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29 janvier 2017
Décision relative à la réforme institutionnelle de l’Union africaine
Assembly/AU/Dec.606 (XXVII)
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Contexte général et introduction
À l'aube du nouveau millénaire, nous avons pris la décision de transformer
l'Organisation de l'unité africaine afin de créer l’Union africaine (UA). Cette décision
historique a suscité de grandes attentes. Malgré des moyens insuffisants et un
environnement interne et externe difficile, l'Union africaine a enregistré des résultats
importants dans le domaine politique, de paix, de sécurité et socio-économique. Ce
que nous avons accompli témoigne de ce que nous pourrions réaliser si nous en
avons les moyens, la volonté et si nous prenons conscience de l'urgence de la
situation. Quinze ans plus tard, le monde se trouve face à un contexte inhabituel.
Tous les pays doivent s'adapter, mais les évolutions récentes ont ceci de particulier
que même les pays les plus riches et les plus avancés au plan technologique ne
peuvent espérer faire face tout seuls à ces mutations.
Nulle part ce constat n’est plus juste qu'en Afrique, un continent où les divisions
internes arbitraires qui nous sont imposées par l'histoire nous ont laissés
relativement plus isolés les uns des autres et du reste du monde.
Pour surmonter les séquelles de ce passé, nous avons dû nous unir autour d’une
vision et d’une action communes, tout d'abord pour nous libérer de la domination
étrangère, et ensuite pour conduire nos peuples vers la dignité et la prospérité.
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Face à cet impératif, nous avons la chance d'avoir hérité d'un ensemble d'institutions,
notamment l’Union africaine et l’organisation qui l’a précédée, qui sont bâties sur
l’idéal de l’unité africaine et fondées sur les valeurs de respect, de tolérance et de
solidarité que nous partageons en tant qu’Africains.
Malheureusement, la vérité est que l'Afrique n'est pas assez préparée à faire face aux
évolutions en cours car l'Union africaine, malgré ses acquis, n'est toujours pas à la
hauteur des enjeux.
Sans une Union africaine efficace, le continent ne peut progresser et nous risquons
de connaître une nouvelle décennie d’occasions manquées.
Des dizaines de milliers de cadavres de jeunes africains ont été engloutis par la mer
ou abandonnés dans le désert, arrachés à la vie dans leur quête d'une vie décente
pour laquelle ils sont prêts à tout risquer, persuadés qu'il n'y a aucun espoir dans leur
pays d’origine. Ils nous invitent à agir de façon urgente.
Pourtant, chaque époque est présentée comme étant l’heure de l'Afrique. La question
qui s’est toujours posée est de savoir si nous choisissons de répondre présent et de
nous doter des moyens nécessaires pour saisir les opportunités qui se présentent à
nous.
Mais la preuve que nous pouvons y arriver est tout à fait évidente. Par exemple, la
CEDEAO et la Communauté est-africaine ont déjà fait de la libre circulation une
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réalité en leur sein. Il n'y a donc aucun obstacle technique à étendre ce principe,
comme nous sommes convenus de le faire.
À cette fin, le Président Kagamé a nommé pour l’assister dans sa tâche une équipe
consultative panafricaine avec laquelle il a tenu une série de réunions consultatives
en vue d’identifier les atouts et les insuffisances de l’Union africaine et de réfléchir à
des propositions de réforme1.
L'examen s’est appuyé sur les études détaillées conduites précédemment par les
organes et institutions de l’Union africaine. Il s'agit notamment du Rapport Adedeji
de 2007 et du Rapport Mekelle de 2016.
Les Chefs d'État ont régulièrement été informés et plusieurs d’entre eux fourni des
contributions détaillées, qui ont été soigneusement examinées.
1 Mme Cristina Duarte (ancienne ministre des Finances de la République de Cabo Verde), de Dr. Donald
Kaberuka (ancien Président de la Banque africaine de développement), Dr. Acha Leke (associé principal de
McKinsey & Company), Dr. Carlos Lopes (ancien Secrétaire exécutif de la Commission économique des
Nations Unies pour l'Afrique), M. Strive Masiyiwa (président-directeur général de Econet Wireless), M. Tito
Mboweni (ancien président de la Banque centrale de l’Afrique du Sud), l'Honorable Amina J. Mohammed
(ministre de l'Environnement de la République fédérale du Nigéria), l'Honorable Mariam Mahamat Nour
(ministre de l'Économie et de la Coopération internationale de la République du Tchad), et Dr. Vera Songwe
(directeur régional pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre de la Société financière internationale).
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une organisation fragmentée ayant une multitude de domaines
d’intervention ;
la dépendance excessive à l’égard des financements des partenaires ;
l’insuffisance de résultats de certains organes et institutions liée au manque de
clarté concernant leurs missions ou d’un manque de financement chronique ;
une capacité de gestion limitée ;
l’absence d’obligation de rendre compte quant aux résultats, à tous les
niveaux ;
le manque de précision concernant la répartition des tâches entre la
Commission de l'Union africaine, les communautés économiques régionales
(CER), les autres mécanismes régionaux (MR) et les États membres ;
l’inefficacité des méthodes de travail tant au niveau de la Commission que de
la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement.
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Le constat qui se dégage est celui d’une organisation dysfonctionnelle qui a peu de
valeur aux yeux des États membres, à laquelle les partenaires internationaux
accordent peu de crédit et qui ne jouit d’aucune confiance auprès de nos citoyens.
Si nous assumons notre part de responsabilité, nous pouvons espérer voir émerger
une Union africaine recentrée et revigorée, encore plus performante et qui progresse
continuellement d'année en année.
Pour renforcer davantage l'Union africaine, il faudra que nous agissions dans les
quatre domaines suivants :
L’agenda 2063 de l’Union africaine définit une vision à long terme ambitieuse
pour le continent. À cet égard, il faudra démontrer, à court et à moyen terme, des
résultats concrets et mesurables.
Pour chacun des quatre domaines d'action, les recommandations contenues dans le
rapport répondent aux questions essentielles énoncées ci-après.
Comment faire en sorte que nos efforts ne soient pas dispersés et que l'Union
africaine se concentre sur des priorités qui auront un impact réel sur la vie des
citoyens africains ?
Comment établir une répartition claire des tâches entre l'Union africaine, les
CER/MR, les États membres ?
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Se recentrer
Gérer
Se financer
Mise en œuvre
Nous ne pouvons pas permettre que la mise en œuvre des réformes institutionnelles
soit laissée au hasard ou traiter cette dernière comme faisant partie de la routine. Au
niveau de la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement comme à la
Commission, la responsabilité de l'exécution du programme de réformes doit être
clairement définie.
Étant donné que des décisions ont été prises par le passé, mais n’ont pas été mises en
œuvre, il est temps de rechercher un mécanisme différent qui nous oblige
formellement et juridiquement à agir sans délai et nous rend responsables des
résultats.
Quel que soit le coût qui pourrait nous être imposé en cas de manquement à nos
obligations, il est largement inférieur au coût de l’inaction que paient tous les
Africains depuis trop longtemps.
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Les recommandations présentées dans ce rapport sont une contribution aux
discussions que nous avons engagées concernant l’avenir de notre organisation.
Nous avons tout ce qu’il faut pour réussir. Ne pas remplir une fois encore notre
devoir envers l’Afrique serait une faute impardonnable.
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Recommandations pour la réforme
SE RECENTRER sur les priorités essentielles touchant l’ensemble du
continent
L'Union africaine intervient actuellement dans presque tous les domaines liés au
développement du continent. Son champ d’action n’est pas bien circonscrit. Cette
absence d’orientation claire complique l’affectation stratégique des ressources et
contribue à la fragmentation et à l’inefficacité de l’organisation.
Recommandations
1. L'Union africaine devrait se concentrer sur un nombre moins important de
domaines prioritaires dont la portée s’étend à l’ensemble du continent tels que
les affaires politiques, la paix et la sécurité, l'intégration économique
(notamment à travers la Zone de libre-échange continentale) et la possibilité
pour l’Afrique d’être représentée et de faire entendre sa voix sur l’échiquier
mondial.
2. Dès lors, il convient d’établir une répartition claire des tâches et une
collaboration efficace entre l'Union africaine, les communautés économiques
régionales (CER), les mécanismes régionaux (MR), les États membres et les
autres institutions continentales, conformément au principe de subsidiarité.
Les études précédentes ont démontré comment cette structure compliquée réduit la
capacité de l'Union africaine à prendre des décisions et à mener à bien des initiatives.
En outre, l'Union africaine est perçue comme étant éloignée des préoccupations des
citoyens. Bien qu'elle ait réussi dans une certaine mesure à placer les questions
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touchant l’égalité entre les sexes et la situation des jeunes au cœur des priorités de
l'institution, il reste encore beaucoup à faire pour produire des résultats et un impact
réels pour les citoyens africains.
Recommandations
3. Il faudrait procéder à un audit des goulets d’étranglement et pesanteurs
bureaucratiques qui empêchent la prestation des services et les mesures
nécessaires devront être prises sans délai.
4. Les structures de la Commission devraient être réévaluées pour s'assurer
qu'elles ont une taille et des moyens suffisants pour produire des résultats
satisfaisants dans les domaines prioritaires convenus.
5. L'équipe dirigeante de la Commission doit être resserrée et axée sur les
résultats.
6. À la lumière des domaines prioritaires convenus, les autres organes et
institutions de l'Union africaine tels que ceux cités ci-après devraient
également être réévalués et renouvelés.
Recommandations
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devrait s’inscrire dans le cadre des axes prioritaires convenus et s’appuyer sur
un dispositif renforcé de suivi des résultats.
Recommandation
Cependant, le protocole n'a pas encore été ratifié par un nombre suffisant
d'États membres pour permettre son entrée en vigueur, témoignant du
manque d’attachement pour cet organe. De même, le protocole portant
création du Parlement africain n’a été ratifié que par un Etat membre, de sorte
qu’il n’est à présent qu’un organe consultatif au sein de l’Union africaine.
Recommandation
Par exemple, le PAP devrait-il disposer de pouvoirs législatifs et, si oui, dans
quels domaines ? Devrions-nous envisager de modifier le mode d'élection au
PAP ? Qu'est-ce qui empêche la fusion de la Cour africaine de justice et de la
Cour africaine des droits de l'homme et des peuples ? Ces questions doivent
être réglées.
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D. La paix et la sécurité
Recommandation
Il faudrait engager une réforme profonde du Conseil paix et sécurité (CPS).
Cette réforme devrait consister à a) réviser la composition du CPS,
conformément à l’Article 5(4) du Protocole du CPS, b) renforcer les méthodes
de travail du CPS et c) renforcer le rôle du CPS dans la prévention et la gestion
des crises.
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Recommandation
Les règles et procédures du Comité des représentants permanents (CRP)
doivent être conformes au mandat prévu dans l'Acte constitutif. Le CRP
devrait faciliter la communication entre l'Union africaine et les capitales des
États membres et jouer le rôle d’organe consultatif auprès du Conseil exécutif
plutôt que celui d’organe de surveillance de la Commission.
Un nombre croissant d’ATS ont été créées par l'Union africaine ou intégrées
dans sa structure. Beaucoup d’entre elles ont des fonctions qui se chevauchent
et dont certaines ne correspondent pas aux priorités de l'Union africaine.
Recommandation
Les agences techniques spécialisées (ATS) devraient être réévaluées et
rationalisées. Seules celles dont le mandat s’inscrit dans le cadre des axes
prioritaires recommandés devraient être maintenues.
Recommandations
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neutres en matière d'arbitrage et de concurrence ou une plateforme technique
commune pour le recueil et l’analyse des données permettant d’évaluer les
progrès accomplis par l'Afrique vers la réalisation de ses objectifs de
développement.
Un certain nombre d’enjeux ont été identifiés avec l’équipe dirigeante actuelle de
l'institution aussi bien au plan politique qu’au plan opérationnel.
Au plan politique
Les responsables ont très peu l’occasion de dégager un consensus sur les questions
majeures avant la séance plénière et les CER ne sont pas suffisamment consultées.
En outre, il n'existe aucun mécanisme de coercition permettant de garantir la mise
en application des décisions de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement.
Recommandations
4 Étude comparative des méthodes de l’Union africaine et celles des autres organisations Internationales et
multilatérales similaires, Union africaine, 2016.
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rapport Mekelle. Les autres questions devraient être déléguées au Conseil
exécutif.
Au niveau de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement, un seul
sommet devrait être organisé par an, à l'exception des sessions
extraordinaires.
Les règles et lignes directrices régissant l’organisation des Sommets
devraient être révisées, notamment en ce qui concerne le niveau de
représentation acceptable (par exemple, peuvent y assister seulement les
présidents, les vice-présidents ou les premiers ministres).
Le deuxième sommet de l'année devrait porter sur la coordination avec les
CER. Il devrait être élargi au Bureau de la Conférence des Chefs d’Etat et
de gouvernement de l'Union africaine ainsi qu’aux présidents des CER et
des mécanismes régionaux. Avant le sommet, l'Union africaine devrait
jouer un rôle de coordination et d'harmonisation plus actif auprès des
CER, conformément au Traité d'Abuja.
Des partenaires extérieurs devraient être invités aux sommets à titre
exceptionnel et dans un but déterminé.
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président sortant, le président en exercice et le président entrant. Cela
nécessiterait que le président entrant soit choisi un an à l'avance. Le rôle
du Président de la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement devrait
également être clarifié.
Au plan opérationnel
Recommandations
13. Le/la vice-président(e) et les commissaires devraient être recrutés par voie
de concours conformément aux meilleures pratiques, et nommés par le/la
Président(e) de la Commission, à qui ils doivent être directement
rattachés, tout en respectant entre autres les principes de diversité des
sexes et des régions.
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Président/Secrétaire général, Vice-président/responsable principal des
opérations).
En 2014, le budget de l'Union africaine était de 308 millions de dollars, dont plus de
la moitié était financé par des donateurs. En 2015, il a augmenté de 30 % pour
s'établir à 393 millions de dollars, dont 63 % ont été financés par des donateurs. En
2016, les donateurs ont assuré 60 % du budget de 417 millions de dollars. En 2017,
les États membres devraient assurer 26 % du budget prévu de 439 millions de
dollars, tandis que les donateurs devraient apporter les 74 % restants5.
5 Commission de l’Union africaine, Commission de l’Union africaine, Manuel de l’Union africaine 2014-2017
6 Oyoo, S., AU dependency on Donor Funding, 2015
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Recommandations
le barème actuel des cotisations devrait être révisé en tenant compte des
principes suivants : a) la capacité contributive ; b) la solidarité ; et
c) la répartition équitable du fardeau (pour éviter la concentration des
risques).
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réintégration des membres serait conditionnée au règlement des arriérés,
assortis d’autres frais annexes.
Recommandations
18. Un panel de haut niveau des Chefs d'État et de gouvernement devrait être
mis en place pour superviser le processus de mise en œuvre.
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Conclusion
Aujourd’hui, l’Union africaine se situe à un nouveau tournant dans son histoire. Elle
peut poursuivre sur la même voie ou changer de cap pour être davantage au service
des populations. La décision d’opérer ce changement se trouve entre les mains des
dirigeants africains. Il est temps d’offrir à nos citoyens un continent dans lequel ils
peuvent s’épanouir.
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Séquence des recommandations
La mise en œuvre des recommandations proposées dans ce rapport nécessitera
l’élaboration d’un plan structuré pour la mise en place des réformes dans un délai de
1 ou 2 ans commençant immédiatement :
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REF 3) Procéder à un audit des goulets d’étranglement et des pesanteurs
bureaucratiques dont souffre l’Union africaine
REF 4) Réévaluer la taille et les capacités des structures de la Commission
REF 5) Doter la Commission d’une équipe dirigeante resserrée et axée sur les
résultats
REF 15) Revoir la structure, les besoins en personnel et les conditions d’emploi de
la Commission
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