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INTRODUCTION

L'Union africaine a 20 ans. Créée à l'initiative de plusieurs chefs d'États


africains, elle compte aujourd'hui 55 membres. Terrorisme et
djihadisme au Sahel, coups d'État sur le continent ou encore guerre
russo-ukrainienne : l'Union africaine doit faire face à de nombreux défis. 
Lors de sa création il y a vingt ans, l’Union africaine, née en 2002 des
vestiges de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), devait permettre aux
États africains de s’unir durablement afin de peser sur la scène
internationale. Mais les conflits qui ont éclaté sur le continent ont
poussé l’organisation à se réorganiser progressivement. En quelques
années, elle a fini par devenir un acteur majeur dans la résolution des
crises politiques, sociales et économiques sur le continent africain. 
Aujourd’hui, le bilan de l’UA, par rapport aux objectifs qui lui ont été assignés par
ses créateurs, semble indiquer que pour l’instant, la mission est loin d’être remplie,
malgré quelques succès.

Bilan
La gestion des crises et conflits

Contrairement à son prédécesseur, la nouvelle organisation a très tôt affiché son


intention de s’impliquer dans la gestion des conflits qui pourraient surgir sur le
continent. Pour ce faire, l’UA s’est dotée d’un Conseil de paix et de sécurité (CPS)
qui lui a permis de jouer un rôle majeur dans la résolution de plusieurs conflits en
Afrique.

Ainsi les efforts de l’institution pour mettre fin à la guerre civile somalienne à
travers l’envoi d’une force de maintien de la paix de 8000 hommes à Mogadiscio,
en 2007, ou encore l’envoi d’une force de 7000 hommes en réponse au conflit du
Darfour, figurent parmi les rares actions effectives prises par l’UA pour résoudre
les crises sur le continent.

La menace de suspension, pour contester les changements anticonstitutionnels de


gouvernements, a permis à l’Union d’exercer sa mission de promotion des
principes démocratiques. En 2005, par exemple, l’UA annoncera la suspension du
Togo pour affirmer son désaccord quant aux arrangements politiques qui
s’organisaient pour remplacer l’ancien président de la république Gnassingbé
Eyadéma, mort en plein mandat. Pourtant malgré ces actions, le bilan de l’union,
sur le plan sécuritaire et politique, reste plus marqué par ses nombreux échecs que
par ses rares succès. A cet effet, le cas de la Libye reste incontestablement le plus
grand symbole de l’inefficacité d’une Union trop souvent désunie sur de
nombreuses questions sensibles. Alors que l’institution avait désapprouvé
l’adoption, par le conseil de sécurité des Nations unies, d’une zone d’exclusion
aérienne contre le régime du président Kadhafi en 2011, plusieurs pays membres de
l’UA (dont le Botswana, le Gabon et la Zambie) ont ouvertement exprimé leur
soutien à cette résolution. De plus, alors que le conseil de paix et de sécurité de
l’UA avait opposé un véto à la reconnaissance du conseil national de transition
(CNT) comme autorité gouvernementale du pays, plusieurs Etats membres
reconnurent le CNT sans prendre en compte cette décision.

Une intégration économique encore lente

Achever l’intégration économique définitive et totale du continent, reste


probablement le plus grand projet de l’Union africaine, dont les différentes bases
ont été posées à travers l’adoption de son « Agenda 2063 ». Sur ce plan, l’UA a
connu des avancées notables par rapport aux actions menées par son prédécesseur
l’OUA.

L’un des principaux bonds en avant réalisés par l’institution dans ce domaine a été
l’élaboration de l’accord sur la zone de libre-échange continentale africaine
(ZLECA) qui a été signé le 21 mars dernier par 44 Etats membres. En cours de
ratification dans plusieurs pays du continent, cet accord vise à mettre en place un
marché commun entre les 55 Etats membres de l’UA, afin de briser les barrières
douanières et booster un commerce intra-africain encore à la traîne après plus de 50
ans d’indépendance. De plus, le développement des travaux de la route
transsaharienne , et la relance du projet de création d’un marché unique du transport
aérien africain (MUTAA) semblent montrer que les projets d’intégration sur le
continent n’ont jamais connu un aussi grand développement que sous l’UA.
Pourtant dans les faits, cette intégration est loin d’être effective, tant les pays
peinent à mettre en œuvre eux-mêmes les décisions qu’ils ont prises dans le cadre
de l’UA. A titre d’exemple les réserves émises par plusieurs pays, avec en tête le
Nigeria quant à la signature de l’accord de la ZLECA, ont contribué à donner un
coup de mou à la machine intégrationniste continentale qui se mettait en place.
Même si la plupart des pays du continent, comptant parmi eux d’autres grandes
nations comme l’Egypte, le Kenya ou le Maroc, ont signé l’accord, le refus du pays
le plus peuplé d’Afrique à l’intégrer a incontestablement ralenti le processus de
mise en œuvre de la zone. D’un autre côté, on peut constater la triste inefficacité de
l’UA quant à la suppression effective des barrières douanières entre les pays, ainsi
que la réduction des frais de visa d’un Etat à l’autre. Malgré les actions entreprises
depuis sa création en ce sens. Cette situation à contribué à faire du transport intra-
africain l’un des plus faibles au monde et paradoxalement l’un des plus chers.
Malgré les nombreux projets d’infrastructures ferroviaires et routières qu’a souhaité
mettre en place l’UA, ces deux secteurs restent encore très peu développés sur le
continent.

 Le bilan organisationnel : l’échec de l’indépendance financière

C’est peut-être sur le plan de la structure interne de l’UA et de son fonctionnement


que se situe son plus gros échec. Alors qu’elle prône le « développement de
l’Afrique par les Africains », ainsi que l’autonomisation économique et financière
du continent, l’Union africaine se retrouve, bien malgré elle, encore fortement
dépendante de l’aide étrangère pour son fonctionnement. Aujourd’hui les Etats
africains ne contribuent qu’à hauteur de 40% du budget de fonctionnement de
l’UA, alors que les institutions comme l’Union européenne ou d’autres pays
comme les Etats-Unis et la Chine, fournissent le reste du financement. Pour de
nombreux observateurs, cette dépendance de l’union à l’aide étrangère est le
principal frein à la réussite de ses missions de maintien de la paix et de la sécurité
ainsi qu’à la réalisation des projets d’intégration sur le continent. Dans un rapport
intitulé L’Union africaine face aux défis du continent, le chercheur belge Pascal de
Gendt s’interrogeait en 2016 sur la manière dont l’UA pouvait « assurer sa
crédibilité d’organisation "porte-parole de l’Afrique" si la majeure partie de son
budget provient de contributions venant d’en-dehors du continent ».

Des réformes encore peu effectives

Les perspectives de l’union africaine


Cependant, penser l’Union Africaine comme un germe au
développement, serait encore bien hasardeux. Si la volonté de
cette organisation est évidente, comme en témoigne l’adoption
de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, la
réalité est bien plus sombre. En effet, comment promouvoir la
démocratie et le respect des droits fondamentaux quand les
pays constitutifs sont en grand nombre bien peu regardants
quant à leurs mises en application ?

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