblées de citoyens, un régime représentatif viable fondé sur l’élection démocratique des
mandataires.
Avec la chute de la République romaine, le principe même du gouvernement populaire
disparut de l’Europe du Sud. A l’exception de quelques petites tribus dispersées, il allait être
totalement effacé de la surface de la terre pour près de 1000 ans.

L’Italie : Comme une espèce disparue réapparaissant après un changement climatique de


grande ampleur, le gouvernement populaire a commencé à réapparaître, au début du XIIe siècle dans
de nombreuses cités du nord de l’Italie. Cette fois encore, c’est dans des Etats-cités de taille
relativement modeste, et non dans de vastes régions ou pays du monde, que se sont développés les
gouvernements populaires. Comme cela avait été le cas pour Rome, et comme ce devait l’être plus
tard lors de l’instauration des régimes représentatifs modernes, la participation aux instances
gouvernementales des Etats-cités a été, dans un premier temps, exclusivement réservée aux
membres des familles de haut rang: nobles, grands propriétaires terriens, etc. Mais, le temps passant,
les habitants de la ville, bien qu’occupant une position socioéconomique inférieure, ont réclamé eux
aussi le droit de participer aux décisions. Les membres de ce que nous appellerions aujourd’hui les
classes moyennes — les bourgeois fraîchement enrichis, les petits négociants. Les artisans organisés
en guildes, les soldats aux ordres des chevaliers — étaient non seulement plus nombreux que ceux
des classes dominantes, mais ils étaient en outre capables de s’organiser. Qui plus est, le risque
existait de les voir se livrer à de violents mouvements de révolte. C’est ainsi que ces classes
moyennes — le populo, comme on les appelait parfois — obtinrent dans de nombreuses villes le droit
de participer aux gouvernements de la cité.

Pendant plus de deux siècles, ces républiques se sont épanouies dans beaucoup de cités
italiennes. Nombre d’entre elles, telles Florence et Venise, ont connu une extraordinaire prospérité,
une fantastique richesse artistique et architecturale, un sens inégalé de l’urbanisme, une merveilleuse
production poétique et musicale et une redécouverte enthousiaste de l’Antiquité grecque et romaine.
Cette brillante époque a marqué la fin de ce que les générations postérieures allaient appeler le
Moyen- Age et annoncé l’incroyable explosion de créativité que fut la Renaissance.

EN EUROPE DU NORD ET EN SCANDINAVIE :


Quels que fussent leurs noms — « démocraties » ou «républiques » —, les systèmes de
gouvernement populaire en Grèce, à Rome et en Italie du Nord ne possédaient pas certaines des
caractéristiques essentielles des régimes représentatifs modernes. La Grèce classique comme l’Italie
du Moyen- Age et de la Renaissance étaient constituées de gouvernements populaires locaux, mais
dépourvues de tout véritable gouvernement national. Rome n’avait, pourrait-on dire, qu’un seul et
unique gouvernement local fondé sur la participation des citoyens, mais aucun parlement national
faisant appel à des représentants élus.
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Dans notre optique contemporaine, au moins trois institutions politiques essentielles faisaient
de toute évidence défaut à ces systèmes de gouvernement: un parlement national, des représentants
élus pour le constituer et des gouvernements locaux désignés par le peuple, soumis en dernier
recours à l’autorité du gouvernement national. Un système combinant la démocratie au niveau local et
un parlement composé de représentants élus au niveau national restait à inventer.
Cette combinaison trouve ses origines en Angleterre, en Scandinavie, aux Pays-Bas, en Suisse et
dans d’autres pays au nord de la Méditerranée.
En dépit de ces sévères limites à l’égalité, la classe des hommes libres : paysans libres, petits
propriétaires, fermiers était suffisamment importante pour exercer une influence démocratique durable
sur les institutions et les traditions politiques.
Dans plusieurs autres régions d’Europe, les conditions ont aussi parfois favorisé l’émergence
d’une participation populaire au gouvernement. À l’abri de leurs montagnes, par exemple, les
populations des hautes vallées alpines s’adonnant aux activités pastorales ont pu bénéficier de la
sécurité et de l’autonomie nécessaires au développement d’une telle pratique. Regardons la
description qu’un auteur moderne donne de la Réthie (devenue par la suite le canton suisse des
Grisons) aux alentours de l’an 800 «Les paysans libres ... se trouvaient dans une situation d’égalité
exceptionnelle. Liés par leur statut commun ... et par leur droit commun d’user [les pâturages de
montagne, ils ont développé un sens égalitaire totalement opposé à la structure fortement
hiérarchisée de la société féodale. Cet esprit bien particulier allait présider à l’émergence de la
démocratie dans la République de Réthie. »
À la même époque voyaient le jour en Norvège, au Danemark et en Suède des assemblées
régionales, puis, un peu plus tard, comme en Islande, des assemblées nationales. Même si
l’accroissement du pouvoir royal et la naissance d’une administration centralisée placée sous son
autorité ont réduit l’importance de ces assemblées nationales, elles ont marqué de leur empreinte les
développements ultérieurs.
Au début du XVIIIe siècle, ce système apparemment merveilleux de contrôle mutuel des principales
forces sociales du pays et la séparation des pouvoirs au sein du gouvernement faisaient l’admiration
de toute l’Europe. Il a suscité, entre autres, les louanges du célèbre philosophe français Montesquieu
et, en Amérique, l’admiration des artisans de la Constitution, dont beaucoup souhaitaient instaurer
une république qui aurait conservé toutes les vertus du système anglais sans les vices de la
monarchie. La république à laquelle ils ont contribué à donner naissance allait, par la suite, constituer
un modèle pour bien d’autres pays.

SECTION 2 : Définitions
La démocratie, dans le sens occidental du terme, repose sur la base de deux principes : celui
de la souveraineté du peuple et celui de la séparation de pouvoir. L’étude des fondements de la
démocratie et notamment de leur mise en œuvre en France, qui remonte d’ailleurs à la Révolution de
1789 et par comparaison avec les régimes politiques étrangers les plus significatifs, nous permettra,
en l’occurrence, d’explorer et d’approfondir les différentes typologies de système politique de notre
monde actuel.
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C’est d’une part, en fonction de la manière dont la souveraineté est exercée (par la nation ou
par le peuple lui-même, par ses représentants ou concurremment par ceux-ci et celui-là).
C’est d’autre part, en fonction des degrés de séparation des pouvoirs (exécutif et législatif en
particulier) que l’on pourra prendre en compte une autre classification (traditionnelle) des systèmes
politiques démocratiques.

On voit bien ainsi qu’étudier un système politique, ce n’est pas seulement analyser ses
institutions politiques et leur agencement coordonné en régime politique. C’est aussi étudier les
relations entre ce régime et tous les autres éléments du système social : économique, technique,
culturelle, idéologique, historique etc. Cette confrontation des typologies démocratiques dans le temps
et dans l’espace, essentielle pour le droit constitutionnel comparé et la science politique, mettra en
lumière les avantages et les inconvénients des institutions qui conditionnent même nos libertés
On notera l’existence d’une règle primordiale tendant à la protection des libertés des citoyens,
celle de la soumission des gouvernants au Droit, caractéristique de l’Etat de droit en Occident.
Depuis son invention, la démocratie est le seul système socioculturel et politique, qui pose comme
principe et projet renouvelé et élargi à des sphères nouvelles de la vie en société, l’égalité de tous et
leur participation égale à la vie publique et aux richesses de la cité. Elle est solidaire des
significations, des pratiques sociales telles que le bonheur de tous et l’intérêt général et la loi qui est
censée l’assurer. Mais dans une perspective comparative, il est important de souligner la dynamique
du principe de l’égalité qui commande l’intégration davantage que l’exclusion.

Définissons rapidement quelques concepts et schémas :


La démocratie directe est au fond la vraie démocratie : elle donne la parole au peuple et permet
aux citoyens de s’exprimer sans intermédiaire : elle ne peut exister que dans des sociétés de faible
dimension démographique. La démocratie indirecte est celle où le peuple élit ses représentants, qui
gèrent en son nom les affaires publiques.
 De par sa définition, la démocratie est le sentiment pour tous d’être autonome, d’être reconnu,
et de pouvoir contribuer avec les autres, et autant qu’il le désire, à la vie collective.

La démocratie directe : Le peuple adopte lui-même les lois et les décisions importantes et choisit lui-
même les agents d’exécution.
La démocratie indirecte : Le peuple élit les représentants, on l’appelle aussi une démocratie
représentative.
Le régime démocratique se fonde sur quelques grands principes :
Le principe de liberté : Liberté d’expression, de pensée, d’opinion, de circulation, de rassemblement
Ces libertés fondamentales sont toutefois réglementées.

Le principe d’égalité : égalité politique des citoyens devant la loi et par rapport au devoir civique.
13

L’égalité politique des individus se traduit par le droit de vote «un homme, une voix».

 On entend par démocratie parlementaire la modalité la plus répandue de démocratie


indirecte, qui rend le pouvoir exécutif (le Gouvernement) responsable devant les assemblées élues (le
Parlement), la démocratie étant dite présidentielle lorsque le gouvernement est responsable devant le
Président de la République. Mais entre le parlementarisme et le présidentialisme, il existe de
nombreuses formules intermédiaires.

 On entend par démocratie populaire le régime politique - prétendument démocratique - qui


affirme reposer uniquement sur le “peuple”, celui- ci étant présumé se confondre avec le prolétariat
ouvrier et paysan. Dans les doctrines qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, on a vu se multiplier
les régimes de ce type : démocraties populaires de l’Europe de l’Est, ou celles de plusieurs régions du
Tiers-Monde. Malheureusement, ce type de régime s’est montré très peu démocratique ; il repose en
fait sur un parti unique, et qui, très autoritaire, a pour base ce qu’on a appelé la dictature du
prolétariat. En réalité, le pouvoir procède non pas du libre choix des citoyens, mais de l’autorité
excessive d’une oligarchie partisane, et souvent d’une autocratie brutale. On rappellera d’autre part
qu’à l’opposé de ce modèle, la démocratie chrétienne a proposé un idéal fondé sur les enseignements
du christianisme, en application de l’encyclique “Rerum Novarum” du Pape Léon XIII (1891). La
France, avec le MRP, et l’Italie pendant une longue période, ont expérimenté cette formule, qui trop
souvent comme le montrent les récentes difficultés politiques qu’a connues l’Italie, n’a pas appliqué,
en pratique, ses ‘idéaux théoriques.

 La démocratie délibérative : L’expression a été inventée par l’américain J. Bessette en 1980.


Son principe est que «La source de la légitimité n’est pas dans la volonté déjà déterminée des
individus, mais dans le processus de formation de cette volonté - LA DELIBERATION ». Pour
Habermas, un des principaux acteurs de cette approche, la délibération publique est la source de la
décision publique et la légitimité ne se situe dans pas au niveau d’une volonté claire et précise mais
au niveau de la délibération. Il ne s’agit pas seulement d’exprimer la volonté populaire (démocratie
représentative) mais de mettre en place le processus de formation de cette volonté. La légitimité
politique est ainsi obtenue dans et par des procédures des discussions publiques. Plusieurs variantes
ont été proposées et ce thème est devenu depuis une dizaine d’année un sujet de discussions pour
les philosophies, les juristes, les politologues.
Cette idée a remis en question les fondements politiques, juridiques et institutionnels de la
légitimité.
Sur le plan politique, elle peut remettre en cause l’importance de l’idée de représentation et celle de la
majorité.
Sur le plan judiciaire et institutionnel, la légitimité se déplace des institutions constituées vers d’autres
centres de prise de décision, la démocratie délibérative renouvelle ainsi la compréhension de la
légitimité politique.
Les problèmes posés par cette approche recoupent ou mettent en relief ceux inhérents à la
démocratie elle-même
14

Se pose la question de la validité de la décision ainsi prise, c’est-à-dire dans le cadre d’une
délibération publique des membres d’une collectivité. Peut-on, se demandait Platon, accorder le
même pouvoir à des individus différents sur le plan intellectuel : « La démocratie est un régime qui
dispense une sorte d’égalité aussi bien à tout ce qui est inégal qu’à ce qui est égal ». Or les
problèmes qui se posent à une collectivité nécessitent un détour théorique et un minimum de
formation ou même d’apprentissage. Le danger qui menace la démocratie est la dérive vers la
manipulation.
Les techniques de manipulation sont aussi diverses que sournoises. Quel degré de vérité peut
comporter des décisions issues d’un tel processus ? Peut-on passer des intérêts particuliers à l’intérêt
général?
Cependant, les avantages de la démocratie délibérative sont essentiels car la politique devient
une combinaison de volontés et de croyances. Toutes les décisions politiques sont aussi soutenues
par une justification valable car chaque citoyen, ayant exercé ses droits et assumé ses devoirs,
internalise les lois dont il a été l’auteur. Et jusqu’ici, l’une des raisons majeures aux problèmes que
nous connaissons est que les individus dans leur majeure partie ont du mal à s’identifier aux objectifs
définis ou cela aboutit à une sorte de démission politique.

On a accusé, et on accuse toujours, la démocratie à l’occidentale, d’être un faux semblant, une


apparence plus qu’une réalité. De ce point de vue, nous relèverons ainsi les théories de
l’anarchisme, qui poussant jusqu’à l’extrême à la fois l’amour du peuple” et la liberté de l’individu, ont
récusé tous les systèmes électifs ; on sait que ses doctrinaires sont passés de la théorie à la pratique.
Après une éclipse de trois quarts de siècle, les groupes terroristes ont repris à leur manière ces
principes absolutistes : ils estiment que seule une politique de violence peut faire aboutir leurs
revendications, méprisant totalement le système démocratique.

Puis apparaîtra au XIXe siècle la doctrine communiste : celle-ci en effet proclame la nécessité
absolue de l’action révolutionnaire, laquelle ne peut être obtenue que par la force et non pas par les
urnes. Les régimes communistes sont donc un bon exemple de l’anti- démocratie libérale, y compris
en ce qui concerne leur fonctionnement interne. Ce qui nous intéresse ici, c’est de montrer
l’importance du refus de la démocratie : on opposait démocratie formelle et démocratie réelle, mais
celle-ci qui, il est vrai, assurait à tous les membres du groupe un niveau de vie minimale, était en
réalité une oligarchie. L’échec spectaculaire de près de trois quarts .de siècle d’expérience
communiste en Europe de l’Est (son non-développement) n’est pas à mettre au passif de la
démocratie, puisqu’au contraire il s’agissait d’un autre type de régime.
Au cours de l’histoire, nous pouvons évoquer ce qu’on a appelé la Révolution de 68 (dont il faut
se souvenir qu’ils ont été plus importants aux Etats-Unis qu’en France) s’opposaient avec violence
eux aussi, à la démocratie classique : là encore, c’était les élections au suffrage universel qui étaient
attaquées ; le vote était considéré comme une véritable escroquerie imposée par les classes
dominantes aux classes dominées : là encore on préconisait l’exercice de la force ; on pourrait citer
longuement les mots d’ordre, et les slogans révolutionnaires qui étaient brandis sur les pancarte par
15

les manifestants, et inscrits sur les façades “Elections pièges à cons”. “Le pouvoir est au bout du fusil”,
etc. Autant d’affirmations qui ne laissent aucun doute sur la volonté de faire table rase du passé.

Enfin, les doctrines visant à l’autogestion ont eu une réelle importance ; elles ont séduit beaucoup
de jeunes et, ne l’oublions pas, elles ont été mises en application dans certains cas, dont le plus
illustratif est celui de la Yougoslavie. La revendication auto- gestionnaire est d’ailleurs fort
intéressante, et nous aurons à montrer d’une pan qu’elle offre une solution à des pratiques de
démocratie réelle directe, authentique, sans compromissions politiciennes, et d’autre part qu’elle
rejoint largement l’un des aspects les plus vivants du système des valeurs des sociétés’
traditionnelles, Mais cette autogestion appliquée à des sociétés industrielles, qui sont des collectivités
et non des communautés, ne pouvait pas être fondée sur les mêmes postulats qu’en Afrique ou en
océan Indien; de plus, elle entrait en contradiction avec l’exigence de planification imposée par le
gouvernement central. Quoique prometteuse, l’autogestion en Occident n’a pas favorisé le
développement.

En réalité, les rapports sociaux, observables sur le plan économique commandent aussi
l’organisation politique des sociétés qui disent être gagnées par l’idée démocratique. Malgré les
différences entre les pays qui refusent les procédures électorales
- les cas des nombreuses sociétés qui se réclament de l’islam
- les sociétés qui adoptent les procédures électorales avec plus ou moins de bonheur
- et les sociétés qui ont une pratique plus ancienne, l’Inde par exemple, dont on met en avant
la stabilité sur le plan de la démocratie formelle, certains problèmes de fond reviennent avec une
constance embarrassante: d’une part, une unité nationale problématique et de identités collectives
fusionnelles s’excluant mutuellement a l’intérieur, d’autre part, une forte emprise de la religion et de la
tradition ,les deux étant étroitement liées ,et une relation ambivalente à, l’état et au-delà de la loi ,au
droit à l’intérêt général que celui est théoriquement supposé incarner .

Selon PERICLES, et cité par ABRAHAM LINCOLN : « La démocratie est le gouvernement


du peuple par le peuple ».
La culture permet d’éclairer la richesse du sens et la complexité des articulations des phénomènes
sociaux que la spécialisation excessive des sciences sociales finit par occulter.

Dans une perspective comparative avec les sociétés « en voie de développement », nous
avons quant à nous, essayé de signaler la singularité du modèle occidental, la solidarité des
significations qui informent aussi bien l’économique que le politique et la société et en tout un système
socio- culturel distinct des hommes. Ceci, non pas une perspective essentialiste ou ontologique de la
culture mais avec le souci d’éclairer et d’interpréter les effets de sa dérogation.
Reconnaître que les sociétés non –occidentales ne sont pas démocratiques, modernes et
individualistes ne signifie pas qu’on les rejette dans un sac indifférencié, leur déniant toute altérité
ou, pire, suggérant une infériorité par rapport au modèle occidental, cela signifie au contraire la
volonté de sortir de l’idée que la supériorité présumée du modèle occidental lui aurait
16

automatiquement conférée une vocation universelle, et de démontrer ses effets pervers tels qu’ils se
matérialisent, entre autre dans les politiques de coopération.

Cela signifie aussi la volonté de sortir d’un discours paternaliste vis-à vis du Tiers- Mondes au
nom d’une « commune humanité », renforce sa dépendance leurs relations complexes et
irréductibles à la seule domination et dépendance économique et technique, elle-même
incompréhensible sans élucidation des facteurs socio- culturels qui l’étayent.
La culture est elle une simple question d’habitus comme on suggère à la suite de
Bourdieu, c’est-à-dire des habitudes que les sociétés peuvent prendre et abandonner aussi
facilement que l ‘on croit ? ou a-t-elle affaire à leur constitution même ; aux significations qui
les tiennent ensemble et que l’on retrouve dans les phénomènes sociaux jugés comme les
plus matériels, à commencer par l’économie ? sa prise en compte fige-t-elle les sociétés dans
l’immobilisme et des différences irréductibles ? ou permet-elle au contraire de comprendre et à
fortiori d’interpréter le sens des phénomènes sociaux que l’on observe, d’éclairer les
résistances aux changements de saisir les permanences, le déplacement de l’ancien dans ce
qui se présente comme nouveau, ou au contraire ce qui est vraiment changement, et la
manière dont les emprunts s’insèrent dans un système institué ?

Des « habitus » tels que la caste, l’ethnie, la religion ont une histoire de plusieurs millénaires,
et c’est à l’histoire de rappeler les longues continuités et l’absence en réalité des ruptures.
La liberté est le socle de la démocratie mais elle étaye aussi le capitalisme, fût- il dans sa seule
dimension d’entreprendre. La propriété individuelle, droit naturel pour les penseurs qui ont annoncé la
modernité, et la signification des frontières qui lui sont inhérentes, définit également la liberté en tant
qu’acception des limites collectivement posées, et rationnellement reconnues par l’individu, sans
laquelle la liberté serait l’équivalent de l’arbitraire.

La finalité première de la démocratie est de permettre à chaque citoyen dans la société où il


vit, de s’épanouir et de progresser, et de jouir de toutes les ressources qui garantissent sa dignité
humaine. Ainsi, chaque citoyen doit :
- Jouir de son droit fondamental politique, économique, social et culturel.
- Avoir de la dignité ;
- Assumer son devoir de respect envers la société en tant que responsable

La démocratisation : une promesse

Avec le recul du temps, il nous est facile de voir qu’au XVIIIe siècle avaient fait leur apparition
en Europe les concepts et les pratiques politiques qui allaient constituer des éléments fondamentaux
de l’idéal et des institutions démocratiques. En recourant à un langage plus moderne et plus abstrait
que celui qu’on aurait utilisé à l’époque, il y a lieu de rappeler brièvement quels étaient ces éléments.
Encouragée par des conditions locales et des circonstances particulièrement favorables —
notamment en Scandinavie, dans les Flandres, aux Pays-Bas, en Suisse et en Angleterre —, la
17

logique égalitaire a stimulé l’instauration<d’assemblées locales dans le cadre desquelles les hommes
libres pouvaient, au moins dans une certaine mesure, participer au gouvernement. L’idée selon
laquelle les gouvernements avaient besoin du consentement des gouvernés, s’agissant
essentiellement à l’origine de la levée de l’impôt s’est progressivement transformée en une exigence
concernant l’adoption des lois en général. Lorsque le territoire concerné — grande ville, région ou
pays — était trop important pour que soit convoquée une assemblée des hommes libres, il devenait
nécessaire, pour s’assurer de leur consentement, que les gouvernés soient représentés au sein de
l’institution qui levait les impôts et faisait les lois.

Contrastant de manière aiguée avec la pratique athénienne, la représentation devait être


assurée non par tirage au sort, mais par voie élective. Pour que soit assuré le consentement des
citoyens libres à l’échelle d’un pays, d’une nation ou d’un Etat-nation, il était nécessaire de disposer
d’organes législatifs, ou parlements, fondés sur la représentation élective, et ce à plusieurs niveaux:
local, national, voire provincial, régional, ou tout autre niveau intermédiaire.
Ces concepts et pratiques politiques propres à l’Europe constituaient une base à partir de
laquelle a pu se développer le processus de démocratisation. Les avocats de la démocratisation se
sont parfois appuyés sur les exemples de la Grèce, de Rome et des cités italiennes pour rendre plus
convaincant Leur plaidoyer. Ces expériences historiques avaient démontré que l’instauration de
gouvernements fondés sur la volonté du peuple n’était pas une vaine chimère. Ils avaient bel et bien
un jour existé et avaient même duré pendant plusieurs siècles.

Si les idées, les traditions, l’histoire et les pratiques que nous venons de décrire portaient en elles une
promesse de démocratisation, ce n’était, au mieux, qu’une promesse. Des pièces essentielles
manquaient encore.
La progression des idées et des pratiques démocratiques exigeait un certain nombre de conditions
favorables qui n’étaient pas encore réunies. Aussi longtemps qu’une petite minorité seulement aurait
foi en la démocratie et serait prête à se battre pour elle, le régime des privilèges se maintiendrait en
place avec l’appui des gouvernements non démocratiques. Et, même si le nombre des citoyens acquis
aux idéaux démocratiques venait à augmenter très largement, d’autres conditions seraient encore
requises pour que le processus de démocratisation puisse avancer.
Nous devons cependant nous rappeler qu’après les débuts prometteurs évoqués dans ce
chapitre la démocratisation n’a pu constamment suivi jusqu’à nos jours un chemin ascendant. Il y a eu
des progrès et des reculs, des résistances des mouvements de révolte, des guerres civiles, des
révolutions. Plusieurs siècles durant, l’apparition de monarchies centralisées a entraîné un recul par
rapport aux avancées enregistrées précédemment même si, paradoxalement, ces monarchies ont pu
contribuer à créer à plus long terme des conditions favorables à la démocratisation.
Lorsqu’on examine avec le recul du temps les avancées et les reculs de la démocratie, il
apparaît clairement que l’on ne peut compter sur les forces de l’histoire pour garantir le progrès
constant — ou même la survie — de la démocratie; c’est ce que nous rappellent les longs intervalles
pendant lesquels toute trace de gouvernement populaire a disparu de la surface de la terre.
18

La démocratie est donc, semble-t-il, une aventure quelque peu risquée. Mais les risques sont
également liés à ce que nous faisons nous-mêmes. Si nous ne pouvons compter sur les forces
favorables de l’histoire pour conforter la démocratie, nous ne sommes pas pour autant les simples
victimes de forces aveugles sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle. Avec une bonne
compréhension des exigences de la démocratie et la volonté d’y répondre, nous avons les moyens
d’agir pour préserver et même promouvoir les idées et les pratiques démocratiques.

Madagascar a initié dans l’enthousiasme populaire (début des années 90) le processus
démocratique sans que les conditions pour son enracinement et son accroissement ne soient réunies.
En effet, il faut un contexte approprié pour que l’idéal démocratique soit atteint : la qualité du
leadership, un haut niveau d’instruction et un bon climat moral pour une participation effective et
efficace de la population, la justice économique. Les problèmes inhérents à tout pays émergent ont
handicapé l’instauration de la démocratie à Madagascar.

D’autre part, l’articulation des principes de la démocratie et de l’identité malgache n’a pas été
automatique. En effet, la démocratie est à la fois un état politique (égalité de tous devant la loi), un
état social (chacun se sent l’égal des autres) ; or, les sociétés malgaches sont cloisonnées et
hiérarchisées.

A l’issue d’un dialogue direct et franc, alliant la discussion, la réflexion et l’analyse, il a fallu
reconnaître que :

 D’une part :

a) Le respect et la valorisation des valeurs malgaches sont ainsi clairement stipulés dans
le préambule de la constitution « le peuple malgache souverain, résolu à promouvoir et à développer
son héritage de société pluraliste et respectueuse de la diversité, de la richesse et du dynamisme de
ses valeurs éthico-spirituelles et socio- culturelles notamment « le fihavanana » et la croyance au
Dieu créateur.

b) L’article premier de la constitution édicte que la démocratie constitue le fondement de


la république

c) La démocratie républicaine a existé depuis l’indépendance puisque les citoyens ont


pu voter et s’exprimer mais elle n’était pas encore développée.

 D’autre part :

Les différentes constitutions qui se sont succédé depuis l’indépendance n’ont été que des copies
de modèles étrangers.
19

Elles n’ont pas été élaborées sur la base de la philosophie, des valeurs et de la société malgache
pour donner toute sa dignité, sa valeur à ladite société par le biais de structures administratives et de
gouvernement permettant au citoyen d’être conscient de ses devoirs
Au total : l’Etat institué n’est pas authentiquement malgache.
20

CHAPITRE II : ETAT DE LA DEMOCRATIE A MADAGASCAR

SECTION 1 : Rappel Historique

1.1 Quelques illustrations sur la pratique politique

a) Quelques images sur le début de l’ère républicaine

La classe politique qui dirige Madagascar depuis la proclamation de la République en 1958 et


surtout depuis l’indépendance en 1960 comprend deux groupes qui s’interpénètrent : les hommes
politiques (ou plus exactement les ministres et tous ceux qui exercent un mandat électif) et les
techniciens (c’est-à-dire les hommes qui tiennent la haute administration, ceux qui dirigent les
entreprises publiques, ceux qui contrôlent l’administration régionale et certains intellectuels). En un
mot, la classe politique comprend tous les décideurs qui, seuls ou en collaboration avec des
étrangers, prennent les choix qui engagent l’avenir du pays.
Ces décideurs appartiennent, pour la plupart, à des familles qui, depuis le XIXe siècle, ont
dirigé ce qu’on appelle le “Royaume de Madagascar” et ont participé à l’administration de l’île, durant
la période coloniale. En 1958, grâce à la formation qu’ils ont reçue dans les écoles du pays et dans
les universités de France, ils ont été propulsés tout naturellement, aux plus hauts emplois du nouvel
Etat. Des six provinces de la République émergent des familles de notables qui fournissent des
ministres, des sénateurs, des députés, des conseillers généraux et municipaux.
Aux premières années de la République, ce recrutement différent des deux composantes de
la classe politique a pu amener certains à dire que si “les postes politiques étaient monopolisés par les
côtiers — en fait les non Merina, les postes techniques étaient l’apanage des Merina”. Cette
affirmation à l’emporte-pièce ne traduit pas toute la réalité, même si elle a été durant plus d’une
décennie, une arme politique utilisée par les uns et les autres pour mobiliser leur électorat en jouant
sur le réflexe de la peur de l’autre. En fait, une certaine osmose se produit entre les deux groupes.
Avec la création de lycées dans les chefs-lieux de préfecture, des jeunes de la périphérie dont des
enfants de notables, ont pu suivre une formation qui leur a permis d’accéder à l’université. Ils ont ainsi,
à partir des années 1960, côtoyé leurs camarades du centre sur les campus d’Antananarivo et de
France.

Même si, pour des raisons électoralistes ou pour la répartition des postes qui rapportent, ces
composantes cultivent et souvent attisent la différence, la classe politico-technicienne malgache garde
son unité grâce à une entente circonstancielle reposant sur un consensus fragile. Pour l’essentiel,
c’est-à-dire pour la défense de ses intérêts, elle reste unie. C’est ainsi qu’en dépit de la longue crise
qui a commencé vers la fin des années 1970, elle consolide sa prospérité alors que le peuple
s’enfonce, d’année en année, dans la pauvreté et la misère.
Or cette classe politico-technicienne qui est restée en permanence à la tête de I‘ État, a
toujours prôné la démocratie pour assurer le développement du pays. Les constituants comme ceux
21

de 1975 et de 1992 ont invoqué et revendiqué la démocratie mythique du fokonolona (mythique dans
la mesure où on semble croire qu’elle n’a pas changé au cours de l’histoire et qu’on peut à tout
moment la sortir pour servir de remède- miracle aux problèmes politiques). Affirmant toutes trois leur
attachement au fokonolona, c’est-à-dire au fihavanana (les relations intra- et intercommunautaires
sont du même ordre que les relations familiales) et au marimaritra iraisana (le consensus), la
Première république a emprunté la voie de la social-démocratie alors que la Deuxième a choisi la
démocratie révolutionnaire et la Troisième la démocratie libérale pour développer le pays.

A trois reprises donc, la classe politique a imposé au peuple le modèle de démocratie qu’elle a
choisi librement ou non. A chaque fois, la démocratie n’a pas favorisé le développement de
Madagascar. Dans sa quatrième version, la démocratie créera-t-elle les conditions favorables à la
reconstruction nationale même si la classe politico-technicienne reste toujours en place, elle dont la
responsabilité dans le non développement du pays ne peut qu’être mise en cause ?

b) La fin de la deuxième république malgache

De 1975 à 1991 : Madagascar était sous le régime qui se voulait socialiste. C’était l’époque de
la nationalisation et de la création des sociétés d’Etat devant intervenir dans le réseau productif.ces
développements inspirés du modèle socialiste. L’administration territoriale a fonctionné selon le
système de décentralisation.
Concernant les besoins de changement en Afrique francophone, le discours de La Baule
prononcé par François Mitterrand « il ne peut y avoir de démocratie sans développement et
inversement de développement sans démocratie »est considéré comme une conditionnalité
démocratique. Ce discours a catalysé les mouvements de contestation dans quelques pays africains
où les facteurs de changement ont déjà largement dépassé, dominé les facteurs d’équilibre.
Madagascar a connu diverses manifestations de l’opposition, tout comme au Togo et au
Bénin, au pouvoir établi avec des intensités différentielles. Exemple à Madagascar : les G.V.T.D
(Governemanta Vonjimaika Tetezamita ho an’ny Demokrasia)
A Madagascar, le mouvement de désobéissance civil et la grève généralisée en 1991 des
forces vives (partis politiques, syndicats, différentes associations) ont demandé la révision de la
constitution en vigueur puis le changement de régime, ce qui est favorable à l’émergence de la
société civile comme contrepoids du pouvoir politique.
Les divers mouvements ont paralysé la « machine administrative ».la guerre a pu seulement
être maîtrisée après la convention du PANORAMA qui devait assurer la continuité de l’Etat dans une
situation exceptionnelle, sous la forme d’un compromis entre les représentants du pouvoir légal et les
représentants des forces vives avec la bénédiction de la FFKM. Les institutions de transition
comprenaient des représentants des deux factions opposées, pour le pouvoir délibératif (CNPD) et
2
pour le pouvoir exécutif (HAE) avec pour médiateur le F.F.K.M

2
La HAE (Haute Autorité de l’Etat) et le CNPD (Conseil National pour le Développement) étaient les instances dirigeantes du
moment avec le FFKM (Fiombonan’ny Fiangonana Kristianina eto Madagascar) comme médiateur.
22

c) les premières années de la troisième république

Les idées majeures véhiculées au cours des manifestations de 91 furent intégrées dans les
principes de la constitution comme fondement de la démocratie : séparation et équilibre du pouvoir,
instauration de l’Etat de droit, application de la décentralisation effective et transparente dans la
conduite des affaires de la République.
La troisième république est caractérisée par des instabilités chroniques : en quatre ans, il y a
4 premiers ministres et 7 gouvernements ; une confrontation permanente entre pouvoir exécutif et
pouvoir législatif.
ème
Le début de la 3 république fût tiraillé, dominé par le tiraillement entre les acteurs politiques ainsi
que la lutte des classes parfois de coloration ethnique et sera au détriment des projets de sociétés.

Il convient de noter que les républiques successives ont tenu un discours visant à donner le
bonheur du peuple. Le problème réside dans le fait que les politiciens malgaches se concentrent sur
l’histoire passé du pays et n’ont plus la capacité de voir l’avenir.

d) Considération sur la pratique politique dans les régimes républicains successifs

Evoquant la vie politique malgache à la fin des années 1970, un historien a pu écrire :
« Madagascar est l’un des rares pays où l’opposition est dans le pouvoir »
Depuis 1958, il n’y a pas eu d’alternance au pouvoir, au sens occidental du terme. En effet, le
parti ou le groupe dominant est composé de plusieurs actions dont les rivalités et les luttes intestines
éloignent le gouvernement des tâches économiques et des actions d’aménagement du territoire.
Malgré la révolte de 1971 dirigée par le MONIMA, la Première république aurait pu résister sans la
division et l’opposition entre PSD du Nord et PSD du Sud. La Deuxième république a vu, lors du
premier septennat de Didier Ratsiraka, les luttes sourdes et parfois déclarées entre AREMA « de
droite » et AREMA « de gauche » (ou entre AREMA d’Antananarivo et AREMA
d’Ambohitsorohitra). Durant le deuxième septennat, ce sont les rivalités entre es membres de la
coalition “Front National pour la Défense de la Révolution” au pouvoir qui ont fourni l’essentiel des
actualités nationales. Depuis 1991, la Transition a érigé en système de gouvernement les oppositions
ouvertes entre les institutions de l’Etat et les attaques entre membres du gouvernement,
Cette situation n’est pas nouvelle car l’histoire du XIXe siècle est celle de la compétition entre les
factions qui n’ont pas su faire taire leur égoïsme même devant la menace de la conquête coloniale.
Certaines ont même vu dans ce cadre vécu par le peuple malgache une occasion d’évincer la faction
dominante et d’occuper sa place laissée vacante. Celle d’aujourd’hui rêve d’occuper les postes de
pouvoir même au prix de la mine de l’économie.

Toutes ces factions au pouvoir qui rêvent «être la faction dominante observent une règle qui
peut se résumer par cette formule “pousse-toi pour que je m’y mette”. Aussi n’est-il pas étonnant si
23

la politique politicienne, le « ady seza » (la course aux postes ministériels) l’emporte sur des
programmes économiques méthodiquement et inlassablement mis en œuvre.

Pour mieux nous en rendre compte, une référence rapide à la linguistique et au contexte
socio- culturel malgache s’impose.

1 .2. Les éléments déterminants du comportement social

a) Les éléments déterminants de la vie sociale dans la société traditionnelle

Les membres d’une communauté manifestent des comportements de respect mutuel, et aussi
de respect de la vie du groupe.

Voici quelques images repères de la vie quotidienne au niveau de la vie d’un groupe ou d’une
communauté :

 au plan des liens familiaux, les manifestations de sympathie comportent un sens particulier.si
un malade reçoit de nombreuses visites, cela signifie non seulement une expression d’affection, mais
à la fois une démonstration de l’efficience du lien familial.

 Au titre de concrétisation des liens de parenté ou des rapports de voisinage, on se doit


mutuellement des journées de travail sans contrepartie conventionnelle (le findramana), à des
occasions déterminées.

 Au sein de l’équipe d’entraide (valintànana), les membres décident ensemble des jours
réservés à chacun : c’est la base de la viabilité de la pratique, et aucun membre ne saurait faillir à ce
qui a été convenu, quitte à sacrifier une éventuelle opportunité porteuse de profit personnel : le
précepte édicte que le respect du lien parental doit prévaloir sur le profit lucratif (aleo very
tsikalakalam-bola toy izay very tsikalakalam-pihavanana)

 Dans le village, le prochain peut compter sur son prochain :


La toiture de la maison de Rakoto a été emportée à moitié par l’ouragan : il pourra compter sur les
voisins, en commençant naturellement par les membres du groupe familial, pour les réparations
requise.
La femme de Rabe doit accoucher, mais comme elle n’a pas pu rejoindre la maternité à temps, et
qu’elle ne peut plus se déplacer, son transport sera assuré par les hommes du village, sur une civière
de fortune portée à même l’épaule.

 Attitude par rapport à un tabou :


Cas de l’interdit où le commettant exposerait l’ensemble socio-spatial au ravage de la grêle en
période de récolte. Ainsi, nul ne s’aviserait de commettre ce genre de faute : la sanction en serait la
24

mise au ban de l’ensemble socio-spatial, que nous définirons comme étant l’entité tany ama-monina,
et nul membre sensé de la communauté concernée ne s’y exposerait.

 A la lumière des repérages ainsi dégagés sur le comportement social de l’individu, il nous est
permis d’avancer le concept d’individu social, se préoccupant à tout moment et en tout lieu de ne pas
être en défaut par rapport à la vie sociale du groupe. Or, s’il acquiert ce modèle de comportement,
c’est grâce à l’existence et à l’image pérenne du groupe. Nous parlerons ainsi d’une forme de rapport
de dialectique, qui est intériorisé mutuellement par l’individu en tant qu’élément intégrant et par le
groupe en tant qu’intégrateur, la résultante étant le souci partagé du « vivre ensemble » grâce au
respect général d’un système établi qui transmet de génération en génération.

b) Les concepts de référence

Disons d’emblée que le fihavanana n’est pas synonyme de consensus ; c’est plutôt un processus
ou une dynamique qui s’enclenche par le contact entre deux individus ou deux groupes, se poursuit
par les frictions inévitables entre les deux, puis par un jaugeage des forces en présence la réunion de
ces forces en vue d’un but commun peut alors paraître nécessaire ; d’où la décision commune
d’instaurer le fihavanana. C’est cette “réunion” consciente de deux individus ou de deux groupes
sensiblement égaux et ayant des objectifs communs qui s’appelle fihavanana (le radical havana est
une variante de kambana (“action de réunir, d’associer”). Un tel fihavanana n’a pas grand chose à voir
avec le consensus ou “marimaritra iraisana”, lequel correspond à un équilibre instable en vue
d’objectifs pas nécessairement communs aux forces en présence ou réunies malgré elles.
Le fihavanana suppose donc que chacun des partenaires ait des obligations auxquelles il doit se
soumettre et puisse s’attendre en retour à être honoré dans ses droits. Autrement dit, les notions de
Droit et de Justice sont au centre de celle de fihavanana.
Pour faire respecter les règles du fihavanana, la société malgache a comme pièce maîtresse une
institution : le « Ray aman-dreny » (père et mère). Ce n’est pas seulement le père, ni seulement la
mère, mais la synthèse des deux le Ray aman-dreny incarne la rigueur du père et la douceur de la
mère.

Le comportement social se réfère aussi à la pyramide du système hiérarchique traditionnel :


o Au sommet de la pyramide se trouve le ZANAHARY (le Créateur) qui se situe au-
dessus de tout être.
o Les RAZANA (ancêtres), lesquels ont transmis la vie puis la terre, selon la règle de la
patrilinéarité ; quant à l’appellation d’ancêtres, il comporte la qualité d’ordre générique des ascendants
qui ont rappelés à lui par Zanahary le Créateur, et grâce auquel ils ont pu transmettre à leurs
ascendants cette terre-mère, qui permet à Zanahary de faire vivre ses enfants, et ensuite de
conserver les morts (ny tany vadiben-janahary : mihary ny velona, manotrona ny maty).
25

o Les raiamandreny (anciens) pour les directives et le contrôle de l’exécution des tâches
respectives, de même et surtout pour la coordination de la vie sociale, dont le règlement des
différends.
o Les vatan-dehilahy (hommes responsabilisables) se distribuent les tâches et rôles
selon les spécificités de la circonstance, y compris le droit à la parole lors des différentes
concertations en groupe.
o Les zatovo (jeunes encore dépendants de l’autorité parentale), qui sont disponibles
pour toutes formes de tâches de labeur ou à caractère astreignant ; en présence des catégories
supérieures, ils ne prennent pas la parole que s’ils y sont spécifiquement sollicités.
o Les zaza amam-behivavy (femmes et enfants) qui assurent certaines tâches
spécifiques dans les travaux des champs et rizières, et, en tout état de cause, les tâches domestiques
afférentes aux repas.
L’autorité morale des raiamandreny est fondée sur la considération donnée à la sagesse
acquise par l’expérience de la vie, couplée avec la qualité de représentants des ancêtres.

Le fondement du concept de fihavanana :

Nous proposons ici une définition à caractère intégrateur :


Fihavanana : trait fondamental de la culture malgache, défini par la force du lien inhérent aux
membres d’une même famille, et dont la philosophie constitue un élément déterminant de la vie
sociale et relationnelle.
Ceci se traduit à différents niveaux :
- A la base, l’union de la famille, dans la vie comme dans la mort (velona iray trano, maty iray
fasana)
- Respect et perpétuation des liens de parenté au niveau de la famille étendue
- Traduction, et à la fois support des liens généalogiques.
- Expression et à la fois support de sentiments d’amitié durable.
- Par extension : principe d’instauration de relation harmonieuse avec des individus ou des
groupes extérieurs à la parentèle, par l’intériorisation mutuelle de l’idée de vivre ensemble, dans le
souci de la cohésion sociale.
- Au titre des manifestations actives, citons l’entraide, le don de soi, le secours au prochain, la
primauté du lien de groupe face aux intérêts matériels …
Nous pouvons évoquer ici l’image à portée globalisante où les relations d’entraide entre
voisins sont considérées comme un fait naturel déterminé par la liaison spatiale : l’image de deux
maisons contiguës, où tout le monde pourra s’abriter, en cas de pluie, dans celle qui ne prend pas
l’eau (trano atsimo sy avaratra : izay tsy mahalen-kialofana).

Ici, encore, une fois, des précisions s’imposent. Le concept de Ray aman-dreny se trouve
dans le même cas que ceux de Liberté et de Pouvoir. Tout comme l’on ne saurait condamner la
Liberté au nom du mauvais usage qui est en fait, ou tout comme l’on ne peut définir le Pouvoir par
26

l’attitude des gouvernants indignes, de même on ne peut le rejeter pour les interprétations erronées
3
dont il a été victime .
Il nous semble donc utile de rappeler la signification du Ray aman-dreny dans le contexte
socio- culturel malgache. Tout d’abord, il faut le mettre en relation avec zanaka, “enfants” ; ensuite,
dépasser l’idée de géniteur sexué pour accéder à celle de méta-individu ou d’institution dont la
fonction essentielle est de “réguler” la vie familiale, clanique et sociale en général.
Dès lors, le couple Ray aman-dreny/ Zanaka autorise une double lecture
- d’une part, lorsque le zanaka est mineur, la relation Ray amandreny/ Zanaka est marquée par
4
une dépendance matérielle et sociale de ce dernier :
- d’autre part, lorsque le Zanaka est majeur “mahatsangy no ary”, cette relation change de
nature, et le Zanaka devient autonome. Il y a même plus : tout en reconnaissant la hiérarchie qui place
le Ray aman-dreny en position supérieure, le Zanaka peut devenir son égal ou même le dépasser sur
le plan matériel, social et, en général, intellectuel.
Le schéma culturel de base qui sous-tend ce concept n’est donc pas figé, mais présente un
caractère dynamique. Le paternalisme, du côté du Ray aman-dreny, et la peur des responsabilités, du
côté du Zanaka, ne sont alors que des attitudes attardées d’un côté comme de l’autre. Elles relèvent
normalement de la psychiatrie.., si les concernés n’arrivent pas à s’en débarrasser à temps.

c) Comportement social et contextualisation

En résumé, les concepts de Droit et de Justice, d’une part, et ceux de fihavanana et de Ray
aman-dreny, d’autre part, expriment des réalités identiques. Une référence supplémentaire aux
traditions régionales nous en convaincra davantage.
L’Etat dans la société malgache est un dosage subtil de rigueur et de douceur, d’égalitarisme
et d’inégalitarisme.

Les diverses sociétés malgaches ont posé et posent dans les mêmes termes que ci-dessus,
c’est-à-dire en termes de Droit et de Justice, le problème de l’Etat.
Tout d’abord, il est dit des individus et des groupes qui composent la société qu’ils sont non
semblables mais égaux, « tsy sahala fa mitovy ».
Les spécificités de chacun sont reconnues et respectées, mais d’après les conventions « dina »,
personne ne peut se soustraire aux obligations et tout le monde a les mêmes droits. Une telle règle
est applicable aussi bien au sein du ménage qu’au sein de la société globale avec notamment
l’organisation fokonolona (Randriamarolaza 1986). De ce point de vue, le dicton antemoro (Sud- Est
de Madagascar) est éloquent : Zoky tsy tompo, zandry tsy andevo, “l’aîné n’est pas un maître, et le

3
C’est également le cas pour le fihavanana. En fait, le rejet de ces concepts malgaches à cause du mauvais usage qui en a été
fait cache mal un choix culturel extrémiste. Or, un fameux adage anglais nous dit qu’il ne faut pas « jeter le bébé avec l’eau du
bain ».

4
Cette première signification a servi au pouvoir colonial qui a cherché des référents psycho- culturels pour faire accepter sa
domination. C’est ainsi qu’il s’est attribué le statut de Ray aman-dreny (la France Mère-Patrie) et a attribué celui de zanaka
(zanatany) au peuple malgache. La colonisation, elle-même, est devenue fanjanahan-tany. La délégation de la nation malgache
au statut de Zanaka par la nation française qui s’arroge le statut de Ray aman.dreny.
27

cadet n’est pas un esclave”, La hiérarchie entre aîné et cadet est bel et bien reconnue, autrement dit
la différence et les spécificités de chacun ; ce n’est pourtant pas une raison suffisante pour instaurer
un rapport de domination /sujétion niant le principe de l’égalité devant les règles de la vie commune.
Décrivant à son tour ce type de relation, le traditionniste J. Ndemafata, écrivait dans son
ouvrage intitulé Fomba antakay, “Moeurs antakay” (qui parle entre autres du fehifehy (gouvernement,
administration) de la région de Moramanga:
« Tsy maintsy mifanaja fombafomba tsy maintsy mifanaja. Ny andriana tompoin-tsy
manery vozona ny andevo, ny nafahina tsy mandidy manapaka alohan-joky ; ny zandry tsy
manao kely mba akisa; ny zoky tsy manao Isindriako fa kely hanjakako ; ny tompon -tany tsy
mibahana tsy hiainana ; ny vahiny tsy alohan-tompon-tany ; ary vola maitso natohana akondro
ny samy maitso mifanohantohana”

Soit en traduction large :


“Il faut se respecter ; la coutume veut que ‘les groupes voisins’ se respectent. Les
nobles, les esclaves les servent mais ils ne forcent pas ces derniers à travailler pour eux ; ceux
qui ont été affranchis - des cadets - ne décident pas avant leurs aînés, ceux qui les ont
affranchis
Les cadets, en tant que plus jeunes ne cherchent point à nuire; les aînés, en tant
qu’aînés n’abusent pas de leur pouvoir pour dominer les cadets; les originaires de la région
n’occupent point tout le terrain pour que les migrants ne puissent pas vivre ; les migrants ne
se mettent avant les originaires de la région ; oui, c’est comme le bambou vert qu’on a mis en
appui au bananier : ils sont tous les deux verts, c’est pour cela que ‘l’un vient en appui ‘à
l’autre”.

Tout comme le dicton antemoro, ce passage du texte de J. Ndemahasoa reconnaît


l’existence de la hiérarchie et des particularités de chaque groupe, mais montre en même temps
que chaque groupe jouit d’un respect égal, provenant du fait que le « fehifehy » impose les mêmes
obligations à tous.
C’est dire que dans les formations étatiques mineures, comme le fokonolona ou le fehifehy
dont parle l’auteur des Fomba antakay, un dosage subtil entre égalitarisme et inégalitarisme a été
toujours tenté. Nous rejoignons par là l’argumentation de G. Devereux ci-dessus.

Par ailleurs, le Pouvoir dans la société malgache est apparu depuis des temps immémoriaux
comme un Ray aman-dreny, “ferme comme le père et doux comme la mère”, selon une expression de
Rasedinarivo (journal Lakroa). L’on sait que dans son article 44, la Constitution de la Deuxième
république reprend ce concept et l’adresse au Président de la république qui “en tant que Ray aman-
dreny” veille au respect de la constitution. Mais, en fait, tous les attributs du chef de L’Etat dans cet
article correspondent aux attributs du Ray aman-dreny : arbitre, protecteur de sa maisonnée, symbole
de l’unité familiale... Pour mieux nous en rendre compte, voyons quelques exemples tirés des
traditions régionales.
28

Tous ces exemples montrent mieux que l’image du Ray aman-dreny est sans doute celle qui
représente le mieux le Pouvoir dans la culture malgache. C’est sans doute aussi l’image la plus riche
et la plus féconde de l’Etat et de ceux qui le dirigent. Malheureusement, depuis la monarchie et
pendant la colonisation française, cette notion a dégénéré et s’est chargée d’une connotation négative
: paternalisme voire “providentialisme” de l’Etat, et dépendance, voire infantilisation des citoyens et
même esclavage. Quant au caractère mythique que d’aucuns prêtent à la démocratie qui s’en inspire,
il est le lot de toute idée qu’on ne connaît pas ou dont on ne connaît que les mauvais usages. Faut-il
cependant préciser ici que nous sommes loin de croire que l’Etat doit faire et peut tout faire. Le Ray
aman- dreny ne fait pas tout : il distribue les tâches et les sanctions ; il coordonne et supervise ; il crée
les conditions favorables aux activités des citoyens ; bref, il est un stratège avisé pour la nation. Sa
passion pour l’impartialité et la justice le caractérise. A tout prix, il doit éviter et combattre les passe-
droits ainsi que le paternalisme tendant à faire croire à un Etat-Providence.

Nous avons vu comment fonctionne la société traditionnelle malgache, à l’époque où le


fihavanana régnait encore ; maintenant nous allons, toujours dans cette section de rappel d’histoire,
voir comment se manifeste ce fihavanana quand la politique et la démocratie s’y mêlent.

SECTION 2 - Quelle pratique de la démocratie

2.1. Cas du régime du président Ratsiraka de 1975 à 1991

Il semblait maîtriser la situation et pouvait contrôler les institutions et l’administration ; les


partis politiques étaient en perte de vitesse ; le développement des zones franches entre dans la
logique de la globalisation. Le pays a enregistré une croissance du PIB de 6,5 % ; pourtant le
décalage entre le pays légal et le pays réel est vivement ressenti sur la démocratie, l’Etat de droit, la
lutte contre les corruptions déclarées officiellement n’étaient pas vraiment effectifs, ce qui va
déboucher sur une nouvelle situation engendrée par les élections présidentielles du 16 décembre
2001.

2.2 La liberté de vote ou la fiction démocratique

En droit, et ce depuis 1958, les Malgaches hommes et femmes qui ont atteint l’âge de la
majorité civique, peuvent voter lors des consultations populaires. Sous certaines conditions, ils
peuvent, quel que soit leur sexe, exercer des mandats électifs. Les habitants des villes comme ceux
des campagnes jouissent des mêmes droits civiques quels que soient les niveaux de leur formation,
les postes qu’ils occupent, l’importance de leur fortune. Les conditions d’une démocratie à
l’occidentale semblent réunies. Et pourtant, depuis plus de cinquante ans, le pays court toujours près
de la démocratie et le développement.
29

Peut-on parler de démocratie quand ce n’est pas un parti avec une idéologie précise et un
programme clairement défini qui domine une région, mais plutôt une famille?
La plupart des circonscriptions électorales apparaissent alors comme autant de “fiefs” appartenant à
des familles aisément identifiables. Ainsi une même personne ou deux membres d’une même famille
se font élire sous des étiquettes changeantes. Dans la même circonscription, “on ne vote pas pour un
parti, encore moins pour un programme ; on vote pour une famille, pour un homme”. Cette
constatation quelque peu désabusée de plus d’un membre de la société civile résume assez bien la
situation, et éclaire une partie du visage de la démocratie malgache.
Peut-on encore parler de démocratie quand le choix de l’administration prime sur celui de
l’électeur ? Malgré le CNE (Conseil National des Elections), la HCC (Haute Cour Constitutionnelle),
les observateurs nationaux et internationaux, ou grâce à eux, l’administration vote en dernière
instance. Cette puissance de l’administration dévoile une autre partie du visage de la démocratie
malgache.
Peut-on encore parler de démocratie quand des électeurs en majorité analphabètes, et se
trouvant dans l’impossibilité d’écouter les émissions de la radio et de la télévision (faute de postes ou
de piles) sont appelés à voter un texte fondamental qu’ils ne connaissent pas, ou à choisir entre
plusieurs listes de candidats aux législatives sans qu’on ne leur ait expliqué le code électoral ou [es
différents programmes?
Depuis l’indépendance et surtout depuis 1972- 1975, La classe politique semble avoir aggravé
l’enclavement des régions par son inertie ou par ‘un choix délibéré. Cette situation qui constitue un
frein au développement a permis aux décideurs d’effectuer des opérations “juteuses” pour eux,
comme les importations de riz, la collecte de produits primaires sous-évalués, La distribution de
produits finis surévalués. Elle lui a aussi permis, malgré le changement des factions dominantes, de
se maintenir au pouvoir. Mais maintenant, l’équilibre régional est prôné quelque soit le niveau et les
compétences des personnes « nommées ».

Conclusion partielle :
En somme, la pratique de la démocratie s’est faite avec des formules inefficientes qui ont
surtout profité à la classe politique, tandis que le développement restait une image lointaine. Dans le
prochain chapitre, nous allons faire la présentation du terrain.
30

Chapitre III –PRESENTATION DU TERRAIN

Comment comprendre une société sans étudier l’espace dans lequel elle vit ; et inversement
comment comprendre les transformations sans connaître la société qui en est l’objet ? Il demeure
alors nécessaire de bien décrire le terrain d’étude afin de bien comprendre ses occupants.

SECTION 1- En ce qui concerne l’université d’Antananarivo

Actuellement, l’université d’Antananarivo dispose de quatre facultés et de trois écoles.

Tableau n° 01 : Les établissements de l’université et effectifs des étudiants

Etablissements Effectifs
Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie 4 804
Faculté des Sciences 2 472
Faculté des Lettres et Sciences Humaines 2 742
Faculté de Médecine 1 668
Ecole supérieure des Sciences Agronomiques 477
Ecole Supérieure Polytechnique 963
Ecole Normale Supérieur 525
TOTAL 13 641

Source : http://www.refer.mg/edu/minesup/antanana/images/antanana.gif
Année : 2000

Les instituts sont :


IC/MAA Institut de Civilisations Musée d'Art Et d'Archéologie
IME Institut pour la Maîtrise de l'Energie
IOGA institut et observatoire de géophysique d’Antananarivo
LRI laboratoire des radio-isotopes
CREFEDIV

Pour arriver à ces structures existantes d’aujourd’hui, l’université a traversé des étapes spécifiques.
Nous verrons l’historique de l’Université d’Antananarivo, l’historique des cités, le nombre de chambres
et la gestion de la cité, mais avant tout, l’histoire de l’université d’Antananarivo depuis son fondement
s’avère important :
31

1.1 Historique
 Avant l’indépendance : L’école de médecine de Befelatanana fût le premier siège en 1896 et
pour une période assez longue, de l’université de Madagascar. Le centre d’examen de droit a été créé
en 1948, ainsi que la faculté des sciences économiques. De 1948 à 1952, la filière PCB Physique
Chimie Biologie donne naissance à l’école supérieure des sciences et enfin, dernière-née de l’époque
l’école supérieur des lettres.

 Entre 1960 et 1973 : l’université était centralisée dans la capitale, avec quelques
établissements : facultés ou écoles.
L’union de ces établissements est à l’origine de la fondation Charles De Gaule, dénommé
Fondation Nationale de l’Enseignement Supérieur (F N E S) crée en 1961 résultant de l’accord de
coopération en matière d’enseignement supérieur entre la république française et la république
malgache. Il coiffait l’université proprement dite et les instituts spécialisés (promotion sociale, travaux
publique, agronomie, musée d’art et d’archéologique, technologie industrielle et gestion).
Le F N E S comprend également des établissements d’enseignement et de recherche : l’Ecole
Nationale d’Administration (ENAM), Institut Nationale de Poste et Télécommunication, le laboratoire
de Radio-isotope.
Les écoles sont : les écoles des travaux publics, l’ENCA, les écoles nationales de promotions
sociales.
5
L’IUTG a été le seul institut de l’époque.

 En 1973 : une nouvelle restructuration de l’établissement d’enseignement a été opérée ;


quant aux établissements : l’EES-DEGS, l’IUTG, et l’ENCA s’intègrent dans cette nouvelle
restructuration.

Depuis la restructuration de 1973, les établissements sont :


-l’EES DEGS, qui a phagocyté l’ENPS, l’ENCA et l’IUTG
-les facultés : des sciences, des lettres, et de médecine
-les écoles : polytechniques, sciences agronomiques, normales supérieures.
Ces établissements seront décentralisés progressivement à partir de 1977.

 En 1977 : la décentralisation s’est opérée, d’où la naissance des CUR dans les provinces.

 En 1988 : les CUR sont devenus des universités.


La construction du campus universitaire d’Ambohitsaina débuta en 1961. Démocratisation et
malgachisation de l’enseignement caractérisent l’université de 1973 à 1977, l’année d’apparition des
Centre Universitaire Régionaux (C U R) dans le cadre de la décentralisation. Une décentralisation
ayant fait couler beaucoup d’encre à l’époque. Thème de revendication légitime pour les uns,
démagogie pour les autres.

5
C’est l’IUTG (Institut Universitaire des Techniques de Gestion) qui va devenir le département de Gestion.
32

Des problèmes organisationnels et financiers : Coût de réalisation, manque d’enseignants, certaines


filières réclamaient un profil d’enseignant assez spécifique (polytechnique, Centre Dentaire de
Majunga, etc. …Les nouveaux types d’enseignement étaient réclamés par les réalités locales. Des
contraintes matérielles s’y sont rajoutées : Compréhension des cours, de travaux dirigés réduit à leurs
strictes expressions, ne satisfait ni aux professeurs encore moins aux étudiants. Les conditions
précaires : laboratoire mal équipé, salle de cours sans lumière, mauvaise sonorisation des
amphithéâtres ne faisaient que rajouter le mécontentement des étudiants. La formation et l’installation
du personnel administratif dans ces C U R risquent de grever énormément le budget affecté à
l’université. Les C U R deviennent des universités en 1988. Formation, recherche et autonomie
constituent en 1992 les nouveaux objectifs majeurs de l’université.

1.2 La formation universitaire :

A son début, l’université de Madagascar groupe 3 facultés et 5 écoles dont l’éventail a été conçu pour
couvrir l’essentiel de la république malgache :
• La faculté de droit et des sciences économiques dispense les cours fondamentaux de
licence et de capacité : ses recherches sont orientées par l’intermédiaire des centres de droit privé,
droit public et science politique, études économiques, études des coutumes.
Emanation de la faculté de droit, l’institut d’étude judiciaire malgache prépare les candidats à la
magistrature.
• La faculté des sciences
Elle délivre 5 diplômes universitaires d’études scientifiques (mathématique physique, physique chimie,
chimie et biologie, chimie et biologie options science agronomique, biologie et géologie), 3 licences
(ès science mathématique, ès science physique et science naturelle) et quelque certificat de maîtrise,
grâce à ces laboratoires et son centre annexe de biologie marine de Tuléar, elle poursuit des travaux
actifs dans le domaine de la recherche fondamentale et appliquée.
• la faculté des lettres et sciences humaines a entrepris également le démarrage d’un
nouveau régime dont la première année en application en 1967-1968, avec 4 sections : lettre
moderne, histoire, géographie, lettre malgache. Elle a conservé pour le reste l’ancien système des
certificats, qui correspond à 9 groupes de licence et lettre dont 3 propres à Madagascar.
• Ecole nationale de médecine
• Ecole nationale de promotion sociale : activité traditionnelle de perfectionnement, cycle de
formation professionnelle.
• Ecole nationale des cadres : faculté des droits
• Ecole nationale supérieur agronomique
• Ecole nationale des travaux publics.
33

SECTION 2 - En ce qui concerne les cités universitaires :


2.1. Historiques :

1960-1980 : Création des premières cités


Après son indépendance en 1960, Madagascar a obtenu son équipe Université à Antananarivo. Les
nouveaux bacheliers venant des provinces et des zones périphériques d’Antananarivo ont eu un
grand problème en matière de logement. Face à cette situation, le gouvernement de Tsiranana a pris
le problème en main en établissant un accord avec le gouvernement italien en 1978. Cet accord a
abouti à la construction des blocs préfabriqués et par la suite s »est mis à la fabrication des maisons
dures.
Les blocs préfabriqués sont des maisons dont les éléments sont préalablement fabriqués en Italie.
Ces cités étaient composées de :
- 68 blocs
- 1 restaurant
- 2 amicales de part et d’autre du restaurant
Au début, chacun de ces blocs était occupé par trois étudiants dont chaque chambre était occupée
chacune par un lit, une table et une chaise.
Les étudiants n’avaient aucun problème en matière de nourriture puisqu’il y avait le restaurant
universitaire qui offrait des repas à coût réduit qui sont à la porté de tous ;

1994 : L’assainissement
Les personnels du CROUA (Centre Régionale des œuvres Universitaires d’Antananarivo) ont constaté
certaines irrégularitées parmi ces étudiants qui bénéficient des logements universitaires. Seules les
moitiés des résidents étaient des vrais étudiants. Les restes étaient des travailleurs, des
fonctionnaires ou des étudiants qui ont déjà fini leurs études ; il y a aussi ceux qui ont pu bénéficier
de l’accueil familial habitant la capital et qui font louer leurs appartements. D’où la dépense en eau et
en électricité s’est élevée à plusieurs d’Ariary. Par conséquent, les responsables du CROUA ont dû
prendre des initiatives en opérant un assainissement afin de bien distinguer les étudiants réguliers des
autres et surtout pour permettre l’accès des nouveaux bacheliers.
Cet assainissement a provoqué une émeute chez certains étudiants qui ont, par méchanceté et
jalousie volé et détruit tous les installations et les matériaux constitutifs des cités.
Chaque année surtout actuellement, l’administration doit faire un assainissement dans toutes les cité
universitaires afin d’éviter à ce que ces sauvageries ne se reproduisent.

2.2 les différentes cites existantes a Antananarivo :

Les cités universitaires ont été construites petit à petit. Il y a celles qui sont en blocs dures et
celles qui sont préfabriquées. Actuellement ces cités sont en nombre de six dont Ankatso I,
Ankatso II, Ambohipo, Ambolokandrina, Ambatomaro et Vontovorona. Auparavant, elles étaient
34

au nombre de sept avec celle de 67 ha, mais celle-ci a été récupérée par la SEIMAD et les étudiant
qui s’y logeaient ont été départagés dans les autres cité.
Chacune de ces cité a des responsables dont le SICU (Service des Intendances de la Cité
Universitaire) qui s’occupe des services sociaux des cité, puis il y a le CROUA qui s’occupe de la
direction et des papiers administratifs.

Afin d’être plus claire, nous présentons ici un organigramme présentant les différents
responsables des cités universitaires.

MINESUP

C.A

DIRECTION CROUA

DAR Département logistique Département Santé

Service personnel Service financier SICU SICU SICU SICU SICU SICU
Ambohipo Akandrina Amaro Ankatso 1 Ankatso 2 Vvorona
35

Tableau n° 02 : Capacité d’accueil les cites universitaires d’Antananarivo

SICU Capacité D’accueil

ANKATSO I 993

ANKATSO II 1464

AMBOHIPO 1072

AMBATOMARO 392

AMBOLOKANDRINA 339

VONTOVORONA 1080

TOTAL 4998

Source : CROUA Ankatso I


Année : 2011

Tableau n° 03 : Nombres de chambres à la cité universitaire d’Ankatso I

Chambres Effectifs
Durs 576
Ex-Resto 108
Hangar 72
Taratra 43
Cenerit 24
Porte Bis 48
Porte A 44
Porte B 23
Porte C 14
Porte D 03
Porte E 02
Lingerie 06
BLP 20
Harlem 05
Ex Médecine préventive 05
TOTAL 993
Source : CROUA-Ankatso I, 2011
36

2.3. La cité et ses règlements

a) Les critères d’attribution des chambres

Il faut souligner que les chambres en cité U sont attribués en fonction du nombre de chambres
disponibles et en priorité :
-aux étudiants ayant obtenu une mention aux examens ou au baccalauréat
- aux étudiants bénéficiaires d’une allocation d’étude octroyée par l’Etat malgache et qui ne dispose
d’aucune ressource
-aux étudiants non boursiers dont les parents ou tuteurs résident en dehors des limites périphériques
d’Antananarivo
-aux étudiants issus des parents ayant à leurs charges plusieurs enfants d’âge scolaire et justifiant de
faibles revenus annuels
-aux étudiants orphelins et handicapés physiquement

Après avoir vu ces critères, on peut constater qu’acquérir une chambre universitaire n’est pas
facile, il faut suivre divers procédés et zen maximum de chance. Cela parce que nombreuses sont les
demandes, donc il faut l’étudiant remplisse tous les critères requis pour avoir une chambre.

b) Principe de base et obligation

Les étudiants qui ont eu la chance d’avoir une chambre sont régis par certaine obligation telle
que le payement d’un loyer avant le 14 de chaque mois dont le pontant est fixé par décision de la
direction. Ces étudiants sont aussi responsables de la garde et de l’entretien du matériel et du
mobilier et mise à sa disposition.

c) Les sanctions

Comme toutes institutions, des sanctions doivent être appliquées en cas de non respect des
règlements. Ainsi, tout étudiant résidant contrevenant aux principes et obligations des chambres est
passible de sanction pouvant aller jusqu’à l’expulsion des chambres pour :
• Tout résidant ayant fait l’objet d’une sanction disciplinaire
• Le non payement du loyer dans les délais prévu
• Toute cession de chambre sous quelque forme que ce soit au profit de toute autre personne.
• Tout hébergement à titre temporaire ou permanent, au profit d’un clandestin.

Ainsi, pour pouvoir garder leur chambre, ces étudiants doivent suivre les règles et aussi réussir
leur examen parce que le résultat scolaire est aussi une des conditions qui permet de garder une
chambre. Néanmoins, la durée de séjour en cité universitaire ne doit cependant pas axcéder le
curcus normal c'est-à-dire cinq ans pour les facultés sauf pour les étudiants en troisième cycle ; cinq à
six ans pour les écoles supérieures et neuf ans pour la faculté de médecine.
37

d) Les associations à base d’identités régionales


La cité universitaire d’Ambohipo n’est qu’une simple habitation pour les étudiants, c’est surtout
une petite communauté qui regroupe plusieurs associations de diverses formes et objectifs.
Les différents types d’associations
En effet, la présence de nombreuses associations sont très remarquées dans la cité d’Ambohipo.
Elles ont chacune leur propre organisation.

Les associations régionales et provinciales :


AEA : Association des Etudiants Antongiliens
AEDS : Association des Etudiants de Diego Suarez
AEFA : Association des étudiants de Farafangana
AEFORT : Association des étudiants de Fort Dauphin
AESEM : Association des Etudiants du Sud-Est de Madagascar
AETA : Association des Etudiants Tuléarois à Ankatso
AI-200 : Akon’Imady 200
ATASCO : Association Tuléar des Anciens Sacré-cœur
BAMAMI : Bakozetra Mpianatr’Alaotra Mangoro Mitambatra
CADEF : Comité d’action pour le développement de Fénérive-Est
FIANTA : Eikambanan’ny Antemoro Antananarivo
FIMPIAT : Fikambanan’ny Mpianatra Ambalavao Tsienimparihy
FITEFA : Fikambanan’ny Terak’i Fandriana
FIZAMAMA : Fikambanan’ny Zanak’I Mananara sy Maroantsetra
FIZANA : Fikambanan’ny Zanak’Andapa
FMI : Fianarantsoa Miray Eto Iarivo
MBARAKALY: Fikambanan’ny Mpianatra avy any Toamasina
MPIZAMI: Mpianatra Zanaray Miraindraiky
SAMBO: Santa Andrian’ny Mpianatr’I Boina

e) Les associations d’intégration sociale

• Associations religieuses
ACUT : Aumônerie Catholique Universitaire de Tananarive
GBUT : Groupe Biblique Universitaire de Tananarive
APU : Aumônerie Protestante Universitaire

• Associations politiques :
AELF : Association des étudiants Leader Fanilo
MAREMA : Mpianatra Andry sy Rihana Enti-manarina an’i Madagasikara
RAM : Rassemblement pour l’Avenir de Madagascar
Jeunes TIM : jeunes Tiako I Madagasikara
TGV : Tanora Gasy Vonona
38

f) Organisation structurale généralisée des associations

En règle générale, toutes les associations ont les mêmes structures et organisations
telle que représentées par l’organigramme suivant.

• Les associations régionales

Elles sont structurées selon un schéma classique, tandis que les objectifs peuvent présenter des
spécificités.

PRESIDENT

Vice-Président 1 Vice-Président 2

Sec Générale 1 Sec Générale 2 Sec Générale 3

Trésorier 1 Trésorier 2

Commissaire au compte

Conseillers

Les membres

• Les associations religieuses


Les associations religieuses sont composées d’un président, un secrétaire, un trésorier, des
commissaires au compte, et les membres.

• En ce qui concerne les associations politiques, elles ont la même structure que les
associations provinciales et régionales.

g) Les activités et les objectifs des associations :

• Les associations régionales :


Ces associations ont pour but de rapprocher les étudiants et de renforcer la solidarité entre eux.
Nombreuses sont les activités organisées par ces associations ; il y a ceux qui sont d’ordre socio-
économique et ceux d’ordre pédagogique.
39

• Les activités socio-économiques :


Comme ces associations sont autonomes, elles doivent utiliser plusieurs moyens pour financer
l’association. Ainsi, plusieurs activités sont organisées telles que les cotisations parmi les membres, la
demande de sponsoring, l’organisation de fêtes et de soirées dansantes, les opérations
gastronomique, la réception des membres à chaque nouvel an, les voyages organisés…

• Les activités pédagogiques :


Les associations n’ont pas que des objectifs lucratifs, elles sont surtout utiles pour rendre service
aux étudiants. Ainsi, ces associations organisent des encadrements, des cours d’appuis, des partages
de polycopies gratuites, distributions de prix pour inciter les étudiants à faire des efforts. Ce sont les
avantages que peuvent offrir les associations régionales.

• Les associations religieuses :


Ces associations ont pour principal objectif l’organisation des activités spirituelles telles que les
cellules de prières et surtout celui d’initier les étudiants à avoir foi en Dieu. Cela parce que la croyance
en Dieu permet aux étudiants de surmonter toutes les difficultés qui se produisent dans leur vie
estudiantine.

• Les associations politiques :


A l’exception de l’association RAM, les associations politiques ne sont pas nettement visibles
dans la cité. En effet, ces associations ne peuvent pas se permettre de se montrer comme les autres
associations vu que la situation actuelle du pays est très instable.

• Les conditions requises pour faire partie des associations :


Les associations que l’on a enquêté ne font pas de discrimination au niveau de leurs membres.
En ce qui concerne les associations régionales, tous les étudiants ont le droit de faire partie de
l’association à conditions qu’ils paient les droits d’inscriptions qui varient de 600 ariary à 2000 ariary.
Toutefois, s’il y a des étudiants qui font parties d’une association mais qui ne sont pas originaire de la
région selon laquelle l’association a été créée ; ces étudiants ont tous les droits sauf celui de se
présenter en tant que candidat lors des élections de président de l’association.

Conclusion partielle :

D’un point de vue global, la cité universitaire d’Ankatso I dispose d’atouts qui ont un impact
sur la vie quotidienne des étudiants et de leur développement. Les étudiants savent s’organiser entre
eux pour avoir une harmonie sociale mêmes si certains tentent de se faire remarquer en enfreignant
les règles, comme monter à fond le volume des mini-chaînes à minuit!
Le terrain nous a procuré différents points de vue venant des étudiants de différentes régions
qui sont supposés avoir une capacité d’analyse en tant qu’instruits.
40

On peut dire, à partir de l’observation faite et de l’enquête menée, que le quotidien des
étudiants rime avec l’exercice de citoyenneté tant espéré chez les « instruits » quand à la participation
politique, mais l’environnement ne favorise pas le facteur du civisme du vécu journalier.
L’objet de la deuxième partie concerne l’explication de la problématique et la vérification des
hypothèses.
PARTIE II
41

PARTIE II : enquête sur la pratique de la démocratie


Afin d’avoir une idée, aussi précise que possible, de la perception de la démocratie par les
étudiants malgaches, une enquête a été menée. L’enquête a touché 80 personnes.

CHAPITRE IV - : RESULTATS DE L’ENQUETE

SECTION I- présentation

Les données suivantes ont été élaborées à partir d’une enquête menée auprès de 80
personnes de la cité universitaire d’Ankatso I.

1.1. Sur l’échantillon

• La majorité des personnes interrogées représentent le sexe masculin.

Tableau n°04 : effectif des enquêtés

Nb % cit.
Homme 55 68,8%
Femme 25 31,3%
Total 80 100,0%
Source : enquête personnelle
Année : 2012

• L’âge moyen des personnes interrogées est de 25 ans ; l’âge minimum est de 18 ans et le
maximum est de 40 ans.

• La plupart sont des chrétiens car 35 sont catholiques ; 30 protestants ; 04 adventistes ; 01


témoin de Jéhovah ; 02 anglicaux ; 03 luthériens et 04 n’ont pas mentionné.

• La plupart des ethnies ont été touchées par l’enquête ; la majorité est représentée par les
« Sihanaka » (17.7 %) ; vont ensuite les originaires de Tsiroanomandidy (11.4 %) ; les Merina
sont de 8.9 % ; Ambositra, Fianarantsoa et Mananana nord représentent chacun 6.3 % ;
Antsirabe et Antsiranana représentent chacun à leur tour 5.1 %. Les autres régions et ethnies
n’atteignent pas le seuil de 4 %.
• La majorité des étudiants sont en 4è année d’étude car ils représentent 25.6 % soit 20
étudiants ; suit les 1ère années (15.4 %) ; 07 étudiants en 2è année d’étude ; 03 étudiants en
3è cycle ; 07 en 6è année ; 09 en 3è année ; 02 en DEA ; et le reste sont déjà des salariés ou
exercent des professions libérales comme comptable, conseiller technique, concepteur,
consultant, médecin, homme d’affaire, journaliste, vendeur, locateur de voiture etc.
42

Il faut reconnaitre que dans l’ensemble, les résultats quantitatifs et qualitatifs de l’enquête reflètent
l’opinion des élites quant à l’état de la démocratie. Ce document servira de point de départ sur
l’amélioration et la consolidation de la démocratie.

1.2. Sur la définition de la démocratie

Dans l’ensemble, on peut avancer que la notion de démocratie est comprise par les citoyens.
Toutefois, dans le cas d’une question ouverte, les réponses semblent diffuses.

Tableau n°05 : définition de la démocratie

Nb % obs.
Liberté 27 33,8%
Pouvoir du peuple 36 45,0%
Acceptation de la diversité 4 5,0%
Etat de droit 9 11,3%
Partage du pouvoir 8 10,0%
Dirigeant élus 11 13,8%
Responsabilisation 7 8,8%
Acculturation 3 3,8%
Total 80
Source : enquête personnelle
Année : 2012

Toutefois, les réponses étaient claires lorsqu’on leur a donné le choix entre 3 questions
précises, tel que la montre le tableau suivant :

Tableau n°06 : ce qu’on entend par démocratie

Gouvernement du peuple par le peuple 33


Pouvoir du peuple 37
Peuple au pouvoir 6
Autres 4
Source : enquête personnelle
Année : 2012

Mais les citoyens hésitent quand il s’agit de donner une opinion sur la pratique de la démocratie à
Madagascar. Moins de la moitié des personnes enquêtées pense que les malgaches vivent dans la
démocratie.
43

Tableau n°07 : Croyez-vous vivre en démocratie ?

OUI 36
NON 38
Sans opinion 6
Source : enquête personnelle
Année : 2012

Les obstacles à la démocratie sont encore nombreux. Certains caractères et habitudes sont autant de
frein à la démocratie

Tableau n°08 : les obstacles à la démocratie

Nb % obs.
Ignorance 11 13,8%
Absence de solidarité 12 15,0%
Abus de pouvoir 40 50,0%
Peur 16 20,0%
Perte de confiance en soi 1 1,3%
Incompatibilité avec les valeurs traditionnelles 17 21,3%
Pauvreté 9 11,3%
Total 80
Source : enquête personnelle
Année : 2012

Pour que la démocratie ne fasse pas marche arrière, certains ont avancé les propositions suivantes :

Tableau n°09 : propositions pour consolider la démocratie


Nb % obs.
Education des citoyens 48 60,0%
Meilleures connaissance de la législation en vigueur 20 25,0%
Consolidation des structures fondées sur le fokonolona 6 7,5%
Fihavanana 16 20,0%
Changement de mentalité 1 1,3%
Total 80
Source : enquête personnelle, Année : 2012

Ces tableaux montrent la perception de la démocratie par les étudiants malgaches. Les
définitions qu’ils donnent à la démocratie et sa limite nous permettent d’avoir une idée claire et précise
de la part des étudiants. Nous allons voir maintenant les avis sur les élections.
44

1.3. Sur les élections :

On peut avancer que la majorité des citoyens sont mûrs pour la démocratie. La plupart des
électeurs fondent leur choix plus sur des candidats que sur leur programme.

L’élection d’une femme ou d’un homme n’importe pas pour les électeurs. Ce qui est important
c’est le critère cité ci-dessus.

Tableau n° 10 : quelle candidature préfériez-vous ? Celle d’un homme ou d’une femme ?

Nb % cit.
Homme 37 46,3%
Femme 29 36,3%
Les deux 14 17,5%
Total 80 100,0%
Source : enquête personnelle
Année : 2012

Les étudiants sont libres de choisir leur candidat qu’il soit un homme ou une femme. Les personnes
plus ou moins instruites ne sont pas bornées d’esprit mais ont conscience de l’implication de la femme
dans le développement du pays.

Tableau n°11: L’homme nouveau ou les mêmes qu’avant ?

Nb % cit.
Homme nouveau 49 65,3%
Même qu’avant 4 5,3%
Peu importe 22 29,3%
Total 75 100,0%
Source : enquête personnelle
Année : 2012

Les malgaches sont plus inspirés par les hommes nouveaux ; mais ils ne se rendent pas
compte que seuls les joueurs changent mais le jeu reste quasiment le même.

Les politiciens ne sont pas très bien vus par les électeurs. Une majorité pense que les politiciens
cherchent seulement à être riches.
45

Tableau n°12 : quelle caractérisation donnez-vous aux politiciens malgaches ?


Nb % obs.
Intérêt commun 12 15,0%
Conquête d’un siège 39 48,8%
Conquête de richesses 43 53,8%
Cherche le bien du peuple 3 3,8%
Incompétents 6 7,5%
Total 80
Source : enquête personnelle
Année : 2012
Les malgaches n’ont plus confiance en leur classe politique. Ils voient les politiciens comme
des égoïstes qui ne cherchent que leurs intérêts personnels. Nous allons voir à présent l’avis des
étudiants sur les partis d’opposition et le Fanjakana.

1.4. Sur les opposants, partis d’oppositions et Fanjakana :

La majorité pense que l’existence des partis d’opposition est nécessaire. Pourtant 21.5 %
considèrent l’opposition comme fauteur de trouble.

Tableau n°13: quelles définitions donnez-vous aux partis d’oppositions ?

Nb % obs.
Défenseur du peuple opprimé 16 20,0%
Ennemi de la nation 16 20,0%
Garde-fou pour les dirigeants 9 11,3%
Fauteur de trouble 17 21,3%
Réactionnaires 21 26,3%
Contre-pouvoir 6 7,5%
Total 80
Source : enquête personnelle
Année : 2012
Le fait que la majorité pense que les partis d’oppositions jouent le rôle de réactionnaires
signifie que le fanjakana ne joue pas son rôle de Ray aman-dreny.
Tableau n°14 : quelles définitions donnez-vous au Fanjakana ?
Nb % obs.
Parents 26 32,5%
Détenteurs du pouvoir 28 35,0%
Dirigeants à qui l’on doit obéissance 27 33,8%
Total 80
Source : enquête personnelle, Année : 2012
46

Tout le monde fait de la politique, mais il n’est pas forcément censé le faire bien et le
connaître. A l’époque, la force était la source du pouvoir, mais aujourd’hui, c’est l’élection ; c’est ce qui
traduit la démocratie. Dans les sociétés traditionnelles primitives : le pouvoir vient de la divinité. C’est
une façon de justifier la prise de pouvoir. Ce pouvoir possède un caractère sacré. L’origine
divine de l’autorité a permis d’assumer le fonctionnement de la société en la dominant non pas par les
seuls moyens de la contrainte physique, mais encore et surtout en vertu du consentement et de
l’approbation de la grande majorité des sujets et des citoyens.
Pour qu’un Etat dure, il ne suffit pas qu’il dispose d’une bonne armée et d’une bonne police, il
faut aussi que le plus grand nombre de ses ressortissants soient convaincus de sa légitimité. Cette
opinion publique exprime le consentement, l’approbation et la reconnaissance de la légitimité.
Le terme « développement » et « surtout le « fihavanana » se trouvent toujours dans les
textes de discours officiels quand on veut être élu.

SECTION II - La pratique électorale

2.1. Les paramètres du vote

Les conditions de la participation conventionnelle, c’est d’abord s’inscrire sur la liste


électorale. Les personnes inscrites constituent « L’électorat ». Or, nombreux sont ceux qui
s’abstiennent de ce devoir électoral. Ce phénomène n’est pas spécifique d’une seule époque, mais la
proportion peut varier selon les scrutins.
D’après l’enquête que nous avons mené à Ankatso I, presque tous les étudiants sont majeurs et sont
inscrits, mais en tout cas, l’inscription augmente avec l’âge. (75% des 19 %ans, 90% des 30 ans ;…)
. Nous pouvons ainsi dire que le processus de l’inscription suit la courbe de l’insertion dans la vie
active.

On vit dans un milieu universitaire où tous les enquêtés ont un certains niveau d’instruction ;
un bon nombre participe activement au vote si nous nous referons par exemple au dernier referendum
de 2009. Il faut dire que le taux d’inscription s’accroît avec le niveau d’instruction. La variable la plus
importante n’est pas l’âge mais le degré d’instruction et de compétence qui va de pair avec la place
occupée dans la société, ce qui peut déterminer le degré de conscience citoyenne.
Il est à noter que la variation enregistrée en fonction de la variable religieuse est plus
importante que celle enregistrée en fonction de la variable de classe.

2.2. Les actions des partis politiques

Rappelons un peu les actions des partis politiques dans La vie politique :
La fin du siècle précédent et le début du 20èsiècle ont véhiculé le triomphe de la mondialisation
considérée aussi comme une civilisation planétaire.
47

La mondialisation a suscité en Afrique, des situations diverses avec des manifestations


différentielles, donc, mise en œuvre d’une nouvelle constitution exigée par les forces politiques : c’était
l’époque des conférences nationales et des forums nationaux qui ont mobilisé plusieurs groupes
sociaux : partis politique et société civile.
A Madagascar, la conception du parti politique est faible et fragile. L’utilisation et la manipulation du
peuple est en fait une démagogie visant un double objectif : leur infantilisation et un moyen pour
certains partis de se faire accepter par le « vahoaka » pour garder leur place. Mais le problème qui se
pose est le suivant : la tendance à l’ego de ces mêmes partis sans vraiment prendre en compte la
réalité et l’opinion du peuple. Quels sont les vrais problèmes ?
La liberté prend un sens restreint et sélectif à Madagascar. Un parti doit proposer un projet de société
visant à établir un ordre visant à éduquer le citoyen.il faut qu’il y ait une formation et une culture
politique en raison de l’idéologie qui devrait prédominer.

• Les forces des partis politiques

Les partis de l’opposition servent de contre-pouvoir pour l’autorité au pouvoir, contre les abus
compte tenu de tous les potentiels. L’opposition est à la fois une force de culture politique dans
l’application de la loi. Les partis de cadre n’exigent pas beaucoup de militants dans son
accomplissement, ce sont des groupes patronaux et des syndicats. Les partis agissent aussi en
sensibilisant les citoyens pour jouir de leur droit et devoir en participant au vote.
Les partis politiques avec les groupes de pressions et la société civile influencent le pouvoir en place.
Avec les groupes de pressions, les partis cherchent à déstabiliser le pouvoir en place. Son premier
rôle est ainsi conquérir le pouvoir et influencer la population.
Cependant,
- Les partis n’élaborent des projets de société que lorsqu’ils sont au pouvoir.
- il n’y a pas de liberté d’expression pour les opposants (emprisonnement, massacre des
medias,…)
- les nouvelles élites une fois élues, ils ont la même politique que les anciens dirigeants :
« politique du ventre »-les partis se positionnent par rapport au seul exercice du pouvoir mais pas au
projet de société qu’ils désiraient réaliser auprès de la société.
- les partis ne se rendent pas compte des vrais besoins locaux.
- il n’y a que de simples discours mais il n’y a pas de réalisations de promesses ce qui traduit
la recherche de l’intérêt personnel.
- il n’y a pas de vrais militants que de militants éphémères. Il n’y pas d’éthique dans la
pratique politique : il est facile de retourner sa veste, il n’y a pas de moralité politique.
- Seul le parti de l’autorité au pouvoir jouit du financement lors de campagnes électorales.

Quand à la question d’intégration au parti, il parait que les étudiants n’ont pas vraiment de la
consience politique.
48

Tableau n°15 : Etes-vous membre d’un parti politique ?

Nb % obs.
Oui 13 16,3%
Non 67 83,8%
Total 80 100,0%
Source : enquête personnelle, Année : 2012

Il n’y a donc pas de véritables partis politiques à vocation nationale recrutant leurs membres
sur la base d’un projet de société bien déterminé et bien clair, connu de tout le monde. Les formations
politiques cultivent en fait les comportements territoriaux. Par contre, certaines associations qui se
réclament de la société civile, essaient de mobiliser tous les Malgaches autour de programmes
essentiellement économiques et socioculturels. Elles recherchent le rassemblement des citoyens ou
tout au moins leur regroupement autour d’un programme clairement défini. Si ces tentatives
réussissent, on peut alors espérer voir de véritables formations politiques nationales présenter aux
électeurs des projets de sociétés différents.
La division du peuple malgache est cependant masquée par la référence au flhavanana
avancée aussi bien par la classe politique que par les médias.

De par l’enquête, on peut dire que les étudiants qui sont l’avenir du pays ne s’impliquent pas
dans la vie politique du pays si on l’on ne se réfère qu’à l’intégration des étudiants aux partis ; car pour
la plupart, les politiciens ne sont que des égoïstes qui cherchent leurs intérêts personnels mais qui
sont incapables d’accomplir leur rôle d’acteur de développement. La question est : qui fait quoi au
sein du gouvernement ?

SECTION III – La propagande politique

Avant le scrutin, les politiciens font tout pour se faire élire ; pour ce faire, ils usent de tous les moyens
et de toutes les techniques pour parvenir à leur fin même en l’absence d’une morale politique.

3.1. Le viol des foules

On a affaire dans la vie non pas à une excitation unique et isolée mais à des complexes
excitations simultanées ou successives, c’est-a-dire, à des chaînes d’excitations. Dans cet ensemble
d’excitations, l’ensemble complexe est pris comme une unité.

Théorie de Pavlov : Théorie des reflexes conditionnés


Si on donne à un chien de la nourriture, la salive s’écoule automatiquement. C’est un
mécanisme donné par la nature à l’individu et à sa naissance, c’est un reflexe inné ou absolu selon la
terminologie de Pavlov. Il va de soi que si nous faisons entendre à un chien quelconque le son d’une
sonnette, cette excitation n’aura aucun rapport avec la salivation. Mais si nous commençons à
synchroniser les deux faits, la prise de nourriture et l’excitation sonore, si nous répétons cette
49

coïncidence 50, 40, 60 fois, nous pouvons constater qu’après cet « apprentissage » du système
nerveux du chien, le son de la clochette seul, sans aucune prise de nourriture, déclenche la salivation.
Une liaison s’est établie dans l’organisme du chien entre ces deux excitation, un nouveau reflexe
« artificiel » ou temporaire s’est formé, le « reflexe conditionné » comme l’a nommé Pavlov.
On peut schématiser la formule de ce reflexe de la manière suivante :

Tableau n° 16 : le reflexe conditionné

Phase : Facteur absolu : Facteur Effet :


conditionnant
ere
1 Phase : Son Pas de salivation
é
2 Phase : Viande Salivation
é
3 Phase : Viande Son Salivation
é
60 Phase : Son Reflexe conditionné
Source : PAVLOV

Le vote, c’est comme une technique de dévolution du pouvoir qui apparaît doter d’une
supériorité incomparable.
« Vote » vient du latin « votum » qui signifie émettre un vœu dans des circonstances
ème
solennelles, faire une promesse aux dieux. A partir du XV siècle, vote signifie « Délibération ». Et
ème
au début du XVIII siècle vote signifie assentiment par le suffrage. Le vote devient matériel, il devient
un bulletin.
L’élection offre un moyen à la collectivité de s’inventer dans l’Etat par sa représentation ;
c’est un acte social qui légitime des groupes. D’un coté les mandataires (agents politiquement actifs)
selon Weber, qui vivent pour et par la politique, de l’autre, des citoyens électeurs (réputés tout
puissant mais dont l’action consiste d’abord à « départager des élites en compétition »
«(Schumpeter). Ce sont des agents politiquement passifs.
Les acteurs politiques sont des agents qui cherchent à maximiser les voix en leur faveur et
sont liés entre eux par une relation d’interdépendance. Les électeurs voteront pour celui/ ceux qui leur
procurent le plus d’utilité.
Des stratégies mobilisatrice nouvelles sont mises en place : visite à domicile, presse
spécialisée, théâtralisation de l’affrontement politique.
Dans les démocraties existe un impératif quasiment moral d’avoir des opinions
politiques comme si le civisme était la chose du monde la mieux partagée. On naîtrait citoyen.
L’électeur naît de l’invention de vote. De sujet, il devient citoyen

La corruption politique : C’est une marque de la dissolution d’un régime politique.


⇒ L’abus de confiance
⇒ L’escroquerie
⇒ Trafic d’influence
50

⇒ Violation des règles

La démocratie ne devait s’ouvrir qu’à ceux qui en ont les capacités,

L’éligibilité était pendant longtemps réduite aux plus riches et aux plus âgés. La domination
politique restait ainsi étroitement liée à la domination sociale.
La première tâche d’un prétendant en politique est de se distinguer. Sa marque doit être perçue
comme meilleure que les autres.

Tableau n°17 : critères pour le choix d’un candidat ?

Nb % obs.
Sa personnalité 23 28,8%
Son principe 21 26,3%
Ses réalisations 33 41,3%
Son parti 2 2,5%
Sa renommée 5 6,3%
Sa richesse 10 12,5%
Son ethnie 0 0,0%
Les dons offerts 0 0,0%
Son programme 29 36,3%
Autres 0 0,0%
Age 2 2,5%
Total 80
Source : enquête personnelle
Année : 2012
3.2. Théorie de la manipulation

a) Objet de la manipulation : La manipulation consiste en un essai de l’influence sur l’opinion.


On agit selon l’imaginaire social des gens grâce à quelques actions : fiction, illusion, vérité à demi,
calomnie, rumeur, piège,…
En effet, le combat suppose un jeu rituel entre opposant et gouvernement. Cependant, force
est de constater que la manipulation de l’informatique est toujours un moyen essentiel.

b) Forme de manipulation : Les plus fréquentes sont l’intoxication, la désinformation, la


récupération, la provocation,…. Si on fait une projection dans le temps, la manipulation à court terme
et la manipulation à long terme sont à considérer.

c) Sphère de manipulation : Généralement, on parle de la manipulation de l’opinion, c'est-à-


dire une régulation institutionnelle ou par l’action avec les effets de domination sont certaines mesures
de l’opposition :
51

- la manipulation liée au phénomène de terrorisme


- la manipulation externe
- la manipulation proprement idéologique

d) signe de la manipulation : La manipulation n’est pas toujours aussi évidente. Il faut dès
lors tenir compte des faits de l’histoire, des antécédents. Mais on peut citer entre autre ce qu’on prône
dans le discours politique et dans celui des medias.

e) Moyen de manipulation : La manipulation a un objectif, un programme, les politiciens


travaillent sur une durée déterminée. Les moyens qu’ils emploient dépendent de la manipulation selon
une certaine exigence plus ou moins durable qu’elle soit à court ou à long terme.

f) Principe de la manipulation
- La manipulation est une violence en soi, visant à forcer le consentement de la volonté
- La manipulation est aléatoire
- la manipulation est subordonnée à la politique

g) Mécanismes de la manipulation : Ces mécanismes sont :


- L’anonymat ; des options de sources plus ou moins clandestines
- Un enjeu très faible pour un gain maximum
- son interdépendance avec les relais utilisés notamment
- choix d’une cible

h) Manipulation et crise sociopolitique : La guerre civile est l’exemple typique et extrême de la


manipulation. Mais dans quel sens la manipulation peut-elle avoir une relation avec cette guerre ?
La manipulation peut préparer cette guerre ou tendre à la favoriser. La manipulation peut être le
détonateur, maintenir le moral des troupes pour la remporter ou essayer d’obtenir des ralliements.
Enfin, la manipulation peut provenir de l’étranger pour affaiblir ou désorganiser une action.
C’est carrément une technique d’endormir le peuple.

En droit, et ce depuis 1958, les Malgaches hommes et femmes qui ont atteint l’âge de la
majorité civique, peuvent voter lors des consultations populaires. Les habitants des villes comme ceux
des campagnes jouissent des mêmes droits civiques quels que soient les niveaux de leurs formations,
les postes qu’ils occupent, l’importance de leur fortune. Les conditions d’une démocratie occidentale
semblent réunies, et pourtant depuis plus de trente ans, le pays court toujours après la démocratie et
le développement.
Peut-on parler de démocratie quand ce n’est pas un parti avec une idéologie précise et un
programme clairement défini qui domine une région, mais une famille ?
La plupart des circonscriptions électorales apparaissent alors comme autant de « fiefs »
appartenant à des familles aisément identifiables. Ainsi, une même personne ou deux membres d’une
52

même famille se font élire sous des étiquettes changeantes. Dans la même circonscription, « on ne
vote pas pour un parti, encore moins pour un programme ; on vote pour une famille, pour un
homme ». Cette constatation quelque peu désabusée de plus d’un membre de la société civile
résume assez bien la situation, et éclaire une partie du visage de la démocratie malgache.
Peut-on encore parler de démocratie quand le choix de l’administration prime sur celui de
l’électeur ?
Peut-on encore parler de démocratie quand des électeurs en majorité analphabètes, et se
trouvant dans l’impossibilité d’écouter les émissions de la radio et de la télévision (faute de postes ou
de piles) sont appelés à voter un texte fondamental qu’ils ne connaissent pas, ou à choisir entre
plusieurs listes de candidats aux législatives sans qu’on ne leur ait expliqué le code électoral ou les
différents programmes ?

3.3. Les formules « chocs »

- A chaque crise politique, à chaque élection, on agite le spectre de la division des Malgaches, et
dans les discours publics les hommes politiques rivalisent pour obtenir le label de
“rassembleur”. En coulisses pourtant, le thème majeur de la propagande est qu’il faut voter
pour l’enfant du terroir”. Le peuple malgache est donc divisé, et la classe politique semble
entretenir, voire encourager cette division.
- A chaque discours, moyen d’influencer l’opinion publique, la formule « intérêt supérieur de la
nation » est toujours évoquée.
- La formule de « développement rapide et durable » est toujours parmi les plus courantes ces
derniers temps alors que c’est impossible en termes de faisabilité. Cela nécessite un long
processus depuis la base, une conscience civique dont le pays a besoin.
- Le langage est piégé. A force d’entendre parler de « vahoaka »(peuple) , l’opinion finit par
s’imaginer que le terme désigne toute la population s’exprimant d’une seule voix .Or, le concept
de « vahoaka » est traditionnel où les décisions se prenaient à l’unanimité au terme de palabres
interminables et à l’idéologie socialiste dont a été nourrie l’actuelle génération adulte à
Madagascar .ce terme « vahoaka » n’est surtout pas sociologique ou politique, il renvoie aux
délibérations de la communauté rurale traditionnelle.
- La dénomination du pouvoir comme « fanjakana » et non « fitondrana » se réfère au régime
monarchique du traditionnel où tout le monde doit obéir au « mpanjaka » sans la moindre
contestation, que le « vahoaka » doit se plier devant le mpanjaka, l’honorer, le respecter, et que
le mpanjaka a tous les droits sur ses sujets.
- Aujourd’hui, on prône l’équilibre régional pour ne pas avoir de problèmes avec les « non
merina » surtout dans la nomination aux postes de responsabilité, parfois même en l’absence de
la compétence nécessaire.

Tout ceci n’a évidemment rien à voir avec ce que la démocratie moderne appelle la société
civile, ensemble des individus, des familles et des groupements divers dans un pays. Ces mêmes
53

éléments sont ceux qui forment la société politique en lui assignant la mission de réaliser le bien
commun de tous, que chacun d’eux est incapable de réaliser.

3.4. Analyse d’une majorité électorale :

Une question importante se pose : est-ce vraiment l’élection qui traduit la


légitimité surtout dans les pays en développement ?
Nous admettons sans discussion que la base de la démocratie c’est le vote qui est acquis à la
majorité. Pourtant, peu de citoyens savent ce qu’ils veulent vraiment en toute conscience de ce que va
impliquer sa décision au cours d’un suffrage.
Supposons qu’il y a 100 électeurs et que seulement 10 d’entre eux ont de la conviction, et les 90
restants ne sont pas capables de ce calcul rationnel. La majorité, notamment composée d’illettrés,
d’analphabètes, et des populations des bas quartiers, ainsi que des citoyens n’atteignant pas un
certain niveau d’instruction sera l’objet d’une manipulation ;les politiciens vont axer leurs propagandes
sur cet ensemble de population en les distrayant par des artistes, musiciens, chanteurs répondant au
mieux aux goûts de la population.il y a aussi les dons offerts à profusion tels que du riz, de l’huile, des
P.P.N, etc. pour cette majorité, c’est l’instinct qui les guide, tel qu’on l’a décrit dans l’expérience de
Pavlov,
En politique, tout est question de force ; pour l’avoir, il faut d’abord être élu. Or, l’élection est
« truquée » car la population est manipulée de différentes manières. Une fois le pouvoir acquis,
l’autorité compétente révise la constitution pour la mettre en sa faveur pour pouvoir maintenir sa
force ; ensuite il se sacralise et se débrouille pour que ses enfants ou membre de sa famille
puissent hériter le « trône », c’est une forme de népotisme ;
En régime démocratique, influencer l’opinion publique, c’est influencer indirectement le
pouvoir. Il s’agit de peser par un détour sur la position des pouvoirs publics. Ceux-ci peuvent prendre
des décisions hostiles à un groupe bénéficiant d’un courant d’opinion favorable.
Cette action peut prendre la forme soit de contrainte soit de persuasion.
La manipulation peut se définir comme une technique suscitant diverses actions à entreprendre pour
atteindre les objectifs voulus.

SECTION IV - La participation politique

La participation politique se trouve à la base de l’idéal démocratique. Elle permet le droit de


vote mais avec des conditions : il faut avoir 18 ans.

4.1. Approche théorique:

La relative instabilité électorale a favorisé la diffusion d’une théorie de l’électeur rationnel


élaborée dans le cadre de l’individualisme méthodologique.
54

Selon weber et Boudon, l’explication des phénomènes sociaux par l’individu, leur motivation
et leur action explique une étude de l’action individuelle comme élément de base sociale.
Selon Boudon, l’action rationnelle est orientée vers l’intérêt, la valeur, la tradition « l’action
d’un individu est rationnelle si celui-ci a une bonne raison d’agir »
L’action rationnelle en finalité est une action bénéfique. Le choix est fort dépendant des enjeux de
l’élection, du programme du candidat et sa crédibilité.

4.2. Y a-t-il alors des électeurs stratèges ?

La question se pose avec plus d’acuité. Pour l’essentiel, sans doute l’électeur reste captif de
sa situation sociale, de son âge, de son sexe, de sa religion. Pourtant, il semblerait que cet électeur
est de plus en plus mobile et pas seulement parce qu’il n’est pas inséré dans des réseaux de
socialité.

La thèse de l’électeur rationnel

Certains électeurs sont capables d’un calcul rationnel de type économique (comparaison
coût / avantage). En terme politique, l’électeur est capable de comparer ce qui lui en coûte de
s’informer (en temps par exemple) et la satisfaction qu’il peut tirer de son vote : il est responsive.
Son vote serait donc lié à la probabilité qu’il pèse sur le résultat de la consultation électorale ou à
l’utilité et bénéfice qu’il pourrait retirer de l’élection du candidat ou de la liste qu’il soutient, fussent –ils
plus symboliques que financiers ou mercantiles.
Au moins, aurait-il la satisfaction d’avoir fait son devoir ou la satisfaction de voir accéder au pouvoir le
candidat qu’il soutient. Pourtant, si l’électeur compare les efforts qu’il a consenti pour faire un choix
réfléchi et au résultat qu’il peut en retirer, il risque fort de s’abstenir, et de se comporter en « passager
clandestin » : il y a là un paradoxe, « le paradoxe de l’électeur ».
Dès lors, voter semble peu rationnel, à moins que l’électeur en tire des avantages personnels,
comme la satisfaction de remplir son devoir par exemple, car remplir son devoir civique, c’est affirmer
son identité.
Selon Alessandro PIZZORNO : « l’électeur rationnel qui cherche à maximiser son utilité
s’abstient puisque son vote personnel a une probabilité extrêmement faible de modifier le
résultat de la consultation électorale et donc de permettre la maximisation de son utilité. »
« L’abstention appréhendée de façon isolée lors d’un seul scrutin peut apparaître comme un
indice de moindre insertion. Réinsérée dans un ensemble de scrutin successif, elle prend une autre
signification et devient un des moyens de l’expression politique. »
Vu sous cet angle, l’abstention est un moyen offensif de participation politique, une politisation
négative, une abstention de combat.
Evoquer une offre électorale suppose qu’il y a un marché politique où elle rencontre une
demande, celle des électeurs et un marché : le choix partisan serait soumis à un mécanisme de
marchandage. Cette offre électorale serait constituée d’éléments divers :
⇒ Le candidat lui-même, sa notoriété, sa personnalité
55

⇒ Le type de scrutin
4.3. L’implication politique du public

Elle se définit comme un ensemble d’actions coordonnées mis en œuvre avec pour objectif
une modification ou une évolution d’une situation donnée. C’est une action ou une inaction que
choisissent d’entreprendre les instances gouvernementales pour s’attaquer à un problème ou un
ensemble de problème connexes.
Etudier les politiques publiques, c’est s’intéresser aux conditions pratiques et idéologiques dans
lesquelles une décision publique est mise en œuvre et élaborée.
Ainsi, les objectifs sont hiérarchisés, les cibles sont bien définies, le cadre temporel est fixé, la
théorie d’action est claire.
La mise en œuvre est définie par des plans d’actions au responsable précis. Ces résultats attendus
sont concrets, mesurables et vérifiables
Lorsqu’on étudie le système politique, il faut l’élargir, voir toute les structure, tous les
phénomènes politiques liés aux décisions et à l’action politiques à travers de différents champs, on
peut se faire une idée des attitudes et des visions politiques à travers toutes sortes de partis politique.
A partir de cela ou peut avoir une idée de la stabilité politique.
La famille est la première structure de vulgarisation politique. L’autorité familiale implique une
décision familiale, ou serait pensé à agir selon les us et coutumes familiales : le père est le pilier du
domaine de la politique dans la famille.
Le niveau d’instruction, appartenance ethnique, situation géographique, situation économique,
situation sociale, foi religieuse introduisent des attitudes politique.
En France une culture politique façonne son identité selon les différents domaines. A Madagascar, il
n’y a pas d’attitude de culture politique face à des événements. Les Malgaches ne s’intéressent pas à
la politique, car il faut beaucoup de moyens pour faire de la politique : le malgache est à la recherche
d’une confession qui sait résoudre ses problèmes matériels et sentimentaux.

La politique malgache est-elle un jeu de truands affairistes ?

Plus profondément, le concept de représentatif est mis en échec. Pour la plupart des citoyens,
l’élection est une obligation sociale mais pas un choix citoyen.
Ainsi, la « loi » importée par la colonisation et refusée par la population est restée au stade de
la « coutume », laquelle n’est pas contraignante exprimant le mode de vie. Symbole de modernité, la
loi qui contraint n’est respectée pour autant que celui qui l’impose soit respecté. Elle n’est pas
acceptée par elle-même, elle n’est pas autonome, elle ne peut pas s’imposer comme une justice
indépendante et ne peut prétendre à voir les contrevenants sanctionnés.

4.4. La coupure entre la classe politique et le peuple


L’usage que la classe politique a fait de la démocratie n’a permis ni le renforcement de l’unité
du peuple malgache, ni la création d’un espace national composé de régions complémentaires et
solidaires. Au contraire, il a contribué à jeter ce peuple dans la pauvreté.
56

Occupées par leurs rivalités et par leur course effrénée vers l’enrichissement, les factions
dominantes successives de la classe politique se coupent de la masse, jour après jour. En 1972, avec
un élan sans pareil, le peuple malgache a soutenu la faction dominante du moment en espérant ne
plus vivre ce qu’il a connu durant la Première République. Depuis 1991, le même peuple rejette la
domination de l’AREMA, et avec enthousiasme soutient le changement, et ainsi de suite
jusqu’aujourd’hui.
Mais à chaque fois. Il a très vite déchanté. Nos décideurs démocrates semblent avoir pris pour
devise “se servir’, et non “servir”. Dans ces conditions, comment auraient-ils pu penser le
développement du pays et comment auraient-ils pu mobiliser le peuple pour réaliser le rêve d’un
Madagascar uni et prospère, un rêve qu’ils n’ont pas su ou voulu faire naître ?
Le peuple, tout naturellement, a perdu confiance en sa classe politique, Au référendum du 17
novembre 2010, nombreux sont ceux qui ont choisi l’abstention. Ainsi, ils démontrent, s’il en est
besoin, que les gesticulations du microcosme politique ne les touchent guère, que leur avenir, ils le
voient sans lui.
Cette coupure entre le pays réel et le pays légal est lourd de conséquences pour l’avenir du
pays. Certaines associations de la société civile qui en sont conscientes s’efforcent, par l’information
et la formation, de démystifier la politique, de montrer les vrais problèmes de société, et d’expliquer
que la démocratie c’est d’abord l’acceptation de l’autre, l’acceptation du débat d’idées, et la recherche
du bien-être de chacun dans celui de tous.
Ce discours passe difficilement aujourd’hui, car les réalités quotidiennes que vit le peuple ne
le permettent pas.
57

CHAPITRE V- PRATIQUE DE LA DEMOCRATIE A MADAGASCAR

SECTION I - Les réalités de la démocratie à Madagascar

1.1. Liberté d’opinions et d’expressions

La liberté d’expression, dans le respect mutuel et la liberté d’opinions constituent des droits
fondamentaux dans la pratique de la démocratie, ainsi que la liberté d’associations, de créer un parti
politique, de réunion,…
a) Les points positifs
- Le citoyen a la possibilité de s’exprimer et de donner ses opinions, surtout par les radios et
télévisions privées.
- Le citoyen peut choisir librement sa religion.
- La vénération d’une seule idéologie n’est plus de mise.
- Amélioration de la technologie dans le journalisme.

b) Lacunes
- La liberté des médias audiovisuels privés est limitée, surtout en ce qui concerne l'utilisation
des ondes.
- Les lois régissant les médias audiovisuels ne sont pas respectées, et les médias publics ne
servent plus qu’à soutenir le pouvoir en place.
- Les informations émanant de la presse nationale sont caractérisées par le népotisme et la
partialité politiques.
- Personne n’écoute le citoyen.
- Les dirigeants et certains partis politiques croient qu’ils détiennent seuls la vérité.
- Persécution de ceux qui n’ont pas les mêmes idées.

1.2. Les élections

Les élections constituent le principal moyen pour le citoyen qui est le véritable tenant du
pouvoir, de prendre par aux décisions, grâce :
- aux référendums
- à l’élection de ses représentants pour une période limitée.
Quand la sincérité des votes est observée, l ‘élection constitue un pilier de la démocratie et
c’est le moyen permettant au citoyen d’exercer ses droits, de remplir ses devoirs et de prendre ses
responsabilités. Ainsi donc, le citoyen peut exprimer son mécontentement à l’endroit des personnalités
qu’il a élues et mettre fin à l’accord passé avec eux quand celles-ci ne tiennent pas parole et n’ont pas
exécuté les projets de développement promis durant les campagnes électorales pour convaincre les
électeurs.
Constituent des preuves de l’échec ou des lacunes dans la pratique de la démocratie :
58

- le non respect des droits du citoyen et des résultats des élections


- le relais de l’alternance au pouvoir;
- l’inexistence d’observateurs
- la non prise de responsabilités de la part des dirigeants rattachés aux affaires électorale et
du citoyen pour faire en sorte que les élections soient sans faille.

a) Les points positifs

- respect du droit de vote


- diminution de la violence entre les partis concurrents pendant les propagandes électorale
- possibilités de discussions entre ceux qui n’ont pas les mêmes idéologies
- chacun est libre de se porter candidat à des élections (parti ou indépendant)
- prise de conscience que c’est par les élections qu’on peut arriver à une alternance du
pouvoir.

b) Les lacunes
- La majorité des citoyens ne se sent pas responsables et ne réalise pas la valeur d’une
élection, donc ne vote qu’à la légère, voire s’abstient de voter;
- Le citoyen a peur d’exprimer ses opinions car il reçoit de mauvais conseils et des menaces,
et que l’on abuse de son ignorance;
- Le citoyen ne peut pas exprimer librement son choix à cause de la grande misère où il vit et
parce que l’argent règne en maître (différentes formes de monnayage du vote);
- Une crise de citoyenneté qui se manifeste par un désintéressement des électeurs des votes.
- Le citoyen n’a plus la volonté de participer à des élections
- Les élections se résument à un vote et ne sont plus un moyen d’exprimer son choix
- Le citoyen n’est pas conscient des tenants et aboutissants des élections auxquelles il doit
prendre part.
- Le citoyen est désemparé car ils ne peuvent plus compter sur certains des élus qui ne
pensent qu’à leurs intérêts personnels et qui ne lui font que de vaines promesses
- Faire valoir les intérêts d’un parti dans la conduite des élections et négliger l’intérêt commun;
- Persécution par les gouvernants des alliés de ceux qui ne partagent pas leurs opinions.

1.3. La corruption

Vue d’un œil impartial, on constate que dans la Société Malgache actuelle :
- de plus en plus de malgaches s’intéressent aux affaires nationales ;
- la solidarité et la fraternité communautaire existent dans la société, surtout en milieu rural.
Malgré cela, la majorité des malgaches vit dans une grande pauvreté. Résultat, elle n’a plus
de dignité humaine et les valeurs malgaches se perdent.
- beaucoup se prostituent, sombrent dans la débauche et vivent sans espoir; vols aux
champs, les vols de bœufs, les meurtres, les viols, les innombrables comportements et pratiques
59

obscènes prolifèrent ; il n’y a plus de respect mutuel, et il y a ceux qui ne respectent pas la parole
donnée. La société malagasy ne reflète plus la valeur du « fanahy no maha-olona» (c ‘est I ‘âme qui
fait I’ homme).

a) Les mécanismes de la démocratie représentative

a.1. Un contrôle, notamment un contrôle budgétaire, est exercé sur l’exécutif par le Parlement,
c’est-à-dire l’Assemblée Nationale et le Sénat qui ont voté les lois, en particulier la loi de finances.

a.2. Les députés et les sénateurs sont, dans la mesure où les élections sont régulières et non
entachées de fraudes, les représentants, les porte-parole de la population. Il leur revient d’exercer
leurs pouvoirs avec une claire conscience de leurs responsabilités. Des procédés d’interpellations, de
questions orales et de questions écrites, de censure existent.

a.3. Au niveau des provinces et autres découpages territoriaux, d’autres élus sont censés être
la voix et les défenseurs des intérêts des différentes composantes de la Société Civile. Relevons à cet
égard que la Constitution actuelle prévoit la mise en place, au niveau des provinces, d’un conseil
économique et social.

a.4. Ceux qui exercent des responsabilités, comme fonctionnaire ou comme élus, ont
l’obligation de rendre des comptes. C’est ici que s’inscrit le concept d’ « accountability », terme
anglo-saxon, qui tout au moins, n’a pas encore d’équivalent en français ou en malgache.
On oublie que la Société politique et l’Administration sont au service de la Société Civile,
parce que la réalité que nous vivons est plutôt différente.

a.5. A Madagascar existe un “Médiateur défenseur du peuple”

b) Principes de la démocratie participative

Dans notre pays, lorsqu’on a agité des idées, et assez souvent ces idées sont même plutôt
brillantes, on croit que, puisqu’on a parlé, on a agi. Cela suffit à donner bonne conscience.
Les organes et les mécanismes de contrôle sont là, les concepts sont diffusés, les techniciens sont
mis au point, pour la satisfaction de ceux qui apprécient les jeux intellectuels. Mais tout cela est-il
assimilé, intériorisé? Ce que l’on constate, c’est que pour le moment l’ensemble des trois
composantes de l’Etat, à savoir l’exécutif, le législatif et la judiciaire, qu’on les appelle pouvoirs ou
fonctions, est loin de fonctionner à la satisfaction de tous.
La presse, qu’on dit être le quatrième pouvoir, jouit en principe de la possibilité de s’exprimer
librement. Mais elle ne peut jouer son rôle que dans la mesure où le professionnalisme s’y instaure et
dans la mesure où l’opposition joue son rôle. A noter d’ailleurs que pour le moment, l’opposition se
plaint de l’inégalité d’accès aux médias publics.
60

On parle des trois pouvoirs, du quatrième pouvoir. Il n’est pas inutile de rappeler qu’en
principe, dans un système qui se veut démocratique, c’est le peuple qui est souverain. Ce sont les
citoyens, tous les citoyens sans discrimination hommes, femmes, jeunes, enfants qui doivent être au
centre du processus décisionnel. Les citoyens qui sont certes des administrés, mais aussi usagers
des services publics, contribuables et électeurs.

D’où la mauvaise gouvernance :


- les propositions de lois émanant du FFKM et de ceux qui se sont penchés sur ce qu’est I’
« éthique politique » n’ont pas été prises en compte ni débattues
- politisation de l’administration, surtout pendant les périodes électorale
- les lois électorale ne sont pas régulièrement appliquées et observées
- falsification, fraudes telles sont les élections pratiquées à Madagascar c’est pour cela que la
démocratie n’est pas bien assise chez nous
- déloyauté de la Haute Cour Constitutionnelle qui falsifie les choix populaires
- les gouvernants ne considèrent pas les doléances de la population quand elle réclame la
sincérité des résultats électoraux.
- retour de la censure au niveau des médias audio-visuels
- différentes formes d’entrave sont créées pour dépouiller le citoyen de son droit de vote,
exemple liste électorale
- les candidats aux élections ne disposent pas des mêmes fonds, du fait de l’inexistence de
lois sur le financement des partis, sur les propagandes et les dépenses électorale
- les responsables ne sont pas favorables à l’alternance du pouvoir et font de la dictature
- les votes blancs ne sont pas pris en compte.

SECTION II - Impacts de la pratique de la démocratie occidentale sur la vie sociale

2.1. Sur la population

a) apparition des formes de division

Cette division du peuple est entretenue par la classe politique qui semble avoir fait sienne la
célèbre recommandation “diviser pour régner”.
Les formations politiques malgaches sont des partis gouvernementaux qui disparaissent au
moment où leurs chefs perdent le contrôle du gouvernement (comme le PSD en 1972, l’AREMA en
2002, et les TIM d’aujourd’hui, et bientôt les TGV !!) Ou bien des partis fondamentalement territoriaux,
même s’ils se donnent un vernis national (le VONJY est accusé d’être le parti du Sud- Est, I’AKFM
celui de l’Imerina, le MFM du Betsileo même si cela n’est pas tout à fait vrai). Cette division des
Malgaches est accentuée ou aggravée par l’enclavement des régions dû aux difficultés de
communications.
Par les recrutements au sein des différents partis politiques, les rivalités au niveau des
membres de la famille ou de la communauté s’accentuent, ce qui entraîne une détérioration des
61

rapports sociaux et une dégradation des valeurs traditionnelles (fihavanana, solidarité, …) au sein des
groupes sociaux.
Le peuple malgache que l’on accuse à tort de ne pas travailler est en fait un peuple travailleur
et responsable. Mais comment donner le meilleur de soi-même, quand on vit perpétuellement
dans l’insécurité et la misère ?

Pour mieux comprendre, revoyons un peu les expressions de la démocratie de la constitution des
républiques :

a.1. L‘Etat sous la deuxième république

Beaucoup a été dit sur la Deuxième république. Aussi, pour éviter les redites, aimerions-nous
seulement jeter un autre éclairage des faits au moyen de ce qui vient d’être dit plus haut à propos des
fonctions de l’Etat.
En tant que tel, l’Etat est l’instrument de réalisation du bien commun, en vertu du Droit et de la
Justice. Or, dès le départ, la constitution de 1975 instaurait la discrimination entre les citoyens : d’une
part, les membres du Front National pour la Défense de la Révolution, qui pouvaient faire de la
politique et investir les domaines de l’économie de rente au moyen des nationalisations et de la
création d’entreprises “socialistes”, et d’autre part, tous les autres — que d’aucuns ont appelé
“citoyens de seconde zone”. Par conséquent, l’unité nationale était d’aisance hypothéquée puis
compromise avec certaines mesures pratiquées dans le cadre des collectivités décentralisées qui,
consciemment ou non, ont appliqué le slogan : “la région aux originaires”.
A un autre niveau, le phénomène des migrations temporaires, connues sous des appellations
diverses, comme mamangy, mila ravin’ahitra...s’est développé considérablement avec l’aggravation
de la pauvreté. Les migrants temporaires, souvent poussés à quitter leurs régions d’origine à cause de
la pauvreté ambiante, n’ont qu’un seul but venir, se faire de l’argent le plus rapidement possible, et
repartir. D’où, dans une ville comme Ambatondrazaka, les migrants temporaires venant surtout du
centre de l’île, s’installent au cœur de la ville dans des logements de fortune et font fi de toutes règles
d’urbanisme. Dans la région d’Antsiranana, des migrants temporaires venant du Sud arrivent par
dizaines voire par centaines, s’installent, s’attaquent aux forêts naturelles qu’ils coupent en vue de la
fabrication du charbon et plus tard de la culture ; au bout de quelques années, ils vendent la terre et
retournent chez eux.
Le phénomène de la migration temporaire contribue ainsi à la dégradation de l’environnement
naturel et de l’environnement social. Car, pour cette raison, les migrants temporaires, originaires des
autres régions, sont souvent pointés du doigt et deviennent indésirables. Cela offre un terrain
favorable aux .manipulateurs politiques.., ou autres. Dans la région de Soavinandriana (Moyen-
Ouest), par exemple, des conflits sociaux aigus, surgissent entre originaires et migrants. Les
originaires pensent, du fait peut-être de la présence massive et gênante des migrants, qu’ils ont tous
les droits, excluant par le fait même les non-originaires de là gestion des affaires locales. Les
comportements de certains migrants ne sont malheureusement pas pour arranger les choses. En
effet, suite au Kere (famine) dans le sud de Madagascar, cri 1991- 1992, des familles entières
62

d’Antandroy sont venues se réfugier auprès de leurs parents, déjà nombreux dans la zone. Et comme
les réserves alimentaires de ces derniers étaient souvent limitées, les nouveaux venus étaient portés
à voler dans les plantations des groupes voisins. Ces derniers se plaignirent que leurs champs de
maïs étaient littéralement pillés par des Antandroy armés de sagaies et de pilotse (frondes),
s’amenant avec des charrettes.

Le phénomène mamanga n’est ainsi que la résurgence du phénomène amboalambo qui,


avant le XXe siècle, a contribué à donner une image négative des Merina à travers Madagascar. Mais
si les amboalambo (colporteurs merina qualifiés de “sans scrupules”) n’étaient que des individus
souvent isolés, les mpamanga actuels sont des groupes entiers.
- Heureusement que le brassage des populations et l’éducation au cours des trente dernières
années ont pu forger un assez solide sentiment d’unité nationale, si bien qu’en dépit des défaillances
de l’Etat de la deuxième république, le fihavanana malgache est resté plus ou moins intact au niveau
des citoyens.
Ceci dit, au terme de la période transitoire et au seuil de la Troisième république, quelles sont
les chances de la démocratie à Madagascar, et dans ce cadre, quelles devraient être les fonctions de
l’Etat ?

a.2. L’Etat sous la Troisième république :

Un “Ray aman-dreny” réhabilité : Un groupe de concepts est revenu constamment sous


notre plume au cours des développements précédents, à savoir d’une part, ceux du droit et de la
Justice, et d’autre part, celui de fihavanana et, par extension, celui de Ray aman-dreny (l’un et
l’autre intraduisibles en français).
D’une manière générale, il a été entendu que les fonctions de l’Etat consistent à réaliser le
bien commun, et pour cela, il doit appliquer les règles du Droit pour finalement réaliser la Justice. Mais
l’Etat a également le devoir de respecter la non-homogénéité, les particularités, les droits aussi bien
des individus que des groupes surtout minoritaires, et, par là, de réaliser une autre forme de justice,
plus humaine, car animée par l’amour, et l’amour différencié.
D’après G. Devereux, en effet, “le Droit est, par nature univoque, contrairement à la Justice,
qui tient compte de la diversité des créatures... Le droit, continue-t-il, exige qu’on attelle chien et
cheval à la charrue. Il distribue des rations de “mou” au chien comme au cheval. Si le cheval ne peut
se nourrir de mou ni le chien tirer la charrue, le droit envoie ces éléments anti- sociaux au goulag»

Ainsi, pour être viable, toute société humaine doit trouver une “voie médiane’, entre les
exigences du Droit et celles de la Justice. Dans le cas de Madagascar, il nous semble que cette “voie
médiane” est le fihavanana et que l’institution qui la représente est le Ray aman-dreny.
Nous avons tenté d’analyser les fonctions de l’Etat, en reconnaissant les difficultés qu’elles soulèvent
surtout dans la pratique. Pour cela, une référence à la littérature universelle sur la question a été faite
tout en puisant abondamment dans la tradition et les réalités malgaches. Les analyses ont pu ainsi
montrer qu’à la base de tout se trouvent les notions de Droit et de Justice, bien rendues en malgache
63

par les concepts de Ray aman-dreny et de fihavanana. Si donc il fallait se prononcer sur les chances
de la transition démocratique à Madagascar, l’on peut dire tout simplement qu’elle est difficile, voire
douloureuse par certains côtés, mais que Madagascar a toutes les ressources pour recouvrer une
bonne gouvernance...

b) des populations qui s’ignorent

Depuis la Deuxième république, les Malgaches des différentes régions communiquent entre
eux de moins en moins, se fréquentent de moins en moins, et donc se connaissent à peine.
Malgré les différents projets routiers, le réseau routier malgache a été désorganisé et
fortement réduit. Des routes, praticables il y a encore vingt ans, n’existent plus aujourd’hui. D’autres
ne le sont pas car les bacs qui ont permis la traversée des fleuves ou rivières ont disparu. Dès lors, la
rouie la plus courte n’est presque jamais la route la plus directe. C’est ainsi, par exemple, que pour
relier Toliara à Morondava, deux villes d’un même faritany (province), il faut traverser le faritany de
Fianarantsoa, entrer dans celui d’Antananarivo, et à partir d’Àntsirabe redescendre vers l’ouest pour
entrer à nouveau dans le Faritany de Toliara.
L’installation des réseaux micro-ondes a perturbé les liaisons téléphoniques entre les
différents centres. Avant les années 1980, il était possible à un habitant d’un chef-lieu de sous-
préfecture d’appeler son correspondant qui se trouve dans une autre ville d’Antananarivo, on ne peut
pas appeler Morondava et on ne peut obtenir Taolagnaro que six à dix jours par mois.
Aujourd’hui, Les médias, faute de moyens, restent des médias de la capitale au lieu d’être des
médias de Madagascar. Certaines régions n’arrivent à capter la radio nationale que le soir, et la
télévision qui diffuse très peu de productions nationales n’est accessible qu’aux habitants des villes
desservies par un réseau micro-ondes ou possédant une antenne parabolique. Les journaux, à
l’exception des titres catholiques, ne sont distribués que dans quelques villes. Faute de
correspondants dotés de matériels adéquats ou par manque de moyens financiers, les médias
véhiculent surtout des nouvelles d’Antananarivo et présentent rarement les difficultés et les aspirations
des régions.
Aussi, n’est-il pas étonnant de voir les Malgaches de chaque région se refermer sur eux-
mêmes, et d’entendre certaines voix prôner le “chacun pour soi”. Une telle attitude peut-elle favoriser
le développement ?

c) L’incompréhension entre les populations

Le manque ou l’insuffisance de communication entre les populations des différentes régions


nourrit la méfiance entre elles. Or, la classe politique ne semble pas avoir pris les mesures qui
auraient pu favoriser la compréhension entre ces dernières, condition préalable à une mobilisation
générale pour la bataille du développement.
Mues par cette méfiance, les régions périphériques accusent l’Imerina en général et la
Capitale en particulier d’être la cause de leur retard économique et social, de leur non développement.
Elles les accusent de les piller et de s’enrichir sur leur dos. Ces accusations, ce ne sont pas tous les
64

habitants de la périphérie qui les profèrent mais des factions de la classe politique qui, dans leur
stratégie de conquête ou de contrôle du pouvoir, tes suggèrent à leurs populations ou les adressent à
leurs adversaires. Elles se posent ainsi en défenseurs des éternelles victimes qu’elles exploitent et
oppriment.
Mû par la méfiance, la région de l’lmerina regarde elle aussi les habitants des régions
périphériques comme autant de dangers réels ou potentiels, ces derniers ne chercheraient-ils pas à
organiser un blocus de la Capitale, à chasser les Merina installés en province, à leur ravir leurs
postes ? Les excès sporadiques de quelques éléments manipulés par des factions de la classe
politique semblent donner raison aux autres factions qui prêtent aux côtiers les plus noirs desseins.
Ainsi, si le fossé se creuse entre les masses de différentes régions, les factions au pouvoir de
toutes origines se côtoient, se fréquentent, discutent entre elles et s’entendent souvent au sein du
gouvernement et des ministères, à l’intérieur des clubs de service ou des groupements d’hommes
d’affaires.
Cette méfiance devient agressive quand la compétition entre les factions devient vive et se
transforme en affrontement. On crie alors à la “dictature de la capitale”, cette capitale qui fait et défait
les régimes. En 1991, le régime de Ratsiraka, dans des combats d’arrière-garde, a essayé
maladroitement et vainement de monter la périphérie contre Antananarivo. Mais, pour certains, il est
clair que toute initiative non impulsée de la capitale ou non contrôlée par elle, n’a aucune chance
d’aboutir, ou est présentée comme une action séparatiste. Dès lors, les vrais débats sont escamotés.

2.2. Sur les valeurs malgaches


La crainte du bouleversement des coutumes et des croyances, les imprudences de certains
étrangers ont développé une certaine xénophobie c'est-à-dire un état d’esprit haineux envers les
étrangers, qui atteint son paroxysme durant la colonisation .cette xénophobie est un des reflets du
patriotisme merina qui jouera un rôle dans les évènements à venir. Il est l’expression d’une société
déstructurée, bouleversée, inquiète, mais qui se sent effectivement regroupée en un ensemble
politique et a conscience de former un peuple. Presque partout ailleurs persiste le monde des
ancêtres à peu près inchangé.
Le temps des ray aman-dreny est-il passé ? L’indépendance ne se maintient qu’en se
méritant.la civilisation des ancêtres, cette civilisation protégée sage et heureuse devra évoluer
rapidement si les Malgaches veulent participer à la vie mondiale et demeurer les maîtres de leur
ancienne retraite insulaire. Il leur faudra donc retrouver, au bout de cette Histoire, la grandeur
miraculeuse de ses débuts, l’audace surhumaine des premiers ancêtres, ceux qui, sur de frêles
pirogues à balancier, se lancèrent un jour, vers l’Ouest, à la conquête de l’Océan inconnu.

De nombreux traits de la tradition et de la philosophie malgaches au sein de la vie


communautaire démontrent que les malgaches sont démocrates. C’est une démocratie de base,
acceptée par tous, assumée par tous et supportée par tous, démocratie participative dans le vécu
journalier, condition sine qua none du développement.
Les malgaches respectent la fraternité communautaire, les spécificités, osent faire face aux débats
d’idées mais évitent toujours les affrontements sans intérêts et stériles.
65

D’autre part, les gouvernants ont abusé de ce respect de la fraternité communautaire ce qui a amené
l’iniquité, l’enrichissement rapide injustifié, le copinage, le népotisme. Par conséquent, on a recours à
la perte de l’identité culturelle et des traditions malgaches ainsi que la dégradation de la fraternité
communautaire.
Le flhavanana est mis en avant par la classe politique quand elle veut mobiliser la population
à son profit. Pour étouffer des revendications populaires souvent justifiées, pour arrêter des
mouvements de masse déclenchés pour faire aboutir des réclamations fondées, on agite le
fihavanana, on met en avant les vertus du ady hevitra (débat ou discussion), les valeurs ancestrales
respectueuses des détenteurs du pouvoir (les Ray amandreny). L’on rappelle alors que le peuple
malgache est une seule et grande famille et que les problèmes doivent être résolus en privilégiant la
concertation, la discussion et la recherche du consensus à l’intérieur de cette famille. Cette attitude
sert à évacuer les problèmes et non à les résoudre.
Ce fihavanana qui, dans la plupart des cas, est avancé par ceux qui veulent éviter qu’un débat
véritable se produise, et empêcher les gens de venir les contredire, rappelle à bien des égards, le
consensus dont l’apologie régulièrement faite est mise en cause par Michel Barat. Ce philosophe
déclare, à propos du consensus “S’il s’agit des rapports humains dans la vie publique, qui s’opposerait
au consensus ? Mais, s’il s’agit du débat d’idées, consensus veut dire, en général, pas de débat et,
même, pas d’idées. Permettez-moi, par exception de me citer “A l’étouffoir brutal, qu’il soit inquisitorial
ou stalinien, s’est substitué dans les consciences humaines, l’étouffement consensuel”. Oui, je mets
en garde contre cette pensée “politiquement correcte”, comme disent les Américains elle fait obstacle
à la libre expression des jugements de conscience”.

Ce fihavanana est aussi avancé par ceux qui veulent disqualifier leurs concurrents en
politique ou en affaires, en les présentant comme n’étant pas de leur région ou de leur terroir. Le
fihavanana qui doit unir tous les Malgaches dans une seule et grande famille, ne doit plus alors
réunir que ceux du même territoire, et donc peut servir de machine d’exclusion pour les
originaires d’autres régions.

Réflexions sur la pratique concrète de la démocratie à travers les Républiques successives:

La démocratie imposée par les pays occidentaux a engendré beaucoup d’influences sur la
société malgache. L’ethnographie de Madagascar a fait l’objet de nombreuses publications, qui sont
d’ailleurs loin d’épuiser le sujet. Tandis que la sociologie actuelle n’a encore suscité que de très rares
études ; on ne peut donc qu’en esquisser quelques lignes générales.
La société malgache traditionnelle reposait sur les ancêtres, le clan, les « père et mère », les
coutumes, les tabous. Ces structures ont été bouleversées par diverses causes à savoir les
changements dans la vie matérielle dont: l’économie d’échanges, la diffusion de la monnaie, les
cultures commerciales, la création d’activités non rurales, les migrations, le machinisme agricole
poussent à la rupture ou à la dilution des liens familiaux et classiques, faits pour une société fermée,
vivant de son propre travail et d’échanges de service. Les hommes et les jeunes gens peuvent avoir
désormais une autonomie économique qui les fait échapper au commandement des vieillards. Les
66

individus pour lesquels ne joue plus l’égalitarisme classique ou familial, s’enrichissent ou


s’appauvrissent ; des classes sociales apparaissent ou se consolident ;
D’autre part, les croyances antérieures, la conception d’un monde étroit et confortable, limité
au clan, au village et au tombeau, se trouvent bouleversés par des notions plus vastes et totalement
neuves ; la sagesse des ancêtres apparaît limitée et insuffisante pour aborder le monde moderne ; le
déclin de l’autorité des « ray aman-dreny » s’explique en partie de cette façon.
Les « vazaha » (européens et occidentaux) sont considérés comme des chefs car ils sont riches(ou
du moins on les suppose tels) ; ils disposent de connaissances et de moyens techniques prodigieux ;
on ne peut se hausser à leur niveau qu’en les imitant ; d’où l’orientation vers les innovations et vers le
succès individuel.

Dans l’ensemble, le résultat de ces diverses forces est un affaiblissement des structures et
des autorités traditionnelles, un individualisme et une occidentalisation grandissants. Malgré tout, la
société malgache reste divisée en groupes invisibles : clans, castes, peuples, auxquels s’ajoutent des
divisions nouvelles : classes, églises,…

La région centrale a commencé son évolution beaucoup plus tôt et plus massivement que le
reste de l’île.une classe bourgeoise évoluée, individualiste s’y est formée qui comprend une grande
partie de l’ancienne oligarchie, mais d’autres éléments plus récemment enrichis. Le commerce,
l’industrie, les fonctions publiques, le pastorat, et surtout la médecine ont attiré les élites autrefois
dirigeantes.la famille patriarcale a cessé d’exister dans ce milieu où subsistent encore les différences
de castes ; l’individualisme gagne les jeunes ; l’autorité paternelle et même maternelle n’a plus de
valeurs mais reste plus forte qu’en Europe. Dans les campagnes, l’évolution est moins sensible ; le
fokonolona est encore bien souvent en fait, une subdivision de l’ancien clan ; les fiangonana
constituent de nouvelles cellules sociales ; les syndicats, les partis, les communes, les sociétés
sportives, les scoutismes sont encore de mises. L’influence des villes grandit.

Dans les régions côtières, les facteurs d’évolution ont joué plus récemment et les anciennes
structures ont résisté pendant longtemps. Un peu partout cependant, nous assistons aujourd’hui à leur
effacement, même chez des peuples où les sanctions traditionnelles avaient gardé toute leur force :
chez les tsimihety les jeunes se soustraient par l’émigration à l’autorité du patriarche ; chez les
antesaka on n’ose plus appliquer la sanction suprême, le rejet du tombeau, chez les antemoro la
jeunesse organisée lutte contre les anciens. Dans certaines régions d’immigration de l’Ouest, où les
habitants appartiennent à différents peuples, on voit apparaître des créations spontanées de
collectivités intertribales, avec des assemblés pouvant imposer des sanctions.
La société malgache est en pleine voie d’évolution et de restructuration. Certains éléments de
la culture malgache avaient disparu, telle la pensée subtile des hain-teny, les danses des guerriers et
des jeunes gens, les chants avec protagonistes et chœurs remplacés par des cantiques et des
adaptations de musique française. Les kabary se sont maintenus dans les grandes circonstances,
mais les proverbes ne se renouvellent pas ; cette littérature traditionnelle semble fossilisée.
67

Cette culture que les intellectuels ont reçue des occidentaux et notamment de la France, avait
donné aux intellectuels à la fois un sentiment de parenté et une volonté de s’affirmer par l’autonomie.
L’unité se fait dans les institutions ; elle n’est peut-être pas achevée au fond des cœurs. L’évolution
beaucoup plus rapide de nombreux merina les a poussés en avant et quelque peu séparés du
reste ;certains intellectuels méconnaissent la brousse et, en parlant de Madagascar, ne pensent qu’à
Antananarivo.il semble que le fonctionnement de la démocratie doive, s’il est maintenu, écarter de
telles craintes ; mais il y aurait danger à les ignorer et à ne pas chercher à rapprocher tous les
Malgaches par la culture, le sentiment et une promotion égale.
Le « petit monde d’autrefois » fait place aujourd’hui à une patrie plus vaste, qui doit pénétrer
les consciences et les volontés malgaches pour un avenir d’union et de progrès.
Le sociologue n’a pas à prédire l’avenir, mais il peut encore constater le présent. Son destin a été
remis au peuple malgache dans un monde transformé, envahissant compétitif, où la sagesse protégée
des ancêtres ne suffit plus, où la vigilance, l’effort, l’invention, les transformations sont autant de
nécessités pour survivre.

Conclusion partielle :

La crise politique qui prône pourtant la démocratie cultive la division des Malgaches ce qui
n’est guère favorable au développement de Madagascar. Le peuple malgache apparaît alors en
paraphrasant la formule célèbre d’un révolutionnaire français, « un agrégat de populations désunies ».
A Madagascar, la démocratie n’est qu’une utopie. Les stratégies et tactiques politiques inspirées des
modèles étrangères qui ne correspondent pas à la propre mentalité malgache ne font que détruire la
société ; car chaque société humaine est spécifique, il lui faut un outil de développement spécifique.
Dans la troisième partie, nous allons essayer d’analyser et de solutionner les problèmes
énumérés ci-dessus.
PARTIE III
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PARTIE III : analyses et prospectives

CHAPITRE VI : ANALYSES
Nous allons voir dans ce chapitre les phénomènes déterminants de la vie politique, et partant
donc de la pratique démocratique et surtout ses effets sur la pauvreté et sur la vie culturelle.
Le peuple malgache que l’on accuse à tort de ne pas travailler est en fait un peuple travailleur
et responsable. Mais comment donner le meilleur de soi-même, quand on vit perpétuellement
dans l’insécurité et la misère ?

. La pauvreté des malgaches a plusieurs causes, mais retenons :

 D’une part:
- mauvaise gestion et laisser-aller
- inexistence de transparence dans la gestion;
- gaspillage des biens nationaux
- inexistence d’un contrôle effectif et opportun;
- complicité
- hésitations à appliquer les lois favorisant ainsi l’impunité
- non considération des régions éloignées:
- trop grande dépendance de l’étranger;
- exécution de projets mûrement étudiés.
-non valorisation des produits en faveur du monde rural

 D’autre part, le règne de l’argent et la complicité sont puissants entrainants :


- ce que l’on applique et défend ne répond pas aux intérêts nationaux

- nombreux sont ceux qui choisissent de ne rien voir, de vivre dans la corruption pour pouvoir
s’enrichir rapidement
- le pouvoir dont on est investi est utilisé à des fins d’enrichissement personnel.

 Par ailleurs, comme il n’existe pas de lois sur le financement des partis, l’Etat est devenu une
source de financement pour certains d’entre eux.

 Enfin, le modèle de société à mettre en place n’est pas bien défini faisant en sorte que l’invasion
de cultures et de valeurs étrangères n’est pas maîtrisée. L’éducation conforme à une telle société
n’est alors pas suffisante.
Le discours de La Baule énoncé au début « il n’y a pas de démocratie sans développement et
inversement, il n’y a pas de développement sans démocratie » semble faire ses preuves.
69

SECTION I - Caractérisation de la pauvreté à Madagascar

1) Théorie du cercle vicieux de la pauvreté :


- Une productivité faible (de riz par exemple) peut être une cause sociale, politique, etc.
- La traçabilité du produit est connue avec la mondialisation
- L’état de mentalité peu novatrice vise à garder les pratiques coutumières et ancestrales, ce
qui entraîne à nouveau une productivité faible.
Donc, productivité faible = revenu faible

Rappelons que l’instauration de la démocratie, comme nous l’avons avancé au début, s’avère
difficile voire impossible vu qu’on est parmi les pays les moins avancés, en plus on est pauvre non
seulement matériellement mais aussi culturellement. Ainsi, les pratiques du schéma théorique sont
faussées et voués à l’échec.

La pauvreté sévit à Madagascar, serait-ce parce que l’Etat malgache ne fonctionne pas
comme tout pays démocratique se doit de fonctionner, c’est à dire la démocratie n’est pas vraiment
instaurée ; ou parce que la société malgache n’est pas encore prête pour un nouveau régime, qu’elle
n’en a pas la conviction ?

2) La misère du peuple
L’insécurité qui frappe les biens et les personnes n’est pas propice au développement,
Beaucoup de paysans ont quitté leurs villages, comme c’est le cas dans le Betsileo, pour fuir les
malaso (brigands). Ils grossissent alors les rangs des chômeurs et des sans- abris. Ils sont les
victimes, non seulement de ces malaso, mais celles aussi de gendarmes ou policiers corrompus et de
magistrats véreux. Or, ces derniers sont impunis.
La même insécurité frappe dans les villes, et plus d’un chef d’entreprises investit dans les
services de sécurité, refusant alors d’augmenter les salaires de ces ouvriers. Les employés avec leurs
salaires de misère sont alors tentés par des gains faciles ou se laissent aller, n’étant pas motivés.

3) Au-delà de l’ethnie
a) Ethnies, Etat-nation et Démocratie à Madagascar

Les historiens et les analystes du discours politique des mouvements sociaux de 1991.1992 à
Madagascar pourront aisément discerner, à travers le foisonnement du lexique politique, la récurrence
des notions suivantes “démocratie”, “développement régional” (fampandrosoam-paritany), “autonomie
régionale” (faritany mizaka tena), “décentralisation effective” (fanapariaham-pahefana mahefa,),
“fédéralisme” (fanjakana mizaka tena), “libéralisation” (fanalalahana). Galvaudées à l’extrême, et
affectivement chargées, ces notions deviennent ambiguës du fait de leur polysémie accentuée. Elles
inondent aussi bien les “places de la démocratie”, rebaptisées par les Forces Vives insurgées contre
le régime Ratsiraka, que les diverses tribunes fédéralistes des provinces. Il ne s’agit pas ici de verser
dans la polémique stérile qui consiste à chercher le “bon” sens chez l’une ou l’autre partie, car
l’énonciation de ces notions ne relève pas que de la simple lexicologie. Elle renvoie à un miroir de
70

représentations et à un faisceau de spectres encore très vivaces dans la conscience historico-


politique malgache et dont la lecture n’est pas toujours aisée si on les isole de leur contexte
d’ensemble (géographique, sociologique, économique et anthropologique).

Il arrive souvent que dans les discours politiques les mots servent à faire écran aux
véritables enjeux des conflits sociaux. Il s’avère donc nécessaire d’analyser la réappropriation et
l’instrumentalisation de ces différentes notions par les acteurs et les groupes sociaux à l’intérieur du
champ politique, leur énonciation n’étant jamais neutre. La démarche proposée part de la
démystification des thèmes structurants des discours politiques (ethnie, nation, démocratisation,
régionalisation et décentralisation), afin d’«aboutir à une analyse des normes et des réalités qui les
sous-entendent et qui se cachent derrière leur phraséologie.

b) De la mystification ethnico-régionaliste :

Premier à instrumentaliser les réflexes ethnico-régionalistes, le fédéralisme construit, autour


de ces derniers, toute une mystique qui se trouve au cœur de son dispositif idéologique. Cette
mystique de mobilisation repose sur les axes suivants. D’abord, la redécouverte de l’ethnicité
“originelle”, qui s’appuie sur la mise en avant de maintes spécificités à caractère ethnographique
(fady, joro, tangalamena, ampanjaka) ; cette idéalisation de l’ethnicité “originelle” permet à ses tenants
de brandir, corollairement, le spectre et l’éclatement de l’unité nationale et son succédané
journalistique qui est le tribalisme. Ensuite, la confusion soigneusement entretenue entre ethnie
(catégorie historique ?) et région (concept géographique ?) qui aboutit à des équations simplistes du
genre “Antananarivo = Merina” ou “Toamasina = Betsimisaraka”. Nous avons déjà étudié par ailleurs
le caractère spécieux, voire les manipulations idéologiques de ce retour aux spécificités ethniques qui
figent les ethnies dans un passé mythique. Nous insisterons davantage sur le second aspect.

La mobilité ethnique, par le biais des migrations, contribue à fragiliser l’argumentaire de la


prime occupation que suggère souvent implicitement le discours fédéraliste à partir d’une
intériorisation des perceptions ethnographiques coloniales, alors que, par ailleurs, c’est la colonisation
elle-même qui a stimulé ces migrations. Aux facteurs liés à l’histoire économique coloniale s’ajoutent
d’autres, endogènes aux sociétés malgaches, notamment d’ordre démographique. Ceux-ci expliquent
largement les migrations merina, betsileo, antesaka et tsimihety. C’est ainsi que des régions
historiquement dominées par une ethnie ne le sont plus actuellement. Le cas de la province de
Majunga est exemplaire : la “conquête” de la province par les Tsimihety s’explique beaucoup par le
dynamisme démographique de ces derniers par rapport au déclin démographique des Sakalava,
conquérants de l’ouest malgache au XVIlle siècle. L’implantation de plus en plus définitive des
Betsileo et des Antandroy dans la région des “baiboho” (Mampikony-Port Bergé) contribue à y minorer
le poids démographique des Sakalava. Ces migrations s’accompagnent inévitablement d’une
accentuation des conflits fonciers et, plus généralement, des tensions interethniques que les groupes
dominants ne manquent pas de manipuler à des fins démagogiques.
71

En ce sens, si l’équation Boina = Sakalava est vraie aux XVIIIe-XIXe siècles, elle ne l’est plus
en 1993 jusqu’à maintenant. C’est en nourrissant son argumentaire de ce genre d’histoire mythifiée
autour de la prime occupation que le discours fédéraliste contribue à brouiller la compréhension des
réalités présentes et à accentuer l’opacité des relations intercommunautaires. Ses référents
historiques et idéologiques se cristallisent autour de thèmes passéistes et ethnicistes, dans une sorte
de sublimation d’une ethnicité prétendument originelle qui n’a cessé en fait d’évoluer. Les jeunes
Betsirebaka de Mahajanga, qui font partie de la deuxième ou de la troisième génération de migrants,
ne peuvent pas se reconnaître dans de tels référents, mais cela ne les empêche pas de se considérer
comme natifs du Boina où ils sont nés et où ils vont travailler et faire souche. D’ailleurs ces référents
historiques prêtent souvent à discussion parce que mystifiés. Affirmer comme certains tribuns du
fédéralisme que les Betsimisaraka étaient les “premiers fédérés” de Madagascar, en faisant référence
à la “confédération betsimisaraka”, terme utilisé par Hubert Deschamps pour désigner l’unification
politique éphémère des différents clans indépendants betsimisaraka sous la houlette du prince
11
Ratsimilaho, devenu Ramaromanompo , relève de la gageure. Parce que le terme est ici utilisé
abusivement par analogie, étant donné que ces clans indépendants ne sont pas à proprement parler
des Etats. Ce qui ne veut pas dire cependant que le politique y est absent dans les rapports sociaux
et de pouvoir.
Cette cristallisation autour des thèmes épiques du passé induit une évacuation du processus
historique qui leur est ultérieur et qui n’est pas moins déterminant. Ainsi, la ville de Toamasina est
peut-être à l’origine une ville betsimisaraka mais actuellement elle n’est plus seulement une ville
betsimisaraka. La structuration des fonctions urbaines de la ville a commencé avec la domination
merina et surtout depuis la colonisation autour de ses activités portuaires et déterminé en grande
partie sa composition ethnique actuelle. Les originaires du sud-est qui habitent le quartier de
Morarano (Antesaka, Antefasy, Zafïsoro...) depuis plusieurs générations sont aussi Tamataviens que
les Betsimisaraka ou les autres groupes ethniques représentés dans le villet. D’ailleurs, au vu de la
pléthore des associations ethnico-régionales (terak’i Mahanoro, Fénérive ou Mananara...), il est patent
que le Betsimisaraka tamatavien de « souche » ne court pas les rues. Le fait d’être tamatavien
dépasse les lignes de clivage ethnique car le principal critère de définition renvoie à la résidence et
non à l’origine ethnique ou régionale.

c) Aux leurres du discours unitaire dominant

Quant au discours unitariste, en particulier celui véhiculé en 1991 par le Comité des Forces
Vives, il se résume en un panégyrique incantatoire de l’Unité nationale, présentée presque comme
une donnée “naturelle” ou “divine” à Madagascar, et faisant fi des lignes de césure introduites par
l’histoire. Se nourrissant de référents et de thèmes issus du nationalisme anticolonial, le discours
unitariste apparaît comme une autre mystification de plus de l’idéologie “bourgeoise”, à l’instar du
fédéralisme. Dans leur velléité d’accès à la “modernité”, les différentes factions de la classe dirigeante
au sommet de l’Etat ont toujours définie l’unité nationale idéologisée comme le passage obligé à
l’étatique contemporain : construction de l’Etat et construction idéologique de la nation sont les deux
côtés d’une même pièce. Mais elles ont toujours confondu l’unité nationale et celle de leurs intérêts
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propres si bien que, à chaque fois que se dessinent des fractures en leur sein, elles brandissent le
spectre de la guerre civile à connotation inter- ethnique ou inter- régionale.
Le discours unitariste dominant permet en fait d’évacuer du champ politique les
responsabilités historiques respectives des oligarchies ethnico-régionales dans les fractures qui se
sont opérées au sein de la “nation” malgache, depuis sa très longue gestation. Ce discours nie à la
limite, l’existence et la vitalité des tensions ethniques, qu’il a d’ailleurs puissamment contribué à
générer, sous prétexte d’un unanimisme de façade qui lui est nécessaire pour asseoir un ordre établi.
Si le discours fédéraliste apporte des réponses quelque peu démagogiques (la mystique ethnico-
régionaliste) à de vraies questions (le développement régional), l’idéologie unitariste esquive ces
dernières en se réfugiant derrière une unité “naturelle”, en fait mythique, du peuple malgache. L.es
deux démarches semblent, a priori, contradictoires voire antinomiques mais sont, en réalité,
construites sur un même schème irrationnel de pensée :
La mystification de l’ethnicité originelle idéalisée d’un côté et celle de la nation, donnée
naturelle, de l’autre. Pour les chantres du discours unitariste tananarivien, la nation malgache a
toujours existé et que c’est la colonisation qui a introduit les divisions ethniques qui auraient été
résorbées définitivement par l’unification politique sous la houlette de la monarchie merina.
Fédéralisme et unitarisme procèdent, en quelque sorte, d’un déni d’histoire. Même dans une île
comme Madagascar, l’identité nationale ne peut se forger qu’à partir d’une adhésion librement
consentie de plusieurs entités humaines (ethniques, culturelles, linguistiques ou économiques) à
l’élaboration d’un dessein commun. L’insularité n’est donc pas une condition naturelle à l’émergence
de l’idée de nation.

Pour être prégnant, le discours unitariste doit reconnaître que l’ethnisme (et non l’ethnicisme)
est partie intégrante du processus de construction de l’Etat-nation. Et que le processus, contrairement
à certains thèmes développés par les vulgates de l’idéologie nationaliste, n’était pas acquis ni pendant
l’expansion sakalava du XVIIIe siècle ni pendant l’expansion merina au XIXe siècle. Le “Royaume de
Madagascar”, reconnu par les grandes puissances dans la seconde moitié du XIXe siècle (USA,
Allemagne et France), n’est pas à proprement parler, un Etat-nation. Si la monarchie merina a su
mettre en place, depuis Radama I, un véritable Etat centralisé (armée et appareil administratif), par
contre elle n’a jamais pu insuffler une idéologie nationale aux différentes populations de l’île, car entre
autres, les clivages sociaux et de statuts induits par sa domination étaient trop accentués (fiscalité,
corvées, travail servile). Il semble difficile de concevoir que l’oligarchie merina, regroupée derrière la
Reine et son premier ministre Rainilaiarivony, et qui gouverne et exploite les ressources des provinces
conquises, de connivence ou en concurrence avec les oligarchies locales vassalisées, ait pu
rassembler l’île autour de valeurs “nationales” communes. Cet effort d’extraversion diplomatique,
commandé par l’obsession de la reconnaissance internationale, masque mal l’échec de l’unification
hégémonique menée par la monarchie merina et le découplage de l’Etat et de la “nation”. Les lobbies
colonialistes français ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. Erodée par des contradictions internes et
rongée par des intrigues fréquentes de palais, la monarchie merina n’est pas la Prusse et
Rainilaiarivony est loin d’être le Bismarck de Madagascar.
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Les bases politiques (vassalisation et non association des oligarchies locales), économiques
(monopole sur la traite) et sociales (l’oligarchie merina a engrangé les fruits des conquêtes sans
redistribution au niveau des populations) de la monarchie merina restent inachevées, donc fragiles, et
ne peuvent permettre sa propre reproduction ad vitam aeternam. L’échec du dessein national merina
est patent et il est significatif que des royaumes théoriquement soumis à Antananarivo (bemihisatra et
antankarana), aient participé au corps expéditionnaire français en 1895 et qu’ils aient demandé à
rester français à la fin des années 1950, en brandissant le spectre du retour de l’hégémonisme
merina.

Le processus de construction d’une idéologie structurante de l’identité nationale émerge


pendant la période coloniale, sur la base d’une unité dans la soumission à une présence étrangère.
Ce processus se développe sur le terreau plus ou moins ambigu d’une intégration/réappropriation des
instruments de pouvoir colonial (en particulier l’école et l’administration) par les anciennes oligarchies
dominantes et par des groupes sociaux jusque là subordonnés (Makoa, Mainty et anciens esclaves). Il
induit une recomposition de la classe politique lors de l’indépendance. Et c’est sur cette nouvelle
“alliance hégémonique” que ces différents groupes (entent de canaliser et de contrôler la construction
de l’identité nationale. Scandée par des crises majeures (1972-1975 et 1991-1992), l’unité nationale
repose formellement sur un consensus fragile au sein dune classe dirigeante extrêmement éclatée,
qui a toujours confondu les intérêts supérieurs de la nation à ses propres intérêts exclusifs, fractionnés
et souvent régionalisés. En cette période dite de transition démocratique, aucune décentralisation,
conçue comme un moyen le parfaire l’unité nationale, ne sera effective tant que la démocratisation de
la “chose publique” (sens étymologique de respublica) n’est elle même effective. Nous entendons par
là la participation librement consentie des citoyens à la gestion de la Cité, à tous les échelons de la vie
nationale, non pas en fonction «origine ethnique ou régionale, mais en fonction d’une identité
nationale Librement recherchée et partagée et impliquant l’ensemble de la population.
Dévoiler le débat politique autour de pseudo-enjeux (fédéralisme ou unitarisme ?) aboutit à
l’anémier mais permet aux différentes factions de la “bourgeoisie d’Etat” de baliser et de verrouiller le
vrai débat concernant les défit auxquels Madagascar est confronté en cette fin de siècle.

4) Contraintes et enjeux du processus de démocratisation :

a) décentralisation et régionalisation du développement

Les mouvements sociaux de 1991-1992 ont au moins montré une chose : l’Etat-nation tel qu’il
fonctionne depuis l’indépendance n’a pas créé une véritable dynamique de la décentralisation, même
si celle-ci est inscrite dans les deux constitutions de 1959 et 1975. Mais les deux principaux
protagonistes de la scène politique (Fédéralistes et Forces Vives) donnent un sens différent à la
contestation de l’Etat centralisé. Les premiers, sous la férule de barons de l’ancien régime soucieux
de leur éventuel reflux en provinces, contestent la légitimité de l’Etat républicain unitaire que ceux-ci
ont d’ailleurs largement contribué à renforcer et revendiquent la création d’Etats fédérés sur la base
des six provinces. Ce qui devrait leur permettre de sauvegarder leur réseau d’intérêts. Tandis que les
74

seconds, au nom d’une unité nationale dont les contours restent vagues, préconisent le maintien de la
forme unitaire de l’Etat tout en s’engageant à octroyer une pleine et large autonomie aux collectivités
territoriales. Pour le moment, c’est la position des Forces Vives qui a été consacrée par le référendum
constitutionnel du 19 août 1992.
Mais au-delà de la polémique créée autour de la forme juridique de l’Etat (fédéral ou unitaire),
nourrie par la classe politico-médiatique, c’est la profonde aspiration de la population à une plus
grande autonomie dans la gestion de la “chose publique” qui apparaît. C’est en ce sens que la
décentralisation et la régionalisation sont des exigences du processus de démocratisation, en dehors
de toute considération politicienne et partisane. L’Etat malgache n’a pas réussi jusqu’à présent à
générer le concept de nation, d’où sa fragilité intrinsèque. Il existe une conscience nationale certes
floue, mais la nation en tant que telle, c’est-à-dire le désir de définir un dessein commun à partir de
valeurs partagées, reste à bâtir ou du moins mérite d’être formalisée. Le processus démocratique peut
être une chance pour la construction de l’identité nationale si la décentralisation et la régionalisation
sont reconnues comme des impératifs et à condition qu’elles impliquent réellement l’ensemble de la
population sur la base de la recherche du bien-être commun. li faut donc que l’ensemble du processus
arrive à se dégager des velléités de verrouillage de la part des classes dirigeantes : là se trouve la clé
de la réussite.
En tant que pari politique, la décentralisation n’est pas exempte de contraintes et surtout de
risques. Le contrôle des allocations des ressources de l’Etat au niveau de La capitale tient lieu
jusqu’ici de ciment à l’unité de façade des différentes factions régionales de la classe dirigeante. Il
découle de la centralisation outrancière du pouvoir’ de décision politique, économique et financière
aux mains du président de la République et du gouvernement. Les anciennes collectivités dues
“décentralisées” sont devenues de simples rouages d’exécution, d’autant plus que le principe du
“centralisme démocratique” a largement contribué à vider de sens la décentralisation, réduite au statut
de slogan idéologique. Traversées par des contradictions, elles-mêmes exacerbées d’abord par
l’étatisation de l’économie puis par le programme d’ajustement structurel, les collectivités
décentralisées sont devenues le refuge d’une “nomenklatura” de province qui y entretient aussi bien
des réseaux de redistribution de la corruption que le clientélisme, les abus d’autorité et le tribalisme. A
l’image de la déliquescence du pouvoir d’Etat au sommet.
La décentralisation du pouvoir de décision et de la gestion des ressources de l’Etat induit un
déplacement géographique des enjeux inhérents au contrôle de l’appareil d’Etat. Le premier de ces
enjeux concerne le futur découpage territorial qui commence déjà à agiter la classe politique et les
associations ethnico-régionales, avant même la mise en place de l’Assemblée nationale qui a pour
tâche de le fixer par la loi. Il n’est d’ailleurs pas paradoxal que la plupart de ces associations (Menabe
miray, Zanak’i Mananjary, Toliho..) ont leur siège à Antananarivo ,et qu’elles veulent se présenter
comme des groupes de pression incontournables dans l’élaboration des nouvelles collectivités
territoriales (vondrom-bahoakam-paritra) qui devrait tenir compte de contraintes multiples
(budgétaires, géo-historiques et géo- économiques) et qui risque de réveiller les vieux démons du
micro-régionalisme (pourquoi Antsohihy et non Befandriana ?).
Mais le principal risque qu’encourt la décentralisation résiderait dans son dévouement au
profit de groupes dominants urbains, tels que les associations citées ci-dessus, en simple
75

délocalisation de la centralisation tananarivienne qu’ils ont longtemps côtoyée sinon pratiquée. Les
frustrations et les rancœurs de la paysannerie, qui se traduisent souvent par une désaffection vis-à-vis
de la classe politique, s’en trouveraient davantage accentuées. La décentralisation serait alors
seulement celle des pratiques bureaucratiques, d’abus d’autorité ou de clientélisme au lieu d’être le
catalyseur de l’autre côté de la pièce, à savoir la régionalisation du développement. Au lieu
d’introduire une nouvelle dynamique de construction de l’identité nationale par la base, les velléités de
contrôler la décentralisation à leur profit par les oligarchies locales, au nom d’une légitimité ethnico-
régionale pas toujours évidente, risque de transformer celle-ci en simple exacerbation de la
concurrence ethnico-politicienne au niveau des collectivités. La décentralisation doit largement
contribuer à briser l’opacité des relations inter- ethniques par une prise de conscience des intérêts
communs, au-delà des clivages des communautés. Dans une vie comme Toamasina, par exemple, la
décentralisation signifie aussi la reconnaissance explicite des différentes communautés ethniques et
surtout la non-exclusion d’aucune d’elles de la gestion de la cité, au nom d’une quelconque
prééminence ethnique fallacieuse. A une échelle inférieure, et pour prendre un exemple à partir de
l’actualité récente, le docker antesaka ou Saint- Marien de la Société d’exploitation du port de
Toamasina n’a aucun intérêt objectif à ce que la dite société fasse faillite, de la même façon que le
cadre moyen ou supérieur merina, Betsimisaraka ou betsileo, et ce quelle que soit l’origine ethnique
ou régionale de son directeur général. Leur avenir commun dépend d’une bonne gestion de la société
à tous les niveaux, voire de son expansion. Comparativement et à plus grande échelle, la
décentralisation des décisions politiques et économiques est à ce prix.
Comme la décentralisation, la régionalisation représente aussi un défi. Si la première consiste
en une répartition réelle et effective des prérogatives de pouvoir administratif (décisions, gestion
administrative. La seconde doit insuffler une nouvelle dynamique de développement économique
régional. La régionalisation relève de la géographie appliquée et non d’une simple politique
volontariste d’Etat. Région naturelle, historique, géographique, économique ou zone de
planification régionale? Le débat est ouvert et exclut aussi bien tout a priori d’école que toute
démarche généralisant et hâtive. Il doit aussi être démocratique, c’est-à-dire répondre aux
aspirations des populations concernées et non pas devenir un simple enjeu du débat politicien. Nous
nous bornerons ici à esquisser des réflexions fragmentaires sur les exigences du développement
régional eu égard aux véritables enjeux qu’il suscite.
Le récent débat sur la culture de la vanille dans le nord-est (Sambava-Antalaha) peut apporter
des éclairages pertinents sur ce que n’est pas le développement régional. Cultivée en quasi
monoculture, la vanille profite surtout à une poignée d’exportateurs et de négociants, sans véritable
retombée sur le développement économique de la région. Les devises rapportées par la vanille
servent à alimenter les casses de l’Etat et du groupement des exportateurs qui ne procèdent qu’à très
peu de réinvestissement sur place ; A cela s’ajoute la connivence de l’oligarchie locale avec les
collecteurs, les exportateurs et les négociants aux dépens des planteurs. Par conséquent, les profils
tirés de la vanille ne stimulent pas, par un effet d’entraînement, une diversification nécessaire des
activités productives (création de PMI, diversification des cultures afin d’éviter les aléas de la
monoculture de rente) ni la mise en place d’une infrastructure adéquate (routes, ports, hôpitaux,
électrification) dans la région, La région de Sambava-Antalaha reste sous-équipée et enclavés. La
76

culture vanillier est un bel exemple de gaspillage de potentialités réelles d’une économie régionale par
une oligarchie locale soucieuse de perpétuer sa mainmise sur un produit aux dépens de l’amélioration
qualitative du cadre économique et social de la population.

b) La relation entre citoyens et dirigeants

Cette relation est aussi un défi de la démocratie, qui implique de mener à bien son terme dans
les meilleures conditions le passage de la tradition (qui est le royaume de la coutume) à la modernité
(qui est le domaine de la loi). Le problème en effet, n’est pas de choisir entre une démocratie
prétendument occidentale et d’une démocratie théoriquement malgache ; il est difficile de définir les
institutions qui soient à la fois représentatives, cohérentes et efficaces pour la gestion du pays, et les
comportements sociaux qui permettent d’en assumer l’exigence, sur le mode malgache.

Les bourgeoisies provinciales ne peuvent pour le moment donner l’impulsion décisive au


développement régional. Un peu à l’instar de la bourgeoisie merina du XIXe siècle, elles adoptent des
comportements et des caractéristiques typiques du mode de production colonial. D’une part, une
faible capacité de mobilisation financière, dont la principale conséquence est la ruée sur les activités
spéculatives, rapidement lucratives et non créatrices d’emplois, ni de richesses au sens économique,
et dont les profits ne sont nullement réinvestis dans des activités productives de type PME ou PMI.
D’autre pan, l’absence d’esprit et de culture d’entreprise qui fait que cette bourgeoisie, qui s’est
constituée dans le sillage de la construction étatique, est devenue l’allié ou le relais d’un capital
allogène (Chinois et Indo-pakistanais) qui cherche à placer ses profits en lieu sûr, c’est-à-dire à
l’extérieur. Le système ne permet pas la formation du capital nécessaire pour stimuler le
développement régional. Logique envers elles-mêmes, les bourgeoisies provinciales cherchent surtout
à canaliser la décentralisation du pouvoir et des ressources qui y sont liées, en vue d’assurer leur
propre reproduction sociale, et non à définir un développement régional véritable qui pourrait léser
leurs intérêts immédiats. Or, c’est seulement quand les régions seront caractérisées et
économiquement spécifiées et que des synergies fonctionnent entre elles que les velléités de
fédéralisme, défendues par ces groupes dominants des provinces, auront peut-être un véritable sens.
Les blocages structurels du développement régional et l’exacerbation du déséquilibre régional entre
Hautes-Terres et régions côtières permettent d’ailleurs à ces groupes de nourrir leurs discours
politiques de thèmes démagogiques (tribalisme et ethnicisme).
Au vu de l’histoire politique à Madagascar, on peut constater que, jusqu’ici, aucun pouvoir
d’Etat n’a vraiment réussi à imposer l’idée de nation d’en haut soit à dessein (Etat colonial) soit à
cause de ses faiblesses (monarchie merina et Etats post- coloniaux). Andrianampoinimerina,
l’unificateur de l’lmerina à la fin du XVllle siècle, a été sûrement le premier à penser l’île en termes
d’espace national et Radama I à concevoir les conquêtes militaires comme le moyen de le réaliser.
Mais leurs successeurs n’y sont pas parvenus. Le pouvoir colonial n’a pas fait de la construction de
l’identité nationale malgache la première de ses priorités, d’autant plus qu’il s’est fourvoyé dans de
nombreux clichés. Tous les pouvoirs d’Etat post- coloniaux, à quelques nuances près, ont essayé de
reprendre le dessein national merina sans succès. Les classes dirigeantes ont investi les rouages de
77

l’appareil d’Etat mais n’ont pas obtenu l’adhésion de la nation, faute de projet politique clair le
socialisme moramora de Tsiranana, la malgachisation de Ramanantsoa, le fokonolona de
Ratsimandrava et le socialisme d’inspiration tiers-mondiste de Ratsiraka (et le libéralisme d’inspiration
humaniste de Zafy Albert ?).
L’échec de ces différentes tentatives d’unification hégémonique par un liant centralisé mais
6
qui n’a jamais été fort , contrairement à une idée communément admise, s’explique en grande partie
par la résistance des populations à toute velléité d’unification non intégrante et qui leur est extérieure.
Peut-être est-ce là que réside l’insularité et s’il y a une donnée naturel le à Madagascar, ce n’est ni
l’Etat ni la nation mais bien l’insularité. “L’Angleterre est une île”, disait Michelet pour essayer de
comprendre l’histoire britannique.
N’est-il pas temps de construire cette nation malgache à la base, c’est- à-dire “sur le terrain”,
et non plus au sommet de l’Etat ? Avec tout ce que cela suppose comme sacrifices pour ces
“dynasties” de la République dont l’échec est patent depuis 1960. A Madagascar, la construction de
l’Etat par le haut n’a pas engendré la constitution d’une nation, dans son acception moderne et
universelle. Pourquoi n’inverserait-on pas la problématique, c’est-à-dire construire d’abord les
fondements d’une nation dont l’Etat en serait l’émanation ? Ne se poserait plus alors ce décalage
permanent entre Etat et nation. Les récupérations politiciennes de l’ethnicité sont réductibles à
condition que l’idée de nation soit démocratiquement débattue.
Ces différentes questions, éminemment politiques, en soulève un autre, cruciale la classe
politique malgache est-elle enfin prête à accepter la tenue de ce type de débat ?

SECTION 2 - Sur la vie culturelle


2.1. Le Malgache et la vie religieuse

Après des centaines d’années d’existence, le christianisme a été secoué par de nombreuses
crises, des ruptures internes au point qu’on a annoncé son dépérissement. Pour les chrétiens, cette
gravité n’est pas dramatique car leur espérance s’appui sur l’origine divine de leur communauté. Ils
vivent de la conviction que les civilisations sont mortelles.
L’observation non croyant ne partage pas cette assurance. Jusqu’à une époque récente, le
christianisme a bénéficié d’une culture d’imprégnation qui le rendait culturellement possible. Depuis la
renaissance du 16è siècle, la culture développe une critique qui devient radicale de la religion. A la
suite de la révolution scientifique, technique, sociale et politique, une attitude de soupçon habite
l’homme moderne à l’égard du christianisme et du fait religieux. Les questions ouvertes par les
encyclopédistes se sont largement répartis. Il en résulte un déplacement à l’égard de Dieu, un recul
du sacré, une autonomie de l’individualisme qui débouche de l’athéisme.
Même là où la crise du christianisme n’atteint pas son paroxysme, il reste qu’il ne peut plus
prétendre à l’unanimité ce qui l’a connu pendant de long siècle. De mouvements de laïcisation, de

6
Vérifiant l’adage ‘la force est le refuge du faible”, le cycle de la répression militaro- policière (1971, 1972, 1975, et 1991 -1992
2002, 2009 pour ne citer que les dates majeures) n’est pas spécialement le signe d’un Etat fort. La principale caractéristique
d’un Etat fort réside dans son efficacité interne et externe.
78

démocratisation qui enlève son prestige. La société globale est donc devenue un nouveau statut de
reconnaissance sociale qui s’impose à son acceptation et sa recherche. De nombreux chrétiens
reconnaissent que les valeurs suscitées par le christianisme sont devenus le patrimoine commun de la
société, que le contrôle de ces valeurs échappe aux églises et que la liberté religieuse impose le
pluralisme. Il faut renoncer à un monopole de l’influence comme il peut accepter un repli de la
communauté chrétienne.

Une critique importante faite au christianisme particulièrement par le peuple du tiers monde et
sa relative inefficacité pour influencer les situations d’injustices qui se sont dupés dans le monde. Le
monde chrétien est globalement solidaire de la part de l’humanité la plus riche. Un nouveau défi
apparait car l’évangile est porteur d’un souffle révolutionnaire et des partis pris par les pauvres. Ici,
un certains nombres de chrétiens sont accueillis, se défient et reconnaissent comme intolérable la
situation. Il apparaît que sans se transformer en mouvement de messianisme, purement temporel, le
christianisme doit résolument passer du coté des pauvres et s’engager dans les combats pour la
libération.

2.2 Le Malgache existe-t-il encore ?


Quand on lit les gros titres des journaux qui relatent des crimes crapuleux, quand on constate
l’indifférence des gens devant la détresse des 4’Mi (les mendiants des grandes villes), l’on est en droit
de se demander si le Malgache existe toujours.
Les bonnes âmes constatent amèrement que les Malgaches ne sont plus ce qu’ils étaient, qu’ils ont
perdu le sens du fihavanana, le respect de la vie humaine et de la dignité humaine. Elles accusent
alors les étrangers, la vidéo, les autres, mais elles ne se remettent pas en cause.
La classe politique qui a en charge le présent et l’avenir de la nation, qu’est-ce qu’elle a fait ?
Et qu’est-ce qu’elle fait ?
Les représentants provinciaux de la radio et de la télévision n’ont aucun moyen pour réaliser
des productions locales qui permettraient aux Malgaches de mieux se connaître, de se mobiliser
autour des mêmes causes. Doter chaque région d’une ou deux cameras, d’une ou deux voitures pour
les reporters et les réalisateurs, est-ce insurmontable ?
Sur la palette des programmes offerts gracieusement, les responsables de la télévision
opèrent un choix qu’eux seuls trouvent judicieux.
Ces médias éduquent les habitants de ce pays, peut-être pas pour rester des Malgaches capables
d’affronter le XXIe siècle, mais pour devenir des hommes et des femmes qui auront perdu leurs
racines et qui courront après les sous-produits de la culture occidentale. La formation, malgré
l’importance du budget accordé aux ministères de l’instruction publique et des Universités, a été le
dernier souci de la classe politique. Comment peut-il en être autrement quand elle envoie ses propres
enfants se former ailleurs dans les écoles françaises du pays ou à l’étranger.
Cette pauvreté culturelle que l’on offre au Malgache est une menace grave pour son avenir.

Les messages démocratiques successifs —du social sous la Première république au


révolutionnaire sous la Seconde — n’ont pu empêcher le divorce entre la classe politique et le
79

peuple, entre ceux qui, grâce à leur pouvoir, s’enrichissent, et ceux qui s’appauvrissent : une
paupérisation généralisée.
Quand on pense aux spectacles auxquels nous ont habitué nos hommes politiques des
républiques successives ainsi que les transitions, spectacles que semblent jouer à merveille les
responsables de la transition, quand on pense que dans la tourmente économique que vit
actuellement le pays, certains hommes politiques insistent encore sur des questions de préséance, se
livrent une guerre de communiqués, l’on peut dire que la démocratie telle quelle a été appliquée
jusqu’ici, est l’une des causes du non développement de Madagascar. Et l’on est tenté de croire que
le peuple malgache n’a pas le gouvernement qu’il mérite.

Le poids de la tradition :
Dans les sociétés traditionnelles, le pouvoir est à la fois temporel et spirituel et le souverain
représente la divinité dont il est soit l’intermédiaire, soit le représentant, on lui obéit parce qu’il dispose
de pouvoirs surnaturels. Le pouvoir est également associé à l’âge ; il revient donc à l’ancien. Plus
largement, la prédominance de l’aîné sur le cadet représente un handicap car les jeunes compétents
ne sont pas écoutés.
L’intensité des relations sociales empêche de prendre les décisions suivant des critères de
rationalité ou d’efficacité .le sentiment et/ou la parenté pèse alors d’un poids déterminant, souvent
impulsée par une vision fausse ou délibérément faussée du FIHAVANANA.
Le rôle de la parole est déterminant. Elle repère mais n’engage pas dans le temps, et
n’implique pas l’obligation de mise en pratique.
La première conséquence pour la vie politique du poids de la tradition est la difficulté, voire
l’impossibilité de fonctionner dans le schéma habituel majorité-opposition .Est dans l’opposition celui
qui n’est pas au pouvoir, il en sortira aussitôt qu’il est admis. En d’autres termes, les hommes
politiques ne se positionnent pas par rapport aux projets de société qu’ils voudraient réaliser mais par
rapport au seul exercice du pouvoir. La conception de représentativité est également ignoré .Une fois
élu, le politicien ne se sent plus lié par le vote de ses électeurs .Il agit en fonction de ses intérêts
personnels. À partir de là, changer d’étiquette, retourner sa veste n’est pas un problème de moral
politique ; c’est une gestion d’opportunité.
La décision se suffit a elle-même, et personne à commencer par le premier responsable, ne
se soucie plus de savoir comment elle sera mise en œuvre .La lutte contre la corruption qui ne tiendra
pas compte de ces pesanteurs culturelles et sociologiques seraient vouée a l’échec.
La question fondamentale est de savoir ce qui motive les citoyens à entrer en politique. Pour
la plupart, la politique est le moyen le plus rapide et le plus efficace de s’enrichir, et de recevoir les
honneurs de la société ; un développement de ses mérites personnels une fois élu ,une politique se
doit de gratifier sa famille et ses amis ,sa région et son clan .Autant dire que la notion de service de
bien commun est totalement ignoré .
Il en résulte que les politiciens ne se sentent pas engagés dans la réalisation concrète des
promesses de campagnes, des « velirano » publics, ni par la finalisation de décisions prises .Par
contre, ils sont les intermédiaires consentant d’interventions plus ou moins légales de trafic d’influence
et donc de corruptions.
80

SECTION 3 - analyse de la pratique démocratique à travers les régimes politiques


successifs

3.1. Dynamique sociale et organisation de pouvoir


- De quelle manière organiser le contrôle politique pour que les ambitions personnelles ou les
ambitions de groupe cèdent le pas à l’intérêt collectif?
- Quelle éducation donner pour élever la conscience civique, donner les sens des règles du
jeu et du respect de celles-ci?
- Quelles dispositions prendre pour que le citoyen puisse exercer le droit de contrôle qui est le
sien, c’est-à-dire exprimer librement et en connaissance de cause ce qu’il veut ainsi que son
- appréciation de l’action des gouvernants? En d’autre termes pour que s’applique royalement
la sanction électorale?
- Serons-nous capables de la lucidité et du courage nécessaire pour nous laisser bousculer,
pour refuser de faire semblant et accepter les exigences d’un changement réel, même si cela implique
que des tabous soient brisés?
- Sommes-nous convaincus que la logique des contrôles est facteur de progrès et sommes-
nous réellement prêts à nous engager dans cette logique contrôle/sanction (positive et négative), mais
également contrôle/éducation?
Une réponse claire et positive à ces questions conditionne l’effectivité et l’efficacité des
contrôles.

La démocratie est d’abord entravée par le fait que la vie politique privilégie les bases
ethniques comme si les relations de confiances, solidarité, action ne pouvaient s’exercer hors de ce
cadre .cette pratique occulte la notion de biens communs a l’ensemble de la société, dont elle
renforce la fragmentation.
A Madagascar il faut avoir une idée du patrimoine culturel. Les concepts de « aina,
fihavanana, tsiny, tody » sont des mots creux qui n’arrivent plus à gérer les repères de la société.
Madagascar se situe dans une situation anomique, où les repères n’existent pas, chacun fait ce qui lui
plait. C’est le problème de mentalité.
Le fihavanana a une place importante notamment sur la société malgache traditionnelle ;
aujourd’hui, ce fihavanana a un rôle important sur l’organisation et la structure de la confession
religieuse, par exemple, l’opinion du leader religieux a une grande influence sur l’opinion des
membres de son église, l’opinion des enseignants ou professeurs a une influence sur le
comportement politique des citoyens.
Les politiciens utilisent tous les moyens pour accéder au pouvoir. Ils vont même jusqu’à
troubler les psychologies des gens en ciblant les églises. Par exemple, les catholiques qui constituent
un grand nombre de fidèles fonctionnent par groupe de pression : le FISEMA. La religion joue un rôle
important dans la vie politique mais par l’intermédiaire des groupes de pression. Ces derniers sont
même plus influents que les partis politiques eux-mêmes. Conscients de l’importance de la religion sur
la vie politique, les politiciens n’hésitent pas à l’utiliser en devenant un membre actif. On peut voir
81

7
l’exemple de Marc Ravalomanana, qui était vice-président de la F.J.K.M , ou encore de Lahiniriko
8
Jean, vice-président du FLM . Et de même, Andry Rajoelina a fait appel aux catholiques comme lui,
pour arriver à ses fins.
Tout ceci pour dire que les Malgaches sont religieux ; et tous ceux qui savent comment
pénétrer dans ce domaine ont une chance de réussir. En cette période de crise, on compte que la
F.F.K.M sera le médiateur parfait pour réconcilier les Malgaches. Faut-il encore rappeler que le
christianisme constitue le phénomène majeur à Madagascar dans la « longue période ».
Comment peut-on faire régner l’égalité s’il y a des illettrés et des élites ? La connaissance est
désormais une base de la démocratie ; car la démocratie créé une hiérarchie, les plus forts vont
toujours dominer les plus faibles.il y a toujours ceux qui agissent et ceux qui subissent. L’intellectuel
organique est le détonateur du processus du développement ; il faut donc dire que la liberté : ça se
mérite, ça se gagne, il faut la construire.
La vie quotidienne du peuple malgache exprime et retrace la culture qui lui est spécifique.
La valeur sociale de « FIHAVANANA », basée sur la solidarité et la bonne entente, passe avant tout
quelles que soient les situations qui prévalent ; elle constitue par ailleurs le leitmotiv dans tout discours
politique.
Le « kabary », moyen de communication, conforte à tout moment et en toute occasion la
place du « fihavanana » reflétant la sagesse des malgaches et donc de la nation. Cette culture
témoigne en effet la tolérance au profit de l’union, l’unité dans la diversité étant le centre d’intérêt
principal.
La démocratie occidentale a détruit la valeur du patrimoine malgache entrainant la désunion entre
la population notamment le fokonolona.

3.2. Dynamique moderne :


Partout la dégradation et la transformation des formes anciennes de pouvoir se sont opérées sous
l’influence coloniale puis par la constitution d’Etat moderne bureaucratique.
Tout se fonde dans une sociologie qui a été d’abord en Occident, sociologie électorale et sociologie
des élites dirigeantes, puis qui a saisi dans la démocratie pluraliste, le mode de compétition pour la
conquête du pouvoir légitime, l’intérêt ayant glissé ensuite vers le comportement des acteurs
politiques.
Nous avons vu que la démocratie implique une liberté qui est utile pour le développement,
mais cette liberté doit être tout de même réglementée. Comme l’a dit Jean Paul Sartre : l’acte de
liberté est un acte intelligent, une capacité à s’adapter à n’importe quelle situation, et aussi un acte
responsable. La liberté prend un sens restreint et sélectif à Madagascar. Ne faut- il pas considérer que
l’apprentissage de la parole citoyenne et la formation d’un espace civique s’opèrent par un repli des
individus sur leurs intérêts privés et l’affirmation d’une allégeance prioritaire à la sphère domestique ou
groupe restreint ? Cette tendance, convergente avec celle des pays industrialisés indique sans doute
que les sociétés d’Afrique sont engagées dans des processus d’individualisation qui s’inscrivent dans
les dynamiques historiques de la modernité et de la globalisation.

7
F.J.K.M. : église protestante réformée qui comporte le plus d’adeptes chez les protestants à Madagascar.
8
F.L.M. : église luthérienne malgache.
82

Les présupposés du développementalisme montrent une Afrique ou pire, qui n’est pas encore
mûre pour la démocratie, ou mieux qui peut y prétendre à condition de sortir de ses ténèbres, en
adoptant par exemple la panoplie de la bonne gouvernance.
Il faut reconnaître que les sociétés africaines connaissent elles aussi un processus cahotant
mais réel d’affirmation de l’individu-citoyen.
Par exemple, dans les chapitres précédents, nous avons vu que bon nombre d’étudiants
participent activement aux élections ce qui nous amène à dire que l’implication politique s’accroît avec
le niveau d’instruction. Cependant, cette accélération de la pratique politique n’est pas forcément le
signe d’une démocratie. Elle peut aussi traduire une intensification des luttes fonctionnelles au sein
des vieux régimes et/ou des stratégies d’adaptation face aux pressions extérieures.
En outre, dans un Etat laïque, qui les chapote, le chef est contrebattu par de nouvelles
religions importées.

a) Dynamique moderne au plan de la vie internationale

Nous sommes donc placés devant cette situation vraiment paradoxale :


- le régime démocratique est universellement valorisé aujourd’hui (même s’il n’est pas
réellement appliqué);
- mais en même temps, le grand bouleversement des idées qui caractérise le monde moderne
a multiplié les critiques et les récusations. Encore, n’avons-nous rien dit des formules audacieuses qui
sont proposées, comme le droit à l’ingérence (ou le “devoir d’ingérence”), qui transcendent la
démocratie.

Essayons maintenant de comprendre les raisons de ce désordre méthodologique et


d’examiner comment s’articulent ces éléments du problème : idéal démocratique, nouvelles tendances
vers une nouvelle démocratie plus authentique - et développement.
Avant de nous tourner vers les exemples que peuvent donner les cultures traditionnelles, nous
voudrions attirer l’attention sur des expériences nouvelles qui sont aujourd’hui en cours, dans
plusieurs mitions européennes et qui essaient de pallier, pour les besoins du développement, les
insuffisances de la démocratie à l’occidentale.

Il est évident, nous l’avons lu, que la démocratie directe ne peut pas être compatible avec les
sociétés contemporaines qui, au contraire, sont composées de sous-ensembles démographiquement
très importants : des échelons intermédiaires doivent être prévus par des systèmes électoraux, dont
aucun ne donne satisfaction et, en définitive, notre démocratie dite représentative génère des
frustrations, les électeurs ne se sentant pas représentés vraiment par leurs “représentants” ; les
citoyens estiment qu’ils sont tenus à l’écart des affaires de la “cité” et ils n’ont pas tort.

On en est donc venu à proposer d’autres méthodes qui sont par exemple mises en pratique
(on devrait plutôt dire mises à l’essai) en France, à la suite des grandes difficultés que connaissent les
banlieues. En Franco ou ailleurs, de réels efforts ont été faits pour améliorer l’habitat, remplacer les
83

bidonvilles, créer des jardins, des terrains de sport, des salles de jeux, des équipes de jeunes, des
discussions sur les problèmes sociaux, mais tout cela, qui procède de bonnes intentions, est en
quelque sorte vicié et disqualifié parce que les intéressés estiment qu’ils ne sont pas partie prenante
aux processus de décision qui les concernent. Ce qu’ils n’admettent pas, c’est que les pouvoirs
publics - démocratiques cependant -agissent d’une part sans les consulter auparavant et d’autre part
sans les associer à l’exécution des décisions. Ils voudraient participer à tous les échelons à cette
entreprise de rénovation. C’est cela, le grand mot : la participation. Et les nouvelles formules qui sont
en cours consistent précisément à essayer de nouveaux modèles de démocratie directe. Nous
citerons rapidement quelques exemples : au niveau de la conception, les urbanistes, les ingénieurs, et
les responsables administratifs non seulement viennent présenter leurs projets aux habitants des
quartiers, leur demandent leurs avis, leur commentent les dispositions envisagées, mais encore les
encouragent à faire des propositions, à prendre des initiatives, D’au&e part, on essaie, au niveau de
l’application, d’intégrer les jeunes dans la gestion des réalisations urbaines en leur confiant des
responsabilités réelles, de manière à les impliquer réellement dans la pratique, le vécu. On veut ainsi
parvenir sinon à une auto- gestion, qui est toujours quelque peu utopique, du moins à une Co -
gestion, qui seule paraît “démocratique”.

b) Les enjeux des grandes puissances

On constate donc partout en France, en Afrique ou ailleurs, un vaste mouvement de remise


en cause des habitudes acquises et des idées reçues ; comme en Mai 68 qui se généraliserait devant
le constat d’échec des entreprises de développement. La démocratie théorique est mise en cause,
mais on se demande encore par quoi il serait possible de la remplacer puisque la démocratie réelle,
qui serait dans la formule idéale, semble bien ne pas pouvoir être réalisée dans les faits, car
impraticable.
Une interrogation se pose dans quelle mesure les hommes sont-ils capables de se
gouverner ? De constater que de même qu’il n’y a pas de progrès en esthétique (ce serait plutôt le
contraire...), de même il n’y a pas de progrès dans l’art de la politique entendue comme technique du
gouvernement de la cité. L’homme sait peser les étoiles et les minuscules constituantes de la matière,
mais demeure incapable d’organiser la régulation de la vie en société. On peut penser qu’il s’agit là
d’une caractéristique de l’espèce, et que, si performante que soit la science, si pointues que soient les
technologies, il faudra attendre la cinquième espèce humaine -si tant est qu’elle arrive - pour que la
solution à ce problème soit trouvée.

Et c’est là que l’on est amené à utiliser la formule de Churchill on est obligé de reconnaître
que le régime démocratique, avec ses faiblesses et même ses tares, est le moins mauvais de tous.
Mais quand il s’agit du développement, les données sont différentes en ce domaine, la
démocratie serait toujours la moins mauvaise formule, à condition que les partenaires soient placés
dans la même situation: si toutes les nations vivaient en démocratie, les conditions seraient égales
pour tous ; si le jeu international confronte des nations démocratiques à des nations ayant suivi des
84

options différentes, alors il y a maldonne, et ‘tout change ; on constate qu’en ce cas, les sociétés
démocratiques peuvent être désavantagées, au moins à titre transitoire.
Il est facile de montrer ce qu’il faut bien appeler le “handicap démocratique” à partir
d’exemples concrets ; ceux-ci abondent ; nous en retiendrons seulement deux. Le premier, d’ordre
historique, concernera les expériences du développement qu’ont connues plusieurs pays ; le second
concerne les risques de blocage qu’implique aujourd’hui la maffia.
Historiquement parlant, on constate qu’un peu partout ce sont des régimes autocratiques (et
parfois dictatoriaux avant la lettre) qui ont généré les changements décisifs ; ce “pré-décollage
économique” a été ainsi dû en France à Napoléon 3, en Russie à Pierre le Grand qui, au cours d’un
règne sanguinaire, a établi les bases de l’économie moderne, en Chine, à Mao. Mais il est évident
qu’il ne s’agit pas d’une règle générale. Dans le monde post- moderne, où les régimes s’orientent vers
la démocratie, malgré beaucoup d’hésitations et quelques retours en arrière, un danger menace, si
grave que souvent on n’ose pas le regarder en face celui de la maffia. Là encore, comment ne pas
noter la différence entre régimes autocratiques et régimes démocratiques ? C’est le double exemple
de l’Espagne de Franco et de l’URSS de Staline deux dictatures authentiques (mais nous pourrions
aussi évoquer Hitler et Mussolini). Les historiens sont unanimes à constater que la maffia n’existait
pas dans ces deux pays. Or, il a suffi que l’URSS laisse la place à une Russie démocratique et que la
République remplace le régime franquiste pour que la maffia s’installe (en triomphatrice discrète). On
peut aussi, en confirmation, rappeler que les Etats-Unis, authentique démocratie, sont complètement
investis par les pouvoirs maffieux qui non seulement dominent l’économie mais, comme en Italie,
contaminent tous les rouages de l’Etat.

Il existe donc une fragilité spécifique de la démocratie, livrée apparemment sans défense aux
agresseurs ; ce danger est aujourd’hui tout particulièrement préoccupant, dans la mesure où H
menace à la fois les nations de l’Europe de l’Est, ex-URSS comprise, et les jeunes nations
indépendantes issues de la décolonisation - et nous sommes ici au cœur du problème du
développement. L’emprise des organismes maffieux sur la nouvelle Russie a été dénoncée avec
vigueur, jusqu’ici en vain.
Les dangers que fait courir la maffia - sous ses diverses modalités - aux jeunes nations des
Tiers Mondes ne sont pas moins graves, mais on en parle moins, tout simplement patte que la maffia
est ici en cours d’implantation. En effet, elle ne s’intéresse qu’aux nations “intéressantes”, c’est-à-dire
celles où des profits importants sont possibles ; on la voit s’infiltrer dans les économies où des profits
peuvent être escomptés à court terme. D’ores et déjà, c’est un danger considérable pour le
développement, et d’autant plus grave que les nations sont politiquement plus faibles.
Faut-il donc faire un constat de carence et conclure que la démocratie est incapable d’assurer
le développement, le vrai développement, celui, selon la formule de François Perroux, “de tout
l’homme pour tous les hommes”, celui qui permettrait enfin la réalisation des droits de l’homme ?
Le problème se pose pour le développement des pays africains et indocéaniennes. Il faut
avoir le courage d’en définir clairement les données : la pratique de la démocratie occidentale,
indirecte, représentative, est-elle suffisante pour assurer dans un délai acceptable le démarrage
85

économique - “le décollage” ? On doit répondre par la négative, mais en distinguant deux périodes,
deux temps.

Sur la même société se sont superposées deux systèmes de domination : le traditionnel et


le moderne si bien que l’administré joue stratégiquement sur l’un ou sur l’autre car le pouvoir
traditionnel une fois affaibli, le pouvoir moderne n’a pas acquis de force et de stabilité
suffisante malgré l’inflation d’idéologie et de symbole moderniste.
L’Afrique a été plus vulnérable aux transformations coloniales que les pays d’Extrême-Orient, de
culture ancienne habituée à résister aux viscitudes de l’histoire. En Afrique même, les incidences
ravageuses de la colonisation ont plus touché les anciennes royautés.
Une fois acquises les indépendances dans les années 60 et après que le parti unique s’est affirmé
comme instrument modernisant, on ne tarde pas à s’inquiéter des échecs d’un développement
économique imputé à la dépendance néocoloniale et aux erreurs de gestion de la classe dirigeante,
ce qui entraîne des conflits entre élites et un coup d’Etat.

Les USA, la grande Bretagne, la France se considèrent comme des Etats démocratiques et
n’hésitent pas à donner le rôle de donneur de leçons à l’endroit du pays qu’ils qualifient comme
totalitaire, pourtant, les grandes barbaries de l’histoire de l’humanité furent commise en occident
durant le 19è et 20è siècle à savoir l’esclavagisme, l’impérialisme, le colonialisme, le fascisme, le
nazisme, même le communisme (stalinisme en URSS)

Est-ce vraiment l’élection qui traduit la légitimité surtout dans les PED ?

Observation sur l’échantillon:

La majorité des étudiants ne se distinguent pas des autres catégories sociales, c’est-à-dire la
population en général. Selon ce qui a été observé lors de la descente sur terrain, bon nombre
d’étudiants, pensent que les partis d’oppositions sont des fauteurs de troubles. ; ils préfèrent un
régime à parti unique pour éviter les troubles, et c’est le seul moyen pour y arriver; Mais aussi,
beaucoup d’étudiants ne vont pas voter des femmes du fait simplement qu’ils sont des hommes et ce
sont les hommes qui doivent être à la tête de tout. Des mentalités qui subsistent encore même chez
les « instruits ».
Lors du focus-groupe, certains étudiants ont avancé qu’ils n’ont rien contre la mondialisation,
au contraire ils aiment les « nouveautés » ce qu’il n’y a de mal à s’intéresser à la modernité mais si on
pousse l’analyse, le danger se trouve dans le fait que des nouvelles manières s’imposent à nous alors
que nous sommes très peu armés pour résister à ce phénomène. On ne prend pas la peine de
décoder ce qui nous est proposé ; et nous n’avons pas le choix face à cette mondialisation, instruits
ou pas. Ce phénomène de mimétisme est ridicule. On s’abandonne de manière aveugle à cette
culture pour miroiter à un univers imaginaire et cela de manière très violente.
86

Conclusion partielle :

La colonisation avec son organisation et ses contraintes mais aussi sa force modernisant a
bien initialement agit comme destructrice des unités politiques traditionnelles en tronçonnant les
ethnies par la création des frontière : elle a changé le mode d’organisation civile ; elle a affecté le
prestige des chefs à la fois par un affaiblissement de leur position économique par la dépossession
d’une grande part de leur rôle d’arbitre et par la partielle désacralisation du pouvoir.
Aujourd’hui, les facteurs déterminants du vote du citoyen dans la pratique démocratique sont bien
étudiés par les politiciens afin de manipuler les citoyens.
87

CHAPITRE VII : LES PROSPECTIVES

SECTION 1 : L’éducation citoyenne et les responsabilités de la société civile

Dans le monde, dans les pays respectueux de la démocratie, la participation de la Société Civile
en tant que responsable, soucieux de ses droits, dénonçant les injustices et les irrégularités â tous les
niveaux, est irréversible.
Ainsi, la majorité des malgaches est consciente qu’elle est pleinement responsable, qu’elle ne doit
plus accepter les injustices et se laisser intimider.
Chacun participant activement à la vie communautaire, en connait parfaitement les problèmes.

1.1. Les responsabilités de la Société Civile

- Force de contre pouvoir incontournable ;


- Force de proposition;
- Force régulatrice de la vie nationale soucieuse de l’équité
- Educateur et formateur de la citoyenneté;
- Eventuellement force de pression sur le pouvoir en place.
Peut-on penser qu’il serait utile de lui prévoir quelque structure où elle peut dialoguer entre elle ou
avec I’ Etat, exemple le CES (Conseil Economique et Social). Dans tous les cas, la constitution doit
garantir sa liberté d’expression, et d’action ainsi l’imposition intempestive de zones rouge est anti-
démocratique.

1.2. L’éducation citoyenne

• L’éducation citoyenne, insuffisante jusqu’alors, dans laquelle :


- La société communautaire de base tient une place importante. On doit accorder à une telle
société la valeur et le rang qui lui reviennent, pour que les citoyens la composant soient conscients de
leurs responsabilités. L’éducation et l’assistance nécessaires qui s’imposent lui seront accordées pour
que ses membres puissent s’éduquer mutuellement.
- La responsabilité est plus grande pour la société civile et les artistes.

• L’éducation civique doit être dispensée dès l’enseignement primaire et se poursuivre jusqu’aux
niveaux supérieurs.

• La scolarisation des jeunes de moins de 14 ans doit être obligatoire et gratuite

• Raviver dans le cœur des malgaches le vrai patriotisme.

• La démocratie exige une formation continue.


88

• Les malgaches doivent être éduqués à a savoir leurs authentiques valeurs et l’histoire du pays
doit leur être enseignée.

• Les gouvernants et les citoyens doivent avoir un comportement et une mentalité dignes pour
qu’ils servent de modèle aux jeunes.

• Renforcement de l’apprentissage du savoir vivre en société.


Les citoyens manifestent leur mécontentement et leur lassitude devant la trahison des politiciens. Un
ras-le-bol traduit par l’apathie civique et l’abstentionnisme électoral. Lorsque des hommes neufs se
font élire, leurs tentatives sont généralement vouées à l’échec. Les nouveaux venus n’ayant ni le
réseau d’hommes voués en leur cause sur l’ensemble du territoire, ni l’expérience de pratique
politiciennes, ni les compétences juridiques et techniques. Parallèlement, l’absence de toute
opposition dans les structures politiques fait que leur mécontentement ne peuvent s’exprimer dans un
cadre institutionnel, éclatent dans les manifestations de rue.
Tout cela pour dire que toute carrière politique devrait se construire sur l’expérience cumulée
acquise à tous les niveaux de pouvoir : à commencer par les fokontany, mairie, provinciale,
régionale, et enfin centrale.

SECTION 2 : la démocratie et les valeurs malgaches


Il est nécessaire de rappeler que la démocratie a déjà existé dans la société malgache comme
valeur traditionnelle. N’est-il pas dit en effet « tsy misara-mianakavy, loabary an-dasy, ny hevitry ny
maro mahataka-davitra, ny hevitra tera-bary ka samy mamoaka ny ao am-pony, tsy misy masiaka toy
ny sakay fa rehefa teny ierana dia telina ... » (solidarité familiale, dialogue franc, concertation, autant il
y a d’idées exprimées autant on voit loin, les idées sont comme les épis de riz chacun apporte ce qu’il
a dans le cœur, il n’y a pas plus dur à avaler que le piment mais on peut avaler quand c’est accepté
par tous) même si en ce temps là on ne faisait pas encore des élections républicaines.
D’une part, les malgaches ont respecté et apprécié la vie en communauté:
- une vie en communauté dans le respect mutuel par l’existence de la fraternité
communautaire avec le respect aigu de la propriété d’autrui;
- existence de la solidarité et de l’entraide car que l’on vous coupe la main gauche ou la main
droite vous est toujours douloureuse, deux cases mitoyennes on s’abrite là où l’on n’est pas mouillé ;
- vie en communauté où existent des spécificités mais dans laquelle prévalent l’entraide et la
solidarité.
De nombreux traits de la tradition et de la philosophie malgaches au sein de cette vie
communautaire démontrent que les malgaches sont démocrates dans l’âme. C’est une démocratie de
base, acceptée par tous, assumée par tous et supportée par tous, démocratie participative dans le
vécu journalier, conditions sine qua none du développement.
Les malgaches respectent la fraternité communautaire, les spécificités, osent faire face aux
débats d’idées mais évitent toujours les affrontements stériles et sans intérêts.
89

D’autre part, les gouvernants ont abusé de ce respect de la fraternité communautaire ce qui a
amené:
- l’iniquité
- l’enrichissement rapide injustifié
- l’impunité
- le copinage, népotisme et oligarchie

Conséquences:
- pertes de l’identité culturelle et des traditions malgaches;
- dégradation de la fraternité communautaire

2.1. l’articulation de la démocratie et de l’identité malgache

Pour qu’elle soit possible, le préalable fondamental est la connaissance approfondie des
hommes et des femmes malgaches dans leurs relations à la terre, l’invisible, de leur histoire, leur
langage, en un mot de leur vécu. Les enseignants Chercheurs de la Faculté des Lettres et Sciences
Humaines de l’Université d’Antananarivo, lors de leurs «Journée de réflexion », en mars 2000, ont
décidé de «recentre la recherche autour de l’homme malgache, étudié à travers sa langue, son
espace, son histoire et ses valeurs ..., par une identification et une approche critique dans une vision
dynamique de la culture ». Ont été notamment mises en exergue la vitalité et la créativité de la culture
des communautés.
En symbiose avec les chercheurs, les hommes d’église, les membres de la société civile, les
juristes, les hommes politiques peuvent contribuer à l’exercice réel de la démocratie par la mise en
place de normes procédurales déterminées et de formes qui favorisent le processus de formation à la
base de la décision collective et le processus de résolution des conflits. On pourrait ainsi définir les
aspects politiques, juridiques, organisationnels, éthiques... de ce processus. Et comme l’identité est
polymorphe et dynamique, on pourrait articuler une politique volontariste et le respect de fondements
de la culture malgache, pour que les citoyens puissent «décider de leur avenir ». il faudrait notamment
impliquer davantage les femmes et les jeunes (qui représenteront bientôt 70% de la population) dans
toutes les instances des décisions.

La question se pose : ce processus ne permettrai-il pas, avec l’identification des décisions,


l’identification de personnes ou de groupes qui pourraient servir de médiation entre la base et les
autres instances et défendre ses intérêts ?
La connaissance des hommes, la rigueur des procédures ainsi que la généralisation et le rôle
primordial dévolu à I‘ éducation des citoyens pourraient permettre de se garder de toute dérive vers le
dérnocratisme, terreur de tous les démocrates.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le choix de la démocratie est un choix difficile,
exigeant, semé d’embûche. Mais la dignité d’un peuple, autant et sinon plus que son développement
économique est en jeu.
90

a) Le dinam-pokonolona

Une révision des rapports sociaux vers un développement local


Considérant uniquement le DINA, comme « une convention collective liants les membres
d’un Fokonolona assortie d’un serment coutumier et d’une sanction », et en train de privilégier
qu’un aspect du problème, au risque de dénaturer l’essence même de la question.
En effet, au-delà de cette vision normative, il y a lieu de restituer cette structure traditionnelle
de la manifestation de la vie de Fokonolona, car le DINA n’a de sens que s’il est considéré dans la
dimension même que l’on doit accorder à la notion de Fokonolona.
Quoiqu’il en soit, le DINA est l’instrument le plus usité entre les mains du Fokonolona pour
faire respecter un droit ou une obligation, pour réaliser certains travaux, ou même pour suppléer
certaines carences de l’Administration préjudiciables à la vie du Fokonolona;
Le DINA tire sa force de l’adhésion de la population concernée à travers le serment coutumier
fait à l’occasion, sous forme de «velirano », qui lie les membres du Fokonolona. Il est alors assorti
d’une sanction qui peut aller du paiement d’une somme d’argent, à un bannissement ou rejet du
Fokonolona. Le DINA se définit ainsi comme une structure de participation à la vie politique, sociale,
économique pour l’amélioration de la vie de la cité.

Le DINA, comme structure de participation de la population


La valeur que bon nombre de malgaches accordent au DINA, s’explique aussi par la place que le
Fokonolona occupe dans la société malgache, notamment rurale. Le DINA est l’émanation
institutionnelle du Fokonolona, et comme tel ne doit être dissocié de toute politique de
développement qui se veut réaliste.

Toute action de développement n’a de sens que si elle vise à améliorer la condition de vie de
la population. Avec ses plus de 85% de population rurale, Madagascar est un pays essentiellement
rural, fortement ancré aux structures traditionnelles. La prise en compte de cette caractéristique est
essentielle dans toute démarche de développement. La réussite d’une action est à la mesure de la
motivation de son acteur, laquelle est étroitement liée à sa notion de valeur (l’attachement à la terre, la
place des anciens, le rôle de la femme ...), autant de signes révélateurs pour apprécier l’efficacité de
tel acteur.
Si l’on admet que le développement est la résultante des actions de l’homme sur leur
environnement naturel et culturel, encore faut-il, et c’est plus important, de créer un meilleur contexte
au développement; pour faciliter l’émergence des initiatives heureuses. Ceci ne pourra se concevoir
sans une parfaite connaissance des acteurs potentiels, car la participation de la population dans les
opérations de développement n’est plus un vain mot, la démocratie locale étant une réalité. D’où le
rôle important des DINA conçus et élaborés pour soutenir des projets de développement.
91

b) Le Dina comme une structure de concertation entre l’Administration et la population

L’histoire montre que le modèle de développement unilatéralement imposé par


l’Administration, conçu par et pour elle, a montré ses limites. Il n’a pas pu susciter l’initiative créatrice
des auteurs concentrés : population. L’inverse est également vrai : la seule initiative privée qui vient
de la «périphérique» n’aura pas l’effet escompté que si elle rencontre le soutien d’une action
commune gérée « le haut ».
La recherche de cette synergie est un préalable à toute action au développement ; et le
développement local à travers le schéma qu’offre la DINA, est présenté comme une alternative pour
créer un meilleur contexte au développement.
Il ne suffit pas seulement de créer une structure pour faire participé la population, encore faut-il la
convaincre de prendre part, qu’il faut la permettre de s’exprimer, de participer aux décisions, d’agir et
de contrôler l’exécution: pouvoir porter ses intérêts particuliers et le négocier avec ceux d’autres.

Pour ce faire, il faut briser toute entrave à la bureaucratie. En effet, la population éprouve une
forte méfiante envers toute structure administrative (L’inflation numérique des DINA dans toutes les
parties de l’île en témoignage). La révision de rapports sociaux vers un développement local passera
ainsi par la DINA, qui est une structure de participation par excellence pour promouvoir la démocratie
locale.

2.2. Respecter le Droit sans oublier la Justice

La “transition” suppose une dynamique permettant un changement qualitatif. La “transition


démocratique” qui fait l’objet de cette communication peut alors être entendue comme un moment
intermédiaire reliant une époque révolue et une époque à venir, porteuse de .plusieurs espérances.
Le régime transitoire n’est ainsi qu’une structure-tampon entre une forme autocratique de pouvoir en
voie de dépérissement et une forme démocratique en train de naître. Pour cette raison, la “transition”
est toujours difficile, douloureuse même.
Dans un ouvrage important sur les rites de passage, Arnold Van Gennep (1909) a souligné le
caractère dangereux de la “transition” avec ce qu’il appelle les “rites de marge”, qui suivent les rites de
séparation et précèdent les rites d’agrégation. Durant la “période de marge’, l’individu qui passe d’un
groupe à un autre, d’un état à un autre, est totalement isolé et soumis à des interdits stricts, alors que
ceux .qui assistent au rituel prient pour qu’il puisse sortir vainqueur des épreuves.
Une nation en période transitoire ressemble un peu à cet individu “en période de marge” sous
le regard attentif de la communauté internationale. C’est du moins l’image qu’offrent les pays africains
— dont Madagascar — qui vivent actuellement une phase cruciale de leur histoire.
Reconnaissant la même difficulté, mais dans un tout autre domaine, la sagesse traditionnelle
malgache dit « Fisaka ny rariny, ka saro-tadiavina », c’est à dire. “Le juste/le vrai est si mince qu’il est
difficile à déceler”, sous- entendant par là qu’entre deux opinions ou deux qualités contradictoires, le
terrain d’entente sus lequel peut se bâtir un vrai consensus n’est pas aisé à découvrir. Maniant à
merveille la dialectique, le Sage malgache réconcilie deux personnes ou deux camps adverses en
92

démontrant qu’en dépit de leurs divergences, ils ont des intérêts communs et des opinions
communes, fussent-ils minimes. Ceci nous ramène sur le terrain politique, car la “transition” ne se
comprend que comme le produit nécessaire d’un conflit. Elle repose sur une entente, laborieusement
trouvée entre forces sociales opposées, avec ce que cela suppose de risques continuels de chocs.
Pour arriver à cette entente et la garder, l’intervention d’une force “neutre” de médiation et
d’interposition est nécessaire. Cette force peut être une institution nationale (Eglise, Armée, Etat..,) ou
internationale. Son rôle revient à assurer l’équilibre entre les forces ennemies Jusqu’à l’instauration
des institutions nouvelles, ou encore à permettre leur concurrence dans les limites permises par le jeu
démocratique.

Par conséquent, pour une telle institution, les problèmes de Droit et de Justice se posent
constamment. Il faut éviter à tout moment l’excès de pouvoir et l’absence de pouvoir.
Dans cette communication, il ne sera malheureusement pas possible d’analyser le rôle que
toutes les institutions de médiation ont joués, appelées à intervenir durant la crise malgache de 1991-
1992. Qu’il suffise de décrire ici le rôle du Pouvoir transitoire et donc de réfléchir sur les questions
suivantes :
1 - Dans une société qui tend vers fa démocratie, quelles sont (quelles devraient être) les
fonctions de l’Etat ?
2 - Dans quelle mesure peut-on dire que ces fonctions n’ont pas été assurées durant le
régime précédent et justifient un changement de régime ?
3 - Quelles sont les conditions nécessaires et suffisantes pour que, dans le prochain régime,
qui se veut démocratique, ces fonctions puissent être pleinement assurées ?

L’Etat dans la société de transition : Etat de droit et/ou Etat de justice


G. Burdeau définissait le Pouvoir comme “une force au service d’une idée. C’est, continue-t-il,
une force née de la volonté sociale prépondérante, destinée à conduire le groupe vers un ordre social
qu’il estime bénéfique et capable, le cas échéant, d’imposer aux membres les comportements que
cette recherche commande”

Cette définition semble s’appliquer très bien au Pouvoir de la transition à Madagascar et peut
servir comme grille de lecture de la situation du 31 octobre 1991 à la fin de la période transitoire,
officiellement le 30 avril 1993.
L’idée directrice de la transition est, sans conteste, le changement. Le régime transitoire aura donc
pour mission essentielle, en plus de la gestion des affaires courantes, l’organisation du Forum
National, d’où sera issue la nouvelle constitution, et l’organisation des élections présidentielles,
législatives, territoriales.., qui aboutiront à la mise en place définitive de la Troisième république. Pour
tout cela, le pouvoir de la transition incarne la volonté sociale prépondérante, laquelle s’est cristallisée
autour des Forces Vives, et dont la tâche est de conduire le pays vers le nouvel ordre social
représenté par la Troisième république.
93

Ici se pose la question de savoir si ce pouvoir avait la capacité d’imposer aux membres de la
société les comportements correspondant à ces, objectifs. En effet, des résistances n’ont pas manqué
de surgir.

Sur le plan politique, les hommes de la Deuxième république ont manifesté soit de façon
passive, soit bruyamment, voire violemment leur opposition au pouvoir transitoire, qui par le refus de
quitter leur poste, qui par la rétention de voitures ou de logements de fonction, qui par des discours
anti-régime, qui par l’organisation de manifestations à connotation rebelle avec l’aide de militaires ou
de forces paramilitaires. Face à tout ceci, le régime transitoire a officiellement choisi les moyens
pacifiques et la négociation, c’est-à-dire ce que certains responsables appellent le fihavanana, au
grand dam d’une fraction significative de la population qui n’en pouvait mais, arguant l’absence sinon
d’Etat, du moins de l’Etat de droit, et écœurée à jamais par cette manière d’entendre le fihavanana.
Ce n’est qu’après le 31 mars 1993, avec les derniers affrontements entre Fédéralistes et Forces Vives
à Antsiranana, que le pouvoir transitoire s’est décidé à adopter au nom du bien commun une position
plus ferme, s’inspirant des principes de l’Etat de droit.

Sur le plan économique ; devant les agissements de certains opérateurs économiques


malhonnêtes qui n’ont pas versé les prix des engrais donnés par la Coopération norvégienne
(NORAD) ou qui n’ont pas rapatrié les devises obtenues par des exportations légalement autorisées,
le Pouvoir transitoire a lancé ultimatum sur ultimatum. A-t-il pris ou va-t-il prendre les mesures
adéquates à l’endroit des récalcitrants ? Nul ne le sait.
Sur le plan social, une lutte contre le banditisme en milieu rural et en milieu urbain a été
décidée, mais les résultats n’en sont pas encore tangibles.
Ceci dit : l’Etat de la transition a, en vertu des règles du Droit, instauré des mesures capables de
réaliser le bien commun. Leur portée et leur impact peuvent cependant laisser sceptique plus d’un
citoyen, vu qu’au nom du fihavanana (“consensus”) certains responsables hésitaient ou se refusaient
à aller jusqu’au bout.
Par ailleurs, des considérations de Justice étaient présentes durant la transition, à travers, par
exemple, la liquidation totale de la censure, et l’affirmation de la liberté d’opinion, d’expression, de
réunion, d’association. De plus, les inégalités régionales ayant été reconnues, la décentralisation
qualifiée d’effective” a été adoptée comme étant l’un des principes fondamentaux qui vont régir la
Troisième république. Par la même occasion, la diversité et les spécificités régionales étaient
également reconnues.

Il semble toutefois que l’expérience démocratique tentée au cours de la période transitoire soit
minée de l’intérieur : la structure monopolistique et/ou oligopolistique de l’économie malgache favorise
la citation et le développement d’une alliance entre la bourgeoisie administrative et la bourgeoisie
d’affaires, lesquelles rie sont pas du tout prêtes à lâcher du lest. L’on s’achemine donc logiquement
vers un pouvoir bicéphale d’une pan, les hautes sphères de l’exécutif et le législatif, qui semble
s’ouvrir aux idées et aux pratiques démocratiques, basés sur les principes du Droit et de la Justice, et
de l’autre, l’administration de l’Etat et une bonne partie de la société civile qui s’en tiennent à des
94

pratiques datant de la période coloniale et n’ayant rien à voir avec la démocratie. Si ce ne sont des
“fourches caudines”, cela lui ressemble beaucoup.
Ces remarques nous amènent à nous demander pourquoi la Deuxième république fut un
échec et pourquoi un changement de régime a été nécessaire.

2.3. Propositions :
a) Sur les libertés d’opinions et d’expressions

- Acceptation des idées d’autrui quand elles sont susceptibles de mener au développement.
- La différence d’opinions ne doit pas être une source de rivalité ce sont les opinions qui se
confrontent et non les hommes.
- Nécessité de la déontologie dans la pratique du journalisme.
- Respect des lois régissant la communication à Madagascar.
- Levée de toutes formes d’entrave et de censure.
- Etendre les possibilités de capter les radios et télévisions privées dans tout Madagascar.

b) Sur les élections

- L’existence d’élections régulières et transparentes est un pilier de la démocratie et garantit


l’avenir de la nation. Donc, un rassemblement national — conforme â la mentalité et à la
philosophie malagasy — réunissant toutes les forces sans exception (gouvernants, partis
politiques, société civile), initié par la société civile devra avoir lieu pour débattre et prendre
des décisions sur les lois électorales, le financement des partis et des propagandes, ainsi que
sur toutes les dépenses effectuées pendant les élections.
- Renforcement de l’information et de l’éducation du citoyen en matière d’affaires électorales,
conduit par toutes les forces nationales ;
- Nécessité d’un Etat de Droit qui appliquera les lois électorales et qui pourra réprimer toute
transgression à ces lois ;
- Dépolitisation de l’administration, surtout en période électorale (affection de fonctionnaire ne
partageant pas les mêmes opinions) ;
- Tenue des élections pendant la saison sèche et un jour ouvrable pour respecter l‘égalité des
candidats aux élections ;
- Prise de mesures strictes pour interdire l’utilisation des prérogatives gouvernementales â des
fins de propagande (gyrophare, accueil des candidats, ...);
- Le renouvellement annuel de la liste électorale sur la base des recensements
démographiques de chaque Fokontany (quartier) doit être effectué scrupuleusement pour
faciliter d’éventuel renouvellement exceptionnel à chaque élection ;
- Respect de toutes les mesures imposées en matière d’établissement des listes électorales,
conformément à la loi électorale
- Voir de près la possibilité d’accorder ou non d’une ordonnance, qui constitue également une
source de fraudes électorales ;
95

- Au début de chaque période de renouvellement exceptionnel, affiché (en ville) ou lire (en
milieu rural) lors des périodes électorales ;
- Tous les candidats sont mis sur le même pied d’égalité quant à l’utilisation des médias
nationaux lors des périodes électorales ;
- Respect de l’accord de confiance passé entre les représentants élus ou désignés et le citoyen
titulaire du pouvoir ;
- Le vote blanc étant exprimé délibérément par le citoyen pour exprimer son choix, il doit être
pris en compte dans les votes exprimés ;
- Déclaration des résultats officiels des élections dans chaque bureau e vote, et faire porter à la
connaissance des citoyens les modifications apportées ou les raisons d’une éventuelle
annulation de résultats ;
- Considérer et accepter les autres en tant que concurrents et non comme des rivaux.

c) Sur la relation gouvernants/gouvernés

- Une loi sur le financement des partis est indispensable, ainsi que la mise en place de l’éthique
politique et démocratique
- La « commission d’éthique » sera créée à tous les échelons à fin de couvrir et d’aider le citoyen
pour qu’il ose lutter contre toutes formes de corruption
- Rendre plus sévères les lois contre l’impunité, et faire en sorte, que la justice, à tous les
échelons, puisse corriger toute de suite ces impunités
- Assainissement, dans tous les domaines, du pays tout entier, de la base au sommet (politique,
économique, social, culturel)
- Donner une valeur au « dina» qui constitue un code de conduite de la société permettant le
respect et l’éducation mutuels.

Conclusion partielle :

Dans ce chapitre d’analyse, nous avons vu si l’on se réfère aux étudiants de notre échantillon, que
l’abus de pouvoir ainsi que l’incompatibilité avec les valeurs malgaches sont les plus grands
obstacles pour la marche vers la démocratie. Ainsi, les étudiants proposent la consolidation fondée
sur le fokonolona ainsi que le fihavanana pour consolider la démocratie.
96

CONCLUSION GENERALE

Partout la dégradation et la transformation des formes anciennes de pouvoir se sont opérées sous
l’influence coloniale puis par la constitution d’Etat moderne bureaucratique.

Tout se fonde dans une sociologie qui a été d’abord en Occident, sociologie électorale et sociologie des élites
dirigeantes, puis qui a saisi dans la démocratie pluraliste, le mode de compétition pour la conquête du pouvoir
légitime, l’intérêt ayant glissé ensuite vers le comportement des acteurs politiques.

En réalité, la colonisation avec son organisation et ses contraintes mais aussi sa force modernisant a bien
initialement agit comme destructrice des unités politiques traditionnelles en tronçonnant les ethnies par la
création des frontière : elle a changé le mode d’organisation civile ; elle a affecté le prestige des chefs à
la fois par un affaiblissement de leur position économique par la dépossession d’une grande part de leur
rôle d’arbitra et par la partielle désacralisation du pouvoir.

En outre, dans un Etat laïque, qui les chapeaute, le chef est contrebattu par de nouvelles religions importées.

Sur la même société se sont superposées deux systèmes de domination : le traditionnel et le moderne si bien
que l’administré joue stratégiquement sur l’un ou sur l’autre car le pouvoir traditionnel une fois affaibli, le
pouvoir moderne n’a pas acquis de force et de stabilité suffisante malgré l’inflation d’idéologie et de
symbole moderniste.

L’Afrique a été plus vulnérable aux transformations coloniales que les pays d’Extrême-Orient, de culture ancienne
habituée à résister aux viscitudes de l’histoire.

En Afrique même, les incidences ravageuses de la colonisation ont plus touché les anciennes royautés.

Une fois acquises les indépendances dans les années 60 et après que le parti unique s’est affirmé comme
instrument modernisant, on ne tarde pas à s’inquiéter des échecs d’un développement économique imputé à la
dépendance néocoloniale et aux erreurs de gestion de la classe dirigeante, ce qui entraîne des conflits entre
élites et coup d’Etat.

La démocratie serait-elle la cause du non développement ?

Cette interrogation ne voudrait être ni une boutade ni une provocation: elle voudrait attirer
l’attention sur la portée et le sens de l’idéal démocratique et les difficultés de la conciliation -
nécessaire - de cet idéal avec les valeurs culturelles traditionnelles, la prise en compte de celles-ci
étant, bien entendu, un aspect essentiel, trop souvent méconnu, de politiques et des programmes du
développement. Il s’agit d’un problème délicat qui a donné lieu à de nombreux malentendus et qui est
souvent obscurci par la passion.
97

Nous verrons comment l’expérience des sociétés traditionnelles, africaines et indocéaniennes,


peut nous aider à en présenter les données objectives, sinon à le résoudre.
De même que l’étymologie est souvent trompeuse, de même la date de la première
occurrence d’un mot ne doit pas faire illusion, car si l’apparition du terme montre bien l’existence du
concept, cela ne signifie pas que celui-ci était très utilisé, ni encore moins qu’il s’appliquait h In culture
qui l’avait produit. “Démocratie” est un bon exemple de te’ décalage entre la nomination et la prise en
compte de celle-ci.

Dans un premier temps, la démocratie apparait comme un frein, et peut-être parfois un


blocage. En effet, elle repose sur un postulat : l’égalitarisme, qui est démenti par la philosophie des
cultures traditionnelles. Dans un deuxième temps, il est certain que le développement ne pourra
prendre son allure de croisière que s’il se situe dans le cadre d’un régime démocratique. Il s’agit d’une
condition sine qua non pour des raisons très simples : le développement n’est acquis que par
l’acceptation en profondeur de la novation techno-économique par la population, et par l’articulation
de ces changements au substrat traditionnel, de manière à réaliser un ensemble fonctionnel ; ce qui
importe, c’est l’intériorisation de ces réformes de structure par les communautés rurales, qui doivent
adhérer à ces réformes : non pas les subir comme une volonté du pouvoir, mais les comprendre,
“jouer le jeu”, participer pleinement à la construction du pays ; or, il est certain que cette participation
ne sera réalisée que pour autant que les citoyens auront adapté le régime politique et éprouveront la
res publica, la chose publique, comme étant leur propre affaire. Cette implication suppose l’existence
d’une gestion démocratique. Mais qu’il s’agisse du premier temps du développement ou du second, il
faut s’entendre sur le sens de l’expression “régime démocratique”, Nous sommes ici au cœur du
problème.

Même si, dans une phase ultérieure, les structures traditionnelles, déjà en plein dynamisme,
sont amenées à changer, essentiellement en passant de systèmes “théocratiques” à des systèmes
démocratiques, encore est-il absolument nécessaire de ne pas plaquer des concepts allogènes sur un
fonds qui n’est pas prêt à les accepter. C’est tout le développement qui risque de s’en trouver
compromis.
C’est que les fondements et les modalités d’application de ces systèmes traditionnels sont
très différents des idéaux et des idéologies dites démocratiques que l’Occident a apportés. Essayons
d’en résumer les caractères principaux, de manière à marquer les différences. A la démocratie, dont le
pouvoir et la légitimité se trouvent dans le peuple “souverain” s’oppose une structure théocratique,
pour laquelle le pouvoir et la légitimité se trouvent dans la tradition, la coutume des ancêtres, qui
s’impose à tous en tant que credo toujours plus ou moins sacralisé. Les sociétés traditionnelles sont à
la fois - ce qui peut sembler paradoxal pour une mentalité dite cartésienne - communautaires et
oligarchiques, alors que les sociétés occidentales sont égalitaristes ; en effet, c’est par la
complémentarité des différences de statut que fonctionne le groupe. Les deux types d’organisation
sociale se distinguent aussi par la notion de prédestination; certes, partout existe la croyance au
destin comme régulateur suprême des existences (les “destinées”) mais en Occident jamais le
concept n’est intégré officiellement ni dans l’appareil juridique, ni dans le système des valeurs ; on sait
98

qu’à Paris, Londres ou New-York, la police et le gouvernement consultent les praticiens de


l’occultisme, mais d’une manière secrète, à l’inverse de ce qui se passe dans les sociétés
traditionnelles où cette dimension est présente à tous les niveaux de l’existence. Les sociétés
traditionnelles changent en permanence malgré leur idéal répétitif qui contraste avec l’idéal de
novation et de progrès, mais des procédures existent qui permettent d’intégrer la novation à la
tradition, ce qui permet à la fois de rester en apparence fidèle à la coutume, — que les Malgaches
appellent lovan-tsofina, l’héritage des ancêtres, tout en acceptant les changements indispensables.

Ces conceptions se traduisent, au plan juridique, par des solutions souvent très efficaces,
mais qui sont très différentes de celles que les droits européens mettent en œuvre. Il n’existe dans
l’univers traditionnel ni séparation des pouvoirs, ni contrôle juridictionnel des décisions ; le concept de
prescription demeure dans la dépendance de la sacralité, de même que l’organisation de la sanction -
surtout à Madagascar où elle est soumise au cycle de “la faute et du choc en retour” à partir desquels
les Merina ont développé la théorie du tsiny et de tody.
Ce conditionnement culturel explique un certain nombre d’éléments qui se retrouvent à travers
toute l’Afrique sub-saharienne après les indépendances la non-reconnaissance de l’égalité,
l’importance accordée aux chefferies comme médiatrices entre les hommes et les ancêtres, et le rôle
décisif, au cœur des enjeux politiques, de l’identité ethnique, permettent de comprendre l’aspect
central de la fonction présidentielle et la tendance quasi-générale à imposer le parti unique.
Le développement ne pourra se faire que s’il est “en phase”, en harmonie, avec le système
des valeurs des sociétés traditionnelles. Il est urgent de changer les méthodes, et même les principes.
Il faut comprendre que les civilisations africaines et indocéaniennes ne peuvent changer en quelques
années alors que l’Occident a disposé de plusieurs siècles. Plutôt que de leur imposer des concepts
qui ne font pas partie de leur patrimoine, il serait préférable de proposer des formules qui à partir de
leurs réalités propres, leur permettraient d’évoluer progressivement vers une démocratie qui puisse
être pleinement assumée. Mais avons-nous le temps de nous demander si les grandes puissances
font exprès d’implanter la démocratie pour nous maintenir dans une situation de dépendance le plus
longtemps possible pour mieux nous exploité ?
99

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Ouvrages généraux :
• ARON (R), démocratie et totalitarisme, éditions Gallimard, 1965
• BEAUD (S), WEBER (F); Guide de l’enquête de terrain, Editions La découverte,
Collection « Guides pratiques », 1998 (328 pages)
• BEITONE (A), DOLLO (C), GERVASONI (J), LE MASSON (E), RODRIGUES (C);
Sciences Sociales, Editions SIREY, 3ème éditions, 2002 (412 pages)
• BELLONCLE (G), Sept priorités pour développer Madagascar, Editions Foi et justice,
Série « Questions actuelles », 2003
• BERTAUX (D), Les récits de vies, Editions Nathan, 1999 (127 pages)
• BURDEAU (G), Méthode de la science politique, Paris, Editions Dalloz, 1974
• COMBESSIE (J-C), la méthode en sociologie, Editions La découverte,
Collection « Repères », 1996 (124 pages)
• DESCHAMPS (H), Histoire de Madagascar, Editions Berger-levrault, 1960
• ECHAUDEMAISON (C,-D), Sciences économiques et Sociales, Option Sciences
politiques, Collection CLAUDE-DANIELE ECHAUDEMAISON, Edition Nathan, 1996
• TOCQUEVILLE (A), De la démocratie en Amérique, Paris, éditions Gallimard, 1961
• TOURAINE (A), qu’est-ce que la démocratie ? éditions Gallimard, 1994

Ouvrages spécifiques :

• ESOAVELOMANDROSO (M) et FELTZ (G), démocratie et développement : mirage


ou espoir raisonnable ?, Editions Karthala, 1995
• HALLOWELL (J), Les fondements de la démocratie, Editions Nouveaux Horizons,
1970
• PADOVER (S), Pourquoi la démocratie ? Editions Seghers, 1967
• RAKOTONIRAINY (J), Principe du Fokonolona du temps d’Andrianampoinimerina
1787-1810,Deuxième Edition
• RANDRIAMAROLAZA (P), Fokonolona et cognatisme à Madagascar, Editions Omaly
sy Anio, 1986
• MAPPA (S), Développer par la démocratie ? injonctions occidentales et exigences
planétaires, Editions Karthala, 1995 (488 pages)

Recueils de textes :

• C.E.D.S., Enjeux diplomatiques et stratégiques, Editions Economica, 2006


100

• FRIEDRICH-EBERT-STIFTUNG, Recueils de textes sur la recherche de consensus à


Madagascar, Vol. 1, 2009
• FRIEDRICH-EBERT-STIFTUNG, Recueils de textes sur la recherche de consensus à
Madagascar, Vol. 2, 2009
• FRIEDRICH-EBERT-STIFTUNG, Journal des évènements sociopolitiques à
Madagascar, une sélection d’articles de décembre 2008 à mars 2009
• MONTOUSSE (M) et BENOUARD (G), 100 fiches pour comprendre la sociologie,
Bréal (234 pages)

Encyclopédies :

• ENCARTA, Encyclopédie, 2009


• WIKIPEDIA, Encyclopédie, 2010

Webographies :

• www.vacancesoleil-mer-maroala.com/img/madagascar_ethnic.jpg
• www.refer.mg/edu/minesup/antanana/images/antanana.gif , 2000
101

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ....................................................................................................................................................... 01

A-GENERALITE......................................................................................................................................................... 01

a) Rubrique épistémologique ........................................................................................................................... 03


b) Contexte ...................................................................................................................................................... 03
B-MOTIFS DU CHOIX DU THEME ET DU TERRAIN ............................................................................................... 03
C-PROBLEMATIQUE……………………………………………………………………………………………………………04
D-HYPOTHESES....................................................................................................................................................... 04
E-OBJECTIFS…………………………………………………………………………………………………………………....04
a) Objectif global ............................................................................................................................................. 04
b) Objectif spécifique ...................................................................................................................................... 04
F- METHODOLOGIE ................................................................................................................................................ 05
1. Echantillonnage .................................................................................................................................................. 05
2. Technique documentaire .................................................................................................................................... 05
3. Technique vivante .............................................................................................................................................. 05
G-LIMITE DE LA RECHERCHE ............................................................................................................................... 06
H-PLAN ...................................................................................................................................................................... 06

PARTIE I : PRESENTATION DES OUTILS ET DU TERRAIN ................................................................................. 07


CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ........................................................................................................................ 07
SECTION 1 : fondements et sources de la démocratie ............................................................................................. 07
SECTION 2 : Définitions ............................................................................................................................................ 15
CHAPITRE II : ETAT DE LA DEMOCRATIE A MADAGASCAR ................................................................................ 20
SECTION 1 : Rappel Historique................................................................................................................................. 20
1.1 Quelques illustrations sur la pratique politique ................................................................................................ 20
a) Quelques images sur le début de l’ère républicaine ................................................................................... 20
b) La fin de la deuxième république malgache................................................................................................ 21
c) les premières années de la troisième république ........................................................................................ 22
d) Considération sur la pratique politique dans les régimes républicains successifs ...................................... 22
1 .2. Les éléments déterminants du comportement social .................................................................................... 23
a) Les éléments déterminants de la vie sociale dans la société traditionnelle ................................................. 23
b) Les concepts de référence .......................................................................................................................... 24
c) Comportement social et contextualisation ................................................................................................... 26
SECTION 2 - Quelle pratique de la démocratie ......................................................................................................... 28
2.1 Cas du régime du président Ratsiraka de 1975 à 1991 ................................................................................ 28
2.2 La liberté de vote ou la fiction démocratique…………………………………………………………................... 28
Chapitre III –PRESENTATIONDU TERRAIN ............................................................................................................. 30
SECTION 1- En ce qui concerne l’université d’Antananarivo .................................................................................... 30
1.1 Historique ...................................................................................................................................................... 31
1.2 La formation universitaire : ............................................................................................................................ 32
SECTION 2 - En ce qui concerne les cités universitaires : ........................................................................................ 33
2.1 Historiques : .................................................................................................................................................. 33
2.2 Les différentes cites existantes a Antananarivo : .......................................................................................... 33
2.3. La cite et ses règlements .............................................................................................................................. 36
a) Les critères d’attribution des chambres ....................................................................................................... 36
b) Principe de base et obligation ...................................................................................................................... 36
c) Les sanctions .............................................................................................................................................. 36
d) Les associations à base d’identités régionales .......................................................................................... 37
e) Les associations d’intégration sociale .......................................................................................................... 37
f) Organisation structurale généralisée des associations ................................................................................. 38
g) Les activités et les objectifs des associations ............................................................................................. 39

PARTIE II : enquête sur la pratique de la démocratie……………………………………………………..….................41


CHAPITRE IV - : RESULTATS DE L’ENQUETE ...................................................................................................... 41
SECTION I- présentation ........................................................................................................................................... 41
1.1 Sur l’échantillon.............................................................................................................................................. 41
1.2 Sur la définition de la démocratie ................................................................................................................... 42
1.3 Sur les élections :........................................................................................................................................... 44
1.4 Sur les opposants, partis d’oppositions et Fanjakana ……………………………………………………………..45
SECTION II - La pratique électorale .......................................................................................................................... 46
2.1 Les paramètres du vote ................................................................................................................................ 46
2.2 Les actions des partis politiques .................................................................................................................. 46
102

SECTION III – La propagande politique..................................................................................................................... 48


3.1 Le viol des foules ......................................................................................................................................... 48
3.2 Théorie de la manipulation ............................................................................................................................. 50
3.3 Les formules « chocs »……………………………………………………….……………………………………. 52
SECTION IV - La participation politique .................................................................................................................... 53
4.1 Approche théorique: ..................................................................................................................................... 53
4.2 Y a-t-il alors des électeurs stratèges ? ........................................................................................................ 54
4.3 L’implication politique du public.................................................................................................................... 54
4.4 La coupure entre la classe politique et le peuple ......................................................................................... 55
CHAPITRE V- PRATIQUE DE LA DEMOCRATIE A MADAGASCAR………………………………………….............. 57
SECTION I - Les réalités de la démocratie à Madagascar ........................................................................................ 57
1.1 Liberté d’opinions et d’expressions ............................................................................................................... 57
a) Les points positifs……………………………………………………………………………………………………57
b) Lacunes ...................................................................................................................................................... 57
1.2 Les élections ................................................................................................................................................. 57
a) Les points positifs ....................................................................................................................................... 58
b) Les lacunes................................................................................................................................................. 58
1.3 La corruption ................................................................................................................................................ 58
a) Les mécanismes de la démocratie représentative ...................................................................................... 59
b) Principes de la démocratie participative……………………………………………………………………….....60
SECTION II - Impacts de la pratique de la démocratie occidentale sur la vie sociale ............................................... 60
2.1 Sur la population ......................................................................................................................................... 60
a) apparition des formes de division ............................................................................................................... 60
b) des populations qui s’ignorent .................................................................................................................... 63
c) L’incompréhension entre les populations .................................................................................................... 63
2.2 Sur les valeurs malgaches .......................................................................................................................... 64

²PARTIE III : analyses et prospectives .................................................................................................................. 68


CHAPITRE VI : ANALYSES ...................................................................................................................................... 68
SECTION I – caractérisation de la pauvreté à Madagascar ...................................................................................... 69
1. Théorie du cercle vicieux de la pauvreté ........................................................................................................ 69
2. La misère du peuple ...................................................................................................................................... 69
3. Au-delà de l’ethnie ......................................................................................................................................... 69
a) Ethnies, et Etat-nation à Madagascar…………………………………………………………………………....69
b) De la mystification ethnico-régionaliste .................................................................................................... 70
c) Aux leurres du discours unitaire dominant……………………………………………………………………...71
4. Enjeux et processus de démocratisation........................................................................................................ 73
SECTION 2 - sur la vie culturelle .............................................................................................................................. 77
2.1 Le malgache et la vie religieuse .................................................................................................................. 77
2.2 Le malgache existe-t-il encore ………………………………………………………………………………….....78
SECTION 3 – analyse de la pratique démocratique à travers les régimes politiques successifs…...……………...….80
3.1. Dynamique sociale et organisation de pouvoir……………………………………….…………………………...80
3.2. Dynamique moderne…………………………………………………………………………………………...........81
CHAPITRE VII : LES PROSPECTIVES ..................................................................................................................... 87
SECTION 1 :L’éducation citoyenne et les responsabilités de la société civile ........................................................... 87
1.1 Les responsabilités de la Société Civile ...................................................................................................... 87
1.2 L’éducation citoyenne ................................................................................................................................. 87
SECTION 2 : la démocratie et les valeurs malgaches ............................................................................................... 88
2.1 l’articulation de la démocratie et de l’identité malgache……………………………………………..…………..89
a) Le dinam-pokonolona…………………………………………………………………………………………….90
b) Le Dina comme une structure de concertation entre l’Administration et la population ............................. 91
2.2 Respecter le Droit sans oublier la Justice………………………………………………………………………...91
2.3 Propositions : ............................................................................................................................................. 94
a) Sur les libertés d’opinions et d’expressions ............................................................................................. 94
b) Sur les élections ...................................................................................................................................... 94
c) Sur la relation gouvernants/gouvernés..................................................................................................... 95

CONCLUSION GENERALE……………………………………………………………………………………………………96
I

ANNEXES

Annexe 1 : les questionnaires d’enquête

1-âge : sexe : Homme Femme lieu d’origine :


année d’étude ou profession : religion :

2-selon vous, qu’est ce que la démocratie ?


 Liberté pouvoir du peuple acceptation de la diversité Etat de droit
partage du pouvoir dirigeants élus responsabilisation acculturation
autres

3-êtes-vous conscient de vivre en démocratie ?pourquoi ?

4-a-t-on respecté votre choix lors des élections ?

car
5-souhaitez-vous que le mot « FAHAMARINANA » soit réintégré dans la devise de la République de M ?

6-quels sont vos critères pour le choix d’un candidat ?


Sa personnalité son principe ses réalisations son parti sa renommée
sa richesse son ethnie les dons offerts son programme
autres

7-quelle candidature préfériez-vous ? Celle d’un homme ou d’une femme ? Pourquoi ?

8-l’homme nouveau ou les mêmes qu’avant ? Pourquoi ?

9-quels peuvent-être les avantages et inconvénients des principes traditionnels fondés sur les « ray
aman-dreny » et les droits d’aînesse ? (traditionnel=hiérarchie plutôt qu’égalité entre les individus)
Avantages :

Inconvénients :

10-quelle définition donnez-vous aux politiciens malgaches ?


Intérêt commun conquête d’un siège conquêtes de richesses
cherche le bien du peuple autres
11-êtes-vous membre d’un parti politique ?pourquoi ?

12-comportements qui freinent la marche vers la démocratie ?


Jalousie ory hava-manana autres

13-appréciation sur un parti d’opposition le parti d’opposition est un :


Défenseur du peule opprimé ennemi de la nation garde-fou pour les dirigeants
fauteur de trouble réactionnaires autres
II

14- comment définissez-vous le « fanjakana » ?


Parents détenteur du pouvoir dirigeants à qui l’on doit obéissance
autres

15-tradition et démocratie : quel est le rapport ?


Tout à fait contradictoire aucune contradiction autres

16-comment voyez-vous la prise de décision au niveau de la société ?


Adhérer seulement les idées du chef adhérer les idées de la majorité de la population
autres

17- votre attitude face à une illégalité ou à une injustice :


Attitude réconciliatrice solliciter un appui s’opposer se plier
ne se casse pas la tête

18-selon vous, quelle est la cause du piétinement de la démocratie ? Et qui en est le premier
responsable ?

19-selon vous, quels sont les obstacles réels à la pratique de la démocratie ?


Ignorance absence de solidarité abus de pouvoir
peur perte de confiance en soi incompatibilité avec les valeurs traditionnels

20-promotion pour consolider la démocratie :


Education des citoyens meilleure connaissance de la législation en vigueur
consolidation de structure fondée sur le « fokonolona » autres
III

Annexe 2 : les ethnies malgaches

1) Antaifasy (Ceux qui vivent sur le sable) Capitale Farafangana (lieu où se termine le Canal
des Pangalanes en allant du Nord au Sud).
2) Antaimoro(Ceux des rivages) Ils seraient les descendants des navigateurs et commerçants
arabes venus chercher vivres et marchandises sur la côte Est de Madagascar, dès le VIIème
siècle.
Les Antemoro conservent encore des manuscrits du Coran et de grands livres appelés
Sorabe qui signifie Grande et Sainte écriture, dans lesquels sont réunies les formules
magiques arabes, à vocation médicale, les sortilèges ainsi que les histoires des différents
clans Antemoro.
Ce peuple cultivé connut très tôt l’écriture arabe, l’art divinatoire et l’astrologie. Le papier
Antemoro, de couleur blanche écrue, réalisé entièrement à la main et séché à l’air libre
continue d’être fabriqué de nos jours. Cependant il n’a plus qu’une valeur décorative, alors
qu’il était essentiel et recherché par les lettrés de l’époque.
Ce papier épais et granuleux, composé de fibres végétales et incrusté de fleurs séchées
représentant des bouquets le plus souvent, couvre reliures, papiers à lettres, abats jours et
tapisseries
3) Antaisaka (Ceux qui viennent des Sakalava) Très tôt, ils s’installèrent sur la côte Est de
Madagascar pour fournir des travailleurs temporaires dans les régions où la main-d’œuvre
faisait cruellement défaut.
C’est le prince Sakalava Andriamandresi qui s’installa, voilà plusieurs siècles sur les bords de
la Mananara et donna naissance à l’ethnie Antesaka. Ce peuple Antesaka, de renommée
guerrière, donna du fil à retordre à plusieurs envahisseurs venus tenter de les conquérir et
notamment à la Reine Ranavalona 1ère qui envoya près de 10 000 soldats au XIXème siècle
pour les dominer
4) Antakarana (Ceux qui peuplent la montagne rocheuse) A l’extrême Nord, d’Ambilobe au
Cap d’Ambre, les Antakarana ou sont établis dans le massif de l’Antakarana, dans la région
d’Antsiranana.
Ayant subi de nombreuses invasions et colonisations, ce peuple est aujourd’hui très métissé
et constitué de peu d’individus. Leurs origines : Les Antakarana seraient originaires d’une
branche Sakalava qui aurait occupé l’extrême Nord de la Grande Ile au XVIIème siècle. Le
fondateur du royaume Antakarana, Andriantsirotso serait descendant du Prince Sakalava
Kozobe. Le massif de l’Antakarana, comprenant de nombreuses grottes et Tsingy ou pics
rocheux calcaires, aurait servi de refuge providentiel au peuple Antakarana lors des
nombreuses guerres et sièges qui ont secoué cette région de Madagascar. Ce massif est
également un lieu de repos éternel pour les premiers rois de la région et abrite leurs
sépultures
5) Antambahoaka (Où il y a beaucoup de population Les Antambahoaka sont groupés autour
de la ville de Mananjary dont le nom signifie Qui est respecté, honoré , sur la côte Est de
Madagascar. Cette ville, centre commercial important grâce à son port de batelage et à la
proximité du Canal des Pangalanes, est à l’origine un centre de peuplement arabe qui forme
de nos jours le peuple des Antambahoaka. Ils se disent descendants de Raminia, personnage
en provenance de la Mecque vers le Xème ou le XIème siècle.
Ainsi leur culture et leurs traditions demeure empreintes d’Islam et plusieurs rituels d’origine
arabe sont perpétués. La consommation du porc est interdite, leur costume traditionnel
ressemble à un vêtement jadis porté par les commerçants arabes et tous les sept ans a lieu la
fête traditionnelle de la circoncision, encore appelée Sambatra. Elle se déroule à Mananjary et
à cette occasion plusieurs milliers de jeunes garçons sont circoncis. Cette cérémonie qui peut
durer de deux semaines à trois mois après le début des festivités, a toujours lieu pendant la
saison sèche.
6) Antandroy (Ceux des épines) Comme leur nom l’indique, peuplent la région la plus sèche,
donc la plus pauvre de Madagascar. Dotés d’un caractère dur forgé par une terre rude, ils
sont actuellement les descendants de valeureux guerriers et leur courage demeure
légendaire.
7) Antanosy (Ceux de l’île) Ce peuple est centré autour de la ville de Tolagnaro, anciennement
appelée Fort Dauphin par les colons français venus s’installer dans cette région. Par la suite,
cette oasis de fraîcheur, située à la croisée des montagnes, du désert et de l’Océan Indien, ne
cessa plus d’être fréquentée que par pirates et marins qui marquèrent profondément son
histoire.
IV

Sous la domination Merina, vers 1845, beaucoup d’Antanosy émigrèrent sur la côte Ouest de
Madagascar, où ils sont encore présents aujourd’hui, notamment sur les rives du fleuve
Onilahy.Certains sont marins où pêcheurs, d’autres encore pratiquent la riziculture et l’élevage
ou sont encore forgerons.
8) Bara (Ethnie composée de pasteurs nomades) Passée la porte du Sud, on pénètre en
territoire Bara, une sorte de no man’s land reculé et pratiquement désertique, une grande
prairie ponctuée de palmiers Satrana.
Les grands et forts Bara sont une ethnie composée de pasteurs nomades qui parcourent les
grands espaces à la tête d’immenses troupeaux de zébus, symbole de richesse et fierté de
tout un peuple. Le vol de bétail, encore d’actualité, est une tradition ancestrale. Acte glorieux
et courageux, plein de séduction, par lequel, le Dahalo (voleur de bétail) prouve sa bravoure
et ainsi reçoit les faveurs des belles demoiselles Bara. Dès leur plus jeune âge, les Bara sont
initiés au rodéo ainsi qu’à la lutte à mains nues appelée Ringa. Ces manifestations sont
l’occasion de réunir la population nomade Bara. Autrefois le ringa, sport spectaculaire,
constituait un entraînement physique au combat.
Ces fêtes sont accompagnées de musique et de la curieuse danse du Papango, au cours de
laquelle un homme juché sur un poteau de bois mime l’envol d’un oiseau de proie
9) Betsileo (Les nombreux invincibles) L'histoire du peuple Betsileo est, comme leur nom
l’indique, une histoire de conquêtes. Dès le début du deuxième millénaire, les ancêtres des
Betsileo arrivèrent des côtes Sud-Est de Madagascar. Le récit du peuple. Dans la culture
locale subsistent des traces d’origines arabes et indonésiennes. Leur région est située plus au
Sud de l’Imerina et lorsque la puissance des souverains Merina s’est affirmée, au début du
XIXème siècle, les Betsileo qui avaient longtemps lutté contre la domination de leurs voisins,
ont cédé face aux assauts des armées Merina et l’un après l’autre, les rois du Betsileo ont
prêté allégeance.
10) Betsimisaraka (Nombreux inséparables) Situés entre Mananjary et Vohémar ils forment le
groupe le plus important de la côte Est de Madagascar. Ce pays est celui des grandes pluies
tropicales, de la forêt dense et de la végétation luxuriante. Ce peuple joyeux aime la danse
collective caractérisée par un balancement des hanches et une lenteur dans le rythme qui
rappellent les danses polynésiennes.
La nature généreuse qui les entoure se retrouve dans leur expression corporelle douce et
chaleureuse, accompagnée par une flûte, un tambour, un accordéon ou un bandonéon,
héritages d’une colonisation passée. L’origine de l’histoire des Betsimisaraka se situe vers
1720, lorsque Ratsimilaho, fils naturel du pirate Thomas White réussit à soulever les
Antavaratra et à s’emparer de Fénérive qui signifie Où il y a mille guerriers.
Il se fit alors proclamer roi par ses guerriers et son peuple prit le nom de Betsimisaraka. Ils
élirent domicile sur cette côte Est de Madagascar, entre l’Océan Indien et le canal des
Pangalanes. Sur cette même côte, de nombreux comptoirs de commerce furent établis par
des étrangers et les populations locales se mirent à cultiver poivre, vanille, café, girofle et
fruits qu’ils destinèrent à l’exportation
11) Bezanozano (Les nombreux qui ont de petites tresses) Le nom de ce peuple provient de
leurs coiffures originales et désignait de petites brindilles.
Leur royaume s’étendait, avant la domination Merina du roi Andrianampoinimerina jusqu’au
village d’Ambatomanga. Aujourd’hui, la population Bezanozano vit dans la vallée du fleuve
Mangoro, la région de l’Ankay et à proximité de la ville de Moramanga. Tout comme les autres
habitants des hautes terres, ils vivaient dans des villages fortifiés, situés au sommet des plus
hautes collines. Autrefois, les Bezanozano étaient spécialisés dans le transport de
marchandises, à dos d’hommes entre la capitale et la côte Est de Madagascar.
12) Mahafaly (Qui rend heureux ou qui rend tabou) Longtemps redoutés, ces guerriers vivent
sur le grand plateau calcaire qui borde la côte Sud-ouest. Cette région aride est réputée pour
sa grande sécheresse et pour sa végétation rare, faite d’épineux. Les Mahafaly vivent en
petits groupes clairsemés.
C’est un peuple de pasteurs, vivant dans des conditions extrêmes, se nourrissant de maïs, de
mil, de lentilles, de manioc et de tubercules sauvages et ayant un amour immodéré pour les
bœufs. Tout comme la plupart des ethnies de Madagascar, ils ont le culte des morts et leur art
funéraire, très particulier, est caractérisé par l’érection d’Aloalo, sortes de poteaux de bois
sculptés représentant des scènes de la vie quotidienne et des animaux, sur les tombeaux de
leurs défunts. Les Mahafaly sont très manuels et leur artisanat est de plus en plus connu et
recherché. Ils se distinguent dans la sculpture du bois, l’orfèvrerie et les tatouages
V

13) Merina (Ceux du pays élevé) Ils occupent la région d’Antananarivo, appelée Imerina. On
pense qu’ils ont gagné les Hautes Terres après leur arrivée à Madagascar vers le Xe siècle
en provenance d’Indonésie ou de Malaisie. Ils s’installèrent tout d’abord par petits groupes à
proximité des vallées de l’Ikopa et de la Sisaony, dans des villages fortifiés. Selon la tradition,
le berceau du peuple Merina se situerait autour des localités d’Ampandrana et d’Imerimanjaka
où vécut la Reine Rangita. Ce n’est que plus tard, sous le règne d’Andrianjaka,
qu’Antananarivo devint capitale du royaume. Le nom d’Imerina fut prononcé la première fois
vers la fin du XVIe siècle par le roi Ralambo (1575-1610), qui baptisa son royaume “Imerina
Ambaniandro” (le pays élevé sous le soleil).
14) Sakalava (Ceux de la longue plaine) Toute la région Ouest de Madagascar est
principalement habitée par le peuple Sakalava. A l’origine, ces populations étaient de tradition
pastorale et nomade, aujourd’hui leurs styles de vie se sont diversifiés et certains Sakalava se
sont détournés de l’élevage. Leur nom que l’on traduit par signifie en réalité Le long pays de
Saka . La province d’Isaka (d’où vient le mot Saka) est située sur la côte Sud-est de la Grande
Ile, d’où étaient issues les principales familles Sakalava, avant leurs migrations successives et
leur établissement dans l’Ouest de Madagascar.
15) Sihanaka (Ceux qui errent autour des marais) Ce groupe occupe la région du “Lac Alaotra”
au Nord-Est de l’ancien royaume Merina. Ce sont essentiellement des pêcheurs et des
riziculteurs.
L’origine des Sihanaka serait, d’après Longuefone, des Antesaka, ou Antemasihanaka,
habitant les régions marécageuses des environs de Vangaindrano (sur la côte Sud-est de
l’île) qui auraient émigré dans la région du Lac Alaotra et donné leur nom à la population
actuelle. D’après la tradition orale, les Sihanaka seraient originaires d’un lieu qui a pour nom
Masianaka et situé au Sud de l’Imerina. C’est sous l’impulsion de leur chef que le clan décida
de s’installer près du Lac Alaotra. Au XVIIe siècle, François Martin alors traitant à Fénérive
participa à une incursion en pays Sihanaka. Cette expédition dont il fait le récit avait pour but
de s’emparer de boeufs en représailles aux razzias Sihanaka en pays Betsimisaraka. Les
tombeaux traditionnels Sihanaka sont caractérisés par un monticule de terre auprès duquel
est érigé un “jiro” ou mat funéraire fourchu, atteignant une taille conséquente (8 à 10 mètres
de hauteur). Les “fototra” sont des poteaux moins élevés surmontés de crânes de boeufs. Les
“sary” sont des manequins funéraires en bois ou en “zozoro” (papyrus) censés représenter le
défunt...
16) Tanala (Ceux qui vivent dans la forêt) Les Tanala peuplent la région forestière située au
Sud Est de l’île entre la région côtière fief des Antemoro et les Hautes Terres occupées par
les Betsileo. Ce groupe tire de la forêt la quasi-totalité de ses ressources. La chasse, la
collecte de plantes et de miel sauvage, mais aussi l’abattage du bois, la traditionnelle culture
du riz sur “tavy” (terrains déboisés par le feu)et la culture du café sont les principales
occupations de cette population de la forêt …Les Tanala maîtrisent une pharmacopée
traditionnelle. Ainsi certains guérisseurs connaissent les vertus de plusieurs centaines
d’espèces de plantes. L’habitat Tanala présente encore aujourd’hui le même aspect que celui
des siècles derniers. La tradition veut que la disposition des cases soit régie par un ordre
précis. Les hauteurs de la colline sont occupées par les cases des anciens tandis que l’habitat
des jeunes se trouve plus bas. Une “tranobe” ou maison collective est bâtie généralement au
milieu du village et fait office de lieu d’assemblée
17) Tsimihety (Les non coupés) Situés plus à l’intérieur des terres ils ont une réputation
d’indépendance et de force tranquille. A la mort d’un roi Sakalava, ils refusèrent de se couper
les cheveux, en signe de deuil et affirmèrent de cette manière leur indépendance. Ils
constituent actuellement un peuple d’éleveurs et de riziculteurs et sont largement répandus
dans toute la partie Nord-Ouest de l’Ile de Madagascar
18) Vezo (Ramer) De Tuléar à Morombe, l’immense barrière de corail longe la côte, sur quelques
deux cent cinquante kilomètres. C’est essentiellement sur cette frange côtière que vivent les
Vezo. Marins, ils utilisent une pirogue à balancier qui leur permet d’atteindre le récif. Ils vivent
en symbiose avec le grand lagon. Les techniques de pêches ainsi que les matériels, sont
restés traditionnels même si quelquefois le filet en nylon a remplacé celui composé de fibres
de baobab, lesté de coquillages. Le harpon, la pique et le filet sont les principaux instruments
de pêche. Une fois les prises ramenées à terre, le poisson est le plus souvent séché au soleil
et fumé afin d’être conservé durant des semaines. Il pourra être revendu ou échangé contre
du sel, des tissus, du pétrole et autres produits. Nomades, les “Vezo” parcourent la côte ouest
durant la saison sèche (près de 4 mois par an) à la recherche de sites plus poissonneux.
19) Zafimaniry (Enfants de ceux qui désirent) Petit groupe de quelque 20 000 âme, localisée à
l’est d’Ambositra, les Zafimaniry sont considérés comme faisant partie du groupe ethnique
VI

Betsileo. Leur habitat est resté très traditionnel, construit en bois et en fibres végétales.
Certains villages Zafimaniry témoignent encore aujourd’hui, de ce qu’étaient les villages
Merina et Betsileo
tsileo d’autrefois.
20) Zafisoro Ce sont les rois qui décident qui sera élu député. En effet, fidèle à la structure
traditionnelle dans l’administration des affaires de l’Etat, dans la tribu zafisoro, il revient aux
rois qui sont au nombre de six de décider le le candidat à élire. La tribu Zafisoro qui est
composée de 10 communes et c’est à Ivato la capitale de la tribu que se trouve le palais des
rois. Concernant les élections, chaque candidat devra passer un par un dans ce palais et se
présenter devant les 6 rois.
rois. Il y fait un résumé de son programme en tant que futur porte-porte
parole du peuple. Une fois après avoir entendu chaque candidat, les rois se concertent entre
eux pour décider du candidat à élire. Et il revient aux conseillers des rois de transmettre à la
population leur décision. C’est pour dire que la propagande est réduite à une simple formalité
dans la tribu Zafisoro dans la région de Farafangana.

Source : http://www.vacancesoleil-mer-maroala.com/img/madagascar_ethnic.jpg
http://www.va maroala.com/img/madagascar_ethnic.jpg

Source : http://madagascar.softiblog.com/public/18_ethnie_02.gif

Annexes 3 : tableau comparatif du système démocratique et


et du système
traditionnel
VII

1. Principes
Régulation sociale traditionnelle
de type participatif
Inégalitaire
Sacralisation
2. Fondements caractéristiques des deux systèmes de valeurs
Légitimité fondée sur la tradition Légitimité fondée sur la souveraineté du
peuple
Focalisation sur le groupe Focalisation sur l’individu
Prédestination Liberté d’être
Idéologie d’équilibre Idéologie de progrès
Esprit de conformité (récurrence) Esprit d’initiative (novation)
Conceptualisation spécifique des catégories causalité/espace/ Catégories logiques de l’entendement :
temps/personne/objet absence de blocage
Morale “sociale” Morale référée à l’absolu
Sanctions et répression à fondements ontologiques et Sanctions et répression à fondements moraux
métaphysiques et juridiques
Recherche du consensus Concept d’opposition politique
3. Aspects juridiques des deux types de régimes
Coutumes orales Codes et lois
Postulat d’inégalité des statuts Postulat d’égalité
Conception “holistique” Conception “systémique”
Consultations oligarchiques Suffrage universel
Absence de contrôle Contrôle juridictionnel
Confusion du politique et de la judiciaire Séparation des pouvoirs
Pouvoirs différenciés
Pouvoirs différenciés
(Parlement)
Indifférenciation (Exécutif central
(Pouvoirs déconcentrés
(“Collectivités locales”
Prescription exceptionnelle Prescription généralisée
4. Changements intervenus depuis les indépendances jusqu‘à la “transition démocratique”
Ponction présidentielle Fonction parlementaire
Fonction parlementaire Ponction présidentielle
Parti unique très fréquent Multipartisme
Groupes de pression à fondement ethnique Groupes de pression à fondement
économique et ethnique
Identité ethnique prédominante Valorisation de l’identité résidentielle
Liste des acronymes :

FNES: Fondation Nationale de l’Enseignement Supérieur


ENPS: Ecole Nationale de la Promotion Sociale
CUR: Centre Universitaire Régional
FFKM: Fiombonan’ny Fiangonana Kristianina eto Madagasikara
HAE: Haute autorité de l’Etat
CNPD: Conseil National Pour le Développement
ENCA : Ecole Nationale des Cadres
ENAM : Ecole Nationale d’Administration de Madagascar
AEA : Association des Etudiants Antongiliens
AEDS : Association des Etudiants de Diego Suarez
AEFA : Association des étudiants de Farafangana
AEFORT : Association des étudiants de Fort Dauphin
AESEM : Association des Etudiants du Sud-Est de Madagascar
AETA : Association des Etudiants Tuléarois à Ankatso
AI-200 : Akon’Imady 200
ATASCO : Association Tuléar des Anciens Sacré-cœur
BAMAMI : Bakozetra Mpianatr’Alaotra Mangoro Mitambatra
CADEF : Comité d’action pour le développement de Fénérive-Est
FIANTA : Eikambanan’ny Antemoro Antananarivo
FIMPIAT : Fikambanan’ny Mpianatra Ambalavao Tsienimparihy
FITEFA : Fikambanan’ny Terak’i Fandriana
FIZAMAMA : Fikambanan’ny Zanak’I Mananara sy Maroantsetra
FIZANA : Fikambanan’ny Zanak’Andapa
FMI : Fianarantsoa Miray Eto Iarivo
MBARAKALY: Fikambanan’ny Mpianatra avy any Toamasina
MPIZAMI: Mpianatra Zanaray Miraindraiky
SAMBO: Santa Andrian’ny Mpianatr’I Boina
ACUT : Aumônerie Catholique Universitaire de Tananarive
GBUT : Groupe Biblique Universitaire de Tananarive
APU : Aumônerie Protestante Universitaire
AELF : Association des étudiants Leader Fanilo
MAREMA : Mpianatra Andry sy Rihana Enti-manarina an’i Madagasikara
RAM : Rassemblement pour l’Avenir de Madagascar
Liste des tableaux
Page
• Tableau n° 01: Les établissements de l’université et effectifs des étudiants.……………………………………. 30
• Tableau n° 02 : Capacité d’accueil les cites universitaires d’Antananarivo……….……………………………… 35
• Tableau n° 03 : Nombres de chambres à la cité univ ersitaire d’Ankatso I…….………………………………….. 35
• Tableau n°04 : effectif des enquêtés…………………………………… ……….…………………………………….. 41
• Tableau n°05 : définition de la démocratie…………………… ………………….………………………………….... 42
• Tableau n°06 : ce qu’on entend par démocratie…………… ………………….…………………………………….. 42
• Tableau n°07 : Croyez-vous vivre en démocratie ?........................................................................................... .. 43
• Tableau n°08 : les obstacles à la démocratie……………… …………………………………….…………………... 43
• Tableau n°09 : propositions pour consolider la dém ocratie……………………………………….…………………43
• Tableau n° 10 : quelle candidature préfériez-vous ? Celle d’un homme ou d’une femme ?...............................44
• Tableau n°11: L’homme nouveau ou les mêmes qu’avan t ?................................................................................ 44
• Tableau n°12 : quelle caractérisation donnez-vous aux politiciens malgaches ?................................................. 45
• Tableau n°13: quelles définitions donnez-vous aux partis d’oppositions ?........................................................... 45
• Tableau n°14 : quelles définitions donnez-vous au Fanjakana ?........................................................................ ..45
• Tableau n°15 : Etes-vous membre d’un parti politiq ue ?..................................................................................... ..48
• Tableau n° 16 : le reflexe conditionné………………………..… …………………………………………….……….. .49
• Tableau n°17 : critères pour le choix d’un candidat ?........................................................................................... 50
CURRICULUM VITAE

Noro Nandrianina RANDRIAMBOLOLONA

Ankatso I - chambre n° 178


033 11 735 91 / 034 64 587 70
gnandrian@yahoo.fr
Nationalité : malgache
26 ans, célibataire

Formations académiques

2012 : Maîtrise en Sociologie – Université d’Antananarivo, faculté D.E.G.S


2010 : licence en Sociologie – Université d’Antananarivo, faculté D.E.G.S
2009 : D.E.U.G – Université d’Antananarivo, faculté D.E.G.S
2005 : Baccalauréat série D – Lycée d’Ambatondrazaka

Stages et expériences professionnelles

• 2005 à ce jour : Assistante de projet de l’ONG Velombolo – Educateur sur le


projet VIH-Sida
• 2011 : Stage de trois mois en tant qu’assistante en ressources humaines
auprès de l’entreprise La Source
• 2010 : Stage de trois mois au cabinet du Ministre de commerce
• 2009 : enquêtrice auprès de l’ATW consultant
• 2009 : étude portant sur la « sexualité et féminité » à Mangalaza, commune
rurale d’Ambatondrazaka
Domaines de compétence

Montage de projets de développement communautaire


Droits de la femme et de la citoyenne
Management de projet et cadre logique

Langues

• Malgache courant (lu, parlé, écrit)


• Français courant (lu, parlé, écrit)
• Anglais (lu, parlé moyen, écrit)

Connaissances informatiques

• Bureautique (Word, Excel, Access)


• Logiciels de présentation: power point
• Logiciels de traitement de données : Sphinx, SPSS.
• Internet

Activités et loisirs

Natation, Basket-ball, jogging, lecture, Karaoké, Danse sportive, Trivial poursuit, Scrabbles,
Question pour un champion

Je déclare sur l’honneur l’exactitude de ces renseignements.

Novembre 2012
RESUME :

En guise de résumé, nous pouvons dire que le changement induit de l’extérieur détruit les
sociétés qui le subissent sans le maitriser. C’est à cause de notre retard dans tous les domaines que
nous ne pouvons pas suivre le même processus de développement économique et social, qui, en
quelques mille ans, a mené les pays européens de la révolution rurale du 10 è siècle à la révolution
industrielle du 19è siècle. D’autres chercheurs ont suivi cette voie. Ce qui se déroule sous nos yeux,
plus particulièrement depuis la deuxième guerre mondiale et l’accélération de la domination
occidentale que l’on appelle « mondialisation », semble confirmer cette hypothèse. La démocratie
majoritaire des pays de l’Occident s’avère actuellement inapplicable dans les situations politiques des
pays comme Madagascar, car elle peut subir une dérive totalitaire par son inertie face à des
mentalités spécifiques.il serait donc absurde de ne voir à travers l’idée démocratique en Afrique et à
Madagascar qu’un seul modèle, qu’une seule manière de penser la démocratie.
La progression des idées et des pratiques démocratiques exigent un certain nombre de
conditions favorables qui n’étaient pas encore réunies, d’autre part, l’articulation des principes de la
démocratie n’a pas été automatique.sur la même société se sont superposées deux système de
domination : le traditionnel et le moderne si bien que l’administré joue stratégiquement sur l’un ou sur
l’autre car le pouvoir traditionnel une fois affaibli, le pouvoir moderne n’a pas acquis de force et de
stabilité suffisante malgré l’inflation d’idéologies et de symbole moderniste. Le « fihavanana » ,
élément déterminant de la vie sociale dans la société malgache traditionnelle ne trouve plus sa place
dans la vie des Malgaches d’aujourd’hui. Ce « fihavanana » est devenu un instrument politique
avancé par les classes politiques lorsqu’ils veulent disqualifier leurs concurrents en les présentant
comme n’étant pas de leur région ou de leur terroir .Ces mentalités plus individualistes sont
accentuées chez les étudiants résidants de la cité universitaire d’Ankatso I, qui seront des futurs
dirigeants.

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