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NUMÉRO 1, FÉVRIER 2024

RÉSEAU DES FEMMES EN DROIT


ET POLITIQUE CONTRE LA
CRIMINALITÉ ORGANISÉE

Introduction
Nous sommes ravies de vous présenter le premier numéro de la lettre
d'information du Réseau des femmes en Droit et Politique contre la DANS CE NUMÉRO
criminalité organisée. L'objectif de cette lettre d'information est de
présenter les réalisations des membres de notre Réseau et le rôle
inestimable que jouent les femmes dans la lutte contre le crime organisé. Le Réseau
Nous pensons que les histoires contenues dans la lettre d'information
inspireront les femmes décideuses, les rédactrices de lois, les praticiennes Le premier évènement
de la justice pénale et les agentes d'application de la loi d'Afrique de l'Ouest du Réseau
et du Centre, et au-delà, pour ouvrir la voie vers une société plus sûre et
plus équitable pour tous. À l’honneur: Saffiatou
Nyang et Francine Aka
Anghui
Ce numéro présente le Réseau et son premier événement, ainsi que les
histoires inspirantes de nos membres : L’histoire de
Victoria Ibiwoye (p7) qui a créé sa propre ONG, Saffiatou Nyang qui travaille OneAfricanChild
au cabinet du Procureur Général et au Ministère de la Justice de Gambie
(p4), et Francine Aka-Anghui (p5), la Présidente de l'Association des Événements et
Femmes Juristes de Côte d'Ivoire. Nous sommes également ravis de vous publications
présenter les nouvelles publications de l'ONUDC et le prochain événement
du Réseau des femmes (p9).
Le Réseau
À l'échelle mondiale, le manque de participation des femmes à l'élaboration de la législation et des politiques
de lutte contre la criminalité organisée continue de représenter un obstacle important à l'intégration efficace
des considérations liées au genre et aux droits humains dans la mise en œuvre de la Convention des Nations
unies contre la criminalité transnationale organisée (CNUCC). Bien que la représentation des femmes aux
postes de décision soit une priorité internationalement reconnue dans le Programme de développement
durable à l'horizon 2030 et dans la Déclaration et le Programme d'action de Beijing, les femmes sont sous-
représentées à tous les niveaux du processus législatif et de l'élaboration des politiques.

Pour combler cette lacune, l'ONUDC a lancé le Réseau des femmes en Droit et Politique contre la
criminalité organisée en Afrique de l'Ouest et du Centre, dans le but de soutenir les femmes décideurs,
rédactrices de lois, praticiennes de la justice pénale et de l'application de la loi dans la participation
significative à l'élaboration de cadres législatifs et stratégiques visant à prévenir et à contrer la criminalité
organisée.

Le Réseau compte plus de trente membres, et leur nombre ne cesse de croître, originaires du Bénin,
du Burkina Faso, du Cameroun, de la Côte d'Ivoire, de la République démocratique du Congo, du
Gabon, de la Gambie, du Ghana, de la Guinée, du Mali, de la Mauritanie, du Nigéria et du Sénégal.

La vision convenue du réseau est la suivante :

"Utiliser différentes plateformes pour impliquer les femmes législatrices et


politiques travaillant sur la criminalité organisée pour contribuer à
l'émancipation des femmes et réaliser une société plus sûre et plus équitable
pour tous".
Rétrospective : Le premier événement du Réseau

En novembre 2023, l'ONUDC a organisé l'événement de lancement du Réseau des femmes en Droit et
Politique contre la criminalité organisée pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre à Abidjan, en Côte
d'Ivoire. Cet événement de trois jours a rassemblé 24 femmes de toute l'Afrique de l'Ouest et du
Centre. Il a été consacré à l'établissement de liens, à l'adoption d'une vision pour le réseau et à la
conception des activités qu'il entreprendra.

Ce fut également l'occasion pour le Réseau d'en apprendre davantage sur le travail de l'ONUDC pour
soutenir les États parties dans la mise en œuvre de la CNUCC, et sur le Référentiel sur l'intégration des
dimensions de genre et des droits humains dans la mise en œuvre de la Convention, qui a été publié
récemment.

L'événement de trois jours s'est avéré un grand succès, les


membres du Réseau s'engageant sur des points d'action
spécifiques pour contribuer à la vision du Réseau.

Comme l'ont souligné les remarques de clôture : « Ce n'est que le


début », et nous attendons avec impatience le prochain
événement qui aura lieu en février de cette année.

« Je suis plus forte, j'ai traversé le feu mais j'en suis sortie plus forte, j'ai été blessée par ceux que
j'aimais mais j'ai essuyé mes larmes, déterminée à aller de l'avant, je m'engage à encourager les
femmes avec mon histoire. »

Jennifer Suoya Aga


Un membre du Réseau à l‘honneur :
Saffiatou Nyang
Pouvez-vous vous présenter et décrire votre travail ?
Je m'appelle Saffiatou Nyang, je suis née et j'ai grandi en Gambie. Je suis
juriste de profession et je travaille actuellement au cabinet du Procureur
Général et au Ministère de la Justice.
Qu'est-ce qui vous a incité à entamer une carrière dans la lutte contre
la criminalité organisée ?
J'ai toujours voulu être avocate. Cependant, j'ai décidé de rejoindre la
fonction publique après avoir travaillé à la Commission d'enquête mise en
place pour enquêter sur les pratiques de corruption de l'ancien président Jammeh et de ses proches
collaborateurs. J'ai réalisé que notre fonction publique était en plein désarroi et qu'il nous incombait à
nous, les jeunes, de nous impliquer et de redresser le pays.
Je suis inspirée par des avocates gambiennes telles que Fatou Bomm Bensouda, ancienne procureure
générale de la CPI, Mme Amie Bensouda et Mme Janet Sallah-Njie, Commissaire de la Commission
africaine des droits de l'homme et des peuples.
Quels sont les défis auxquels vous avez été confrontée en tant que femme travaillant dans ce
domaine ?
En tant que femme travaillant dans la fonction publique, vous devez vous surpasser pour prouver votre
valeur. Il peut arriver que l'on vous méprise simplement parce que vous êtes une femme. La fonction
publique étant principalement dominée par les hommes, il m'est arrivé d'être la seule femme dans la salle
lors de certaines réunions.
Quels atouts pensez-vous apporter en tant que femme ?
En tant que femme, je pense que je suis plus à même de comprendre les victimes de violences sexuelles
et de violences basées sur le genre.
Je suis mieux placée pour donner des conseils sur les politiques concernant les femmes et les enfants, car
je suis l'une d'entre elles et je peux comprendre leurs difficultés.
Comment voyez-vous l'avenir ?
J'ai hâte de progresser et de gravir les échelons au sein du Ministère de la Justice. Je pense que nous
avons besoin de plus de femmes à des postes de direction au sein du gouvernement. C'est pourquoi je
saisirai toutes les occasions de me perfectionner, tant sur le plan académique que professionnel.
Si vous pouviez donner un conseil à une jeune femme désireuse de commencer sa carrière dans ce
domaine, quel serait-il ?
Vos rêves sont légitimes, ne vous arrêtez pas au premier obstacle et continuez à persévérer. Les mots clés
sont « travail et détermination » - avec du travail et de la détermination, tout est possible.
Un membre duRéseau à l‘honneur :
Francine Aka-Anghui
Pouvez-vous vous présenter et décrire votre travail ?

Je suis Maître Francine Aka-Anghui, Avocate au Barreau de Côte


d’Ivoire depuis Août 1993. J’ai exercé pendant 15 ans au sein
d’établissements bancaires et d’Institutions de lutte contre la
corruption. J’ai été le Point focal de la Côte d’Ivoire pour le suivi
de l’application de la Convention des Nations Unies contre la
Corruption pendant 6 ans.
En plus de mes fonctions d’avocat au sein d’un Cabinet de 6
avocats Associés, je suis actuellement Présidente de
l’Association des Femmes Juristes de Côte d’Ivoire et Secrétaire
Général du Women Caucus for Lobbying, mouvement qui œuvre
à une meilleure représentativité des femmes dans les
assemblées élues et les postes de décision. Je suis mariée et
mère de 5 enfants.

Qu'est-ce qui vous a incité à entamer une carrière dans la lutte contre la criminalité organisée ?
J’ai toujours voulu être avocate. Pour moi, il est primordial que chacun connaisse ses droits en tant
qu’être humain et puisse les exercer dans le respect des autres. Connaitre et défendre les droits en
général et les droits de l’homme en particulier, participe du développement de l’être humain et des
sociétés. Mais travailler sur les questions de criminalité financière, de lutte contre la corruption m’a
ouvert d’autres horizons même s’il s’agit toujours du respect de la loi.
Je suis inspirée par les personnes engagées pour les autres, par les personnes qui œuvrent au bien-être
des autres, les personnes qui œuvrent au respect de la loi.

Quels sont les défis auxquels vous avez été


confrontée en tant que femme travaillant dans ce
domaine ?
En tant que femme, il faut d’abord montrer ses
compétences surtout lorsqu’il s’agit de domaines dits
masculins. Il faut ensuite faire preuve d’intelligence,
de tact, pour se faire respecter. Ensuite, en tant
qu’africaine francophone les défis de la langue sont
souvent multipliés. Vous devez faire plus d’efforts pour
vous faire comprendre, pour légitimer votre présence
dans le domaine.
Un membre du Réseau à l‘honneur :
Francine Aka-Anghui
Quels atouts pensez-vous apporter en tant que femme ?
Un des grands atouts, c’est la polyvalence. Les femmes savent faire plusieurs choses variées à la fois
et ont une grande capacité d’adaptation. De plus, je pense que le sérieux des femmes peut aider car
c’est un domaine dans lequel il existe beaucoup de tentations financières.
Si vous pouviez donner un conseil à une jeune femme qui voudrait commencer sa carrière dans
ce domaine, quel serait-il ?
Le domaine de la lutte contre la criminalité organisée est un domaine dans lequel il y a de
nombreuses possibilités de carrière tant dans la diversité que dans la qualité. C’est un domaine qui
permet d’acquérir des compétences professionnelles pointues ; qui permet de développer un carnet
d’adresses tant sur le plan national qu’international. C’est un domaine qui est évolutif (d’un point de
vue des technologies, de la règlementation).
Comment voyez-vous l'avenir ?
Je tends plus vers la fin de carrière donc je pense que je vais développer un peu plus la consultance
pour des organismes et du coaching pour accompagner les jeunes femmes qui débutent dans le
domaine.
L'histoire derrière OneAfricanChild
Victoria Ibiwoye

C'est ma mère qui m'a poussée à créer OneAfricanChild.


Aussi loin que je me souvienne, elle a toujours fait preuve
d'une gentillesse et d'une compassion sans bornes à
l'égard des personnes dans le besoin. En voyant comment
elle embrassait les personnes de la communauté qui
avaient été ostracisées par la société, j'ai eu le courage de
créer OneAfricanChild en tant qu'étudiante en 2013. Notre
organisation a apporté de l'espoir à des milliers d'enfants
et de jeunes au Nigéria et au-delà, en leur donnant le
flambeau pour découvrir leurs propres chemins vers le
succès grâce à des programmes de formation à la
citoyenneté mondiale et à l'éducation à la paix.

Lorsque je réfléchis au parcours qui m'a menée à OneAfricanChild, je me souviens du pouvoir de


transformation de l'éducation et de la manière dont elle a changé la trajectoire de ma vie : d'une jeune
fille timide qui a grandi dans la banlieue de Lagos et a lutté pour trouver sa voix, je suis devenue une
défenseure mondiale qui a contribué à plusieurs dialogues de haut niveau sur l'éducation et qui a
travaillé avec les Nations unies pour mener des politiques éclairées par les voix et les expériences des
jeunes.Ma passion et mon dévouement pour la défense de l'éducation ne sont pas nés du jour au
lendemain. Elle est devenue possible grâce aux merveilleux modèles qui m'entourent et qui ont
beaucoup sacrifié pour me donner la meilleure éducation possible.

En grandissant, j'ai vu des filles autour de moi être


victimes de grossesses précoces ou d'abandon scolaire,
piégées par les cycles de la pauvreté et du manque
d'opportunités. La détermination de ma mère à faire en
sorte que je ne fasse pas partie de ces statistiques et à
travailler dur pour me donner les opportunités qu'elle n'a
jamais eues m'a motivée à utiliser mon expérience de
juriste pour défendre les droits des jeunes à risque et à
créer une organisation qui leur donne les moyens d'agir
grâce à l'éducation.
J'ai pu constater de moi-même que l'éducation fournit aux jeunes les outils nécessaires pour relever
les défis de la vie. C'est pourquoi notre organisation travaille avec les enfants dès le plus jeune âge
afin de les doter de compétences futures, telles que la pensée critique et la capacité à résoudre des
problèmes, pour leur permettre de faire des choix éclairés et leur donner les moyens de défendre
leurs intérêts et ceux de leur communauté. L'éducation ne se contente pas d'ouvrir des portes sur
des opportunités ; elle construit un pont pour sortir du cycle de la criminalité et du désespoir. En
dotant les jeunes des connaissances et des compétences nécessaires pour surmonter les obstacles et
les limites de la société, nous ouvrons la voie à un avenir où ils pourront être les acteurs d'un
changement positif et non les victimes des circonstances.

Diriger une organisation comporte des défis


uniques tels que la collecte de fonds et la
motivation d'une équipe diversifiée de bénévoles,
mais il n'y a rien de plus gratifiant que de voir les
sourires sur les visages des enfants et l'étincelle
dans leurs yeux lorsqu'ils découvrent leur
potentiel. Chaque programme de sensibilisation,
chaque éducateur habilité, chaque jeune leader qui
s'avance - voilà les victoires qui remplissent mon
cœur. OneAfricanChild a été un voyage de
croissance partagée, d'apprentissage et de
désapprentissage aux côtés des communautés que
nous servons.

Si vous envisagez de suivre une voie similaire, je vous conseille de vous laisser guider par votre
passion et de ne pas sous-estimer le pouvoir de la préparation. Recherchez le savoir, développez vos
compétences et entourez-vous de mentors et d'alliés. Par ailleurs, la création d'une organisation
n'est pas le seul moyen de faire la différence. Si vous appartenez déjà à une organisation ou si vous
choisissez de la soutenir, il est important d'identifier votre contribution la plus importante. Qu'il
s'agisse de diriger, de faire un don, de conseiller ou de faire du bénévolat. Comprendre vos forces et
les aligner sur les besoins du projet garantit une allocation efficace des ressources et maximise votre
impact. Surtout, n'oubliez pas que le voyage est aussi important que la destination. Relevez les défis,
célébrez les victoires, partagez votre histoire et ne perdez jamais de vue la différence que vous
pouvez faire dans le monde !

POUR EN SAVOIR PLUS : https://oneafricanchild.org


Événements et publications

NOUVELLES PUBLICATIONS

L'ONUDC a publié une nouvelle annexe régionale au Référentiel stratégique de lutte


contre la criminalité organisée. Le document d'orientation régional : Orientations
sur les stratégies de lutte contre la criminalité organisée en Afrique de l’Ouest
et du Centre a été produit pour aider au développement de stratégies et de cadres
de réponse contre la criminalité organisée en Afrique de l'Ouest et du Centre. Ce
document est disponible en anglais et en français.

Le Référentiel de l'ONUDC sur l'intégration des dimensions de genre et des


droits humains dans la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies
contre la criminalité transnationale organisée est maintenant disponible en
anglais, en espagnol, en français et en russe !

SHERLOC.UNODC.ORG

Le deuxième événement en ligne du Réseau des femmes aura lieu le 20 février à 10h00 (CET).
Rejoignez-nous pour écouter notre conférencière principale et pour discuter de la mise en œuvre
des activités conçues lors de la première réunion. De plus amples informations seront bientôt
disponibles.

VOUS SOUHAITEZ REJOINDRE LE RÉSEAU ?


CONTACTEZ-NOUS À L'ADRESSE SUIVANTE :

implement.UNTOC@un.org

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