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SHAKSPEARE.

SÉRIE I. · HAMLET.

1
Des extraits de chacune des scènes dramatiques de Shakspeare qui ont inspiré à
Retzsch les sujets de ses dessins , nous ont paru devoir servir d'une manière très heu
reuse à expliquer la pensée de l'artiste. Nous avons dû faire usage pour ces extraits de
la meilleure traduction qui existe en français, celle de M. Guizot et le traducteur de
lord Byron ', donnée par trop de modestie , de la part des auteurs , comme une simple
révision de celle de Letourneur.
La publication d'Hamlet sera suivie de celles de Macbeth , le Roi Lear , Otello , Roméo et
Juliette, et des autres ouvrages de l'Eschyle anglais. Chaque série contiendra les dessins
d'une des pièces de Shakspeare , et se vendra séparément.
Retzsch , dessinateur allemand , a publié il y a quelques années un recueil de vingt-six
dessins représentant les scènes principales de Faust , drame de Goethe.
Ces dessins , où l'énergie est alliée à la grâce et à l'expression , lui ont fait une répu
tation européenne. Ils ont été copiés en France et en Angleterre.
Nous avons encore de cet artiste , qui grave lui-même ses dessins , un recueil où il a
mis en action le Dragon , ballade de Schiller , et un autre pour Fridolin. Nous allons
publier ces derniers incessamment.
I Publiée par M. Ladvocat en 13 vol . in - 8 °.

PARIS. -- IMPRIMERIE DE RIGNOUX, RUE DES FRancs. BOURGEOIS - S. -MICHEL , N ° 8.


LAU
VILLE DE
LYON
SHAKS PEARE . PL. 1.

his ,

Trueb se Audot edit

APOTHEOSE .
SÉRIE I. PL . I.

APOTHÉOSE DE SHAKSPEARE ,
EXTRAITE ET TRADUITE DE L'ALLEMAND .

Si les Anglais voulaientélever un temple au plus en cercle à demi-visible les hommes aux chants su
grand de leurs poëtes , comme jadis l'antiquité en blimes, tels qu'Homère , Eschyle , Ossian . Le poëte
avait érigé à Homère dans Chio et à Smyrne , il dort, mais son attitudeannonce plutôt la méditation
faudrait le crayon inspiré de Retzsch pour en tra- que le sommeil, et l'on retrouve dans ses traits cette
cer le plan ; et l'apothéose qui précède ici son expression rêveuse due à son étroit commerce avec les
@uvre allégorique pourrait servir de fronton . muses, The poet's eye , in a fancy air, qui dans tous
En effet, l'aigle aux ailes étendues , les deux di- les tempsa été le partage des prophètes et des vrais
vinités quil'accompagnent, et qui pourraient figurer poëtes.Le livre ouvert sur les genoux du dormeur
ici la Tamise et l'Avon , les deux principaux fleuves contient les fruits célestes de cette extase sacrée.
d'Albion, tiendraient facilement la placeduMéandre Deux nobles et gracieuses muses, debout, et pla
et de l'Illissus ; l'attitude méditative du poëte, les gé- nant à ses côtés , soutiennent au -dessus de sa tête
nies qui l'entourent , tout rappellerait cette belle la couronne de l'immortalité ; l'une d'elles , entourée
composition qui orne une rare coupe déposée dans de draperies flottantes , est l'austère Melpomène.
le cabinet d'antiquités du roi de Naples , et dont le Le masque tragique couvre à demi son front, et
dessin paraît avoir été dans l'origine emprunté aux rend plus grave et plussolennel son regard abaissé ;
bas-reliefs d'un temple célèbre. elle porte le glaive qui dans Hamlet doit jouer un
L'aigle que l'auteur allemand a donné pour sup- rôle si terrible. La seconde, vive et légère , a rejeté
port à son principal sujet est le symbole de l'apo- en arrière le masque satyrique ; le bâton pastoral,
théose : il soutient le trône et les pieds du poëte; courbé par le haut, annonce la riante Thalie, et
mais sa tête et son regard , tournés avec amour vers caractérise son origine champêtre. Enfin , deux gé
ce dernier , annoncent que ce fardeau lui est nies , emblèmes peut-être de la renommée, en s'at
doux, et qu'il se plaît à élever au-dessus des nues tachant aux deux supports du trône , complètent le
les véritables bardes
, et à les transportervers les groupe symbolique.
régions de la lumière , où se trouvent déjà réunis
I.
SÉRIE I. HAMLET , PL. 2 .

INTRODUCTION ,
EXTRAITE ET TRADUITE DE L'ALLEMAND.

Ce serait un beau triomphe pour l'artiste si les Claudius , profitant du sommeil de son frère , lui
17 dessius dont se compose cette collection pour verse dans l'oreille les sucs empoisonnés de la jus
vaient se passer d'explications, et que dans chacun quiame, ce qui, d'après une croyance généralement
d'eux on retrouvât facilement la pensée qui doit reçue dans les temps d'ignorance, doit lui don
avoir présidé à l'ensemble du sujet; cette difficulté ner la mort ; et en même temps il porte une main
est trop grande pour qu'on la puisse entièrement hardie vers la couronne royale. La scène se passe
éviter. Cependant la planche ci - jointe peut être non dans un verger, comme le dit le poëte, mais sous
considérée commeune ingénieuse et expressiveintro- le portique d'un bâtiment gothique qui y touche, et
duction au drame qui se prépare, puisque l'acte d'où l'on aperçoit les arbres du jardin. Cette légère
fratricide et la manière dont le crime fut con- variante de son texte a permis à l'artiste d'entourer
sommé en fait le sujet. ses personnages d'objets emblématiques , qui con
Il est à remarquer que lorsque Retzsch jeta les courent à l'effet général. Par exemple , la forme et
premiers traits de cette esquisse , il ne connaissait la décoration du siége , sur lequel le roi vaincu par
pas encore l'æuvre pittoresque que Thurston a le sommeil a déposéla couronne, ne sont point sans
consacrée au génie de Shakspeare , et que l'habile intention : en lui donnant des pieds de lion pour
Thompson a gravée sur bois ; et pourtant les deux support , et une tête d'ange pour ornement, l'artiste
artistes ont été entrainés à peindre la même ac- a eu en vue de représenter le courage et la douceur,
tion , avec cette différence , que Thurston l'a ren- vertus sur lesquelles sont fondées la force et la puis
due d'une manière purement symbolique , et que sance de tous les trônes. L'arc gothique de l'entrée
Retzsch , en retraçant l'action elle - même , a mis offre aussi une figure singulière, quipeutêtre consi
toute l'allégorie dans les accessoires . dérée comme symbolique; c'est celle d'un vieillard ,
Le meurtre invisible s'exécute sous nos yeux tel espèce de therme, dont la barbeet les longs cheveux
que le spectre le raconte à Hamlet. Le perfide tombent négligemment sur la poitrine. Les yeux creux
Serie . I PL

Trueb so adot die


fudo t
HAM LET.

Introduction
DE LA
VILLE DE
LYON
de ce témoin inanimé fixés sur l'action que commet le trant de la justice qui orne le sein de la déesse ,
meurtrier signifient, dans la pensée de l'artiste , que en donnent le développement; le serpent qu'elle
les murs, commeditun ancien proverbe,ont des yeux écrase sous ses pieds, malgré ses sifflemens, rap
aussi bien que des oreilles, et que le crime le plus pelle ces paroles de l'ombre d'Hamlet :
caché ne peutrester impuni. La statue imposante de « The serpent that did sting thy father's life ,
l'inflexible Némesis , placée dans une niche , con « Now wears his crown ! ... »
firme cette vérité, tandis que ses attributs , tels que
le glaive levé au-dessus du coupable , la balance , (
Le serpent dont la morsure tua ton père ,
où se pèsent les actions des mortels, et l'oeil péné- « Porte maintenant la couronne. »
HAMLET .

PERSONNAGES .

CLAUDIUS , roi de Danemarck. FRANCISCO , soldat.


HAMLET , fils du dernier roi et neveu de Claudius. REYNOLDO , domestique de Polonius.
POLONIS, seigneur chambellan . Un Capitaine.
HORATIO , ami d'Hamlet. Un Ambassadeur.
LAERTES, fils de Polonius. L'Ombre du père d'Hamlet.
VOLTIMAND , FORTINBRAS , prince de Norwege.
CORNÉLIUS , officiers de la courdeDanemarck. GERTRUDE , reine de Danemarck et mère d'Hamlet.
ROSENCRANTZ , Ophélia , fille de Polonius.
GUILDENSTERN , Seigneurs , Dames , Officiers, Soldats , Comédiens,
OSRIC , seigneur de la cour. Fossoyeurs , Matelots , Messagers et autres
Un autre Seigneur de la cour. Serviteurs .
Un Prêtre.
MARCELLUS, Officiers. La scène est à Elseneur.
BERNARDO ,
JOLLA
VILLE DE
‫ فرعنا‬. ‫ في م‬/ Pl. 3 .

A
00

Truelse tudot edit

HAMLET .

Act . I Scene
SÉRIE I. HAMLET . PL. 3 .

ACTE I , SCÈNE 4.

HORATIO. Il vous fait signe d'aller verslui, comme vous prive de l'empire de la raison et vous jette dans
s'il avait quelque communication à faire à vous seul . la démence ? Pensez-y, le lieu même pourrait, sans
Marcellus. Voyez avec quel geste amical il vous nulle autre cause ,causer au cerveau tous les vertiges
invite à passer dans un endroitplus écarté.Maisn'y du désespoir ; il offre sous les yeux une hauteur de
allez pas avec lui. tant de brasses , et la mer rugit au-dessous.
HORATIO. Non , certes , en aucune façon. HAMLET. Il me fait signe encore.-- ]Marche , je te
HAMLET. Il ne veut point parler ici ; je veux le suivrai .
suivre . MARCELLUS. Vous n'irez point , mon seigneur.
HORATIO . N'en faites rien , mon seigneur . HAMLET . Lâchez -moi donc .
HAMLET . Pourquoi ? qu'ai-je à craindre ? je don Horatio. Soyez raisonnable , n'y allez pas.
nerais ma vie pour une épingle ; et quant à mon HAMLET. Mon destin me crie d'y aller, et rend le
åme , que pourrait - il lui faire, étant immortelle plus petit muscle de mon corps aussi vigoureux que
comme lui ? Il me fait signe de nouveau ; je vais le les membres du lion de Némée. ( Le Fantôme fait un
suivre.
signe.) Il m'appelle encore; lâchez-moi, messieurs .
HORATIO. Et quoi ! s'il vous entraîne vers la mer, ( Il se dégage.) Par le ciel , je ferai un fantôme du
mon seigneur, ou sur la terrible cime de ce rocher premier qui 'm'arrêtera ... Je l'ai dit ... allons...
qui, penché sur sa base , s'avance au-dessus des marche... je te suivrai.
flots ; s'il prend là quelqu'autre horrible forme qui ( Le Fantôme et Hamlet sortent.)
SÉRIE I. HAMLET . PL . 4 .

ACTE I , SCÈNE 5 .

LE FANTOME ( sous la terre ). Jurez . vous être en aide ! Promettez , quelle que soit la
HAMLET. Ah ! ah ! mon garçon , est-ce toi qui façon étrange et bizarre dont je me comporte , car
parles ? Es-tu là , bonne pièce ? monte donc... Vous il pourra me paraitre à propos , par la suite , de me
entendez le camarade là-bas , à la cave ; ne refusez donner une folle apparence, qu'en me voyant dans
pas de jurer. de tels momens , jamais vous ne croiserez les bras
HORATIO . Dites la formule du serment, mon sei de la sorte ; jamais vous ne secouerez ainsi la tête ;
gneur . jamais vous ne prononcerez de ces phrases équi
Hamlet. Ne parlez jamais de ce que vous avez voques , comme : « Bien , bien , nous savons ; » ou :
« Nous pourrions , si nous le voulions; » ou : « Si
vu , Jurez par mon épée. « nous avions envie de parler ; » ou : « Si l'on pou
LE FANTOME (sous la terre ). Jurez ! vait , il y aurait; » ou telle autre parole ambiguë
CC

Hamlet. Hic et ubique ? Changeons donc de place. donnant à entendre que vous savez quelque chose
Venez ici , messieurs , et placez vos mains sur mon de moi... Jurez cela , et quela grace et la miséricorde
épée. Jurez par mon épéede ne jamais parler de ce vous soient en aide au besoin .
que vous avez entendu .
LE FANTOME ( sous la terre ). Jurez !
LE FANTOME ( sous la terre). Jurez par cette épée ! HAMLET. Calme- toi, calme-toi, âme en peine !...
Hamlet.Bien dit , vieille taupe. Comment peux -tu Ainsi , messieurs , je me recommande à vous avec
travailler si vite sous terre ? Tu es un brave mineur ... entière affection , et quelque misérable que soit
Allons encore plus loin , mes bons amis. Hamlet, avec la volonté de Dieu , il ne manquera
HORAtio. Oh ! par le jour et la nuit , cela est mer- pas à vous témoigner son attachement et son ami
veilleusement étrange ! tié. Allons-nous-en ensemble; et toujours le doigt
HAMLET. Ayez donc soin de traiter cet événement sur les lèvres, je vous prie. Ceci est hors des routes
comme s'il vous était étranger. Il y a des choses au ordinaires. O perversitémaudite ! faut-il que je sois
ciel et sur la terre, Horatio , que n'a pas rêvées né pour te faire justice ! Allons , venez , partons
votre philosophie. Allons, venez... ici , comme au- ensemble.
paravant , et à jamais puisse la sainte miséricorde ( Ils sortent.)
Serie. 1. Pl. 4.

Trueb sc Ludot edit.

HAMLET

1ct . I. Scene S.
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LYIN
serie I PL 5.

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HAMLET.

Act. Il Scene 1.
SERIE I. HAMLET . PL . 5 .

ACTE II, SCÈNE 1 .

Polonius. Ophélia , promenez -vous ici ... S'il plai- | rien de plus... Et à la faveur de ce sommeil , pouvoir
sait à mon gracieux maitre, nous irions nous placer. dire que nous avons mis fin à l'angoisse du cæur, et
( A Ophélia .) Lisez dans ce livre ; cette apparence à ces mille tourmens, héritage naturel de la chair
d’occupation motivera votre solitude... C'est une et du sang ... tel est le terme qu'il faut ardemment
chose que nous avons souvent à blâmer ... et il n'est souhaiter... Mourir ... dormir ... dormir! peut-être rê
que trop démontré qu'avec un visage dévot et une ver... Ah ! c'est là la difficulté ... Dans ce sommeil de
attitude pieuse , le diable se ferait passer pour la mort , quels rêves nous viendront quand nous
blanc. serons soustraits au tumulte de cette vie ? Voilà ce
Le Roi ( à part ). Oh ! cela est trop vrai, et quel qui nous doit arrêter. Voilà le motif quiprolonge les
trait poignant ceci enfonce dans ma conscience ! Le calamités jusqu'au terme d'une longue vie; car, qui
visage de la fille de joie , embelli et plâtré de fard, voudrait supporter les fléaux et les injures du monde,
n'est pas plus hideux , les injustices de l'oppresseur, l'outrage de l'homme
sousle vernis qui le couvre , superbe,lesdouleurs de l'amourdédaigné, les dé
que mes actions sous mes feintes paroles.
lais des lois , l'insolence des magistrats , et les mépris
Polonius. Je l'entends qui vient ; retirons-nous , que des gens infâmes font subir au mérite patient ,
mon seigneur. lorsqu'on pourrait se donner toute quiétude avec le
(Le Roi et Polonius sortent.) moindre fer aiguisé ? Qui voudrait porter ce fardeau ,
HAMLET entre . gémir et suer sous le poids de la vie , n'était la ter
reur de quelque chose après la mort ?... Cette contrée
HAMLET. Étre ou n'être pas , c'est la question... inconnue des bords de laquelle nul voyageur ne
Y a -t-il plus de noblesse d'âme à souffrir les traits revient ,... c'est là ce qui fait chanceler la volonté,
et les aiguillons de la fortune outrageante , ou bien et fait que nous aimons mieux supporter les maux
à s'armer contre un océan de maux , et à les com- que nous avons, plutôt que de fuir vers ceux que
battre en y mettant un terme ?... Mourir... dormir... ) nous ne connaissons pas.
SÉRIE I. HAMLET . PL . 6.

ACTE III , SCÈNE 2 .

LE Ror. Comment appelez-vous la pièce ? Et le cri des corbeaux


HAMLET. Le piége à prendre les souris. -
Et Retentit dans les airs , appelant la vengeance.
pourquoi cela , direz -vous ? par métaphore. Cette LUCIANUS. Favorable moment pour mon dessein
pièce est la représentation d'un assassinat qui a eu barbare !
lieu à Vienne. Le duc s'appelle Gonzague , et sa Le breuvage est tout prêt,moi-même en aipris soin :
femme Baptista. Vous verrez tout à l'heure. C'est De ce que je vais faire, il n'est pas un témoin.
une intrigue scélérate; mais qu'importe ? votre ma- Vous , végétaux impurs recueillis dans la fange,
jesté et nous avons la conscience libre. Cela ne nous Dout Hécate exprima cet horrible mélange ,
touche en rien . Qui se sent morveux se mouche; Un magique poison aigrit votre venin .
pour nous, nous ne sommes pas enrhumés.( Lucia- La vie , en vous touchant, va s'exhaler soudain.
nus entre.) Celui- là est un certain Lucianus , neveu
du roi. HAMLET. Il l'empoisonne dans lejardin pour s'em
Ophélia. Vous savez cela aussi bien que le cheur, parer de son royaume. Son nom est Gonzague.
-

mon seigneur . L'histoire est réelle , écrite en hel italien . Vous ver
rez tout à l'heure comment l'assassin gagne le ceur
HAMLET. Je pourrais dire le dialogue entre vous de la femme de Gonzague.
et votre amant, si je voyais jouer les marionnettes. OPHÉLIA . Le roi se lève !
Ophélia. Vous êtes piquant , mon seigneur, vous
êtes piquant. HAMLET. Quoi ! effrayé par un feu follet ?
HAMLET. Il ne vous en coûterait qu'un soupir, et La Reine . Qu'avez-vous , mon seigneur ?
la pointe serait émoussée. Polonius. Qu'on laisse là la pièce.
Ophélia . De mieux en nieux , et de pis en pis. LE Ror. Qu'on m'éclaire ! Sortons.
HAMLET. C'est comme cela que vous choisissez POLONIUS. De la lumière ! de la lumière ! de la lu
vos maris ... Allons donc , assassin ; montre ton vi- mière !
sage maudit ; commence. Arrive donc. ( Tous sortent hormis Hamle ! et Horatio.)
Serie I. Pl. 6

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Branche se dudot edit

HAMLET .

Act II Scene 2
事 Vili . De
LYJN
ViLDS
Sarie /
)
1

Branche se Andet care

HAMLET.

Act . In Scene 2.
SÉRIE I. PL . 7 .
HAMLET .
ACTE III , SCÈNE 2 .

Des comédiens et des joueurs de flúte entrent. tir. Faites aller les doigts et le pouce sur ces trous ,
soufflez avec votre bouche , et vous ferez de la très
HAMLET. Ah ! les joueurs de flûte ! Voyons-en une: belle musique. Voyez vous faites aller les doigts
- ,
( A Guildenstern .) Me retirer avec vous ! Pourquoi ainsi.
tourner autour de moi et suivre ma piste , comme
si vous vouliez me pousser dans le piége ? GUILDENSTERN. Mais il n'est pas en mon pouvoir
GUILDENSTERN. Ah ! mon seigneur, si mes devoirs d'en tireraucun son harmonieux;je n'aijamais appris.
envers le roi me rendent trop hardi , mon amour HAMLET. Eh bien ! voyez quel indigne usage vous
pour vous est excessif. voulez faire de moi ! vous voudriez jouer de moi ;
Hamlet. Je n'entends pas bien cela . Voudriez - vous voudriez trouver mes cordes sensibles; vous
vous jouer de cette flúte ? voudriez exprimer tous les secrets de mon cæur ;
GUILDENSTERN. Mon seigneur,je ne le puis. vous voudriez tirer de moi tous les sons , depuis la
HAMLET. Je vous en prie. note la plus basse jusqu'au ton le plus élevé. Cepen
dant ce petit instrument qui a tant d'harmonie , qui
GUILDENSTERN . Croyez -moi, je ne le puis. a une si jolie voix , vous ne pouvez le faire parler.
HAMLET. Je vous en conjure. Par la sang-bleu ! pensez -vous qu'il soit plus aisé de
GUILDENSTERN. Je ne sais pas en jouer,mon sei- jouer de moi que d'une flûte ? Prenez-moi pour tel
gneur. instrument que vous voudrez , vous pourrez bien me
Hamlet. Cela est pourtant aussi aisé que de men- tourmenter, mais non pas jouer de moi .
SÉRIE I. HAMLET . PL . 8 .

ACTE II, SCÈNE 3.


HAMLET entre.
Serai-je donc vengé en surprenant celui- ci au mo
HAMLET. A présent je puis le faire facilement; le ment où il purifie son âme; lorsqu'ilest prêt et dis
voilà en prières , je vais le faire...; mais il irait au posé pour le voyage ?...... Non ....... rentre dans ton
ciel , et serais-je vengé? Il y faut réfléchir : un scé- fourreau, ô mon épée , et tu le frapperas d'un plus
lérat tue mon père ; et moi , en revanche, moi , son terrible coup , quand il sera ivre , endormi, ou en
fils unique, j'enverrais au ciel cc même scélérat .... proie à la colère; ou dans les plaisirs d'un lit inces
Comment ? ce serait un bienfait et une récompense, tueux ; au jeu , pendant quelqueblasphème , ou dans
non une vengeance . Il surprit mon père brutalement quelque action quine laissera aucun recours pour son
dans la plénitude du repos, dans l'épanouissement salut. Alors tu le terrasseras , de telle sorte que ses
de ses péchés , comme les fleurs au mois de mai. talons soient tournés vers le ciel , et que son âme
Comment a -t-il pu régler ses comptes?.... qui le sait, puisse être damnée, et noire comme l'enfer où elle
sauf le ciel? Mais , d'après les circonstances et le descendra. Ma mère m'attend. Ceci est seulement un
cours de nos réflexions, le résultat en a été triste. cordial qui prolongera un peu tes jours sans espoir.
( Il sort.)
Serie. 1. PL. 8

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Audiot edut

HAMLET

Act. III Scene 3.


‫و ‪-‬‬ ‫را ‪.‬‬
Vin !.
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serie . I Fl. 9 NO

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DE

Trueb 3c Audot edit .


1
HAMLET

Act , III. Scene 4


SÉRIE L. PL . 9
HAMLET .
ACTE III , SCÈNE 4.

HAMLET entre . POLONIUS (derrière la tapisserie). Comment, com


ment , au secours !
HAMLET. Me voici, ma mère ; de quoi s'agit-il? HAMLET. Qu'est- ce donc ? un rat ! ( Il donne un
LA REINE. Hamlet, tu as beaucoup offensé ton coup d'épée à travers la tapisserie.) Mort ! un ducat
père. qu'il est mort!
Hamlet . Ma mère , vous avez beaucoup offensé POLONIUS (derrière la tapisserie ). Ah ! je suis as
mon père. sassiné !
La Reine. Allons, allons, vous me répondez avec ( Il tombe et meurt. )
un langage déraisonnable . La Reine. Malheur à moi ! Qu'as-tu fait ?
HAMLET. Allez, allez, vous m'interrogez avec un HAMLET. En vérité , je n'en sais rien. Est-ce le
langage maudit. roi ?
LA REINE. Comment, comment donc, Hamlet ? (Il lève la tapisserie et tire lecorps de Polonius.)
La Reine. Ah ! quelle action furieuse et sanglante!
HAMLET. De quoi s'agit-il ici ?
LA REINE. M'avez-vous tout- à - fait oubliée ? HAMLET. Une action sanglante ?... presque aussi
HAMLET. Non, par la sainte croix, non, vraiment. coupable , ma bonne mère , que de tuer un roi et
Vous êtes la reine, la femme du frère de votremari... d'épouser son frère.
et... plût au ciel que cela ne fût pas ! ... vous êtes ma LA REINE . Que de tuer un roi ?
mère. HAMLET. Oui, madame; c'est précisément ce que
LA"Reine. Eh bien , j'aurai recours à ceux qui j'ai dit. ( A Polonius.) Adieu , imprudent, indiscret,
sauront vous parler. misérable fou , je t'ai pris pour un plus grand que
toi; subis ton sort :tu apprendras qu'il y a quelque
HAMLET. Allons , allons, asseyez-vous; vous ne danger à tant fairel'empressé ... Cessez de voustordre
bougerez pas, vous ne sortirez pas que je ne vous ainsi les mains ; paix ; asseyez-vous : c'est moi qui
aie présenté un miroir, où vous pourrer voir les re vais tordre votre cæur ; oui, c'est ce que je vais
plis les plus intimes de vous-même. faire, s'il n'est pas devenu impénétrable , si d'infer
La Reine . Que veux -tu faire ? tu ne veux pas me vales habitudes ne l'ont pas bronzé , s'il n'est pas
tuer ? Au secours ! au secours ! fortifié et à l'épreuve contre la raison.
SÉRIE I. HAMLET . PL . 10 .

ACTE UI , SCÈNE 5 .

La Reine. N'ajoute rien de plus : ces mots pénè- , en proie à l'égarement. Ah ! place-toi entre elle et
trent à mon oreille comme autant de poignards; son âme agitée : c'est dans un faible corps que l'ima
rien de plus , cher Hamlet ! gination agit le plus fortement. Parle- lui, Hamlet.
HAMLET. Un meurtrier, un scélérat , un esclave , HAMLET. Qu'avez-vous , madame ?
qui ne vaut pas la centième partie de votre premier
La Reine. Hélas ! qu'avez-vous vous-même ? Pour
époux; unroi de carnaval, uncoupeur de bourses quoivotre ail est-il fixé sur levide ? pourquoi te
qui a dérobé l'empire et les lois ; qui a volé en un nez-vous des discours au vague de l'air ? Votre âme
coin le précieux diadème, et l'a mis dans sa poche. s'est élancée dans vos yeux farouches; et tels que
La Reine. Rien de plus ! des soldats éveillés par une alarme soudaine , tes
HAMLET. Un roi de guenilles et de chiffons. ( Le cheveux se sont dressés ; ils ont semblé participer à
Fantôme entre.) Sauvez-moi et couvrez -moi de vos la vie , ont frissonné, et se sont hérissés. O mon
ailes , milice céleste !... Que demande votre noble noble fils , répands le baume calmant de la patience
présence ? sur cette chaleur, sur cette flamme de tes souffrances.
LA REINE. Hélas , il est fou ! Que regardes -tu donc ?
HAMLET. Ne venez -vous pas gourmander votre HAMLET. Lui , lui ! Regardez comme il brille d'un
fils trop tardif, qui, ayant laissé passer le temps et pâle éclat ! Un tel aspect, réuni à une telle cause ,
refroidir l'émotion , a différé l'importante exécution parlerait à des pierres et les rendrait capables d'ac
que vous aviez sévèrement commandée ?... Ab ! par- tion... Ne me regarde pas ainsi , de peur que cette
lez . démarche lugubre n'affaiblisse encore ma, triste
LE FANTÔME. N'oublie pasmes commandemens. résolution : ce que je ferais n'aurait peut- être pas
Cette visite n'est destinée qu'à en rafraîchir la mé sa vraie couleur ; des larmes , peut -être , au lieu de
moire presque effacée. Mais , regarde ; ta mère est sang.
Serie 1 Pl . 10 .

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HAMLET

Act . III. Scene 4 .


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HAMLET
Act IV laene 5
SÉRIE I. HAMLET . PL . II .

ACTE IV, SCÈNE 5.

Ophélia entre , bizarrement ajustée avec des fleurs et Laertes. Il y a quelque suite dans sa folie ; les
des brins de paille. souvenirs et les pensées viennent ici à propos .
LAERTES. Ab ! que mon cerveau soit desséché par Ophélia . Voilà du fenouil pour vous , et aussi des
une ardeur brûlante ! ah ! que la force et le senti- ancolies. Voilà de la rue pour vous, et il y en a en
ment de mes yeux soient rongés par l'âcreté de mes core pour moi ; nous pourrons les dimanches la nom
larmes ! Par le ciel , ton égarement sera payé d'une mer herbe de grâce.Vous pouvez porter votre bou
vengeance assez pesante pour faire pencher le bas- quet de rue d'une façon particulière: voilà aussi une
sin de la balance!0 rose du mois demai , chère fille, marguerite ; je vous donnerais bien des violettes ,
aimable sæur , douce Ophélia ! O ciel , est-il possible mais elles se sont toutes fanées quand mon père est
que la raison d'une jeune fille soit aussi fragile que la mort... Ils disent qu'il a fait une bonne fin .
vie d'un vieillard ? La nature s'exalte dans l'amour ;
et , lorsqu'elle est ainsi exaltée , elle envoie vers l'ob Ce bon petit robin ,
jet qu'elle aime une portion précieuse de sa propre Il fait toute ma joie.
substance. LAERTES. La rêverie et la douleur , la passion ,
OPAÉLIA . On l'enterra sans voiler son visage; l'enfer lui-même , tout en elle prend du charme et
Hélas ! mon Dieu ! Hélas ! mon Dieu ! de la grâce.
Et de nos pleurs il a reçu l'hommage, OPAÉLIA. Hélas ! le verrons -nous encore !
Adieu, mon tourtereau. ( Elle chante .)
LAERTES. Si tu avais ta raison , et que tu m'exci Hélas ! le verrons -nous encore !
tasses à la vengeance, tu me donnerais moins d'émo. Non , jamais ! il n'est plus d'espoir.
Dans le cercueil allons le voir.
tion qu'en cet état.
Ophélia. Il faut que vous chantiez : » Allons, à Là nous pourrons le voir encore.
bas ; jetez -le donc à bas , » Comme ce refrain est bien Ses cheveux doux commedu lin ,
amené ! C'est ce méchant intendant, qui avait ravi Sa barbe blanche comme neige..,
la fille de son maître. sh ! notre désespoir est vain ,
Laertes. Ce défaut de peusée est au-dessus de J'ai vu passer le noir cortége.
toutes les pensées . Dieu lui fasse miséricorde , et à toutes les âmes
Ophélia . Voilà du romarin ; c'est pour le souvenir. chrétiennes !... Je prie Dieu .... Dieu soit avec vous.
Je vous en prie , cher amour , souvenez - vous de moi : ( Elle sort.)
voici des pensées ; pensez à moi. 2
SÉRIE I. HAMLET . PL. 12.

ACTE V, SCÈNE I.

PREMIER PAYSan . Ce crâne , monsieur, était le HAMLET. Et sentait-il mauvais aussi? pouah !
crâne d'Yorick , le bouffon du roi . ( Il repousse le crane .)
HAMLET. Celui-ci ? HORATIO. Tout de même, mon seigneur.
( Il prend le cráne.) Hamlet. A quels vils emplois nous pouvons des
PREMIER Paysan . Celui-là même. cendre , Horatio ! L'imagination ne peut- elle pas
nous représenter la noble poussière d'Alexandre
Hamlet.
Horatio, Hélas ! garçon
c'étaitun pauvre d'une
Yorick....
gaietéJeinfinie,
l'ai connu
d'une, servant à entourer la bonde d'une barrique?
imagination charmante. Il m'a porté sur ses épaules lemHORATIO. C'est considérer les choses trop subti
ent que les considérer ainsi.
plus de mille fois . Maintenant mon imagination en
est repoussée , et il me fait soulever le cæur. — La HAMLET. Non , ma foi, je n'en rabats point un
étaient ses lèvres que j'ai baisées je ne sais combien iota . On peut sans excès et avec vraisemblance les
de fois. Où sont maintenant vos railleries , vos facé- conduire et les suivre jusqu'à ce point , et raisonner
ties, vos chansons, vos éclairs de gaieté qui faisaient ainsi : Alexandre est mort , Alexandre est enterré ,
éclater de rire tous les convives ? Ne vous reste-t-il Alexandre est retourné en poussière; la poussière
plus une seule plaisanterie , pour vous moquer de c'est de la terre , la terre peut se pétrir ; et avec cette
la laide grimace que vous faites ? Quoi! bouche close pâte formée de lui , on a pu entourer la bonde d'une
tout -à - fait ? Allez -vous- en maintenant dans la cham- barrique de bière.
bre d'une belle dame , et dites-lui que quand elle Magnanime César, ta mortelle poussière
inettrait un pied de rouge , il faudra bien qu'elle en Pour réparer un mur est pétrie en ciment.
vienne à avoir cette figure; faites-la rire à ce propos- + Cette vivante argile a fait trembler la terre!
maintenant.
là . — Je te prie , Horatio, dis-moi une chose . A boucher une fente elle sert
HORATIO. Quoi ! mon seigneur ? Mais silence ! silence ! retirons-nous : voici venir le
roi .
Hamlet. Penses-tu qu'Alexandre fit cette figure
là sous la terre ? ( Des Préires entrent en procession. Le corps d'Ophelia,
HORATIO . Oui , la même. Laërles et les Pleureuses viennent après; puis le Roi ,
la Reine et leur suite.)

# Vas .
Vivente , cette argile
a fait Frembler la terre ! ..
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PL 12

Serie 1 PL. 12 .

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le crime.
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Serie I. PL 13

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HAMLET
Act V Scene 1 .
SÉRIE I. HAMLET . PL . 13 .
ACTE V, SCÈNE I.

LAERTES. Placez-la dans la terre , et puissent de haute que l'antique Pélion , ou que le sommet
son corps noble et chaste pousser de douces vio- bleuâtre du céleste Olympe .
lettes ! Et toi , prêtre grossier, je te le dis , ma HAMLET ( s'avancunt ). Quel est celui dont la
sæur deviendra un auge protecteur, tandis que las douleur s'exprime avec tant d'empbase, dont les
bas tu rugiras de douleur. phrases désolées arrêtent le cours des astres , et les
HAMLET. Quoi ! c'est la belle Ophélia ! contraignent à lui prêter une oreille frappée d'é
tonnement? Je suis Hamlet , prince de Danemarck . -
LA REINE ( répandant des fleurs ). Douce fleur, ( Il s'élance dans la fosse .)
reçois ces fleurs:adieu. J'avais espéré que tu serais
la femme de mon Hamlet; je pensais, aimable fille, de LAERTES ( le saisissant ). Que le diable s'empare
ton âme !
que j'ornerais de ces fleurs ton lit nuptial, etje les
répands sur ton cercueil. HAMLET. C'est une coupable prière. Je te prie, ne
me serre pas ainsi à la gorge ; car bien que je ne
LAERTES. Oh ! qu'un triple malheur tombe trente sois ni frénétique, ni furieux , cependant il y a
fois sur la tête maudite de celui dontle forfait dé- quelque danger àcourir avec moi,et ta prudence
testable l'a privée de son esprit si noble ! Ne la cou doit me redouter. Laisse-moi .
vrez pas encore de terre , que je la serre encore Le Ror. Séparez-les.
une fois dans mes bras. ( Il se précipite dans la LA REINE . Hamlet ! Hamlet !
fosse.) Maintenant jetez votre poussière sur le vi Tous . Messieurs !
vant et sur le mort , jusqu'à ce qu'au - dessus de
cette plaine vous ayez élevé une montagne plus HORAtio . Mon bon seigneur, calmez - vous.
( On les sépare , et ils sortent de la fosse .)

2.
SÉRIE I. HAMLET . PL . 14 .
ACTE V, SCÈNE 2 .

Le Roi . Placez des flacons de vin sur cette table. HAMLET. Une.
Si Hamlet porte la première ou la seconde botte , LAERTES . Non .
s'il riposte à la troisième, que les canons de toutes HAMLET. Qu'on en juge.
les batteries fassent feu :le roi boira à la santé
d'Hamlet , et je jetterai dans la coupe une perle Osric. Une botte , une botte très visible.
plus richequ'aucun de mes quatre prédécesseurs au LAERTES . Soit : recommençons .
trône de Danemarck n'en a placé sur sa couronne.
Donnez-moi les coupes , et que les tambours an cetle Le Ror. Attendez qu'on me verse à boire. Hamlet,
perle est à toi; je bois à ta santé : donnez -lui la
noncent aux trompettes , les trompettes aux canons , coupe.
les canons au ciel , le ciel à la terre : le roi boit à ( Les trompettes sonnent, le canon tire.)
Hamlet. Allons , commencez. – Et vous , juges , ayez
l'eil attentif. HAMLET. Je veux achever cette passe auparavant :
HAMLET . Allons , monsieur. mettez la coupe de côté. Allons . ( Ils recommencent.)
Laertes . Allons , mon seigneur . Encore une : qu'en dites-vous ?
(Ils cominencent l'assaut.)
Serie. I. PL. 14.

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HAMLET.

Act . V Scene 2
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HAMLET

Act . V. Scene 2
SÉRIE L HAMLET . PL . 15 .
ACTE V , SCÈNE 2.

LAERTES ( à part). Et cependant c'est contre ma LA Reine. Non , non ; la coupe , la coupe ! O mon
conscience . cher Hamlet ! la coupe , la coupe ; je suis empoi
HAMLET. Allons , à la troisième, Laërtes. Vous ne sonnée !
faites que vous divertir. Je vous prie , jouez donc ( Elle meurt.)
tout votre jeu ; je crains que vous ne me traitiez en Hamlet. O crime! Holà ! qu'on ferme la porte:
freluquet. Trahison ! qu'on cherche le coupable !
( Ils recommencent.) ( Laërtes tombe.)
LAERTES . Le croyez-vous ? Allons. LAERTES. Il est ici, Hamlet. Hamlet , tu es mort ;
Osric . Rien de part ni d'autre. aucun remède dans le monde ne peut te sauver ; tu
LAERTES. A vous , maintenant. n'as plus pour une demi-heure de vie ; le perfide
(Laërtes blesse Hamlet;mais dans ce conflit, ils changent de instrument est en ta main , empoisonné et affilé !
fleuret, et Hamlet blesse Laërtes.) Cette infâme pratique a tourné contre moi ; je suis
LE Ror. Séparez-les ; ils sont furieux . ici gissant , pour ne plus me relever ; ta mère est
HAMLET . Non ; recommençons. empoisonnée. Je ne puis en dire plus. Le roi, le roi
est coupable !
( La Reine s'évanouit.)
Hamlet. Lapointe est empoisonnée ! Allons poison ,
Osric. Voyez donc la reine ! Oh ! à l'ouvre !
HORAtio. Ils sont tous deux en sang. Comment ( Ilfrappe le Roi.)
vous trouvez- vous , mon seigneur ? Osric et les Seigneurs. Trahison ! trahison !
Osric. Comment êtes-vous, Laërtes ? LE Ror . Défend oi, mes amis , je ne suis que
LAERTES. Eh bien ! Osric , comme une bécasse blessé !
prise à son propre piége. Je péris justement par ma Hamlet. Tiens , incestueux , assassin , damnable
propre trahison . roi, vide cette coupe. — La perle y est - elle ? Suis
HAMLET. Qu'a donc la reine ? ma mère .
Le Roi . Elle s'est évanouie en les voyant en sang . ( Le Roi meurt.)
SÉRIE I. HAMLET . PL. 16 .
ACTE V, SCÈNE 2 .

HORAtio. Ce ne serait pas sa bouche, lors même tune : j'ai des droits immémoriaux sur ce royaume
que la vie lui permettrait de parler ; il n'a jamais que mon intérêt me force à réclamer.
donné l'ordre de leur mort . Mais puisque vous vous Horario. J'ai aussi à parler sur ce point , et au
rencontreztout àcoup à ce sanglant aspect, l'un nom de celui dont la voix doit influer le plus; mais
que
arrivant de la guerre de Pologne, les autres venant accomplissons sur-le-champ ce projet,pendant
d'Angleterre, donnez ordre que ces corps soient les esprits sont encore troublés; craignons qu'il
exposés aux regards sur un catafalque élevé, et n'arrive encore des malheurs, des complots, des
laissez- moi raconter au monde qui l'ignore com- méprises.
ment les choses en sont venues là ; alors vous ap FORTINBRAS. Que quatre de mes capitaines por
prendrez des actions impudiques, sanguinaires et tentHamlet, commeun guerrier,sur son lit de pa
dénaturées; des justices accidentelles, des meurtres rade : s'il eût vécu il eût mérité ces honneurs par
fortuits , des morts accomplies par la fourbe ou une royale conduite ; que sur son passage on fasse
par la violence ;et, en dernier résultat, des projets entendre la musiquemilitaire; que tous les hon
qui, par méprise,retombent surla tête de leurs neursde la guerre lui soient hautement rendus.
auteurs. C'est de tout cela que je puis être le révéla- Emportez ces corps;un tel spectacle pourrait con
teur fidèle, venir sur un champ de bataille, ici il blesse les re
FORTINBRAS. Hâtons-nous de l'entendre ; et con- gards; allez , et ordonnez, aux soldats de faire feu .
voquez l'assemblée des plus nobles du royaume ; ( Marche funèbre. - Ils sortent portant les corps ; puis l'on
pour moi , c'est avec douleur que j'accepte ma for- entend une décharge d'artillerie.)
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Serie 1 Pl 26.

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PL , 17 .
SÉRIE I. HAMLET .

ÉPILOGUE .
Ce dessin offre en effet une sorte de résumé du quels un ange étend ses mains protectrices.L'image
drame : il représente sous la forme d'un monument de Laërtes ,qui sort de la partie inférieure du tom
funéraire les victiines expiatoires d'une sombre des beau , semhle implorer le ciel pourla part involon
tinée , réunies enfin par la mort. taire qu'il a prise au meurtre d'Hamlet en se servant
Sur le sacorphage repose la statue d'Hamlet ; au- des armes empoisonnées . Le genre de cette mort
dessus de lui on aperçoit la tête du spectre : sa est désigné par les deux épées qui traversent un
bouche et ses yeux sont ouverts pour exprimer , cæur. Les arabesques sur lesquelles ce symbole re
non -seulement la part active qu'il a dans la tragé- | pose se terminent par des génies éplorés. Les ailes
die , mais encore qu'il en est le principal ressort. de chauve-souris qui ornent les angles du monu
A gauche, agenouillées, sont les figures du Roi et ment indiquent que cette euvre ténébreuse fut
de la Reine. Une espèce de démon lève une griffe consommée pendant la nuit. Les têtes de mort
menaçante vers les deux coupables ; cependant il rappellent la scène des fossoyeurs ; peut- être aussi
s'incline plus spécialement, en grinçant des dents , sont-elles là pour augmenter encore la sombre ter
vers la tête criminelle du Roi qui , malgré le som- reur qui règne dans tout ce drame , même celles
meil de la mort, s'élève avec toutes les marques de qui, placées au faite du monument semblent se
l'angoisse et de la terreur ; tandis que la Reine, plaindre et crier ces lamentables mots : Horrible !...
t nt
dont les traits exprimen égaleme le trouble et Mort horrible !... sont sans doute destinées à redou
une sorte d'effroi, élève les mains dansl'attitude de bler encore cette impression , Leurs voiles traînans
la prière et du repentir. Du côté opposé se trou- se terminent en une croix , symbole de paix et de
vent Polonius et Ophélia sa fille, tous deux age- réconciliation .
nouillés , tous deux endormis , et au - dessus des
BO

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