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DEA PLURIDISCIPLINAIRE
LABORATOIRE D’ÉTUDE ET DE RECHERCHE SUR
LES DYNAMIQUES SOCIALES ET POLITIQUES
(LERDYSOP)
SECTION : SOCIOLOGIE
SPÉCIALITÉ : Sociologie politique
DECEMBRE 2012
.
2
DEDICACE
Ylona-Maiwenn
3
REMERCIEMENTS
Pour une année académique qui a été particulière pour moi, il a fallu sans doute
assez d’énergie et de renoncement de soi, mais aussi beaucoup de conseils et
d’encouragements pour arriver à cette étape de ma formation. Grande est donc ma
reconnaissance envers tous ceux qui ont porté avec moi, de quelque manière, ce
projet de recherche.
Ma reconnaissance va aux membres du jury qui ont bien voulu évaluer cette
recherche malgré leurs diverses occupations. Je n’oublie pas le corps enseignant du
Département de Sociologie en général et tous les enseignants qui ont eu à intervenir
en DEA pour l’année académique 2011-2012.
Mes remerciements vont à tous les membres de ma famille. Vous avez été d’un
soutien sans faille. Ma pensée va particulièrement à toi, Marko Milós Popoviç.
Je ne peux guère perdre de vue mes deux copines, Flora Yosso et Kafui Gameti :
merci de m’avoir toujours soutenue à y arriver.
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LISTE DES ACRONYMES
5
SOMMAIRE
Dédicace …………………………………………………………… 3
Remerciements …………………………………………………….. 4
Liste des acronymes ……………………………………………...... 5
Sommaire ………………………………………………………….. 6
Introduction ………………………………………………………. 7
Première Partie : Cadres théorique et conceptuel, 10
méthodologie et champ d’étude ………………………………….
Chapitre Premier : Cadres théorique et conceptuel .……………….. 11
Chapitre Deuxième : Méthodologie et champ d’étude ……………. 58
Deuxième Partie : Résultats provisoires de la recherche ……… 69
Chapitre Troisième : Présentation du plan provisoire de la thèse…. 70
Chapitre Quatrième : Présentation et commentaire des résultats 85
provisoires de la recherche …………………………………………
Conclusion ………………………………………………………… 94
Bibliographie ……………………………………………………..... 96
Annexe …………………………………………………………..... 101
Table des matières …………………………………………………. 103
6
INTRODUCTION
Cependant, en dépit du fait que la masse des citoyens soit autorisée à participer à
la vie publique, de très nombreuses personnes sont exclues de la vie politique,
ou du reste ont le sentiment de l’être. Sans bien sûr en être toute l’explication, il
semble que les formes traditionnelles de participation politique (partis
politiques, syndicats, les médias traditionnels) ne semblent plus en mesure de
remplir leurs fonctions classiques qui consistent à faire le lien entre les citoyens
et les institutions, à favoriser les mobilisations collectives et à construire des
identités politiques. Dans ce contexte politique, marqué par des grognes
sociales, des conflits ouverts ou latents, la montée du populisme et du
7
terrorisme, de nouveaux espaces d’expression citoyenne émergent et rivalisent
les anciens cadres de délibération : les réseaux sociaux 1du web 2.0.
En effet, à partir des années 2000, le web 2.02 s’est profilé comme ce nouvel
espace public susceptible de donner un sens à une "citoyenneté active", c’est-à-
dire de redonner la parole à tous sans distinction de statut social. On retrouve ici
deux principes démocratiques forts : la liberté d'expression et la libre circulation
des opinions qui découlent d'une liberté politique première, formalisée dans la
Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 (Art. 11) et reprise
par toutes les constitutions « démocratiques ». Ces médias sociaux (facebook,
twitter, youtube), offrent aux utilisateurs, de la correspondance, de l'information
en temps réel afin de se forger leurs propres idées du monde, mais et surtout
facilitent les interactions sociales, la création de contenus et de différentes
activités (Munoz, 2006).
1
_ la différence entre les réseaux sociaux et les médias sociaux ne fait pas encore l’unanimité parmi les
chercheurs. Dans le cas de cette recherche tout en nous intéressant spécifiquement aux réseaux sociaux
facebook et twitter, les deux termes seront employés.
2
_Évolution du web axée sur des fonctionnalités visuelles et interactives qui ouvrent l’Internet à l’intervention
de communautés d’utilisateurs (Larousse, 2012)
8
des équipements et infrastructures de connexion et l’urbain est par excellence
l’internaute type (PNUD, 2005).
9
décrire les mutations opérées et liées au fait des nouvelles fonctionnalités
autorisées par le web 2.0. Ces deux éléments nourrissent le cadre théorique de
la présente recherche : la socialisation politique et la communication de masse.
10
PREMIERE PARTIE
11
CHAPITRE PREMIER
CADRES THEORIQUE ET CONCEPTUEL
3
_Enquête menée dans le cadre de cette recherché sur www.google.fr, le 10 février 2013.
12
données personnelles des politiciens ou journalistes ; journaux et médias en
ligne (tv, presse, radio…) ; débats multiformes.
Dans les années 1990, Howard Rheingold (op.cit) associait le web à l’espace
public « habermassien ». Cette vision politique sera reprise par de nombreux
auteurs et notamment Haegael qui voyait dans l’avènement du web 2.0, le retour
de l’isegora4 (Marchaut, 2012), d’une nouvelle agora (Haegel, cité par Wojcik,
2011).
Pour Mark Poster (1997, cité par Flichy, 2008), les débats en ligne ne
correspondent pas aux caractéristiques de l’espace public. Certes, ils sont
ouverts à tous mais dans la réalité, ils sont souvent le siège de guerres d’injures
où les internautes défendent violemment des opinions dont ils ne veulent plus
4
_ Isegora : « droit à la parole », (Marchaud, 2011).
13
démordre. Parlant de la blogosphère politique togolaise, Wolali Ahlijah5 (2010)
déclare :
Cette situation peut soit constituer un frein à ceux qui voudraient bien discuter
avec des internautes dont ils ne partageraient (pas encore) les valeurs et soit
accroitre l’apathie civique chez ceux qui ont peur des joutes verbales, surtout les
femmes. Mais, ces réflexions ne résistent pas à la critique, du moins pour les
forums car ils sont en théorie toujours administrés. De plus, la censure est
intrinsèque au champ politique et l’exclusion objective qu’opèrent certains
internautes des discussions politiques ne peut être dévolue seulement aux
caractères des débats en ligne.
Partant du postulat que l’individu est un être rationnel, dans la grisaille des
informations, ne s’opère-t-il pas une socialisation politique de l’internaute ?
Plusieurs études démontrent que les médias sociaux normalisent davantage les
positions politiques existantes, vu que les individus filtrent les informations en
fonction de leurs intérêts préexistants. Une étude de Marsouin en France (2006)
portant sur 2.300 lecteurs de blogs politiques a montré que 94% d'entre eux ne
lisaient que des blogs du même bord et 15% seulement des liens trouvés sur les
sites des bloggeurs eux-mêmes renvoient à des blogs de l'autre camp. Jean-
Pierre Esquenazi (2005) admet cette convergence d’opinions entre le public et
les médias sociaux :
5
_ Wolali Ahlijah, bloggueur togolais
14
« Les gens ont accès à quantité d’informations qui proviennent de
différentes sources. Ils se forgent leur propre opinion et la confirment
ensuite par le média de leur choix ».
Cette analyse semble disqualifier les médias sociaux. Certes, le champ politique
exerce en soi, une violence symbolique contre ceux qui n’ont pas les capacités
cognitives et sociales de parler politique, les mettant hors jeu ; c’est ce que
Bourdieu appelle l’absence de compétence politique ou du sentiment de
15
compétence politique (Bourdieu, 1979). Mais aussi, selon Bourdieu, l’intérêt ou
la perméabilité à la politique, bref, l’habitus politique, est à la fois inné (en
socialisation primaire par la famille) ou acquis (socialisation secondaire par
l’école, les groupes de pairs et les médias). Ainsi, la construction identitaire est
un processus linéaire et plurielle tout au long de la vie. L’individu, au-delà de
son héritage social (famille, capital social), construit et reconstruit son identité
en fonction du contexte et des possibilités. La non délibération dans l’espace
public ne peut plus s’expliquer par une absence de capital politique. Ce pourquoi
une analyse de la politisation ne doit pas se focaliser sur les seules socialisations
primaires, mais prendre aussi en compte les effets des contextes d’action de
l’acteur (Michon, 2010).
Depuis les travaux de Lazarsfeld, les réflexions sociologiques sur les médias ont
compris la nécessité de prendre en compte tout autant la relation « du média vers
l’individu » mais aussi de « l’individu vers le média » (Dolez, 2010). Ainsi, en
raison de leurs préférences à l’égard de certains types de dispositifs numériques,
certaines catégories de la population traditionnellement considérées comme peu
intéressées par la politique (les jeunes) tirent davantage profit des informations
politiques recueillies à travers la fréquentation de certains réseaux sociaux
(Facebook, Twitter,Youtube…) et nombre d’entre eux utilisent de manière
privilégiée les médias sociaux lorsqu’ils recherchent de l’information politique
16
ou veulent en discuter (Coleman & Spiller, 2003). Loin d’un univers dé-
socialisateur, les médias sociaux, par l’intermédiaire des échanges, des liens, et
de la super-interactivité sont un canal de socialisation. De la sorte, ils participent
de manière indirecte au processus de politisation des internautes au-delà de leurs
habitus culturels et sociaux.
Mais Markus Prior (2007, cité par Norris) affirme que du fait qu’en sus des
questions politiques, les espaces en ligne favorisent d’autres supports ludiques
avec une offre thématique et des possibilités accrues de personnalisation des
contenus ; ils éloignent les internautes qui préfèrent le divertissement d’être
exposés à la politique. En somme, les médias sociaux dépolitiseraient davantage.
6
_ Fenêtre publicitaire qui s’ouvre automatiquement sur des sites Internet
17
Les effets informationnels extrapolent l’univers du web et sont souvent à
l’origine de comportements mimétiques. Internaute ou non ultilisateurs
d’Internet sont invités et amener, à s'abonner à une page pour s’informer ou pour
échanger des fichiers afin de pouvoir argumenter politique non plus seulement
en ligne mais aussi dans la vie courante. Les « gens apprennent des choses sur
les politiques […] dans le cours des activités ordinaires » ; et l’utilisation des
médias sociaux est devenue une pratique routinière pour certains internautes
(Popkins, cité par Flichy, op.cit.). Cette routinisation ne favoriserait elle pas une
construction identitaire politique?
18
I.2 – Objectifs de la recherche
L’étude vise à déterminer les effets des espaces numériques sociaux sur la
participation politique des Loméens, voire leur politisation.
19
II - Cadre de référence théorique
20
basé sur la finalité (l’imposition des opinions subjectives), la manipulation des
personnes concernées ou leur utilisation comme objet afin d’obtenir leurs
propres fins. L’agir communicationnel se caractérise par la compréhension
mutuelle, et permet le consensus sur la réalisation des objectifs ; les actions ne
sont pas toujours orientées vers des résultats, mais surtout sur une
compréhension mutuelle, la confiance et à la connaissance partagée.
21
l’expression et la prise en compte de toutes les opinions. Le principe de publicité
(rendre public) devient alors une source de légitimation et donne à l'espace
public un véritable pouvoir critique, un "pouvoir d'assiégement permanent"
selon Habermas. Le débat public, ou la délibération constante et publique des
individus, qui constitue la démocratie délibérative devient ainsi un principe de
légitimité de l’Etat et de politisation relayé par l'espace public.
C’est dire que pour Habermas, les lieux de discussion à travers les canaux de
communication permettent non seulement aux individus de résoudre différents
problèmes, de partager des valeurs communes et mais sont aussi un outil
d’empowerment de l’individu qui peut ainsi utiliser sa raison critique pour
22
censurer l’Etat. Et cet Etat se retrouve ainsi confronté à prendre en compte ces
opinions du citoyen lambda et a charge de les faire respecter. Ces structures
peuvent donc développer par voie de différenciation, en même temps qu’un
espace public politique, une arène spécifique ayant pour tâche de percevoir,
d’identifier, d’évaluer et de traiter les problèmes concernant la société dans son
ensemble
Deux principes forts sont mis en lumière par la politique délibérative : l’espace
public autonome est un lieu de formation de l’opinion et de la volonté qui
favorise la politisation et la participation politique. Ce sont ces principes qui ont
retenu l’attention de cette étude à éclairer davantage la théorie habermassien.
23
universellement partagée, dépend directement des dispositions sociales héritées
c'est à dire de l'habitus de chacun (Talpin, 2003).
Pour parler politique, il faut se sentir capable et autorisé à le faire. Dans ce sens,
l’expression politique loin d’être universelle, est réservée à une élite. Elle
dépend aussi directement du capital culturel de chaque individu, hérité de sa
famille ou transmis par l'école. Pour, avoir des chances d'accéder au discours
politique, il faut être issu d’un milieu social « politique » ou en avoir acquis la
compétence à l’école, or, comme on le sait, la compétence scolaire est
directement liée, chez Bourdieu, au milieu social d'origine. La politique pour
Bourdieu n’est pas une affaire de la masse. Bourdieu (1997 : 86-87) écrit à ce
propos :
24
dans un espace discursif. La véritable révolution devra donc être d'abord
économico-sociale, et ensuite politique.
Depuis 2008 où la campagne de Barack Obama7 s’est basée sur une mobilisation
d’électeurs et de fonds à travers les médias sociaux, un regain d’intérêt a rejailli
parmi la communauté scientifique internationale sur les dynamiques politiques
que peuvent susciter les médias sociaux. De nombreux articles et ouvrages ont
été rédigés et consacrés à ce sujet. Il sera donc passé en revue quelques-unes de
ces productions scientifiques antérieures afin de mieux situer la problématique
du présent travail. Nous, nous baserons sur l’article de Stéphanie Wojcik
(2011) : « Prendre au sérieux la démocratie électronique. De quelques enjeux et
controverses sur la participation politique en ligne » qui a offert un bilan
presque exhaustif des recherches sur la participation politique en ligne. Les
réseaux sociaux n’étant qu’une des fonctionnalités du web 2.0, plusieurs auteurs
7
- Barack Hussein Obama, président des Etats Unis d’Amérique (2009 à nos jours).
25
ne l’ont pas dissocié dans leur analyse. La revue de littérature sera présentée
selon des structurations thématiques.
Habermas (1962) montre comment au 18è siècle, les réunions de salon et les
cafés ont contribué à la multiplication des discussions et des débats politiques,
lesquels jouissent d'une publicité par l'intermédiaire des médias de l'époque. La
dimension publiciste est intrinsèque et fondamentale de l’espace public.
Neveu & Bastien (1999) démontrent que dans les sociétés contemporaines, le
développement des médias favorise une fragmentation de l’espace public
politique en « espaces publics ». Cette vision plurielle de l’espace public,
découle du constat de démocratisation du discours politique générée par les
nouveaux médias. Grace à ces derniers, une interaction face à face et multiple
est davantage possible et des individus de différentes catégories peuvent accéder
à l’espace public. Mais aussi remarquent-ils, avec les fonctionnalités des réseaux
sociaux gagnés par l’émotion et les individualités, les discussions tendent
rarement vers un consensus et la ligne entre propagande et information est
diffuse.
26
Pour Magali Nonjon (2005) dans un article intitulé « de l’agora à l’archipel »,
grâce aux nouveaux espaces publics générées par les médias sociaux, le citoyen
lambda à partir de son cercle privé (self- média) peut favoriser l’émergence
d’un espace discussif ouvert à tous et tourné vers le général même si ces espaces
sont fortement dépendants des contextes politiques et donc éphémères.
Il n’est plus possible de parler d’espace public sans considérer qu’il est
désormais technologiquement constitué par des appareils médiatiques, parmi
lesquels l’Internet (Chardel (2012).
8
- Cf. Gilles Lipovetsky et Jean Serroy, 2007, L’écran global. Culture-médias et cinéma à l’âge hypermoderne,
Paris, Seuil.
27
Dominique Cardon (2008) explique en détail les mécanismes de l'exposition de
soi, les motivations et la forme qui en découle :
Si tout semble concourir à faire assimiler les réseaux sociaux à des espaces
publics d’échanges et de débats sociaux et sociétaux, autant que culturels et
politiques, sont ils véritablement un espace politique ?
28
beaucoup de discours très “naïfs” sur … la constitution d’un espace
public mondial ».
Ce n’est pas le débat ouvert seul qui détermine un espace public, il faut que les
échanges permettent de passer du débat à la bonne organisation de la vie de la
cité en garantissant sa continuité sous le contrôle des institutions choisis par
tous, et en respect de principes fondamentales (constitution, traités). Tout en
faisant émerger des groupes de pressions qui peuvent agir politiquement, les
arènes de discussions en ligne ne peuvent être « encore » assimilés à des espaces
public citoyen car se pose le problème de la régulation et du contrôle des
réseaux. L’autorégulation de l’espace est illusoire : par exemple c’est facebook
qui met en relation les internautes selon une logique non connue.
Les débats en ligne ne sont que faussement inclusif : dès qu’un internaute a un
avis différent, une horde de partisans s’acharnent à l’invectiver. Alors que le
débat démocratique est très âpre et nécessite des conflictualités certes non
violentes mais des conflictualités afin d’arriver à un consensus , la connivence
prédomine en ligne. De plus, les débats en ligne ont rarement une assise
historique.
La fracture numérique exclut une bonne partie des citoyens des espaces
numériques, peu reconnaissent une légitimité collective à ces échanges. Faisant
référence à l’espace public athéniens (Arendt, 1994) et bourgeois (Habermas,
op.cit.), il souligne que même ceux qui n’y prenaient jamais la parole avaient la
certitude que c’était le lieu où se débattaient les questions communes et avaient
le sentiment que leurs voix étaient portés. Mais les espaces médiatiques sociaux
29
sont justement des espaces non représentatives de l’ensemble de la société
surtout de ceux qui se retrouvent « des fracturés numériques » (Guichard, 2003).
Calenge (op.cit.) finit son analyse en reconnaissant les vertus des réseaux
sociaux, leurs potentialités, mais ne leur permet pas aujourd’hui de « se
prétendre (encore ?), espaces publics de construction et de délibération
citoyenne ou de lieux centraux du débat citoyen ».
Des réserves sont toutefois émises après études empiriques (Suraud, 2008) sur
l’élargissement de l’espace du débat public par les forums en ligne, même s’ils
permettent une meilleure participation au débat et la mobilisation.
En général, les médias de masse servent de lieu principal, comme forum, pour la
représentation de l’espace public. Renée van Os & Nicholas W. Jankowski
(2010), analysant les médias sociaux et « l’espace public européen », conclurent
que, puisqu’il n’y a aucun média paneuropéen où des discours sur la vie
politique européenne pourraient se tenir, il y a un déficit d’espace public. Sans
cet espace pour un débat européen auprès d’un large public, l’Union Européenne
(UE) manque d’une véritable communauté politique de citoyens, qui se traduit
par l’érosion de la confiance et même la crise de la légitimité de l’UE. Ils voient
des opportunités nouvelles avec Internet, qui offre des caractéristiques
prometteuses pour répondre la redéfinition de l’espace public par Habermas
30
(1996) à savoir un « espace politique qui permet aux citoyens de prendre des
positions en même temps, sur les mêmes sujets, avec la même pertinence ».
Le web 2.0 constitue à cet effet, un espace public car il permet au-delà de
l’information et de la formation à la disposition de tous et surtout des partis
politiques, une « intégration des personnes entres elles et des sociétés humaines.
31
de "Citoyen du monde" (largement utilisé par les altermondialistes) ou
« citoyen numérique » qui refusant les frontières entre les nations, proclame
l’ouverture et l’attachement de tous à l'ensemble de l'humanité : l’avènement
d’une agora à l’accès libre et gratuit.
32
Ceci aurait pour conséquence des contacts interpersonnels plus nombreux et plus
fréquents qu'auparavant. Liée à ce changement en direction de l'individualisme
du réseau, c'est la nature même de la citoyenneté qui change.
33
Dans un ouvrage collectif publié sous sa direction, Norris P. (1999) note que,
quoique les taux de participation électorale diminuent dans la plupart des pays,
l’activisme politique n’a pas pour autant baissé d’intensité. Car, avec la
technologie numérique, « les canaux de la participation politique sont davantage
en train d’évoluer que de décliner […] et les gens deviennent plus actifs d’autres
façons » (Norris, idem). Par exemple, les représentants syndicaux consultent en
direct, sur Internet, leur base afin de déterminer les modalités d’action les plus
adaptées à l’état d’esprit général et au rapport de force. Le printemps arabe, ou
en France, par exemple, le mouvement social du printemps 2003 et celui des
chercheurs en 2004 ont montré la grande capacité de mobilisation que les
réseaux numériques en l’occurrence Internet peut conférer à l’action militante.
De même, cela est très connu, diverses campagnes internationales d’opinion ou
de pression se développent aujourd’hui à travers les réseaux numériques. La
culture numérique par les médias sociaux fournit :
34
mépriser les coopérations faibles. Il propose de considérer que le bouton
“j’aime” est une des adaptations à la massification des usages, et qu'il
contribuera, à sa mesure, au sein d'un dispositif contributif aux multiples formes,
à l'organisation du grand “bazar” qu'est le web.
Les médias sociaux peuvent minorer les contraintes des dispositifs participatifs
en face-à-face, comme l’éloignement géographique, le manque de temps, et
pourraient permettre à ceux qui n’osent s’exprimer en public, en face-à-face, de
prendre la parole (Gastil, 2000 ; Witschge, 2004), et ce d’autant plus lorsque,
dans le cas par exemple des réunions publiques, les assemblées sont « mixtes »
c’est-à-dire composées de personnes à statut hiérarchique différent ou dont les
positions d’autorité sont clairement établies (Monnoyer-Smith, 2007). Mais
faudrait il que l’accès et l’usage des médias sociaux ne soient pas enrayés par la
fracture numérique. Arnaud Mercier, universitaire spécialisé des médias
analysant l’inscription de Christine Lagarde sur Twitter à l'occasion de sa
campagne pour la direction du FMI trouve l’utilisation à des fins politiques des
médias sociaux, une anecdote utopique qui n'aura aucun impact sur ladite
campagne. Mercier écrit à cet effet :
35
sociaux ne peuvent à eux seuls relever, le défi d’une parité de participation car
les institutions publiques et privées, les valeurs et les modes de vie dominants
constituent, à bien des égards, des obstacles à cette parité. C’est pourquoi Lafaye
(op.cit.) met l’accent sur une éducation à la citoyenneté par l’école en vue de
mettre tous les citoyens à égalité devant la politique. La capacité d'une personne
à exercer sa citoyenneté dépend de la « démocraticité » du système politique et
social dans lequel elle se trouve.
36
d'accès et d'usage, et à l'absence d'une réelle interaction entre gouvernants et
gouvernés (Loiseau, 2003).
37
Le fossé entre ceux qui détiennent l'information et les autres risque de devenir, à
l'ère digitale, un facteur important de déstabilisation de la vie démocratique
(Loader, cité par Dahlgren & Peter, 2000).
Mais l’influence des médias sur la vie démocratique, qu’elle soit néfaste ou
bonne, il faut reconnaître est dorénavant incontournable et essentielle.
Dominique Wolton, rappelle à cet effet que « la communication n’est pas la
perversion de la démocratie, elle en est plutôt la condition de fonctionnement »
(Wolton, 1997 :59) Les médias de communication fournissent le principal lieu
commun de représentation et de débats des sociétés développées actuelles.
(Mestral, 2011). Que ces échanges soient contradictoires et souvent confus ne
fait que souligner l’importance fondamentale de l’espace virtuel de
représentation de notre réalité collective politique qui pour le meilleur ou pour
le pire se trouve bien plus dans les médias qu'au sein des parlements, (Breton &
Proulx, 1996, 2002)
38
auteurs comme Rodota (op.cit), Lévy(1999). Toutefois, Cardon (op.cit.) nuance
en disant que vu la massification de la fréquentation de l’Internet, qui impose
d'élargir le panel des interventions collaboratives du peuple du réseau, et le
développement de stratégies marchandes sous couvert d’une logique d’audience,
l’outil risque de devenir un média de masse vertical rendant passifs et donc de
simples consommateurs les utilisateurs. Le foisonnement d’information peut
aussi devenir un danger pour la démocratie vu le fait que beaucoup
d’informations circulent sans qu’on puisse en vérifier les sources (Martin, 2006).
9
Les anonymous, sont un mouvement social de hackers (pirates informatiques) apparu dans les années 2003.Ils
sont connu pour le piratages de centre de données très sensibles (gouvernement institutions...)
39
Noiriel-Cursus (2006) observant l’avènement des médias sociaux dira que nous
assistons à un passage de la démocratie de partis à la démocratie du public et
que pour comprendre les enjeux démocratiques de l’Internet, il faut se rappeler
de ses origines, ses tenants.
40
Les travaux sur la participation en ligne mettent en évidence que des motivations
de tous ordres peuvent se traduire avec d’autres types de sociabilités par une
forme de participation politique dans les espaces virtuels.
41
Mais pour Dominique Wolton (2012), l’arrivée des réseaux sociaux ne
transforme en rien les statuts des médias établis, en particulier pour ce qui est de
la télévision. Pour le sociologue, Internet est moins bon, que la télévision et la
radio qui ont ainsi en commun le fait de pouvoir toucher des publics
incroyablement hétérogènes à un moment donné au travers d’une grille de
programme, et permettant ainsi de réunir des publics différents. Quand les autres
sont des médias de l’offre, les médias sociaux se comportent comme un média
de la demande et ne peut améliorer le dialogue et la communication qu’à
l’intérieur d’une communauté bien identifiée alors qu’il lui sera beaucoup plus
complexe de gérer l’hétérogénéité sociale et culturelle.
A l’étape actuelle, Wolton (op.cit.) considère que les médias de masse restent
plus forts et ambitieux ; il met l’accent sur la complémentarité et non
l’opposition de ces deux types de communication et d’information. De
nombreux médias de masse se retrouvent aujourd’hui en ligne ; l’information
portée en ligne revenant au même que ceux diffusées traditionnellement. D’une
part, se nouent de nouvelles formes de collaboration entre les traditionnels et les
tenants du « data-journalisme10 », et les individus ou des collectifs
originellement formés en ligne, soit en vue de fournir plusieurs analyses et
informations - autre que celle promue par les médias dominants- soit en mettant
à la disposition des populations non internautes, les informations en ligne. Le
plus qu’il faut noter est la possibilité de publicité que les médias sociaux offrent
aux interprétations multiples et diverses des récepteurs.
La plupart des questions posées par l'analyse des médias traditionnels (comme,
par exemple, le problème du caractère fidèle ou non de la représentation de la
réalité offerte par les médias) s'appliquent à l’Internet en tant que nouveau mass-
média. La problématique des sources d’informations est d’ailleurs plus élevée
avec les médias sociaux.
10
Les tenants du data- journalisme comme Média part et Wikileaks.
42
De plus, les pratiques informationnelles en ligne flouent le jeu journalistique,
dans la définition de ce qui mérite d’être porté à l’attention du public, et les
savoirs « profanes » de la multitude.
Depuis les célèbres travaux de Lazarsfeld sur l'influence qu'exercent les médias
sur la décision des électeurs, et qui lui permit de développer sa célèbre « Two
step flow theory » (Lazarsfeld & Elihu 1955 (2008)) ; l’intérêt de la sociologie
qu’elle soit électorale, politique ou de médias pour les effets des médias et leur
influence croissante sur notre existence. La thèse principale de Lazarsfeld se
distingue vivement des théories marxistes de l'École de Francfort. En effet,
Lazarsfeld pense que l'influence des médias dépend des opinions préexistantes et
du réseau de relations interpersonnelles du récepteur, ainsi que de son champ
social. Le récepteur est donc davantage sensible aux opinions qui lui sont
proches. Ainsi, un émetteur ne réussirait pas à changer l'opinion politique de son
récepteur si celle-ci est déjà opposée Après avoir étudié de nombreux cas, les
auteurs décrivent les individus comme peu perméables aux messages des
médias, du moins de façon directe.
43
L'influence politique des médias sur l'ensemble de la population se fait donc en
deux temps d'abord le message délivré par les médias, ou un média en
particulier, est reçu et plus ou moins assimilé par un leader d’opinion, ensuite,
celui-ci fait partager son choix de vote aux personnes qu’il connaît. Cette théorie
met une limite forte à une influence verticale exercée par les médias de masse
mais n’explique pas le cas des médias sociaux. Aujourd’hui, face aux mutations
des médias, les sociologues parlent plus de l’influence multiple ou la « Multiple
step flow theory ».
Daniel Gaxie (1978, in Réseaux 1987), dans la lignée déterministe affirme que
la politisation est intrinsèquement liée à la compétence politique. Cette
affirmation se base sur le constat fait autour du vote et qui démontre que : les
citoyens en général, s’intéressent peu à la politique.
44
Pour Daniel Martin (2006), les médias dont l’Internet, loin de permettre une «
bonne » politisation des citoyens, s’avèrent en fait, « le degré zéro de la
communication politique» voire un facteur de dépolitisation. Partant d’exemples
concrets, il met en exergue une relation de cause à effet entre la gouvernance
politique en France et la qualité des médias et des journalistes : si la France est
mal gouvernée depuis des années et que l’on assiste à la montée des
mouvements populistes dirigées par des gens « politiquement incapables », c’est
parce que les citoyens auraient mal voté et s’ils l’ont fait, c’est qu’ils ont été mal
informés par les médias et principalement par les journalistes. Pour lui, nous
sommes rentrés dans une ère où le citoyen compte sur les médias comme repère
dans le jeu économique ou politique. Dans ce cas, il faut remarquer que l’auteur
ne renie pas le fait que les médias politisent, mais pour lui ce serait plutôt en
mal. Son analyse, va au-delà d’un simple déterminisme technologique, les
médias de masse ne peuvent à eux seuls créer l’apathie politique ou la
dépolitisation, il doute des effets probables des médias d’ailleurs car il existe
d’autres filtres de l’auditoire dont le fait que :
Dahlgen et Relieu (2000) abondent dans le même sens. Même si les réseaux
sociaux permettent aux gens d’entrer en contact non plus seulement pour parler
mais faire des choses ensemble, dont poursuivre des buts politiques ; « peu
nombreux sont les utilisateurs qui deviennent des drogués de l'information
politique » (Dahlgen & Relieu, 2000). Les réseaux sociaux n’ont ainsi tendance
qu’à accroitre l’engagement et l’information politique de ceux qui l’étaient déjà.
45
par des espaces de dialogue avec la population (Sénégal) ou la mise à
disposition d’informations générales relativement stables Congo) ou pour faire
leurs campagnes électorale (R.D. Congo) fora et espaces numériques dédiés à la
politique ont un seul mot d’ordre l’interactivité, même s’ils restent peu
interactifs. Dans l’entre-temps, des réseaux humains se constituent sous forme
de liste de discussion où s’échangent des informations et se débattent divers
sujets politiques, du plus frivole au plus républicain.
« Et malgré les injures, les partis pris et les fanatismes qui s’y
expriment, cette liste devient un lieu public, certes encore élitiste, qui
non seulement répercute, dans des langages simples, les opinions
politiques…, mais surtout concourt à l’édification d’une certaine
conscience… On y apprend, certes, à dénigrer les opinions politiques
des autres, mais aussi à élaborer un raisonnement politique fondé sur
les faits ou l’histoire politique du pays. Les opinions des
politicologues africanistes (comme celles de la belge Colette
Braeckman) n’y ont plus la valeur des versets de la bible et y sont fort
controversées… » (Tshimbulu, Communication et changement social
en Afrique et dans les Caraïbes : bilan et perspectives, 2006 :70)
Stromer-Galley (cité par Matos, 2009) a trouvé des indices du rapport existant
entre la familiarité à l'utilisation d'Internet et la propension à voter on-line: d'un
côté, plus il y a de gens qui utilisent Internet, plus il y a de gens disposer à voter
on-line; d'un autre côté, la familiarité avec la technologie paraît avoir peu de
rapports avec le sens du devoir et l'intérêt politique des personnes. Par
conséquent, l'utilisation des médias et la motivation pour participer
politiquement paraissent être déconnectées; ainsi, la technologie paraît-elle plus
disposer les personnes à accepter un processus on-line de votation que de
provoquer spécifiquement un sentiment de devoir de participer en votant.
Une étude à NetVille aux Etats Unis d’Amérique, a montré que l'utilisation
d'Internet a promu plus et mieux les rapports sociaux et la participation réelle
autant dans la communauté locale que dans celle on-line (Hampton et Welmann,
1999). Rice et Katz (Howard et Jones, op.cit.) montrent comment les personnes
utilisent Internet pour enrichir leur vie politique en participant à des groupes de
46
discussion on-line, en faisant des recherches sur des candidats et des options
politiques, et même en suivant les nouvelles de la politique.
Norris (2003) a observé pour les États-Unis et l'Europe, qu’Internet n'a pas
mobilisé des groupes qui étaient antérieurement inactifs (à l'exception partielle
des jeunes), mais, au contraire, a renforcé les tendances déjà existantes en
participation politique.
47
« Le livre qui déconstruira les discours enchantés et les faux débats
tout en prenant en compte la réalité et les potentiels de changement
des espaces publics auxquels participent les nouveaux réseaux de
communication reste assurément à écrire ».
III.2.1 – La politisation
48
La politisation est une dimension de la citoyenneté et requiert un type spécifique
de socialisation (primaire ou secondaire), un travail de diffusion d'instruments
cognitifs et de schèmes d'évaluation de l'espace politique et de ses logiques qui
sont autant de conditions préalables pour un usage autonome et actif des
possibilités incontestables offertes par les nouveaux réseaux (Gaxie, 1978,
2000). La politisation est tributaire du sentiment de la compétence politique et
de la compétence politique de l’individu.
La compétence politique est peut être conférée (cas des élus ou des autorités
politiques ou des journalistes) ou acquis (par l’éducation, les études
spécialisées). La compétence politique dépend fortement des conditions sociales
de l’individu c'est-à-dire du sentiment de compétence politique qui est le degré
auquel les agents sociaux ont le sentiment de se retrouver dans le déroulement
des événements politiques, donc de leur trouver un sens (Gaxie, op.cit.).
49
III.2.3 – Les médias sociaux
Les médias sociaux utilisent beaucoup de techniques, telles que les flux RSS et
autres flux de syndication Web, les blogues, les wikis, le partage de photos
(Flickr), le vidéo-partage (You Tube), des podcasts, les réseaux sociaux
(Facebook), le book marking collaboratif (Wiki), les mondes virtuels, les micro
blogs (Twitter), et plus encore.
Le réseau social sociologiquement est une structure définie par des relations
entre les individus. Mais aujourd’hui, est plus largement connu comme réseau
social, les communautés virtuelles et interactives formées en ligne par des
individus ou des organisations et sur lesquelles, ils échangent informations,
photo, vidéo, texte...Deux types de réseaux sociaux : les réseaux sociaux de
contact (skype, facebook, messenger...) et les réseaux sociaux de contenu (wiki,
twitter, youtube…).
Certains « réseaux sociaux » sur Internet combine les deux types et permettent
regroupent des amis de la vie réelle tout en produisant du contenu. D'autres
aident à se créer un cercle d'amis, à trouver des partenaires commerciaux, un
emploi ou autres. L’on peut citer entre autres réseaux sociaux en ligne :
50
Facebook, MySpace, Mupiz, Viadeo, Youtube, Wikipédia, Wikimédia, Twitter,
Linkeldln, Messenger.
Ils sont en quelque sorte des clubs « privés » souvent sélectionnés par centres
d'intérêts personnels partant du principe de l'homophilie. Ainsi, certains partis
politiques et hauts dirigeants créent leur propre réseau social. Des réseaux
sociaux à volonté culturelle, ou spécialisées dans l’économie solidaire émergent
également. Chaque réseau se spécialise et occupent des niches spécifiques.
Un champ est avant tout un microcosme social, qui fonctionne selon des règles
du jeu strictes, qui lui sont propres. Chaque participant se doit d'avoir le sens du
jeu. Chaque champ est structuré par des rapports de force, et en ce sens chaque
champ est un espace de lutte entre dominants et dominés. Chaque participant
occupe une position qui n'est pas fixe et évolue dans le temps en fonction des
dispositions constitutives de leur habitus et de la structuration présente du
champ. Ces positions des agents définissent leur trajectoire individuelle.
III.2.6 – La délibération
51
solutions, avant de se déterminer pour l'une d'entre elles. » (Bernard Manin,
1985 : 78).
C’est donc avant tout un espace symbolique, qui requiert du temps pour se
former, un vocabulaire et des valeurs communes, une reconnaissance mutuelle
des légitimités ; une vision suffisamment proche des choses pour discuter,
s’opposer, délibérer. L’espace public ne relève pas de l’ordre de la volonté, on
en constate l’existence. Il symbolisé simplement la réalité d’une démocratie en
action, ou l’expression contradictoire des informations, des opinions, des intérêts
et des idéologies. Il constitue le lien politique reliant des millions de citoyens
anonymes, en leur donnant le sentiment de participer effectivement à la
politique. Si l’on peut volontairement instituer la liberté d’opinion, la liberté de
la presse, la publicité des décisions politiques, cela ne suffit pas à créer un
espace public.
52
par l’intermédiaire des informations et des valeurs, puis de leurs discussions.
C’est l’idée d’une argumentation possible contre le règne de la violence
libératrice, l’idée d’une reconnaissance de l’autre. L’espace public est aussi
l’aboutissement du mouvement d’émancipation qui a consisté à valoriser la
liberté individuelle, et tout ce qui est public, contre ce qui était « privé ». Il s’est
ainsi opéré une rencontre entre deux mouvements relativement différents : celui
en faveur de la liberté individuelle, donc d’une certaine capacité à afficher
publiquement ce que l’on est, et le mouvement démocratique, qui lui aussi
favorisait l’idée de publicité contre celle de secret et d’interdit. Des deux côtés,
ce qui était « public » fut valorisé.
53
III.2.8 – L’espace commun
Le mot public, du latin publicus (ce qui concerne tout le monde), renvoie à
« rendre public », à publier, du latin publicare. Cela suppose un élargissement
de l’espace commun et l’attribution d’une valeur normative à ce qui est
accessible à tous. Dans le passage du commun au public, l’accent est mis sur la
valorisation du nombre et le principe de liberté se lit ; ce qui deviendra par la
suite la caractéristique de la démocratie.
L’engagement politique est le résultat des relations établies entre les individus
dans leurs réseaux quotidiens de solidarité et coopération. Aujourd’hui on
considère deux façons de s’engager dans des mobilisations politiques :
l’engagement formel dans des associations ou mouvements sociaux
institutionnalisés, et aussi celui lié aux conversations quotidiennes qui invitent le
citoyen à prendre la parole devant les autres en s’exprimant et en définissant
collectivement une question publique. Dans ces deux dynamiques d’interaction
entre les individus – formelles et informelles – des réseaux sociaux sont crées en
même temps que le capital social (Matos, 2009).
54
III.2.11 – La participation politique
Selon Jan Teorell et al. (cité par Neveu, 2006), la participation politique permet
aux citoyens d’exprimer leurs doléances par le biais de nombreux moyens et de
se faire entendre par ceux qui sont en position d’autorité. Parmi ces différents
moyens figurent le vote, les lettres adressées aux élus, les campagnes en faveur
d’un parti politique, la signature d’une pétition et la participation à une marche
de protestation. Face au désenchantement croissant des citoyens face aux
résultats de la démocratie représentative, la participation politique des citoyens à
travers des cadres de médiation comme les assemblées populaires, les conseils
de quartier est de plus en plus promue : c’est la démocratie participative.
III.2.12 – La socialisation
55
III.2.14 – La démocratie
56
III.2.16 – e- gouvernance
III.2.17 – La citoyenneté
Elle est l'ensemble des conditions permettant à l'individu de jouir pleinement des
droits fondamentaux et de participer au fonctionnement du système politique.
Selon Marc Foglia, la citoyenneté impose des prises de parti claires, des options
qui sont prises et qui ne se valent pas. Elle implique nécessairement le choix,
mais un choix raisonné (Rochefort, 2007).
Elle peut être désignée alors comme tout citoyen relevant de la société
numérique et qui utilise les outils numérique (Internet, la téléphonie
cellulaire…) pour participer et contribuer à la construction de son monde. Cette
façon de concevoir la citoyenneté numérique s’explique avant tout par le fait que
la culture numérique est comme le dit H. Jenkins(2006), une culture
participative. Et cela apparait clairement avec le développement des réseaux
sociaux numériques (Facebook, twitter…) que l’on soit majeur ou privé de ses
droits civiques, l’on peut facilement et derrière un outil numérique, discuter avec
un président ou un élu local d’enjeux locaux ou internationaux. L’on peut
décréter des pétitions pour des questions qui tiennent à cœur et y faire adhérer le
monde.
57
CHAPITRE DEUXIEME
I – CHAMP D’ÉTUDE
58
entre le pouvoir en place et l’opposition sur des réformes constitutionnelles et
démocratiques à mettre en place et sur l’organisation des élections transparentes
et équitables.
La remise en cause de l’ordre constitutionnelle suite au décès du président
Eyadema et l’élection de Faure Gnassingbé en 2005 entraina des
bouleversements violents dans la vie sociopolitique du pays. Seules deux
élections (législative de 2007 et présidentielle de 2010) ont pu se dérouler sans
être émaillé de violences Aujourd’hui moins délétère, le climat politique n’en est
pas moins apaisé.
La ville de Lomé est fondée par les Ewé au 18e siècle. Etymologiquement, Lomé
vient du mot éwé « Alotimé » qui signifie « au milieu des plantes d’Alo » (Alo
est un arbre source de cure-dent).
Petit bourg commercial de 2000 habitants, son évolution s’amorça dès 1897 où
l’administration allemande décida du transfert de la capitale du Togoland
d’Aného à Baguida puis à Lomé. Après, la première guerre mondiale, les
Allemands abandonnèrent le pays et sa capitale aux mains des vainqueurs. En
1920, l’administration de tutelle anglaise devint francophone. Depuis son
érection en capitale économique et politique, la ville de Lomé a été témoin
privilégié de toutes les crises politiques jusqu’à ce jour.
59
I.2.2 – Situation géographique
Sise entre le 6°10’ Nord et 1°15’ Est, la ville de Lomé est une ville côtière. A sa
création, la commune de Lomé était coincée entre la lagune au Nord, l’Océan
Atlantique au Sud, le village de Bè à l’Est et la frontière d’Aflao à l’Ouest.
Depuis lors, l’agglomération n’a cessé de s’étendre en raison de l’explosion
démographique (Marguerat, 1993) et de l’étalement spatial exponentiel. Son aire
géographique se confond pratiquement avec l’aire urbaine de la Préfecture du
Golfe (voir annexe 1 pour carte détaillé). La macrocéphalie de l’agglomération
loméenne en fait un point identitaire du pays.
I.2.4. – Démographie
60
population de la commune de Lomé et celle de la partie urbaine de la Préfecture
du Golfe qu’on désigne par « le Grand Lomé » compte 1 477 660 habitants ; six
citadins sur dix vivent dans cette agglomération et la pyramide des âges
démontre une population extrêmement jeune (RGPH, 2010). Lomé est une
capitale cosmopolite où plusieurs ethnies et nationalités se retrouvent.
61
travers une observation minutieuse de la population enquêtée et la phase de
traitement et d’analyse des données.
Cette phase a permis une connaissance des réflexions et études antérieures, d’en
relever les informations utiles mais surtout la clarification conceptuelle. Au
cours de cette étape, nous avons consulté et analysé de nombreux ouvrages
généraux et spécifiques, des thèses, des mémoires, des rapports d’études et des
articles. De par les mutations sociale et technique indéniables introduites par
l’Internet, nombre de chercheurs ont réfléchi et écrit sur ce média et ses derniers
développements pris sous l’angle de la communication, de l’économie, de la
gouvernance, de la politique ou du droit. L’exploitation, l’entrecroisement et
l’interprétation de toute cette bibliographie a permis de cerner les contours du
sujet et de réajuster la problématique. Il importe de souligner que la majorité de
la recherche documentaire a été effectuée sur Internet.
La population cible est constituée des Loméens (jeunes et adultes), utilisant les
réseaux sociaux. Selon Dominique Wolton (2009), trois acteurs ont la légitimité
à s’exprimer publiquement sur la politique : les hommes politiques, les
journalistes et l’opinion publique. Même s’ils n’ont ni le même statut ni la même
légitimité, l’interaction de discours tenus par ces acteurs, selon lui, et de par
leurs positions respectives dans l’espace public, constituent la condition de
fonctionnement de la démocratie de masse. Dès lors, l’étude a ciblé les
responsables politiques, les journalistes et bloggueurs en ligne et tous ceux qui
ont un intérêt pour la politique.
62
II.2.2 – L’échantillonnage
La recherche documentaire a été complétée par une observation in situ sur les
réseaux sociaux (facebook, youtube et twitter). Les données collectées sont des
verbatim (propos et expressions écrites ou publiés).
Observer, c’est vivre avec ou du moins, être proche, à portée ; c’est regarder de
près (Combessie, 2007). Pendant plus de cinq (5) ans (durée de notre utilisation
des médias sociaux jusqu’à ce jour), il nous a été possible d’observer non pas
seulement en tant qu’utilisateur mais aussi en tant que sociologue, les évolutions
intervenues dans l’univers en ligne au Togo: l’engouement à partir de 2010,
l’arrivée de politiques ou de contenus politiques consacrés au Togo, etc.
Mais l’analyse qualitative des écrans de pages est une méthode rigoureuse; ainsi
notre observation n’a pas été juste empirique mais s’est basée sur des consignes
en lien avec l’étude (Alami et al, 2009). Nous nous sommes inscrites à des
espaces sociaux numériques, avons « like » ou « followed » des pages et liens:
forum, page facebook ou youtube, twitter, initiés par des organisations ou des
individus qu’il soit de caractère politique ou social.
Dans chaque situation, nous avons relevé les propos échangés, les sujets de
débats qui interpellent plus, les différents degrés de participation active ou
passive.
63
II.2.3.2 – Identification et justification des variables
Dans le cas de la présente étude, la variable que l’on cherche à expliquer est : la
participation politique des internautes Loméens, à travers les médias sociaux.
- Sexe : il est unanimement admis que selon le genre, l’intérêt pour les médias
sociaux11 et pour la politique diffère ((Danioué, 2007). La variable sexe
permet de mettre en exergue les informations provenant des deux sexes et de
comprendre parmi les deux sexes, ceux qui s’activent le plus sur les médias
sociaux en s’intéressant ou non à la politique.
11
_Notre recherche pour l’obtention de la maitrise portait sur la « fracture numérique de genre au Togo, étude
de cas à l’Université de Lomé » sous la direction de Danioué Tamasse Roger.
64
- Statut matrimonial : l’engagement politique est tributaire du statut
matrimonial et du soutien du partenaire (Kaufmann, 1993).
- Statut professionnel : Il est démontré que certaines professions prédisposent
à l’entrée en politique notamment les professions de haut niveau
(enseignants, avocats, médecins …) (Danioué, 2010) tributaires d’un niveau
d’instruction élevé.
- Religion : certaines confessions religieuses interdisent l’engagement
politique de leurs membres alors que certains comme l’église catholique
encourage l’engagement civique de leurs ouailles.
- Le niveau d’instruction : le niveau d’instruction déterminerait à certains
égards l’utilisation des réseaux sociaux et un intérêt pour la politique
(Bourdieu, 2000) (Danioué, 2001).
- L’utilisation des réseaux sociaux : cette variable est importante car elle
permet d’expliquer le lien de cause à effet entre politisation et média sociaux.
- La durée d’utilisation des réseaux sociaux : toute insertion dans un espace
s’inscrit dans le temps, lorsque la durée d’utilisation est plus grande, plus
l’internaute, s’intéresserait à d’autres domaines que ses premiers loisirs.
- Intérêt personnel ou familiale pour les questions politiques : pour
Bourdieu (2000) la compétence politique est tributaire du capital social, de
l’habitus.
- Réseaux politico-sociaux en ligne : les relations qu’établissent les
internautes en ligne détermineraient à certains égards leur engagement
politique.
- Engagement politique conventionnelle ou en ligne : la politisation
débouche nécessairement sur un engagement politique, qu’elle soit
conventionnelle (à travers les cadres traditionnelles) ou non.
65
II.2.3.5 – Identification des indicateurs
Bien de difficultés ont jalonné le cheminement de cette étude et n’ont pas permis
d’étancher notre soif sociologique. Nous eûmes des difficultés à trouver une
riche et pertinente documentation sur les enjeux politiques des médias sociaux
en Afrique en général et plus particulièrement sur la ville de Lomé: il apparait
que le continent et les chercheurs africains semblent subir passivement les
transformations et dynamiques générées par l’Internet. Toute recherche dépend
effectivement de son contexte ; ainsi le délai imparti, le faible débit de la
connexion Internet et la frilosité des internautes ne nous ont pas permis
d’approfondir certaines questions. Nous n’avons pas pu ainsi circonscrire tous
66
les éléments et aurions aimé mener des entretiens qu’ils soient individuels ou
collectifs. Il est à signaler aussi, que les pages sont pour plus de la moitié
faiblement actualisées et beaucoup d’internautes utilisent des pseudos et ne
fournissent que partiellement des données sur leur profil.
67
DEUXIEME PARTIE
PRESENTATION ET COMMENTAIRE
DES RESULTATS PROVISOIRES
DE LA RECHERCHE
68
CHAPITRE TROISIEME
PRESENTATION DU PLAN PROVISOIRE DE LA
THESE
69
Section 3 : Environnement éducatif
3.1 : Aperçu sur les différents systèmes éducatifs du Togo
3.2 : Le système éducatif et ses effets sur les apprenants
Chapitre troisième : Aperçu général de l’évolution de la vie politique
Section 1 : De la colonisation à l’indépendance
1.1 : Période de 1946-1956 : Quelle genèse de la participation
politique ?
1.2 : Période d’autonomie de 1956-1960
1.2.1 : Evénements de 1956-1958
1.2.2 : Evénements de 1958-1960
Section 2 : De l’indépendance à nos jours
2.1 : La première République et sa division politico-identitaire
2.2 : Echec de l’expérience de restructuration du multipartisme
sous la deuxième République : 1963-1967
2.3 : Etat d’exception politique et la troisième République :
1967-1990
2.3.1 : Etat d’exception politique : 1967-1980
2.3.1.1 : Vide politico-juridique : 1967-1969
2.3.1.2 : Vide juridique : 1969-1980
2.3.2 : Le Togo sous la troisième république
2.3.2.1 : Période poste démocratique : 1980-1991
2.3.2.2 : Période transitoire à la démocratie :
1991-1993
2.3.2.3 : La quatrième République et l’exercice
démocratique
Chapitre quatrième : Environnement socio-médiatique
Section 1 : Les médias traditionnels
1.1 : Genèse et évolution des médias au Togo
1.2: Synopsis des médias traditionnels
1.3 : Les médias traditionnels et la politique au Togo
Section 2 : Les médias en ligne
2.1: Genèse et évolution des médias en ligne au Togo
2.2 : Synopsis des médias en ligne
2.3 : Bref aperçu de la blogosphère
Conclusion de partie
70
Deuxième partie : Internet au Togo
Introduction de partie
Chapitre cinquième : L’économie politique de l’Internet au Togo
Section 1 : Historique de l’Internet au Togo
Section 2 : Aménagement numérique du territoire
Section 3 : Les acteurs
Section 3 : Les politiques nationales en rapport aux textes régionaux en
Afrique
Chapitre sixième : Appropriation sociale de l’Internet
Section 1 : Les usages
Section 2 : Dynamique d’usages au niveau local rural et urbain
Chapitre septième : Facteurs explicatifs des usages de l’internet au Togo
Section 1 : Facteurs historiques
Section 2 : Facteurs sociaux
Section 3 : Facteurs économiques
Section 4 : Facteurs géographico-structurels
Section 5 : Enjeux électoral
Chapitre huitième : Appropriation politique de l’Internet
Section 1 : Les partis politiques et le parlement
Section 2 : les journalistes et les bloggeurs
Section 3 : la société civile et les citoyens
Conclusion de partie
Troisième partie : Sémantique de la participation politique en ligne
Introduction de partie
Chapitre neuvième : Les contours de la participation politique en ligne
Section 1 : Généralités sur la participation politique
1.1 : Définition de la participation politique
1.2 : Importance de la participation politique
1.3 : Potentiel de base à la participation politique en ligne
Section 2 : Extensions de la participation politique
2.1 : Formes de participation politique
2.2 : Champ de la participation politique
2.3 : Formes de démocratie
2.4 : Participation et démocratie
Section 3 : L’Occident et l’Afrique sur le chemin de la participation
71
politique en ligne
3.1 : L’internet et la participation politique en Occident
3.2 : Participation politique en Afrique en ligne
Chapitre dixième : Structure et comportements politiques de la population
Section 1 : Variables et indicateurs biologiques face à la participation et
l’orientation politique
1.1 : Question d’âge
1.2 : Question de sexe et genre
Section 2 : Variables et indicateurs socio-économiques face à la
participation et l’orientation politique
2.1 : Occupation professionnelle
2.2 : Ressources économiques
2.3 : Ressources éducatives
2.4 : Idéologie et religion
2.5 : Origine ethnique
2.6 : Situation familiale
Section 3 : Variables et indicateurs géographiques face à la participation
et l’orientation politique
3.1 : Milieu de vie sociale
3.2 : Milieu de vie spatiale
3.2.1 : espace rural
3.2.2 : espace urbain
Chapitre onzième : Acteurs de la participation politique au Togo
Section 1 : Partis politiques
1.1: Genèse et base identitaire des partis politiques au Togo
1.2 : Synopsie et rôle des partis politiques
1.3 : Représentativité numérique des partis politiques par choix
électoral au Togo
1.3.1 : Election présidentielle
1.3.2: Exploit des partis politiques aux différentes élections
législatives
Section 2 : OSC et groupes de pression dans leur rôle pour la
démocratisation du Togo
Section 3 : L’armée et la politique
Section 4 : Communauté internationale et la vie politique au Togo
72
Section 5 : Les journalistes et les bloggeurs dans leur rôle pour la
démocratisation du Togo
Chapitre douzième : Partis politiques, groupes de pression et gestion
du pouvoir
Section 1: Représentation des partis politiques dans les différentes
institutions de l’ère démocratique
Section 2 : Représentation des OSC et groupes de pression dans les
différentes institutions de l’ère démocratique
Section 3 : Représentation des médias dans les différentes
institutions de l’ère démocratique
Conclusion de partie
Quatrième partie : Ultime aboutissement de la participation
Politique en ligne au Togo : le débat politique
Introduction de partie
Chapitre treizième : Acteurs de la participation politique en ligne au Togo
Section 1 : Partis politiques
Section 2 : OSC et groupes de pression dans leur rôle pour la
libéralisation de l’espace public du Togo
Section 3 : L’armée et la politique
Section 4 : Communauté internationale et la vie politique au Togo
Section 5 : Les journalistes et les bloggeurs dans leur rôle pour la
libéralisation de l’espace public du Togo
Chapitre quartozième : Type d’espaces discursives en ligne et composition
identitaire des participants
Section 1 : les médias traditionnels en ligne et les participants
Section 2 : les réseaux sociaux de contenu et les participants
Section 3 : les réseaux sociaux de contact et les participants
Chapitre quinzième : Appartenance identitaire en ligne et orientation
politique
Section 1 : Identité individuelle et orientation politique
Section 2 : Identité collective et orientation politique
Section 3 : Raisons de la mobilisation politique en ligne des citoyens
Chapitre seizième : Structure et comportements politiques de la population
internaute
Section 1 : Variables et indicateurs biologiques face à la participation et
73
l’orientation politique
1.1 : Question d’âge
1.2 : Question de sexe et genre
Section 2 : Variables et indicateurs socio-économiques face à la
participation et l’orientation politique
2.1 : Occupation professionnelle
2.2 : Ressources économiques
2.3 : Ressources éducatives
2.4 : Idéologie et religion
2.5 : Origine ethnique
2.6 : Situation familiale
Section 3 : Variables et indicateurs géographiques face à la participation
et l’orientation politique
3.1 : Milieu de vie sociale
3.2 : Milieu de vie spatiale
3.2.1 : espace rural
3.2.2 : espace urbain
Conclusion partielle
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes
74
CHAPITRE QUATRIEME
PRESENTATION ET COMMENTAIRE DES RESULTATS
PROVISOIRES DE LA RECHERCHE
75
simples citoyens, tous ont un site web avec un espace de discussion ou un lien
facebook, youtube ou twitter.
Tous les quatre (4) grands partis politiques parlementaires, ont au moins un
compte par réseau social : facebook majoritairement, mais aussi sur twitter. Pour
certains partis, le premeir pas sur la toile commence par les réseaux sociaux,
pour ceux qui ont des sites web, ces sites sont souvent dotés d’espaces forums,
mais proposent toujours des liens avec les comptes sociaux.
12
L’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) : depuis sa création,
l’ANC a fait de l’occupation de l’espace public virtuel ou physique, son mode
de mobilisation. Le site officiel du parti ANC (www.anctogo.com), comprend
un lien vers les comptes officiels du parti sur twitter et facebook. De plus, le site
est également relié avec des blogs rédigés par des partisans du parti. Les blogs
ne sont pas officiellement affiliés au parti. L’ANC est très active sur les réseaux
sociaux : un nombre d’activistes du Togo et de la diaspora (anctogo-accra ;
anctogo-Allemagne ; anctogo-hong kong ; jcd patriotes anc, etc...), s’activent à
promouvoir le parti et ses actions. Communiqués officiels, déclarations, post
12
_« La création de l’ANC met ainsi fin à la lutte de leadership engagée au sein de l’UFC suite à la décision unilatérale de
Gilchrist Olympio, le 27 mai 2010 de rentrer dans le gouvernement du RPT contre l’avis du Bureau National du Parti »
(Source :www.anctogo.com). Depuis les élections de 2010, l’ANC, mobilisé au sein de pluesieurs corporations organise
chaque samedi, ses militants et sympathisants, dans les rues de Lomé, pour protester contre les résultats des dits élections et
pour dénoncer un certain nombre de forfaits politiques et démocratiques.
76
vidéo ou texte, etc. Tout autant, que dans l’espace public traditionnel, la
mobilisation en ligne, se fait en même temps, mais la panacée avec les médias
sociaux est que le débat se poursuit après les activités.
En termes de statistiques, l’ANC se présente ainsi :
- Facebook (page officiel) : 108 abonnés, 10 partages ;
- Twitter (page officiel) : 444 followers, 8 following, 1,102 tweets13.
- You tube : Le parti ne dispose pas de chaine télé sur youtube, mais les
comptes togovi, togovision, et autres bloggeurs, journalistes « affiliés » etc.,
comblent par leurs post vidéo sur youtube, ce vide.
Depuis, juin 2012, le compte facebook du parti, n’a plus généré de posts, le parti
travaille davantage à son compte twitter et son site web. La mobilisation en ligne
sur facebook se fait à travers le compte du responsable à la communication du
parti.
Le Président du parti, dispose d’un compte officiel sur facebook et d’autres
comptes, crées en son nom. Son compte twitter qu’il avait depuis 2010, avec son
ancien parti UFC, demeure le seul qu’il a et n’a plus été actualisé depuis, mai
2010. Les autres membres du bureau, ont également des comptes sur les réseaux
sociaux, mais uniquement sur facebook. Le verbatim en accueil sur la page
facebook, du président du parti ANC se présente ainsi :
« Mon ambition est de Réaliser les aspirations profondes du Peuple
Togolais, cristallisées Autour d'une quête permanente de solidarité et
de justice, de démocratie et de liberté, de développement économique
et progrès de social" Jean-Pierre
Activités : PRESIDENT DE L'ANC Député à l'Assemblée nationale
Musique préférée : Musiq Africaine, Jazz, Blues, Musique classique »
13
- Followers : vos abonnés (personne ou compte qui suivent ou sont vos activités sur twitter) ; following : vos
abonnements, (vos centres d’intérêts, ou comptes twitter dont vous suivez les informations) ; tweets : vos post ou vos écrits.
77
L’Union pour la République (UNIR) 14 : Dernier né des partis parlementaires,
le parti de la mouvance présidentielle actuelle, a une faible utilisation du web
2.0. Il ne dispose ni de site web officiel, ni de compte twitter, mais est très actif
sur facebook : un compte officiel (www.facebook/unir/page) une page facebook
tv, et des pages facebook de démembrements de la diaspora (unir isere-
grenoble ; unir suisse ; unir Allemagne…) et des communautés de pages crées
(unir amessiame togo...). La page facebook officiel, renvoie un lien avec le site
officiel de la présidence et reprend les articles des sites officiels du
gouvernement. Le parti a tenté d’organiser un congrès virtuel (le 27 avril) qui
n’a pas généré de post. En termes de statistiques, UNIR se présente ainsi : page
tv (1426 j’aime, 2 partages) ; page officiel : 2622, j’aime, 14 partage.
Mot d’accueil : « Bienvenu sur la page de UNIR. Ensemble, main dans la main,
bâtissons notre pays cher à nos cœurs. ».
Le Président du parti, (président actuel de la république) dispose de comptes en
tant que politicien, mais aussi comme Président de la République. Seuls deux
autres hauts responsables du parti ont des comptes facebook, mais pas en tant
que politicien.
L’Union des Forces du Changement (UFC): le site web, du parti est très
développé et très fréquemment actualisées: web radio, vidéo en streaming,
bulletin d’information, dépêche, lien vers des sites du Togo et d’ailleurs…Mais
il n’y a pas de lien vers des réseaux sociaux. Le compte facebook du parti a été
généré automatiquement par facebook, de par l’intérêt des internautes, mais n’a
pas été depuis lors crée. Le Président du parti dispose d’un compte officiel
facebook et de plusieurs autres en son nom. Le compte twitter @GilOlympio
n’a plus été actualisé depuis avril 2010 ; son profil se présente ainsi :
« Politicien Togolais, Président de l'Union des Forces pour le
Changement (UFC), opposant historique au régime dictatorial du
Président Gnassingbé. Lomé, TOGO · gilolympio.com »
14
_ UNIR a été crée le 14 avril 2012 à Atakpamé par Faure Essozimna Gnassingbe, après dissolution du Rassemblemnt du
Peuple Togolais (RPT) dont il était le président en exercice, le même jour.
78
Le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) : est quasi inexistant sur les
réseaux sociaux. Pas de site web, de compte twitter officiel, ni pour le parti et les
responsables du parti. Le compte facebook du parti compte quinze(15) j’aime et
n’est pas été actualisé depuis 2011.
79
« nom » sur les réseaux sociaux. Le compte twitter@psr_togo détient 278
followers, 15 followings et 220 tweets. Texte d’accueil se présente ainsi :
Les femmes politiques ont très faiblement présentes ; sur les six (6) présentes
sur la toile, seule une (1) d’entre elles, est très active sur les médias sociaux en
l’occurrence twitter. Elle ne participe pas au débat politique (ne génère pas des
posts politiques ou contribue) mais est abonnée à toutes les pages et comptes de
son bord politique et des bords opposés.
80
I.2 – Parlement et gouvernement
15
- Pour exemple, des incendies qui ont ravagé les grands centres commerciaux du pays, le président de la
république a twitté sa compassion à ses 512 followers, au lieu de faire un communiqué ou un message de
compassion par les médias traditionnels.
81
La ville de Lomé dispose quant à elle d’un compte facebook et d’un site web et
plusieurs comptes privés affiliés (ici Lomé, Lomévi, …). Les premiers
responsables de la ville ou de la préfecture du Golfe n’existent pas sur les
réseaux sociaux.
Il faut signaler près d’une dizaine de médias en ligne, qui sont principalement
tournés vers l’information tous azimuts, mais et surtout vers le débat politique :
icilomé, savoirnews, togocity, liberté, avenue 228, (…)
82
« J’écris sur ce blog mes états d’âme sur ce qui se passe au Togo et en
Afrique en général, sans autre ambition que de dénoncer la forfaiture
et d’encourager l’excellence, le tout dans l’affection (…) pour ce petit
pays riche de ses hommes et de la variété de son paysage. »
Grâce à youtube, un support vidéo accompagne les post, mais là encore avec une
forte présence de l’opposition. On peut citer entre autres bloggeurs sur youtube :
le Togovi, Togovision, Togovox, MarcusDG100, raoulgbédji, (…) ; sur
facebook : rumeurs du Togo, avenue 228, rue 228 (…) ; ou sur twitter:
@philoticus, @togocouleurs,@africainlive, @Togo que faire, @radiogameli
(...).
Il est à signaler une notable présence féminine parmi les journalistes mais elles
sont faiblement actives. L’analyse de la blogosphère révèle une forte
prépondérance politique.
83
A part les associations et regroupements politiques, la majorité des associations
de la société civile sont timides à utiliser les réseaux sociaux. Toutefois, on peut
citer amesty togo, qui mobilise sur facebook.
Les citoyens se servent des médias sociaux pour communiquer entre eux (se
faire des amis, partager des intérêts, photos, vidéo). Certes au Togo, on est loin
des groupes comme « They work for you » au Royaume-Uni qui permet aux
internautes de se tenir au courant des discours et travaux des décideurs et de leur
demander des comptes ; mais une avancée notable a été engagée, depuis en
termes de communauté politique en ligne. Qu’ils soient fermés ou ouverts, ces
groupes, majoritairement de facebook, servent à discuter politique. Souvent c’est
le ou les initiateurs du groupe ou de la page qui alimentent le débat avec des
sujets d’actualité d’ici ou d’ailleurs. Parmi les groupes à connotation politique,
on peut citer : fan gilbert bawara ; kabyè révolté ; diaspora togolaise pour
l’alternance avec jean pierre fabre ; convergence faure ; f.a.u.r.e doit partir ;
étiamé, élections transparentes au Togo, comment faire pour y parvenir ; ceux
qui disent non à l’ombre….
Les communautés créées sont parfois ponctuelles (boycott de la chanteuse aicha
koné) ou pérennes. Dans certains cas, les groupes n’ont pas d’objectifs
politiques premiers, mais faute d’administration, ils se font "infiltrer " par des
membres politiquement engagés et par surcroit très actifs. C’est le cas entre
autres de la page facebook « plumes fraiches », communauté d’information et de
posts culturels d’écrivains et de poètes mais devenue une tribune de groupes
politiques.
84
Certains politiques togolaises semblent ignorer les médias sociaux, par contre
d’autres regroupements politiques préfèrent les utilisent du fait qu’ils sont une
arène médiatique, moins chère plus libre, plus rapide et directe pour toucher
l’électorat. De véritables joutes s’organisent parfois sur certains forums; comme
si chaque camp est à l’affût des posts de l’autre bord pour y répondre. Un
internaute disait à cet effet à la suite d’un échange de commentaires facebook :
« Tout acte de violence est condamnable Je vous invite à être plus objectif et impartial dans
vos prises de positions »
« Hier, j'ai publié deux actualités sur cette page, qui ont généré
environ 15 000 lectures, sans compter les reprises de cette actualité
dans des médias plus traditionnels. A l'échelle d'internet togolais, c'est
énorme, et confirme ce que nous savions déjà, les médias sociaux
démocratisent l'accès au public. Plusieurs analystes pensent
réellement que les médias sociaux ont réellement joué à l'élections de
Barack Obama pour son premier mandat. Malheureusement au Togo,
nous les leaders nous n'en utilisons pas encore efficacement ces voies
de dérivation. Merci à vous, qui avez partagé, commenté et aimé ces
actualités, qui concernent ce que nous avons de plus précieux: la
dignité ».
85
Ce serai simple et intéressant si on pouvait avoir vos formulaires
d'adhésions en ligne sur le net.
j souhaite devenir un membre actif du parti
je souhaite êtres un membre actif dans le parti;si vous avez besoin de
moi;contacter moi:
pourriez vous nous donner les modalités d'adhésion s'il vous plait.
quel son les condition pour etre menbre
j'aimerais savoir vs possèdez des cellules dans les quartiers afin que les
puissent s'inscrire ?
A chaque post, l’on peut être amené à discuter politique. Ainsi, dans l’exemple
de X qui posta une photo de formation des agents de protection des eaux et
forets ; voici le débat qui s’en suivi :
A : eh! c'est Djindjawid ou quoi?
B : Tu serais très utile au Mali
C : je ne te souhaite pas cette guerre unitile! le terrosisme ne se
combat pas comme xa! un énémi presqu'invisible, idéologiquement
bien batis! viable dans le temps et très mobile dans l'espace! je t'aime
trop pour te souhaité cela! les mm erreur qu'en afganistan et irak!!!
D : C'est ki cet abogo sodja?lol
B : mais si nous ne le faisons pas qui le fera, vous croyez qu’en restant
indifférents les gens là ne vont pas venir chez nous ? C’est typiquement
togolais, alors qu’on est tous dans la même merde !
86
Ces échanges illustrent à quel point à chaque détour de conversation la politique
s’infiltre dans le débat : en quelques lignes, on vient de parler de la guerre au
Mali, de la guerre en Irak, mais aussi des ablodésodja (les soldats de
l’indépendance, qui semblait-il, semaient la terreur); une permanente perfusion
à la politique. Ce dernier y répond ou prend peur et se met à l’écart. Une
internaute répondant à son « ami facebook » Matthieu Ciscoskwy à propos de
ses publications de « peuples observateurs16 » « Arrete 2 ma envoye si dèsoleè je
ne ve plu. Ok »
Il est difficile de tirer des conclusions d’une politisation à partir de l’analyse des
écrans de pages, car la socialisation est un processus pluriel et linéaire et la
détermination des causalités ne peuvent se faire à partir des informations
collectés sur la page d’un internaute sans les relier à un certain nombre
d’informations, pas souvent disponibles sur les comptes comme le niveau
d’instruction, le contexte d’études, le réseau familial, … Quelques données
collectées sur des écrans de pages peuvent à priori traduire une modification des
opinions :
Felicitation a Faure. Pour la premiere fois je vous apprecie. J'espere que cela ira
jusqu'au bout et atteindre d'autres caciques qui font la honte du Togo et qui
empechent le pays d'avancer vers le developpement.
personne n'est au-dessus de la loi, pourquoi Bodjona doit y etre?
Les biens ke vs fait a la pop é a nos victimes maman je vs donne ma voie !
J ve etr membr actif mai j su a Accra
16
_ www.peuplesobservateurs.com Blog, engagé auprès de l’opposition togolaise, qualifié par certains
d’extrémiste qui « infiltre les groupes » et les communautés pour diffuser des post anti-pouvoir :
17
_ Faure Gnassingbe, président actuel du Togo (2005-2010 ; 2010- à nos jours)
87
II – DISCUSSIONS ET LIMITES DE L’ETUDE
Ainsi, cette étude sur l’analyse de la participation politique à travers les médias
sociaux, a permis de comprendre que ce médium, par la publicisation des
convictions individuelles ou d’organisations politiques, devient pas à pas une
arène politique et revitalise le débat public togolais. Empiriquement, l’analyse
causale du phénomène de politisation à travers les réseaux sociaux à Lomé, n’a
pas pu être mise en exergue, même si de nombreuses études l’ont relevé sous
d’autres cieux. Les constructions identitaires politiques à travers les médias
sociaux ne sont pas en soi, immédiatement apparentes aux yeux des internautes ;
elles sont simplement vécues ou adoptés par les internautes. Pour ceux qui sont
déjà engagés ou intéressés à la politique dans la vie active, les réseaux sociaux
constituent un moyen de plus d’atteindre un auditoire ou s’affirmer. Les
politiciens togolais, dans un souci de transparence et de rapprochement, se sont
mis aux réseaux sociaux pour mobiliser, convaincre les électeurs. Ils, croient et
estiment, que cette perfusion par réseautage est une aubaine de politisation
électorale. Mais devenu un champ politique, il importe de ne pas laisser
l’adversaire politique gagner du terrain. Parfois sur des pages, des liens vers des
sites des blogs où des pages entières sont consacrées au dénigrement de tel
acteur politique …
88
sociaux constituent des espaces publics et suscitent un engouement auprès de la
population internaute, majoritairement les jeunes. C’est ce que, Pasek et al.
(2009, cité par Wojcik, op.cit), affirme : « que les jeunes tirent davantage profit
que les autres catégories de la population des informations politiques recueillies
à travers la fréquentation de certains réseaux sociaux (Facebook plutôt que
MySpace), laquelle apparaît corrélée à un engagement civique plus fort que chez
les non utilisateurs ».
L’activisme sur les médias sociaux ne garantit pas forcément une adhésion
forte : en exemple, l’ANC dont le nombre d’abonnés au compte officiel
facebook est très faible (moins d’un millier) alors que facebook- UNIR crée mi
2012 récolte près de trois mille (3000) abonnés. Trois thèses peuvent être
présentés : la réglementation des télécommunications ou la crainte de
l’encardisation prévient, les internautes à afficher leur intérêt politique ; les
internautes ne s’intéressent que très peu à la politique ; le débat politique sur les
réseaux sociaux n’intéressent que peu les internautes togolais ; les profils
n’utilisant pas de pseudo hésitent à s’afficher dans l’espace public car, facebook
étant un cadre de socialité, la révélation des connotations politiques pouvant
crisper les relations, beaucoup d’internautes s’abstiennent.
Il est à noter que les partis essaient d’ouvrir des débats par des questions de
sociétés : « Qu’aimeriez-vous changer dans votre quartier et les mesures à
prendre ? » pour l’ANC ou pour l’UNIR : « que ferez-vous si vous étiez
président de la république ? ». Ces questions ne génèrent quasiment pas de
débat et les post sur les pages facebook sont majoritairement laudatifs du genre :
89
Dans un contexte où le choix politique est dichotomique, ce parti a réussi à
imposer son statut de libre penseur sur l’échiquier politique sans que l’on affile à
un camp.
L’utilisation tatillonne ainsi que le fait que des politiciens se retrouvent avec
plusieurs comptes rarement administrés et piratés (comptes pléthoriques,
comptes avec des publications pornographiques ou avec des posts
d’autodénigrement), s’explique par le fait que le web.2.0 demeure une
nouveauté et un luxe à Lomé qu’une seule frange de la population maitrise..
Les réseaux sociaux n’occupent pas encore une place aussi prépondérante dans
la politique togolaise, mais on a beaucoup progressé depuis 2010 dans
l’utilisation d’outils web et du média enrichi. Les réseaux sociaux sont utilisés
plus pour paraitre, informer mais aussi dans de rares cas pour véritablement
communiquer et mobiliser. Il y a une différence fondamentale entre les cas de
réussite (USA, Canada..) et l’utilisation et l’appropriation des médias sociaux en
politique au Togo. Ceci se situe par rapports aux objectifs poursuivis : alors que
majoritairement on se sert des réseaux sociaux pour fédérer en politique ( 35000
groupes de volontaires pro-Obama ont été crées dans sa campagne de 2008), les
Togolais eux utilisent les réseaux sociaux plus pour dénigrer la politique de
l’autre bord. Pour Pierre Rosanvallon (2006), ce n’est plus une dichotomie
démocratie électronique, démocratie représentative, mais une« contre-
démocratie », où les citoyens prennent véritablement les rênes.
90
civique les prévient de s’impliquer en nombre. Pour preuve, le twitter, Blaise
Compaoré, 2883 alors que celui de Faure Gnassingbé peine aux mille abonnés.
De plus, en ces temps de crise, les politiques sont les premières victimes de la
protestation ambiante. Et les médias sociaux, de par leurs aspects viraux, sont
des médias choyés pour exprimer son mécontentement (l’autre média, 2012).
Certes l’analyse pourrait être approfondie pour déterminer si les réseaux sociaux
détrônent dans la société Loméenne, les cadres de participation traditionnelles?
Ou plus encore, les échanges par médias sociaux respectent ils l’éthique de la
discussion devant permettre une juste délibération ou l’agir communicationnel,
ou favorise t-il un agir instrumental ? En fragmentant davantage, l’espace public
togolais, les médias sociaux concourent ils à la démocratisation ?
91
à davantage de profanes. Bien que toute interaction discursive ait des limites
structurelles et contextuelles, les caractéristiques discursives des médias sociaux
permettent de discuter continuellement de questions politiques.
92
En prenant appui sur les travaux antérieurs et par une méthodologie rigoureuse,
cette étude sur l’analyse la participation politique à travers les médias sociaux a
permis d’évaluer l’appropriation politique des médias sociaux au Togo, mais
plus encore les dynamiques de socialisation qu’ils génèrent. Ce qui a permis de
tracer quelques pistes de réflexion autour de l’e-politisation ; mais il apparait
que la plupart, ne sont que des ébauches et l’on ne peut affirmer d’avoir épuisé
ne serait ce qu’une infime partie de la problématique. La politisation par les
médias sociaux constitue ainsi une entrée euristique pour étendre la
connaissance des processus de socialisation politique et des liens entre
socialisations primaires et médiatiques, et plus encore.
93
CONCLUSION
Il existe entre les médias et la politique un rapport étroit. Il n'y a pas de vie
politique sans opinion publique et pas d'opinion publique sans communication.
Pendant longtemps, le rapport entre homme politique et citoyens se sont résumés
à des rencontres, discussions, et meetings… dans un schéma vertical.
Aujourd'hui, il s'agit d’aller au-delà, d’atteindre des cibles « apolitiques » telles
que les jeunes ou les personnes intellectuelles avec une esthétique efficace, une
interaction permanente. Les révolutions arabes, les Indignés espagnols, la
campagne Obama for america ou de GoodLuck Jonathan, sont illustratifs de
cette mobilisation politique à travers les médias sociaux.
Tous ces mouvements ont su amplifier leurs revendications, diffuser leurs
messages et au final grossir puis se structurer, grâce aux réseaux sociaux, en
particulier Facebook et Twitter. C’est dire que les réseaux sociaux permettent à
chaque individu - autrefois trop isolé ou exclu - de connaitre les idées et
opinions multiples existantes mais aussi de « reconnaître » ceux qui partagent
les mêmes idées que lui. La connexion entre ces liens invisibles est spontanée,
instantanée et multiple. Des groupes politiques se forment sur Facebook et
relaient leurs messages sur Twitter ; des hommes politiques s’emparent des
chaines interactives youtube, mais aussi facebook, twitter, la course au fast–
journalisme est lancée entre les journalistes et les bloggeurs, les cyber-partis
volent le débat aux partis traditionnels ; des réseaux sociaux font partie
désormais des agendas des politiques et de leurs communicants. Si cette
dynamique politique sur les médias sociaux a suscité des intérêts scientifiques
sous d’autres cieux (Québec, Londres, France), le terrain était encore non
exploré en Afrique et plus particulièrement au Togo.
94
Il était donc question d’analyser dans cette recherche : « l’appropriation
politique des médias sociaux et ses effets sur la participation politique des
Loméens ». Notre analyse était structurée autour des médias sociaux comme
schème structural et causal de la participation politique, voire de la construction
identitaire politique chez les internautes à Lomé. Pour y arriver, nous sommes
partis de l’hypothèse que : les médias sociaux sont un nouvel espace
d’interaction et de mobilisation politique des Loméens ». Cette hypothèse se
base sur l’analyse de Serge Proulx :
« L’un des rôles les plus importants confié aux médias est celui de relais de
l'action politique. Les médias informent les citoyens des différentes options
politiques, ils véhiculent les valeurs, les référents, les programmes que le
personnel politique cherche à promouvoir. Ils tissent des liens entre une
population et un gouvernement afin d'entretenir la croyance en une
association des citoyens aux décisions collectives, ils participent grandement
à la construction et à la diffusion de normes individuelles et collectives. »
Serge Proulx, & al (2005)
Au terme de la recherche, il ressort que les réseaux sociaux font partie des outils
usuels de sociabilité dans le quotidien de bien d’internautes loméens ; il revêt
pour les acteurs politiques, une fonction supplémentaire : un champ politique à
investir. Journalistes, hommes politiques, institutions politiques, s’approprient
les arènes de débat du web 2.0.
95
réflexion, la diversité des commentaires permet son approfondissement.
Aujourd'hui plus qu'hier, les moyens d'information ont un impact sur les esprits.
96
BIBLIOGRAPHIE
97
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3. http://www.facebook.com/pages/
4. http://www.twitter.com#togo
100
ANNEXE
101
ANNEXE : Carte de l’agglomération loméenne
Grand
Lomé
Limites de la ville
102
Table des matières
DEDICACE _____________________________________________________________________ 2
REMERCIEMENTS ______________________________________________________________ 3
LISTE DES ACRONYMES ________________________________________________________ 4
SOMMAIRE ____________________________________________________________________ 5
INTRODUCTION ________________________________________________________________ 6
PREMIERE PARTIE _________________________________________________________ 11
CADRES THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE LA RECHERCHE, METHODOLOGIE ET CHAMP
D’ETUDE _______________________________________________________________________ 11