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vol. 7, n° 1 | 2005
Nouvelles formes de la démocratie
Malaise dans la représentation
Résumés
Français English
La réflexion sur les nouvelles formes de démocratie passe par l’analyse critique de l’état
de la participation citoyenne et du pouvoir citoyen, ainsi que par l’évaluation de la place
réelle qu’y occupent les représentants du peuple à qui les citoyens délèguent leur pouvoir
de définition et d’organisation du bien commun. L’auteur examine ainsi entre autres le
déclin du pouvoir des représentants du peuple et évalue le caractère démocratique des
différents modes de scrutin. Il conclut en reconnaissant qu’en regard des principes
démocratiques, les systèmes politiques, les institutions, les méthodes de participation
citoyenne ne sont pas tous d’égale valeur et qu’il faudra beaucoup de courage et de
volonté pour sortir du paradigme toxique de la démocratie de confrontation et entrer
dans l’ère de la démocratie du dialogue et de l’éthique.
In this article, the author states that reflection on new forms of democracy is, first of all,
an exercise in critical analysis of the state of citizen participation and citizen power, and
an evaluation of the real role played in this situation by the representatives of the people,
to whom citizens presently delegate their power of definition and organization of the
common good. To articulate his thesis, the author discusses such issues as the decline of
the power of the peoples’ representatives and he evaluates the democratic character of
different electoral systems. He concludes by recognizing that with regard to democratic
principles, not all political systems, institutions and methods of citizen participation are of
equal value and that courage and will have to be demonstrated if citizens are to exit the
toxic paradigm of competitive and confrontational democracy and enter the era of
democracy of dialogue and ethics.
Texte intégral
La démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple.
Abraham Lincoln
1 La démocratie, au sens étymologique du mot, désigne le gouvernement par le
peuple. Une réflexion sur ses nouvelles formes passe naturellement par l’examen
de la place des citoyens dans l’organisation et la direction des affaires publiques.
Elle passe également par l’étude de la persistance de l’oligarchie et de l’autocratie
dans nos sociétés, puisque l’idéal démocratique est né du rejet de la loi du plus
fort et de la hiérarchie sociale au profit des principes d’égalité et de liberté. Dans
ce texte, j’aborderai surtout l’état de la participation citoyenne dans la
démocratie contemporaine.
2 Mesurer la participation citoyenne implique de jeter un regard attentif sur
divers aspects de la vie politique comme le taux de participation aux processus
électoraux, le niveau de l’engagement social et de l’action militante, l’efficacité
des différentes méthodes de participation publique, la compétence civique ainsi
que le niveau de l’éthique sociale des citoyens. On doit également considérer
l’influence qu’exercent les principaux acteurs de la scène publique que sont les
politiciens et les médias puis se demander si l’espace décisionnel accordé aux
citoyens est suffisant ou s’il n’y a pas lieu de l’élargir et de l’augmenter de façon
significative. Enfin, il importe de jeter un regard attentif aux nouvelles formes de
participation citoyenne élaborées et expérimentées depuis un certain nombre
d’années déjà.
3 Il n’est pas sans intérêt de rappeler au préalable qu’être citoyen signifie
justement posséder le droit, sinon le privilège de participer librement à la vie de
la communauté politique à laquelle on appartient. Cette participation se fait
d’abord par la discussion avec les autres membres de la collectivité pour
déterminer les paramètres du bien commun parce que le dialogue fondé sur la
tolérance, le respect et l’empathie permet de concilier davantage les intérêts
individuels et l’intérêt général dans l’esprit d’une coexistence harmonieuse et
pacifique. Incidemment, plusieurs études contemporaines ont démontré que la
participation des citoyens dans l’élaboration des solutions aux problèmes de leur
communauté comporte d’énormes avantages. Cela permet d’éveiller les
consciences et de développer la compétence civique en faisant reculer les
frontières de l’ignorance. Cela favorise également l’esprit communautaire lequel
exige confiance, coopération et compromis entre les individus. Cela améliore
enfin la prise de décision, la rendant plus juste, plus rationnelle, plus adéquate,
plus acceptable et mieux acceptée. À cet égard, il est intéressant de noter que les
plus récentes recherches en politiques publiques sur l’architecture sociale
révèlent que, appelés à définir le bien-être au vingt et unième siècle, les citoyens
eux-mêmes soulignent l’importance de développer des occasions significatives
d’engagement et de participation civiques. Dans son récent Plan de
développement durable pour une meilleure qualité de vie, le gouvernement du
Québec s’y réfère d’ailleurs lorsqu’il affirme que l’un des grands principes
structurants sur lesquels il veut fonder sa démarche est « la participation des
citoyens et l’engagement des différents groupes de la société » !
Le décrochage citoyen
8 Quand on regarde aujourd’hui l’état de cette démocratie avec le peuple, on
note le clignotement incessant d’un immense signal d’alarme qui indique un
niveau inquiétant de désintérêt d’un nombre considérable de citoyens. Le taux de
participation aux différents processus électoraux est un peu partout à la baisse
et, dans le cas de certaines juridictions, carrément inacceptable. Le niveau de
militantisme politique et d’action civique est également loin d’être vraiment à la
hausse même si on note un engagement plus grand que jamais dans les
organisations de la société civile, en particulier dans le milieu communautaire au
sein duquel s’affirme solidement le bénévolat de service. Partout en Occident, les
partis politiques ont vu raccourcir leurs listes de membres. Même les groupes
militants souffrent de désertion dans leurs instances délibératives et ils
deviennent beaucoup l’affaire de leurs permanents. L’expérience révèle que ce
sont souvent les mêmes personnes qui s’impliquent dans la communauté, qui
s’engagent socialement et qui se prévalent des mécanismes de participation
civique. Le débat public et le militantisme sont encore l’affaire d’une minorité. Il
y a évidemment des exceptions : elles surviennent lors de moments forts,
empreints d’une grande charge émotive ou symbolique, ou quand sont en cause
les intérêts sensibles des gens. Ainsi, de temps à autre, l’indignation, la colère, le
ras-le-bol provoquent un fort désir de changement ou, à l’inverse, une forte
résistance qui s’exprime par de grandes mobilisations et un militantisme
temporaire effervescent. Mais, à part ces moments magiques, la mobilisation
générale, celle de la majorité silencieuse, est rarissime. Entre les sursauts de
conscience et d’engagement, on assiste à de grandes périodes d’apathie et de
désintérêt durant lesquelles la solidarité citoyenne est absente. Évidemment, la
complexité de la vie moderne fait surgir une multitude de tensions et de
problèmes de telle sorte que les bonnes causes sont innombrables. Il est donc
impossible de s’investir pour tout et dans tout, surtout que, avec l’augmentation
du nombre de personnes insérées dans les activités de l’économie de marché et
l’éclatement d’une grande proportion des familles, beaucoup de gens ont moins
de temps et d’énergie pour militer au sein des diverses associations bénévoles et
pour faire entendre leur voix.
La crise de la représentation
17 Une autre raison importante du décrochage citoyen est sans contredit la crise
de confiance qui mine la relation du peuple avec ses élus, ce que plusieurs
appellent aujourd’hui la crise de la représentation. Depuis un bon moment déjà,
on observe un écart croissant entre représentants et représentés, entre élus et
citoyens. On voit et on entend très bien la population exprimer sa méfiance, son
hostilité même, envers les membres de la classe politique, sinon envers la
fonction politique et les institutions elles-mêmes, ce qui est encore plus grave. Un
peu partout dans le monde démocratique, les sondages d’opinion témoignent
régulièrement du peu d’estime, du désabusement et du cynisme des citoyens
envers les politiciens. À bien des égards, leur crédibilité est quasi nulle.
Pourquoi ?
18 Déjà nous avons mis en évidence les frustrations engendrées par les illusions
brisées de la participation publique ainsi que par les réponses qui, très souvent,
ne sont pas à la hauteur des attentes. Une autre composante de la colère
citoyenne concerne celle-là la réaction aux manquements éthiques des membres
de la classe politique. Même si cette question a toujours été présente dans la vie
politique des sociétés, elle prend une importance plus grande aujourd’hui à cause
de l’instruction et de l’éducation qui ont porté à un niveau peut-être inégalé dans
l’histoire l’exigence d’une haute moralité de la part des dirigeants des
démocraties.
19 Les sondages indiquent qu’on voit toujours les élus comme des politicards
surtout intéressés à servir leurs intérêts personnels et à se remplir les poches,
puis à servir les intérêts des gens riches et puissants. Seule une petite minorité
serait là pour aider la population. Ce jugement sévère peut paraître étonnant, et
surtout très injuste, quand on constate les progrès considérables accomplis dans
plusieurs sociétés, dont le Québec, pour éliminer la corruption, la fraude
électorale, le népotisme et le favoritisme. Malgré tout, le grand ménage est loin
d’avoir été fait partout. Même dans les collectivités dites plus propres, on assiste
encore trop souvent à des affaires choquantes, comme c’est le cas actuellement
au Canada avec le fameux scandale des commandites. La mise au jour de telles
magouilles étant plus fréquente que par le passé et la couverture médiatique leur
donnant une résonance plus percutante que jamais, il n’est pas étonnant que
beaucoup continuent de généraliser et de penser que les « politiciens sont tous
des pourris » et que « plus ça change, plus c’est pareil ».
20 Si l’honnêteté est primordiale quand il s’agit d’administrer les affaires
publiques et d’agir dans le respect de l’égalité de tous, la question de l’intégrité de
la parole politique est aussi fondamentale dans le maintien du lien de confiance
entre représentants et représentés. Dans une démocratie, les mandataires ont
non seulement l’obligation de ne pas voler ou escroquer leurs mandants, ils ont
également le devoir de leur dire la vérité, d’être francs et transparents, de donner
l’heure juste et de rendre compte correctement de l’usage des pouvoirs délégués.
Ainsi, les citoyens détestent être bernés ou ridiculisés par la langue de bois, les
demi-vérités, les exagérations outrancières, les faux-fuyants, les promesses
remises ou rompues, voire les mensonges effrontés, les tergiversations pour
éviter de rendre des comptes jusqu’au refus arrogant de répondre aux questions
d’intérêt public. Or, de nombreux élus sinon presque tous ont déjà eu recours à
l’un ou l’autre de ces stratagèmes, soit pour protéger leur image publique et ainsi
survivre politiquement, soit pour être plus efficaces dans la poursuite de leurs
objectifs. Néanmoins, tous ne sont pas dépourvus d’éthique ni ne sont des
menteurs chroniques. La majorité préfèrent la franchise. Malheureusement, cette
qualité est loin d’être toujours valorisée par les citoyens eux-mêmes, qui refusent
souvent d’être confrontés à des réalités désagréables et à des perspectives
douloureuses inévitables, préférant à cela croire à des chimères.
21 D’autre part, les citoyens veulent aussi être respectés et écoutés avec
considération, ce qui nous ramène aux limites de la participation publique déjà
évoquées. À ce propos, il y a lieu de déplorer le peu d’égard accordé à l’exercice
du droit fondamental de pétitionner. Au Québec, tous les ans, des centaines de
pétitions sont déposées par les députés à l’Assemblée nationale dans
l’indifférence générale et aucune ne reçoit une réponse du gouvernement ou du
Parlement. Cet affront aux citoyens s’ajoute aux dérives parlementaires causées
par la partisanerie excessive qui empêche de reconnaître ce qu’il y a de bon chez
l’autre et même de collaborer avec lui. Trop souvent les élus font passer l’intérêt
partisan avant l’intérêt général des citoyens et ces derniers détestent cela à juste
titre. C’est ce que d’aucuns appellent la « particratie », l’emprise des partis et de
leurs suppôts sur les élus du peuple. À bien des égards, on peut sans doute se
demander si les partis politiques, émanation de la liberté d’association, ne sont
pas incompatibles avec la démocratie, qui exige, rappelons-le à nouveau,
ouverture à l’autre, coopération et compromis entre les individus et les groupes
de la cité. Comme l’a souligné l’éthicien Henri Lamoureux, « le béton idéologique
est bien souvent un des principaux ennemis de la vie démocratique5».
22 Bien que l’on puisse penser que la particratie ou tout au moins le système
traditionnel des partis soit un mal nécessaire avec lequel les démocraties doivent
apprendre à vivre tout en essayant de réduire au minimum ses effets toxiques, il
n’en demeure pas moins que les partis politiques ne sont pas très populaires
auprès de l’opinion publique même si celle-ci vit aussi, de temps à autre, de
grosses fièvres partisanes. Partout, les citoyens ont l’impression d’être bernés
sinon ignorés par les partis. Ils les perçoivent davantage préoccupés par la
conquête et la conservation du pouvoir que par la prise en compte de leurs
besoins et désirs. Et le drame, c’est qu’ils ont souvent raison. Certes, ce jugement
ne rend pas justice à la contribution positive au fil du temps de plusieurs partis
politiques dans maintes sociétés. Il n’en reste pas moins que ces derniers n’ont
pas bonne presse et que cela n’aide en rien à rehausser l’estime des citoyens
envers leurs représentants politiques et à les inciter à les épauler. « En rendant
l’homme semblable à la bête, la partisanerie a un effet inhibiteur sur
l’intelligence, la personnalité, le savoir, le jugement, l’analyse rigoureuse et la
perception du réel […]. Elle provoque une canalisation des bons et mauvais
sentiments […] pour tel ou tel camp exacerbant ainsi les malaises collectifs et
attisant les haines et les solidarités superficielles6.»
23 Outre le rejet que suscitent les excès de partisanerie, il y a également
l’indignation que provoquent les abus de pouvoir, en particulier quand ceux-ci se
traduisent par l’imposition forcée de décisions qui sont rejetées vigoureusement
par un très grand nombre sinon souvent par la majorité. Pour les citoyens, il
s’agit alors là de dénis de démocratie où leurs mandataires se transforment en
monarques autocratiques cherchant à tout prix à les dominer. Sont ainsi
ramenées à la mémoire les périodes sombres du passé qui ont tant terni la
É
réputation des dirigeants politiques. Évidemment, les valeurs démocratiques sont
heurtées de plein fouet quand les élus se montrent incapables d’être de véritables
leaders, c’est-à-dire à la fois des guides rassembleurs et des inspirateurs. À ce
propos, il est renversant de constater la fermeture de la majorité des membres de
la classe politique, élus autant que collaborateurs, face au savoir récent aussi
bien qu’ancestral sur le leadership et l’exercice judicieux de l’autorité. Trop
d’élus et de dirigeants politiques agissent en ignorants prétentieux qui,
convaincus de leur sagesse et de leur bon droit, nourrissent leurs penchants
narcissiques à coups d’abus de pouvoir.
24 Outre les problèmes d’éthique politicienne, la crise de la représentation
s’explique également par le fait que les citoyens sont de plus en plus conscients
de la perte de pouvoir et d’importance qui affecte leurs élus. L’augmentation
considérable de l’influence des grands barons de l’économie de marché et des
patrons des grosses organisations syndicales, institutionnelles et associatives,
qualifiés de « nouvelle élite de la représentation sociale », a amené de plus en
plus de gens à croire que leurs politiciens sont incapables d’obliger ces dirigeants
corporatistes à considérer l’intérêt supérieur de la population. Certes, ces
pouvoirs privés, à but lucratif ou non, n’ont pas à tenir compte de la même façon
de l’opinion publique. Leurs processus décisionnels s’articulent d’abord et avant
tout autour de l’intérêt et de la volonté de leurs membres ou actionnaires même
s’ils prétendent souvent parler au nom du peuple. Pour les simples citoyens, les
arbitrages que leurs représentants doivent faire sont dictés non pas par le bien
commun, mais par les rapports de forces entre les grands groupes d’intérêts
socioéconomiques ainsi que par les liens privilégiés que ceux-ci entretiennent
avec les dirigeants politiques. Naturellement, cette perception de la réalité, au
demeurant loin d’être toujours fausse, ne peut certainement pas inspirer la
confiance des citoyens envers la classe politique. Comme le disait un jour mon
ancien homologue français Philippe Séguin, ex-président de l’Assemblée
nationale, « il n’est donc pas surprenant que les citoyens et les groupes utilisent
de plus en plus impunément tous les moyens imaginables – sauf les procédures
parlementaires, jugées inutiles – pour en arriver à leurs fins7».
25 Ajoutons que, dans l’esprit de beaucoup de gens, une vieille ambiguïté persiste
toujours à propos du rôle véritable des représentants politiques : ceux-ci sont-ils
d’abord et avant tout liés à leurs électeurs par l’obligation de prendre toutes leurs
décisions en conformité avec les désirs et les opinions de ces derniers ou, au
contraire, sont-ils libres de voter selon ce qu’ils estiment être la meilleure
décision pour l’intérêt général ? Selon le premier point de vue, il est évident que
les parlementaires trahissent souvent le peuple en ne respectant pas toutes ses
préférences, cette défection amenant une grande frustration envers les élus.
Quant à ceux qui reconnaissent l’importance d’accorder une grande marge de
manœuvre aux représentants du peuple qu’ils ont élus, ils s’attendent néanmoins
à ce que ces derniers exercent un véritable leadership social, ce qui est loin d’être
toujours le cas.
Notes
1 H. Milner, La compétence civique, Québec, Presses de l’université Laval, 2004.
2 Prenez votre place. La participation au cœur des institutions démocratiques québécoises,
rapport du Comité directeur sur la réforme des institutions démocratiques, Québec, mars
2003.
3 D. Goleman, L’intelligence émotionnelle, 2 vol., Paris, Robert Laffont, 1998 et 1999.
4 M. Gauchet, La démocratie contre elle-même, Paris, Gallimard, « Tel », 2002.
5 H. Lamoureux, Le citoyen responsable. L’éthique de l’engagement social, Montréal, VLB,
1996.
6 C. Poirier, Pour une révolution de la vie sociale, Mont-Saint-Hilaire, Périclès, 2004.
7 P. Séguin, L’évolution du rôle des parlementaires, conférence donnée lors du forum des
juristes francophones, Québec, 7 octobre 1999.
8 A. Pratte, Les oiseaux de malheur. Essai sur les médias d’aujourd’hui, Montréal, VLB,
2000.
9 I. Ramonet, La tyrannie de la communication, Paris, Galilée, 1999.
10 François-Pierre Gauvin et Élisabeth Martin du Centre d’analyse des politiques
publiques de l’université Laval, De l’opinion publique au jugement public, mémoire soumis
au comité directeur des états généraux sur la réforme des institutions démocratiques,
Québec, novembre 2002.
11 J. Routier et A. Labrèque, La communication collective, sa découverte et ses méthodes,
Chicoutimi, JCL, 2004.
Auteur
Jean-Pierre Charbonneau
Droits d’auteur
Tous droits réservés