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I
e . 38
1171
1
!
VIE
maneitch
VIE
PAR
LE PÈRE K. E. SCHMOEGER
DE LA CONGREGATION DU TRÈS - SAINT REDEMPTEUR
TRADUITE DE L'ALLEMAND
PAR
E. DE CAZALÈS
VICAIRE GÉNÉRAL ET CHANOINE DE VERSAILLES
TOME PREMIER
(1774-1819 )
M
RBV ENM
VE EN
Eru repe
ditus riet
in bona
Verbo Prax
PARIS
14 MAR 1947
LIBRAR
A
SON EMINENCE
PAR L'AUTEUR
APPROBATIONS
PIERRE-JOSEPH
Évêque de Limbourg.
(1) L'éditeur a eu la bonté de lui envoyer les feuilles à mesure qu'on les
imprimait, afin que la traduction française pût paraître très-peu de temps
après l'ouvrage original.
VIII AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR
lui avait procuré, avec la faculté d'en faire l'usage qu'il lui
plairait, la communication de tous les actes originaux de
l'enquête ecclésiastique à laquelle Anne Catherine fut sou-
mise en 1813 et s'il ne l'avait plus tard accompagné à Dul-
men, à Coesfeld et à Flamske , pour y recueillir de la bou-
che du petit nombre des contemporains encore vivants
d'Anne Catherine et de ceux qui l'ont connue particu-
lièrement des renseignements malheureusement bien
incomplets sur sa vie . La reconnaissance lui fait encore
un devoir de mentionner les peines qu'a bien voulu se
donner M. Aulike, conseiller intime de régence à
Berlin, mort aussi depuis , pour rechercher partout et
transmettre à l'auteur les notices et particulièrement les
brochures ayant trait à Anne Catherine publiées depuis
l'an 1813. Ces deux hommes étaient pleins d'une véné-
ration touchante pour la servante de Dieu et attendaient
avec impatience la publication de sa biographie qu'ils
n'étaient pas destinés à voir paraître de leur vivant.
Grâce au dépouillement consciencieux des actes de
l'enquête , lesquels n'avaient jamais passé sous les yeux
de Clément Brentano , il a été possible à l'auteur d'ap-
puyer son récit sur des témoignages d'un tel poids
qu'on n'en peut trouver de plus concluants dans la
biographie d'aucune personne favorisée de grâces
semblables . Les riches matériaux fournis par ces
documents lui ont aussi ouvert la voie à une intel-
ligence plus approfondie de la mission de la sœur
Emmerich car il y a reconnu avec certitude la repro-
duction d'un fait dont l'importance est généralement
admise dans l'Eglise et qui a été plusieurs fois observé
et apprécié dans chaque siècle , fait consistant en ce
que Dieu, dans tous les temps , a choisi certaines âmes ,
qui , soit dans une retraite cachée à tous les regards ,
soit publiquement et sous les yeux du monde, lui ont
servi d'instruments destinés à souffrir et à combattre
PRÉFACE ET INTRODUCTION XIII
P. SCHMOEGER .
VIE
parée au grand rôle qu'elle devait jouer plus tard par des
visions pour lesquelles il lui fallait une telle liberté d'es-
prit à l'endroit de toutes les créatures et un recueillement
si imperturbable de toutes les forces de l'âme en Dieu
qu'étant dans l'entourage des Papes et des princes et au
milieu de tout le tumulte du monde, elle pouvait y rester
aussi inaccessible et en être aussi peu émue qu'elle l'eût
été dans l'asile silencieux d'une cellule monastique . Mais
cette force , elle ne la puisait qu'à l'école des anciens pères
et des pénitents de la Thébaïde . C'est pourquoi , pendant
des années , elle eut pour compagnie leur contemplation si
claire et si vivante qu'elle tressait avec eux des corbeilles
et des nattes , priait, chantait des psaumes, jeûnait , faisait
pénitence , observait le silence , enfin pratiquait toutes les
abstinences et les mortifications qui devaient la conduire à
une séparation complète d'avec les créatures et à l'union la
plus intime avec Dieu . Saint Paul , saint Antoine , saint Pa-
côme, saint Hilarion étaient ses modèles et ses maîtres et elle
était en rapport familier avec eux comme Anne Catherine
avec saint Joachim , sainte Anne et leurs saints ancêtres.
4. « Quoi
que je fusse toute petite et bien faible , on
m'employait pourtant , tantôt à la maison , tantôt chez des
parents , à un pénible travail . Et les choses s'arrangea
ient
toujours pour que j'eusse à travailler rudement . Je me
souviens qu'une fois j'eus à placer sur la charrette environ
vingt charges de blé , et je fis cela sans m'arrêter et plus
vite qu'un fort garçon . Je travaillais aussi vigoureuse
ment
à couper et à lier .
« Il me fallait aller aux champs avec mon père , conduire
le cheval, recueillir les œufs et faire toute espèce de tra-
vaux manuels . Quand nous nous retournions ou que nous
nous arrêtions un moment, il disait : « Comme cela est
beau ! regarde ! nous pouvons voir droit devant nous, à
Coesfeld , l'Eglise où est le Saint-Sacrement et adorer notre
4
50 VIE
tion de son ange, afin qu'elle marchât par une voie dou-
loureuse sur laquelle toutes les amorces de la concupis-
cence devaient s'éteindre. Le diable , il est vrai , s'efforça
souvent de lui donner en spectacle les tableaux les plus
immondes mais il ne put jamais obtenir qu'elle y jetât
un regard . Il lui arriva aussi d'induire de méchants
hommes à tenter sur la jeune vierge d'odieuses violences :
mais , forte comme une lionne, elle terrassait ces miséra-
bles et les mettait en fuite . « Mon Seigneur et mon Dieu
ne m'abandonne pas ! disait- elle . Il est plus fort que l'en-
nemi ! » C'était là son bouclier et nul ne put jamais porter
sur elle une main téméraire .
VII
84 VIE
ans pour mettre de côté une somme qui puisse lui servir
de dot, et elle se trouve aussi pauvre qu'auparavant. Son
fiancé lui a envoyé tant d'indigents et lui a offert si
souvent l'occasion de soulager les besoins de son pro-
chain qu'elle n'a rien pu garder pour elle-même. Chose
plus grave encore et qui semble lui ôter toute espérance,
elle a des maladies continuelles. Des visions lui montrent
à la vérité ce qu'elle a à souffrir et pourquoi elle souffre ;
mais la connaissance de ces causes cachées est une faible
consolation pour sa vie quotidienne et pour ses soucis ,
car les douleurs des maladies sont là , si réelles et si sen-
sibles qu'elles consument toutes ses forces . Anne Cathe-
rine ne peut presque plus faire son travail accoutumé ;
et , lorsqu'après la tentative manquée d'entrer chez les
Augustines de Borken , elle demande à son confesseur de
parler en sa faveur aux Trappistines de Darfeld, celui- ci
lui déclare qu'il ne peut autoriser une personne faible et
maladive comme elle l'est, à se faire admettre dans un ordre
aussi sévère. En voyant le bouleversement involontaire
que trahit son visage à cette déclaration , il la consola en
lui promettant qu'il essaierait de la faire recevoir chez les
Clarisses de Munster. On lui fit là une réponse favorable
et Anne Catherine alla elle- même présenter sa requête .
Mais on lui déclara que , le couvent étant très- pauvre et
elle-même n'ayant point de dot à apporter, elle ne pouvait
être admise qu'à condition qu'elle apprendrait à jouer de
l'orgue, afin de se rendre par là utile à la communauté .
Elle s'y décida en effet, mais l'affaiblissement toujours
croissant de sa santé lui rendit nécessaire auparavant un
séjour dans la maison paternelle pour s'y rétablir.
L 12
XIII
par Marie, ce fut aussi cette fois la reine des vierges qui la
remit à son fiancé. Pendant que sa bouche prononçait les
paroles de la profession , elle vit cette tradition solennelle
de sa personne à Dieu s'accomplir comme d'une double
manière car ce fut l'Eglise sur la terre qui la reçut et ce
fut le céleste fiancé qui daigna l'accepter par l'Eglise et des
mains de l'Eglise , et qui scella son acceptation en lui oc-
troyant des dons et des ornements magnifiques . Anne
Catherine vit alors la nouvelle et haute position qui lui
était faite, en vertu des vœux , dans la sainte hiérarchie
de la société ecclésiastique : mais elle vit et ressentit aussi
d'une manière inexprimable comment, dans son corps et
dans son âme, dans son cœur et dans son esprit , elle était
munie de forces , de bénédictions et de grâces abondantes ,
et gratifiée de la dignité insigne attachée à sa qualité de
fiancée, dignité que , dès lors , elle ne pouvait considérer
en sa personne qu'avec respect. Il lui arrivait ce qui arri-
verait à un prêtre pieux pour lequel , lors de la réception
des saints ordres , sa propre âme deviendrait visible avec
toute la splendeur communiquée par le caractère indélé-
bile, et qui verrait les grâces et les facultés surnaturelles
qui en émanent se communiquer aux puissances de l'âme.
Elle sut et sentit comment désormais elle appartenait à
l'Eglise et par l'Eglise au fiancé céleste d'une manière toute
nouvelle, comme un don consacré, offert à Dieu en corps.
et en âme et, de même que Colombe de Rieti , Lidwine de
Schiedam et la bienheureuse Colette, elle connut la signi-
fication spirituelle de toutes les parties et de tous les mem-
bres de son corps de fiancée consacré à Dieu et leur rela-
tion symbolique avec toutes les parties du corps de l'Eglise .
temps.
38. Clara Soentgen en 1813 déposa devant les supérieurs
ecclésiastiques touchant un autre cas du même genre :
• Depuis que j'avais fait connaissance avec Anne Cathe-
rine Emmerich , dit-elle , je remarquais que c'était pour
230 VIE
«
21. <<Elle a toujours eu une confiance particulière dans la
Mère de Dieu et elle se tournait avec plus d'ardeur vers elle
quand elle avait péché . Elle la priait ainsi ordinairement :
« O Mère de mon Sauveur, vous êtes doublement ma
mère. Votre Fils vous a donnée à moi pour mère quand il
s'est fait homme et quand il a dit à Jean : « Voilà ta
mère. » Puis je suis devenue l'épouse de votre Fils . J'ai été
désobéissante envers votre Fils , mon fiancé , et j'ai honte
de me laisser voir à lui. Ayez donc pitié de moi ! Le cœur
d'une mère est toujours si tendre ! priez pour que j'ob-
tienne mon pardon ! il ne vous sera pas refusé .
(1) Cet entretien dans l'auberge n'avait pas échappé au regard d'Anne
Catherine; car, après la visite du docteur Wesener qui en fut la consé-
quence, son confesseur lui ayant demandé comment le docteur avait connu
son état, elle répondit : « Chez les messieurs de l'auberge, il a parlé contre ,
et ensuite il est venu pour me voir. >»
270 VIE
(1) Elle voulait parler de ces jours pendant lesquels les bandages l'avaient´
fait tellement souffrir. (Note d'Overberg. )
298 VIE
sur les lignes des croix, aussi bien que la peau environ-
nante, à une assez grande distance , était identique à lui-
même et paraissait s'écailler un peu quand on le voyait à
travers le verre grossissant.
« J'examinai avec la loupe la place grisâtre au-dessous
de la croix mais je n'y distinguai pas une forme assez
arrêtée pour que je pusse la décrire. Plus en haut, la
couleur pâlissait et à peu de distance du centre elle sem-
blait disparaître tout à fait la partie inférieure était la
plus allongée et la plus large ; c'était à peu près comme
ceci, si ma mémoire ne me trompe pas. ( Voir la planche,
fig. 2.)
« La marque du côté droit ne saignait pas, mais , dans la
partie supérieure , elle était couverte en partie de sang
desséché ; on voyait, dans cette direction , une nuance
plus foncée , comme pourrait la donner du sang extravasé
qui ne serait pas immédiatement sous l'épiderme : l'en-
semble peut être à peu près figuré ainsi . ( Voir la planche,
fig.3.)
« J'examinai avec la loupe la place où il n'y avait pas de
sang, mais je ne trouvai nulle part la peau entamée ; toute-
fois, il se peut que la peau, à cet endroit, eût une colora-
tion un peu rougeâtre ; je ne m'en souviens pas distincte-
ment.
« La sœur Emmerich y ayant donné son consente-
ment ( 1 ) , M. Krauthausen posa sur la plaie de la main gau-
che un emplâtre composé d'althéa et d'autres ingrédients ,
qu'il avait étendu sur de la charpie et par là- dessus un
emplâtre collant ; il pouvait être environ six heures du
1) Overberg s'exprime ainsi dans ses notes : « Après l'examen des plaies
par les médecins, on lui demanda si elle trouverait bon qu'on fit un essai
pour guérir une des plaies. Elle y consentit très -volontiers. Un emplâtre fut
aussitôt appliqué sur la main gauche. »
312 VIE
(1) « Je dois faire observer ici que souvent les choses se représentent aussi
vivement à ma mémoire que si je les voyais réellement alors je puis dire :
« Cela était ainsi. » Souvent aussi elles se présentent moins vivement et je
sens que c'est une pure réminiscence : alors je blesserais le respect que j'ai
pour la vérité en disant : « Cela était ainsi. » J'étais ici dans ce dernier cas
c'est pourquoi je me suis exprimé comme je l'ai fait. » Clém. DROSTE .
314 VIE
1. 21
XXV
n'était pas habituel. Elle ne le savait pas, mais elle raconta ce qui suit :
« bier le doyen Rensing est venu et m'a fort blâmée, quand je lui ai
avoué que je désirais du fond du cœur que les signes extérieurs me fussent
retirés et que j'avais prié Dieu pour cela . Je suis persuadée que je n'ai
point eu tort de faire cette prière qui ne vient pas de mauvaise volonté :
car je suis fermement résolue à me conformer à la volonté de Dieu et à
m'y abandonner entièrement. Je souffrirai de bon cœur jusqu'au jour du
jugement dernier si je puis par là plaire à Dieu et être utile au prochain.
D'ANNE CATHERINE EMMERICH 329
10. Elle eut plus tard une vision analogue qu'elle ra-
conta ainsi :
« Je fus conduite dans un beau jardin où je vis des
roses d'une grandeur et d'une beauté extraordinaires,
mais elles étaient entourées d'épines si longues et si
pointues qu'on ne pouvait pas les cueillir sans être cruel-
lement piqué : « Cela ne m'est pas agréable, » disais-je,
D'ANNE CATHERINE EMMERICH 345
21. Elle lui dit le 6 mai : « Je sens les douleurs des plaies
des pieds monter dans la poitrine ; c'est comme si toutes
mes plaies se trouvaient en communication , de manière
à ce que les douleurs passent de l'une à l'autre. » En outre
son dos sur lequel elle était couchée s'était écorché par
endroits , en sorte que la chemise et le drap du lit restaient
collés à la peau ; toutefois, elle déclarait que la souffrance
qu'elle en ressentait n'était pas comparable aux douleurs
que lui causait chacune des autres plaies prise à part. Ren-
sing lui ayant dit qu'étant dans un pareil état, elle devait
avoir eu une bien mauvaise nuit , elle répondit : << Non ! ma
souffrance elle-même m'a causé de la joie . Car , quand j'ai
quelque chose à souffrir, je me réjouis et je remercie Dieu
de ce que, par là , je ne suis pas oisive dans mon lit. » Elle
s'exprima un jour de la même manière en présence d'O-
verberg, disant « que ce qu'il y avait de plus fâcheux pour
elle était de n'avoir rien de particulier à souffrir, parce
qu'elle ne se trouvait contente que quand Dieu daignait
lui faire endurer quelque chose pour lui. »D
I. 24
370 VIE
8. Rensing répondit :
« Je ne remarque pas encore en elle de signes inaccou-
tumés annonçant une mort prochaine : mais elle-même
assure que son état intérieur semble indiquer que le terme
n'est plus très-éloigné . Si Dieu daignait lui faire une révéla-
tion touchant sa mort et si elle me disait à ce sujet quelque
chose de précis , j'aurais l'honneur de vous en donner avis
aussitôt. Son corps présente toujours les mêmes phéno-
mènes qu'il y a un an. Le sang continue à couler les ven-
dredis comme alors et, depuis le mois d'août de l'année
précédente jusqu'à ce jour ( 15 mars 1814 ) , il ne s'est
rien passé extérieurement qui mérite d'être noté . Mais
quant à l'état de son âme, elle a gagné à plusieurs égards,
car elle s'est défaite de diverses imperfections auxquelles
elle se laissait aller facilement autrefois et unit encore da-
vantage sa volonté à celle de Dieu . Ce qu'elle me raconte
des objets qui occupent son esprit dans l'extase est souvent
si élevé que j'en suis dans l'admiration , et il y a en même
temps une simplicité si naïve qu'on n'y peut soupçonner
aucune arrière-pensée , aucun dessein préconçu . En sup-
posant même qu'il n'y ait pas là d'intervention d'un ordre
supérieur, c'est dans l'ensemble la plus belle manifestation
D'ANNE CATHERINE EMMERICII 401
(1) La vie de Marie Bagnesi, née à Florence en 1514, a été écrite par son
confesseur et se trouve dans les Acta SS. , tom . VI, mensis maii.
D'ANNE CATHERINE EMMERICH 431
(1) Le 23 novembre 1813 , Anne Catherine avait été transportée de son lo-
gement chez la veuve Roters, dans la maison du maître bou'anger et bras-
seur Limberg, frère de son confesseur. Elle y logeait au premier étage, sur le
derrière. Sa chambre avait vue sur le jardin et sur l'église de son ancien cou-
vent. L'abbé Lambert était aussi venu loger dans cette maison avec elle.
432 VIE
sont pires à cet égard et plus aveugles que les païens eux-
mêmes. Leur religion n'est plus qu'un conte de rabbins
et la malédiction du Seigneur repose sur eux. Mais com-
bien le Seigneur est bon à notre égard , lui qui vient
comme à moitié chemin au-devant de la bonne vo-
lonté et fait dépendre la communication de plus en
plus abondante de sa grâce du désir que nous en avons .
Même un païen ou un homme qui n'a aucune connais-
sance de notre sainte foi peut être sauvé , si , ayant une
ferme conviction et la volonté sincère de servir Dieu
comme le souverain maître et l'auteur de toutes choses ,
il suit la lumière divine déposée dans notre nature et s'il
pratique la justice et l'amour du prochain . >>
(1) C'était une petite croix d'argent avec deux parcelles de la vraic croix.
476 VIE
ténébreux qui pèse sur tout et étouffe tout. Bien des fois
il lui vient à l'esprit qu'il devrait rejeter quelque chose
hors de lui , mais il n'y parvient jamais. »
ment que j'en fus effrayé . Elle put même se tenir droite.
sans aide, jusqu'au moment où je lui ordonnai de se re-
coucher. Elle me dit alors : « Monguide m'a menée à un
endroit où j'ai pu voir le meurtre des saints Innocents et
la grande magnificence avec laquelle Dieu récompensa
ces victimes d'un âge si tendre , quoiqu'elles n'eussent pu
coopérer activement à la confession du saint nom de
Jésus . J'admirais l'immensité de leur récompense , et je me
demandais ce que je pouvais donc espérer, moi qui , depuis
si longtemps déjà, avais eu à souffrir bien des affronts et
bien des peines et à pratiquer la patience pour l'amour de
mon Sauveur ? Là -dessus, mon conducteur me dit : « Dans
ce qui t'appartient , bien des choses ont été dissipées, et toi-
même en as laissé perdre beaucoup ; toutefois , persévère
et sois vigilante , car ta récompense aussi sera grande . »
Cela m'enhardit à lui demander si je ne pourrais pas re-
couvrer l'usage de mes membres et mênie prendre de la
nourriture ? - « Ce que tu désires te sera donné pour ton
soulagement, me fut-il répondu , et tu en viendras même à
pouvoir manger quelque chose . Seulement sois patiente ! »
« Comment ! répliquai -je, ne puis-je pas dès à pré-
sent quitter mon lit ? » - « Assieds- toi dans ton lit,
en présence de ton confesseur , me fut- il dit , et attends
pour le reste ! Ce que tu as et ce que tu souffres n'est pas
pour toi, mais pour beaucoup d'autres. » Là- dessus , je
m'éveillai, et je pus me redresser dans mon lit. »
(1) C'est ainsi que, plus tard, Clément Brentano fut nommé par Anne
Catherine, et nous devons ici lui conserver cette désignation.
D'ANNE CATHERINE EMMERICH 513
I.
514 VIE
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3
TABLE DES MATIERES
FIN DE LA TABLE
13
9