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Égalité femmes/hommes

dans la fonction publique


territoriale
Des engagements et des progrès

L'EXPERTISE WEKA
• Jérôme Roncoroni, Directeur de GMF p. 3
ÉDITO GMF

• Le mot de l’éditeur p. 4

• Dayana Chamoun-Fievée – Fondatrice et Présidente de l’Association Dirigeantes & Territoires,


et dirigeante de Diane Conseils p. 5
INTERVIEW

•  La parité en chiffres – Les données de l’Observatoire de la parité p. 9


EN CHIFFRES

• P ortraits croisés de 3 femmes dirigeantes p. 11


PORTRAITS CROISÉS

• S ystématiser les actions locales pour la parité femmes/hommes p. 14


ACTUALITÉ
Sommaire

• F avoriser l’égalité femmes-hommes dans la fonction publique p. 16


FICHE MÉTHOLOGIQUE WEKA

• L ’égalité professionnelle femmes/hommes progresse dans la fonction publique p. 22


ACTUALITÉ

• C OVÉA : un groupe engagé pour l'égalité femmes/hommes p. 25


EN CHIFFRES

• L a négociation et les accords collectifs dans la fonction publique p. 26


FICHE MÉTHODOLOGIQUE WEKA

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ÉDITO

F
orte de son ADN et fidèle à ses valeurs, GMF met naturellement en œuvre
depuis de nombreuses années, des actions qui s’inscrivent dans une démarche
responsable. À travers notre politique RSE, nous souhaitons faire connaître et
valoriser ces actions, tout en développant de nouvelles initiatives qui contribueront à
rendre la société plus humaine, et viendront renforcer notre engagement. GMF a pour
cela, défini trois champs prioritaires qui placent durablement l’humain au cœur de nos
actions : l’accès aux savoirs et à l’éducation, qui sont les piliers du développement collectif et
individuel d’une société, l’égalité des chances, qui assure à chacun un avenir dans cette
société, et l’environnement, qui est un enjeu sociétal essentiel.
Avec pour appuie « le réseau des engagés », réseau de correspondants spécifiquement
dédiés aux sujets du handicap et de l’égalité femmes/hommes, et les ambassadrices
Cov&elles, soit près de 80 correspondants, le groupe intègre au cœur de son nouveau
plan stratégique « Covéa 2024 – Grandir ensemble », ses ambitions en matière de soutien
au droit des femmes. Faire progresser la cause des femmes dans le Groupe, par exemple,
leur assurer la protection dont elles ont besoin dans la société, est l’une de nos priorités,
bien inscrite dans l’origine de notre métier, mais c’est surtout un devoir envers la société.
En employant 21 000 collaborateurs en France, dont plus de 60 % de femmes, Covéa
place le sujet de l’égalité des chances au cœur de sa stratégie d’impact sociétal.
Crédit photo : Raphaël Dautign

Jérôme Roncoroni,
Directeur général GMF

ÉGALITÉ FEMMES/HOMMES
DANS LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE
3
LE MOT DE L'ÉDITEUR

L’
égalité femmes/hommes est toujours un objectif pour notre société. Si le secteur public est
parfois précurseur, il n’est pas, en ce domaine, particulièrement en avance comparé au secteur
privé. Les actions cependant se multiplient ces dernières années au sein de la fonction publique
territoriale et l’engagement constant, puissant, de quelques acteurs et associations, à l’instar de
Dirigeantes & Territoires, font sensiblement progresser les débats et les réalités.
Dayana Chamoun-Fievée, fondatrice et présidente de l’association « Dirigeantes & Territoires », nous
rappelle à quel point les modèles et exemples de femmes leaders sont essentiels pour convaincre les
femmes de vivre pleinement leurs ambitions professionnelles et d’aller chercher cette parité aujourd’hui
visible à l’horizon. Modèles inspirantes, Hélène Guillet, première femme élue en septembre 2022
présidente du SNDGCT, Estelle Walter et Pauline Dubois, nous offrent un témoignage inédit sur leur
parcours et leur regard sur l’égalité femmes/hommes.
Au-delà des symboles, disposer de données sur la place des femmes dans les fonctions de dirigeantes
de collectivités est, en soi, déjà instrument de progrès favorisant la prise de conscience et les mesures,
locales ou réglementaires et nationales, en faveur de la parité. Réunir, compiler et divulguer les chiffres : c’est
une des missions que s’est assignée l’Observatoire de la parité de l’association « Dirigeantes & Territoires ».
L’index de l’égalité femmes/hommes du groupe Covéa, auquel appartient GMF, et son total de 92 points
sur 100 pour l’année 2022, et l’engagement du réseau interne Cov&elles, démontrent dans tous les cas
son engagement en la matière.
WEKA suit et soutient assidument depuis plusieurs années les actions en faveur de la parité dans le
secteur public ; nous sommes ainsi particulièrement fiers et en totale adéquation avec notre partenaire
GMF sur cette publication consacrée à l’égalité femmes/hommes dans la fonction publique territoriale.

Julien Prévotaux
Directeur éditorial & des rédactions – WEKA

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EW
INTERVI

Continuer d’installer « Dirigeantes


& Territoires » et rendre l’Association
incontournable dans le paysage
institutionnel
Entretien avec Dayana Chamoun-Fievée,
Présidente de « Dirigeantes & Territoires », par Hugues Perinel

■ HUGUES PERINEL : Au-delà de votre enga- J’ai par ailleurs été surprise de découvrir, qu’à la
gement fort sur la question de la parité dans les différence du privé, il n’existait aucun réseau pro-
territoires et votre volonté de faire bouger les fessionnel de femmes dans la fonction publique
Dayana Chamoun-Fievée
lignes, quels ont été les déclencheurs à l’origine territoriale. Fondatrice et Présidente
de l’Association
de la création de « Dirigeantes & Territoires » ? J’avoue qu’à la création de Dirigeantes & Territoires, Dirigeantes & Territoires,
et dirigeante
DAYANA CHAMOUN-FIEVÉE : C’est essentielle- j’imaginais un réseau plus informel dans lequel des de Diane Conseil
ment le constat que j’ai pu faire pendant plus de femmes pourraient se retrouver et partager notam-
10 ans comme consultante. Au cours de ces années, ment la réalité de leurs rapports avec les élus qui,
j’ai véritablement pris conscience et pu mesurer par ailleurs, sont souvent des hommes. Le projet
l’autocensure persistante que s’infligeaient les était qu’elles puissent s’épauler, s’entraider et parta-
femmes que j’ai accompagnées dans leur parcours ger leurs pratiques, avec le souhait bien-sûr d’avoir
professionnel et observer les nombreuses discrimi- un impact à une plus grande échelle. Dans mon
nations dont elles faisaient l’objet de la part d’élus métier de consultante, de recruteuse, j’ai toujours Hugues Perinel ,
et de dirigeants territoriaux. Cela m’a touché et cherché au-delà même de ma mission, à coacher, Journaliste, médiateur et
coach. Fondateur du Cercle
donné l’envie de contribuer à ce que cela change. à aiguiller, à aider les femmes que j’accompagnais des Acteurs territoriaux

ÉGALITÉ FEMMES/HOMMES
DANS LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE
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pour qu’elles aient d’avantage confiance en elles. l’école, de ce que la famille et la société nous ren-
Mais je ne le faisais qu’à mon échelle et la création voie ? Le monde du travail prend ensuite le relais,
de l’association a permis d’accroître et de multiplier il suffit de se pencher sur la rédaction des offres
ces opportunités d’entraide entre chacune des d’emploi ou la composition des jurys de recrute-
membres, − une réelle sororité. C’est cette sororité ment. Il en résulte un biais permanent qui fait que
qui est le moteur de l’association et qui lui a fait les femmes n’arrivent pas à se projeter sur de nom-
prendre de l’ampleur. breux postes. Il faut les sensibiliser afin qu’elles
aient des outils pour y faire face.
■ HUGUES PERINEL : La parité se heurte notam-
ment à deux adversaires, l’autocensure et les ■ HUGUES PERINEL : N’y a-t-il pas également un
stéréotypes. À titre personnel, y avez-vous été manque de modèles ?
confrontée ? DAYANA CHAMOUN-FIEVÉE : Oui, nous man-
DAYANA CHAMOUN-FIEVÉE : Oui, comme quons cruellement de modèles, et les médias ne
quasiment toutes les femmes et davantage aux cessent de présenter les femmes qui réussissent
stéréotypes. Quand on associe votre fonction à comme des femmes exceptionnelles. Comment
votre physique, on réduit de fait vos compétences se projeter vers des modèles quasi inaccessibles ?
C’est une des raisons pour lesquelles dans le cadre
C’est cette à votre simple apparence, et c’est
odieux. La majorité des femmes de l’association nous avons mis en place des por-

sororité qui est subissent ce genre de sexisme, une


femme (jeune de surcroît) n’est pas
traits de femmes. Ils vont permettre à d’autres de
se projeter sur certains postes, d’avoir des modèles
le moteur de en capacité de gérer seule une réu- plus accessibles mais aussi de rendre ces femmes
visibles, ce qu’elles ne sont pas à la différence des
nion ou une grosse mission, et bien
l’association peu osent revendiquer le contraire. hommes plus présents sur les réseaux sociaux et
plus médiatisés…
et qui lui a fait Je ne pense pas m’être autocensu-
rée, sinon je n’aurais pas créé Diri- Je suis toujours étonnée de voir à quel point, si une
prendre de geantes & Territoires, mais selon femme atteint un poste « exceptionnel », ce qui
fera la Une est le fait qu’elle soit la 1ère femme à ce
les personnalités des unes et des
l’ampleur. autres, la fragilité que peut générer poste, jamais l’évidence de ses compétences. On
certaines périodes difficiles, le poids se focalise sur ce qui ne devrait pas être un sujet…
des stéréotypes conduit de nombreuses femmes à
■ HUGUES PERINEL : Qu’évoque pour vous le
de l’autocensure.
mot ambition ? Pourquoi « ambitieuse » a-t-il
■ HUGUES PERINEL : Votre premier congrès une connotation négative ?
était notamment construit autour de l’audace. DAYANA CHAMOUN-FIEVÉE : Une récente étude
Pourquoi les femmes n’osent-elles pas ? a révélé que près de 90 % des femmes questionnées
DAYANA CHAMOUN-FIEVÉE : Il est clair que la avaient déjà subi « des remarques désobligeantes
plupart des femmes subissent ce que l’on nomme et dépréciatives, de la méfiance, l’exclusion sociale,
communément le syndrome de l’imposteur, cette du harcèlement moral, des comportements agres-
incapacité à se sentir légitime. À la différence d’un sifs, » et qu’elles avaient été critiquées et discrédi-
homme, une femme ne candidatera à un poste tées, quand elles avaient rencontré du succès dans
que si elle coche 100 % des cases, ou 99 %, et elle leur carrière ou leur activité, quand elles étaient
s’attardera, insistera sur le 1 % ! Comment peut-on sorties du lot.
nier un véritable phénomène de société qui vient On évoque le syndrome du « grand coquelicot » qui
de l’enfance, des livres ou des dessins animés, de pousse plus haut que les autres et se fait couper

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la tête, afin d’être ramené au même niveau. Et ce, raient le prendre dans son intégralité. Le fait qu’il
aussi bien par des femmes, par jalousie, que par ne soit pas obligatoire a pour conséquence que la
des hommes du fait des stéréotypes qui les ani- plupart d’entre eux n’osent pas, n’assument pas, se
ment. justifient, victimes de cette même
pression sociale et profession-
Pour moi, au contraire, le mot ambitieux n’a rien
de négatif, une femme ambitieuse, c’est tout sim-
nelle. La parité est un combat de À la différence
plement formidable. C’est une femme qui a su
société plus large, qui revient à
penser autrement son administra-
d’un homme,
rassembler tous les pans de sa vie, à commencer
par la vie familiale, qui reste un sujet crucial chez
tion et ses politiques publiques. une femme ne
la plupart des femmes, alors que je crois n’avoir
jamais entendu un homme l’évoquer dans un
■ HUGUES PERINEL : Quel sens
donnez-vous à la sororité, se
candidatera à un
entretien de recrutement. Il est vrai que beaucoup pose-t-elle en opposition à la poste que si elle
de termes positifs pour des hommes dont celui-là,
dès qu’ils sont attribués à une femme sont perçus
fraternité ?
DAYANA CHAMOUN-FIEVÉE :
coche 100 % des
négativement. Ce qui, bien au-delà de la séman-
tique illustre bien la place faite par la société aux
Je dirais plutôt que la sororité
comble un vide qui existe dans la
cases, ou 99 %.
carrières des femmes. fraternité, lorsqu’elle exclut, ou
inclue si peu les femmes quand il s’agit de réseau
■ HUGUES PERINEL : Si les femmes rencontrent ou d’égalité professionnelle. En d’autres termes,
de multiples difficultés pour accéder à des postes elle renforce la fraternité.
de dirigeantes, sont-elles si différentes des
hommes dans leur manière de l’exercer ? La sororité, c’est aider les femmes à se mettre en
réseau et sur les réseaux, à s’épauler, à être bien-
DAYANA CHAMOUN-FIEVÉE : Spontanément
veillantes les unes avec les autres, ce qui n’est pas
je dirais non. Ma perception est qu’elles exercent
toujours le cas.
leur leadership avec leur cœur et leur conviction,
comme un homme le ferait. Il s’agit plus du regard Le marrainage que nous avons mis en place dans
biaisé que l’on porte sur elles. Quand on est pétri l’association est dans le même esprit, celui de
de stéréotypes genrés, conscients comme incons- rompre la solitude professionnelle de certaines
cients, tous les actes de cette personne, toutes ses femmes, ce qui a des effets évidents sur leur pos-
prises de décision seront analysées à travers un ture, leur management et leur évolution profes-
seul prisme : c’est une femme ! sionnelle.

■ HUGUES PERINEL : Quel bilan et projets pour


■ HUGUES PERINEL : Que répondre à des DGS
l’association ? Quels sont vos chantiers et vos
ou des élus, qui, lorsque l’on évoque la question
rendez-vous ?
de la parité, répondent « c’est une question RH » ?
Suite à des courriers adressés à la première ministre
DAYANA CHAMOUN-FIEVÉE : Que si la parité
et au ministre de la Fonction publique, nous avons
femmes/hommes n’est qu’une question adminis-
rencontré le cabinet de ce dernier. Un rendez-vous
trative, qu’ils confient leur administration à une
pendant lequel nous avons pu présenter l’associa-
femme afin qu’elle puisse en prendre la mesure !
tion, ses objectifs, et tout particulièrement l’Obser-
Ce n’est évidemment pas une question RH, mais vatoire de la parité. Nous avons fondé cet observa-
bien une question de société qui concerne les toire afin de sortir des émotions et des jugements
hommes comme les femmes. Prenons l’exemple à l’emporte-pièce et de disposer de nos propres
du congé paternité, et des hommes qui souhaite- chiffres, – et ils font très mal.

ÉGALITÉ FEMMES/HOMMES
DANS LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE
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Nous continuons d’installer l’association et de la
rendre visible et incontournable dans le paysage
institutionnel. Cela passe par des rencontres avec
le parlement, des partenariats avec toutes les asso-
ciations d’élus et d’acteurs publics, de mise en place
d’ateliers co-construits avec elles. Je suis consciente
que nous devons nous professionnaliser, nous
structurer, solliciter d’autres partenaires financiers,
mais l’association a collectivement trouvé son
cœur, sa dynamique et sa cohérence.

Propos recueillis par Hugues Perinel

La sororité, c’est
aider les femmes
à se mettre en
réseau et sur
les réseaux, à
s’épauler, à être
bienveillantes
les unes avec les
autres.

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FRES
EN CHIF

La parité en chiffres
Les données de l’Observatoire de la parité
de l'Association « Dirigeantes & Territoires »
L
e 11 juillet dernier, l’Association Dirigeantes les données, éparses et peu connues, sur la place
& Territoires a appelé la première ministre, la des femmes dans les fonctions de dirigeantes de
ministre chargée de l’Égalité entre les femmes collectivités locales et établissements publics, en
Marie-Claude
et les hommes et le ministre de la Transformation participant au débat public sur la parité, en orga- Sivagnanam,
DGS à la Communauté
et de la fonction publique à prendre des mesures nisant des rencontres et en contribuant à peser sur d’agglomération de
fortes pour faire avancer l’égalité réelle des droits l’élaboration des lois… Cergy-Pontoise et vice-
présidente de l’Association
auprès des employeurs territoriaux. À l’issue d’un Dans cette dynamique, Stanislas Guerini a rappelé
Dirigeantes & Territoires
rendez-vous avec la présidente de la délégation lors des Assises nationales des cadres dirigeants
à l’égalité à l’Assemblée nationale, l’Association des collectivités, que l’index égalité femmes/
s’est vue invitée à participer aux réflexions et au- hommes, − obligatoire pour les entreprises, allait
delà, à tout ce qui pouvait faire évoluer la parité de s’étendre aux collectivités territoriales.
manière très concrète notamment sur le dispositif
Les défis sont majeurs, et les missions et objectifs
des nominations équilibrées (DNE) sur les postes Stéphanie Portier,
de l’Association Dirigeantes & Territoires et de
de DGA/DGS. Pour rappel, selon le Rapport annuel directrice générale
l’Observatoire de la parité sont multiples… produire déléguée à la qualité des
sur l’égalité professionnelle entre les femmes et services à la population à
des analyses à jour sur la place des femmes dans la Mairie et Métropole de
les hommes dans la fonction publique, dans son Montpellier, et membre
les lieux de pouvoirs, créer un espace d’échanges
édition 2021, sur 374 agents nommés en 2019 dans active de l’Association
entre dirigeant(e)s et élu(e)s, être une véritable pla- Dirigeantes & Territoires
les collectivités territoriales et les EPCI, seul 34 %
teforme d’élaboration de propositions, notamment
étaient des femmes, contre 66 % d’hommes.
sur le plan législatif, renforcer les partenariats avec
Comme le rappelle Marie-Claude Sivagnanam, les associations et institutions, préparer un nou-
DGS à la Communauté d’agglomération de veau colloque pour 2023, continuer la publication
Cergy-Pontoise et vice-présidente de l’Association des portraits de femmes dirigeantes… Autant de
Nans Mollaret,
Dirigeantes & Territoires, la mission de l’Associa- défis qui font de l’Association Dirigeantes & Terri- consultant indépendant
auprès des collectivités
tion est notamment de réunir et diffuser toutes toires et de l’Observatoire de la parité, des acteurs et membre actif de
l’Association Dirigeantes &
Territoires

ÉGALITÉ FEMMES/HOMMES
DANS LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE
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majeurs et un réseau essentiel dédié aux femmes lisées, nous percevons un véritable engouement
dirigeantes de la fonction publique territoriale. et un intérêt à poursuivre la démarche qui per-
met de nourrir le débat à partir d’une culture de
En pratique, Stéphanie Portier, directrice générale
la donnée commune, loin des représentations qui
déléguée à la qualité des services à la population à
peuvent être très marquées sur le sujet ». Il ajoute
la Mairie et Métropole de Montpellier, et membre
« au-delà, nous souhaitons nous faire véritable-
active de l’Association, et Nans Mollaret, consul-
ment connaître sur cette fonction par les pouvoirs
tant indépendant auprès des collectivités et
publics et nous professionnaliser ».
« Vas-y, membre actif, coordonnent des travaux autour
d’un groupe interne à l’association composé Lieu d’échanges et de bonnes pratiques profession-
dépasse d’une dizaine de collègues qui travaillent sur nelles en faveur de l’évolution et de la progression
des femmes, espace de valorisation des actions et
tes peurs, des sujets aussi variés que la définition des indi-
cateurs clés, la parité et la performance, le suivi du parcours des femmes dirigeantes, l’Association

n’attends et la mise en valeur de bonnes pratiques, la


rémunération, les comparaisons européennes/
Dirigeantes & Territoires est le catalyseur du chan-
gement et le lieu de la diffusion du leadership fémi-
pas d’être internationales, etc. nin ! Si l’on devait résumer l’action de l’Association
Dirigeantes & Territoires et de l’Observatoire de la
parfait et Cet observatoire, créé en mars 2022, est déjà
pleinement légitimé par le fait que les données
parité en une seule citation, on pourrait reprendre
celle de Marie-Claude Sivagnanam : « Vas-y, dépasse
n’hésite pas disponibles sont souvent très dispersées, diffi- tes peurs, n’attends pas d’être parfait et n’hésite

à demander ciles à obtenir, peu mises à jour, voire même


manquantes. Comme nous l’indique Nans Mol-
pas à demander du soutien* ».
Marylou Rodella
du soutien » laret, « si nous en jugeons par les différentes
présentations publiques que nous avons réa-
* Propos recueillis le 8 mars 2021 lors de la Journée internationale des Droits des
femmes par l’Association Dirigeantes & Territoires.

Données issues du « Rapport annuel sur


l’égalité professionnelle entre les femmes et
les hommes dans la fonction publique »,
édition 2021 in Présentation du colloque
« Osez la parité ! » organisé les 2 et 3 juin 2022
par l’Association Dirigeantes & Territoires

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ISÉS
I TS C R O
P O RT R A

Portraits croisés de 3 femmes dirigeantes


• Estelle Walter – Présidente Nationale de l’ATTF et Présidente régionale section Languedoc
Roussillon, et technicienne territoriale à Montpellier Méditerranée Métropole
• Hélène Guillet, Directrice Générale du centre de gestion 44 et Présidente du SNDGCT
• Pauline Dubois, Présidente de l’ACTAS et Directrice de la Solidarité de la Santé de la ville de Pau

TROIS FEMMES, TROIS SECTEURS Métropole, et présidente de l'Association des tech-


PROFESSIONNELS, TROIS VISIONS DE niciens territoriaux de France (ATTF) : elles livrent
L'ÉGALITÉ FEMMES/HOMMES DANS leur vision de l'égalité femmes/hommes dans leur Estelle Walter
©G. Delamarre - ATTF
LA TERRITORIALE secteur territoriale. Une interview et des portraits
Trois femmes, trois personnalités, trois carrières croisés réalisés par Julie Desbiolles.
dans la territoriale qui les ont menées à des postes ■ WEKA : Pouvez-vous décrire votre parcours ?
à responsabilités et à présider une association pro-
HÉLÈNE GUILLET : Après un début de carrière
fessionnelle. Nous avons rencontré Hélène Guillet,
dans le privé, j’ai occupé un poste de chargée
directrice générale du centre de gestion de Loire-
de mission développement économique en com-
Atlantique (CDG44) et présidente du Syndicat
mune. Assez rapidement, j’ai été chargée de dif- Hélène Guillet
national des directions générales des collectivités
férentes fonctions de direction. Cela m’a naturel-
territoriales (SNDGCT), Pauline Dubois, directrice
lement conduite à des postes de DGA et de DGS,
des Solidarités et de la Santé de la ville de Pau et
et depuis 2 ans, je suis DG au CDG44. J'ai été élue
de la communauté d'agglomération de Pau Béarn
à la présidence du SNDGCT le 17 septembre 2022.
Pyrénées, et présidente de l'Association des cadres
territoriaux de l'action sociale (ACTAS), et Estelle PAULINE DUBOIS : J'ai commencé ma carrière
Walter, responsable Travaux et maintenance à la dans une agence de développement économique
Pauline Dubois
direction des Sports de Montpellier Méditerranée publique, sur des questions de coopérations inter- ©Anna Bochkareva

ÉGALITÉ FEMMES/HOMMES
DANS LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE
11
nationales. J'ai été expatriée au Brésil. Puis je suis Mais finalement, je suis arrivée là où je voulais. Et
entrée dans la fonction publique territoriale : j'ai aujourd'hui, ces difficultés se réduisent : même dans
d'abord travaillé sur la coopération économique le milieu technique et majoritairement masculin,
et portuaire entre le Brésil et la France, puis sur une femme peut trouver sa place.
les questions européennes, puis j'ai glissé sur les
questions sociales – et j'ai pris mes fonctions de ■ WEKA : Et dans l'exercice de vos fonctions, au
directrice des Solidarités et de la Santé à Pau. J'ai quotidien, est-ce une difficulté ?
été élue présidente de l'ACTAS le 18 mars 2021. HÉLÈNE GUILLET : Les remarques sexistes faites
ESTELLE WALTER : Après des études dans l'évé- de manière ouverte sont de plus en plus rares.
nementiel sportif, on m'a fait comprendre que Ce que je repère encore ce sont des biais et des
ces métiers étaient réservés aux hommes : je me stéréotypes, – qui ne sont pas propres au milieu
suis donc réorientée vers l'immobilier. J'ai travaillé professionnel. Par exemple : quand on s'adresse
dans le privé, puis je suis entrée dans la fonction à votre collaborateur plutôt qu'à vous, quand les
publique comme agent d'accueil, et j'ai évolué : femmes gèrent systématiquement le café, quand
aujourd’hui, je suis responsable des Bâtiments une réunion commence par « Bonjour messieurs
sportifs, travaux maintenance à Montpellier Médi- les directeurs »... Cela peut paraître anecdotique,
terranée Métropole. Finalement, je travaille donc mais pour prendre sa place, ça n'aide pas !
dans le sport... Et je suis présidente de l'ATTF PAULINE DUBOIS : Sincèrement dans mon sec-
depuis le 23 novembre 2018. teur, non. Mais, il est vrai que plus on monte dans
la hiérarchie, plus les femmes peuvent être dures
■ WEKA : Au cours de votre carrière, vous est-il
entre elles : sur les postes d'encadrement, celles
arrivé de ressentir le fait d'être une femme
qui y arrivent ont bien souvent de la personnalité.
comme une difficulté pour avancer ?
Peut-être parce qu'elles ont pensé nécessaire de
HÉLÈNE GUILLET : Il y a quelques années, j'aurais s'endurcir pour en arriver là.
dit non. Mais en revisitant mon parcours,
Les remarques je me suis rendue compte que ça avait été
ESTELLE WALTER : On me pose souvent la
question. Au contraire, j'ai l'impression qu'être
sexistes faites le cas. Par exemple, trois fois dans ma car-
rière, on m'a clairement exprimé le fait que une femme peut aujourd'hui être un atout. Les

de manière je n'étais pas retenue parce que j'étais une


femme. Néanmoins, je ne l'ai pas mal vécu :
hommes avec qui je travaille me disent parfois
qu'avec moi, c'est plus simple... Sans faire de clichés,
ouverte sont à l'époque, on parlait moins de ces sujets, et j'ai peut-être un regard, un management différent.
En tout cas, ma parole est respectée.
de plus en plus j'étais probablement assez solide ou armée
pour ne pas me laisser impressionner.
■ WEKA : Plus généralement, comment évolue
rares. PAULINE DUBOIS : Je comprends que ce l'égalité professionnelle femmes/hommes dans
soit un sujet de discussion, mais à titre per- votre secteur ?
sonnel, être une femme n'a jamais été un problème. HÉLÈNE GUILLET : Les chiffres montrent qu'en
Au contraire, j'ai l'impression qu'aujourd'hui, les collectivités locales, plus on monte dans la hié-
dirigeants cherchent à composer des équipes
rarchie, moins il y a de femmes. Et elles se trouvent
avec des compétences et des personnalités com-
encore en majorité dans les domaines du social, de
plémentaires, des hommes et des femmes.
l'éducation, tandis que les hommes sont en majo-
ESTELLE WALTER : J'ai rencontré des discrimina- rité sur la finance ou l'aménagement urbain... Cela
tions : j'ai dû me réorienter vers une voie différente de dit, les quotas ont aidé, et une attention nouvelle
celle que je souhaitais, parce que j'étais une femme... est portée sur cette question ces dernières années.

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Tout n'est pas parfait : il reste des croyances, des essentiels me semble être l'équilibre entre vie pri-
comportements anormaux, des femmes qui ne vée et vie professionnelle. Pour que les femmes
s'autorisent pas, – c'est le syndrome de l'impos- évoluent comme elles le souhaitent, il leur faut un
teur, ou de l'impostrice ! –, mais cela change. environnement qui leur permette de développer
leurs compétences. Il y a aussi la nécessité de ne
PAULINE DUBOIS : Le secteur sanitaire et médi-
plus genrer les métiers... Mais ce sont aussi des
cosocial est plutôt féminin, – y compris sur les
sujets de société : les collectivités peuvent contri-
postes à responsabilités. Mais les grilles salariales
buer à ces questions, mais l'école, la télévision, les
de la filière médico-sociale en début de carrière
médias doivent aussi évoluer.
sont plus faibles que celles, par exemple, de la
filière technique, – où l'on trouve plus d'hommes. ESTELLE WALTER : Tout part de l'orientation. Si
Ainsi, l'écart salarial n'est pas genré, mais il des femmes deviennent maçonnes ou routières,
concerne, de fait, une majorité de femmes. La les postes s'ouvriront. Dans la fonction publique
rémunération est donc souvent citée comme un territoriale, les quotas et les lois ont permis d'arri-
fort enjeu, mais c'est plus généralement un pro- ver à la situation actuelle. Désormais, je rêve du
blème de clichés et de freins psychologiques qui moment où la question de l'égalité ne se posera
empêchent, par exemple, les garçons de se projeter plus. Elle a les études, c'est elle. Il s'est mieux
sur des métiers de la petite enfance ou du social... présenté, c'est lui. Tout simplement.

ESTELLE WALTER : Nous sommes dans la bonne Propos recueillis par Julie Desbiolles
direction. Les quotas et les lois permettent
aujourd'hui aux hommes et aux femmes d'avoir
les mêmes possibilités d'accéder à des respon-
sabilités. Les métiers techniques s'ouvrent aux
femmes depuis une vingtaine d'années : nous rat-
trapons le retard ! Et s'il y a toujours des discrimi-
Se doter d'un
nations, il y a aussi aujourd'hui des référents, des plan égalité est
procédures pour en parler. Tout doucement, les
choses se normalisent. une très bonne
■ WEKA : Quelles sont pour vous les priorités idée : cela permet
pour avancer sur cette question ?
HÉLÈNE GUILLET : Le premier obstacle à l'éga-
de mesurer,
lité, c'est l'ignorance du vécu des femmes et des structurer, d'avoir
hommes. Face à cela, notre rôle, en tant que DG,
est d'apporter de la connaissance. Se doter d'un
des indicateurs
plan égalité est une très bonne idée : cela permet
de mesurer, structurer, d'avoir des indicateurs
objectifs, pour
objectifs, pour sortir de la croyance. Parallèle- sortir de la
ment, il est aussi possible de travailler avec des
outils symboliques, comme la communication croyance.
non genrée, – à laquelle je suis attachée.
PAULINE DUBOIS : Il ne faut pas se limiter aux
questions de rémunération et de quotas : il faut
adopter une démarche globale. L'un des points

ÉGALITÉ FEMMES/HOMMES
DANS LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE
13
ITÉ
AC T U A L

Systématiser les actions locales pour


la parité femmes/hommes
Les petites communes et les intercommunalités n’ont aucune obligation paritaire et le
sexisme des fonctions au sein du bloc local est encore prégnant.
Le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes émet plusieurs
recommandations pour une réelle égalité chez les élus.

A
lors que la parité femmes/hommes est qua- le Haut Conseil estime qu’il faudrait instaurer la
siment atteinte dans les communes de plus parité dès le premier habitant, au plus tard d’ici dix
de 1 000 habitants, il faudrait encore vingt ans. En effet, les règles sur la parité (loi n° 2007-128 du
ans pour l’obtenir dans les petites communes… En 31 janvier 2007 et loi n° 2019-1461 du 27 décembre
outre, un maire sur cinq seulement est une femme, 2019) concernent à peine 29 % des communes. Il
de même qu’un président d’intercommunalité sur n’y a aucune obligation dans les communes de
dix. Inquiet de la « persistance du sexisme dans moins de 1 000 habitants et les intercommunali-
les communes et les intercommunalités », le Haut tés. Et, malgré des avancées notables, les hommes
Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes continuent de dominer la vie politique locale, en
(HCE) émet vingt recommandations pour y remé- occupant les postes qui concentrent le plus de pou-
dier, dans un rapport publié le 2 février 2022. voir ; qu’il s’agisse des délégations ou des travaux
en commissions, les femmes sont généralement
En premier lieu, l’accès à des données exhaustives
reléguées aux matières les moins stratégiques.
se révélant la principale difficulté, il conviendrait
au préalable d’adopter un référentiel commun de Le HCE dresse un bilan des actions locales en
la parité, dans les domaines politique, profession- faveur de la parité par les communes et leurs grou-
nel et social. S’appuyant sur les bonnes pratiques pements. Des actions qui mériteraient, selon lui,
d’autres pays d’Europe qui ont obtenu des résultats, d’être mieux pilotées et systématisées au sein du

14 Plus de contenu, d’actualités et d’informations sur www.weka.fr


bloc communal, à travers notamment une admi-
nistration et des outils dédiés. Ainsi, le HCE préco- Malgré des
nise de créer une délégation à l’égalité femmes/
hommes, transversale et dotée d’un budget et
avancées
d’un service propres, dans les communes et inter- notables,
les hommes
communalités. Un référent rémunéré devrait
également être nommé dans toutes les com-
munes, y compris lorsqu’elles comptent moins de
20 000 habitants.
continuent de
Le rapport sur la situation locale de l’égalité, que dominer la vie
les communes et EPCI de plus de 20 000 habitants
sont tenues de présenter préalablement aux
politique locale,
débats sur le budget, devrait être rendu obliga-
toire au-delà de 10 000 habitants, et d’application
en occupant
volontaire dans les plus petites communes. Par ail- les postes qui
leurs, le Haut Conseil suggère d’intégrer, aux bilans
politiques de la commune ou de l’intercommuna- concentrent le
lité, des données sexuées relatives à l’ensemble
de ses compétences : sociales, urbaines, sécurité,
plus de pouvoir.
mobilité, éducation… Des indicateurs spécifiques
devraient aussi être créés pour évaluer la façon
dont les collectivités mettent la parité en pratique.
Le HCE estime important que les collectivités
signent la Charte européenne pour l’égalité entre
les femmes et les hommes dans la vie locale,
aujourd’hui adoptée par seulement 780 communes,
19 intercommunalités, 33 départements et
11 régions. Le réseau est animé par l'Association
française du conseil des communes et régions
d'Europe (AFCCRE). En outre, des objectifs d’égalité
et des outils de suivi et de contrôle pourraient être
introduits dans les contrats d’objectifs et de perfor-
mance (COP) qui lient l’État et les territoires.

Marie Gasnier

ÉGALITÉ FEMMES/HOMMES
DANS LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE
15
WEK A
E
LOGIQU

Fiche 13299
ÉTHODO

Favoriser l’égalité professionnelle femmes-


hommes dans la fonction publique
FICHE M

CONTEXTE
La loi n° 2019-828 du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique
renforce les obligations des collectivités territoriales en matière
d’égalité professionnelle femmes-hommes. Ces dispositions reprennent des
axes de l’accord du 30 novembre 2018, devenu majoritaire à la suite des
élections professionnelles et la signature de 7 organisations syndicales
représentatives et l’ensemble des représentants des employeurs publics.

En dépit de dispositions constitutionnelles, législatives et réglementaires posant


le principe de l’égalité professionnelle, certaines inégalités persistent comme en
matière de promotion ou d’avancement et de recrutement sur des postes à
responsabilité. En effet, si les femmes représentent 61 % des effectifs de la
fonction publique territoriale, seuls 35 % des emplois de direction sont occupés
par des femmes. Par ailleurs, plus de 80 % des temps partiels ou des temps non
complets sont exercés par des femmes.

Environ 170 collectivités sont signataires de la charte européenne pour l’égalité


des femmes et des hommes dans la vie locale. Quelles actions mettre en
place pour favoriser cette égalité ?

▶ 1 - Pourquoi mettre en place une politique en faveur de


l’égalité professionnelle ?
Il ressort du baromètre Horizons publié en octobre 2019 par l’Association des maires de
France (AMF), l’Assemblée des départements de France (ADF), Régions de France, le Centre
national de la fonction publique territoriale (CNFPT) et la Fédération nationale des centres de
gestion (FNCDG) que seule un peu plus de la moitié des collectivités met en place des
actions pour l’égalité femmes-hommes (54 % en 2018). Les régions (100 %), les
départements (85 %) et les communes de 20 000 habitants et plus (87 %) sont plus actifs
concernant cette problématique.

Les actions mises en place portent en particulier sur :

le respect de la parité dans les instances de direction ;


la féminisation des fiches de poste ;
l’adaptation/l’aménagement des horaires de réunion ;
la rémunération.

Il s’agit principalement du respect d’obligations légales et réglementaires.

Ces obligations définies par le statut de la fonction publique notamment induisent


l’interdiction des discriminations en matière d’embauche, de rémunération, de déroulement
de carrière, la prévention du harcèlement, la mise en œuvre de garanties pour certains
événements familiaux…

Plus de 20 % des métiers de la fonction publique territoriale présentent une parité


déséquilibrée.

Les femmes sont très représentées dans les secteurs de l’éducation, de l’aide à la personne,
de la santé, de l’action sociale.

L’Institut national des études territoriales (Inet), dans un cahier Des clés pour agir de
novembre 2015, a mis en évidence 5 raisons pour définir une démarche pour
promouvoir l’égalité :

promouvoir le bien-être au travail pour tous les agents ;


jouer un rôle d’exemplarité sur l’ensemble de la société ;

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mettre en cohérence son action interne avec la vocation d’intérêt général dévolue aux
politiques publiques ;
moderniser la gestion de ses ressources humaines et donner une image positive de la
collectivité ;
respecter les obligations légales et réglementaires.

Le gouvernement a impulsé plusieurs négociations entre employeurs et organisations


syndicales pour promouvoir l’égalité. Le protocole du 8 mars 2013 avait pour finalité de
rendre effective l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la fonction
publique.

L’accord majoritaire du 30 novembre 2018 est plus contraignant que celui de 2013, les
inégalités demeurant 5 ans après la signature du premier accord. Le protocole de 2018
introduit de nouvelles règles assorties de sanctions financières plus importantes et
s’organise autour de 5 axes :

Axe 1 : renforcer la gouvernance des politiques d’égalité professionnelle.


Axe 2 : créer les conditions d’un égal accès aux métiers et responsabilités
professionnelles.
Axe 3 : supprimer les situations d’écarts de rémunération et de déroulement de
carrière.
Axe 4 : mieux accompagner les situations de grossesse, la parentalité et l’articulation
des temps de vie professionnelle et personnelle.
Axe 5 : renforcer la prévention et la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.

Certaines dispositions du protocole du 30 novembre 2018 ont fait l’objet d’une inscription
dans la loi n° 2019-828 du 6 août 2019 .

▶ 2 - Des obligations légales et réglementaires renforcées par


la loi du 6 août 2019
Rapport de situation et plan d’actions

Depuis le 1er janvier 2016, les collectivités territoriales et les établissements publics de
coopération intercommunale (EPCI) de plus de 20 000 habitants doivent présenter un
rapport sur la situation en matière d’égalité entre les femmes et les hommes.

Le décret n° 2015-761 du 24 juin 2015 relatif au rapport sur la situation en matière d’égalité
entre les femmes et les hommes précise les modalités d’élaboration de ce rapport qui est
réalisé à partir des données sociales relatives au recrutement, à la formation, au temps de
travail, à la promotion professionnelle, aux conditions de travail, à la rémunération, à
l’articulation entre vie personnelle et vie professionnelle.

À partir de 2021, cette situation comparée sera intégrée au rapport social unique qui sera
présenté annuellement à l’assemblée délibérante.

La réalisation du rapport de situation comparée permet d’établir un premier état des lieux de
l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans les collectivités. Ce diagnostic
circonstancié a pour objet de réaliser un plan d’actions en faveur de l’égalité.

Ce plan d’actions est rendu obligatoire pour les collectivités territoriales et les EPCI de plus
de 20 000 habitants et devra être élaboré au plus tard au 31 décembre 2020. La durée de
ces plans ne pourra excéder 3 ans, renouvelable.

Le plan d’actions comportera des mesures visant à évaluer, prévenir et traiter les écarts de
rémunération entre les femmes et les hommes.

Il a vocation également à garantir l’égal accès des femmes et des hommes aux corps, cadres
d’emplois, grades et emplois de la fonction publique. Aussi, lorsque la part des femmes ou
des hommes dans le grade d’avancement est inférieure à cette même part dans le vivier des
agents promouvables, le plan d’actions précise les actions mises en œuvre pour garantir
l’égal accès à ces nominations.

Dispositif de signalement des faits de discrimination et harcèlement


Le plan d’actions devra favoriser l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle et
prévenir les discriminations, les actes de violence, de harcèlement moral ou sexuel ainsi que
les agissements sexistes.

La loi du 6 août 2019 prévoit que les collectivités et établissements mettent en place un
dispositif de signalement qui a pour objet de recueillir les signalements des agents qui
s’estiment victimes ou témoins d’un acte de violence, de discrimination, de harcèlement
moral ou sexuel ou d’agissements sexistes.

Le décret n° 2020-256 du 13 mars 2020 précise les modalités de mise en œuvre de ce

ÉGALITÉ FEMMES/HOMMES
DANS LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE
17
dispositif qui se décompose en trois procédures distinctes :

la procédure de recueil des signalements effectués par les agents s’estimant victimes
ou témoins d’actes de violence, de discrimination, de harcèlement moral ou sexuel ou
d’agissements sexistes ;
la procédure d’orientation des agents s’estimant victimes d’actes de violence, de
discrimination, de harcèlement moral ou sexuel ou d’agissements sexistes vers les
services et professionnels compétents chargés de leur accompagnement et de leur
soutien ;
la procédure d’orientation des agents s’estimant victimes ou témoins d’actes de
violence, de discrimination, de harcèlement moral ou sexuel ou d’agissements
sexistes vers les autorités compétentes pour prendre toute mesure de protection
fonctionnelle appropriée et assurer le traitement des faits signalés, notamment par la
réalisation d’une enquête administrative.

Les collectivités territoriales ou établissements publics doivent mettre en place le dispositif


de signalement au plus tard le 1er mai 2020.

Nominations équilibrées
Cette même loi renforce les obligations des employeurs publics en matière de nominations
équilibrées.

Le dispositif des nominations équilibrées dans l’encadrement supérieur et dirigeant de la


fonction publique a été créé par la loi n° 2012-347 du 12 mars 2012 , dite « loi Sauvadet ».

Le seuil du dispositif des nominations équilibrées sur les emplois fonctionnels était alors fixé
à 80 000 habitants.

Au titre de chaque année civile, les nominations dans les emplois de direction des régions,
des départements, des communes et EPCI de plus de 40 000 habitants et du CNFPT devront
concerner au moins 40 % de personnes de chaque sexe.

Toutefois, les collectivités territoriales et les EPCI disposant de moins de 3 emplois


fonctionnels de direction créés par leur organe délibérant ne sont pas assujettis à cette
obligation.

En cas de non-respect de l’obligation de nomination équilibrée, une contribution est due. Le


montant de cette contribution est égal au nombre de bénéficiaires manquants au regard de
l’obligation multiplié par un montant unitaire (pour les communes ou les EPCI de plus de
40 000 habitants et de moins de 80 000 habitants, le montant unitaire de la contribution
financière est fixé à 50 000 € contre 90 000 € pour les collectivités déjà concernées
auparavant par cette obligation).

L’obligation de nominations équilibrées concerne aussi les jurys et les instances de sélection
constitués pour le recrutement, l’avancement ou la promotion interne des fonctionnaires
dont les membres sont désignés par l’administration. Ces jurys doivent être composés de
façon à concourir à une représentation équilibrée entre les femmes et les hommes.

Grossesse et parentalité
L’axe 4 du protocole d’accord signé le 30 novembre 2018 visait à mieux accompagner les
situations de grossesse, la parentalité et l’articulation des temps de vie professionnelle et
personnelle.

Aussi, la loi du 6 août 2019 renforce la protection des agentes en congé de maternité. Les
régimes indemnitaires seront maintenus dans les mêmes proportions que le traitement
durant les congés de maternité.

Le jour de carence n’est pas appliqué en cas de congé de maladie accordé postérieurement
à la déclaration de grossesse et avant le début du congé de maternité.

L’état de grossesse est ajouté dans les critères ne permettant aucune distinction entre les
fonctionnaires.

Pendant une année à compter du jour de la naissance, une fonctionnaire allaitant son enfant
dispose d’un aménagement horaire d’une heure maximum par jour, sous réserve des
nécessités de service.

Enfin, la loi prévoit le maintien des droits à avancement en cas de disponibilité pour élever
un enfant ou de congé parental.

Lorsque le fonctionnaire bénéficie d’une disponibilité pour élever un enfant ou d’un congé
parental, il conserve, au titre de ces deux positions, l’intégralité de ses droits à avancement.
La loi instaure toutefois une limite de 5 ans pour l’ensemble de la carrière.

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Tableau d’avancement
L’ article 85 de la loi du 6 août 2019 oblige les employeurs territoriaux à tenir compte de la
situation respective des femmes et des hommes dans le déroulement des carrières. Chaque
tableau d’avancement de grade devra préciser la part respective des femmes et des
hommes dans le vivier des agents promouvables et la part respective des femmes et des
hommes inscrits sur le tableau annuel et susceptibles d’être promus.

▶ 3 - Mettre en œuvre une politique en faveur de l’égalité


femmes-hommes
La circulaire du 8 juillet 2013 soulevait que le respect du principe d’égalité professionnelle
entre les femmes et les hommes relevait de la responsabilité de chaque employeur public :
« Afin de passer d’une égalité statutaire à une égalité réelle, les employeurs publics mettent
en œuvre toutes les mesures de nature à garantir l’égalité salariale et l’égalité des droits
dans le déroulement de la carrière des agents publics, quel que soit leur statut. »

Les collectivités sont invitées à mettre en œuvre une politique volontariste visant à
examiner l’ensemble de leurs pratiques RH pour éliminer tout stéréotype et toute démarche
discriminatoire envers les femmes comme envers les hommes.

Afin de mettre en œuvre une politique d’actions, la conduite en mode projet doit être
favorisée avec une définition d’objectifs, d’un mode opératoire, un dialogue avec les élus, les
représentants du personnel et les encadrants…

Ce plan d’actions peut prévoir notamment :

la désignation d’un élu et d’un agent référent en charge de l’égalité femmes-hommes ;


l’élaboration d’un plan de formation pour les élus, les encadrants et les agents pour
lutter contre les stéréotypes, les violences… ;
le respect de la parité dans les groupes de travail, les commissions, les comités de
pilotage, les délégations ;
la féminisation du nom des postes dans les annonces de recrutement, les
organigrammes, les fiches de poste… ;
l’analyse de données par sexe sur les politiques engagées par la collectivité ;
la mise en place d’une action spécifique dans le cadre du service emploi, notamment
pour réduire la précarité. En effet, les temps partiels ou temps non complets sont très
majoritairement occupés par des femmes… ;
la mise à disposition des membres des jurys de recrutement mais aussi des encadrants
d’un guide comportant des exemples ;
l’analyse des contraintes professionnelles et personnelles pouvant s’opposer à la
formation et la définition de mesures spécifiques comme la mise en place d’e-
learning…

Les collectivités doivent en parallèle redéfinir leurs outils de gestion des ressources
humaines (GRH) afin de tenir compte de cette nécessité d’inclusion.

Concernant la rédaction des fiches de poste, une attention particulière doit être portée
quant à la neutralité des termes.

Pour la conduite des entretiens de recrutement ou d’évaluation professionnelle,


une formation à l’exercice de ces entretiens, à la non-discrimination, l’utilisation d’une grille
déterminant des critères objectifs d’appréciation, la mise à disposition d’un référentiel ou
d’un guide de bonnes pratiques, etc., sont autant d’outils pouvant favoriser la lutte contre
les inégalités.

Le protocole d’accord du 8 mars 2013 prévoyait l’élaboration d’une charte du temps pour
faciliter la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle. Cette conciliation exige
des actions fortes pour adapter le temps de travail (mise en place d’horaires variables,
limitation des réunions à des heures tardives, optimisation des déplacements, mise en place
du télétravail…). La circulaire du 8 juillet 2013 définit les différents éléments devant être
contenus dans cette charte :

l’encadrement des horaires, même pour les cadres ;


la gestion des temps de récupération en cas de gestion de crise et de dépassements
d’horaires ;
l’anticipation des déplacements professionnels et des dépassements d’horaires (pics
d’activité), l’information des agents concernés afin qu’ils puissent organiser leur vie
personnelle en amont ;
l’encadrement des horaires des réunions ;
la détermination de l’heure après laquelle les documents reçus seront enregistrés et
traités le lendemain ;
la mise en place des horaires variables…

ÉGALITÉ FEMMES/HOMMES
DANS LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE
19
En matière de rémunération, en vertu des dispositions de l’ article 37 de la loi du 6 août
2019 , les régions, les départements, les collectivités territoriales et les EPCI de plus de
80 000 habitants publient chaque année, sur leur site Internet, la somme des 10
rémunérations les plus élevées des agents relevant de leur périmètre, en précisant
également le nombre de femmes et d’hommes figurant parmi ces 10 rémunérations les plus
élevées.

Chaque collectivité non soumise à cette obligation doit établir un diagnostic sur l’égalité
salariale et définir des mesures pour réduire les écarts. La mise en place du régime
indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l’expertise et de l’engagement
professionnel (RIFSEEP) a constitué un outil de promotion de l’égalité femmes-hommes du
fait de l’objectivation du régime indemnitaire. Dans de nombreuses structures, de grandes
différences existaient en matière indemnitaire selon les filières, au détriment des femmes,
surreprésentées dans les filières culturelle, sociale et administrative et sous-représentées
dans la filière technique, traditionnellement plus rémunératrice.

Parmi les autres actions permettant de favoriser l’égalité, certaines collectivités organisent
des campagnes d’information sur les métiers majoritairement exercés par un sexe.
Ces campagnes prennent la forme de stages, de job sharing , de formations… Parallèlement,
des études ergonomiques permettent de réduire la pénibilité des conditions de travail ou
d’aménager les postes (vestiaires séparés, réglage des hauteurs, prise en compte des
différences de morphologie…).

Pour mieux accompagner les congés liés à la parentalité, des entretiens avant le départ
et au retour de l’agent doivent être généralisés afin de préparer le retour à l’activité
professionnelle et l’organisation du travail après une période d’absence et l’évolution de la
vie familiale.

NOTRE CONSEIL
Réalisez un diagnostic le plus exhaustif possible sur l’égalité dans la collectivité. Ce n’est
qu’à cette condition que pourra être définie une politique publique établissant les grandes
priorités et planifiant toutes les actions à mener.

ÉVITEZ LES ERREURS


N’omettez pas d’informer le plus largement possible les agents sur les conséquences
sur la carrière et la retraite des choix opérés en termes de congés, de positions
statutaires ou de temps partiel.
Ne négligez pas la mise en place d’indicateurs de suivi du plan d’actions en matière
d’égalité professionnelle. Seul ce suivi permettra de contrôler la mise en œuvre
efficiente des mesures engagées.

FAQ
La non-réalisation d’un plan d’actions en matière d’égalité professionnelle peut-
elle être sanctionnée ?

La loi n° 2019-828 du 6 août 2019 prévoit que l’absence d’élaboration du plan d’actions ou
son non-renouvellement seront sanctionnés par une pénalité dont le montant ne pourra
excéder 1 % de la rémunération brute annuelle globale de l’ensemble des personnels.

ALLER PLUS LOIN

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ALLER PLUS LOIN
Références juridiques

Loi n° 2019-828 du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique, articles 37


et 85
Loi n° 2012-347 du 12 mars 2012 relative à l’accès à l’emploi titulaire et à
l’amélioration des conditions d’emploi des agents contractuels dans la fonction
publique, à la lutte contre les discriminations et portant diverses dispositions relatives à
la fonction publique, dite « loi Sauvadet »
Décret n° 2020-256 du 13 mars 2020 relatif au dispositif de signalement des actes de
violence, de discrimination, de harcèlement et d’agissements sexistes dans la fonction
publique
Décret n° 2019-1561 du 30 décembre 2019 modifiant le décret n° 2012-601 du
30 avril 2012 relatif aux modalités de nominations équilibrées dans l’encadrement
supérieur de la fonction publique
Décret n° 2015-761 du 24 juin 2015 relatif au rapport sur la situation en matière
d’égalité entre les femmes et les hommes intéressant les collectivités territoriales
Décret n° 2012-601 du 30 avril 2012 relatif aux modalités de nominations équilibrées
dans l’encadrement supérieur de la fonction publique
Circulaire du 8 juillet 2013 relative à la mise en œuvre du protocole d’accord du 8 mars
2013 relatif à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la fonction
publique du 8 mars 2013

Site Internet

www.fonction-publique.gouv.fr : portail de la fonction publique, où consulter le dossier


consacré à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ; rubriques Accueil >
Fonction publique > Carrière et parcours professionnels > Égalité professionnelle

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ÉGALITÉ FEMMES/HOMMES
DANS LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE 21
ITÉ
AC T U A L

L’égalité professionnelle
femmes/hommes progresse
dans la fonction publique
Le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques a publié le rapport 2021 sur
l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la fonction publique.

P
ubliée le 7 octobre, l’édition 2022 du rap- tion publique. « Premier employeur de France,
port annuel sur l’égalité professionnelle avec 63 % de femmes, la fonction publique se doit
entre les femmes et les hommes dans la d’être exemplaire en matière d’égalité profes-
fonction publique présente l’actualité de la poli- sionnelle », soutient le ministre de la Transforma-
tique en faveur de l’égalité professionnelle tion et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini,
entre les femmes et les hommes en 2021 et des en introduction du rapport.
retours d’expérience issus des trois versants de la
La première partie de cette 8e édition dresse un
fonction publique « qui mettent en perspective bilan du déploiement des plans d’actions relatifs à
des politiques et pratiques innovantes », explique l’égalité professionnelle dans la fonction publique
la Direction générale de l’administration et de et des dispositifs de signalement des violences
la fonction publique (DGAFP). Outil de connais- sexuelles et sexistes et des discriminations, prévus
sance de la situation comparée des femmes et par l’accord du 30 novembre 2018 et rendus obli-
des hommes dans la fonction publique, ce rap- gatoires par la loi de la transformation publique
port au Parlement a pour vocation d’éclairer l’en- du 6 août 2019. « Ces plans d’actions et ces dispo-
semble des acteurs, au premier rang desquels les sitifs de signalement représentent de véritables
employeurs publics, les agents publics et leurs leviers pour transformer les processus et les pra-
représentants, sur l’avancée des politiques en tiques de gestion des ressources humaines et de
faveur de l’égalité professionnelle dans la fonc- management, afin de faire réellement progresser

22 Plus de contenu, d’actualités et d’informations sur www.weka.fr


Ces plans
d’actions et ces
dispositifs de
signalement
l’égalité professionnelle et le respect le plus com- • sur les 469 communes et EPCI recen-
représentent
plet de chacune et chacun dans son identité et sa
vie au travail », assure le ministre.
sés, 209 ont réalisé un plan d’action
(soit un taux de réalisation de 45 %).
de véritables
Pour mémoire, chaque plan d’action doit au moins En termes de qualité, sur les 239 plans :
leviers pour
comporter des mesures visant à :
• évaluer, prévenir et, le cas échéant, traiter les
• 210 plans comprennent les 4 axes
requis, ce qui représente plus de
transformer les
écarts de rémunération entre les femmes et les 88 % des plans réalisés ; processus et
hommes ;
• garantir l’égal accès des femmes et des hommes
•
189 plans ont fait l’objet d’une
consultation du comité social territo-
les pratiques
aux corps, cadres d’emplois, grades et emplois de
la fonction publique. Lorsque la part des femmes
rial (ce qui représente près de 80 %
du total des plans réalisés). Pour les
de gestion
ou des hommes dans le grade d’avancement est collectivités n’ayant pas procédé à la des ressources
inférieure à cette même part dans le vivier des
agents promouvables, le plan d’action précise
consultation, celle-ci est en cours dans
la majorité des cas ; humaines et de
les mesures mises en œuvre pour garantir l’égal
accès des femmes et des hommes à ces nomi-
• 122 plans ont été transmis avant le
1er mars 2022, soit 51 %.
management.
nations, en détaillant notamment les actions en
« La mobilisation doit être effective à tous les
matière de promotion et d’avancement de grade ;
niveaux. L’une de ses dimensions clés en est la
• favoriser l’articulation entre activité profession- lutte contre le « plafond de verre » freinant l’accès
nelle et vie personnelle et familiale ; aux emplois les plus élevés. Les progrès se pour-
• prévenir et traiter les discriminations, les actes de suivent », se félicite le ministre de la Transforma-
violence, de harcèlement moral ou sexuel, ainsi tion et de la Fonction publiques. Ainsi, en 2021,
que les agissements sexistes. les primo-nominations féminines ont représenté
Dans la fonction publique territoriale (FPT), l’obli- 44 % des primo-nominations dans l’ensemble
gation de réaliser un plan d’action s’impose aux des emplois de l’encadrement supérieur et diri-
collectivités et établissements publics de coopé- geant de l’État, 42 % dans la fonction publique
ration intercommunale (EPCI) de plus de 20 000 territoriale en 2020 et 41 % au sein de la fonction
habitants, soit à 1 333 collectivités et EPCI. Depuis publique hospitalière.
le 1er janvier 2021, les 18 régions et les 101 départe- En complément, le programme « Talentueuses »,
ments sont soumis à l’obligation d’élaborer et de lancé le 27 juillet 2021, montre « notre volonta-
mettre en œuvre un plan d’action. risme à aller plus loin en ce domaine », ajoute
La DGAFP et la Direction générale des collectivités Stanislas Guerini.
locales (DGCL) ont conduit une enquête à laquelle Par ailleurs, le ministre salue « le succès » du Fonds
44 préfectures de département ont répondu. en faveur de l’égalité professionnelle, piloté par
Parmi les 518 collectivités concernées, 239 ont un la DGAFP. Depuis 2019, ce dispositif a permis
plan finalisé et 41 un plan en cours. Ainsi, 54 % d’accompagner 256 projets innovants au sein des
des collectivités représentées sont engagées dans services de l’État. « Cette dynamique va se pour-
la démarche de la réalisation des plans d’action. suivre, le dispositif étant désormais ouvert et com-
Parmi elles : mun à tous les employeurs publics, territoriaux et
• 100 % des régions recensées ont conclu leur plan ; hospitaliers, pour qu’ils présentent leurs projets
• 56 % des départements recensés ont conclu leur aux fins de sensibiliser et promouvoir l’égalité pro-
plan, 14 % sont en cours de finalisation de leur fessionnelle », est-il convaincu. Enfin, le ministre
plan et 30 % n’ont pas conclu de plan ; de la Transformation et de la Fonction publiques

ÉGALITÉ FEMMES/HOMMES
DANS LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE 23
est « heureux » de souligner que, pour la première
fois en 2022, la quasi-totalité des ministères sont
labellisés Égalité Professionnelle, « marquant l’en-
gagement fort et continu du gouvernement dans
des mesures concrètes permettant de faire chan-
ger les comportements et mentalités ».

La mobilisation
doit être effective
à tous les niveaux.
L’une de ses
dimensions clés en
est la lutte contre
le « plafond de
verre » freinant
l’accès aux emplois
les plus élevés.

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FRES
EN CHIF

COVÉA : un groupe engagé


pour l'égalité femmes/hommes
P
révention des risques, égalité des chances, terri- Indicateur N°1 Écart de rémunération 37/40
toires et proximité, savoirs et environnement… Indicateur N°2 Écart de taux d'augmentations individuelles 20/20
sont autant d’engagements qui font la poli- Indicateur N°3 Écart de taux de promotions 15/15
tique RSE « Notre impact sociétal » du groupe Covéa. Pourcentage de salariés ayant bénéficié d'une
Indicateur N°4 augmentation dans l'année suivant leur retour de 15/15
En matière d’égalité entre les femmes et les congé maternité
Nombre de salariés du sexe sous-représenté parmi
hommes, l’action de Covéa s’inscrit dans la durée au Indicateur N°5 les 10 plus hautes rémunérations 5/10
travers d’actions diversifiées. Formation, rémunéra- Source : Index égalité femmes/hommes chez Covéa – Février 2022
tion, articulation vie personnelle et professionnelle,
Symbole et incarnation de l’action de Covéa,
prévention et lutte contre les violences sexistes et
Cov&elles est un réseau féminin de 450 femmes,
sexuelles… sont autant de champs d’action et de
managers de managers.
leviers qui fondent le plan stratégique du groupe
Covéa est un groupe d'assurance mutualiste engagé
pour la période 2022/2024.
chaque jour au service de 11,6 millions de sociétaires
L’index de l’égalité femmes/hommes du groupe
et fort de marques reconnues : MAAF, MMA, GMF et
et son total de 92 points sur 100 pour l’année 2022
PartnerRe.
démontre l’engagement de Covéa.
Esperanza Duval Galache, responsable engagement
Si l’obligation de publicité d’un index égalité femmes/ sociétal du groupe Covéa et marques, et déléguée
hommes ne concerne pas, encore pour l’instant, la générale de Cov&elles, nous présente ce réseau
fonction publique, l’action de Covéa, mise en place féminin. Servir la promotion des carrières féminines,
notamment grâce à l’analyse des résultats de son prévenir et lutter contre les stéréotypes de genres,
index, donne à voir des initiatives intéressantes en lutter contre les violences sexistes et sexuelles... sont
matière de promotion de l’égalité femmes/hommes. autant d’actions menées par Cov&elles, incarnation
Outil de communication et de comparaison riche, de la politique de Covéa. Espace de sororité et de
l’index égalité femmes/hommes ouvre la voie vers solidarité, Cov&elles offre aux femmes du groupe la
des politiques plus innovantes et dynamiques en possibilité de s’accompagner individuellement ou
matière d’égalité femmes-hommes. collectivement.

ÉGALITÉ FEMMES/HOMMES
DANS LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE
25
WEK A
E
LOGIQU

Fiche 13746
ÉTHODO

La négociation et les accords collectifs dans


la fonction publique
FICHE M

CONTEXTE
La loi n° 2019-828 du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique a
redéfini les contours du dialogue social dans la fonction publique. D’une logique
centrée sur les agents, la loi de transformation dirige le dialogue social sur les
grands enjeux RH. C’est dans cette optique que l’ordonnance n° 2021-174 du
17 février 2021 relative à la négociation et aux accords collectifs dans la fonction
publique intervient. L’ordonnance définit le cadre juridique de la négociation
collective dans la fonction publique en vue de favoriser la conclusion d’accords
négociés.

▶ 1 - Changement de logique avec la loi de transformation de


la fonction publique
Traditionnellement, les accords conclus dans la fonction publique n’ont aucune base légale
et donc aucune force obligatoire ( CE, 15 oct. 1971, n° 78788, Syndicat national indépendant
et professionnel des CRS ). La loi n° 2010-751 du 5 juillet 2010 relative à la rénovation du
dialogue social avait pourtant posé les bases de la validité de ces accords sans que le juge
administratif ne modifie sa position antérieure (CE, 22 mai 2013, n° 256903, Fédération
Interco CFDT).

Prise sur le fondement de l’ article 14 de la loi n° 2019-828 du 6 août 2019 de


transformation de la fonction publique, l’ ordonnance n° 2021-174 du 17 février 2021 donne
une base légale à certains accords collectifs. Ses dispositions sont désormais codifiées aux
articles L. 221-1 à L. 227-4 du Code général de la fonction publique .

▶ 2 - Domaines ouverts à la négociation


L’ordonnance donne une portée juridique nouvelle à certaines clauses des accords dans les
domaines ouverts à la négociation ( CGFP, art. L. 222-3 ) comme :

1/ les conditions et l’organisation du travail, notamment les actions de prévention dans les
domaines de l’hygiène, de la sécurité et de la santé au travail ;

2/ le temps de travail, le télétravail, la qualité de vie au travail, les modalités des


déplacements entre le domicile et le travail et sur les impacts de la numérisation sur
l’organisation et les conditions de travail ;

3/ l’accompagnement social des mesures de réorganisation des services ;

4/ la mise en œuvre des actions en faveur de la lutte contre le changement climatique, la


préservation des ressources et de l’environnement et de la responsabilité sociale des
organisations ;

5/ l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ;

6/ la promotion de l’égalité des chances et la reconnaissance de la diversité et la prévention


des discriminations dans l’accès aux emplois et la gestion des carrières ;

7/ l’insertion professionnelle, le maintien dans l’emploi et l’évolution professionnelle des


personnes en situation de handicap ;

8/ le déroulement des carrières et la promotion professionnelle ;

9/ l’apprentissage ;

10/ la formation professionnelle et la formation tout au long de la vie ;

11/ l’intéressement collectif et les modalités de mise en œuvre de politiques indemnitaires ;

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12/ l’action sociale ;

13/ la protection sociale complémentaire ;

14/ l’évolution des métiers et la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.

En outre, l’autorité territoriale et les organisations syndicales représentatives peuvent


trouver un accord en dehors de ces domaines sans que ces clauses n’aient de portée
juridique ( CGFP, art. L. 222-4 ).

▶ 3 - Organisations syndicales représentatives et autorité


compétente
Attention, la négociation doit être portée avec au moins une organisation syndicale
représentative, c’est-à-dire celle qui dispose d’au moins un siège au sein ( CGFP, art. L. 221-
3):

du conseil commun de la fonction publique ou du Conseil supérieur de la fonction


publique territoriale ;
jusqu’au renouvellement des instances de 2022, des comités techniques ou, à compter
de ce renouvellement, des comités sociaux territoriaux placés auprès de l’autorité
territoriale.

L’autorité compétente pour signer des accords avec une ou des organisations syndicales
représentatives est l’autorité qui est compétente pour :

prendre des mesures réglementaires que comporte l’accord ;


entreprendre les actions déterminées qu’il prévoit.

Néanmoins, une autorité administrative pourra conduire les négociations.

Dans les collectivités territoriales et les établissements publics ne disposant pas d’un comité
technique (ou d’un comité social territorial), le centre de gestion est autorisé à négocier et
conclure l’accord.

▶ 4 - Portée des accords


Les accords peuvent comporter :

des mesures réglementaires ;


des clauses ou l’autorité territoriale s’engage à entreprendre des actions.

Si ces accords impliquent des mesures réglementaires et des clauses où l’employeur


s’engage à réaliser des actions déterminées, l’autorité compétente doit faire connaître le
calendrier d’application de ces mesures ( CGFP, art. L. 222-1 ).

Néanmoins, il est important que ces accords respectent la hiérarchie des normes, à savoir
que l’accord ne pourra modifier des règles prises en application d’un décret ou d’une loi ni y
déroger.

Pour être valides, les accords doivent être signés par l’ensemble des parties ou par les
organisations syndicales ayant obtenu au moins 50 % des suffrages exprimés ( CGFP, art.
L. 223-1 ).

▶ 5 - Égalité femme-homme
L’ ordonnance n° 2021-174 du 17 février 2021 prévoit également une obligation de négocier
concernant les plans d’action en matière d’égalité professionnelle entre les femmes et les
hommes. Ces échanges doivent être formalisés, notamment en matière de délais.

NOTRE CONSEIL
Vérifiez le respect de la hiérarchie des normes afin que votre accord ne soit pas illégal.
Vérifiez que l’accord conclu est signé par une ou des organisations syndicales
représentatives et ayant eu au moins 50 % des suffrages lors de la dernière élection.
Négociez sur des aspects stratégiques de la politique RH de votre collectivité.
Impliquez les organisations syndicales en matière d’égalité professionnelle.

ÉVITEZ LES ERREURS

ÉGALITÉ FEMMES/HOMMES
DANS LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE
27
ÉVITEZ LES ERREURS
Ne concluez pas trop d’accords collectifs.
Ne concluez pas un accord illégal ou en contradiction avec un texte réglementaire.

FAQ
Est-il obligatoire de conclure des accords ?

Non, c’est une nouvelle possibilité offerte aux employeurs publics qui ne revêt aucun
caractère obligatoire. Il est cependant conseillé de pratiquer un dialogue social régulier et
constructif pour votre collectivité.

ALLER PLUS LOIN


Références juridiques

Code général de la fonction publique , articles L. 221-1 à L. 227-4


Loi n° 2019-828 du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique, art. 14
Loi n° 2010-751 du 5 juillet 2010 relative à la rénovation du dialogue social et
comportant diverses dispositions relatives à la fonction publique
Ordonnance n° 2021-174 du 17 février 2021 relative à la négociation et aux accords
collectifs dans la fonction publique
CE, 22 mai 2013, n° 256903, Fédération Interco CFDT
CE, 15 octobre 1971, n° 78788, Syndicat national indépendant et professionnel des CRS

FICHE(S) ASSOCIÉE(S)LES FICHES ASSOCIÉES


Fiche 13268
Organisations syndicales : mettre en œuvre une négociation

Fiche 13709
Accords négociés

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