Vous êtes sur la page 1sur 85

MARCEL CiAUCHET

LA DROITE
ET LA GAUCHE
HISTOIRE ET DESTIN
MARCEL GAUCHET

LA DROITE
ET LA GAUCHE
HISTOIRE ET DESTIN

ledébat
Ga1limard
AVANT-PROPOS

L'étude qui suit a été primitivement conçue et �digéc


comme un article à destination du �ième.tome des Lieux
de mémoire, lts France, et plus préclsémcnt p o �on _ premie.r
v.@l.u.me--intirulé ConjlitJ et parcages. Et comment, en effet,
traiter de la mémoire française sans faire une place à ce
couple de mots qui ramasse l'héritage d'une histoire marquée
par l'intensité de la bataille politique et la virulence des
divisions ? Dans l'opposition entre droite et gauche viennent
se fondre les opposiùons qui ont façonné notre démocraâe
telle que nous la connaissons. Elles s'ouvrent avec la Révo­
lutioru française et l'antagonisme entre les tenants de
l'Ancien régime e1 les partisans de la cause révolutioMaire.
Elles se poursuivent avec l'opposition durable entre monar­
chistes et républicains, relayée par l'opposition entre cléri­
caux et laïques, puis renouvelée par l'opposition entre
bourg:eois et prolétaires, pour ne retenir que les plus sail­
lantes. Ainsi ces mots familiers véhiculent-ils un résumé
des di.visions françaises.
Au-delà de cette dimension historique, toutefois, le par­
cours de ces notions engage un problème plus général et
0 Ê.dirW11s GoJU,,,ard, 2()21. d•un ordre plus théorique, celui de la formation des identités
8 La droite tt la gauche Aoont-propos 9

politiques. La droite et la gauche ne se bornent pas à mettre contradictions du monde démocratique. Des contradictions
des étiqucnes commodes par leur capacité simplificatrice d'un genre spécial, puisqu'elles sonent des mêmes prin­
sur le pluralisme des opinions dans le seul cadre français. cipes et qu'elles solidarisent les options qu'elles opposent.
Elles sont devenues un vocabulaire universel de la démo­ 1,a�émocratie,-c'est-à-la.J'o' division et l'unité, Punité
cratie des modernes ; elles ont acquis le statut d'identi­ par les principes admis de tous et la division e eurs expres­
fiants majeurs par lesquels les citoyens se situent eux-mêmes sions. La division et l'uma-n•tmtar de-hrù1oice et de la
dans le champ politique et définissent leurs positions en gauche en chacun de nous. Ce qui confère à ce panage qui
regard des clivages qui sont la vérité org anisatrice du jeu de nous traverse son prodigieux potentiel symbolique. Millé­
la démocratie représentative. Être un citoyen dans la démo­ nairement, le corps a fourni la symbolique de la nécessaire
cratie d•aujourd'hui, c'est en quelque manière, de près ou union intime des parties de la communauté politique. Mais
de loin, avec ferveur ou avec distance, être de droite ou il comportait une autre ressource : celle de symboliser la
être de gauche - ou refuser de t'être, ce qui est encore une complémentarité des contraires. Le clivage droite-gauche
manière de se déterminer par rappon à cette alternative. pourrait bien devoir sa prégnance prééminente à cc pouvoir
C'est justement la question de savoir comment cette capa­ de donner un ancrage organique au jeu des antagonismes
cité identificatoire et identifiante s'est forg ée dans le creuset qui sont le lot normal de la vie démocratique.
français qui est au centre de cene étude. C'est cette dimension théorique qui justifie de remettre
Elle ne se contente pas de reconstituer la sédimentation 9ans la circulation ce travail déjà an ·cien, puisqu'il est paru
des contenus dont se sont successivement chargèes les initialement en 1993. Trente ans bientôt après, la conjonc­
définitions de la droite et de la gauche. Elle s'efforce de ture lui donn€1iiiê nouvelle actualité. Il n'est bruit, en
comprendre pourquoi .ce-sont ces mou-là, et pas d'antres, effet, que de l'effacement de ce clivage dont les grandes
qui se sont imposés pour exprimer le clivage fondamental heures seraient derrière nous et en lequel les électeurs se
absorbant la multiplicité des causes en litige et des forces reconnaîtraient de moins en moins. À dire vrai, cenc remise
en présence. Elle s'anache à élucider les voies par lesquelles en question se profilait déjà au début des années 1990,
ce qui n'était au départ qu'un système de classement des dans le sillage du signal politique de première grandeur
forces parlementaires en est arrivé a structurer le processus qu'avait représenté la désagrégation. de l'empire soviétique
électoral et, de là, à fournir les repères ultimes à partir des­ et de la • fin de l'histoire, qu'elle aurait signifié. D fallait
qucJs les citoyens se classent eux-mêmes dans l'espace des déjà envisager la perspective. Depuis lors, la tendance n'a
options dê.mocratiques. Elle propose enfin, sur cette base, fait que s'amplifier, avec Je développement de causes poli­
une hypothèse qua.nt à la fonction du clivage, une hypo­ tiques et de forces venant brouiller la belle simplicité du
thèse qui permet d'e.xpliquer par la même occasion son • partage entre des camps clairement identifiés, le plus puis­
rayonnement universel. sant de ces facteurs de brouillage étant, bien silr, la montée
D doit ccne fortune, est-il permis de penser, à son apti­ de la protestation dite • populiste • et la désaffection envers
tude unique non pas tant à traduire qu'à incarner les Poffre partisane en place qu•e11e tradui,. En France, en
10 LA droite et la gauche Awnt-propos 11

2017, l'élection à la présidence de la République, en la per ­ ses prédécesseurs, Valéry Giscard d'Estaing : , La France
sonne d'Emmanuel Macron, d'un candidat se présentant veut être gouvernée au centre•· Ce qu'iJ faut se demander,
comme • et de droite et de gauche• a pu appa.raître comme c'est pourquoi lâ droite et la gauche établies ont échoué à
la confirmation éclatante de ce que la vieille opposition ne donner corps au centre-droit et au centre-gauche qui condi­
répondait plus aux attentes du corps électoral cr était déci­ tionna:it tacitement leur alternance. Mais en lui-même, le
dément entrée dans la voie de l'obsolescence. surgiss ement d'un centre prétendant enjamber le clivage n'a
:.
Est-ce véritablement le cas? C'est le moment où jamais rien d un événement révolutionnaire. Or un centre sup­
de se poser la question. Et la bonne manière de .)'aborder, pose des pôles opposés pour se définir. Que les conditions
en se gardant de conclusions précipitées, est d'avoir une de fonctionnement de ce système de repères aient changé,
idée informée de l'épaisseurd'bi srnire nui se cac hederrière qu'il y ait déconnexion entre les identités vécues et la scène
la-fausse é•ridenee de ces notions..e.uiu..proccssus qui les a politique, que des électeurs qui se pensent de gauche votent
consacrées.. C'est le dêtour indispensable pour éviter de â droite pour des motifs qui leur paraissent de gauche et
prendre une fluctuation conjoncturelle, comme l'histoire que des électeurs qui se veulent de droite votent â gauche
nous apprend qu'il y en a eu d'autres, pour une transfor­ pour des raisons qui leur semblent tenir à la droite, ou que
mation structurelle. les uns et les autres accepteot de mettre leurs appartenances
Il est naturellement concevable, par principe, que le entre parenthèses au profit d'une alliance pragmatique, ne
clivage hérité entre la droite et la gauche cesse un jour de signifie pas que les repères ont perdu leur fonction.
parler et se voie supplanté par un autre, ou par d'autres. C'en comme contribution à ce débat nécessaire que cet
Majs étant donné la profondeur des mécanismes symbo­ essai est repris. Il est complété, comme il se .devait, par une
liques qui y sont investis, cela supposerait une transforma­ analyse qui prend le problème de front, dans ses termes
tion sous-jacente radicale des conditions de fonctionnement actuels : • le clivage droite-gauche a-t-il encore un sens ? •
de la démocratie. De ce point de vue, après tout, il n'est La réponse, on ne s'en étonnera pas, compte tenu de ce qui
pas faux qtUe le changement de monde â l'œuvre depuis précède, est résolument que oui. L'examen attentif des évo­
quelques décennies constitue un candidat acceptable à la lutions qui contribuent à ébranler, à relativiser ou à contester
survenue d :.un remaniement de cette ampleur. Est--cc pour la pertinence de l'opposition installée en fait ressortir, en
autant le cas ? Encore une fois, la réponse exige un examen réalité, la portée limitée. Parions que le ,clivage droite­
à la hauteur de l'enjeu. gauche a encore de beaux jours devant lui,. s'il ne uouve
Pour ne prendre que cet exemple, et sans encrer dans une dans la situation les ressources d'une seconde carrière.
discussion de fond dont ce bref avant-propos n'est pas le
lieu, la moindre plongée dans le proce.ssus d'accréditation Le texte des Lieux de mémoire est repris pour l'essentiel à
du clivage droite-gauche montre qu'il implique la présence l'identique, à la réserve prés de quelques modifications de
active d'un troisième tenne, le cencre. L'élection d'Emma­ fonne et d'une ucrualisation des références tenant compte
nuel Macr0<0 est l'illustration de la règle formulée par un de des travaux parus dans l'intervalle.
LA DROITE ET LA GAUCHE
DE L'HISTOIRE A LA STRUCTURE
INTRODUCTION

Une histoire de mots

Faut-il s'en étonner? On ne s>est guère intc:rrogé su.r


l'histoire de ce couple de motS si solidement installé au cœur
du fonctionnement intellectuel et symbolique des sociétés
contemporaines. C'est qu'on ne rêflëchit pas volontiers sur
ce qui vous permet de penser.
Innombrables sont les tentatives de définition. Il est de
remarquables essais pour clarifier les termes de l'opposi­
tion. Une riche histoire politique nous a appris à recon­
naitre et à suivre les différentes composantes de la droite et
de la gauche dans le cadre français. Tous ces travaux ont
en commun de Sùppôsér les voeâblés éux-tnêmes dtj:i
accrédités et leur rôle classificatoire consacré. En guise de
genèse, le renvoi rituel à leur naissance révolutionnaire est
réputé suffire. Or il y a bien du chemin depuis l'emploi
timide et irrégulier du partage entre , côté droit • et , côté
gauche • sous la Révolution française jusqu'à leur introni­
sation dans la langue parlementaire au sein des assemblées
de la Restauration. Et il faut un saut encore plus considé­
rable pour passer du jargon des Chambres à ces emblèmes
par excellence de l'identité politique, à ces catégories de
base de la confrontation démocratique que droite et gauche
16 La droite t1 la ga11che Introduction 17

nous sont devenus - usages qui ne s'établissent vraiment ailleurs et comment leurs conditions spécifiques d'émer­
qu'à compter du début du xx• siècle. Mais nous sommes gence ont pu dans le même temps mobiliser des ressorts
tellement accourumés à ordonner les familles d'opini on et suffisamment généraux pour provoquer pareil effet de
Jeurs conflits selon cette dichotomie, que nous l'appliquons reconnaissance. Droite et gauche : ou comment les Fran­
au passé sans trop nous soucier de son absence, sous la çais, à la faveur d'une histoire à nulle autre pareille, ont
fonne pleine où nous la pratiquons, dans le discours et p!!2(1ui1 celte symbolique simplificatrice dont l'extension
dans les représentations des acteurs. D'�utant, il est vrai, o.bl!gLdés_Q.tlnais à p•os�r qu'elle enferme quelque chose
que c'est entre autres choses pour expnmer la continuité du secret de la politique et de la citoyenneté modernes.
des luttes ouvertes en 1789 que les notions se sont impo­
sées. Il y a dans droite et gauche un signe de pennanenee
dans la division qui n'incite pas à se retourner sur l'origine
du partage en son principe même. Il pousse en revanche à
questionner les fluctuations et les métamorphoses de son
contenu _, domaine d'enquête, celui-là, couvert d'abondance.
Au rebours de la pente d'oubli inscrite dans la termino­
logie constituée, c'est son processus de constitution que la
présente étude voudrait contribuer à éclaircir. Elle n'ajou­
tera pas à la connaissance des réalités électorales, sociales,
anthropologiques, culturelles ou géographiques que le par­
tage recouvre. C'est sur le seul terrain du système de déno­
mination qu'elle entend se situer. Suivre au ras du lexique
la mise en place de cette organisation dualiste de nos repré­
scnrations politiques n'est peut-être pas la plus mauvaise
voie pour s'introduire aux raisons qui la commandent. Des
premiers pas du régime représentatif à l'ère des partis et
des masses, le parcours condense à sa manière une mémoire
complète du développement démocratique. li pose en
outre de façon frontale le problème troublant de la capa­
cité d'universel de l'histoire de France. Car ce n'est pas le
moindre mystère du destin de ces notions que la fortUDe
mondiale qu'elles ont connue.
Ce qu'il s'agit d'essayer de comprendre, autrement dit,
c'est à la fois pourquoi elles se sont imposées là et pas
Les assemblus rêvolurûmnaires ou li faux �pari 19

députés au cours de ces semaines confuses de l'été 1789,


qui voient l'installation de l'Assemblée nationale. L'appel­
lation même de • Communes • est reprise, comme on sait,
par les représentants du • tiers état• en lieu et place de ce
dernier terme, avec ce qu'il est jugé comporter d'impro­
priété blessante. Ec c'est autour des formes britanniques
que l'on discute lorsqu'il s'agit de codifier l'organisation
Les assemblées révolutionnaires des débats. Mirabeau en propose expressément le modèle
ou le faux dépare il est rejeté'. Mais il est présent en filigrane dans des pro­
positions antérieures, comme le • projet de règlement pro­
visoire• du 6 juin, lorsqu'il stipule : • Ceux qui parleront
ne pourront adresser la parole qu'au président 2. • C'est
On l'a suggéré, c'est aller vite en besogne que de faire une autre disposition qui prévaudra, où l'orateur, au lieu
surgir la droite et la. gauche t·oute-s annees de la matrice de parler de sa place, harangue l'Assemblée tout entiè re
révolutionnaire. EIJe.s y apparaissent, c'est vrai, elles y depuis une tribune - point de quelque conséquence pour
trouvent un premier crédit> mais leur emploi reste circons­ notre sujet. De façon générale, s'il est intéressant d'évo­
crit et, Join de fonder une tradition, il cùt pu rester sans quer le précédent anglais, c'est parce que l'essentiel, en un
lendemain. sens, se joue dans la divergence avec lui. Il est possible que
Les tennes sont attestés très antérieurement pour dési­ ce soil.le.h,ce à face du parti du gouvernement et de l'op­
p, �r les parties d'une assemblée, puisqu'on les relève dès position qui ait inspiré la bipartition qui s'esquisse et se
� dans une description des usages d'outre-Manche, durcit peu à peu dans Je courant de juillet et d'août 1789
comme il se doit, la traduction de L 'Esrat préscm de l'Angle­ parmi les représentants français. Mais c'est dans l'exacte
tem, de Chamberlayne. L'auteur dépeint la répanition des mesure où ils s'écarteront de sa logique qu'ils deviendront
membres des Communes • à la main droite du Roy et à la • la droite et la gauche ,.
main gauche du Roy,,. Il est douteux cependant qu'il y ait
la moindre continuité avec l'emploi révolutionnaire qui 1. O'aprês Étienne Du.mont, Souœnin sur Mirabcow ,t 1111' lu 4tux pmnilm
01.m,rblhl ljg{JlotiWJ.,Paris, PUF:, 1951, p. 107•108. Autre ,-.:nîon dans l-On
semble plutôt proceder d'une réinvention. • Discour, prtlimin•irc: • â la tnducùon d(;lt 2ècriauc dsaw-WUc:s ffrûlUittti
Non que l'exemple anglais ait forcément compté pour de J. Bentham, Paris, 1822, t. I., p. x. Oc ftçoo �nértlc,,.-oir l'introduction de
rien dans l'adoption de fait d'un classement spatial des François Pure, et Ran Htlhi awc OnJu:un cû l.o !Uwlunolf françaiu, Puis,
Gallimard, Bibl. de la Pléiade, 1989, et Pauic.k Brasan, Pol'l:1lu 4U /o R.itxJIMrion.
l..11 o.sumb/U,$ parlmicrtaim, J 789-1791. Paris, Minl!t'o"C, J988, en plus de !-'ou­
1. Edward Chambcrlayne, L'EJtût /71'Utnt dt l'Ang/çurrt, Amsterdam, L672, vrage ancien de Gattoo Dodu, L, l'rlrkmmurrisme tt la parlmtm1aim 1(IMI l.o
c. n. p. 59. CitE par fraser Moekensic, !.As Rtlarîo,u dt la Fra,,u çi 1k l'Angfe. Riwlu,iqn (1189-1799), Paris, )911.
inn d'aprb k wcobtJaiu, Paris, 1939, t. 1. 2. P. Brasart, Pa,olu dt la Riwlution, op. cit.. p. 32.
20 La droile et la gauiht Us assemblées rêvolutum,iaires ou le Jaux départ 21

La chose en tout cas met du temps à décanter et plus faut-il y ajouter, postérieurement à la réunion des ordres,
encore à être nommée. Elle pourrait avoir son origine très le retour du clergé à sa place d'origine dans les États iténé­
tôt, dès le début des États généraux, dans une forme de raux, qui aurait fourni au côté droit son noyau• ? Toujours
scrutin utilisée apparemment sans lendemain 3 l'intérieur est-il que c'est dans les derniers jours d'août, à la faveur du
de l'assemblée du Tiers. Le 8 mai, en effet, pour trancher débat sur les droits de l'homme, puis de la discussion sur
entre les propositions rivales de Mirabeau et de Malouet le veto royal, que le phénomène prend une consistance suf­
sur le problème de la réunion des ordres, l'idée aurait fisamm ent nette pour être relevé par les observateurs.
prévalu de se compter • en invitant l'assemblée de se par­ De manière significative, ainsi, c'est à propos de la
tager en sorte que ceux qui seraient de l'avis de Malouet séance du 23 août, marquée par l'affrontement autour de
passeraient à droite, et ceux qui préféreraient la motion de l'article de la Déclaration des droits relatifs à la liberté reli­
Mirabeau se rangeraient à gauche•'· li y a fon loin, il est gieuse, que Duquesnoy l'enregistre. « D est remarquable,
vrai, d'une procédure que sa lourdeur condamnait à rester note-il dans son Jou mal, que la salle est partagée de manière
exceptionnelle â la cristallisation d'une géographie stable. que, dans une partie, sont placés des hommes qui, quel­
Sauf à imaginer que c'est l'occasion pour les gens de la quefois, sans doute, ont des opinions exagérées, mais qui,
minorité, en particulier - puisque • le plus grand nomb re , en général, ont de la liberté et de l'égalité une idée très
passe à droite -, de se reconnaître et de se regrouper. élevée'... • Il ne désigne pas les parties, il est seulement
Ce pouttait être ce qui s>est passé, si l'on se fie à un t�moi­
frappé par le partage, et le premier relief qui lui saute aux
gnage rétrospectif qui, sans mentionner l'épisode, fait remon­
yeux est celui de la « gauche • qu'il ne situe pas - « l'autre
ter la division de l'assemblée en • deux sections séparées partie, écrit-il, est occupée par des hommes dont les idées
par le bureau du président • au temps de « la chambre
moins élevées, les opinions moins prononcées, leur donnent
même du tiers •• dès avant la réunion des ordres. « Soit
un caractère de faiblesse, de pusillanimité très funeste dans
effet du hasard, nous est-il relaté, soit que l'identité de sen­
les circonstances actuelles •· L'initiative du regroupement
timent engageât les amis du peuple à se rapprocher entre
eux et à s'éloigner de ceux qui ne partageaient pas leurs couvrir toute la Rè,.-olution depuis l'ou\'crrutt des Êu.u �nérawc. Ils sont
opinions, on s'aperçut qu'ils affectionnaient le côté gauche cmpruncés: aux relations et aux prtmihcs histoi.rcs de J'ê,ttnement qui com..
de la salle et qu'ils ne manquaient jamais de s'y réunir'. • mcnocnc à panitre dès la fin de l'année 1789.
l. C'ttt cc que susaère Patrick Br:uo.rt sur la foi nownment d'une analyse
de la célèbre gravure de Helmann ttlath·e â 11 nuit da 4 aoùt (Am,lu � la Riw-­
1. J'11lrnal de P.trtt-Paul Na.irae, député de l'Eure, cité par Edna Hindic lu.ricn, Ofl, tit., p. 241). Nous S<>mmcs cemh de ptn:hcr, d'après nos quelques
Lcmay, La V'u qU<Jndimtu dts dtputis aux Éuiu ghtiroux, Paris, Hachette, 1988, autres i1diccs, pour un proccuus de décantation bc:iucoup plus progressif.
p. 189. 2, Jcurnal d'Adn·m D1,tquesnoy, dipuû du rim irai te �Dwc, sur l�mblh
2. Riimprusüm .û l'antiffl Moniuur, Paris, 1850, t. I, p. 3ç,3_ Il t'agit d'un tonsrinumu (3 mai 1789-avril 1790), Mité par Roben de Ctt\•cc«ur, Paru.
de ces rfrits sur la hast desQucls les respcnsables de la réimprtSsion du Moni­ l 894. t. 1. p. 3 l l. Pou,- l'an11lytt> dt> 1• s,anct> du 23 •o.ôt. je m� permt"H dt"
ren\'O)'Cr à La Révolution <Us droiu dt l'homm�, P�.. Gallimard. 1989, en par•
teur en l'an IV oru confccrioMé les numéros m.anquanu du 5 mai au
24 novembre 1789 ) dtte dfecti\'C de parution du Mon,l4!11r-, afin de lui faire tkulicr p. 167-174.
22 La droite et la gauche Les assemblies révolun'onnairtJ ou le Jaux départ 23

à gauche, repoussant progressivement ses adversaires à ti n co�lective. À c�mpter de cene fin août 1789,
représ enta �
droite, parait confirmée, quelques jours plus tar d, le mblees revolunonna1res ne cesseront jamais plus
Jes asse
29 août, au lendemain de l'ouverture de la discussion sur ées. El.les s'en accommoderont en pratique sans
d'être divis
le veto, par un député de la droite, justement, le baron de autant y reconnaitre une dimension nonnale ou
•amais pour
Gauville. Il enregistre la consommation du process us : �ême significative de leur fonctionnement.
• Nous commencions à nous reconnaître : ceux Qui êtaicnt Encore s'écoule-t-il un certain délai entre lo clarification
attachés à la religion et au roi s'éraient cantonnés à la droite du parrage, telle que les participants l'observent, et sa dési­
du président, afin d'éviter les cris, les propos et les indé­ gnation publique. Elle n'intervient pas avant le J2 sep­
cences qui se passaient dans la partie opposée. • Mais la tembre, conclut Pierre Rétat de son dépouillement de la
partie la plus parlante de son témoignage tient dans Je récit presse. « La première mention claire mais isolée de la loca­
de son propre parcours : • J'avais essayé, rapportc-t-il, de lisation des partis se trouve, nous apprend-il, dans les Nou­
me placer dans les différentes parties de la salle et de ne tJtlles politiques de Berne, définissant le coin du Palais-Royal :
point adopter d'endroit marqué, afin d'être plus le maître "c'est ainsi qu'on appelle le côté gauche de la salle où ce
de mon opinion, mais je fus obligé d'abandonner absolu­ parti se rassemble ordinairement"'. • Elle ne devient plus
ment la partie gauche ou bien j'étais condamné d'y voter
toujours tout seul et par conséquent condamné aux huées l. Pic-rrc Rét:u, • Panîs cc factions en 1789. Émergence des d!signancs
des tribunes'. • politiques•, Mou, n• 16, 1988, p. 69·89. Faut•il souUgner, en ttgatd de cette
On a là marqué, en même temps que le fait de la division, émergence hê$lt:antc-, le simplisme trompeur du mythe d'oriiinc qui fait surgir
le motif qui empêchera de lui conférer un statut de droit, une droite et une puche défi.nies de pied ffl c;ip du dC:bat sur le vc:10 r0)'#.1 ? U
prend ,111 source dans une des premiêru histoim: â chaud de l'�-éntment �
même tacite, durant toute la Révolution : la répugnance du lurionnairc, l'Hiswitt de ta Révolution tk 1789 i:r de l'iuJbli.sYmmt d'u,u t.OJUtitu•
député à l'embrigadement. Elle n'est pas personnelle. Elle l'ion tn Fronct, par tku.x omis di la ""-ni, Paris, 17901 L 3, p. 51•52. U récit est
repris en le durcissant, sans indication de sourtt, dans la vaste collccti:>n docu-­
participe de l'idéal politique fondamenral en lequel restera
mentairc, destinée à dC\.�nir clle•mfmc une source, que rq,r«cnte l'Hûu,,·J"#
enfermée jusqu'à l'obsession l'expérience révolutionnaire. park.,rumt1in de Buchez et RQux. Il$ en donnent la \'Cnion canoniqut, inlassll•
Comme il ne doit y avoir que les intérêts particuliers et l'in­ bkment colportée depuis : • Ce fut à la suite de cette sbnce que l'a1sembléc
se sépm, déftnjtivcmcnt en côti goUUle e:t eôIJ droi1. Tous les putisan:s du vtto
térêt général, selon la formule célèbre de Le Chapelier, il ne a.lièrent s'8.$$eOi.r li la droite: du président ; tous let antagoniste:s 5C groupèrent
doit exister en matière de délibération que des opinions dans 14'1 partie opposée , (Hisr.m're parltmwtai" tk la Rh.lO/u1jon fraJtÇOîu, Pn.risJ
rigoureusement individuelles afin qu'émerge de leur 18)4, t. 2, p. 349). La rttlîtC est que même les te:Mioos, effcctivtment tm vives.
de et débat, n'ont pas suffi à opérer une déUmîtation aussi ncnc des for«s en
ensemble une volonté authentiquement généraJe. Point de
pl't$C-nœ et encore moins à imposer son re:-péragc comme une donn& si.inffi•
• p�s • ou de • factions • et de la diversité des points de cati,·e che:z les nombre:ux obsc.l"\'ate-urs de la vie: de l'As$embltt. Au mcmcnt oü
vue naîlronr1faturellement l'unité et l'universalité de la Buchez e-t Roux entreprennent leur monument, en U'\i&nehc, u)utcs les condi•
tioni sont réunies pour œ baptême rétrospectif: d'une part, les assc-mblèa de
la première Restaun1tion ont rendu le clivage familier et, d'autre parc, 1.a R!-vo-­
l. Joumal du N.ron dt Gam.n11�, dl'fmtJ <k 4t ,wbluu aux &aa ftnbou.x, tution française e$t dc,·cnuc La scène prlrruti,·e d'unt vie politique qui se pense
publié par E. de Banhilcmy; Paris, 1864, p. 20. comme sa poursuite.
24 La droite t1 la gau.d,e Les assemblées riw/11.tiom,aires ou le Jaux dipan 25

courante, précise-t-il encore, qu'à partir de décembre et compris, trait remarquable, lorsque l'expression s'élève par
c'est alors qu� ÇamilleJ;)esmoulins, pour la première fois synecdoque à la désignation des personnes. Chabot déclare
, substailÎiÎie les deux côtés de la salle •· Dans son compt; ainsi aux Jacobins, en septembre 1792, • avoir vu tous les
rendu de la séance du 19 décembre qui voit la créa tion des cotés droir.s de l'Assemblée nationale venir presque [Je] fla­
assignats gagés sur les biens de l'Église, cc n'est plus Je côté
gorner•'· La pesanteur géographique continue d'être sen­
droit, mais, la droite du président• que l'abbé Maury invit sible, de même, quand la partie droite devient un peu plus
e
à se retirer, et cc n'est plus Je côté gauche, mais o la gauche• abstraitement • le parti droit •'· Et on ne la quitte pas lors­
qui bat des mains , comme elle fit lors de la démission de qu'on suit en 1791, dans les derniers mois tendus de la
Mounier•· Sur quoi, poursuit Desmoulins, • la dl"Oice a Constiruantc, l'émergence de l'extrémité gauche, laquelle
mieux aimé ne pas désemparer, mais il s'est fait un sab bat apparaît d'abord comme exrrémiù gauche de la partie gauche
d'enfer et les calotins criaient comme des damnés•'. avant de s'alléger en exrrémiù de la partie gauche et de se
Si l'historienne piété pour les commencements oblig e à simplifier encore'. L'essentiel des applications demeurera
faire grand cas de cet usage, il faut aussitôt préciser qu'il très dcscriptivement cantonné, de la sorte, à la sphère du
restera relativement rare. On le trouve sous la plume de
compte rendu parlementaire.
quelques auteurs, un Duquesnoy, par exemple, qui note
début 1791 : , la conduite extraordinaire d'une partie , côté• et de la, partie• dom elles se bornent, sdon le: pri.ndpc de l'ariot de
des membres de la droiu • ou bien relève un peu plus tard mêûcr, A fournir des \'3.riarues c:lliptiqut,.
que , la gauche est divisée en deux partis très distincts, très 1, Alphonse Aulard, La S«ilû dn Jim,b;ns,. RutUil th d«wnmrs, Pa.ris,
1889, t. rv. St4.llcc du 1 0 Kptcmbrc 1792, p. 276.
opposés , 2• Mais c'est l'association étroitement topogra­ 2. ,\.hnc Rolnnd, U.tms, Paris, 1902, t. II, letttt du 29 mat1 1791, p. 252,
phique au côté ou à la partie qui constituera la règle, y citée par Ferdl.nand Bruno\, Hisu,irt tk la Ion.tut fran;.oü,, 1. IX, Lo Riwluri<m
11 l'Empi", Plris, 1967, p. 769. (Occurrence cxeq,tionncllc: Mme Roland
parle en aénérn.l du OOté droit comme des , noîn,.) Cf. également J\i.ax Frey,
1, Riwluti,,ms d� Fron�� �, d� Broban1, n• 5. 26 dé«mbre 1789, p. l 94-19S. les Tronsfqrnrarùms du i«abulairt' frun,aiJ à l'lpoqut dt la Rhxllution, Paris,
2. L'Ami (UI patn'ous, n• 13, t. 1, p. 371 n., et n• 2-1 , t . li, p. 141 : • Depuis 1925, qui donne d'aucres exemples.
loo,gremps, les membres de la droite de l'tuemblk se sont rédulœ à une ttlle 3. La ua)«'l.oirc c:n quelque peu idu.Lis« dans sa présentation. En rct.lité,
nullité qu'il est difficile de les compter pour beaucoup dans une spku)atioo dénominations simples et complexes se superposent et se cbc:\'8Ucbcnt plus ou
p<>lititiue ; mais la gauche est divisée en deux partis trn distinets, uù opposés... • moins jusqu'à « qu'«.rnimJU pueJ,, finisse �r s'imposer. Pour s'en ttAi.r au
C(. encore le n• 26,du 21 mai 1791, p. 285-2.S61 n. : Caza.lès demande la parok, seul Moniuur,, l'cxtrffllÎtê du c6té g:iucbe• (Ait une upparition dans le compte
• tou1e la droite s'est l(,'ée pour la lui refuser, toute I• gau�he la lui• a«ord�e•· rc-ndu de la $C8Jlcc du 20 ftvr:ier 1791 (l. VU, p. 439), alon que • de grands
Pl.raU�lcmcnt, en cc dCbut 1791 b"Oublé par les discuuions autour de la Coosd· cris PMtcn1 de l'extrémité gauche• le 24 mars (L VU, p. 732). Mais il «t
nuîon civile du clergé, on uou,� mention dans le Moniuur de l'intervention de: encore question de, l'extrèmitê puche de la partie giiuche, le 7 mai (t. vm,
• plusieurs membres de la droite• (t. VU1 p. 44). lot$ de la stance du 14 jan,icr1 P. 343). • L'extrémité de la partie droite, est mentionn« de concert avec
il nous eit nppor1é que, les applaudissements de la gauche étouffent les mllf" • l'extrêmhé droite• drans le compte rendu de la séaoce du 26 mars l 791
mures« les cris de ta droite• (1. VU, p. 135). Le 25 (évrit-r,• la dtoi1c aie,.._..! (t. VII, p. 726). On trouve même, l'tttttmc droite• le 14 (êvrict, mais pow
non I la puche murmure• (ib�,p. 184). U est question de• voix de b gsuchc • cnttgistrcr la soudaine cêl&itê d'un député qui vient romptt un silence de
et de • membres de la droite •· Toutes occuncn«s,�isons-lc, qui rtJtcnt rda­ plusieun minutes.• M. Foucault, de l'extrême droite, s'élance prkipit.ammem
livcmcnt exceptionnelles p.r nppon a la pl"tp0nd&-ance d'une aeogrephic du à la tribune• (i'bid., p. 390).
26 La droite el la gauû1e û.s assemblées réwlutitmnaires ou le faux dépari 27

En même temps, en termes de pratiques d'assembJée, le le sentiment d'assister à une répétition en accéléré du pro­
pli est pris, et profondément, la réunion de la Législat ive cessus entrevu dans l'été 89. L'initiative à gauche et la
en fournit la pret>•� Ia régie de non-rééligibilité posée par droite comme reste réactif une fois affirmée l'importance
le&-Constituants. .pro.voque_un..relll> UYellcJ1l,Çl)!_c'!!!1,plet du du réflexe centriste. On n'a pas eu l'occ11sion de signaler
�onnel. C'en est fini d'autre part de l'hétérog én éité ce dernier trait et il est pounant crucial d'y appuyer.
léguée à la Constituante par la structure primitive des Duquesnoy ne relève pas seulement, par exemple, la pola­
ordres. On eût pu croire que les clivages coutumiers traver­ risation de la salle dès le 23 aoi'.it 1789. îi marque aussi la
sant certc dernière s'ëvanouiraicnt avec les porteurs de position significative de ceux Quietjçpnent le milieu • • ils
l'histoire très particulière dont ils avaient été le fruit. Or, à désirent cout ce. guuc:.Ii!i!�, f!.l!'is ils voudraient que
l'inverse, la répartition droite, gauche, centre se reforme tout sç fit plus lentement.et.avec.de moin,.de$.lÇ'Fusse:u',
immédiacemenr. • Les places qu'avaient occupées au côté î.es Impartiaux seront une pièce imponante de l'organisa•
gauche, dans l'assemblée constituante, les vrais défenseurs tion de la Constituante et de cc qui en eUc préfigure confu­
de la libe-.rcé, furent envahies, emponées d'assaut par les plus sément une tradition politique. ba-bipartilÎOn..COnc.eptueUe
fougueux novateurs •, raconte un protagoniste, le Feuillant entre droite et gauche entretient d'étroits rapporrs avec une
Mathieu Dumas. • Un beaucoup plus grand nombre oipartition réeUe aniculée autour d'un centre.
d'hommes éclairés et d'opinions modérées, prétendus Le même scénario se répète apparemment lorsque la
sages, o�rvateu.rs presque indifférencs, se jetèrent dans le Convention se réunit, en fonction d'un même décalage.
C'est la gauche de la législative, scindée d e son • extrémité
centre où leur masse et leurs rangs serrés pouvaient, par le
poids et la force numérique, avoir à leurs propres yeux gauche • qui est devenue cette fois le • côté droit •· Durant
l'apparence d'une immense majoriré et rassurer leur timi­ quelques mois, la tension sera vive, souvent, entre les deux
panics de l'Assemblée. À panir du,coup d'État du 2 juin
dité. Il n e resta aux amis consciencieux de la constitution
1793 et de l'arrestation des Girondins, il se crée une s,fua­
que les places qu'avaient occupées à la droite, dans l'as•
tion inédite : la droite s'évanouit. • Le sommet d e la Mon­
semblée précédente, les défenseurs de l'ancien régime.,
tagne, passant pour le plus haut degré du républicanisme,
C'est parmi ces • patriotes • transformes en • minorité aris­
relate Thibaudeau, tout y refluait, le côté droit était désert
tocratique • aux yeux du peuple par la seu.le géographie,
depuis que la Gironde en avait été arrachée ; ceux qui
que se range, on l'a compris, notre témoin. • Ainsi fut
avaient siégé avec elle, ayant trop de conscience ou de
coupée l'assemblée législative dès ses premières séances,
pudeur pour se faire Montagnards, se réfugiaient dans le
conclut-il, et jusqu'à sa clôture, rien n e fut changé à cette
ventre toujours prêt à recevoir les hommes qui cherchaient
disposition locale'.• Comme si c'était une loi de composi­ leur salut dans sa complaisance ou sa nullité'. • La place
tion qui se rrouvait cene fois établie.
Impossfble de n'être pas frappé, en lisant ces lignes, par
1. Journal tÙ l>uquanoy...* op. cil., 1. I, p. 3l2.
2. A.C. Thibaudcau, Mimoiru rur /4 Com:.-ntion: �, t, .Dirwoin, PariJ, 1824,
1. Mtthieu Dumas, Souwnin, Paris, 1839, 1. a, p. 4�5. p. 47-48.
28 La droiu t.t la gauche Les assemblëe.s révolutionnaires ou J,t Jaux départ 29

a ifls i libérée sert cam\tnent à accueillir les • envoyés du comme l'expression inévilllble de tenda.nce:s
ppréhendée
peuple , - un Montagnard propose, le 12 août, de • mettre "rof ondes, mais comme le produit pathologique de dis­
le côté droit de la salle à la clisposition des député$ des �ordes fun estes qu'une saine organisation ne devrait pas
assemblées primaires, ils le purifieront ; et il n'y aura de tolé rer. Aussi Je dernier mot de la Convention sur le sujet
délibérant que Je côté gauche • '. �or rétablira la sera-t-il pour la bannir. La Constitution de l'an III sera
symétrie des forces en présence. Ce sera mcme un moment complétée par un règlement du travail des futures assem­
d'expectative à la faveur duquel la division de l'assem blée blé es expressé ment destiné à • rompre ces groupes de partis
prendra une portée spécialement significative. Ce sera qui présentent l'enceinte du corps législatif comme un
manifeste en particulier au moment de la crise de germ inal champ de bataille où plusieurs armées sont en présence, et
et de prairial an Ill qui aboutira d'ailleurs à la mise hor s jeu se disputent avec acharnement la victoire•'. La Revel­
des représentants les plus voyants de l'• extrémité gauche•· liere-Lepeaux s'étend longuement, le 14 septembre 1795,
Scion un usage qui remont-e au moins aux premie rs te mps sur les ; inconvénients extrêmement graves ,, qui ont
de Ja Convention, l'affrontement des députés se double de résulté d'une siruation où les députés étaient acculé$ à
celui des tribunes, où le public se distribue en fonction de émettre, au lieu de leur vœu propre, celui • que le public et
leur clivage. Le 12 germin.al, ainsi, les pétitionnaires qui les membres de l'assemblée eux-mêmes croyaient devoir
ont envahi l'assemblée• défilent au milieu des applaudisse­ sortir de la place que nous occupions•'· Sur sa proposi­
ments des membres et des tribunes de l'extrémité gauche ,,. tion, les places seront ,donc tirées au son tous les mois,
Il n'en est que plus remarquable de constater qu'en dépit chaque membre devant se tenir au numéro qui lui est échu.
de cette polarisation, Je vocabulaire qui la traduit ne suscite Grâce à cette rotation fréquence, explique-t-il, les députés
pas davantage à ce moment-là que dans les périodes précé­ apprendront à mieux se connaître, tout en étant plus libre
dentes d'effets d'identification. • Côte droit• et • côté chacun d'influences, de sorte que ces opinions m.icux indi ..
gauche• correspondent à une pratique désormais parfaite­ vidualisées • se fondront plus aisément en une opinion tout
ment installée et rodée, mais au travers de laquelle on ne se à fait gênêrale •'·
définit pas. C'est que même dans l'enceinte parlementaire _0.IJ.Xon--veit-que- si...!!_ Révolution française a en effet
où l'opposition est devenue une règle de fait, elle n'est pas •�é la droite,eJJ.3.giilJ!.ç_h_s_!u lan,gage poljtigue,_c'est à
son.corps-défendant: Il est bien au même moment quelques
J. Mon.i,ntr, t.xvn, p. 382. AutrCS exemples dn.ns P. Dnsart, Po,oin dt la voix inattendues, celle de Sieyès, par exemple, pour tirer
Ritdution, qp til.., p. 149-150. une autre leçon de l'ex:périence en entCrinant Pirréducti­
2. Monim,r, ,. X:XJV, p. 115. Le compte rendu de la sCancc prCci.c par ail­ bilité du phénomène - Sieyès n'avait-il pas été jusqu'à
lcun que, lors de l'cntr« des pétitionnaires, • les membres qui stégtaient â
l't'Xtttmité gauche, a.in$i que les pt.rsonnes qui se trouvaient d:ins les tribunes
au-<lcssw d'c11x, leur ont doMé de vifs applaudissements• (ibid., p. 111). Les 1. La RcvrUiêre-1..epcawc, M.tm.iui1r, t. XXV, p. 748.
î!Jusu.tiom ,urabondcnt, durant la J)Criodc, où l'cxtdmité gnuche est �rticu• 2. Id., ibid.
li�R"mc-m en relief, ainsi qu'en témoignent les diverse$ teintions pufementaircs. 3. Ibid., p. 749.
30 La dn,iu" la pudr4

admettre, le 20 juillet, que• l'cxiscenc c de deux partis &etn­


blable s ou analogue s à ceux que l'on connaît aillcun sous
les noms de parti miniscériel et parti de l'opposition, est
inséparable de coucc espécc de syscemc représent atif. Disons
la vérité, ils se rencontrent partout, quelle que soit la fo
nne
du gouvernement•' ? Peine inutile. Le courant domina,i1
en cette clôrurc thermidorienne, est à la consécr ation Pra:
2

tique de la philosophie fondamcncalc de l'unicé qu'un Sieyès


justemem, avait à son heure tant contribué à imposer. 0;
La Restauration : aux origines
suffie pas de dire par conséquem que la Révolu tion a créé
n
les cacégories usuelles de notre mode de partage favori il
de la tradition parlementaire française

faut ajoucer qu'elle ne s'esc pas moins préoccupée de Îes


abolir. En faic de naissance, c'esr plutôt de faux dépan La vraie naissance date de la Restauration. En ce domaine,
qu'il convienc de parler. ce sont les pires ennemis de la Révolution qui parachève­
ront son œuvre. L'élément moteur, dans le contexte de
1815, viendra en effet des ultra-royalistes. C'est leur initia­
tive impatiente qui provoque la résurgence des • partis • au
sein de la Chambre introuvable. Ils se regroupent et s'orga­
nisenr, non sans soulever l'inquiérude d'une opinion encore
sous le coup dlu traumatisme révolutionnaire. • Peu de
temps après que les chambres eurent commencé leurs
séances, rappone un observateur de l'époque, on avait
répandu dans le public qu'il existait plusieurs rèunfons de
dépucés connues sous le nom de clubs. On en désignait
principalement deux [...). La seule idée de ces clubs jeta
l'alarme parmi ceux qui se rappelaient de quelle fiu!e�te
influence ils furent dans le cours et dès l e commencement
l. """°"""•LXXV, p. 296. Cin,ns dam un...,. analogue 1.ao)'-Marncsia: de la Révolution'. • Il n'y a pas que le souvenir, il y a sur le
iJ dinm,ue • le côté c::ooa:mmooneJ ou � vulpircmcnr OOl.1lJDt le
oloû droi t., - Oppc>tomoo dam k: cclré réwluti� ou dmrvt:tew comm<
IOUI Je .ooa:i. de cote puche._ •. , Cc sont les côtêt gauches, ajoutH-il, qui X••. et GAuticr d.u Var, Paris, 1817, t. D, pp. 392-393. En 1815, le pri­
eornmencmr Jts � les côrél droiIS qui les 6.nmcnt et les pcrtis siden.t de la Chambre invite un députè à s•absccnir d',cxpressions donnant à
1. A,malts hûu,riqu,es da $micml du corps Ugûlarif, anoées 1814, 181 S, 1816,

QlO)'enJ qui Je, CDtraioc:m: •, D, la ja:ù,lau tI'un � pi a».c nz,


par

Pari&, 1796, p. 58-59. consolidation d'un parti •• Archivu parkmmwim, 2< $êric, t. XVl, p. 594.
croire qu'il cxîs.tc d3ns l'membJ� • non seulement la formation, mais la
32 rradùùm••• 33
L4 droiu ,1 la gauth� La R�s1a11ra1Î(Jn : au.K originu de /a

fond le p�jugé en faveur de la • noble iradépcndanc;c � �_gouvcmemcnt du ' milieu confronté à une
�.IR · ' •
qui doit être le premier carnctèrc. d'un dépu1té • • On ition, de Ia bc. • é d'un rcgune dc
11c stmp 11c1t
· se •�llble oppos
d
demanda, poursu:it le même témoin, quel intérêt il pouv ait l'anglaise. Vitrolles, l'un des chefs de file ulua,
bi rtition â

r::
résu)ter pour la chose publique qu'un député sacri6àt à un � ;ncorc évoquer en aoùt 1816 l'adoption du système
pani une opinion qui n'était plus la sienne propre. • La En l 820, il ne reste
partis sur le modèle britannique'.
recherche de cohésion des uns su,scitc la réunion des autres. que la nost::tlgie désolée d'un idéal
�us à Louis XVIII
Lcj...ll)9�érés_!_c__ ç:o.mpt�cn face des ultras. Deux mois
�var1oui: • ô tories, ô whigs, oû étes-vous2 ? • La logique
e • •
après l'ouvenurc de la session, fë71.>ftobre 1,815, la frac.. (onctio nnemen t parlcmentalfC est en euet,, dcvcnue ues
du
rure pnraît consommée. • La lutte était cngagie, les panis à manier, de par le jeu de
différente - et autrement difficile
étaient classés ; il y avait dans les chambres un,c majorité et cc mode
bascu.lc qu'e11e impJique. C'est en fonction de
une minorité con.$cituées 1• • Et, point capital pour cc qui des forces politiqu es que les
ultra,
spécifi que de distribution
nous intéresSë ici, J.L,:n:ai.Mté ! 110 momtfit incer-
dénominadons de droite et dè gaüèhe acquièrent sens Cl
1·ainc ,, scion Duvergier de Hauranne, • s'éta�t définitive­ necessité. A cet égard, les aMées 1815-1820 représentent
ment fixée à droite • 1• La face du monde eût certes ètë
fa périodevëriiablement r{;atricieÛCÔii-ënes se fixent et
changée si elle ava.it été se loger à gauche !
s'o.ocrédirent de manière définitive. ··- • -
Comme on sait, les dissensions de plus en plus affinntcs L'établissement du couple, si l'on ose dire, passe par un
au fil des mois entre le ministère, obligé à un réalisme élC­ ménage à trois. Il y a droite et gauche parce qu'il y a centre.
mentnire dans la conduite des affaires, et les suppôts trop C'est de l'anomalie par rapportt à • l'état normal du gou­
zèlés de la tradition monarchique, conduiront le Roi à pro­ vernement parlementaire, dont les ressorts jouent mieux
noncer kt dissolution dès septembre 1816. Les ultras sont
s'il y a seulement deux partis en présence ., comme dit
sévèrement défaits aux ëlections d'octobre. Le ministère
Du\,/'ergier de Hauranne, qu'ils sont le produit. • Mais,
s'appuiera désormais sur les tenantS de l'esprit de com­
pou:rsuit le même, comment n'y aurait-i! eu que deux
promis de la Charte, dénommés pôur èè môtif• constitu­
partis quand un parti se montrait hostile à la ÇIJ»te et un
tionnels •, et qui deviendront bientôt Je c centre •· Ils le autre pani hostile à la D�e ? Nécessaireri°ent un minis­
deviendront avec l'apparition au lendemain des é.lections
tère dévoué à la Chane et à Lo Dynastie devait se tenir
de 1817 d'un gro:upe des •ln.dépendants• suffisamment
étoffé pour constituer une opposition sur la gauche, oppo­
sition qui ne cesscn de se renforcer aux élections de 1818 "'°·
1. • Apt:t(U de 111 situation de la Fraocc: au 15 a01lt 1816 •1 ln Mbnoc·m de
Vitro!ld, Pans, Gallimard, 1951, t. n, p. Les mÛ1Ûll'C$ K plaÎp)cnt • des
pa:ssiocu �t de l'esprit des parti.s., dit Vitrolles; maù il, ignorcm donc: qu,c le
et sunout de 1819. C'en est définitivement fait, avec et
eou\·emement adoptê n'e1t tuuc: choU: que la corutinufon ttgubèrc des
puda • dont • 1• balance des Whigs et des Tories dcpWS «:ot quarante aru •
1. J>ro5prr Du,"ttgi�r d� Ht\llUlnC, Hùwin du l(lll'W:f'Nffltmt � (Oumit k tnodck qu'il convient de suî,tt.
""F,o"''• Ptris, 1857, 1. Ill, p. 29), 2. l...rttre à Dt-eues du 10 octobre l820j dtêe par EmcH Daudet,
2. Id., ,·bid., p. )48. Lowù XVl111t lt d14 D«.o.ut, Paris, 1$99, p. 74.
34 La droite et la gaudu: La Ra1a11ra1ion : au.x on"ginu th la tradition... 3S

éloigné de l'un et de • autre et suivre encre eux une voie e parlante - contentons-nous de relever au
,opon-f"ffphi

,.--
moyenne•.• Avec cette double sécession des irréductibles assez e.1oqueot pour se passer dc commen-
Jon g un titre •• .
de l'�sme sur un bord et des libéraux intransigeants . e .. r,
uur
e la ch ambre des d'tpuus mdrquam awc
sur l'autre, on encre dans un syscème de positions fixes
n1,a 11 J'6· ifd
l"jmtrati
,timde fa place qu'occupe chacun dt$ membres•. L'éditeur
excluant la rotation des places à l'occasion d1une alter�
na.nec. Système donc où les p0sîtions deviennent intrin.
:,::,,. de ces Statisriqu,s (pour!�- session de 1819) prend la
quer au lecteur qu 11 ne faut pas se suffire des
sèquemcnc significatives à tout moment en regard de peine d'expli
l'orientation du ministêre qui se définit forcément par ois grande s divisions de l'hém.icyclc, car non seulement
rapport à elles. En pratique, pour s'assurer d'une majorité :roit e et gauche sont divisées chacune en deux• sections ,,
il lui faut le plus souvent gagner l'appui, au-delà de s� mais encore chacune de ces sections préscme--t•clle à son
tour des différences significatives : • MM. les députés qui
troupes centristes narurelle.s, d'une fraction au moins de
l'un ou de l'autre côté. C'est ainsi que Decazes et de siège nt dans la deuxième section de gauche, dans la
deuxième section de droite et au centre sont placês de
Serre essaient, fin 1818, de gouverner• dans le sens et avec
maniêre $ indiquer la division de l'assemblée vers laquelle
l'appuj de la gauche, sans que la gauche fût représentée
ils inclinent. • Et ce n'est pas tout : l'ordre horizontal se
dans le ministère•, tandis qu'ils changent leurs batterie s,
fin 1819, pour gouverner• dans le sens et avec l'appu.i de double d'un ordre vcnical. • Les trois colonnes se divisent
la droite, sans que la droite eût pan au pouvoir ,2• ll y aura imperceptiblement à trois dcgrés 2• • Il est besoin, pour
donc des constirucionnels favorables à l'alliance à droite décrire cet esl)ace intégr11lement balisé, d'une tenninologie
et d'autres à l'aHfance à gauche - entendons avec ces capable d'en restituer l a '"'Cttaprure à l'intérieur et en plus
fractions de la droite ou de la gauche susceptibles de se de ses grandes coupures. C'est alors qu'émergent en sus de
démarquer de leurs• exagérés •· D'où, en fonction de cette droite et gauche, extrême droite et extrbne gauche, centre
double contrainte à se décerm.iner, au sein d'un jeu fluc­ droite et centre gauche.. • Mais ces classifications, commen­
tuant, d'une pan vis-â-vis d'extrêmes clairement ide.ntifiës, tera un peu plus tard un observateur, sont loin d'indiquer
d'aucre pan vis-à-vis du point d'équilibre de l'action gou­ toutes les nuances des partis qui composent nos assem­
vememcnta.le, un cJasscmeot spatial extraor inairement blées. Que de teintes diverses, depuis l'extrême droite du

raffiné des députés arina• nuances de leur centre gauche jusqu'à l'extrême gauche du centre droit ). •
position. Soit dit au passage, on touche sans doute ici â l'un des
Comme il constitue la clé du jeu politique, il devient une grands ressorts qui font la force cognitive de notre couple
donnée publique. On voit apparaître une série de Su,tis­
tiqucs, de Tableaux ou de Plans destinés à diffuser cette L Ces doc!.tmcnts i,Cffiblmt 1tppaJ11.icre à partirde la tcAion de 1818, Ils
sont rancmblls cl.ans la &è:ric Le S5 i la Bibüothtquc nationale.
2. S,atissiqm th la CJuimbrw d,u dJptlth. 6 mai 1819 (B.N. Le 55 13).
1. P. OU\ 'ff8�rdc Haurannc,cp. cri., t. IV, p. 5$5. 3. Sous l.a direction d'Eu�nc Ouclcn; e� Laurent Paa;nenc, Di<rwm,uiin
2. Id., ibid., LV, p. 315, politifu, (1842), Paris., 1868, p. 207.
36 La droite tr la gauehe La Resrauraiion: aux originu de la tradih·o11... 37

r ensemble l'id ée de l'ensemble sémantique qui commence ici à


de notions : c'est qu'il permet de teni coa.5 ....arion
_,,t
con tinu d'un Spectre
d'un antagonisme radical et le dêgradé 0
indêfiniment dêcomposable. P g1!:iuuscré, dè:j les é:lcctioüs, pa r la Victoire du régicide
nnue comme l'empone grâce à l'appoint des voix ultra en
La session 1819-1820 mérite d'être reco G , goire qui
un moment fort de l'histoire du voca bula ire politique. •u ";eva nt un énonne scandale. Fidcle à la politique ·
du
que s'opère la •
lis te se dema
Car c'est autour d'eJle, apparemment, ro ya nde
re la uè s Quon.d.
1e-nne s1, • au lieu
complète décantation et consécrat ion du systè me lexical. ::.;pulser le régicide, il ne vaudrait pas mieux le laisser
t, · milieu de la gauche, se lever avec elle et servir
Journau x, brochures et correspondances témoignen au--delà s'asseoir au
d'occurrences isolées, de son encré e dans les mœu rs sou s insi par sa présence à éclairer les royalistes douteux sur
une forme cohérentt et régulière. Les circonstances se �es affreux projets de la Révolution•'. L'élection une fois
prêtem, il est vrai, à pareille cristallisation. La première cassée-, la Bibliothèque hist()rique s'indigne, en revanche,
phase de la session ,•oit Pépanou.issement du mécanisme • qu'un vieillard honoré par soixante ans de venus n'eût
de bascule des alliances parlementaires. À la suite du pas trouvé un défenseur dans la gauche•'· Mais au moment
succès des libéraux aux élections de septembre 1819' du vote du budget., la même Quotidienn4 ne craint pas d•en
Decazes change son fusil d'épaule, abandonne la politique appele r à l'unioo des opposés : • Il faut que la gauche et
à gauche et forme un ministère centre droit recherchant la droite s'entendent afin de manifester leur indignation
l'alliance ¼ droite. D se heurte. comme il se doit, à Phosti­ commune contre M. Decazes >. t
lité des irréductibles. Villêle, qui mène les tractations, À défaut d'accord, il y a au moins cc repoussoir commun,
conslate, en décembre 1819, que • Fiévée et la Bourdon­ le parti ministériel, sur lequel les brocards pleuvent de
naye voudraient bien lever un étendard à pan à l'extrême cous les côtés. Le centre, suivant un jeu sur le mot hérité de
droite•'· La logique du processus pousse à isoler les la Révolution et qui connaît alo<1, la fortune, est stigmatisé
exuêmes. Le Censeur européen notait dans le même sens, sous l'appellation méprisante de wmre. A propos toujours de
la session de 1819, Béranger chansonne le• venttU ,, lourd
deux mois auparavant, la dissociation entre • les éloges
donnés à la gauche et le blâme porté sur l'extrême gauche ••. des • dînés que les ministres lui ont donnés •, pour avoir,
• suivant sa leçon, pris place à dix pas de Villèle et quinze de
Mais elle crée du coup la possibilité d'une conjonction
d'Argenson •-indication intéressante, par parenrhèsc, quant
des extrèmes, phénomène imponant du point de vue de la
à la familiarité avec les données de la topographie parlemen­
taire que le chansonnier suppose chez soo public•.
L. Lmtt • sa femme du 18décembre 1819, in J,, comte deVillè,le,Mtmoim
n"'"'"'°'1do,ru.Parî.s, 1888,t. ll,p. 248.
,
Z. U CfflShlT �uropim du 30 oetobrc 1819. Lt même journal �rie, k l. Citê par Ou1, 't'r1)erdc Hauranne,op.. œ. LV, p. 287.
15 janvier 1820, de, tous let dE-put!s de l'cxufmc puche ... •· U mernionne1 k 2. Id.• lbld., p. 306.
16 (C\'fit:r 1820, • ... quatre autres membres de l'extrême droite,.. •· Nom­ 3. Citt par Paul Thwuu•D11.ngin, L, Pani libbvl '°"' '4 iwUJIINIÎOn, Pari,,
bttWC mattnaux dans Bernhard M0:-;cH, °"' f¼.,/irûdr� U"6rtsthau 4tr Fnm• lM8) p, 211.
IÎWlm Rmauration in Pbrlo.mw und Prt.ss� thkt:-, Bonn, 1960. 4. • Le \�tru, ou comp1e rendu de la scuioo de 1818 •• in Œuvrcs
38 La droiu et UJ gauchi La Resta,rr aticm: aux origines d4 la tradiriott .. , 39

Et puis survient l'assassinat du duc de Berry, en . s de la fin 1820. • Nous étions là, écrit-il, trois sortes
uon
février 1820. La vague de réaction qu'il (uscite bouscule • par le pre''
e1es 1ct , gens dc droJte,
• • • a•
aises
de gens app
les règles du jeu subtil en train de s'etablir. Retour à la c.r, gens de gauche, aussi peu nombreux, et gens du
cornpt
simplicité de J'antagonisme frontal. Le ministère s'unit aux . foiso n' ... >0vec Stendhal, en 1824, un pas sup-
nu.11eu, à ,. . .--,_
ultras pour faire passer une sé.ric de restrictions aux libcnés lémenraire est franchi, lorsqu I 1 exp 1•q��a__ propos du

publiques. Les libêrnlLX de toutes obédiences, re..ci.soudés • 5es opinions en


-· ))einrure !l.l\nt celles de J'ex-
� 1011) que
!,a • ...,
..-- ...__ �- -
par l'adversité, mènent un combat de retardement qui offre --� rne gouchc o, alors qu'en politique, elles som • centre
à l'éloquence parlementaire l'une de ses grandes occasions U:ûc.hc, comme celles de l'immense majorité •l. Le langage
de se déployer. Les débats sont suivis avec une atte ntion �e la prise de parti est émancipé de la perspective électo•
passionnée par le public parisien, où la jeunesse des écoles raie qui le conditionne encore chez Courier ; il a conquis
fait une entrée remarquée comme acteur sociaJ. L'âpreté une généralité expressive suffisante pour devenir à son tour
des discussions ne diminuera pas, au contraire, à la suite le support d'une extension métaphorique.
des élections de novembre 1820 qui donnent une majorité Mais ce n'est pas l'intensité à elle seule de ces joutes
écrasante aux ministériels et â la droite. Les quatre-vingts parlementaires qui peut expliquer leur substantification
libéraux rescapés dans la Chambre résistent becs et ongles symbolique. Il y faut en plus la reconnaissance tacite de ce
aux assauts de la contre-révolution, durant une session que qu'elles expriment la réalité profonde d'une situation his­
Duvergier de Hauranne qualifie de • session de guerre rnrique. De ce point de vue, le contexte offre une lumière
civile•, tandis qu'une partie de Jeurs troupes se convertit à optimale. Impossible de confondre l'opposition entre les
l'action clandestine. libéraux et les ultras avec une lutte plus ou moins artifi.
Cette polarisation des esprios n'est sûrement pas étran­ delle de factions pour le pouvoir. D'évidence publique,
gère à l'apparition dans le public des premières identifica­ c'est le panage fondamental du pays, passé, présent et
tions de sa propre position en termes de géographie avenir tout ensemble, qui se réfracte en elle. Probablement
d'assemblée. On relève la chose, par exemple, sous la d'ailleurs que l'une des grandes différences avec la période
plume de Paul-Louis Courier rendant compte des élec• révolutionnaire réside dans cene parfaite lisibilité de l'af­
frontement, celle que créent justement l'héritage et la
compfêtcs, Parist 1839, t. Il, p. 2. Villêlc h-oquc la possible • couputt entre la mémoire de 1789. Le recul rend limpides les enjeux d'une
droite cc le «nttt droit• tn 18'21 (cicê parThurcau•Dangio, op., cit., p. 2)3). bataille traversée dans la confusion. Nul ici n'a le moindre
Rbut..Qllt \'UUW11il, cri 1819 1 • rcufun;cr 1: a:mn: g11udu: • (Cu,-n,.,pv/lW- J.t
M. d,e Rbn1al'Jt pmdant lu /Mmibu onniu d, la lwtoural'Mtn, Paris) 1883, t, Vl,
p. 96). Du même.en 1818, une classification politique humoristique particv• l. Lmm panic.1Jim.J, in � tomp,IJtn, � Gallimatd, 8'01. de b
IÎÙffl'lel'U fèrocc pour les• VClltttS • (op. ciL, t. IV, p. 157). Citons coeott une Plii.ade, 1951, p. 63.
brochure dénonciatrice de 1820, /..,,Q Horm,u du u,1,n, qui n0te : • il e5t rcaw• 2. Stcndhlll, Mi.la,izrs d'an, Paris, 1932, p. 6, citt pv Franc:ù HasUU,
qu.able que Je cc.nue se divise lui•mëmc en aois parties : îl a &0n dllé droit, son • L'ar1 et le lo.ngage de la politique ,, in � l'drt d du l'()Mt, Paris, GaUùn11.rd,
� puche et son point du milieu • (p. 26). 1989, p. 152.
40 la droite et k, gauche la Restauration : aux orig ines de la rradùion... 41

doute : ce so.ru....r._anciennc et la nouvelle _France qui St: des classements politiques . Celle-ci avait été
tro uvent face à face et la question est de savoir si le co m. lan gu e
peu mise en sommeil depuis 1824 par l'écrasante
promis est possible entre les • deux peuples •· que qiue • au sem • d e Ia• Cham brc rctrouvee •
. ation de la droite •,
domin
Avec Montlosier du côtê ré.actionnaire, avec Thieny Ct Jes talents d e 1a qwnzame
• • d'opposants can-
en cor e que
Guizot sur l'autr e bord, le discours historien se déploie au leur réd uit • d'extreme• gauche et surtout Ies dis-
conn:••s dans
même moment pour ancrer dans le temps long de la majoritaire, tiraillé entre les indomptables
sens10ns du camp . .
conquête cette duaUté d•une France • condamn ée par s.a extrê me droite et les mode�és d� s� • gauche •,
de son .
propre histoire à forme.r deux camps rivaux et inconci. une vie parlementaire ammee. En 1827,
eussent maintenu
Hables • 1• C'est dans la mesure où la division politique pré­ ... , .
l'uni on sacrée contre 1_ e m1��stere 1o��t1onne de nouveau,
sente de la sorte aux yeux de tous des motifs maje urs à la tnpa uon de I ep� que Decazes. Le
et l'on revient r:o
irréd uctibles, d'exister et de perdurer qu'il y a sens à s'; ministé riel, ramené a cent quatre-vmgts membres, se
camp
retrouver, à durcir en concept la distribution des fore� d'une doubJe opposition, avec
retrou ve flanqué soixante-dix
parlementaires, à élever l'accident de leur disposition spa­ royalistes sur sa droite et cent quatre-vingts libéraux sur sa
tiale à l'essence.
gauche. D'ou le recour de la question des alliances suscep­
Droite et gauche s'enracinent ainsi grâce à la cornbi­
tibles de déboucher sur une majorité.
naison de deux facteurs, au croisement de la dramati�tion Faut-il un rapprochement du centre droit ministériel
historique et de la subtilité politicienne, telles que le tour­
avec le centre gauche ? Cenains le plaident, en arguant, à
nant de 1820 les fait se télescope, à leur paroxysme. Inter­
l'instar de Stendhal quelques années plus tôt, que là réside
vient d'un côté, donc, cenc reviviscence clarificatrice de la
, l'opinion générale de la France et l'esprit du siècle : wuu
fracture révolutionnaire provoquée par le dessein mèmt
la Fra,,ce en centre gauche•'. Solution véhémentement cri­
d'une restauration, qui leste l'identification des panis
tiquée à droite et à gauche, où l'on revendique chacun
d'une formidable gravité. Mais elle n'est efficace que parce
pour son propre compte une cohésion garante d'hégé­
qu'il y a eu au préalable captation de cet antagonisme à
monie. • Le cabinet doit marcher ave.c la gauche tour
l'intérieur d'un jeu d'assemblée extrêmement serré qui lui
entière, proteste ainsi le Journal des débau ... Ce serait une
impose sa sémantique propre.
folie de vouloir par la réunion du centre droit et du centre
Peut-être faut-il mentionner encore l'année� au
gauche constituer un parti assez fort pour rêsistcr aux
titre du renforcement de l'acquis. Elle est en cffcc le
anaques des deux cxtrérnités2• • Benjamin Constant
théâtre d'un riche débat dans les différents partis et daru
dénonce de même comme une utopie le détachement du
la presse sur la conduite à tenir à la suite des éleaions de
centre gauche d'avec• ce qu'on nomme l'extrême gauche ,.
novembre 1827 ; débat qui ramène au premier plan la

1. O'apris le .,;comte de Saint..cha.mans, � /'ùtu da 1"Um dam ÛI


1. Ausustin TlûCrT)', Considbariom sur l'hilœir, th Franu, in Œlltft1 � dt,qmbf'ti, Paris, 1828-, p. 43,
,,Uus, Paris. J 858, t. IV, p. J l 7, 2 .Cité par P. Tbuttau•Oangi.n, ù Pa,ri li«ral...,op. ffl., p. 408.
42 La droit� et la çaudri La Rtstaurorion : aux origi11es � la rraditio11 ... 43

• La gauche restera unie, dit•il, bien qu'il Y ait dans se, la révision générale des dénominations et de la
rangs des impatients et des résignés•.• Ce que les jeu nc 1 co s, de par .. • ·· • •
entrame , au.ra permis 1 introrusnaon dCfinj..
t aCU ·q ue qu'iJ
. . , . , ,
gens du Globe confirment, en renvoyant dédaigneusement des divi sions par Iemematres comme categones de l'en-
0. vc ..
dans le passé • ces distinctions de centre gauche et dt ende rnc nt pohnque.
t
gauche, souvenirs de 1819, .. Les véritables éléments de la
majorité so m a gauche, sans dfatinction de ccnrrc ni d'ex..
trémité .2. i\!t:iis à droire, un publiciste influent, le vicomtt
de Saint•Chamans, s'efforce d'écablir de façon tour à fait
parallèle • que l'alliance cnrre Je centre droit et Je centrt
gauche est impossible, et qu'il y a plus loin de l'homme le
plus modéré du centre droit à l'homme le plus modéré du
centre gauche que de l'un ou de l'autre â l'homme Je PltU
vif de son parti •'. En conséquence de quoi, lui pousse en
faveur de • l'allfance de la droite avec le centre droit ••. IJ a
d'ailleurs, à l'appui de sa thêse, cet argument intéressant
que • les quatre partis et leurs nuances dêlicares cxistem
plus réellement dans les Chambres que dans la nation,, où
l'on ne rrouvc plus guère • que les opinions nettes de la
droite et de la gauche qui aient quelque puissance,,.
En pratique, Je m.inistêre centre droit de Martignac s'ef­
forcera, au cours de son année et demie d'exinence, de
maincenir une précaire ouverture à gauche, en vue d' une
• fusion • improbable avec les libéraux modéré-:s. Naviga­
tion périlleuse, le �nant à merci d'une convergeQS_� des
oppositions qui finira en cffct_par-l'cmport�r . Et ce sera la
fatale fuite en avant dans r
• la folie d'un ministère d'extrême
droite •, comme avaTtp ëvenu \l'Jfêië•. ·-· ---
L'épisode, en-tout
...

l. Id., iMd., p. ◄08. \


2. Ibid., p. 409,
3. Saim-Ouun:ins, � rna, da /"fl'IÛ..., op. �il., p. 41.
4. Jd.,ibid.,p. 177.
5. Ibid., p. 171.
6. ChC par P. Thureau,Oongin, "f'. ,.;,,,, p. 360.
45
la 1(>J)()graph1� des chambres•••
L'ire des masses : dt
ou...côté dro it ne
es E.rrconséquc.ncc, le...moLdroite.....
n�anc � .un p arti.politique'. • Le jeu politique tend à se
e. lus
fessionnels
d_.,.,r aux proportions d'une affaire de pro
recre car • 1· • ·
d c 11ent e• 1e
3 que reU e.s de personnes er 1es nva nes e
ou. 1es • us 1e
• . D'autant p1
les enJCUX de doctnnc
ocnt le pas sur sme que
s'enfonce-t-il dans un certain ésotéri
L'ère des masses; :;�:, officiel , la question de la
grandes questions qui montent
1 deux
question sociale, sont tenues en lisière. La
de la topographie des chambres
;publique et la ation
ition déjà acquise maintient l'organis
aux catégon·es de l'identit.é
force de la trad de la gauc he,
te
le signe de la droi et
représentati ve sous
erment, en perdant Pesscotiel de la puis­
mais elles s'y renf
nnement identificatoire que les
Reste à comprendre le parcours qui a fah de ces rerme.s sance d'appel, du rayo
es 1820 avaient pu un temps
les catégories primordiales de l'idemiu politique. Parcours mémorables batailles des anné
celui ..Jà fon sinueux et fort étiré, puisqu'il n'exige pas leur conférer.
moins de trois quarts de siècle - c'est seulement dans les ��lorsque Je. suffrage universel_adl'kµ,Le.n 1848,
. Les
années 1900 qu'il aboutit. 11 suppose un vrai retournement n'est-ce pas �pontanéme.nt�J"!!!lagc,-lâ 9u'il va ea!lcr
qui transforme la langue spécialisée de la cuisine parlemen.. mors de drone cr de gauche sont trop éuoitcment associês
taire en idiome basique du suffrage universel. désormais à la pratique parlementaire dans ce qu'elle a de
Car l'exemplaire clané de Ja première Restauration n'a plus interne pour être ceux au travers desquels vont s'c·x­
eu qu'un temps. Passé 1830, Jes mots subsistent, mafa les primcr les grands clivages de l'opinion. Ils resteront les
cartes auxquelles ils devaient leur pouvoir se brouillent. mots de l'institution, les mots du compte rendu d'asscm­
Finie ceue correspondance qui faisait du partage des bl�, les mots de l'analyse politique. Mais quand Proudhon,
assemblées l'exacte représentation de la question pos� au par exemple, esquisse dans ses Confessions d'un révolulio11-
pays - acquis de la Révolution ou contre-révolution? - et 11ai� u ne �ologie raisonnée des partis, il prend soin, aprè , s
.
qui donnait à sa désignation la plus élémentaire sa faculté avoir etabh qu'il y a la nécessité de deux partis moyens
d'évocation. Avec la victoire de l'orléanisme libéral, la scène
se complique et le miroir se trouble. Les antagonismes se 1. Ditli<mMire MJùiq,,t, de Dudcrc et Pa.guerre, op. tiJ., p . 425. Bon tcmoî•
&fi� de çi:t tm de fait par c:xc.mplc: dan! Jostph lànslti, � auw,sr dl la
clilucnt avec l'explosion du royalisme excrême qui contri­ CluJmiw d,s dipu1h1 Paris, 1845, qui note la diffèrcnce av« la p�.mîèrc- Res­
buait de manière déterminante à les durcir. • Depuis la tauration co (aîsant ressortir I'• Cparpillcmcm • du pcrsoMcl park-mentairc et
révolution de juillet, note un publiciste en J 842, une dou­ le • peu d'etl.$(mblc qui �gnc dms son action•• ainsi que le brouillage des
rcpè- .rcs topographiques - Um11ninc, ainsi,• qui a voté altcmati\'emcnt avec les
zaine d'honorables membres, débris de l'opinion lcgiti• ('(:ntrcs, b gauche et l'cxtrémc gauche est assis le prcmic-r au uoisîème banc de
miste, se trouve éparpillée parmi les députés de toutes les l'extrême droite• (p. 277).
47
46 .. •• dt la to:hhi,K raphie des chambres•••
es ,,,asSe,.
LA droite cl la gauche Y"•
L'ète d
l'histoire qui nous
entre les deux partis extrêmes, de préciser en souli
gnant 1 . api cal à consi dérer• dans
ersel cree d'un coup
d'e�ormes
'
dénivellation des registres du vocabulaire : « en tennes a � '.• fait
age uni\f
Le suffr
est
P r
c

, ,., requis d e se
lementaires, un centre! droit et un cen tre gauche ,, . occuP:· tilicàti on politique. Chacun est
d'iden du blanc
La compétition électorale et l'adhésion partisane vo besoin dans l'opposition du rouge et
emprunter en effet de tout a�tres ch�- . s 1.mguisti nt s,iu_er,
Or
ent trouvé à se satisfaire. • C'est ,.elle
ques.
c'est
pri miti vem .
Les élections de mai 1849, point de cnst?�1sa11on du
rable, qu,1Js ont art cet mscrument à la fois. d'c
xtreme
. i au dép
qui • , ,ourn . '
-commë-<ÏÏÎ sait, de la carte des forces poliuques en F confi'1t et d' 1rruncd 1ace recon•
ranc e,
l'fi catio n des termes du
opposent, en langage populaire,les democ-soç � . qu'appe1 ait •
sunP re pos1t1on dans Ie conJljt
. sance de sa prop. ,

Surtout, elles sont l'occasion de la mise en place d'


1 •

n:us . Ce n est que dan s u n


• n poh.uque de masse
riacs.
une
.
symbolique de l'affrontement très puissante, dérivée de a la�ro cipatio ent, que la droite et l a
l tard i\fement et lentem
guerre des drapeaux : les rouges contre les blancs'. C'est par second temps, •
• C' est qu'e Il e
ce contraste de couleurs que passera pour plus d'un demi­ J'on t sup plantee • dans 1e meme emp 101.
gauch e
tégrer quasi­
profondes racines, jusqu'à s'in
siècle la reconnaissance des camps. Edgar Morin le trouve 3 poussé de ti•
dans c,ertaines régions du Midi, en par
encore prioritaire sur toute autre marque d'appanenan
ce ment au folklore, els des
mascarades, affrontements ritu
dans les années 1 960 à Plozévet, dans le Finistére•. Très culier. Cosrumes,
tume se dé\leloppe autour de cett e
avant dans ce siée.Je, alors que droite et gauche se sont déjà couleurs : coute une cou
est vrai que le rouge et le blan c,
largement imposées, il continue d'être mobilisé dans l bacaillc des emblèmes. Et il
boliques, étaient bien faits
moments de tension, lorsqu'il s'agit justement de faire J:<$­ riches chaclill de résonances sym
es

Voilà qui n'en


sortir le caractère tranché du choix.• Je suis pour les forces pour parler à l'imagination ec au cœur.
on sen­
de la révolution contre les forces de contre-révolution; il y rend que plus mystérieux en regard de cette profusi
a des blancs et des rouges ; je suis avec les rouges ! •• s'écrie sible, que la droite et la gauche auraient pu à leur tour, en
ainsi le radical Manvy lors d'une manifestation prèpasant les dépit de leur froideur abstraite, se charger de la même
voies du Cartel des gauches, fin 1923'. Et il est encore des palpitation affective, de la même chaleur d'adhésion et de
candidats pour invoquer la • lutte éternelle • du • bloc des répulsion.
rouges• et du• bloc des blancs• aux élections de 1936'. Sans doute ce dépl�cement témoigne-t-il au premier
.
chef de la reuss11e du rcgime p.arlementaire. L'instituti on ,
1. Œu\lttS comp!êtc:s, Pllris, 1929, t. VIO, p. 77. autour d e 1900, est parvenue à s'imposer e n profondeur
C'est par rapport a- elle non seulement que la politique se
2, Voir l'&rticlc de Je.1.0-Louis Ormiêrcs, • ln rouges rt les blancs,, in
Lt, Lit.ux de mtmoi«, ,. m. US Fra.nu. vol. 1. C(PrjlilJ �t paruJttf, Pari� Galll·
man!, 1993, p. 231-273,
3. Edgar Morin_. Commuru ni France: 14 mlur1't()f'/>lwt tk l'tlxJbful, Paris, dJput# prodamis Jlu.s pour les élc:cdons de 1936, Paris, 1937, p. 1251. Un autre
Fayard, 1967. socialiste:, R. Mauger, à Blois : • Rouges contre blancs, telle
est une fois de plus
5. L, so<ialist• H. ll<>ulay i Mioon, par exemple. Cf. le J/au,i/ du UM
4. Cilé par Michel Soulié, U Cortd tks ,auch�s, Pans. Du.llis, 1975, P. 83. l.:a earac-téristiquc: de cette bataille• (ibid�, p. 662).
Rilppelons l.a devl$e des
Croix dt feu : • Ni blanc ni rougt. bleu, blanc,
rouge.• Voir aussi l'article de
ou1/rmtiquu fks p,ogromme.s ., projmii,ns dt foi tl mgag,n,1,nu lkclCIIT,hlX da Jean-Louis Onnières déj! cîtê.

� l_
48 !.A droire tt la gau.ch� la topographie des chambres..• 49
L'ir4 des mtlSSQ : de
pense, mais que les forces sociales se mesurent. C e • Le texte est intéressant par son• caractè:re
encore ses mots que ses puces •
80at
d'erracteurs parlent. n démo cra u·ques I • • 1•·d • dc parn, avec son
i ee
.
. e• u anticipe par un cote
a fallu t rente ans, lc3 �ntc �nnées. q� consti�cnt Propr:.. ch:1n:11cr
Ja cohé,sion d'un• grou pe rassemblé autour
ment la période d'2cclimatanon de la democrane en Fra n . . nce sur une gauche composee
'
- • d ,aut orgaruscr
lflSISt3 .
d, une doctr ine . • •
Peut-êrre qu'en retour les vicissitudes du lexique politi ce. citoyens ra 11·,es aux m êmes pnnctpes •·
q exc1 us1·vement de . •
ne sont pas sans éclairer de l'intérieur quelques-unes d�: pensee, en mem temps, reste essen-
e
Ma� • son horizon de . . . . .
composantes de ce processus au plan des mentalit és. inrra parle m enta,re, ams, qu' en temo,gne ce pas-
. Uem
ue ent
gauche bigarrée, hétérogè •• ne, formée de routes
sage : , Une
peut .haranguer, cnuquer, harce.ler en
LANGAGE ÉLECTORAL,
on.es d'opinions,
sParoJes l'adversaire commun, et c'e:St beaucoup; mais cUe
ur l' acu• on i• •
restera ioujours nulle po
LAUGAGE PARLEMENTAIRE
ce confinem ent restera la règle tout au long des années
Droite et gauche resurgissent avec la libéralisa tion du suivantes. La réactivation terminologique se produit comme
second Empire, très exactement avec les élections Jégisb,. annoncé, au milieu des convulsions de la guerre, de la
rives de� Les quarre-vingt-dix députés de l'oppo�­ chute de l'Empire et de la Commune, puis du retour à la
rion, constate un journaliste, • vont Contraindre l'assemb lée normale du régime parlementaire que l'adoption de la
à revenir aux anciennes délimitations, gauche, extrême République finit par couronner en 1875, À la suite des
gauche, centre gauche, centre droit, extrême droite•• élections de février 1871, on voit officiellement apparairre
Juste prévision sur Ja dynamique enclenchée, puisqu'on vo:.t à l'Assemblée nationale une Gauche républicaine, puis un
Gambena, quelques semaines plus tard, dans une retenti1- Cenrre droit et un Centre gauche'. Il y aura une Extrême
sante Lettre aux é!ecteurs de la première circonscriptü:m di, Gauche en 1876, une Gauche radicale en 1881. En 1885,
diparument <k la Seine, tenter d'opérer la décantation à c'est au Sénat que l'Exuême Gauche se constitue en
gauche. • Il faudrait décomposer la gauche actuelle en deux
panics•, propose+il - en fair, bien qu'il n'emploie pas lt l. Oiscorm , iplaidoym politfl/ua J, M. Gombt:r.ua. Paris, 188), t. 1, p. 432.
mot, en centre gauche et en gauche véritable. Ce qu'il veut, 2. Ibid. Une accq,cion plus large, mais sou.lignée par l'auteur comme inba­
c,est rendre au mot de gauche • son sens précis, déten niné,
bitutllc, sous la plume d'Eugène Aubry-Vitct l'annik- suivante: • ... chose
remarquable, c'est la g,a1,ch�. c'est le parti avancé. c-'cst•i-dire La portioo des
limité : il indique et définit un pani politique de composi­ élccmut qui dcvnùt plus que toute autre se tenir pout satisfaite de La simple
tion homogène, d'origine identique, de principes communs,, uni\�rnlitê- du droit de vote .., , (• Le sufrr:agc uni"crseJ dans l'avcn.ir •• La �
dts Dna Mcmda, 15 mai 1870, p. 3!7 .)
le pani regroupant tous ceux pour qui l'émancipation d•J 3. La fonnatioo de ces groupcs a:t m.inucicusemtnt reconstituée par Rainer
suffrage universel exige de déboucher sur des institutions HOdem.ann, Fra.luiombildung in, jro.'lf::6rudvn ParlantmL Zur Enlfl•�ltl""'f da
PartNnzytu,,u in dn Fni�11 Dri1u11 kt,ublik (1871•1875), Munich, Ancm.is
Vcttag, 1979. Pour les déw:loppemc111ts ultérieurs du phénomène, d. M. Tour•
1. L Vll»Cb, LA ClocA4 du J 2 juin J 809, cïtt par Jean DubOts, l.A J� nier, • Vç111 WlC grammattt des dêsignations soci�poJitiqucs au dC:but de la
loin pol.in(J,u t.t s«iol de la Fran« Jç 1869 à 1871, Paris, Larousse;, 1962, p. )Il. ru• Rti,ubliquc, 1879-1905 •• MoSJ,n• 2, 1981, p. 51-7 l.
50 Lo droite et la gauche topographie da chambres••• 51
L'ère des mosses : de /a

groupe, avec cc manifeste qui dit assez le rodage des gauches en janvier 1879 - ce
é ._ 11 lui à l'union des
queues : , La qualification d'extrême gauche indique d•u! en aPP' es de naissance de la formule :
. """""11 c ��e i•un des act ' ' l'Un1o
manière suffisante les motifs qui dictent la constitu tion ' e e etc ' n des gm,1ches•••
. . d,, ut
groupe'· , A la Chambre, �ette ,,�1s, de nouveau , il se ' Le sa1
r- . . la vé
· nt

• etre
• é' . • Pl ace d oit , • e,
Républiqu
des gauches, voila
de Ja
.
i.a1t
fo , .
L ,Vn1on •
une Union des droites apres les elecuons de 1885. L' au phénomène de Ia coa1•1uo • n des extrernes
rrn
ann . oacurelJerncnt, '
• •
suivante, Raoul Duval prend l'initiative de créer une Dro Gam bett a la pres, 1 dcnce de 1a commission
i� ains i à
qui. vaut • qui• est venue
républicaine. Dénomination reprise par Jacques Piou :�
dge t en jan vier 1877. • c·est 1a dr one
b s, com-
1893 pour son ex-Droite constirutionnelle. Dans Je disc forces à peu près égales des gauche
oun :�epa�ager les
parlementaire, dans l'analyse politique, à laquelle Je dév l bonapartiste. Elle a voté presque unani-
mente un journa , ats radieaux
loppement de la presse procure un puissant relais, dro ite cache pas pour 1es cand'd
rnemeot et elle ne s'en

gauche et leurs dérivés prospèrent et font la loi. sir de voir triompher•.• Le mécanisme
qu'elle a eu le plai
D est deux configurations qui les appellent quasi néce que Ferry le place au centre de sa cam­
s­ est assez rodé pour
sairement : d'un côté, la polarisation à chaud du débat, ons de 1881, dont le véritable enjeu,
de pagne pour les électi
l'autre côté, l'analyse à froid du rapport des forces entrt nombre suffisant de monar­
dit-il, est l'élimination d'un
les camps, c'est-à-dire en particulier de l'état interne de ent à l'abri
cltistes irréconciliables pour• mettre définitivem
leurs diverses composantes. En ce dernier domaine, Je, des coalitions d e droite et d'extrême gauche le ministè
re
graves comment2teurs du Tempr s:ont une mine inépui­ voulu par la majorité•'·
sable. • Il n'est pas un avantage de la droite qui n'ait été C'est dans ce contexte de• concentration républicaine••
préparé par une imprudence du radicalisme ,, déplorent-ils à l'abri des minorités extrémistes, que s'impose l'une des
par exemple en 1873', pour constater l'année d'après que formules les plus fameuses de l'opportunisme, abusive­
, la gauche et le centre gauche sont infiniment plus unis ment prètée à Ferry lui-même : , Le péril est à gauche . ,
que ne Je sont la droite et le centre droit •'· Du côté du Il s'est contenté en fait de la sous-entendre, en déclarant
langage de la tension, les attestations ne prolifèrent pas •.u Havre, le ! 4. octobre 1883, à propos des • succès par­
moins. • Nous avons à remercier FintoJérance républicaine ti�ls . du paru �transigeant • : • Le péril monarchique
d'avoir amené à droite la cohésion complète�, s'écrie le n existe plus, mais un autre lui succède et il nous faut le
bonapartiste Cassagnac en juillet 1876. Le radical Floquet regarder en face•... • Ce sont ses adversaires qui se sont

1. Manjfcuc du 28 février 1885, cité p3r Jacques Kayscr, Ln GraMlf 1. Cité par J. KaY$Cr, op. tit., p. 105. Un auttc point de crinallisation
Ba.tailks du Ndkali'smt, del origi'nes aux port& du po1Nuir0 P;1ris, Rivière, 1962, pourrait éttt • l'union de la gauche , que Gambetta échoue à constituer en
p. 12;. mars 1876.
2. Lt Tm,ps, Z1 avril 1873, à la suite de l'Eltttion B:i.rodec, dté patJ. Karscr, 2. Un ioumal bonapanistc citê par L'Annh �. Paris, 1877,
p. 5-6.
3. Discours d'Épinal, 19 juin IS81, in Dùcoun tl opinionJ, Paris, 1897,
op. ci,., p. 70. t. VI,
3. Lt 1mtps, 11 man 1874, cité par FrattÇOis Caron, L4 Franu da pom(JUS p. 6(),

tû 1851 à 1918, Paris, fa)•ard, 1985, p. 256. 4. Discours du Havre, J4 oetobrc 18S3
, ibid.. p. 172.
52 deJ chambres•••
53
La droite el la gauche
- · de la
��,.,. ropograpltie
L'ère des ma-
Com mun_e
chargés de traduire et de populariser le slogan, A
la . ur l'an alys e de ses résultats. La
des élections de 1885, le Manifeste de la commissicVedlc o p arti·
co nsulcao.on �ve les couleurs de 1848. Elle prête en
ccngrts républicain radical socialiste stigmatise ainsi, l'b II du rarne
· ne et ravi
par contrecoup au blanc) un edat pour
. da onunc rouge (et •
me signe de reconna1s- •
ne• f:aste qm,• oubl',ant nos ,dcme1s ennemis ns la .
h aine cw••r au . ne"açable à Ja fois com
-·•·
d es ra d.,eaux, n,a pas craint. de d'ire au pays : le
péril n, .,. PS , u• mblème répulsif La revoluuon
l0.,,mem
> • • • elle-m eme
' me e
sance et com uge , pour se:s tenants, tand'
p1us a• dro'.•te i'l est a _gauche • I • Et l'on pou_ rrait indé •st . 1s que • 1es rouges •
'. _ . fini. . nt • la Ro • de nour-
1so
ment mulnpher les illustrations. Pour l'équilibre, don
n
de,.e
re à l'ép ouvante bourgeo•ise • • L'.ep' • •
�e lie-c�• en70�, em�runtee a
• 'RaouIDuval, au moment, on, donncn itï gu
dé ce nn , le langage d e Ia d enonciauon,
ies
déjà. . Pour plu sie urs • • n du
le cadre d e cette d omesuca
evo�ue, ou s � squ,sse, en 1 886-1887, le ralliement d' or• oo
_ un • rta nt da ns
parue des anciens bonaparnstes et monarchistes à la' repue SI, impo
ennemi qu accompl"1t 1e s uffr
' ' age.
.. pport ami-
blique conservarrice : • Si je me tourne du côté de la ga ra d'étiquettes revendiquées pa r
uche , En matière plus paisible
déclare notre orateur devant la Chambre, j'y vois défianc,, reconnues par l'autre), c'est l'affron­
chacun des camps (et
un et répub]ic_aj1Js qui domine la
tement entre -co,ueruaze
et suspicions. Si je re,garde du côté de la droite, j'y vois
beaucoup de collègues. qui, par crainte d'un mot (la Répu­ que s'effectuent les rcgroupe­
période, C'est autour de lui
blique), ne font pas ouvenement la politique que, dans le spensables par le scrutin
mentS du second tour rendus indi . C'est sur
fond du cœur, ils trouvent la plus raisonnable'. • De l'ina­ uninominal d'arrondissement adopté en 1875
décisive d'oc­
déquation des étiquettes toutes faites et des clivages teçus: lui, cypiquemcnt, que se jo·u e la consultation
autre thème promis à un grand avenir et dont l'amorce tobre 1877 qui allait ouvrir les chemi ns du pouvo ir aux
méritait d'être relevée. républicains. Ce restera la loi des batailles électorales des
Ce foisonnement d'occurrences ne doit pas trom per. Il années 188� - le retour temporaire au scrutin de liste en
demeure étroitement associé â la vie parlementaire dont il 1885 n'y changera rien.
représente l'idiome spécialisé - un idiome auquel simple­ No �s avons po �r l'appr,écier un instrument original, le
ment la stabilité politique et les conditions nouvelles de Recueil des professions de foi des élus dont le radical B arodct
publicité confèrent une diffusion plus large. Mais dès que fa11 adopter le principe en 1881, afin de mieux d.egager 1es
Pon se tourne vers les élections, il se raréfie jusqu'à l'insi­ vœux du suffrage,. 11 est a. cet égard parf aitement éloquent
gnifiance. C'est sur d'autres catégories que s'opère la Jusque tard dans les années 1890 , dr olCe • et gauche ne font
mobilisation militante et l'identification du suffrage -quine
à ce que droite et gauche resurgissent au lendemain de la
1. J. Dubois, l.,,t Wlcab,Jai� p,o/itique es l«iol..., op.
dt., donne de nom­
breuses 3ttestations de cenc effen·e$Cence, cf.
p. l2 l•l22 et 411--412.
2. R«utr1 d� texus au1Mntfll1,n d�J progra
mmeJ et profmions de foi tl mgaµ..
mc1u 11«,orau:x tkJ diputh prodam
l. /ùcueit des urx,es 011,mmtiqita da pr,:,vammn, qp. tiL, Paris, 1886, P. 79. Es élus, déjà cité. Ces volumes sont publiés
pt:r les soins de l'Assemblée
2. Le débat tst analysi! par:- Odile Rudelle, Lo Rép"bliqru obso/JN. Au, '111· , en g�nê:rttl l'année suivant les élections. Nous
citerons désormais la s!rie
ginu dt l'insu,.biJiU œn,til11n'on1u/Je de la Frana ripublialine, Paris, Publicaôom: sous le ùt-rc R«r,m7 &rodt1, en donna.nt l'ann
ée des
élcçüons. Elle • rait l'objet
de Ja Sorbonne, 1982 (p. 177 pour la cltacion). d'u.ne exploiunion méthodique, pour une
pCriode
55
54 La droi1s et la gauch� . de /a ,opographie des chambres...
L'ère des ,nasses.
pas partie du discours qu•� candida t adresse à ses 1902, qui voient
. _est pacent dès Jes élecrtcasde
teurs• S'ils apparaissent a u detour des program mes él� lléno rnene D prend
. ' a pJ>el s . re ,uscem e nt' d u • BIOG-d�
ou proclama nons, c ,est dans une accepnon ·
pur e m e nt
P
Ja victoi ' 1 ur lors des élections de 1906, alors
pour-
• Par. am� u, • bloc
Jeme ntatr e , comme 1orsqu e 1�n • ra
� �"é· e 1 d e Freschevij coute son � de de l'affrontem. ent le plu s aig
p e no •
explique, en 1889, avoir fait • avec ses� dr_le "'nt gu e la
la que
'
stion religieuse s est rcferm ee avec
•· . . • d 'une mm .. ouc ,
tout ce qu, 1 eta1t au pouvoir • onte contre bloc• � stère Combes l'année précédente. Il s u r-
ur
.
, .
e on rgolfie r prec1se
d'ac om
c Pu, r bu e du mJI11 • •
ou comme 1orsque dM Ja c e l'al ha nce entre socia-
. e a= vicissitudes d '
a ses él t
ecte •
mem
de Tournon : • Le programme que je désire vous sourne:::S VI·vra de
• aux au cou rs des annees suJVantes. Il a pn•s
est Je programme des droites'.• C'est un vocabulaire c liste s e t_ r ad, c ance vi s à - - vis de la conjoncture. Désormais,
• au regar d de s anathèmqlll
conserve une neu tra 1•1te' reIanve, d
so0.indepen soit des r apports ent re le s composantes de
qui permette nt de se différencier, du ge nre de , Ja ré : quoi qu'il en rennes de dro1t • e et de
a d •
roi r
e de Ja ga uche, c'est en . .
tion • ou des • r ouges •• comme au regard de s dé nomin la te
les compeauon • s devant le suffrage
tion s qui permette nt de se situer. Dénomin ations d a. gauche que se joueront
-��rw:.::.::!...:.=-==='.'--..- -=
• teurs, ava nt d'.etre ce 11e d e
ont C'est la langue des-,..
elec
républica nisme et conservatisme fournissen t l'axe par conséquent que les can-
en cet te première phase d e la III• Répu blique.
cardinal Je urs représentants, la langue t r par ler.
didatsà la représenta tion doiven leu
Reste à comp rendr e la petite révol ution mentale que
DIVISIONS ET UNITÉ re couvre cette mutation lexica le. Elle correspond pour une
bonne part, à notre sens, disons-le tout de suite, à l'entrée
Les choses changent autour de 1900, au te mps de Ja '
e n dé mocrat i e d a ns l acception contemporaine du terme,
• défense �épu e • et du conflit majeur e nclenché par avec ce que celle-ci implique de changement en matière de
l'affaire Oreyfu� représematicn. Enco r e est-il que cette transforma tion pro­
roite et gauche vont s'imposer alors
comme les noms pa r excellence de ce s deux France qui fonde de l'ordre pol.itique épouse les accidentS d'une con.fi­
s'affronte nt passionnément sur l'essentiel, la vérité, la justice, guration historique très particulière. L'évolution d e s données
la religion, la nation, la révolution. À la veille de la-gu erre de structure se mêle inextric a blement ici à l'action des fac­
de 1914, leur rôle de repères est définitivement consacré. teurs de conjoncture. C'est ce faisceau subtil d'inter actions
�u'il s 'agit d e démêle r, à la lumière du symptôme linguis­
La topographie parlementaire est de venue le-moyen pri•
c,q_ue en l e quel il se tra duit� En stylisant à l'extrême, on
mordial par lequ el les ci toyens se pensen t en politique'. Le
presentcra l'adoption de masse de la droite et de la gauche
comme la solution simul t anée à trois problèmes principaux
limitée, de la part d' Antoine Prost1 LAf.fxàbrdain desprodamMions &t.wndn dl
1881> 1885 tl J889J Paris, PUF, 1974.
L 11,w,J8aro<i,� 1889, p . S81 et p , '59, i\i.ichalon, 1998.Voir également
son article • De quand date le clivage: gauche­
2 . Le point a ttê très richement documentê, depuis la premît.rc paruôoo �c 1 droite m France?,, Rffue /ranç
aiu de scitnu poliriqut, vol. 48, n° 1, février
cene Ccude , par l'ouvrage de Marc Crapez, Nai.uan« tk la go.wdv, Paris, 1998, p . 42-75.
f-
56 I.A droiu et la gaw:.h, ..,..,s. • de la wpographÏ$ de
s chambres... 57
L'ère des m.-

• L'aurore de 1893 •, scion le

'
la maitrise du devenir, quand l'apparition de
• ne cesse de d'eplacer l'axe de nouvc :<! ce des socialistes. . • • •
paros leur confronta . aIll en pu=
san
la per cée acc om phc a I o�c�s1on d'_ e'Iecuons •
. s, io urè s,
gouvernem ent des contra d.icnon quand le clivage l n ,1� mot de
a
sociale, lw a confere la pleine vis1b1-
. • s Jsur Ia quescion tenaire,
l'intérieur de chacun d_e� camps autant qu'en
cre �
Use a ce ntr ee . ns qui affectent le nouveau par
_
gestion de la révers1b1hte entre l'acteur et l'ob la . . En dépit des divisio ctoral et par1ementa1re,

ux, b••: . dem eur e son poi ds éle
,
s i hm1té qu
servatcu,
repres • , . " _ e qui modifie la
quand la enta11on se ,ait obJectivation des .. '
divasioi1$ irr'Jpuon rcpre' sen •te le paramètre décisif •
. n de lw que ks autre•
de la société. · politi que. C'est en foncuo
f\ La conjoncture, c'est au premier chef, bien ente nd regle d u ieu
'?"
prennent cout leur sens.
• ·1e des espnts u,la chan gcments • • nc e
guerre c1v1 • sur 1aque lle d'b
e ouche, dé façon sa1S1ssante, pour comme er, 1
J1 eJ<emPlifie de
.-.:.
�s . • c, ce
(J'°:"":e de Zola, rappelons-le'. �•rait le 13 janvier), . ue ,
de 1a po1111q 1rança1s
_ . ment de gauche à dro ite
polem1quc autour de la culpab1hte du capitain _ la ghs�
nt don••t An dre' s·1e gfrie
. d..,,é
u gag era Ia l 01• en ",
e Dreyfus dou ble mo uve me
S'ouvre là une période de �t �ées où, de la POUSSe tend à tasser 1e� paros, • a' 1es v1"der d e Ie�
. 191�, et qui • e, para dis
nationaliste à la riposte républièlnm!', puis à l'offen sive
anti� • ·;,gie de gauche, pour les reJeter vers le centr
cléricale du ministère Combes, les antagonismes d'opinio itant l'émergence et le déve lop:
n ��s satisfaits•, tout en susc
prennent un tour exceptionnel d'exaspération. C'est <bns estataires sur la gauche',
pement de nouvelles force s cont
en avait fourni
ce creuset de tensions, bien propice à J•affirmatioo de aut-­ L3 relève des opponunistes par les radic aux
gories dualistes, que se joue pour l'essentiel le transfen qui une première illustration spectaculaire. L'arrivée des socia­
nous intéresse. Mais cette confücrualité paroxystique, en listes, en répétant le phénomène, lui confère l'allure de règle.
même temps, n'explique rien par elle-même. Il existe des Il en résultera, au lendemain des élections de mai 1914, ce
catégories déjà en place pour nommer l'affrontement,et singulier tableau d'une Chambre oû • toute la moitié gauche
la situation eût pu aboutir à solidifier encore l'opposition de la salle était occupée par des groupes nés seulement
entre républicains et conservateurs ou entre rouges et'blancs. depuis un tiers de siècle e t portant l'épithète de socialistes
N'est-ce pas d'ailleurs sous le signe de la • défense de la (so daliste unifié, socialiste républicain, radical socialiste) •,
République• que s'opèrent, en 1899, le rapprochement et tandis que • tous les groupes qui gardaient le nom de
la mobilisation de la gauche et de l'extrême gauche lice g�uche (gauche radicale, républicains de gauche, gauche
à l'agitation nationaliste, de la manifestation du 11 juin à democrauque), siégeaient dans la moirié de droite • les
dc�x llf?u�es progressistes formés des débris de l'anci;nne
l'inauguration du Trwmphe de la République de Dalou, le
18 novembre? Or, c'est pour finir à une substitution que '!1a1oi:11e republicaine (de 1880 à 1898) étaient refoulés à
l'on assiste, au lieu de ce possible renforcement .
l extrc::ane ùrone ••.

Il faut pour l'éclaircir se tourner vers l'évolution des foroes


l. An� Siegfried, rut<ou politiq� (Û kJ Fronu d, l'Owst WUI 11.J JU RJpu- X
politiques, avec ce qu'elle entraîne d'usure et de r,,ma· Miqut:, Pari$, A.nnand Colin, 1913, p 49M97.
niements des dénominations reçues. Le fait cenaal à c,t .
2. Charles Seignobos, dans le volume colJcctif i.ntiru.J� Polùi�ut ,ipubliœiru,
égard est l'apparition dans le paysage et la progressive montée Paris, 1924, p. 60.
58 Lo droite er la gauche de /a topo-graphie da chambres••• 59
L'è.rt des mas-set :
Le développement donne la mesure des effen; de dis x facteurs qui conai­
u
lification qui en résultent pour les étiquett es initi a lc � a­
.
anatherl'IC a
r encore récurrent• -, deu
à rrOublcr les repères d'origine.
cha cun à sa manière
reçues. Sur deux plans. Parlementaire d'abord, quand �t bu en 1 b'l'1sno• on qui•
sus d'érosion ou de d.esta 1
Tous Proces c'est le vide
partis qui s'intitulent • gauche• siègent en fait à droit e,. C$ r un besoin d'identification :
et finissent pa r crée •
entre droite et gau che va venir

que par contrecoup l'étiquette de «droite•) prîmi tivcine sé que l'op posi tion
• , 'd'
réservée â des mooarchi stes en 1rrcme iablc déclin
nt a.insi. creu ,
t tem• r sa , ,orce : e lie res-
• •· ' se com bl er. On . peu
conçoit. d'ou elle .
• Une ob se.ivanon le, ennant une
trouve elle aussi• brou1·11ee. s unpose: l'a
.
utue• a la con •frontation une 1den11tê stab moy
propriation de la droite et de la gauche par le public 1,,: termes'. Elle enregistr • e Ie d'ep• 1acement
rcIan·visation de ses •
t 1e pnnc1pe d u
effectuée parallèlement à la désaffection de leurs empl./ uL..ctpond en me ttan
intervenu, -et..elleJ
d'assemblée fixés depuis 1871. Il n'y a pas eu simple� 1utw:es...hl! lieu en effet de
panage.. il-l!abri-des évolutions
fert ou extension d'un registre à l'autre : c'est une réin vcn� x:-devenus. peu OU er9u
rc.mplacer--les-rontenus-docuinau
cion qui s'est produite. Mais les étiquettes identitaires ne du conflit de sa
obsolètes par d'autres, elle abstrait Je fait
sont pas moins touchées par ce déplacement, ecIJc de teneur idéologique. Elle dissoc ie sa perma nence de prin­
•républicain• en particulier. Elle est contestée par les socia-. cipe de la mobilité aléatoire de ses contenus. L'incompa­
listes pour son étroitesse politique. Elle est d'autre pan rable puissance de la droite et de la gauche, c'est d'être des
notions indéfiniment ouvenes, toujours susceptibles d en­
1
ébranlée dans sa capacité identi.ficatoire par le ralliement à
la République d'une partie des anciens conservateurs. La richisscment ou de renouvellement sémantique. D'où la
gêne est sensible dans la littérature électorale de 1902, où recherche à la fois inévitable et vaine de leur essence ultime,
la dénonciation du faux républicanisme tient une pl a-ce quand c'est leur latitude qui les a imposées. Leur singula­
non négligeable. • Unissez-vous contre tous les partis de rité, c'est de fonctionner en leur abstraction comme des
droite qui s'affublent mensongèrement du nom de répu­ notions-mémoire au travers desquelles se noue la continuité
blicains•, s'écrie de façon typique un candidat radical à d'une histoire. Elles assurent de cette sorte d'identité du
Lyon'. À quoi il faut ajouter l'ouverture des mêmes conser­ conflit politique à lui-même qui fait que des Girondins
contre les Montagnards jusqu'aux nationalistes contre les
vateurs aux préoccupations sociales, telle que l'illustre p;ar
exemple la création, en 1902, justement, de l'Action lil>b­
J. Renouh à Lw-c. Ruuti/ Barodn, p. 7 t ).
rale populaire de Piou, mais aussi la recomposition d'une 2. Soit trh exac-t<:ment. remarquons-le, l'identit
ê que Siegfrit':d rarionalise
autre fraction d'entre eux à J'enseigne du nationalisme et bypostaslt au tra\-US de s.a
théorie des 1mtpbotM.,1u f'Oliliqius, c.n cc livre qui
\'lut autaot comm e doa.uncnt sur
- • mot nouveau qui ne trompe personne t, proclame l10 comme anaJ)'&C. Les program
l'insu1llation de la droite <:t de la gauebe que
me,, let partis., les êtiquencs changent, expliqut':'- �
t-11, le, tempéraments, en
rc,,anche, demeurent, de sorte que La.mti.rtine,Tb.le�
ou G11.mbetta, s'ils
1. CattntU\-C, 4� ci.rconscripùon de Lyon, Rtcutil Barodlt, p. 688. A Joif',Y• rew:naicnt, ne
Loup porte s<:mbliblemcnt des• vrais républicains, et plaisante sur les• ftP� idu, d'hier, mais se reclasseraientsiêgcraicnt pu à la place marqu« par leurs
d'instinct • au milieu des gens de même
blieai.ru monon:hist<:s , - , il doit y en avoir, sans quoi la sêrit' ne serait peS fl'ms,bomnu qu'<:-u:x., aoit Il gauehe,
page 497 du Table aoit au «ntre, soit •u plafond•· Toute la
complète, (ibid., p. 1001). au sentir à cet é-gard à citer.
60 La droite tt la ga1":.he _,. . de ta topo-grophie dts chombre.s.,, 61
L'ère des mass-
socialistes, en passant p;,r les libéraux contre les mo· ndémcor divi-
. ,. nar. .
U d
frunilleS-PolitiqµÇ$ très. profo

chistes, c'est toujours de 1a mcme histo1re qu il s'agit, c, b , â gauche• corn•
,y,n Ohq[\?• é. •r
CS[ cc tes •
pas que Ja division .
bien de Jà d'ailleurs que nait la difficulté à les situer COn, sec s. Cc 1·1stes. C' est p1uto"t
1,enoie ,en scène des soc1a
rnc 0ce. av ec. • '
e,i
des produits de l'histoire, tant elJes Y paraissent cocxt aase d ancie • ns c1·avage s,

Cil •u-rupuon des so-cialistes dram . . •
sives à force d'aider â s'y retrouver. l . ,.__
que • pour bon nombre dès ta Révoluuon uID,ça1se ,,. Jamais
IJ est une formule des années 1890 que l'on peut cré,t• forg�� ,
. . ittr é ventés eru J 848, relancés par la Commun� c li-
d'un rôle certam dans i�·1mposmon • du nouvea. u sys tème oubhc s, r in mouv emen t ouvnc r et
de repC.rcs : pas d'e1111em.i à gauche. C'e-st la fonnuJe vaoncs aux que1s 1 e développement du . . . 1 · .
d a e de classe confèrent une substanualite et une 1s1-
jeunes rénovateurs de la famille radicale qui se regroupe: le lang g de fracture et d e
bilir é sans Pre·•e· • • Compris en termes
"' dent
en 1894-1895 afin de pousser à son unification dans 1; allure de fos�é dont, ,ort
1 ' ils prennent une
r.
perspective de l'alliance avec les sociaListes•, Elle rctoumc lut re soc·aie . . •
de faire 1ouer 1a d'.1sc1p1·me n;pu , bt·1-
expressément la formule ferryste de la décennie précé c oncrc· tement, le refus
• bour geois • • ·
VJcnt a• l' occ �s,on

d�ntt.
EIJc est en effet le mot d!'ordre, expose l'un de ses initia. éaine au profit de candidats
$OU1:'"'er la profondeur (Clemence au, comme on sait, en
teurs, de ceux qui se refusent • à voir du côté gauche un
..,.. . . .
fair les frais cn_J893 ). Plus que l'mtrans 1geancc dc ses pnn-
péril ou une menace• et qui n'y rencontrent, tout à l'op.
cipcs, c'est la nature même du parti de classe qui rend ses
posé, que • des amis, des frères de démocratie ,2 • C'est
alliances problématiques. Or • à droite •, et dans le camp
sow son signe qu'aura Heu le congrès coosr·iturifdu p3J1i catholique en particulier, les divisions ne sont pas moindres,
radical en J 901. La cir<:ulairc du Comité d'action pour les si elles ne revêtent pas les mêmes caractères, les élections
réformes républicaines qui le -cOnvoque-èüfaiÏsârtiJe : de 1898 et leurs suites l'ont mis en relief. Entre Je rallie­
, ... iJ écartera en face de l'ennemi commun tout ce qui
ment à la Rêpublique, l'intransigeance antilaîquc et la
peuc diviser les républicains c1, selon la formule du Comité, recomposition nationaliste, Jcs incertitudes sont aiguës et
le congrès ne connaîtra pas d'ennemis à gauche'.• les tiraillements intenses. Ce sont ces contradictions internes
Le parcours de l'expression nous porte droit au cœur du qui donnent à la situation d e conflit paroxystique dont la
second foyer de motifs qui ont pu précipiter l'adoption dt question religieuse devient l'enjeu sous Waldeck-Rousseau
la droite ec de la gauche : fes...JJ.�.��ç !'11ni6catio11 e1 Combes sa portée pa.radigrnatique. D ne faut pas seule•
ment en retenir le resurgisscment, une fois de plus, sous les
l, Sur l'histoire du Comitl: cc.ocrai d'action rtpu.bliçainc, dtffl!.u co 1895, es�ces des cléricaux et des anticléricaux, de l'antagonisme
ptr fuiion O\'CC l'Association pour les tt(ormct rtpublicolnet, k Comrll d'ac,, fondamemal entre l'Ancien Régime et la Révolution Mérit
uon pour les rêformts r�ublicainrs, voir J. Kayscr, US Gnrmks &t3.illll dat . e
autant d'attention le regroupement, à faveur
rodi<4/û,,,,..., op. ti1. ; Jean-Thomas NordmaM, Lo PNM, rodkak, � la de la bataiJle,
Galli:m11nt.julliard, coU. • Arcttivct •• 1977 ; Serge Bemcio, HisJoirv dw p,,,JffJ de deux camps panagés en
fait comme ils l'ont rarement
rodi<-al, Paris., J)mscs de b FNSP, 1980, t. L été. Irréductibilité frontale
2. Reni Renoult, le 24 février 1895, cité par J. Kayu:r, qp. c.ii., P. 226: de l'opposition, diversité irré­
ducnblc des forces quii s•affr
3. Aetcs du IWitr Co,,zrù du Ami ,ip,ublWJin, radilaJ " radit.al _.iWV, ontent, • dualité des tendances •
1901, p. <1. R�êté dans le dilCOu.n de MctuttW', p. JO. et • mu.Jtiplicit é des
partis et des groupes •, comme résume

.\
62 1A droit4 et la gaueha
la 1opcgraphie des chambres••• 63
J)� des masses : de
' 1
François Goguel' : la cornb.maison des deux dirn men ce pou r nou s
fait du moment un concentre• exemp1aire
ouverte en France par la Révolution,
, de la tra Cnt1~ 1

où Ja POiaris �o,
simpli6catricc du conflit_central n'a d'égale que l'hét�
di �·•
1 Ch amb

t,e
auc
bén éfic
re,
oup
e d
en
Jus
�un e
1 907 : • La droite com
à gauche que vous ne
Je pensez. • Au tre
distribution purement formelle
, et don c
d'être redoublée. .: .les mot s d e
néité complexe des parues prenantes. Cc sont sp,.,_• , .111défiJJirnent susceptible
. 'fi . -.wqu� t 1 . uhanément ceu
s·m x de la d1v1s1on.
ment les besoms de cette uru cation sur fond de t•"·· I'uni·on y. sont des electtons de
que ce soit à l'occasion

a1 ,, s1gn if1ic•tif
• • •
. • •

sein de chaque camp que couvre Je sacre de la droite Cl li est •


et la gauche, mobilisées com me signes
""t-.,1O0

• d1 que 1• droi te

1
la gauche. J 906 det•', Il Y a d ,un . cote • ,
On recrou ve ici sous un autre angle des détenninati 1' denut · m·rcs, envahissent le , Baro . ,
, Jong ues années de luttes mten ses, propice a
déjà évoquées. On discerne en particulier comment la.° J acqu ·
is de • •
nouv eau leX1que. Et puis il• y
coup sûr à ta pénétration du
"'

tralité abstraite d'.�e .distribution selon les pôles spatia� j .. • •


on a gauc he. À 1a smte
s'adapte de mamere clecuve à une configuration où nul de l'autre côté Je retour de la d1vm
oration de
panenaire n'est véritablement en mesure d'imposer �e Ja condamnation de la politique de collab
signifiant majeur à son propre camp. S'il n'y avait eu et 1
'°" , classes par Je congrès d'.ôfflUt;.tllam de J9041 les socialistes,
tors de leur unificacion l'année suivante, adoptent pour ligne

d'autres termes, que deux grands parus en France, ou deu,
du nouveau parti (la S.F.I.O.) Je rejet de toute alliance

courants principaux, il n'y aurait sans doute pas eu, lexica­


, avec une portion quelconque de la classe capitaliste•· Aver­
Jement, de droite et de gauche. E s l'emponcnt dans k
• d,s d • tissement d'autant plus en situation que, depuis la chute
verbe parce qu'il y a d gauches.
du ministère Combes, J'axe gouvernemental s'est neuement
C'est 1en ainsi d'ailJcu.rs que l'entendent les dénomina­
déponé vers Je centre. Cela n'empêche pas les élections de
tions officielles, qu'il s'agisse de la• délégation� gauches,
se dérouler sous le signe de la discipline républicaine. Mais
constituée sous Je ministère Waldeck-Rousseau pour coor-
1 ces craquements de mauvais augure ne sont sûrement pas
donner l'action parlementaire ou du , Bloc des gauches•
sans rappon avec la fortune des catégories nouvelles du
formé en vue des élections de 1902' Et olmi'l'apl11œ1;,i
rassemblement dans l'affrontement. Quelques fonnules
réelle de_§ .8•u_ches (et des_droites), plu.�. il Y..! bcsojn, i�!a- j révélatrices : • Au bloc de droite, vous oppos erez le bloc de
Jcmcnt, de la gauche et de la droite. Avec néanmou,� • g�uche, plus compact, plus inébranlable que
jusqu'au milieu de cette puissance unificatrice, la faculti jamais • •
• il est essentiel d'affirmer au prem
d'évoquer les partages potentiels des familles un ifi�, 1 ier tour ln cohésio�
comme lorsque Vaillant déclare de façon typ ique, a b 1. L'affirmation demanderait 6 tt1t
PUttmc:nt quandtati,·e ne saurait suffire.longuement dêtaillêt'. Une appré-dntion
tiplic-ation. U raudnit une é:nKle même ti l'on rclM une évidente mul•
t 1. F11,�it Goguel, LA l\,litip� da partis M>U1 ID 1/P RJpt,blifw, M One des occurrences i:iani!icotivcs. celles qui
1 éd. du Seuil, 19S8, p. J 9.
Moudcrs: • ••• son armée con,t r une ,ubsdrurion de \'OC'Obultirc: (Empereur 6
J)(rmcucni par exemple de

, 2., 11 'e,t frappant de par crt:mple, n'cm� De l'autre c6tê est le bloc de itue le blocbde droite ou le bloc de la �action.
• oon,uiter qu'un Combe•,
slliti


1 mo11 d autres ocpra11on1 dans lei discourt de combac rcc:u eiJ"• ..... k ""'
P• 808). Tous let caa de Gaure aauc;he, le loc. républicain•• .RtauiJ /Jar()(Ûr,
sont rcp�scmé:1
.,.. ...,_
Unt contpog,,t lalq114 (}902-1901), Pari•, 1904.

r - · ('
'
,. 65
64 La droits �, la gauche ,.,,.,,urap1
10r-·o
de des chambres.
tS •·dt la
champ
dts maJS
situer au sein d u
L'ire
inébranlable des partis de gauche•; • c'est yen de se
au rnilie r Je cito
bloc que je plante mon drapeau, avec ceux u du façon pou
qui ne da!IS la foumit un
naissent aucun adver.:aire à gauche et n'adm . olit iq ue. jeu des par tis socialistes
ettent a�n 1,eocrée en 1a
• • • • u p la nouveau te• dc
comprom1ss1on a drone • '. Nous sommes, il
est
C lioe Je, e ncore, Cleur• C'est avec eux •que :-,,oa1ssance
lendemain de la tempête soulevée, début 1 906 vra i' •u n du
bOD fil coe cla plus nette, sous ses deu
x aspects
• ne exl��.!l
Inventaires prévus dans la loi de séparation de �Pat 1"

. • s dans leu r as '!
l' as_sociée .. au
ce

bles.part is,
on
de l'État de l'année précédente - loi qui n'a pas g!ise <I e toute sa p ortee
u
51ruau c

roui de..>',érita sociale qui donn


d repres
cnta tion e français ni les
ment dressé contre elle l'opinion catholique,
mais':; ent. Ils ne sont dans le c adr ' en
apparaître au contraire en son sein, de par sa p�,nier clém seuls . L'uru·r,,canon, • on I'a vu, n ' a J'1eu qu
rclativt ��rs ni les de manière
modération au regard de I'• esprit combiste ,, hésita -
qu e le parti
radical est c onstitu é,
débats et partages. L'équation est idé.ale, en so
point de we de l'épanouissement de notre systèm
mme d
ti<>ns, �
encore fort
lor s
lâche , il est -
vrai, depuis 1901 (à dr
de Piou , qui cherche de
oite , l'Actio n

manière intéres-
e d1Ja� libêr alc popu laire m all e­
liste, par l'équilibre de la tensioîiqui mobilise (c'est Ja
p,lu, calqu r son org an isation sur celle du Zentru
sante à ns
forte parti-cipation élec torale dep&is 1877) et du relàcb.. S.F.I.O. ser a, en rev anche, da
ma nd, naît en 1902). La
e

ment qui laisse les divergences s'e primer. La combinaison n à pra tiqu er l'identifica­
t l'avan,-guerre, l'unique formatio
d'antagonisme bipolaire et de 'entradiction en chagu, re et du parti. On sait
tion exclusive_du groupe parlementai
omène r estera
pôle peut ;ouer à plein. sunOYl combien, dans tous les cas, Je phén
.
eris�irement faible par rappor t aux modèle
en France d"
•n �manni'!ue. (Rappelons à ce suje t que le:
��: gr ��� , ,vres qw enregistrent à ch�ud 1a portee d u

L'ACTSlJlt ST L'O8SBRVATEUR
mouvement, ceux d'Ostrog orski et d e M;cbels paraissent
.
··--= ,
La cons-écration de la droite et de la gauche comme respecuvemen, en 1903 et en 1911 '.) Mais son maigre
r
� catégories identitaires relève enfin d'un tr0isième ordre dt poids réel ne doit pas t o er sur s_a portée de rupture
:�
lftisons qui touchent aux transformations très profondes C
symbolique. elle ci n'en
par contraste, dans la m
- pa� moms très c onsidérable
1/que connaît alors le système politique. Elle participe de la e ou la tradition française a

mise en place d' une économie nouvelle de la représenta• développé depuis la Révi�� uoon un modèle antino mique
hostile aux partis po_ur des moufs puiss
tion, mise en place qui marque l'avènement de la démo­ amm ent artic u1es. • '
Selo n cette trad'1110n, Je but
cratie au sens contemporain du terme. Droite et gauche de 1a repre, sentaaon .
est le
sont les mots par lesquels va passer le changement de fonc­
tion d e la scène représentative et, avec lui, le changement
1. Mobci Ostrogorski LA Dtmoc.ra
1ie et l'Orgonisadon du porris poli
Pari$, 1903, 2 \-OI.; n 1\1.kh
tÎt,/Uff,
ffl'odtmm DnrK,krati4. l.h els 1 Zur So.t·io4,gk <ks Paruiwanu in du
umue ru,
� Ltipiig, l9) 1 (Jl,n, o/igardiisdit,t üridtnun des
Grupt>ffi­
1. Formules respccti\'cment d'lsoard à Forcalquier (Rltlllil Borodt4 P. tt}i : (lffl
Paris, Gallimard, • Folio d. fr.• SocioJo� du parn· dans la dmrocratû wuxJa-n4,
Cbcnavu â Gttnoblc (p. 437), Ocb<we j A\-csncs (p. 619). essai$ •• 2015).
1
66 L,a droiri tt la gautlu
L'ire tin massu : de 14 wpograpJu'e da Ulambm. .. 67

dCgagement d'une volontC générale dont l'essen ce est te d'une révélation du collectif à lui•même
1 t'C monis
,; 1 figu
l'unité. Il faut pour ce faire que le député reste un pcrsoo�
'O en 3 son unité de volonté,
• • on passe à la figure dualiste d'une
nage absolument indépendant : c'est en opinant selo n sa
rrcspondance a menagcr entre des sph'cres d'1st:m • ctes.
seule conscience qu'il exerce valablement sa fonction qui voulait dire prêter visage et à
� rése,nter
,-ep COfl)S une entité
est de parler d:ms l'universel, pour l'ensemble du pays. La le de se ·,
manbester ai·1 1eurs et aup-ement ; ce1 a va, •
. capab
rcpr�cntation, en d'auues rennes, est le moyen de faire :uloir dire désormais refléter adéquatement les réalilés
s"exprimer la Nation, laquelle, pour des raisons à la fois compl exes d'une société structurée, y compris politique-
praôque$ et • mystiques •, ne saurait formuler ses volontés
ment , par la libre initiative de ses membres - la sécession
en personne. En retour, la Nation n'a de voix que par ses ouvrière ayant eu à cet égard, encore une fois, valeur déci•
représentants, ils sont son organe exclusif. L'ambition de sivc d'exemple.
faire que la loi soit l'émanation du corps politique tout D'où le développement en parallèle de la revendication
entier abouti ainsi à une assimilation de la représentation à d'une juste représentation. Les vigoureuses campagnes en
la Nation qui est en fait une substitution de rune à l'autre. faveur de la proportionnelle qui se succèdent à partir de
Substitution dans le cadre de laquelle l'élection est un acte 1902, en faisant se rejoindre conservateurs et socialistes
de délégation de la puissance collective de vouloir à un sur le même thème - elles échouent sur l'opp0sition des
individu qui, le transfert une fois opêrê, est dans le prio .. radicaux - en sont l'illustration l a plus visible. Mais il faut
cipe entièrement librc....vis-à-vis de ses mandants. ranger sous le même chef les projets de représentation pro­
Avec les formes nouvelles d'organisation polirique et fessionnelle qui prennent également corps dans la période.
d'encadrement du suffrage, c'est l'ensemble de ce système Aussi bien l'antiparlementarisme déchaîné de la fin de la
de pensée, formant le noyau de la tradition républicaine à décennie témoigne-t•il des frustntions provoquêC$, oon tant
la française, qui se trouve ébranlé - c'est l'originalité et par l'instabilité gouvernementale qui succède aux années
l'intérêt du cas : e� la démocratie a dû se consti­ de cohCrence du Bloc., que par cc qu'elle révèle d,un fonc­
tue.r contre la R�ubli� La simple existence de partis tionnement d'assemblée abandonné à ses combinaisons
signifie en effet, au rebours d'une vision identificatoire, internes. li faut y voir en négatif l'aspiration à une lisibilité
l'organisation de la sociCtê en dehors de la représentation, de la vie parlementaire permettant de renvoyer au pays une
et dayantage., tendanciellement au moins, un renversement image sûre et stable de ses panages et de ses propres débats
de la relation ; la députation se bornant à transponer dans - exigence de tisibilité qu'intègre timidement la reforme dC
la sphère du pouvoir un système d'organisations qui lui 1910 officialisant les groupes et obligeant les dépu1és à une:
préexiste et la détermine. L'idëe du pani de dassc, ou plus afiiliation exclusive et publique.
l ��emcnt ridée du pani comme expression organisée d'in• C'est cette quête d'une correspondance fidèle encre 1
tcrcts et de groupes spécifiques, ne font que renforcer ccne société saisie dans son mouvement effectif et le lieu de so
dimension d'extériorité ou d'antériorité. L'image de Ja identité politique qui fait la substance commWlt de cc
nature même de la re-présemacion en sort transformée : de protestations et de ces attentes. Ce qu'cUC$ demandent,
,
6!8 LA droùt et la gaudrt
L'èrt dn mosus : de la 1opographk du ehomb�... 69

c"cst un parlement qui ne soit plu� _une inst�ncc de substi­


. u 1u, 18, appré cie les conséquences et s'oriente en fonc•
tution décida.nt pour le corps pohuquc, mais au C<>ntrairc res
. te ainsi dressée.
une instance .de rcsti[Ution, copablc de donner un r O t
c � 110n de B:I car r • 1 •• - •,. de
Droite et gauche v� nt 10UfflU' es re,=�t$. Ap�ro� n�
exact de la diversité des opinions comme de la pluralité des
cc double jeu, à Ja fois poncurs de pa$$tOn et md1cateurs
forces voire deJa division du travail ii l'œuvrc au �in du trcs moyens tout ensemble d'affirmer une identité par•
corps �ocial. Non pas une instance q ui se referme sur elle­ �eu �nchéc et d'apprécier sa position relative au milieu
usnne •
même' à distance de la collectivit.é, afin. de mieux parvenir à 1· •
d la configura uon po mque gJobaIe. C'est 1 eur aptuu • de à
l'unité de la volonté génemte, m:us une i.nstance de réDexion c
p!Lreil d édoublement fonctiOMCl qui les assure d'un avan ­
dans tous tes sens du mot, essentiellement ouvcne sur 1� g c décisif su_r une opposition comme celle des rouges et
s.ociêté, afin de lui rendre visible-s et pensables les divcr-, �es blanc s. En leur intensité contrastée, le ro,ugc et le blanc
gences et Jcs divisions encre lesque1les doivent s"opé.rer excellent à incarner J'idêe de camps que tout sêpare au sein
arbiuagcs et compromis. de 1 3 sociêté. Mais ce n'est pas seulement de se reconnaitre
Dans ce codrc, l'acte du suffrage lui-même change de et de se compter en vue de la bataille qu'il s'agit. C'est plus
teneur. n ne consiste pas seulement à déléguer un substitut fondam entalement encore de pouvoir se figurer les raisons
pour faire prévaJoir l'opinion :i laquelle on adhère . Il est au de cctcc bataille sur une scène où mesurer en permanence
mqins autapom moyen de se pcnscr·s�i=ïêo�'î den. les uns par rappon aux autres les partis qu'elle met aux
nf

tifi<;r,� de se sirucr dans un .fhamp oolitiquç appréhend� prises. Par oU la correspondance entre Je lexique de la
et rc<:onnu d:ms ses articulations objectives. L'flecteur, en répartition parlementaire et le lexique de l'affiliation idcn·
d'autres termes, n'est pas uniquement u n protagoniste, titaire prc.nd tout son sens. Et par où, à côté et entre autres
mais aussi un analyste, fùt•ce sur un mode ëlCmcncaire, et vertus, la souplesse unique de la droite et de la gauche
probablement est•CC là le secret de l'efficacité symbolique dans la caractérisation de la relativité des positions, le
du vote. 1.3 démocratie, dans sa fonne développée dont mariage de la simplification radicale et de l 'ouvcrturc aux
nuances qu'elles autorisent, font naturellement merveille.
on voit les premiers linéaments se dessiner en cc déb ut de Que la�uene.sociale, au lieu de développer ses propres
s;iècle, ne se limite pas â la coexistence de fait et de droit de catégories, en creusant de plus en plus la distance entre les
partis en lune. Elle consiste sunouLdansJ�pr.ésenrarion signes spontanés de la division et le code <:n vigueur sur
pacificatrice_du_tappon des forr.c,--m_pxfscocc, rel justC6 la scène politique, ait finalement adopté pour principal
fient que la structure parlementaire doit le résumer. Son langage d'actî0n•h>-langag<>;>réformé.d.eja «eréscntation,
cœur réside dans cc singulier processus d'objectivation voilà q_ui signale un pas déterminant dans l'installation
compétitive qui fait de chacun un spectateur de la division mentale.en..dê.moaatie. Une démocratie dorénavant conçue
dom il est d'autre part l'acteur. Le c.itoycn•suffragant est comme domestication du conflit par l'organisation de ses
en réalité un être double chez Qui l'engagement voisine protagonistes à grande échelle et par la rirualisation, jusque
avec le détachement de l'obscivateur, qui enregistre les dans les mots, de leur affrontement. Droite et gauche, à la
70 Lo droi'te lt la gtmdt�
L'ire des masstJ : tk la t•f>Opophie d& chamml••. 71

place de rouges et blancs, c'est le consentement impli citt â La République J'emporte. irrésistiblement,
la réversibilitè de l'adhérent en analyste substitué à l'uni]a.. le but atteint. ' 1· • 11 ·
tëralitt du panisan. . à contrecœur. Le gros des ,orces po mques s 'y ra 1e
• ••
radversrn.: dc:mcurç. Oava.nra,gc, clic s 'avcrc
fut-CC
elS,Y ID-Sère. Et • • • •· • •

consot uuve a 1 mte . n eur dc Ia R'
e pu-
dev oic rester la règle .
1. e cllc-mê.me. Quoi . qu,.11 amve, 1.1 y aura p!'lrtage et
disco rde entre une drone �t un� gauc. he - c•e �t I' assurance
DÊPASSER LB CONFLIT bJQU •
_ .
de ccue irrévocable perperuanon de la �1v s1�n que les

/ Ce qui est vrai maintenant, c'est que cette entrée daos dcu.'< tc.rmes, au plus profond, se mettent a vehkuler.
J�ge du conflit poliâque, pen:nancnt, irréductible,inst:îna.. o�ine �é. tt0spec �vcmcn�.. à. prcndr � la mesure de
pan génératrice d'un trawnati srne
t�onnalisé, est d'autre la désoricntauo_n dramat19.ue qu a pu susciter� chez beau­
t�rriblc dont les effets en chaine seront la tragédie du coup fopcrspcctive__de cette sorte d'cmpri_s<��ncmcnt dans
,.br siècle. C'est l'ambiguïté extréme de l'antiparlemcma­ 1ëëô;;-füt,___Jiêmenti aux évld�ncc� all! ... �anccs ]es
rismc qu'on évoquait à l'instant : s'il relève par un côté de mie ux installées quant à la bonne forme de l'être-ensemble.
la quête confu� d'une adéquation reprêsentative mal Elle va provoquer un puissant mouvement de réaction
assurée par les formes classiques du régime d'assemblée> il auquel la catastrophe de 1914 et ses suites achèveront
participe de l'autre côté du grand refus soulevé par la pers.­ d'apponcr son a1nplîfication passionnelJe. Rê.action double,
pective d'un espace public irrémédiablement fractur é. selon deux voies absolumcr.t opposées, à l'extrême droîte
Mais c'es t aussi c;ue cette dernière Sig:nlOe ni plus ni moins et à l'extrê.me gauche, l'une â base de rejet passéiste,
la ruine d'une culture doublement ou triplement enracinè c> l'autre à base de dépassement futuriste . D'un côté, l'idée
incapable de concevoir la vie en sociétë euuement (ple que cette division des esprits et cc déchirement des înté,.
sous le signe de l'unité. Culture traditionaliste de l'unité rêts corTcspondeot à une déviation pathologique, contre
rclayèt: de Comte à Durkheim par les fondateurs de la pem« laquelle il s'agit de retrouver l'organisation essentielle,ment
sociologique, significativement réinventée par Maurras en 1 solidaire dom les sociétés d'autrefois ont donné le modèle
cc début de siècle, voyant, dans la solidarité organique des 1 et dont la Na1ioP1 représente Je cadre naturel. De l'autre
communautés, des corporations et des rangs, le principe r côté, l'idée1 â l'inverse, qu'il faut aller au bout de ces
contraignant de toute cohésion collective . Cul�cobinc cont·radictions, non parce qu>elJes sont bonnes en cUcs­
de l'unité:, faisant de l'identité en acte du peuple et du t mêmes, mais parce qu'clJes promcnent, grâce à Ja Révolu­
po�voir le suprême idéal de la République. rio11, l'avênement d'une société réconciliée. Mais avec cous
A quoi il faut ajoucer la pene de la ce.rtirude d'un terme les croisements possibles entre Jes deux : innombrables
qu'eatn1inc l'installation dans le conflit. Quand les républi­ seront les hybrides, du modernisme ré.actionnaire au natio-­
cains se banaien1 avec les monarchistes, le but était clair, nnlisme révolutionnaire.
leUJ" 2ction s'ioscrivni1 dons l'horizon d'une fin qui de,·ait À noi:tr qu'on tient ici la clé, à p:a.rtir des extttmi,mec:,
voir la pure et simple résorption de Jeurs adversaires. Voici de la dissymétrie beaucoup plus large des attitudes, à droite
72 La droite tt la goudre
L'èrt, des masses :
de la u,pographie tks chambres... 73

et à gauche, à l'égard de )a division entre droite et Silll


the. . allai! falloir pour apprendrç à vivre avec cette
li est clair qu'elle s'installe par la gauche et que c'e s,v e q 'il
st 1 vérité de la démocratie qui, lorsqu'elle s'intr o-
gauche qui met l'accent sur elle, qua�d la ��ite ne l'atr redout�ble
,,
,a.l• i fi
• gure pour 1a p1upan, meme
. •vec le siècle
cc�
• parmi
tionne guère, voire la refuse ou_ t�nd a ,ta den,�r. C'est qu du11
nt, d' anoma .1e
• a• surmonte
l'acc ueilJe r.
la gauche en général, s, moderee qu elle soit, y voit un
e ccu.x q Ui -�
1
moteur et l'espoir d'un avenir de concorde quand la droite
même sans nier son existence, y lit un phénomèn e donuna'.
geable, artificiel, détournant de l'essentiel, c'est-à-dire la
recherche de la cohésion et de l'harmonie collectives. DeUl(
façons très dissemblables en pratique de gérer un phéno­
mène pour très semblablement, en fait, sur le fon d, en
désamorcer le scandale. En raffirui!lt et en reprenant la dJs.
tinction de l'acteur et de l'observateur, on pourrai t dire
que la droite en vient à la division droite-gauche pa� les
froides raisons de l'analyste, contre ses répugnances spon­
tanées, quand la gauche l'épouse d'enthousiasme, à titre
de protagoniste, avec davantage de peine à lui faire <h-oit,
intellectuellement, de dimension normale. Mais ce ne som
pas là des attitudes de toujours, relevant d'on ne sait queue
caractérologie politique. Ce sont les produits d'un moment
' historique bien déterminé, quand l'image libérale du pro­
cessus représentatif cède la place à notre démocratie des
partis et du conflit.
Rien de plus éclairant à cet égard, d'ailleurs, que le
changement d'attitude à droite vis-à-vis justement d.e la
dénomination de • droite ,, aisément portée jusque dans
les années 1890, généralement repoussée après 1900.. Cc
n'est pas la droite qui a muté, c'est le sens et la portée de
la dénomination. Elle ne faisait pas difficulté tant qu'elle
ne renvoyait qu'à une localisation parlementaire. Elle se
met à soulever la résistance quand elle introduit avec elle,
s�udée à son antagoniste, la certitude d' une interminable
discorde. C'est plusieurs décennies d' une histoire con.vu!·
Le ,emps des extrimism�s ti U stKTt du panagc 75

. e que l'auteur des Propos, dès ses


dro ite et de la gauch ., pas moins . .
. dans l'ava nt-guer re. 11 n • en paran vrai,
debuts et a sa d atc sonne Juste,.
rob:.crvat·,on de Toibau d . • , .
que l'oP-
connu u n certam flottemen t dans l apres-gu crre.
po s1uo.• na
. ment installée dans 1e paysage, eli e a vis1 • 'blemcnt fait
Sot 1 de . . •
4 figore un temps d'hentage vte1·u ot et encom b rant dont
mbrer tes forces nouvelles. Le
eotendaient ne pas s'enco .
rtel de 1924 a quelque peu ranuné la flamme, après le
Le temps des extrémismes ca
formidable chambou1emcnt des reperes • entrame ' • par 1a
ei le sacre du pariage et la longue parenthèse de
tourmente mondiale l'Union
nation ale. Mais il ne lui a pas redonné assez de chaleur
pour vénir à bout de la réserve et des contestations susci­
tées par cc poussiéreux symbole de la République radicale.
, Une mystique de la gauche pure, un caractère religieux Car ce n'est pas seulement qu'il ne soulève plus la fièvre
anachê au mot "gauche" existent-ils aujourd'hui au sens et les passions de jadis, c'est qu'il fait l'objet de dénoncia­
où ils existaient au moment des luttes aoticléricales et de tions en régie. À l'extrême gauche et à l'extrême droite, au
Ja république militante ? • 11 est intéressant de voir un
buu observateur comme Th.ib�udet se poser pareille qu� nom de la révolution prolétarienne comme à l'enseigne de
la restauration nationale. Ce qui n'était que tendance en
tion en 193 J. • Il ne me le semble pas •, conclut-il, avant
d'ajouter : • Auendons les élections de 1932 '. • Saine pru­ germe dans les années 1900 a pris forme ceue fois de doc­

1
dence... L'interrogation est provoquée par une enquête 1 trines constituées et de forces organisées pour lesquelles le
fameuse lancée par le publiciste monarchiste Beau de , premier impératif est d'en finir avec le jeu politique à la
Lomenie sur le thème : Qu 'appeltz-WttS droite et gauclte ? fois délétère et dérisoire symbolisé par la pseudo-rivalité de
C'est en reponse à la même enquête qu'Alain aura cme la droite et de la gauche. L'étoonant, c'est que pour finir,
réplique promise à une belle fortune : • Lorsqu'on me par un retournement assez remarquable, cc double rejet de
demande si la coupure entre partis de droite et de gauche, l'opposition entre droite et gauche va conduire à son ren­
hommes de droite et hommes de gauche, a encore un sens, forcement. Cinq ans après le diagnostic de Thibaudet, en
la première idée qui me vient est que l'homme qui pose cette 1936, elle est plus vivante, pl•Js centrale, plus sacrée que �
-
question n'est certainement pas un homme de gauche. • jamais. Pour tout dire, elle est devenue inexpugnable. Les
Un excellent témoin, d'ailleurs, de l'essentialisation de la communistes qui l'ont initialement ébranlée à gauche au
nom d'un rigoureux point de vue de classe ont achevé de
l. En réponse j l't>nqu�t� menff p!lr l!mmanud 8c11.u de Lomloit. Qu:'49- la consacrer en s'y ralliant. L'insistance des idéologues et
pdn-œws drou tt ,a�>, Paris, 19.31, p. 77. des mouvements fascisants à marteler leur proscription
76 La droite t1 la pudtt LA remps des e.xtrimismes et le SIJcrt du partage 77

symétrique,. ni droite ni gauche, n•a conduit qu'à les é ri.Rtr ouvrier et J?aysan• dont toute la �ropaga ?�c est
en repères encore plus concraignants. u11 • Bloc
. uon des fausse s altemanves polinques,
axec S'Jf la dénoncia . . . • .
d1v1s1on qu1 compte. , cel1e du capital et
11rnsqu, e de la seule
Capitalistes de dr01te • et capna • • 1·1stes dc gauche
GAUCHE : L 'APPROPRIATION COMMUNISTE du tro·,ail. «
gauche n ' est qu ' un autn visage •
dc Ia d ro1te,
- 1. • La
seva lent
1 a _ 1
tete rC$tC a meme
En fait, on voit se répéter avec les communistes le phé­ • souS deux facc,s différentes, .
_ • : •Le
11 mai, vous n e vous .
trouvere z pas e n presence d•un seul
nomène de conrcstarion intégratrice qui s'était produit dêjà
bloc national : vous e n aurez deux, l'un de droite, l'autre
avec )C$ socialistes avant J 914. La séparation affirmée avec
de gauche•. , D'où le slogan sans appel qui revient comme
véhêmence aboutit pour finir à renforcer le besoin d'unifi.
un leitmotiv : •Ni bloc national de droiu, ni bloe naricnal de
cation. Le refus d'entrer dans le jeu•républicain• est posé,
gauehe'. •
au dépan, avec plus d'intransigeance encore. Lê nouveau
Dans le même re.mps, force est de relever Pextraor<li­
parti rtvolutionnaire issu de Ja scission de 1920 ne se
nairc prégnance que manifestent ces catégorie,s réprouvées
contente pas de fustiger la collaboration de classe ; il renvoie
dans la culture et dans la pratique même de la nouvelle for­
carrémenc dos à dos les camps traditionnellement en prê­
mation. Au congrès de Tours, ainsi, c'est suivant la vieille
sence, assimilés à•deux fractions de la bourgeoisie••. Lors
répanition parlementaire entre droite, centre et gauche que
de la première grande consultation à laquelle il participe,
s'organisent les délégués. Le procès-verbal enregistre les
en J 924, il n'aura pas de mots assez durs pour le•bloc des
•applaudissements au centre •, les•protestations à droite •
bourgeo::S arrivistes• qui, sous l'étiquette de •gauche•,
ou le • tumulte à gauche • comme pour la plus routinière­
dispute les places au •bloc des bourgeois repus•'· Face à
ment bourgeoise des assemblées. Au moment du vote
la majorité sortante du Bloc national et à côté de l'•union
décisif, y lit-on par exemple : • L a gauche entonne L'lnter­
de gauche • reconstituée entre radicaux et socialistes sous
Je nom de Cartel', après les mécomptes de J 919 où chacun nadonole. La droite reprend L'internationale. Cris à droite :
avait été séparément devant les urnes, Je P.C.F. présente Vit,eJaurès .I Cris à gauche : ViveJauris c, Unina J•. • M.icux,
à l'intérieur du Parti, c·'est encore sur ce,s partages que
J. Renaud Jean, le 1' Juin l 923, ci1é par Georges Bourgio. Monud M l'on dispute. En novembre 1924, Monatte, Rosmer et
ptmispolùir:p,u o, Franu, Paris, 1928, p. 219.
2. Bloc OJ\'f'Îer et pa)'Wl de Chattnte-lnftrieurc, P.«uei/ Barotk1, 1924, l. Mnrtb�t-Moselle, Rautil Borotkt, p. ,,s.
p. J69. Citons lpScmem le manifeste du Bloc ouvrier et paysan de Scio�t• 2. At-cknncs, ibid., p. 71.
OiJc qui inaugutt un usage de 11 , puche • entrt guillemets destinë à un riche 3. Allitr, ibid., p. 34.
l\"ctlÏt: • Coet.rt le Bloc national, ,-ous sctti sans piti!, Conttt: les andid&U 4, Pro:ês-vcrb:aux du congrês de Tour,, cités par Annie Krkgcl, U �
"'de gauche.., ''OUI urcz sans mffl-semcm, • (Ibid., p. 846,) th Toun (l'JZO). NaUJo"" du P.C.f-., Paris, Jwl.iard, coll.• Arc.hh-c, 1, l964,
3. La rom.u.k es, <:elJc de la Ligue de ln Rtpublique c::Ue en oc1obre J92I � �41. l..tn.gage repris par Jes onteurs ewc•mimcs : Frossard, •insî, doat l'ar­
tt de son manifC$.tt' : • Le but nscnticl de la lisue cil de préparer l'union de nvct à lo. tribune est saluée par , des applaudisscmems i puche •• parle de
gauche.• Cité par G. Bourgin, op. n',., p. 207. • nos ami$ de la droite et du centre (ibid. p. 159).
, ,
78 La drt,Ùe er la gd1�he
Le 11mm des exuimismes el lt sacrt du P4rtage 79

Delcgarde publîent une l,Mrre au.x membr4S du pam· co mm extrême du cartel des gauches, ou élé-
niste où ils protestent co1ntre 1 .
a qualificanon •
de • droi te communistc, aile • •
particip ant d'un neo--cane • • e la diffil'·r,·
l'D eute a aue
m ent • • •
qui leur est attribuée par la dircctio�. � Nous !ommes bic� 'd'
e un pam qw, • par son essence meroe,
sûrs ) écrivent-ils, de ne pa.s appancrur a la drone du p•-' ressortir l'originalit . . .
nnse irréductiblement a toutes 1 es, 1ormat1ons poliuques
Quant à être classês, ils réclament d'être rangés dans• un s ,opr , •
de 1a bourge oisie •, quand. la � ecam�ue menta1e du suf•
-LI. t

tendance qui s'appellerait la gauche ouvrière • au li,: fr.Ise solidement implantee desormats dans les popula­
de cene , droite pesùférée • en laquelle on cherche à les
ti�ns: tend invinciblement à P�bsorber dans sa symbolique
enfermer•. Et ron sait les ressources que les directions suc­
primord iale. C'est afin de bnser cet encerclement pa_r la
cessives tireront de la nécessaire lune sur deux fronts counune que le comité central met en avant • la formule
conue • l'opportunisme de droite•, d'un côté, et contre•b prolétarienne c/asJe centre classe• pour l'opposer à c Ja for•
pratique gauchiste soi-disant radicale •, sur l'autre bord. mule rCpublicaine les rouges contre kJ blancs • 1• La tactique
Autant de signes qui attestent de la pénétration en pro­ du maintien systématique au second tour entraîne une
fondeur de cene géographie organisatrice : même lorsqu'on série de tria.ngulaires dont profite la droite, bien qu'une
la récuse sur la scène officielle, c-'est au travers d'elle, invin. fraction de l'électorat, rompant la consigne, ait joué le jeu
ciblement, que l'on s'oriente en politique et que l'on pense de la discipline républicaine.
au quotidien la marche de son propre parti. Aussi ne faut-il La tradition ser.a finalement plus fone que la volonté de
pas s'étonner de voir le comité central en déplorer la foroc sécession. Aux éle,ctions de 1932, la stratégie• classe contre
chez les élecceurs à l'occasion des législatives suivantes, en classe • révèle ses limites : le Parti recule (de 11,3 à 8,3 %
1928. C'est qu'entre•temps la loi électorale a été modifiée. des suffrages), il persiste néanmoins à maintenir ses candi­
Le système proportionnel en vigueur lors des suffrages de dats, mollement, mais cette fois cinq cent mille sur que.lque
1919 et de 1924 rendait l!'Claùvement simple de faire cava­ huit cent mille de ses électeun l'abandonnent et choisissent
lier seul. Le rernur au scrutin uninominal d'arrondissement le report à gauche. C'en est fait de l'ulùme grande tenta­
repose le délicat problèm·e du maintien ou du désistement tive pour défaire les polarités établies au nom de l'altérité
au second tour. Or> doivent constater les dirigeants, • le de classe. L'intégration dans J'espace des oppositions poli­
Parti apparaît encore aux. yeux d'un grand nombre de tra· tiques constituées l'cmponc sur le discours de la différence
vaillcurs comme le parti le plus à gauche •• de sorte qu'une sociale. Les prolétaires • conscients • eux•roêmcs se recon­
• tactique mécanique de désistement pour Je candidat de naissent davantage, au total, dans une gauche englobante
"gauche" plact avant le militant comm opposée à la droite qu'ils ne se sentent spécifiquement et
uniste laisse s'aççré­
ditcr, en dépit de nos d�clarations, l'apparenc du parti exclusivement prolétaires contre les bourgeois.
e

1 • Cahim du bolthn,'WM, 12 décembre l. Comité «ntrnl,, Le.rue ouwru ou:t mfflclbm du parti, i1I � Bodin �t
1924, lt:XU: in Louis Bodin t:l N--.ook
Rldnc, L, Ptmi c.ommvnûufronçais p,,,,da N. �cînc:. op. cil., p. 96.
,u l'm�•gwrres, Paris, Atn)ai,d
Colin_, 1972, p. 135. 2. 1/,;,I.
LA droi1' et la gauche
80 u 1.emps du extrlntisma tl le sacre du partage 81

On ne relatera pas une fois de plus les circonstance s Tbore2 avec le Bloc d'avant-guerre
q-.; qu'établit
ont fait aller lt Parti, pour finir, dans le même sens qu e :a le contr aste • ' ' •
d e l'un me d 1a1 apres-guerre. • On lit
masse ùe ses êlcc:tcurS. On ne re�cern r,as l�s chernio ­ m•W rgeon s d.it-il. dons çon rappOrt au congrès ou on
parfois , de Vil-
ments obscurs qui one conduit le même Thorez qui clouaj
c
encend
, début 1936, que le Front populaire n'est autre
ensemble au pilori, Je 6 février 1934, • le choléra <t � leurb•nne
• .
des gauc h es, e.1argi aux .
que )'ancien cartel communistes .
peste •, les • bandes fascistes• et les• gouvernants et parf.� pas exact. • p assons sur 1es mows �, �vt
" 'd ents • 1w•
Cc 'est qw
mentaires de gauche••, à prononcer le 10 octobre de ta . :Osent de se laver d u soupçon de collaboration de classes
un
même année les mots magiques de • front populaire t
qui au.rait été le vice rédhibitoire•··
des alliances antérieures
D'autant plus virulente avait été la volonté de sécessioo· h
• Ce cartel des gauc es, c etalt une parue 'dJ e aJ c asse
d•autant plus puissante sera la mystique de ces 0� ouvrière entraînée derrière un clan de la bourgeoisie (... ).
nouvelles menant à • l'Union des gauches triompha nte, de Le Front populaire, c'est la classe ouvrière influençant par
J 936. C'est à une régénération de la gauche par l'extrême son activité les travailleurs des classes moyennes et les
gauche que l'on assiste - Pinsistance des expressions asso­ entraînant à la lutte contre la bourgeoisie, contre Je capital
ciant • la gauche et l'extrême gauche •, soit positivcmeat, et le fascisme'.• N'empêche qu'au-delà des stéréorypes et
soit répulsivement, dans le Barodet de 1936 est déjà à clk de la langue de bois, une idée importante affleure ici. li n'y
seule digne de remarque. Emmanuel Berl relevait dw a pas simple extension d'un système d'alliances parfaite­
Man·a,me, en mars 1934, le contraste entre la • signifiœ­ ment rodé. L'entrée des communistes entraine la redéfini­
àon sentimentale forte • gardée dans le pays par les deux tion du camp auquel ils viennent s'agréger et la refonte de
mots de droite et de gauche et leur peu d'efficacité, pour cette identité d e gauche transcendant la dive1$ité de ses
cause de flou, au plan politique•. Et il paraît vrai que leur composantes concrètes - refonte à laqueUe les événementS
double contescation par une extrême droite très minori­ apportent le lest d'une traduction pratique, avec le rééqui­
taire mais intcllecruellement influente et par une extrême librage effectif à gauche qu'entraînent Paccès, pour la pre­
gauche très isolée mais socialement représentative, toutes mière fois, en la personne de Blum, d'un socialiste à Ja
deux volontairement exclues du jeu, les grevait d'une lowde présidence d u conseil, et le quasi-doublement des voix
communistes.
incertitude dans l'application.
Il y a répétition, en fait, du mécanisme fondateur, c'est­
Sur fond d'anà-fascisme, la recomposition à gauche,
à-dire rc-création d'une identité unitaire par intégralion de
avec le reclas!ement des forces qui l'accompagne, opi,t
ce qui présentait jusque-là comme inintégrable, et plus
une formidable clarification. C'est ce qui sonne juste dans
précisément encore, sur Je rond, par métabolisation de la
différence de classe en appartenance politique (différence
l. Œuvru de N.awiçe Thorez, Paris, 1950, livre: n, c. V, p 20, in L. Bodia
et N, Racine, op. tiL , p 228. .
.
2.. A/,uÔgnM, 2811Man 19'4, dtt p:ar Claud Esner La Gautht hl�
e , 1. CiuYl'es d.c Mau.r i<:cTbo,ct• r,p. �·., , Jivac m, 1. XJ, p. 10·1,;.. L Bod.lo tr
(1914-1962), Paris,Armand Coli N. Racine, op. eî1., p. Z43.
n, coll.• Kiosque,. 1962, p. 102.
82 L4 droitt ,, la ga,un,
L,,t temps des ,xtrimismts fi li sacn du part� 83
vr.iie ou suppos« : c'est de représentations et de 5Yn
lb olct quinze ans durant l'irréductible séparation.
qu'il est question). De pourfendeur de la , gau che, avait incarné
encore, elle transforme en maiit sym�
guillemets qu'il était, le P.C.F. va devenir bientôt et totrt Plus préc isément t
P • on celu'. par lequc! �•�ff•cru�, mais peur
longtemps le détenteur des dés de la • vraie , gauc he. <>u, tique de la s!ru �
de la div,s1on sooale à l'inté­
U sera puissamment aidé en cela par le conco urs aussi se défaire, 1 111scnpoon
de 1 division politique.
mémoire et de l'histoire. Dés l'époque du Front P0Pulaizt' rieu r de la
la réinscription dans l'espace national le met à même '
d
pleinement bénéficier de la légitimité originelle attac hée : DltOITE : LA RÉCUSATION
l'héritage de la révolulion jacobine - ce droit de Primo­ COMMB CONFIRMATION
génirurc qui vous vient d'avoir • redonné â la Mars,i//a;,,
son souffle populaire d'autrefois•, c�mme dit la célèb" Encore une fois, l'initiative:, dans cc processus, est •
Letm à Daladier d'octobre 1936'. A quoi la Seco nde gauche. Il serait artificiel de procéder par symétrie avec la
Guerre mondiale et la résistance ajouteront la défense de 1., droite. C'es1 de la gauche que le parugc entre droite et
patrie en danger. Au croisement du passé national et de gauche est affirmé, souligné, dramatisé, corrélativement à
l'avenir mondial, rel qu'incamé dans l'accompliss cmco1 la redéfinition de la gauche en tant que gauche. Sous Ill
par la révolution bolchevique des promesses de 1793, J e pression, la droi1e s'établit comme parti de la résis1ancc. Sa
pani du prolétariat sera devenu le pôle de réïcrcncc en réticence à l'éiiard de la dénomination méme de droite
matière de valeurs de gauche, quelque réserve que puisse couvre une répugnance plus vive encore pour cette dirnCJ>•
susciter par ailleurs sa pratique politique et en dépit de ses sion de l'antagonisme que la gauche lui oppose sous une
propres ambiguï1és à l'égard d'une notion cultiv« pour forme exacerbée. Significativement, du reste, la dénoncia­
auianr qu'elle signale sa domination symbolique sur une tion de la gauche revient beaucoup plus souvent au fil de
famille large, en même 1emps que manitt 1oujours avec les son discours électoral que sa propre affirmation ou même
réticences qu'appelle l'écart révolutionnaire'. Mais 1ou1 sa simple identification sous l'étiquette de droite. Elle
cela ne fai1 qu'amplifier cr déployer les effe1s de l'opération préfère la stigmatisation de l'enseigne d'en faœ et l'an­
constitutive de I 936, la dernière cr définitive. La cohésion nonce du désastre , si les gauches triomphent • à la mise en
symbolique de la gauche joue au bénéfice du partenaire qui avant de son nom 1, Par où, sur le mode déoégs1cur, cUe

1, L'expression, panni des dizaines d'autres pc>Nibl� ffl die B!mot l c.iea.
J. Lt,m du C0miû unrrol à &k>uord Da/adin, 17 octobtt 1936., in L Bodio 1936 (R.«wi/ Ba,odn, p. 222). Voir au_....,. dt to mèm< Ydo< li�
..,
Cl N. Racint,op. ot., p. 257. damaôon de la liste ttpublicaine et d'Wlion oaôonak aux f.liecùont die 1924:
2. O,.ns Je iierue, le témo(an,agc indfpassé reste le numéro des TtlWPI • ··· les partis de puche au pouvoir c'ct:t rt:trana-cr maittt cba oow••• •
-....,, sur • La Gaucbt • de, 1955 (n• 112-ll)). Voir en poni<uli<r kf Ul«wil &trodn, P. 31). Une Wusaa� aâ inté1c1rentt � b.amk pwAbel
ttticlcs de Jean Pouillon, Oyonîs Maacolo et Jean-Tou,sa1m �tanti, brill�tct Bo':"ard dans La Modbts. D parle ebondam.mt:01 de 1• ,al.Khc. mail pas de:�
illustntions du Oott�em dom on Cfflie d i dt- df,-ger Je prioape, Saaalit'· droit e, et d le moch�: • ... puuqu'd n•dl qu"un parâ CD f,-ocr. «tw qw
tion ec auspiaon vonc de pair.
84 La droite �, la gf1uche u ,c,nps d4s e:ctrhnismtts et le rocn du panage 85

joue quand même le jeu de la division qu'elle tend


l . Aussi J'appella1ion n'est•elle assumée au titre de
récuser. • fa.slh. tc
•:r de réalisme que pour être maniée avec une
De façon paradoxale autant qu'instructi.vc, c'est c bet l•jmpcr11:u
J déda igneuse, quand cc n' est pas avec 1es pmcencs•
militanlt de 1a droite extrême qui manèlcnt leur rer: nuonce e lS,
.me cornme finit par y arrive� un Jean-Pierre
symétrique de la droite et de la gauche que l'appellatio n., d .s guilJ
e- fondateur de la revue fascisante l'lnJurgi,
urili.s éc avec le moins de complexe. 11 c s-t vra i que c'est a
t Max<n<e ' le ., de desesi,.n;re
• -• r dc la • dronc
mon,s •
apres . •voir relaté ses •
service, en général, d'une fc:rmc prise de distance, à l'înt�� droite bourgeoise• ou • 01tc
dr • capora 1·
1ste•·
0rg an1•sc·c •, •
rieur de l'aveu d'appancnancc, vis•à•vis de piètre s vois ins voulut être, • aux plus sombres
L'Insur.ni • • cxposc-t-il, • •
et compagnons. Le trait est paniculièrc-mcnt net quant · déce mbre 1936 et d c Janvi er 1 93 7•, une réac-
semai.ocs · de •.
Bnisillach oponrophc les• cocus de la droite•, en mars 1936 issement, la sohrude découragée , la rage
• n contre • )"aba
110 •
pour avoir manifesté leur réprobation devant l'agrcssio� impu issante des meilleurs d evant l'Œd euon cernent dc la
dont Uon Blum avoii été victime de la pan des militan" "droite" •'. La différence est entre les modCrés qui vou­
1

de l'Action française : •Legrand scanda.le d e cc qu'il faut draient ignorer ce qui les dérange iet les activistes décidés à
bien oppclc.r l'afToirc Blum [.. . ) c'est l'attitude des dépu,;, regarder froidement la réalité parce qu'ils entendent la
de 111 droite'...• Mais en langage plus mesuré, Thie:ny dépasser. Les uns souhaiteraient pouvoir faire absuaction
Maulnier ne se livre pas li une autre opération quand, de ponnges que les auucs sont résolus à abol ir et que, dans
quelques mois plus rnrd, il avertit • la droi1e traditionnelle, ccnc mesure même, ils n'ont aucun complexe à nommer.
qu'elle ne doi1 pas compter sur • les braves jcuncti gens Stc.rnhcll situe l'apparition du mot d'ordre• ni de droite ni
espéré:$ , 1. Obliger la droite à se reconnaitre comme telle, de gauche• autour de 1927. Valois aurait été l'un des pre­
c'e,i déjà l'arracher ô lo 1orpcur oû elle se laisse aller &\!CC miers â le lancer dans son ouvrage sur Lt Fmcismt1• li est
• la masse amorphe des modérés•· Ce sera donc le premier largement postérieur, faut-il noter, au renvoi communiste
acte des gens qui• sur son bord 1 cntcndcn-r rl:agir contre sa des deux • blocs bourgeois• dos à dos) avec lequel il pré­
sente une évidente symétrie. Sauf que pour le P.C. il s'agit
en�,c 111 puc:hc et l'c.xttémc 111uchc c1 que le. mocltrh n'en t0n1 pal un de dénoncer un faux clivage qui. cache la vraje division,
•uttt, (tlAoC' t0n1 �lit donc)• (p. 7S de 1, rffd, de 198(,, Pu.ri,, UYl"C-(lub du celle de classe, tandis que pour l'ultra-droite le rejet de
IAbyrinlht. L'u,uvrqc en dC' 1936). • Il n'y a (tu'un C'?t«■ dam b poliliqut
rraota.iK, di1 •lllcurt O<Ni.n1rd, c'c:n ttlul de a•ud,c: Il cxîa.tc 1an1 comtt- l'opposition anificielle des partis vise à rendre a la Nation
1)0kb, Il rtip1c, il aou,-tJoe, c:1 lc1 modhh, dant IC'utl ldltt, lc:utt ttnùmrnu tt sa véritC de suprême princ ipe d' unhé Sauf sunout que
kun 1e1tt, en dtpcndc:n1 f1roltt:n'lfril • (i&id.., p, 122).
1. • l.�urc- ■wt c0eu1 de li droite•, Co,11bo:r, m1r1 1916. Cité par Low les c::onununisres finiront par consacrer . le panoge en se
Bodin et Jun ïouchvd, F,om lbpt,lloirt, 19J6, P.rit. Armand Coltft, toll. l'appropriant et que leurs adversaires les plus déterminés
• Kiosque•, p. 35. �
2. Ckf pt.t 2.C'ev Stcmhdl, N{ dtoi'r.t, id ,ad,. J;i'd� /ouùu 111 /1to.llll, I, J,c1n-Picm Ma.un«, Hiuoi,. dt diJc ON, Pui,, 19)9, p. 128-32'9.
rr'- �•• Bn.ucrlln, CC>mpku, 1987, p. 40. L'ouvr1ae de s,ernhrll fourmllk 2. Z. Stcmhcll, Ni droi'tt, ,,.,. l{Qudw, qp. ti,., p. l45 (GcorpsV.lois, L, NlitÛflft,
d'cumpk t,
Puis.. 1927, p. 67 �· 139).
8o La droiu ,, la çauùu
Lt r,m ,ps' dts extrt.m
is:ma tt le sacre du partage 87

dans ce ralliement un motif pour redoub s de la vie coUcctive, qu'elle est


ler
des aruc . u1a0•005 primaire
trOUVC!'01lt
dans leur refus.
ind e·r,101mc
de
. 01 susceptible les absorber .
en se modulant.
..
�ru, phase dC$ conteStations extrémistes aun, rcp.......,. , côté , donc, dans une amb1ance gucmcrc de rc-vo- •
un moment essentiel dans le trempage du couple droi te ou n • •
I' oppos,uon se charge de sens
.
Juoonn arisati on ,du monde,
gauche. Elle en a scnsiblcme�'. complexifié le Starut, à: eu iancbs que d I'e autre • , sous 1a pression
cote, • d es
ccc d' n·,, , ...
fois en Je renforçant comme refe:cnce �;onroumablc et tQ . •1 visions absolues• du s a1ut terrestre, c est sa relaovne
le relativisant dans son rappon a la r�ahté. Il est sorti Plus 1·1ef- a• te1 point
1. •cienne qui prend d u re
mem•
po,o
' que 1e soupçon,
vigoureux, au t0ta.l, de ses remises en cause succ:cssivcs, Lt 'd"
m '
1gne, df:e ausse gauch e ou de
tantôt ironique et tantôt• • • •
ttYircmcnt communiste l'a rCgênéré. Le refus fascisant l'a cudo-droite dcV1ent d ans 1 es anne.• es 1930 parue mtc-
indirectement confirmé par soo équivoque - la volo 111t .
:Wte de l'emploi des noti�ns: Les_deux d ��� loppc?1cnts
d'en sortir établissant l'imJ)OS$1bilité d'y échapper. RécU5<t pourraient paraître conaad1cto1res, s1 nous n eaons dument
le panagt encre droite et gauche, c'est encore s'y i.nscrirc, avertis du dédoublement des fonctions de ces catégories
fut� dans la perspective de son dépassement. En annon­ idcotifiantes. Us sont en réalité complémentaires : l'un cor­
çant son dépérissement, on s.'y enfonce. respond au registre de l'implication et i aucrc au registre de

De façoo g�êralc, la promesse révolutionnaire du retour l'observation.


à l'\lrutè:, que cc soir sous la îormc de la société sans classes C'est tout le secret du couple droite et gauche que d'être
ou de la Nation retrouvée d!ans sa cohésion organique, a capable de nourrir à la fois l'attraction militante et la dis..
puissamment contribué à faire reconnaitre la division poli­ tanciation analytique. Loin de se nuire, l'adhésion incanta..
tique comme caractère du temps présent. Mais l'éprcU\ toirc aux noms sacrés du destin et la mé.fiance â l'égard du
't
piège des mots ou de i► abscraction des étiquenes sont faits
de la critique n'a pas été pour rien. EUc a mSmc laissé une
pour se renforcer de concen. Il y va du déploiement
marque déterminante sur le jeu des terme$. En obligcan�
complet d'un système de définition permettant aux acteurs
et avec quelle virulence, â considérer leur distance avec les
de gérer ensem'ble leurs convictions et leurs calculs.
données véritable$ de l'expérience sociale, elle leur a inje<té
une dOIC de convention qui ne compte pas pour peu dans
leur souplesse adaptative. li est entendu que la droite et la
gauche ne recouvrent pas la scission encre prolétaires et
bourgeois. 11 est acquis qu'elles opposent des gens que
par aillcun la Nation rassemble. La division politique,
autrement dit, cat une dimension spécifique
au tnvcn de: 1. On 1'11 vu •wc: let guillemets de Mucnce. Un cim !loquent, dlSlt li
laq� eUc repré,cnte m, dans un langage construit, des PfflSC de l'lpoque: LA Dn>iu, uU, qtn' 1t'obdifwt pos (19)0,.1917). Mct1rioo­
� niom dans l'auttt e-amp ouu-e Jet variation,, pudùslH • dt.1 i.Cl'lff 0/IP(Jlinoff
ré,ahtés d un autre ordre. Et ,
c'est justement parce qu'cUc IÛ fiJU(ht, fali<li, r.l,:dMtW,,.nàin ou 1Jtr1>•,:.iutlv, l'1w,ariôoa aii;rû5c:ath� de
comporte cet.te pan d'éloign l·'lronie communîtte à l'cndroii des• inteUcctUCb de "puche"•·
ement et d'anificc vis-à-vis
Logique d'un Mrracfntmnu 89

oser à leurs dénominations naturelles.


• nocnt se Superp
"'' . .
• répubh c.am • ou• dé mocrate •, comme aux
O. n se de, e.:rur.i
n . y :ut • .
une dro1te et une g_auchc, il
E,ats-Un15• Pour .
qu'il • 'è 1 •
,1 y ait ou moins un uo1s1 me terme, c centre. Mais
ut qu que chacun des partis, latCraux est.
f�il a � c entre,• c'est • es tcnd ances ra dica1es qw• '
s Y '-ont qu, •·1
. ad
5 tu1-01e•me en proie . .
drone •
• et une droite:
, une dro1te-
y a au moins deux drones
. ème et semblabl ement deux gauche s. Encore l'attrac•
Logique d'un e11racinemeni e.xtr .
• 0 des pôles clivc-t•clle la '
,orce d u mil 1eu enue un centrt
::it et un centre gauche. La division des espritS, dans la
mesure où die rend problématique le gouvernement de
chac un des camps en al ternance, se résout au plan de la
La polarisation dramatique entre communisme et fascisnic
politique pratique en un tripartisme lui•même virtuellemera
a finalement fonctionné, à bien y regarder, comme UDt
divisé dans coutes ses parties : ainsi poWTait-on ramasser
réactivation réc.apiruJativc des facteurs de structUrc qui otit la configuration de base qui a déterminé l'adoption de la
déterminé l' enracinement de la dichotomie droite.gauche droite et de la gauche comme identifiants fondamentaux.
au cœur de la vie poliàque française. Voilà ce qui fait de b Elle est le fruit d'une situation de bipolarité impossible, par
décennie convulsive qui précl-èe le déchaînemen t de la 50n intcnr.ité même, Q c:a.n2liser en bipartisme,. qui mul�
Seconde Guerre mondiale Je point d'orgue d'une longut plie les partis au lieu de les réduire. Or c'est cette logjqu!
histoire. Les conditions ont racticalemem changé ; on Dt matricielle que la situation historique re.mobilisc avec un:
rctr0uve pas moins, â l'heure des masses et des pas-sions netteté panîculière à l'heure de la révolution bolchevique
totalitaires, Je jeu de l'unité et dts divisions, la dialectique triomphante et des victoires de Mussolini et de Hitler. Non
du centre et des exrrêmes qui formaient les ressons dt qu'elle ait jamais disparu : le mélange de conflictualité tt
l'étroite politique parlementaire de la Restauration. L'écheU,, de fragmentation est resté une donnée permanente de la
Je contenu, les enjeux ne sont plus en 1935 cc qu'ils étaieat vie politique française, la définition de son style propr<.
en 1815; l'ordre de bataille, lui, reste formellement ana• Simplement, elle retrouve, sous l'effet des radicalisations
Jogue, et c'est pourquoi, au lieu de la bouscu ler, il connibuc du XX' siè.de, u.ne limpidité de jeu q ue les circonstances ne
à ancrer encore un peu plus cette opposition entre droite et lui avaient pas toujours laissée.
gauche conçue pour le résumer. Le facteur principal de cene lisibilité réside dans le relief
Le point primordial réside da:is la combinais
on d'une sans précédent que la domination idéologique des cxtrêm<S
division radicale de l'opinion avec acquiert au cours de la période (le Larousse cnr<gi,t:re,
un jeu politique à plus
de �eux tenncs. S'il n'y a que deux significativement _, Papparition d'• extrémisme• en 1922).
partis, il n'y a aueutl
motif pour que des dénominat Nous disons bien idéologique, car si l'affrontem ent de la
ions identitaires spécifi ques
90 La droite et la gauche Logique d'un enraa·nemem
91
Révolution et d'une contre-révolution deven ue révolu . siquement soudés et que personne n'C1t
. . llo� . sent métaphy
naire écrase l'espace pubhc de son po,'ds symb oliq ue ra1s poser son nom propre ou sa marque sin-
• ' • il ure d'y un
fort loin de cette orno1presence sur 1a scene soci ale' ,Ya e11 .mes tL'< qui domment• symbo1·1qu cment ne détiennent
prépondérance politique. Le mi·11·ion et dem1• de voil( 0•, lt guhère. Ce "
euec t\ve et •
cewt qw• sont politiquement
•t uiss ance
nues par les communistes aux e'l ecuons de 1936 en t e- Pa s 1 a P
n de force sont symbl' o 1quement en postu re de

. " . ont, en pos•·u· o
certes, quelque chose comme un trolSleme uers de ta gauth J
sorte que � partage est aussi indétcr-
subor dinat ion. De
légèrement devant les raclicaux, encore loin derr ière c, .
. qu'il est f rven t et tranche.
, • • • 1es tnlOe
e
• • .
socialistes. Mais ils restent a l' extene ur d u Jeu, et leur capa . e . [ent comme Jes catego
preva
Droite et gauch nes identi-
cité d'influence sur leurs propres partenaires, en tc11n cellen�e s � fon � �'impossibilité d'identi-
ficatoires par ex .
de politique effective, demeure tr ès limitée, alors que e: es de la d1v1S1on politique à ses protagonistes
6 les renn
leur vision de la société future qui s'impose à tou s 1�
::cr ets. Il faut des dénominations unifiantes pour rendre
esprits comme l'horizon obsédant en fonction duquel se
�'int ensité de cette réduction à la dual ité de l'ami et de
définir. La disproportion est beaucoup plus fla
grante l'enn emi ; elles ne sauraien t être des dénominations de par tis
encore à l'extrème droit e, où l'Action française ne pa rvient
en pa rticulier : où la neutralité abstraite, la capacité d'ac­
qu'à une très modeste existence électorale en dépit du cueil indéfinie, en même temps que la simplicité drastique
magistère intellecruel et moral qu'elle exe rce sur l'opi nion de l'oppositio n entre droite et gauche font merveille.
bourgeoise - pour ne pas parler des organisations expl icite­ On relèvera q ue , au reboun de ce que suggérerait une
ment fascistes qui ne capitalisent que d e manière margi­ vue superficielle, l e manichéisme s'alimente en fait à la seg­
nale les sympathies de plus en plus marquées que gagnent mentation d u jeu politique. Ce n'est pas daus un système à
à droite, et notamm ent dans la press e, les régime s dont ils deux partis qu'il a lieu de se manifester - ils se battent en
se réclament. général au c entre -, mais dans un système où les camps
Tout est dans ce décalage, just ement. C'est lui qui confère sont irréductiblement composites. Si la France a pu déve­
à la double dynamique de l'antagonisme frontal et de la lopper de ces oppositions dramatiques et claires qui lui ont
démultiplication des camps en présence ses conditions de valu sa réputation de terre classiqu e du conflit politique,
déploiement optimales. La suprématie des doctrines de c'est dans la m esure même où elle a toujours connu une
combat achève de donner à la compétition des partis l'al­ dispersion considérable des familles d'esprit, des courants
lure d'un partage inexpiable entre deux blocs que tout d'opinion et des forces organisées. La chose est particuliè­
sépare et dont la divergence dessine l'altemative historique rem ent nette dans une situation comme celle des années
ultime offerte au genre humain. Mais dans les moments de 1930. On arrive alors à une véritable dissociation entre le
plus grande tension, ce ne sont pas pour autant le commu• plan des réalités et le plan des identités politiques, �u, si
-
nism e et le fascisme qui s'affrontent, ce sont toujours et l'on veut, entre la politique pensée et la politique praoqu�e.
plus que jamais la droite et la gauche. Cela parce que les Il s'installe un partage des tâches tacite entre la coDdwte
deux camps sont aussi divisés intérieurement qu'ils appa· des affaires et la direction des esprits.
Logique d'un mraciuemtn1 93
92 LA drt>ill Lr la gauc.lte

En pratique, cc som la colUusion des modérés e1 l':iJtc , . • 1 cliva(!C S au sein de chacune de ces a nnées
l'essentiel de co r ir rénlediab e: nt a 1UX prises : il en pro cède et il e n viL n
nancc des centres qui continuent pour •est pour Ill- Ùleuquem • '
mander - quand on s'en écarte, c très vite pa • .. o rratt-
ystem..., p u
• on meme d 1re, avec l'oppos·1t1·oo
fonn s . .
retomber. Non s.e.ule ment dies n'em pêchent pas la pr·Y e chaque cam p, entre un ce ntnsrnc gouvem c­
e

intern c, ':in
pondérance des doctrinaires d'extrême droite et d'extrè:e Plenta l et
extrém isme utopique. Systèm e qui sera d'au-
gauche, mais elles la nourrissent. Les com prom isslons d • 'ble que 1a conJoncru.e
•ctif et hs, • .
hi stonquc
tanl p1US •
uns ne peuvent que faire vafoir la rigue�r dc.s autres (�, favOO·se les cxuem
es.
retour, c'est l'intransigeance de ces derniers qu i justifie�
souplesse sans gloire des premiers). Ce n'est pas en fon:
ûon des idéologues que l'on agit, m ais c'est par rapPOn .. TROIS GAUCHES, TROIS DROITES
eux que l'on se définit. Les identités politiques ne se dét cr�
m inent pas primordia lement à partir
des choix prosaïques
Revenons plus précisém ent sur la distribution des forct6
qu'appelle la gestion de l'état de choses existant, ma,,
1.
et ta com position des camps. L'âge totalitaire assigne un
autour des options ultimes du salut social De par l' action enjeu très précis à la tension entre centre et périphérie :
de ces préposés à l'idéologie, à la fois désintèressés électo­ c'est de l'acceptation ou du rejet de la coexistence démo­
rale ment et symboliquement )es maitres, la scène politique cratique qu'il y est question. Ce dont il s'agit à l'extrême
devient ba taille sans merci du bien et du mal, de t ombrc et
t
droite et à l'extrêm e gauche, c'est du dépassement définitif
de la lwniCre . .1\iiais ce dualis me implacable et virulent, no n de la déchirure du présent, que ce soit au sein de la Nation
seulement n'em pêche pas l a dissension et de non moins unanim e ou dans la societé sans classes. On aura donc,
dans l e cadre d'une dém ocratie vivant de la sone de sa
1. On U'OU\'c dam ln: Culiim de Ba.ms une eonfidenc::c à &0i•mtmc mi propre mise e n cause, scission de principe su.r cha que bord
rfrêlatritt du choix que çeue divi,ic>n du uavail implique pour les individ\ll
cng11gC, en politique: • J'aimcnis mieux cc Mun, j'aimerais mieux c:e Jau.ri$, entre un pani faisant passer le m aintien de la compétition
�is il faut se ttsigncr i l'ordre, Sc réSiiJlcr au et :n1re, s'humilier au 0eMR démocratique avan\ \QUte autre con�idération et un parti
a\tt l'humanité mO)�nnc qu.i ne veul que dormir, manger, multiplier, (ci;ê
ne s'engageant dans la com pétition, avec une ard eur qui ta
par Miehcl Toda, Htnri .Mt,uis. LJ,, t01toin dL la Jl'l)ÙL 1nuJl«,uLlle, Paris, La
Table ronde, 1987, p. 180). On uouve épltmcnl chct Alain une cxprcuicn lui fait d'ailleurs dom iner, que dans le dessein de l'abolir.
ttm:irquablc de C'CUC dialectique du ccnuc Cl des cxtttmcs. D'un c61C1 di-i-i, Et on aura presque nécessairement un pani intermédiaire,
chaque camp 5c: dêfi.nit par kS exttimet: • C'c" l'a.narchic, cet extrême: dt tentant la synthèse entre les aspirations idéologiques à une
aauchc, quî (ail vivre 1outc la gauche. Et c' C$t l'esprit mon.a.nique, foudr.'O)'i
d'obéîr.san«, qui fait VMe 1oote la droite• (propos de l935, in Propo,., Palu, solution définitive et les réalités démocratiques. On aura,
G•llimard, Bibl. de la PICiadc, 1956. t. 1, pp. 128S·l286). M:iis c-tl:t ne 1',cm, en d'autres termes, trois gauches et trois droites. Une gauche
pkbc pu de noter par ailleurs : • L'bommc ut rno)'efl, l' homme es:t mêluigt, radicale, confiante en la seule République pour repondrc à
l'ho,mme «t du ctnlfC, et IOU$ rc\•iac-nncm �. C(lmmc ces radicaux dont je Dt la question sociale ; une gauche commw:ûste exclusive­
suis p;u; ,ür de ne pas itrc qui 01'l bauu en rctr::aitc ll\"CC plus ou moins de
digni1�, quand ils ont vu le fnnc fondrt d:ms leur bourse. Lés hornmt'S dt ment dévouée à la révolution et à la socialisation de la pr<>­
droite onl auui de C'Cs mouvements naturels... • (propos dc: 1930, ibid., p. 984). priêté ; et entre les deux, une gauche socialiste entendant
94 La droits SI la gauche Lt,giqut d'un tt1racintmtnt 95

marier le collectivisme doctrinal et la pratique républi conduit , lorsqu'elle se durcit et se radi-


c e•me idée
Une droite libérale, fervente de l'entreprise individue� · Or l • rn dém arche opposee. • Lad"cnegano • . n se reto urne
• _ . une
des libenés qui s'y attachent ; une droite trad itio 113� ct ca . De ce que l'existence
h:;sie d'inc�lpation de ta com­
hantée par la nécessaire restauration de l'ordre hiérarchi te, en jmp erauv cment suspendue a son étroite cohé-
contre les cbimeres dissolvantes de l'individu (couran;iuc muna uté est .tall'e
• •
ure l''d en titi • d'une menace
. l' esprit cotah
I 1cauon
fait partagé lui-même entre anciens et modernes, e s,on, •un ennemi 'f ata l', • • •
reJctes
n: e et d du côté
consu· cuâv
1orcemcnt
réactionnaires classiques, nostalgiques du régime mo e trava il d e sape d ans 1•
· •
mtencur•
er et d (puis-
na,. de 1 e• ttang
son
chique et fascistes plus confiants dans la Nation et da •
1

ns 1 saur ait y avoi r e mo tif'


'd interne de dissociatio n), et
'il ne
chef que dans le Roi pour re1r0uver la cohésion organi
et entre Jcs d�ux, une droite autoritaire, soucieuse de
que)'.
coni
i: particul ier
cet inass imilabl
démasq
e devenu
ués avec
sembla
une
ble
angoisse
que figure
élective
le
dans
juif. Dans
lier la souveraineté populaire avec les suprêmes impé où il y a com b at, t•· ··b
rnevita le combat qu'exig e la
du pouvoir.
ra tih la mesure
national, il y a des camps où le
survie de l' organisme mili­
On remarquera d'ailleurs au passage que les divisio ncu de mission n'hésite pas à se situer. D'où
llt umt convai sa
sonent de cette répartition plus accusées, potentielleme
nt , la fascination souvent observée de l'extrême droite pour le
à droite qu'à g,iuche. Il circule parmi les gauches un même
disco urs et les méthodes de l'extrême gauche. Elle y trouve
sens de la • position contre •, une même foi dans la néces­
plus sùrement des modèles pour ses propres dispositions
sité et la fécondité de la lutte, qui facilite les convergences
. batailleuses que parmi ses alliés narurels.
Le radical peut r�pugn er au brutal langage d e classe des Quelque profond que soit à gauche le fossé créé par le
débat sur les formes démocratiques, il existe à gauche une
communistes ; mais il a sous la main Ja dénonciation du
péril clérical qui lui permet de batailler tant bien que mal à communication de culture, à ·oasc d'êpousailles de la conflic­
l'unisson. Au lieu qu'à droite la répugnance pour la dimen­ rualité, capable de gommer les distances politiques au profit
sion même de l'antagonisme se traduit par une divergence d'un concours identitaire. Alors qu'entre la minimisation
marquée entre extrémistes et modérés. Force est bien, libérale des contradictions et la virulence fasciste, voire sim­
même pour les plus conciliants, de faire face à l'adversaire plement autoritaire, dans le rejet de la dém ocratie du
qui vous presse. Mais il sera dénoncé, justement, comme conflit, l'écart des dispositions, des langages et des styles,
un fauteur de divisions qui n'auraient naturellement pas apparaît difficilement surmontable, même dans l'imaginaire.
lieu d'être. Ce qu'exprime d'une autre façon le refus de 11 n'empêche pas d'ultimes connivences idéologiques, sous
s'assumer explicitement soi-même comme droite, même s.i le signe précisément de ta figure idéale d'une cité délivrée
l'hostilité déclarée à la gauche revient à se dési er comme de ses pemicicux ferments de division. Mais il rend à peu
li
près impossible, jusque dans une éventuelle coalition, l'oub
gn
telle a coniran·o : avouer le mot, ce serait reconnaitre qu'il
existe des motifs structurels de partage ,
et de discorde au des lignes de fractures. S'il y a mythiquement um �
uche

sein d'une collectivité qu'on souhaiter ...1:.- ême encre


ait harmonieuse ou en bref, li y a pratiquement
. .
rm droites. La

...,.,.,ym• cene
d'une Nation qu'on voudrait d'essen
ce solidaire. 1es deux bords tient pour une pan non ne g1·igea ble à ·
97
96 La droit.ter la g<1ucJ111 Logiqt«: d,un enracinement

opposition entre une symbolique à propension unit et de gauche. Dans la mesure


8
� •t .• iy es idéaUl> de droite• •
une identité irréductiblement plurielne 1• tt<> S p regime reprcsenta
" tif en Franc e s'est
. , è nernc nt d u •
u l av de sa contest auon ra d"1cale, ici de l'exté-
? . s us le signe
1� ue o nom de la tradition à maintenir, là de l'intérieur '
ncur, au
u contenu. socia . 1 a• 1u1• d onner, son déploiement
au norn d
RBN'OUV8LI.BMBNT$ BT PERMANE NCUS
de mamere • • à p<:u près pcrma-
e concret a unp 1·,que• _
La perspective adoptée permet peut-être d'aborder poUtique partitio n entre ses pa m sans modérés (d'inclina­
un autre angle, du reste, la difficile question de savoir nent une
80
s'il14 rchiqu e ou d'inclination républicai ne) et ses
a continuité, comme l'a for1ement suggéré René Ré oon mona
monf rs.air e s résolus (1es uns par vo1once'd' effacement, les
entre la pluralité des formes de droite au XIX' et la div advc
ers it;
de ses courants au XX' siècle'. Jusqu'où le légitimisme, autres par ambition de dépassement), l'irréductibilité de
bonapar1isme, l'orléanisme se prolongent-ils dans la dis
le cette opposition engendrant de pan et d'autre des postures
tn.
bution entre sensibilités ultra-nationalistes, autoritai moycm nes à visée rèconciliatrice. Le régime napoléonien a
re s ct tôt donné une expression saisissante de force et d'influence
libérales qui se recompose et s'épanouit aprés 1900? Mais
la fréquence avec laquelle est affirmée, par exemple, ô combien durable à c e besoin de synthèse, en fermant la
la Révolution par le mariage des nostalgies de l'autorité pcr·
filiation du jacobinisme au communisme montre que
la sonnifiée avec l'acquis de la légitimité plé·biscitaire. Mais
question n'a pas moins de raison d'être à gauche. A défau
t des Girondins aux • démocs-socs • de la II• République,
de pouvoir prétendre la résoudre, on peut éclairer ce qui
Dieu sait que la quête d'une articulation équilibrée entre
lui donne si profondément sens.
l'expansion des liber1és et les réquisitions de la souverai­
Si continuité il y a, elle est d'abord un fait de structUre.
neté collective en matière économique et sociale a occupé
• Ce qui se maintient relativement intangible, c'est la règle
les esprits.
de distribution qui fait qu'il y a toujours plus ou moins
Sans doute l'axe de la confrontation ne cesse-t-il de se
déplacer. Entre 1815 et 1848, le retour du balancier dans
J. Rebatct a un apercu J)tnétmnt sur cc poim , au milieu de 111. rhltoriqut
s:ommain: des D«ombru: • La gauche tout cmitre eV.Ut l'C('.u la même édua• le sens réactionnaire ramène le débat public autour de la
tion de parù qui faisait s.tlon les ,cmpêra.me:nts des communÎSlcs, des 500a• question étroitement politique de la monarchie ou de la
listes durs,dcs mous ou des radicnux plus ou moins mirxifiés (...). UI droite, république. Ce n'en est pas moins là que le jeu régulier des
hormis quelques maurrassiens complet, et les indépendants de nout sone, instil1\ltions, si restrictif soit-il' laisse la distribution interne
respirait l'éducation libênlc qui ( ...J prtpan:ùt 3dmir.tblcmcot des lignttSdt .
modfrts pétris d'un îndividualjfme m<.'S(luin, tandis que k'$ cer\ ellts des plus des camps prendre sa forme • classique ,, oserait-on dire,
intelligents se Hquéfinjem dans d'i.ntennin.abl,es, an:irchiques et stérile$ débais.• entre un centrisme gouvernemental et un extrém isme op �
1

(Les Mimoirud'un/Mcisu, /1 les Dtœmbru, J9J8..J940, rééd., Paris,Jd. Pnuvcn. sitionnel, séparés et liés par des mixtes entendant assooer
J9;6,p. S2).
l'idéalisme doctrinaire et le réalisme du p raticable. Chose
2. La Droit� m Franu tk /8/S à nos jourS. Continuité et ditltrtit.i d'um rrodi­
ricn Politiqitt, Paris,Aubicr-.Monrnigne, 1954. (L'ou.vragc est devenu Lt1 Dn>iUJ très imp or1ame ' l'héritage révolutionnaire a lfixé une fois po
•eto..........-
ur

-··"'"'ent
m Franct lors de sa rétdition de 1982.) toutes la figure des extrêmes, qui demeure:ra
98 U1 ,Jroitt t1 la 1t011c.l11 L,oglqu, d',m ,,,,a.cftr1tn•nt 99

Intangible sur presque deux siècle,,. Do �one que 1,1 ous leur pression, K reforme un,
u lnégoll:c, Et, s
roux avancés des onnêcs 1820, qui n'en som p as
Ill>!. d••rnpic r . d'eapru • tr è• onaloaue, 11ructwcl-
m@n, . . n des fomollcs
s'avouer rtpubllcains, n'en portent pos moins la c harg/ d1·s'Lt1bUUO celle que I 8 D,
"cvo 1uuon
• avait léguée à 1•1
À
l'ldentl0e111ion au jacobh�lsme. Bile n'est pns que
} 1c,ment po rlnnl ' de comenu,

Cnr , en termes la continuité ,11
POi!� ura•
mlque 1 elle a une autl1enuque valeur •ymbohque, en fo ,uccc.ssc .
lorsqu elle est revendiquée. Charles MaWT11i
tion de ln acène d'ori�ine oû toute octio� politique doi ;11uso1rc même
, .
t@�;; lu s grand-chose o voi• r, quoi, qu'il pu1ue • croire, avec
rnpportée pour être lue. De sorte aussi que le développ na P

=� .
roya 1· d u XIX• s1'ècI; e. C'est qu'entre-
1

décc sseu rs 1stes


mcm du républicanisme, puis du i::ociolisme à l'intérieur� ses pré . . .
il est inte rvenu un cvencment cruc 1a,I, la convcr-
è c-6té du républiconismc trouveront tout autant à leul' lOU . nn1ionuhsme. En basculant dcpu,a la aauche
t s,on ou
è s'inscrire sur celte rnême scène. Ce restcro vrai jusqu'o� la drOllC • a' se rcdéfi • mu• autour d'une figure'
romnmnistcs y incluR. Les réserves de la théorie à l'endroi ccluiwCl cntrOÛlC
collec1ivc qui la projcnc, quoi qu'elle en
des limite� bourgeoises du robcspierrisone ne les cmpech�
t de 111 puissance
;1 JullS lo modernité individuuli51c. C'est sur • l'époque
ront pos de cultiver puissamment l'ossimilntion.
�c; fascismes • que nous fait déboucher le recyclage ultra•
Ainsi, au milieu du formidable • glissement tl gauche 1
nulionolistc des nostalgies de l'Ancien Régime.
entrniné par le trovoli de concrétisation séculaire du prin­
Cela ne vcul pns dire, au demeurant, que cette référence
cipe démocratique, les bornes symboliques d u champ P<>li• ou passé n'est d'aucun rôle. Bien ou contraire. Si l'on
dquc, cnLre ultre-royolisme et ultra-jacobinisme, scronH�lles cherche :\ comprendre la différence qui sépare l'Action
restées remarquablement identiques. C'esl un élêment frnnçoisc, expression pionnière des fascismes. des expres­
capilal de conlinuilê qu'il faut combiner, pour en mesurer sions auuemcn1 virulcmcs qui lui ont succédé en lullic, puis
toute ln po11ée, nvcc lu pcrmoncnce dont foit montre, ou fil
en Allemagne, c'est vers cet ancrage passéiste qu'il faut se
du même dêplnccment, l'organisation tripartite du parti dt 1ourncr. À tel point qu'on po·urrnil invoquer lei quelque
l'ordre et du parti du mOU\IClllClll.
chose comme une loi de proportion inverse entre l'intcn•
A ce1 égnrd, la rccompQsitlon polilique qui se dessine à
sité tomlitairc et l'ampleur de lo volonté de tradition, Pl111
pnrtir du début du xx• siècle est particulièrement exem­ les formes de ln société rendue à l'indivision par l'aut<>"
plaire. Tou1 se 1>osse, avec ln rcformulation en pnrulll:le du ritê, qui constitue le commun obje-ctir, sont cxp1icitemcnt
projet ré\lolutionnaire et du dessein contre-révolut.ionnaitt, empruntées au pnssê monarchique, hiérarchique, organique,
comme si le XX' siècle allait répêter ou répliquer le x1x•. On moins le tohlfüorisme est cohércnl et violen1. L'éléin<nl 1<ac­
eGI cru la démocratie définilivcmem entrée dans les mœuri. tionnnirc tempère l'élêmcnt totalitaire. Moins en revanche
81 tel es1 bien le cos, en profondeur : son principe de légj• 1• tradition fuit foi, plus les b<,soins de puissance et la
limité est suffisamment ancré pour s'hnposer jusqu'à ses conc\lrrcncc avec le bolchevisme imposent, corn.me cc sera
odversoircs. li ne s'en recompose pas moins nu sein de sn notoirement le cos avec le nazisme, la réinvention d'une
victoire deux forces de comes1n1ion utopiques, l'une pas- nniion soudée pour la guerre autour du chef •1 d� la race,
1éis1e et l'autre futuriste, qui vom la soumettre à un assaut plus le déchainement t otnlirn,rc csl promis à la dcmcsurc,
100 La droiu el la gauche L,ogiquD d'un enracinement 101

n presque c:i1acte à ttnc tri•


Probablement est-ce à la vigueur coosewée en Franc
e Par . correspond de faço
des _ �P ': �
' sociali stes tenant la balance, donc, entre
l'esprit proprement contre-rêvolutio1maire, à la prégna
n 1t e ' deale' les • •m d'1v,'duels que figurent
culturelle du modèle d'Ancien Régime, qu'il convi;
• P1tc ptes sourcilleu
x d es d ro,rs

les ade. exc 1 ., du pouvoir social
us11s •
d'attribuer les limites qu'y ont trouvées 1:im�lantation aux ' et les d'evotS que
et 1; •C
rayonnement d es fascismes de type h1tlénen ou mèm, 1es ra d commu ni• stes. Ri en de tel '
a droite, pas
rep•.ese. n cent les • ou

• l'.em1ettemcnt
d'abord mussolinicn. rêm e d rotte, et le Oou
e â 1�exc
Il n,est pas indifférent, en tout cas, du point de vue de rnê� cons tituent la r é g ie . C'est là q ue la cypolo'"e•· des
la parus•ns
symbolique collective, que le nouveau se soit si fortcrncn e efficace. pour dégager au milieu d e cette
ranaiché à l'ancien, jusqu'à couler l'inédit du siècle dan
t courant s s'avèr . .
s crois grandes m spirauons corr espondant en effet,
l'invariable conflit ouvert en 1789 . C'est également vtai en nébuleuse
_ ,
51 1 011 veut,
au panage entre un • légitimisme, métho d i•
face, on l'a déjà souligné, en dépit de la volonté de rupture, rs des individus, un• orléanisme,
uem ent hostile à l'unive
y compris i!VÇç ks traditions du mouvemçm ouvrier, qui
�uvert à une versio n conservatrice de Ua modernité maté­
caractérise le bolchevisme. Et la rupture que représente le isme, obsédé par
parti léniniste, comme instrument de conquête du pouvoir, rielle et représentativ e, et un • bonapart
mais aussi et sunout comme vecteur pratique vers la société la traduction de la souveraineté du peuple en autorité. Cela
sans classes, n'est pas douteuse. Pounan[, la figure de cette à condition de ne pas être trop regardant sur les filiations
réelle-s dont la crédibilité, en Poccurrence, est entièrement
parfaite unité combattante des esprits, d es volontés et des
suspendue à l'immuabilité apparente (et sur le fond tt0m­
actes, de cette exacte subordination de chacun des rouages
à la doctrine d'ensemble, destinées à s'E!îendre, avec l'ab­ peuse) du royalisme intransigeant.
sorption de J'Ëtat, à la collectivi[é tout entière, trouvera en Mais ce qui en vérité persiste et compte, c'est la scruc­
France à s'insérer sans peine au milieu de la riche imagerit rurc qui commande ces tripartitions symétriques. Avec des
de 1793, du Salut public, de l'unanimité populaire e1 de la contenus et des enjeux différents, c'est la question centrale
Terreur nécessaire. qui reste identique, et avec elle la gamme formelle des
Toujours es1-il que l'âge des to1alitarismes, en fonction options fondamentaies qu'elle autorise. Ce qui se trouve
de cet enracinement multiforme, va être, d'assez étrange de la sorte défini, ce ne sont bien sûr pas des partis, ni
manière, un âge de classicisme pour la scène politique fran­ même des • familles d'esprit,, au sens où l'entendait Toi­
baudet'. Ce sont des lignes de regroupement tendancielles

·=
çaise, ranimant la forme la plus canonique de répartition
de s forces en sus de revigorer les emblématiques fondatrices de l'opinion, à la fois relativement in d étermin ées dans leur
Sous l'étreinte de ces adversaires implacables et systéma­
. teneur et remar quablement stables dans leur orga nisation.
tiques de la démocratie, la division en chaque camp sur la Elles forment une sone d'annature sous-jace nte du charnp
question de la liberté retourne à sa simplicité élémentaire,
2
compliquée par l'inévitable tentative d'échapper au dilemme. 1� Albcn Thibaudcc. ta tdJ.es politiq, m d,ela F:l'Olft.l, Paris. l9)
dfm�t repris daru le recueil des Refl u:iom poliùqutS <fe'TbibO,udtt
Il se trouve même qu'à gauche la distr
ibution effective Antom c Compagnon,.• Bouquins•• Paris> Lafl'ont ;J Z0()1.
102 Lo droile et la ,;a11d1c 1.,ogiq11t d'uu curacù,emenr 103

ta logique d'un mode de définition de ta


politique sur fond de laquelle la pression des con .,,Elle, tient à ui.d •1v1se
l'empreinte des expériences hist0riques, le poids des te uo1,:.C olitiqu e q
• ch acun d es camps 'II leur tour
ho.:.:::
modèlent de-s configurations partisanes. plus ou rnoin dua � ollt' lc.s recomposer finalement en trois. D'où la
bt
s
plexes et plus ou moins mou\lames qui en donnentCO nd.<U>P
e . dépe ndance des 1·1gnes d' e ,orce ams1
• • deten ninêcs
• uement très identifiés,

rr,.
"'• 1a u\ c us h "
1stonq
image plus ou moins fidèle. rc ort à des conten
1 1.ll

p1' f11P� Uc ment dans les limites de ta ques tion matri-


•• · 1·
Tout de Ja scène publique, au demeuran
t• on ure • •
e a cc noyau organisateu r.'" cc l"b_cne enue .R'evo1.u�,�� et Contre-
t, ne st la.i,
pas ramener de maniere s1mp de la .l.
n cicllc _ quid - avec l etonn b1hte des figures
est d'authentiques familles d'esprit, nées d'une sinia ti-0
R<IO1u tion ?
•.. • mt:1ngi
ante
• 'I'
gne son mv an abt 1té•
·mes qui accompa
c:<�;ais ta continuité des attitudes et des mentalités à tra\'Crs
ou d'un souci spécifiques, qui ne s'y réduisent aucU:
mem. Ainsi de l'industrialisme, isolé à bon droit pa;r
Thibaudet, et suscité par les difficultés particulières de la correspond pour une pan à cc qu'on sait
le tem ps, si elle viscositê des reprêsentations et des pas�
conversion du pays, à commencer par ses couches diri­
en gênéra1 de la une part, en l'occurrence •. un effet
geantes, à la modernité matérielle. Ainsi de la démocnu, sions, est aussi pour
c'es t la règle de répartition qui ne
chrêticnnc, et de son effon tellement représentatif pou. d'optique. En rëafüé,
langue figée des traditions,
tam, pour inscrire la conscience religieuse dans l'univers varie pas, alors que, sous la
ntes se renouvelle pro­
de la libené. l'expres sion des différentes composa
rs le cadre est
C'est bien la preuve, justement, des insuffisances de fondêmcnt. Seulement> comme par ailleu
ire, d'assister
cene notion de • famille d,esprit •> s'agis.sam de répondt t immobile> on a l'impression, largement illuso
déba t prom is a l'in­
au problème qui est le nôtre. Elle a le mérite d'introdtire aux métamorphoses d u même. De là le
sensi bles
un e distinction en effet essentielle entre le fluctuant et lt tcnninable> entre les partisans de la disconcinuitê,
que sur
durable qui permet de mettre en lumière la forte stabiité avant tout au focmidabte glissement du jeu poliû
anen tifs à la
des courants de sensibilité et de pensée derrière le rema­ deux siècles, et tes tenants de la continuité,
u du mo u­
niement incessant des expressions partisanes. Mais t0\11c tégularité des partages qui se pcrpéruent au milie essaytr
à la poursuite de ces continuités historiques profond ts, vement. 11 est vain de vouloir l'arbitrer. Mieux vaut
dJn• «
elle confond sous le même chef, en fonction de cet unique de comprendre le dispositif qui nous enferme
suueture et
critère trop étroitement descriptif, des phénomènes de dilemme> à l'intersection des contraintes d'une
niveau.x différents. Dans cc qui semblablement perdure, tout de la pregnance d'une symbolique.
n'est pas du même ordre. Il existe des familles d'esprit,
mais le mélange d'enracinement psychologique et d'incnic
sémantique qui les caractérise ne rend pas compte de la LB RÉSUMÉ D'UNS
HISTOIRE
puissance de permanence dont témoignent les clivag.s
g,,ucbe, tell<
véritablement organisateurs du champ politique. Cete-lâ t nte du couple droite et
� cen ral ité obs éda pas , comine on
s'enracine dans la cohérence interne d'un système de posi-- qu on peut la faire culminer en i 939, n'est
101 .Logique d'un mrocinemnu 105
Lli droiu tl la gauche

voi1, le fruit du hasard : elle es1 le rél!u mé d


'une hi, t p ou rra avoir .lieu que moyennant le � de
. P ne
Ce n'est pas pour n• en que ces deux. voca b oirt [llO camps ,nexp1·1cablement affroni<$ - ,eg
• entre
les Pos
� d ce s elle est la situation pnmor.
l'étonnante propriété de mut absorber et de tout d
ré Ufrt. cb•'.""-..:s et ses modérés. T
c'est qu'en effet ils concentrent en leur manich estréO" base de laquelle
va se d·éployer un S}'Slème de
éis me •i-• diale sur la , • sm
. ,ois • guli.er : 1 ) il
• loge, a la dif-
mentaire les détours et les subtilités de toute une
trad;:.. . . . on politique. trois b" • an, Ia potarite• gouverne-
deliruu e 1-pa rus
politique. Us ramassent en une formule sommaire
l'algébO!l system
. cn ce d'un
fer , •· • •
eu.r de c hacun des camps; 2) il
complexe d'un système à multiples entrées. Leur sirion , a 1 mten
duamn: ment-opp0 . de 1•a, une re·g1e•1nteme de dist:rib • utioa
simplificateur est la résultante d•au moins deux .Illtf()duit , à parut •
tripli cit' ure a•
qui s"enchevêtrent : celle qui commande la dis pertï: fu,ccr sous 1orme d'une struct • termes;
trots
qm. va se • d� pesanœun
interne du parti de l'ordre comme du parti du mouv e ce fai•sant 1a poli" �qu e pensee
ement. 3) il dissoci .
en lais san t la mru .tnSC des iden­
et celle qui règle l'organisation de l'espace politiqu e prauqu ee
autour de 1.a politique
d'un centre gouvernemental flanqué de deux ailes ges aux exuèmes. Dans la mesure où la vie
oppo,i­ tités ec des pana
r d'un pivot central fixe, au lieu
tionnelles. Car tous ces traits qu'on est tenté de juger contr
t­ politique s'ordonne autou
ance des blocs au pouvoir,
dictoires au premier abord se tiennent étroitement en réali é:
t. de fonctionner selon une altern
On peut trouver au moins étrange la coexistence d'un lisatr ice est celle qui tend naturelle­
e la terminologie latéra
opposition aussi simplificatrice avec une pluralitC aut.1i ment à s'imposer. Dans la mesu re où sur le fond c'est unt
aux
irréductible (et conflicruelle) de ces prétendues essencc, division radicale qu'il s'agit de traduire et que c'es1
simples. On peut s'étonner, de même, du fosse entre � exttêmes qu'il revient de l a faire vivre, une opp0siti on dras­
discours de l'affrontement qui domine la scène idéologique tjqucment simplificatrice (mais non exclusive d'autres par·
e
et la pratique des accommodements qui prévaut dans ta tages à l'intérieur d'elle-même) est la seule qui se puiss
politique effective. En fait, ce sont là les différentes raœs recevoir. Dans la mesure enfin où cene division ne peut
d'un même systéme '. Le système engendré par les condi­ prendre fo rme que de coalitions où personne ne domine
ol
tions originales qui ont présidé à l'incarnation du gouver­ absolument, la neutralité des dtn():minatioos est foroonr
la règle : loin des noms de partis, il faut qu'cllcs soient
nement représentatif en France.
.
L'écartèlement de l'opinion est tel, au lendemain de la recevables par tous en même temps qu'inappropriables
, en
Révolution, que la mise en œuvre d'un pouvoir se1oo l'opi- Voilà comment la droite et la gauche ont pu s'élever
ouégo­
leur sécheresse classificatoire, au rang de sup rêmes
souve­
1. Nous now rt1J'O\l\'Ons id Ids prts dei •naJyscs divdop ries identificatoîres vibrantes d'affectS et go rgées de
d'idées
ni:rs. Rarem ent aut:..Ot de passions,. d'CVèncmcntS et
pén par jacquts
JuUiard dans sa contribution au troisième \'Olumc
de l'Hi.su,i" d,, la Fl'tJd
auront aussi nécessairement confluê vers dewc pau�
d.irig&, par André Burauièrc et Jaoqucs R.e\id. Il �t'S
distingue, au sein de la CWtutt
p,artidairc frança_isc, trois sy&ti!:mcs sur la durée: ent-ils 1
un système idéologique• UD pour défmitivement s'y fondre. Ainsi enfe� ."::,:
$)'1têmc éltttoral, un sy&tême gouverneme
qu'il )' • un système de ces S)'ttême,, qui
ntal. c� que oous ajoutons, èat
et la mémoire d'une manière d'ètte en polta quc. Ds dis
leg fait se 1:enir ftroitemcnt (cf. L'Èui I ,1ldOJ<al : le
a 14 Co.nfliu, Piuù, Éd. du Seuil, 1990, p. 34:}-3'17 us Pa
par 1eur omm.presence ce qu'elle a de P
. •
en particulier).
106 LA droiu tl la goucJ�

primat de l'identification sur Padhésion


.
de la droite et de la gauche, c'es1 se r Parler le la
econnaître d ng.g,
camp sans appartenir à un parti - mais
il est ditlici""'
panem•r a' un parc1• d ans un mondc ou' 1 ] •
. io cd,1'Q �
es d1vis ns
satrices se divisent toujours contre elles-mê .�
i
ccne difficulté qu'est faite la fortune de mes, et :ob li.
l'oPPOsition dcst_d,
gauche. Elle est le tot.em ô combien express
dont cc n:cs� pas la �? indre éuangeté que d'une
_
if ,:lt;
d'avoir cornb:tt
6
une pohusaaon trad11:1onne1Jemem forte
avec des oraan: Sur l'organisation dualiste
tions politiques chroniquement faibles,
des sociétés coniemparaines

n reste dew< questions en suspens une fois de la sonc


di:monté l'enracinement historique de cette catégorisation
de la poliùque. La première est de savoir ce qu'il en est au
juste de son rôle, de son sens et de ses capacitês de survie
dans un monde profondément différent de celui qui l'a
vue s'imposer. EIJe n'es, pas sans rapport avec la seconde.
C' est qu'entre-temps, en effet, l'opposition droit�uchc
est devenue un idiome universel, ce qui ne saurait éttC sans
conséquence sur la solidité de son usage. Encore &ut-il
essayer de comprendre comment un produit aussi quin­
tessencie1Jemen1 attaché au plus singulier de l'histoire de
France a pu devenir un langage mondial adaptable à 1011>
les contextes. Est-ce au prix d'un détournement qui l'a en
fait arraché à sa signification d'origine ? Ou bien est-« que
le$ particularités françaises ont Cil p0ur effet d'amener au
jour une dimension effectivement universelJ e de l'expé­
rience politiqu e moderne, comme ,elle partout appr opriable
avec les catégories où elle s'est éteetivement coulée ?
108 La droiu et la gaud,, ,;satûm ,Jualisie d<s socüûs contanpon,i,,,s 109
Sut J'qrg"1'
s
d e rneure et c'est le plein de voix de, d<Oite, et
LA PIN o·u�E EXCEPTIO N ? e
r san e gauche , qu'exig e l'élection du présidenL
Po ùvo"' ··d. 'rès \'ébranl ement des annees De Gaulle, quan d
À vue superficielle, c'est de loin la dtS
u
persistance d l':lf ? �:Pmajoritaire anachèe à l'exécutif plébiscitaire
tique française dans son ê tr e trad la
• 1 945.
d c p uis . itionnel qui 1� Pol; . Ja Jo!Pq_ ·-ésistible et qu'• entre les commu nistes et no11>,
Elle pourswt sur son erre et •mnn.. it
pa .....,ssa , h.. lait devoir• s ,.ll\Staller, on a vu resurgir, avec'
panage droite-gauche avec elle. Sans dou la prévaJen'"'" .-_00n
sernb
de la gauche des ann� 19?0
te x êrne
disparait-elle à fon peu près, emponée J'e tr .:du
Je•p:,roSO . cialiste .et l'Union
par l e . part1cul 1ereroen
.. t {aste pou r la celebrati
,,
on de,
fascismes. Sans doute la droite classiqu la défai Oit, o q ue
un• ep srne fondamenta\ • Le centre s est polmquemeru • • •
e son- elle t�dt, . ,. •
1, an tagoni
tourmente frappée d'un profond disc •
rédit. E n fa�' b évan ou1. M ais 1 insist ance recurrent c sur \a nécts,.
revanche, se dresse une g3uche auréolée pr esqu e "-�cuon
· • de ses restes montre que le
en Ull
rieux, plus que jamais portée à s'affirmer
d'héroïsme vict"' . • ouverrure •
saire
comme gauch nisateur demeure. • La France veut être gau-
plus dominée que jamais par l'extrême-gauch e<>­ trOPisme orga comm e l'd'
a df e açon
•••
rcvelatriœ
e communïs tt rnée au centre •>
1t UC'S
Pour qu'il y ait une gauche, il faut qu'il y ait lique (Valéry Giscaid d'Estaing),
une
domination symbolique et morale de la gauc dt0ite.� : président de la Répub
lui aussi très intéressant. Un moment ct1
donc normalement par le maintien du pana traduir,
he se dans un moment
ge dans sa effet où la renaissanc e des socialistes à gauche, la dissocia­
vigueur. Un partage, simplement, récusé avec le parti gaulliste à droite
plus de vél\i. tion du parti du Président d'avec
mence que jamais par la droite ainsi supposée, sa
répu installent une SU'UC rurat ion claire ment q11adripartit• de
traditionnelle â s'avouer pour telle se trouvant gnance l'unive rs politique français, le célèbre• quadrille bipolaire,
redoublée
par la volonté de se démarquer d'un passé de Maurice Duverger'. À quatre partis, l'essentiel d u méca­
infâmant. Le
courant gaulliste sera le héraut tout désigné
de ce refus. nisme qu'on a dégagé est sauf: droite et gauche résultent
Même le phénomène présidentiel, depuis 1962
, n'est pas de coalitions entre des panis voués à s'accorder sur fond
parvenu à entamer la bipanition. li a pounant
altéré un de tension entre l'inconditionnalité gouvernemct1ule de
des paramètres essentiels qui conspiraient à l'ent
retenir, en l'un et le tropisme oppositionnel de l'autre. Il est même
donnant à plusieurs reprises la majorité parle
mentairt complètement sauf, si l'on considère la place du Président
absolue à un pani, le parti du Président. En mêm m dans le dispositif. Il est celui qui, c'est vrai, de par les
e te ps,
il a contribué à durcir plutôt la division droite-ga nécessités d'assurer l'assise de l'action gouvernemenul•,
uche en
en faisant en réalité la base et la loi d'airain de l'élec indique la place d'un centre qui n'a pas besoin d'ëut po
li-
tion tiquement consistant pour être symboliquement uts
fort.
suprême. D'autant que Je maintien du scru majo t 11l
tin ritaire à De sorte qu'en fait., dans un cadre instîrutionnel en
01Prui
deux tours continue par ailleurs à faire
vivre les bonnes
vieilles recettes de la dispersion initi .,_,. Tl jtO"'t tVJ6,
ale de chacun des l · L..
,.t)l;pîei-$iQn fournit le titre de son o.rtidc du .w,nuo,
camps et de leur regroupement man
ichéen. La pluralité PS et PCF à gauche, RPR et UDF àdtoitt,
110 La droit� tl la gauche i dualiste des soâitês co,tumtpo rainu 1ll
11isatio,
511rl'ortt:1
profonde avec les traditions de la des extrêmes dont le spectacu1airt affai•
République p . .
origines, c'est la formule de réparcirion de .• d,lJlVOtuci on •
au

cours des annecs 1980, sur
. des r orcc:lt� ,•01r mun istes
. des com ••
tiques la plus clas$iqucmcut �nracmê.e qu'o
n voit� P?11• . ,cp.1.ent
bl1� de déro u te et dc d,ccompos1tion du 5ystè:mc
ur finir
et se perpétue r . Une attesration de plus de
l'invinci�•� fo"'.: po fournira une •
illustration im':cusable. Mais ce
• •
lité de ce pays à lui.même. t ide,. sow:uque, ur que d e s en terur a 1a case • 1a plus notoire
. une erre • mene
Et cependant, quelque chose s'est cassé en serait • • • 1. Sous des formes
a d e gcnera
1945, Qut}
> . ce que le• pheno
voir • ' •
chose qui n'a cessé d e chemine r à bas b ruit, p san , son trava1'l de d'esagregauon s'ob--
uis de ,,ql.lt lus d1scr etes
plifier dans la suite des événements pour éclater, i,eaucouP p .
• de 1•·1so1at catholique,
enfin : à drone. 0·1s1ocaoon
toute l'ampleur de ses conséquences. Le repère ""e 1 a ossi
est q�dq aux valeu rs d c l' •
umve rs •
in dusme • 1 et marchand,
peu arbitraire. Il est choisi pour contraster les co n,·ersion .
deux apr: des mœurs : tout et qui pouvait subsister
guerres, à la fois dans leurs ambîances générales odernisation
et daDs réactionnaire s au sein de la droite, d'hostilité à
leurs incidences directement politiques 1918, est- �e fidélité,
. il besoin égalitaire, capitaliste et démocratique, a subi
de le rappele r , c'est, dans le sillage de la révolutio la modernité
n bolche­ irrémissible. L'exemplification la plus
vique, l'apparition du mouvement communiste, un recul non moins
avec \tl e peut--êtrc par l'adhésion de rcx..
effets de radicalisation et le reclassement comple parlante en est apponé:
entraîne à gauche. C'est aussi la radicalisation des
t qu'il uëme-droite xénophobe elle-même, telle qu'elle a repris
droites, même si leur thématique était dCjà en germe
extrêmes vigueur au cours des années 1980, avec la montée élcct<r
1914 ; la terrifiante expérience de la guerre totale en
avam; ral.: du Front n�rional, à un ultra-libéralisme d'importa·
libé­ ùon américaine - doct rine qui n'el':'lponait pas précisêment
rera les paroxysmes. 1945 marque en regard, on
mettra la fnvcu r de ses ancêtres 1•
longtemps à s'en apercevoir, le début d'une inversion
de La crise de 1929 avait exacerb< la demande de pouvoir
phase de portét séculaire. C'est la fin du glissem ent
à et les passions totalitaires. La longue crise qui s'engage
gauche, du fameux. • sinistrismc • orientant la vie politique
autour de 1974, survenant il est vni au bout de ttoisdécen·
franç,iise depuis 1815. Aucune force nouvelle n'apparaîtn
nies de glorieuse croissance et d'expansion de 1'Ètat-provi•
à gauche des comm unistes pou r repous.ser l'ensemble des
denc:e, s'est traduite en scos inve:sc pat un nouveau saae
pièces de l'échiquier d'un cran. On pourra croire un instant
de l'individu, par un retour offensif des principe s libéraux,
l'opération c.n passe de se rê.alisc r , au lendemain de 1963,
par une diffusion en profondeur de l'esprit pluraliste et par
sous la pression des gauchismes. Cette poussée de l'«• i
une désaffccùon marquée pour les pensées radicales
trême gauche ne sera qu'un feu de paille, annonciateu tt1
r base de p rimat du coUectif, au�i bien �càon nai.rcs que
réalité, en ses act·eurs mêmes, d'un retournem
ent radkaJ
de tendance. La critique gauchiste est
du commu nisme ne 1• Le Front national, dt"�nu dtp.lis Ion �bkfflOll na�
tardera pas, en effet, à se muer en criti
f�nu de Ce diSCOUt$ pc)W' •dopt« un posi�1• ,ocial '���à
que libérale.
Ce n'est plw�: seulement, cette fois, que la source à gauche t 11ui d()1U1(' d'•tlleun mol\1tf die fteustt 1',Wquc«t d'�-�dw,�
Ill tt'IOnttt d'l.m< ou,·.:nutt à b li.bêraldltioa del tnOM'I -
est tarie. C'est qu'on entre dans ttl«•
un processus d'érosi on, d)\-ani:a;c: encore � le ,iclk exuimc-drOitc tndiDQCllld« tl c:on,c:M
112 1A droite <-t k, gauche 11 J
du s«itrts u11r.t111/»l'ainn
:,0,,.·,. d11alist�
5,., rorga1i...
progre:s.siS-tcs. À 1el point qu_c Ja margin alité sym•
bictmenairc de 1989 a pcnms
Rêvolur.ion,
CO� reste r confiné dans une d'or�
de Je rncsur er, o. CJ,,,,. . e p omis à vigueur qui lui confère •
fonctionner comme scène P�mmv • • •
c dc l� p.o
�, 1t
·-...�, mc� ,ue.r Or il prend une venta
• b le • fam li!c ·"
u C$pnt •·
liti ••w,q ons d'une •
çaisc. ll n'y a plus aucune famtlle ensi asc c d
• • ou force Slgn_jfi que � .,..
ct dCJ ,.,3 tes dim ons se ul ement dans une p h
� rêclamcr de l'hmtag cati\•q cas 0ous sen
e ttad.1t1on
• _,. ls, comme o n e n •a

tenants de la dictature j�cobine


�1.Ste. QU&nt al.Ut U l>oio A uquc1 dan s un de ces momentS•sew , • •
et du salut par l tizti "00 siûon' 1 9 00 , 'Ia penecrauo n conu•
ou
lité de la puissanc,c publique, leu . l'irrê$istib�
îsè l'c>Cernplc
autour d c
le remodelage
r mlluencc pa démocratique entraine
de d�nir rêsiduclJe. rait en P&sse prin cipe
:êc du :ncamation ; moment au
Pour la premièrt fois depuis ..d du déba t autour de son
deux siècles, Je genër rcssonir, sous un
Jibcnê encre, en France, da t"Cgicnc de la duqu el nous verrions finalement
ns l'incomcsté et te nnc po liti qu es sttucru•
l'abri des remises t-n caust: cxr se déploie
i e iné dit , un e distribution des forces
rêmistes. Il y a Jâ ,;risag
mem qu.i, s'il se oonfirmait \Ul rnouvc-, nnc à la tradition.
rellcment confo e
, ne manque rait pas rurc ? L'hésitation est typiqu
C$$Cntiellement les emplo
is classiques de l'oppos d'altêrtr Renouvellement ou rup hui l'idcn•
ition droit jeures qui affectent aujourd'
gauchc. Car c'est à son princîpr
constitutif qu'il porte t­ des incertitudes ma con tinuité de
comme jamais en tre la
tcment atteinte. Faute d'extrëm
cs suffisamment
dutc. citê française, tiraillée sé
pour peser sur l'organis consi stants $00 histoire et la • fin
d'une exception • par où son pas
ation d'ensemble de
publique, pcut-(u-c a1Jon la ire,
s-nous gliu(lr à noue tou scênt bascule dans 13 pu re mémo
log,que d'un syn(me r Clans la
bi•p:inis.an, faisant s'a
centre deux gr.indes
forces sans arête $ idéolog.ffrooter au VAGE
nccusêcs, Droite et gauche
ne s.craic nt plus aJors
iques U'Qp LA PONCTlON SYMBOLlQUII DU CLI
étiquettes VC:itigi.a lts, que des
dêsenëcs par l'espri t
et vivre, par cet impêri quj les fit surgir te et gauche ont
cux besoin de soude Quoi qu'il puisse arriver, cela dit, droi
sité des camps travc r dans l'adver­ rice où eUcs se
l'$CS eux-m êmes par détonnais une vie indépendante de la mat
fractures. Mais il faut d'irrémédiables uis la planète.
ici compter sur Ja sont pritnitivc.meot développées. ElJC$ ont conq
prégnance de la de la poli­
culture deven ue une
seconde n:itutt. T EUcs sont devenues des catégories univcrSeHcs
le jeu politique dis que d'un côté informent le
tend aîm:i vc1'$ tique. Elles font panic de$ notions de base qui
:in

réduirait à un pani une simplificatio orai nes en aénéral.


du gouverneme n qui le fonctionnement des sociétés contemp
l'opposition, ne voit- nt et à un parti rion s inter•
on pas Cmerger,
de l'autre côté,
de C'est cette prodigieuse fonunc que nous voud
\·caux pani.s extrêm iculier? Car
phobc qu'on Cvoq
es? La tesu.rg en
cc narionalist c
de nou­ roger pour finir. Pourquoi ces mot�l:i en part
la rédu ctio n du choix
analystes, qu'une
uait à l'instant
de\•ah
et xfoo­ il ne suffit pas de rendre compte de
fhmbée Protestatai n'être, :1u dire des es, comme le
voici qu'elle s'instal re dêmocr.itique à l'alternative entre deux tcnn
le dans un p�yto sans lendemain . Or uffl. Encore
durablt:mcnt gc qu·cue risq font les explications les plus ordintircment allég
Je lango1gc
mnrquer. Le coura
nt �colo,gjs1e ue de f-aut-il expliquer pourquoi c'est prCcisêmcm dnns
s'expose et
paraisufr, de de la droite et de la gauche que cette réduction
114 La droitt ,i la
gauch, saciit és e,,num,portJÎ>lts 115
. duaUst� tks
.saatn•
,ga,ti
se symboli se le plus S11r l'c
volontiers, m t, incline
énergies inég ales scion les ême si c
'est av . , impatiente d u mal pr• ésen
pays - davant ec dtt l'autre . qw n et ch an•ge-
Europe qu •en Amenq • • ue du Nor ag e Par cx e
nip connu , re,o, rm es, • • En tre conscrvauo
d•. l•ta e aux . '
Le suffrag e universel, davanta g ten da nces repr ésente une d,mens1on
nous dit-on, dua1· ne de s ...
tio n extrême des o exi ge un e sn ent, la . leurs agents
� tions offe'.'es sinipJ ifi,a. .trre"ducu'ble' de s soc1etes que
_ consu·1uuv
e alors,
- Mais . pourquoi pa s
les oppositions bma1 SU)( citoy
ens. S .
res aptes a fi�
r se mblabl it �
o
en ' pro• e au devenir . ,
ne manquent pas, .-,sent re et ,e mou­
répertoire symboliqu
puisées dans l'his
toire ou em
es Parta
gti .,-_- e ce 1 est l'un des principaux en1eux,
plll squ
/'ord
'·u rs, a

e général. On prun 1êts..,
do nt Fr an ço is Go guel a p u montrer, d a, eu
tration avec le règn en a vu une � rru• ssait
quoi est�que,
e et le décli n du
rou ga e t
belle illu

ve,ntfll,
partir de l'h isto ire de m•la République, qu
' elle ,ou

en

du
parmi toutes ces blanc , Pou,,. tinente pour l'analyse du suffrage
celle de la droite op positions ,
c'est final I'opposition la plus per
et de la gauch e • , en d'epl-t d e
quation aux f:a1ts
tellement d'ail qui l'a emp crnen1 France'? En dépit de son adé
leurs en supplant orté, n on !>al l'axe foodamenral de la vie
P0San1 c omme an t les autres,
mais en s'irn, sa correspondance concrète à
l'opposition e n et du mou vement
perm et la conv derni è re inst ance de nos sociétés, l'opposition de l'ordre
ersion de routes , celle qui ressivité
ci des dém les autres, des est restée une oppo sition savante, dépourvue d'exp
oer a1cs, des républi cains
des socia listes travaillis tes cr
des conserva teurs collective - tour au plus a-t-elle perfusé dans la sphère des
cr des bourge
sistes ? Il est ois, des libéraux , représentations sociales sous la forme du couple d'identifi­
inévitabl e, nou e t des P!Ogr<$.
S oeiêtés exp s dit-on enc
ore, que dans cations répulsives réaction-révolution . Et en dépit de son
licit eme nt his des
qui se sav ent toriques, orie
ntées vers l'avenir peu d'aptitude spontanée à exprimer la durée ou à rendre
en mou vem ,
transformati ent cr qui débar la tension temporelle, c'est l'opposition spatiale encre la
on dan
s le temp s, il rent de leur propre
division e
ntre un Parti appa raisse une gr droite et la gauche qui en est venue à subsumer aussi ce
doute. Prou du pa� et ande pamge ccmnl entre l'amour de la tradition établie et l'espoir
dhon form un Parti du fu
dés • u len d ule l'i dée tur. Sans
ema! n avec une parfai dans le nouveau. De quoi cette expressivité multiforme se
.
&rc ssi e , de 184 te clarté
� �ote-1-d, ct 8. , Pui squ nourrit-elle au juste ?
qu 'elle n e l'hum anité
de, Prcvtsi . 'agi est pro­ Il Y faudrait, pour être pleinement démonstratif, une
ons,
elle se divi t que sur des
cl asse s • l' se naturelle souve nus et
• une qu ·, men t en dcll)( patiente étude de la diffusion des notions, pays par pays.
�ugne à , P1us touché grandes
marcher e de l'expé On devrait suivre, par exemple, les chemins très instructifs
en avan t rie nce des anciens
dans les in , par lesquels la droite cr la gauche s'introduiscnt en Grande­
1. M..,1n., ccrnl'llde s de l'in-
P>.,�a . 11..... 1• ".· • ' -oo Bretagne à la faveur du tripanisme transitoire imposé, à
.,... _,, oron1
� UruVC":- ncc, 1.,J< °""
11_ loch""'1
<t "-O. l<ll.-,..;'Y Of "h,__ -- J!.,·.,_
• ·-- """ .,.,_. •,. - . �. "' .,Poliâatl 1. � 4•.,,. l'ft>OlùritmltOftt, in Œuvru com.ptltcs, t. vtn. op. m.,
• 1981 , oins;
....-,. .
,-.'Vi<a,.,
&od Ù><
..,..,,.
/d,• Ld\,l\,&luo�•
• •Md � Il,<nso 'l'>,iy ld,ntificadon, q.., d>n1 p, 71. Tout le texte ut remarqutblc dan, 100 etTort pour QOIUU'UÙ'e une 1)1)0-
1. Bu<IJI, ,1. C.....,, O oo ln>°"& W., lde
. F- 1,1� ,.,. Mas, P\ol,boloaicaJ l'>-t(e­ lotk ration.odlc: dn pa.nis. Pankulièrcmcnt dipc d•ancntioo. aimiJ 1a m.aniè:tt
<f 16n-, <hfd cs •• u, /lo dont Proudhon monttt k •�SKmtnt dae deux puas mO)"ffl& cn.ttt Ica deus
• ·• 'b- N'"-' York Ao,o, Comp,tirio•v, pa.rds animes (p. 77).
,WUey, 19?6,p.
243-273. 2. 1A A,/inqu, - r. 11, ru,,.J,1/qu,, Pads, &I. dv � 1958.
1 17
soeJ.tâ co,aump,,roiNf
d1u1lutt dd
116 ,..,.,...,,.,.� s,,, r..:o
•,-.•,,·o,t
Prisc de
tra duct ion, css11cra-
t-on de

contradlc...
tte c nttc
· u-a,v at\ o:; p ar 1a
• \'-
panir dc1 élections de 1906, pnr l'av�ncmcnt et la tno ce l-r l , • n.
çte r.nso
de prcnn,
c
lClt -"' u• ....,, .,o�t h�bit mene.,
•- • oou·c.
en pui,sancc du Labour Party, 1U$C\u'i, ce- ctu'il wpp1:n -q p" où o n e5t ra boliqueme
nt \c
tnO"�-• c r
�ssc m b1cr sym
Les Ubê-raux comme seœ,ndc p-ande foret dans l'tn� t de et d c puche
-rrn.
tiOl\ IJ) e:rode, ,,. ,••-c\UC «nn e• de droit• e • . C' est
guerres. La muhip1ication compnrotivc des CIi& devrait flirt u• n en
.,,. pl
e J'id,enùfic
oùo m tcsun,

.U:
ltUOni.r tes facteurs d'cfficacitê qui on t pe rmis chaque foi i ces p ,. art '-f.CS
-�- ,aae de donner c orps deux scnes, 1 •· cXJgencc de
à la nou,.•c.U c divil ion de se surimposer avec SUCICès , � . . de ces ' . • ''
,,,,,,,.......de rcnco ntte •· ' 'dU Cl 1 a posSIb I1ltC d m•
division$ naüonalc:mcm en vigueur. L' entn:pris e d!pauc •• poi
, n t par 1 Ill d 1v1 du
du social nt noue univ<R
de beaucoup l'èchellc du prèsent ts1ai. Quand et comm t:tu r, r9bilitt ctions qui d échire
qu nous
le c liva;c droite-gauche 6t•il dtvcnu le bnpgc familier dt ;!"me< Je, co«radi a>-ou e pc,ur so sou rce,_ �
qu',1 lotcnhsaoon
dC$ voleurs
systèmes n:p résentoùfs qui en ignora,ent or iginelleme nt r,it roltn< rcUO rt profo nd de ccne qu'elle
le
\'us.age? Question passionn•mc, don1 raplorauon appor.. parait se
1itutt
d e l o pc,liti
que. C'ttt din,
omni vore prim ordioux
tttalt W\ pendant i:clairant à l'a.nalyst de sai &â)ffe meott ..,,nipotente u dct quelques rep èta 1
dort navo nt abte •
ici, mais qui ne demanderait pas moirn qu'un bvrc à pan p0tticipe e nom est h3bit
none mond
entière. lfÏC C: auxquels
liquc poli­
À difaut de pou,.--oir faire plus qu'tn ia)djqucr le pro,.
i. ùnn� �e base de toute 1vmbo vi•
gra.mmc, on rormulcn deux hypothê$CS., ou plutôt une t.'v"c dee ,é:qûh; ntific"ùon de l'indi
d'aut oriser l'ide
h)wthèsc "ot1blc �ur les r•u,on� Je et D)'Onncmcnt \UÙ· dque, en effct,
c'm puis� te
ro.ut que 1'aclcur singuhcr
U
,·crscl . Le premier vc.na.nt de l'hypolhbc reprdc l'anaqt duel au coUcc tif. puim y adhên:t c.om
mc:
1e tout, il faut qu'il sur
subjectif de l'oppo1ition enlre droÎlc et g:auche ; le second. (bns fut
re:conn.a.'itre
le ram ena.nt i lui-même. Telle
son inKription ob)t'Cti,,-c dans 1e cha.mp po\iuque dcfini par ensemble sensé e
n mm e
n des fia:urati oru du l()Cia1 co
foncti
des nuUé.nailes la
o ations.
ltt principes fondatcun de nM socif:tél Son premier motif vi.riantcs et ,unific
in.n m'on. b\ct trè-1
majeur de succès, sug&érero-t-on, est d'autoriser l'idcnufi. corpJ, en lcJn
o
c une arc-hitCCrutC
rpNq uc poüèd USC
cat ion corporelle des ae1c:urs à 1'cnscm\k. OU lis 1,'inièrtnt. Cette 5ym'ootiquc o organi$3don rclig.k
insèp a rtbl e d'u.ne �uti
Par où la di\'1$ion droite-gauche rcprés<nte en fait un sut. ptéâ5c. Elit est de: la conun
titut à l'immé:rnori11le 1ymbolique de l'organicitè daJ\s une . Sa clh de \tOùte, c'est ruruoo dt-Couic
du monde
ent in\'\sib le, union dont
lociétè qu1, â la d11T'erencc de KS dcvsncièrcs, ne peut pl us ttn1P"b1c avec son fondem cnuc eux
1e1 m ctnbrd de
se- rcpréicntc:r comme un corps. Le second motif procède rnelle qui soude symbo­
\a eobésion cha dite auuc mtnt, die est b
1c e
d'une tout autre origine. Il résulte de ta logique mê:,ne de la corontunauté. Pou ot dêsi;:n c corn.m
r
que l..,oUÎS oucno
la lêgltimi1ê c.kmocn.uquc et des antinomies qui en sont lique oblig:C de cc
insép:a.nbks. Di.nt une société q\U ne reconnaît pour fon­ ._...pcdl.....-.,a.
,,....J>.ÂI ttiH,
C:ANKftl &i,
dement que les d roitt de s indMdw, non seulement il y a Jom•UO'"llW'I
,....
t. � lf'fff !'Id�
...... Jt ,..,_
....., f.l ,wiMÎifl#
n�,alNmcnt di\'\,tOI, '-W" la marutn de la: tradWTC Ct\ G.,.,.........,
pratique, mais il n'est pu de po$Îtion politique $C rêcla- Nieobt Philip�. l()Ol,
118 La droite e1 la gauch•
istt da socié.tb conrt.mpomjnes 119
Sur l,'qtgt)nl
·sau'ml dual
modèle bolisre de l'organisation soc
iale. Lorsqu
m.autê du ,out sur les paru•es, 1or 'il Y a J)ti. s e n proie à un problème majeur
d'ide.n-
squ'il y a a des soc t ,e·
·c·
supériorité du principe d'ordre co
llectif sur les
ntériorit'
e tn.cnto•1 ns •. d'identification p0ur
leurs propres acteurs.
,
indi\rj; t -en ten d o. ,., � uava1·11·ces pour nen
c'est forcêment en termes d'cng 0•ré ...,
.nui ne vont pas ctre par
lobemem au 's
corps que se trouve rcptt$ . p . . sein d'1""
, Des soc1ete • d su bvers •
ion
contestataire et des entrepnses e
..
. Cnte. ce t un 4 .
� rre
nancc. Le lien entre les hommes �ratif d•a u ne 6
lement au fond., sous des Visages
a symbo�1quem ppart� c.a1es tendant semblab
de lien organique cout le tem _ _ ent 6KUft rod1. • communau•
ou il es� metap rétablissement de ccue cohes1on
posé au--dessus de leur volante. � � ysi q oppose•s, au •' • ce
Cerce ec·onom1c uerntni . de cette définition arrct
'"'"''
ee de s01,.de cene coosaen
a eu dans de nombreuses sociét cxpressn-t • représentab.
és, et de façon Pa 0 tant qu'emsem
blc. et par 1·a mê.me de cette I•
mem forte en Occ-idcnc, un su rti
ppon privilCgié en eulièrc,. . • du p0int de vue des indiv '
•1Il<
idus auxquelles l'image du
'

" tc:i .
sonne du roi. L'incamatcur la, J)C:r.. '
royal est exemplaire corps a prêté sur la plus longue �
d ce d es soc1 � hwna1�es
être en lequel le corps politiq ment cet sc le. Ce n est
qui met ses sujets en mesu
ue se concentre toue
entier et son inépuisable et rassurante nches sensib
ns tionna ires (ou
tend, de se représenter la
re, grâce au miroîr
qu pas pour rien non plus si les passio révolu
solidaricé physique qu 'il leur contre--rêvolutionnaires) ont culminé au XX- sîèdc, quand il
ensemble sous les traits de i les tient
dualité matérielJemem et
son absorption dans un
e indivi­ s'est irrécusablement avéré que le déploiement de l'univers
mystiquement dêtinje_ démocratique passait par la division explicite de la société
11 faut �voir cet çnracin
emtnt â l'esprit si l'o
n veut com­ et l'înstitutionnalîsation du conflit, quand spécifiquement
prendre les nostalgies ine
tion monarchique a pu
xtinguibles dom la pe
rsonn il a commencé à devenir clair, autour de 1900, que le
$Î longtemps faire i►obj ifica­ modèle taci1e de la démocratie n'était plus le dégagement
qu'il y va au tra\ crs d' et. C'es.t
' elle de bien plus que d' unitaire de 13 volonté générale, mais la mise en scène des
lion rdléchic : de la po une convie­
ssibilité même, pour les discordes cîviles. C'est à très juste titre que Claude Won
d'une figuration maitris indjvidU$,
able de leur sociëré. a détecté au crêfonds du dessein totalitaire une ambition
dans la modcmi1C in Car l'cnrré,c
dividualiste, historique fantasmatique de réincorporation, de restauration de l'un
tique est aussi ruprure et démocra­
da
p:lr la pene inéluct:ibl ns l'ordre symbo1iquc. Elle pa-sse social comme corps, où l'investissement sur l'égocratc,
e de l'incorpor;icion du l'intense rcperSonnification du pouvoir jouent d'ailleurs un
la dissolution de to social. De par
ute d{-pendance en rôle dëtenninant.
divine, de toute atta ve
che sacrale, et le ba rs une source Si maintenant, dans l'autre sens, les sociétés démocra­
de\·enir. De par la sculement dans le
déliaîson des êtres, tiques ont connu, après tant de trouble, un si remarquable
tout ordre en leur reco
au1onomîe originaire nnus source de apaisement depuis 1945, une stabilisation si frappante e-n
sonnalité :irtribuèt- à un _ De par l'impe�
des citoyens. Les pouvo ir qui éman reg3rd de leur histoire antérieure, c'est pour une bonne
sociétés contem porain e de Ja volontê partie à la mise en place d'un dispOSitif symbolique de narurc
concevables en corps es cessent d'ètrc
en cessant de se à rép<>ndre à des besoins auparavant frustrés qu'elles les
niveaux sous Je signe dCfinîr à tous les
de l'unité. Par doivent. ês:t•ce l'oubli de t•anc:iennc organisation organi(lue
où elles s"avèrent
et sacrale qui a fini par venir, autorisant l'accoutuman,cc à
123
1,orgarus·
122 la droite �1 la gauch� sociétés œ,ue.,,,p<Jfflints
an·t,11 di,alisre da
simp�ement, en laquelJe je puis me projet ption diffuse aux bases du
S11r

sans risque., puisqu'elle me traverse et me f n ns


er sa J>e'
ou che avec cette perce .,
dé i it, Ln � tt u5 · on r nd de nos soc1etèS • au soror
o profo
donne comme éclaté: dans l'espace publie j Ce p
me nt de climat 1 crahle un
ns'd'
, e Je qUi st .sangc
"'' , qui est p0ur un e part •co •
moi•même rassemblé. Si au regard de la Po O
1 1,• ....
..,, ire •
sCtnc Pol :e c_n dc l'ôg·
e tO
entau on spontane e que les acteW$
représ
me r:ange ou bien a droite ou b'1cn a• iti'"•1e ;t dan s la d'une société. Le
• •
gauche, ;e Pl.li$ cJlt1ngem qu 'es t ta for me no rm ale
devers moi-même être simultanCment d ce • 1a
à droite et
à iau:� se font e itaire par e,cccllence , ce fut 1e sennment que
passer immédiatement de l'un à l'autre, otol �our e� sur-
me rendre senuut un s�an_dlf a e ait
instan�
• .
nua.diction repré
ress ort ' .
tanément raison du partage.
Ce qui fonde à dire, d'aille�• que
.
l'e�pansi on
de nos
'°- ·
mon te, refu s do
es
ub
co nc rad
.
l� au pla
1cu
n sub1ecufpar la
.
on �. C c11 �
mc ,:o
e -ci• so�t parocu11e�
nn

a,ssance
.
. -
catégories s'efef ctue dans un chmat tre$
différent de de ses propr .
mmuruste, ou l c,ctens1on du po
uvOlr
qui présida généralement à leur -emploi cell.lÎ ire s au pô le co
ent cla c l'ém cipa­
an
dans Ja tradi faîre mauvais ménage ave
française. Elles y véhiculêttnt ordinaireme tion ':ucctif s'avère vite is elles ne
nt le manieh qu'elle est supposée servir. 1'-la
et l'esprit d'exclusion. Ici,
à l'opposé, c'est plutôt
éisrnc ;ion de l'individu ins app arentes,
sous- le res en rêalité, pour êrre mo
signe du sentiment d'une ultime soli sont pas moind dividu
darité des term une secrète affirmation d,e l'in
opposés qu'elles se répandent. Je ne es au pôle fasciste, oû
puis être que auration du primat o:rganique de
bord, mais îJ C$t inêvitable, voire nëc d\tn uaversc et travaille la rest
essaire, qu'il y ait totalitaires mettent e n forme de
bords, C'est unt autre des res deux_ IJ Nation. Les idbologies
sources de notre oppositi nëccssaire à l'Unw EUes dévt..
que cette souplesse qui lui perme on théorie de l'histoire ce retour
t d'exprimer aussî d'une conviction iden­
l'antagonisme le plus radical que bien Joppcnt deux versions antagonistes
la co-appanenance rég peut être qu'en vue d'un
des parties en conflit. La droite
et la puche furent le drape a
ltc tique : s'il y a mouvement, cc ne
côté fasciste, comme
des passions cxtrèmes en POl
itiquc; c'est une �conde
u dénouement. Il est pauvrement conçu,
muna . utaire et rnci.ale
rière qui s'ouvre à prêscnt
pour elles, oü elles seront
car ­ simple rétablissement d'une vérité com
et rëvo.lutionnaire.
blème de la modération. En
s'organicisant, elles ne peu
l'em­ obscurcie par la concept.ion matérialiste
iste, comme abou­
Que perdre en virulence. L'a
venir le dira. Car il y a gro
vent Il est puissamment pensé, côté commun
he de l'cspêce
parier qu'avec cette l"CCOD.$
tîtution symbolique d'une
sà tissement réconciliateur d'une longue marc
uc;tion d'clle­
sion en corps des indi\'idu ad hé ­ humaine vers la conscience dans sa prod
s !lu principe constituan prèsCnt vers le
sociétê, nous n'en somme
s qu'au début d'une trè
t de Jeur même. Le sc.ns du parcours qui mëne du
le mêm e : l'aven,ir
histoire. s longue furur n'en est pas moins foncièrement
i intolérables
ne peut consister q·u'en la f n des divisions
l'essentiel sur
C.ette incarnation de la d'aujou«tthui N'Qublions pas que c'est pour
contlictualitê ne prend toutes l es solu­
se.ns que si on la rappone
à l'expansion sous-ja
tout son cc mode mythiqu,c d'un devenir porteur de
tré progr essivement
sentimem que la contradi
ction app,aniem à la
ccme du tions que l'idée de l'histoire a péné
t du XI� siècle.
-a tel point justc.mttit
qu'elle se rifractc
rêa.lité sociale dans la conscienc:,e collective depuis le débu
regard, à la
en chacun de On ne saurait accorder trop d'attention, en
mpgraÎ1141 125
sociitù conu
duo/isu des
La droit• ., la taudu -•jsaIÎJJ"
124 5.,,..... - ue ?
sé e : • Mo
n opinion politiq
pen • • • trouve
u i a brutalemen t di•crédité ta rnërne on msnnct - ,e e ••
, crise de l'avenir , q
c:n�
.
· Mon.archi 1
su r inte rro ge rn
années 1970 à loq ucllc k .....uon as • Mais si j' =e
-'-'
coup de la grande crise des . en Al. I> s. An·
i:
ns tou
,.,.,n' q ui est d a bon moment.
iouiours, l'c11Semble de ces figures de la _r�concili ation, Je ,ii ction
se h em ina it
depuis un • ' • '·lair • dc
l• ,c:o n�r< q ue la cho
c
r
séistc:1 ou futunstcs, radicales ou modc ce. s•. Cc Qui s c,1 quan d c• qw ctait d ""
mome t d e C est
d 1 au
une autre • d entr
-" a tre

. • ece • • ante un d"1s-
• wtc� '
proprement dissous dans cc n cnsc, c'cst la • st p,
M•.15 C nec isolé ten d a ev
e
quelcon q fin de l'hist ire. Nous voici
P<n-
•-'• • commune. Car 1c
enw.it e
pective d'une ue o
Pll>- ()(l• "e • une m
•• '!i ' c ce et d. d e 1•·mtclli
jcté& dCV11nt un l\'Cntr mde n1mcnt ouvert. C'est par f1.PJ)o 0 si. o•r de çro yan < Iever d u pur exero•ce
r
fa u t comprendre le rct� p
cesse alors
de corporer corn me
à cctt• bé,mcc de l'incormu qu'il eO ost llt la éalit é p our s'in
marge de mettre à mod.,-
r
et aux principes légitimnnts d •
aux sources doctrinales u es et se
gene en e aux p raoq les
notre ?'ond�, q u,'il• aient pour nom droits de l'homn,� <: sformauic rtemcntS,
ircc tran blem cnt les attiru dcs, les cornpomanière d'ha•
\ibérahsme, mdmdualisme ... ;., iJIScnsi nouvelle
g énér tr, peu t-ètrC , u ne
Cc qui fait le sens de ccnc reviviscence, c'est l'idée qu'il a1tc n1c
s-à
ique. ition
n'y a aucun dépasvmcnt à attendre, mais qu'à partir dc biter polit la n ant d'imp
uter à une dispos
it ainte obje c­
L'erreur sera u e soc ia le
m
ces données et de ces règles de base, un processus de créa­ rclév e d' une logiq
ue cc q i s;
dans les individu
u
tion indéfini cst pouiblc. Elle s'accompagne de la prescience psychologiq n'est pos d'abo rd
ncrad ictio n tioo
que c'est au sein de ces principes fondateurs eux..mêmts tive. ui co système de dffmi
que se trouvent les racines des oppositions insunnomables répe rcut e, rnais c'est danS le rnent inscrite.
elle s'y qu'eU e est prirnordial e
so iétés ociété
auxqutllcs nos société, sont en proit. Oppositions qui ne mêm e de nos indépassable de la s
c
adicti on n ative et
font pas que panaier l'esprit public, mais q ui•• réfractent Elle est la contr fonde­
tte socié té qui ne reconnaît pour
ce
en contndicuons au sein de chacun d'entre nous. Comme des individus, de qu< l'indépendan
ce primitive
de to t droit
ment et sou.rc c d'êtres originai-
u
à l'ordin4ire, révé.ncmcnt est le révélateur d'une gestation
e l liberté et l'égalité
souterrainement â l'œuvre depuis longtemps, Cc n'est pas de ses membres, q u a

d'a ujourd'hui que des esprits lucides et libres avaient rement détac hés. al<, on pourrait
donne r la fonn ult la plus génér
observé sur eux-mêmes le travail de cet inconciliable inté­ Pour en de corn·
contra dictio n inhérente au mode
rieur. Valéry note ainsi dans ses Cahim à une date parti­ dire qu'elle est \a naitre comme
société qui tend à se mécon
culihcmcnt intéressante, en 1934 : • Ego - de droize par posiùo n d'une éeartc lée entre les
insùnct ; de gauche par l'esprit ; de droite au milieu des et ,qui se tr0uvc de cc fait cooa-ainces
société
son id�olo aie explicite et les
puches, et de gauche au milieu des droites ,. Ici les idées me réquisitions de Elle est
son fonctio nnement d'ensemble.
répugnem et là le genrt'. • Et de préciser encore, dans une implicites de face visible et la
tion, si l'on veut encore-, encre la gjtimité. La
co ntradic
d u principe
individualiste de lé
1 Kr.r),;.ttof l>omian • U crise 4c l'awt'IÎr •• LI L>dt.at. n• 7, 1980. Rtpril face cachée
daN. Sur 11maour, hn5, G1tlim11rd, • r�bo Nlto.rc. 1ffl,
1, P•\11 V1lc:ry, Ctœm, Pàri,. CalllmatJ, Bibl
p. 1494.
i la PlciaJc' 1914• L Il '
l. W., W ,. 1. n� p. \491•l
492,
126 Lad,..;,,,,"''""""
dualù1c da ,«Ntâ œnumporaina 1?7
$tJr /'or,:aniultio,r
�,é qui sc pc= <1 sc pose, avec
les fonn
idab1..
que l'on Hil, comme socié1é Produite <ft, ui• sancc
collective don t les rctomW-CS en termes
Par la v de: la p
individus est d'autre pa , c:,:iréal'.1é, SOCiét olonié;: : c:e contraignante poUJTont être ravaaeuscs.
e an •
norme constitutive que d avo,r des

_
é dont
<'<11 � d'•Pl'"" ion es, la pou r en•d mum • • tttr la preuve.
md1vid us Po le de la Nat
et a laquelle il revient par con�quen ur ltlt L'c:xemP • •
mdiv1'dus pour supre: mc va1cur
1 de les Pro rrib
n n ait.te la libcn.é des
.
lemcot, c:bns le premier cas, c'e duiro. R,CO •• ' L• • ' •L
st i chacun d'ais\ S:: ,r.1C d'aucrc part
OU\-nr WJe came.rc IllimUIC'I:" a I IUlOl'I�
propres rc1ponsabilités dans un cad lm 11gttu
cr ltt de chacun ayam vocation à J.C
re où la sphtrc
pu� •a.le l'indép enda nce
doh êut aussi limitée que pouv oir d e tous vi.mtcllcmcnt étendu i
second ca.s, il C!il ottnbué à la
possible, a.lors
que, l0$ convcrtir en u n
SOCS
puissance collectiv d le 01 Lo soc1été hohstc

rcpon d' 'i
ait d ans toutes ses panics
d'instituer tt de pro1é�r ses e 11 cha.rct Ja inatio n. Le
e, cie.llc de subord
ass.uicttis dans lcurR
lrut :c ·seule et ,né.me logiqu
d'indmdu s, a,� « que cc-la rnên:ic cntr1inc une dis:.sociarion cfu
comp,éttnccs c1 de ses mo
ni8(! d'élar gfsscm
c-ru de ICI rcrwie.rscmcnt indiv iduaJi.stc
yens. point de vue indi viduel et du point de vue collectif. gén�
C'csc li Je Km profond de-
1ion sociale • avec la rév
ce q ui ttlarcn co
mme, qtt4 rauicc de deux logiques a la foi s solidaires cc: anragonistes.
oluti on indus1ricllc une logiq u e de l'c':m:ancipation et une logique de la socia•
ffl f1j1 dk 1u stin de ma js quj 'uraia
la rt:fondati on pofüt hsaûon. EJles son, intclJcauellcmcnt cxdwivcs l'une de
par la Rnoluuon français que cntrq,rist
e. Il n'y ri r,as un l'aurrc tout en n'allant pat l'une sans l'autre. Fondamentt•
cohérent tt oomple1 par ordre libéral
lui•mêmc auq uel l<'S lcmeru, c'est en foncùoo de l'impossibilité de tenirc.nsc.mb:t
1un.icn1 1m J)Olé du luuci:ouvriêrt:s
dehors des inHéchiss ces dyn:.miqucs inséparables que va se détcnnincr le chllt'I)
oorrt.-ç1if1J sociaux, Il y erncm11 ou des
n un dilemm e imtmc des cnmradictions politiques au se.in de nos sociétés. On \'a
entre 50f1 tndron, où i l'ordre libér a,
rtgnc: 1-t point de Id y trouver c:onsuimment op� c1 constammcnc aUl>­
la fibcné et de vue cxcluiif dt
l'1mé-rê 1 des r>erson ciëes dans des versions symétriques et invenet.
i1ppc1Je, au service ncs. e1 un envers
des mémos fini, qui
SQc1aJ. C,e qui f.au l'cxtt n-..nn du J>OUvoir S'il unponc de précisct la tcncur de cette articuJatiœ
du cornprorn,,. cnlf'C revend1ca1ion d'ind!pcndancc cr obligation d'appar­
entre Ici dt.:ux lo(J.iq lant bien que mul
uc11 dan, le cadre Lrouw
n'en dé-pl11� au. dt l'É1a1-providcnct tcnnncc par rappOn à J'analyse qu'en donne Dumont,
libeniux, Je dcsti ,
d« 10C�l1."!I libt111 rt 1név, 111blc
Cl nonnal
c'est parce que ce dernier en a titi: une intcrprftation c-xlfi,..
lcs.
11 ne suffit donc mement suggestive de la polarit� droi1c•gauchc 1• Il propot:e
pat de dire, •près
di mension hol1,1 louis Dumont, en 5Ubsta.ncc de regarder b puche- comme Je parti pu
c 1urv,1 n��1t que r,
fo\un d1ffuie ou rcmcn1, m�m cxccllc:ncc de l'idéologie individua.hstc telle qu'elle s'llffürr,c
déniée, au miliC' c si c'est de
�r l'idN>Jogic u du remo et w'ép.anouh d2ns le sillage de la M•olution français.e.
Ùkftvidu.a:lai,c, delage opérf
lcme n,, <lie se 01c ne 5e ma1n Tandis que la droite n:prêscn1cr.1jt en regard le parti de
tmn,fonne et dnv11 11cnt fltls seu.
elle se démuhi1>l1 niage , A de l'im�rotif holîste forcément maintenu. Ainsi l a domina1io-n
c . La rcdéfmn «n• inH'iJlrds.
d.-. •o lon,.. k'Nl dc l'CO:M:
son..,r.e,,. •11 mblc a panir
au,., sou,,-. 1, L,o1ri, 01,11110m, • $us l'idokllojpe pol,liqlK' fr,uiç,ai,;,e, Vne ptNl)<a:IIC
d'une dyno
mique COffij.\llrtlJW •• lit Di,11,ii,, n• ff;, 199().
128 La droii, « lagau,:h,

=
poraintJ 129
on dua/is1' des socütb comem
idéologique de la gau c scrai1-.,u Sur /•orga11,s· ati
� � c!quifib�c
des pouvoirs conscrv
� �•r l a dro1'.e au scm
pa, la ialisme un� gauch e par-dessus lout
O c sorte qu'on aboutira
�lt
de la loci.t •t ave c le soc
'. ' au 101 1 a n e s01:c d'•- .-._ é
t\P� d'organisation collectJve et ne concevant plus
conflictuell e de la mplcmen ? . � p soucieuse
ell e que dans Ie ca drc d' un pnm ' at
bement des opposes, dont
<;<> tante hiérarc
hique, Par
_,,; , . ancipation indi.vidu
lcrn ' •· •• •• 1 S •
Cll&Jo­ 1 101cre1 genera . urg, t autreme nt
rc'gle'·
Dumont a par
aiJJcurs dégae, . cnt matériahse de
ne sc rcfermen1 ?lus, e�tre
la div ision de l a gauch e_ qui _
L'interprét ation a le considéra .cs pobuqu C$ et I,absolue occess,te d e
division politique dans le
ble mt!rite d'
enracmer 1p
a riori té aux libert . . n qua. s e retrouve sous 1onn
o·1V1s1o , c
principe de consti la
des sociétés contempo tution � l'autorité sociale.
raines <t d'écla irer intestine au s ein de l a nouvelle exr,émc
tension essentielle qui ks fortement de contradiction
traverse. Elle condui la entre sa volonté de mener
dans ccne fonnularion t CCp pucbc, inex:orablement partagée
trop globale, à donner endlll t, el son terme en défaisant
latérale aussi bien de la une vae un;. le désassuj enissemcnt indivi du à
droite que de la l'aliénation du travail, et l'imposs ibilité d'en penser l'ac•
estimant grandement gauche, en
leurs contradictions sous­
Elle exjge, pour êttt internesà chacuoe. complisscmcnt hors d'une oraanisation par contrainte,
approprié e au matéria comme Élie Halévy le diagnostiquait justement en 1936'.
d'être compliquée à u histori
l'intérieur d e ses que, M•is à droite l e mou vem en t de complexification est
en chaque parti Propres termes
que se retrouve l a : c'est
tension des de� parallèle. L"expansion de l'univers industriel fait surgir un e
POlanrcs'. eou,.
Elle corresp ond, aile cmrcprencuriale, gasnée aux valeurs d e l'initiative et
en làit, au point de de la concurrence des individus, dont la cocxist.cncc avec
une inaac à peu dc!pan ; elle donne
prés adéquate de la les tenants d'un ordre hîérnrch.iqu e stable s'avère, là aussi,
en 1815. La, répartition des forces
gauche,, pour autant
à Plrcille substan qu'on puisse fon problématiq u e. Entre libéralisme et conscrva<ismc,
ûfication rétrospective P�dcr
principes de 1789, , c e sont alors entre le langage des intérêtS et l'auachcment au spiriiucl,
les libertés, bo ur les
, droite • incarne acoises ,, tandis encre la puissance mobile d e l'argent et l'idéal d'une com•
en face l'txiae que la
rarchie, d'appan ncc de tradition munauté te rrienne, soudée autour des fidélités anccstralC$
cnancc. Mais dè,; la , de hié­
l e t4bleau seconde Restauration, ec des supériorités naturelles, la tension interne ne sera pas
évolue, et a,·cc
1848 il change moind� à droite qu'on ne l'a vue se déployer à aauchc,.
complèteme nt
.
,. ct, "'-
"".._ "..,"""""'- •- ·..� •• "- 1. ffiïe Ilt,lé-Yy, cè,., du O"'O'"'f.d. tri• ,.,, 1, l«Mtlu ,," tt la ptm, Pari,,
ch"' ltt -tt... et d,q ·Pari,, c,m.n.n1, COii.
ltt ,._ • &... ,nt,"""'""i""
. 1919,"
- ù .,.._
Gallward.1938,,...H..,col.•Ttl•, l�p. 21.311C1,JcanubaMc-lOWlip,c:
�193 ). · -r-.,.h..., . La....,,. les• dèdoubletncncs rnpecti6 de la drone et d• la puehc • partitdu dOl'l'llline
2, On,,.., 1,1,, Pa,.., &i. du éoonomiqiM W,•.«roatfflC la llnltffl dt duw • (Il,,.,,,,,. dl "'-lu,.,,,__
ba,o 8obooo .. - - <ritlqu, ......... '
P<rtJ d< l'+a,Ut�
J)lld da�
.... 1'hi, .. ., .,_..,.,.,...
, M.� la droit< Nt le P<rtJ d, 1' Ubc-,1 tn ._ q
•wti le Por11 dt
.,.,.de Nor­
..,_ 1<
2 . ll 'i • là-dasus de'°""
•...,.,, Puia, 19-17, p. ,1).
pesa de Raymond Aton <S.....Espoirn J>tnlr 11M
tiid,. &... -. ,.,. I',. PwiJ. CattnaN>--Lh-f, (oil. • Ubnû de ra.prie .,
-- ®'h""...... - ....
,,._-;,.,........
"'°''- b
I',..._ ., 1
"'°">ln tc lOdalc C(l••<h• 1,
1 1957, en pa.nkW.icr • Dt la dtolte •• pp. 13-121, ll fuu 11an i mentionner u.ne
éd... Sn.i, D.,;,,11 � ck � buda d•Awd � dont ,e doit ta ""'Ce+r :t
1994: l l'amld6 de- Pierre- Manm, que je "mt:rdc vh-emwi. , Komc.rvstivcs und
130 la droiu tt la l"udu
131
wn dua/Utt da wcihh œnumponinn
Sur i"Df'l{()rtira1
u n•y a donc plus en prés,noe un pa
n; de J'in
un parti du tout. JI y a un parti qui le marché-une droite
a son Orii nodÎ>idli et . ste 1•a-
dc,r �o ent, l'industrie et .
dan, Je, droits de l' IVidu m�i• i t. vra •1
� ,
1
lit. logique libé rale tend à éloigner en sens mvc.rse
,. �� auqueJ o quc
. il y , a une puc
fait rtuouvor de I mtmcur I obs : �� ..risJDe con.sc:rvaceur., Et he qu..i,
édante qu<� 11100 de 1lJ,SSJ tou ... . .
de )'au
..:.
.
n a que n:cp ns pour
ma·,tê du collectif, et il Y � un P•� intransig eance collectav1ste,
signe de la sauvcganle de I autonte,
nê. sans dou� la
ou,s q,c son
..,,!� d �S W D
• .tOY�tics l'C\'t'ndi . .
1espl • ,
'
cations d u moi'bourgeoLS - une puebe
'6 , •·
pe:mcnt a conduit A s'ouvrir aux réq dêve1ap_ , indivtdu•ahslc ren d tres m1; ante" 1 cgar d
uisitions co nq �l'ln ts
u aussi quc la pence , • ' couu
k -••actuc Ile il
de l'.tacteur toonomiquc. t d 0yeas de pou voir. S1 compk:menlan
Sc tttrOU\'tnt face â face, pour oir, c est par ces dédoublements qu'ell: passe.
1

pfœminencc de l'individu et deux


finir, deWt vers
ions de P::1;.av ce �seau de contra­
versions de Ja p� la C'est en (onction du déploiement de1
r.incc, de l'onltt d'ensemble. de 1 tistoirc Πfera que
La gauche ..lori diccions, tel que le mouvement
nomie des consciences et la lib se l'a tl entre eux, qut le déchai­
re dispos.ition de uto­ l'exaccrb<r, dans chaque camp
la droite promeut d• prtl'ém soi ,�
,,e le juge de ses nement m(alitaîrc révtJc une panic de son s...� D est
P"'Prts inte­
rêu et l'entrepr eneur cfikncc.
C'est comrc cette précis�ment ,entative déses�rée pour khapper à la
001 d� i:nitiati\·c s égoïstes êma.napa.. contr1diction au-dedans de soi, dont par Ja virulence exter­
que la gauche lia
so,miss.îoo néœss111rc à la flinnc leur minatrice à l'égard de l'adversaire. JI tient à qudque chose
volonté de tous, Com
contre l'lmA1chic J1."): oplnJon me c'est comme une confuse prise de conscience de l'intme écanb-­
s et la <lzSSOJurion
du IOdaJ que la droite- uomisbqut Jement des exigences don, la morsun: pr«ipite la fuite en
mobih)C l'indlSpcnsable
spi"ltuellc, l:t contrainte autorité avt1nt. L"autonomie achevée de, individus par le coUecd­
morale , les liens de famâUe
dc, traWùoni ou te,: , Ja f0ttt­ vîsme in�éanl ; la fusion des lues au sein de li Naôoo
bit'n(aia de J"0tn:cinem
naJi31re. Ecam cn,cn du cm comm u­ comme \'CCteur d'une authentique libération; l'antinomie
cncor-e une fois que Jes
son1 pas monolithiques, camps ne ê:rig� en solution, moyennant J'aniantisscmcac de l'en­
t'l que chacun de ces
soa tour source de poinrs y en i nemi : voilà quel fut le ressort, historiquement s.irué, de la
clivage, 11 y ;i. une
ju:I.tcmem de l'bér-ê droite qui, au nom violtnce au réel et aux hommes qui a dominé le� siècle.
di,t, de la cornmun
1u1é, dtt hier.ln:bia Le tnnil du devenir continue, la wtidaritê cL-s opposês
'"'(;1111:1on1m Elh� •• in dans le modelage de notre monde finit par l'cmponcr sur
brui.in, êd., 11ribow-1-ni-& �,,l'lll.,_,,. 4rt "'"""'"
•ll� ¼lnlTllax .p1,1, \ffl4 Re 1 _.,"tm.i"'i., 0.-K. kalu:o,. leur intclèrable dêdùn>rc : après la phase de ré',olte, voici
l'S4 Ko.-ru, va � "6oni Oms.on,,� 19:J• pP. ts-1)6, et
a
venir le temps de la !Uignarion apaisêc, le momcnc où Je
•• •Vttt, dtn1 . Nll<1 1960, pp. 234-
l'tiurfo1•mc C'I 11 t.lnt noie-
dial«c1q1.1t dt la in�dlcc, , lA da!� sysr�me se découvre dans sa consistance de S)--Stùne aux
l!Ottl 1k. � �
� ... Ollw,r -. Qw lt Pllf"II n lt �
dr
n,r ,- dl.oaw,, lmiPQk1 IDffl'lt yeux des acteurs. Nous commençons • nous rcndtt compte
bl� de se Sfficlft' n"lllt� dn Cbeeta. lmpoulble de
nqu, , L'ut0p�, de la solidarité qui unit nos inéluctables controdictions
en se rbl�1. w dt 11 dl
� -. ...IIUl!II' l'Cl\ite- •• a • ,..._.. llttiquc du fftl his&o,­
akddQw � � • 111 IDOCNn avec: l'iocxorable opposirioo que nous sommes wub à ren­
V '- de � C'XUlf' • 4'li Il la._ i ÔOII
INlcn. fi� d'un mur­ contrer dans le champ pofüique - et de la solidarité :;upé­
rieure (J.li tient ensemble cc faisc:e.au de disscmfons. Je ne
1) 2 " ,., ,.,. ,A,
t.. .....
. n d,&.- 4_.-"''',eu da ,oa,hh t4"lmrpof01fttl l)J
pnur pune pn� <Oncndictoi tt, ttk nePt\Ur S,tr 1, ,o
,.
pas avoir de contndictcur. lm1>0SS1bfc d
•fli .ronn�cs tllcs
om ces� d'tmprum cr
ropd\-ade l'individu parun c6tê uns tt' vcnirnnc, 1.. Il-. ço m Plf 1effld'I -�A • -
d '
ac• J"a n cnno1ot:1f•�. m111 cKa sonc cou,o,
• t•- ' un
d'intcripd on collectl'-e par l' 4r.., 1
ul irt c6té. lm P<Jta1bl &itn � �'::,;.n , ùnpcm lcdc mkonn alu-e que c'ctt 4 l ru ' u ­
«ntmcs w-td ne pa1 trouvrr en f c,, deIOi , ib
e a un lA, C1 1 de t dtmoc:nac qu'tllct apputicMcnL Au fur
nmc qw vous 1cnd en mi,-., la 0,..... � a
ln,,....�dt , m "'; que repoussoir de l'Ancien Rè11111• 1'<11
..,.

propresdilemme, . l..c1m�me, hbén1ux qu , c l el


J �•cn1dt C1 t vo•n� ou ..que e pnnape du conJli1 t'e11 rhèl� 1o jo u n
u

.,..cmm, du r61e de l'Eu1 n'<n ttcb.m< or Pli.,,._ "Qa Pu 1 s apparte n ir i l'orp.n,uau •on d c1• SOC'tir.k, ••t aeroyan"' "•
d'1u1rc pan un POuvo ir fon, <1p b c d'111ur., 1 diP6, nd -� nous ,nuions dans 1'è1ope finale ver, 11 d- lfi•
l'ordrr. Et la""me pucllt qu, dê1<11e l �rc,uoo
1 f 1 oi
l
r • -
vrancc d•,out XX co n n.ièd . Ell e• mobthû d•formidabln....,..�­
.
rlp. senn'm 11tJ>1ttpumouu • l'ttl<nt Ond C0n la" a ' 1
" pcs. ra :iat I•li , t.. rieb , boulcvcnè le monde, c1 le con ll n
pu blic sur l'ffl>nomk Elle \OUdra
v
n ic voir J•n urevanch ll"6i, .,, ,ou ,o ura ,n a ,
le au mtlHOu du clw!a<' mcn l d
,
libc tde C1ffllla1- de s P<IIOcU>cs COnunandc, e t, ,ous lu ttp ère s , d èc1dè me n1 1ntnnùque 4 noirtunivus.
domaine de l1 11nmÏ.ittdon., çuand 11 droi e sendana o.m.:,le d'< n,snottr davanlJIIC le caractère consù1u tlf.
1t
dt r.,,. ra..., au prcm,c, p an l'im"'ratlfn ta tiooaJtftlt« C'c,I etprocc uus d pnlC dtconsdtnceqw teconc:tt
ne f'OU\'\lf'tl ras ne pas \'Oul l
o1r l'un ec l'autre; No.. cx<mrtairctne11 1 d rule 11 0u v<1u ua1u1, peu i peucon!Ù<fè rl
e

.o mmu vouit '-CPffld antt \lhCr l'un conrrc l' tre et oou. a 1
• • .., • � d ro n
e <1 puch: No u soommu doublc m<nl toli•
"°ClutftOUa.M klW'p:1iec licklatoncl1 aau ; maJ,
r .l,ffl\ daircs d e not 1dvtt1a1rc1, en c:ecada ' bord que c'tttau lffvcn
r l'<nd cohercoc,, &k>balc •u,,,..,,, de 1 co u tn
d<saJ-..,..,., n<>n n10.,. dct&a..,.
1 n rof n11110n ble de l' r o posm o
n
monde trouve• a.e m n1fn ur, tllc
• = e ux que 11 vbi1è d'enSffllble denoire
J,i;,nncknla ,' ldmur,cr •l'u�rnblc de que nous. Ccqw
C deM pouvolr 1
a dont c"m k p. op e queu
e,u
s do ouniq ut. En «d h c.
hn�,, ••ech.anacr. toue en r«onnai,Jam QP01 1t1 o a dct,.. qu eccqw 1' ffl ttt en ane 1 pos
daru le princ lp,,
sd:VIICd ' CW1.., auai,
foyttJ<l<w '"""""'''""'· Nous (n i• �,ne cequi nousnou diYUe
ncc
wm
d.an.la �� ou,,rni.han mcmt,dro&One"mPU<bt Jt d'a v ec nous -ml.mes.
On compt<ndm ie du rcs1e, i pardr de 16,le potsible
q ue Ol Ut �"r c nt nou n e po vo s
· dtJ 1 u n ch11û-<ro11,
'
PUch, <ontr-t la 11 t t t' COotrc- lht mctd'un bord al'aua-c,don1 leclis­
ux,

b P ..:r.»hc , ou bien de dtl


Pcn,f11nt Ph11d•un 1
dn "' acmcnr de 11 Na n d aauchc A dro11e (o umit l1aUu.nn ..
d'une bo1a�lc <ntrc • eclc. lelOtnb,t PGfllk,f� uon 11 plus f•meuse u o .• e L ria.de � ucou a pou.r
le pa"f ot a u ,.aJlu " t p molns la
�<1 la Rnvluu,,n, <nlr< l' av tn,,, <Dit\" r l'Anc;,o tt tl ll vtt, vo l" l' m ance de l 'o posni o n, comme les
la mv
incom
narc1,,., la h it rarch,c ..._...,-.dral<n,leaolrc,qu'Un'aucs,cde•• soUdiu!:
p
k, prw,l<i.ci tl la R.ipu
bl"lu<. Cvmm<nt ' " k<r
�•"" •n•rmnde,.._. ., c1c '" ' ' •n ,
1ik
n ,omo•11_b1,_11_. n1cu,, ,,.."' tr-t 1 C'ftl l'atJWM:nt cl llm dtOu 1 Rllait. •lA l ndi , f A CIM.1t,M .,...;/ A �-
..,,, , , Rorubl,�u• !"1<mronc k """""''" 1tAl,-.J,,• ,.._,,., . •
11

ra ,n ,c <I ••\c m b, , , « � ,si , ' .... ,..,_ f. 1..- t


l t1 d'u,1 .,, .,.,,, k>< u ons
'• le 1_ rw rt•Al11A .. ....., ,,,
.._• ,'4,.._.._
..,._ I .0.
." .,. _,._ .. l l
.,.....,_., Pow
, .O .f'l td 1m1,l.n ._ C ,..., �e>,.,,. ._ • t. _,.
_.....,_,_ ,
S1
tt ,,.,..,, • la
1)4 LA droile et la gauch�

si les positions sur tel ou tel point Som suscep


tibl
s'échanger , l'écan, lui, demeure. Et c'est l'aptitud e;:. de
de l'opposition en termes de droi1e e1 de gauche qu
• s• ult�nee e;,-.
toriscr l'cxp�s1on � . • d.� deux �'- "'"'nensions. a,._
donne forme a la sohdan,e derruere des antagoniste. ��
,
en faisant ' a .vt'·
ccho a'Jdi .S100 en c hacun. Eli e pe 1°"1
llnet de
figurer charnellement cc qui se présente éclaté au-cte.Jio CONCLUSION
comme un tout que je �uis ramener � �oi-mêmc ; rn�
parallèlement elle renvoie a � panage mume qu'i rnpliq� L, 'uniwrstl ei le singulie
r
pour chacun l'appancnance a cc tour.
Miracle du corps et de la conversion de l'espace objectif
en espace subîectif qu'il opère, par la grâce du renverse,.
ent
ment indéfini de l'exclusion murueUe (dans Pespa y aurait à conclure de l'apaisem
cc On voit l'illusion qu'il age
objectif) en intégration réciproque (dans l'espace sub,. au prochain dépérissement du cliv
jccûf), la droite et la gauche deviennem le vthicuJe de de 111 vie politique face po ur le
x fois prendre la sur
rëversibilitè symbolique entre l'individuel cc le colleeti.f
1a droite-gauche. C'est deu me
ctionnement des symboles com
. fond, aY plan du fon
L'outil ÇQgni1if au tra\'Cf1 duquel l'organisation dualist nt des sociétés. I1 est vrai que le
nos sociétès et la mobilisation dis.sensuelle qu'elle nous
e de au plan du fonctionneme a perdu de son inten­
impose nous deviennent organiquemem appropriablcs magnétisme manich�en des termes
r a é.tê rcriré en passion,
lisibles. Le repérage priinordial grâce auquc) la loi
et sité mobilisatrice. Mais cc qui leu
ation guerri!re est allée
contradiction du monde où je suis voué à vivre, a la fois
de ils l'ont gagné en fonction. La défl
ogique. Si l'éclat des
résume et se ttSout en moi, puisque je puis, au travers
se de pair avec l'enracinement anthropol
devenue le suppon
lui, être 13 contradiction et la dépas.ser, me tenir au
de emblëmes s'est terni, l'opposition est
t aux acreun la maî­
de la division et m'ègalcr à l'cnse1nble.
foyer d'une de ces identifications qui ouvren
trise symbolique de leur monde.
ction et de répulsion
Cc n'est plus à leur pouvoir d'attra
la gauche : elles ont
qu'il faut peser Je rôle de la droite et de
résentable un univers
pour vocation nouvelle de rendre rep
SLTUcturé par la contradicti
on. Et de cc que ces contradic...
violence, il ne suit
tions se manifestent avec moins de
s'effacer. Une chose
aucunement qu'elles sont dcstinêes à
8UtrC: chose est l'irré­
est la modération de leur expression>
ux peuvent paraitre se
ductibilité de leur principe. Les enje
er, le noyau logique
diluer, le contenu des conflits se brouill
1 36
'" '" '.. "' l"
UJ uJt. Condmrtlf't 13 7
qui COIIUlli� J.t di�tribution anraso
n'm dmx-uttpasmom, in1ae1 n. arran:. , •u .
nisrc dca Pt .
cet unlven■ llsmc a'
est en qu.clque�• ,ùili t
comPof.ition mêmede noire soclêre Tour c:n
t mots fluch<t,
puche· E d
. auran lllOdt \ Cmondiale de acs
la fol1ltl
ICrOaldansw, unlvttsoû l'indaidu csr au (� 1Q
e,:pb6nom!nede d,lfmd ion s'u utredansun pn>-
4t
politiqueaun forme d'aJfroo1ànen1, a tou Saurqu
Ut autn ""' • •
Jêolral de 111 b ihaacion
. des '.mocraucs qwcncn • 111 c
tioit • Jamais problématique mire P0UVOlrs du 1
-.,.
u r de 1• �
Prï.i� «:"1a France r•misc onca�,e_dc cette.partic m tt q ul
el. S, so n ld JO e • J)ê­
pwuanœ publiq�. C. D'Clt PII dent a111 �les<on rra terdansI uruvera
tions qui en résuJr<nr <t ne CChenr d en rtnaftrt
i
r.°n<1u1sai i 6 ae proje
cili e dCV<l nt 11 l angu
ye
e detoutlemoock, <'est mo Manl
uch e
'
entq nd
de l Î11D·
,._. _ , Et Pl<Onl, Dlffilc si c'est a centre 'IU'tllc. � ��pla ce u , ch111e la droi1c c1 la p
nêg«ienr, que c'c11 sou,l es auspi ce,ude la d i tt� :l'ord ina re et, q,uubl e cocxlttcncc descon
m trair e, en
pu cheque nous continu rons QQgtcmPS,6Ifs ro te h eu cl pla e c i de l 'a n raa on,
e , I Ptestrde . ,. ,1 .mc aans me�qw fu i leur teneur
La me11morphosc est fa11e pour f tr Plrd� d'onsinc, L'expa nsionde son v0<:abu lo or e accom p aanc , en
ressent>< dans un pays qui a invcntf c tt hcl, le repli de son moclUc . A mcsutt que ,es m ots
l
pour nommer l'ln<lCJ>lablede tes discordces . Leur klcntillca
.� tloa, a
p,MDI,cl e- m fm e rentredan, le rang,•• banalise,
tend
scm,nty.,ara.ît,plus qu'1illtura ann n ca le r , n
dc\'C'n&r une d&: ocraue comme les 1um:1.
a
, r
�.'llaadilseborne, mlUIJfcost cr,e u rc lêaa o,v niaae , il lul faul apprendre, sous 11
premonde
1nsulalrc ce ui
la
r <OOIJ'Ulll tOn, • rcpnlc rcomme s�cifid1t
c tlat,
lcus �ment derôle.Cet ulumc•• r r l eotnmc �l'è
p1n1 , dela commune croy11nocdes Kttw i, pourla,mé­
• a n q
1 0,u cas unuatu1 fotincmmen •l'«ill • einu du c o .,.,..._ en
1 u se ,. 11
nùnl ••• mplam,d' un mode de foncdonncmcn .
frlnca,., •lachanun-, du� cs du r L'muie
Drmte c l a.,uchc résumco1 c:n elles 1•� Pttten1. dans l'unr vcnabtê dfca,,,e
�, mesurer tttr<><pccdvc­
u mcnl la 1rfa i ,n la n1t de
� où la poli.
llq , rn,,,.,..1CCOD<,:\'OJ1 10us e S..,. de l'IWv<racl,
t e 1 au irion q
un,vcnab orc. � c1 prulaetscm
,.,..,.. J>r«»<mcn1 l <a p ocn• rnd
D'où la 1m to
vo qwai
i
de fa cl1r1ê <k e pH u1
h
1 ahcmauvcs doni i o en tr
olT<1i k lhdtre. 1815 ou k chouc e habi te diso nn 111�notions de droilc etdepuc •ttqui
,
l'An..i 1 a, R,s,m.;n la , t
R vofuuc,n ;l 900, dc nouveau, cna.. lle Ici coostitu c en notioru- mfo,oitc.
cnire a l'u ctkt l..um1<1<1
l s t
tenvo.tt\ tlU �d man.ffl
ou l e dilemme activeju.ttcmcnt pa e
:--1 1 ian; 19)
l l , e Dro ii, d l'homm
mc Utt n t viv1ntc1,ma1t dans une foncnon u ti
5, ov r..irr...tcmcn e e Cl Elks
qu' elles q ittndrc
c leur p runi ve
1
li1mc: lrt !rois m<>m cnu clés ov en,,. ralCbn\c et d,
jour plus ...-ns,bl• 11 d1IT<r<ncc 1,·c
l'opP01, on la chaque
kleal-
11
c,,.,all"c,1ur fond de l' rtisond l . Ill. CI sont 1u,ourdllw levectcurd'w- dh 11-
lnun � '- ' crc I
<ne i'msr•II• c1
••mcnt d t ro.,..nalnê fnnçoltc. Mais l'irucriprion
IVnt es ftlom rrur u .-. dansl'or­
c-ntt par de 789
l
op1111n, dcm1crc1 1 l<iO.tc �tdt ta dt u 1 , uv enir de
peut quo tan nlo lr parcontr
c enj eux 1 pu te sur ta dinaitc ne ast • l t so
u
..,,...,_, 1·......_ P1mcul1n1• fo ndam..
d c1,,n_ u... ,..,. On ......,_ l'ex c pdon. P lus eur....,. s'alisncra surla no ,•é llc norme
c ocmm wv ,plua ill lcw
I vu
P«r<oncl«ance d• l'u n"""'• h
«11, u
�«>loelq
11 nc
• uer c c p ss a 6 uniq ue
c u• 1 ' 1
cs revie ndra d'é voq
i1 t c!ivi,K>ns u
< Idel nes q ui 6 , l o QSt •m rs, d t l' M
�•fi tll
1 d c
d ée de l'flallt,, la pa,ricd é' 1l c u c o n d e l o p0 h li quc .
1r 0 J u u.in, le r 111a
ri ,... ca 1 lWl<I d.: 4ro! � C l de ain
POSTFACE'

L, diva,e ta.uch.e-droù.e a-t-il encon w, sens ?

us trente innées qui se sont koul� dcpui, la. rêd1c­


rion de l'érwle qui précède n'ont pas infirmé Jcs évolution,
sur le constat desquelles elle s'arrêtait. Ccllcs�i se sont ou
co nuairc pounuîvics et amplifiées. D n'est pas apparu de
fon:c nouvelle, à puche, pout repousur vers ta droite les
formations antérieures, confirmant ainsi la fin du • sinis,.
trisme• qui avait constitué la dym.m.iquc fondamcntaJc du

1. L'obkt � «ttc pott(a« ft11t11 d'.a:ualikr l'•nal,u historique qui


pddde _. m pr'CDAQC CD � kit .,,.,.ro,,,,.11o,� du diamp Id'- te'I'- d
polJOqlk: vntn.-cnucs dans la dcmiffC pniode, j'ai adoptt \Inc autre dêmatt:hc.
fai choUi die pri\"i.Ujpu l'-,.SC � ..- «ptm d'uo matêriMa cmpi,­
nqgc eunbond2nc dont dulcun • lts donnffl prifldpalff pttk:ntn , I'e1prit.
fti Wui de ciM4 l'cumc:11 da eoaionnuta i.JtCDOUIN, dn cooBpndoos
1)1.tt-..net C1 dn difcoutl pou, mt concctu:rn 1ur l'tl\,dd1QOn dn mkl•
tlhmcs fOlWamMUliwc qui ont p,tlidl a-a ch&Qp:mfflb ccesldf:nblel de la
ltt ne pohtlqllae: � n � dcpvb une UfflcaÎM d'an.nfel, Da:
c:h.ull(mffltl q\11 001 ktllibkmMt i:nodl6t la pi.ce et le coa.c.enu de l'oppoe.1-­
oon mm ta ptKht rt la droite. Mon but • né de ln rmdrc miclilS w,cc-Bifibln
en ffl'.CM.lft,N i UM ")'lm.don dnltique de eu n-oluôom,, Le lcet� iwpplikta
liM':lnfflc • r� d"ihtbalN)C.s co,.al1n qui aunknt �liffl'Mnt
acct1.1 l'ocposf a.aru Je, tttldtt plw kla.innL J'ai prvpoM da,n• l'IOltt"-11ci une
wJrM C"ll'ffftl ·:2 do ffllhloont dt- Ill IC:Cnt poliuqw � qui ptut
ca tenir li,eu : • Oroi1e et puche�, ttdHinition ., L,, DJ�,. o• 192• "°'"'mbre,.
dêccmb:c 2016
140 la droitt tl la gauche 141
Posifau
champ politique depu� deux sièc�es . Le

�•�ss:::,. blis. La scène politique fran­


famell>t , $Pect,.
du communisme , qw hantait I Europe !CS partages éui
• •• 7 par �a co�fronta­
depuis 1848 s'est definmvement evapo •
ré, en
(et le ,n
on es pas dom iné e depuis 201
ue l'idêe de • révolution • achevan . t:nêrnc t de) ça,s• n
grandes forces élect orales, la Repubhque en
de elllp, de ux • 1 _,.
. «1re c� o.on d lem ent nauona , qui'réeu.sent, Ylacune
t'
�tait de magnétisme. Parallele � qlli1. Ras sem b
e
mem, la dech I
ris ti•ni march e position cano­
a continué son œuvr� en ��ropc, �n ces
sant d'ali
sati u,
le ur a :n la valid ité opératoire de l'op
significativement les 1denntes poh.t1qu rncn: il. ;,., Îa droit e et la gauc he ? Bref, y a-t-il encore un
es, que c nique n
titre d'un uaditiona.lisme conse.�ateur, c Soit a � à réfléchir .sur cette opposition si longtemps
d'un e dérn e a�
or sens v1v ant nos vies publ

ique s, o u �

,aut•i l admettre
chrétienne qui n'a plus de • chrcnenne e de
• que le norn orgatll·sauic · · r •
d'un progressisme • chrcoen • •
• pour 1eque1 c�
, "Oir colle plus aux re a11té s d u 1onct tonncment d'emo-
uc s �ci ' qu,elie ne te un bagage plus encombrant
tion ne veut plus dire grand-chose. Autan
t d'ev�l urio fica- qu'elle représen
ctaaque, .
s'inscrivent dans 1e grand mouveme n, qUi convient d� l'enterre� une ���e fois? .
nt de pacific
atio qu'u tile et qu'il
d'enracinement de la démocratie n tt ns legmmes que JC
qui en a fait C'est à ptopos de ces 10terrogano
tndêpassab1e de la vie collective, Je cadrt ns res de
y compris lorsq voudr ais apponer quelqu es réflexio complémentai
fonctionnement engendre Ja fru ue $-On
stration et la dés
affec nature à actualiser les analyses déjà anciennes développées
mais sans donner l'idée de ce
qui pourrait la rempla etio n1 ci•dessus . La thèse que je soutiendrai est que si ce clivage
L'étendue de ces changeme c r,
nts du climat POiiti droite-gauche a été relativisê par d'autres, s'il s'est brouillé,
DO$ sociétés est telle qu qu e de
'elle conduit inévitablem
en s'il s'est complexifié, i l conserve son ancrage et sa ponée.
demander si ccnc division encre tà
• la droit e et la gau se D a manifestement perdu e n capacité de mobilisation élec•
telle qu'elle s1cst imposée che •, torale, mais il garde sa fonction identitaire. Sans doute
un peu panout) au
Europc1 au xix-- et au � moi ns en
siècle ae relève pas d'un même celle-ci s'est•elJe approfondie en se déplaçant. Une
il'T'Cmédiablcment révolu. pas � chose est de se situer soi-même dans l'espace des opùons
Consc�n!-t-ell e encore
nencc pour dCCrirc le une �rti­
partage de, opinions publ ouvertes au choix démocraùque, autre chose est de cher·
manière dont les citoy iques et la
cos se situent eux-m cher la juste traduction de sa position au sein de l'offre
nissent leur position dan émC$ et défi..
s le électorale. Il se pourrait que la première de ces fonctions
dichotomie n•cs-t-dlc pas champ politique ? Cette vieilJc
qui ne peut plus dC\•cn uc un objet ait pris le pas sur la seconde. Peut-être que la perplexité
intérc$S.er que les archéologique
que la question histori ens ? Le fait devant l'offre partisane conforte en fait la vîtalîté du clivage
re\llent avec insistance est au niveau du citoyen individuel. Les conditions et les moda·
fonction de données dans l'actualité en
indiscutables. Un lites de cette prégnance permettent en tout cas de mieux
d'électeurs déclar e nombre important
le di\Jage dépas en discerner ta raison d'être.
son vote en foncti sé et refuse d'ori e
on de lui Des fo nter
les mou vemen ts rces nouv
elles comme
écologistes ou les
se sont développées mouvements
qui bousc ulent les p�puJistcs
repères classique
s e;
143
...
�if
142 Lo d,oitt""' gauclo,
avec souplesse les
rop ri!• pour coiffer
upcm cnts,
se rv c app
_.....,le • •
unces par ces rcpo ·•
chC es expr conservation,
<12u 1c.nto.l 'db e
PLURALISMt IDiOLOGIQUa, ""· 0 fn ..., eurs ; paru
-nons oble1l, soit post,., mouv ement,
OlVISION POLITIQUE •r.1
,.;al
parti de l'ordr e / pari du
t

libcrtt I parti
10' fd rogtès, ple, parti de la
:=:; i du peu
La for,:c de cette opposition entre gauche et droi� c' tion/ part
d:1:na
" faiblesse : prise à l a l mrt, c11c ,ne veut rien dire, cÎl 1•, g alitt- •• l a n �tur• des ron:es en p�«
c: de iser d�••n � ter, dcmere ce,
vide, puisqu'elle se content: de situer dans un esp� pour préc ssaatt de remon
lbs. est ntce
trait des options concrètes.,Et Dieu �ait _qu'on n' a pa, C't uôon, li ental encore, jus­
leur évol ental es, à plus fondam
de le lui 1cprocb cr, du côte en pamcuhe:r des CXtrànes SSe rondam loaique des
di, '' ôOOS nisat eurs du champ idto
champ politique. La dénonciation du Oou mya tifica...., age• orga orqu ablc stabilit<
:•aux parc -Ci présente une rem
tie s. C elui raison!
de ces notions autorisant, tant à droite qu'à gaucbt,
démocn siècle, pour des
d
e en place au XIX' mise au
ollianc« conrrc noture • été depuis le départ un des tMmcs depuis sa
mis de cette
ci qu'i ndiqu tr dans les limites qucs
O s tant de l'attime-<l."Oite que de l'extdm <-iJllchc. puis familles id,ologi
[l''ri que ,e oc en trois grandes
La critique de la • fausse droite • ou de la • rausse gauche, se divi se du plura lisme
point'. li ùôm • et imductiblc
cachées derrière ces éôqumes trOP vagua ne les cmp;.. ent le socle te soci,-.
qui consutu conse rvatis me, le libéra lisme tt
chant pas, en général, de SI! réclamer d'une • vraie droite• <1é.mocr.ari'luc · le appui ,ur une des
de ces familles prend
nu d'une • SDuchc- vr-aimcut de puche •· Comme quoi et lisme. Chacu ne s e t le fa.i-sccau
consti tutives de nos socitté
flou jugé. dangtttux chez le, a utttS n'en gardait pas moins dimens ions vt:ctcur de
ranac hc � lt politique comme
6 leurs yeux la �rtu de déugncr des idcnutés fortes. C'est s'y droit
de valeurs qui conserva teur, Je
cenc êlasticité permettant de passer du repoupcmmt k la stabili t é du côt� e
\'autoritê et de oire comm
p l us large au sccurismc le ;>lus �troit qui a fait une bonne tibem du côtè libéra l, l'hist
comme aarant des promesse de justic
e du
partie de b fortune du courte. Elle lui confère son adéqua­ collecti f de cha:11cmcnt et bue ne
pou,·oir de
tion naturelle au fonctionnement du réiimc repré�ntatif, conte nu de CH oricnU1tions
côté socinlistc. Le société
sformatioo• de I•
tn lequel lt principe maioritairt conttaint incxorablc:mcnt d'twlu cr en fonctio n dd uan a.nt est que
cesse mais le fait marq
u
la muhiplicitê des forces en présence à se résoudre d::ms la .xtcs his toriqu es, nt arrê­
et des concc êtonnarnmc
dichotomie du parti du 1()\1\'t:fflffllcnt tt du pani de entrt elles restent mU5ique
les lignes de cliv•ae de partis mettent en
l'opposition. Deux possibtlités à partir de là : ou bien, en , le, systèm es lrcJ
té.es. Ensuite ou moins altato
amont, la réduction antiC'Qéc: dt cent df\'Mitê des op i
s oricnca ôons dc � plus bêrité et où
• ces grande litiquc-s
n.ion.s au scia de deux partis à vocation majoritaire ou c:omua nccsi les cultur es po
btcn, en 1\.-
, 5elon les cir
, l, la formaôoa de coat-iuons parlcmcm doflM:t
a1res, t,)(Slllc'aoon QUf: l"rn .-i
de suuucs elles-mêmes \'arlablcs, dépgt:ant
uot majorité )t mw �n.-� • ""'Y\IIY'' sou " mi"' , 1• .,..,tldc cc,r.� UI OJ.-
,. a.,.-icn � 108.
sur la base dN. �lots dc1..u,nux. Mait dans
les deux dM'll • � � l�ris. G,Uilmltd, l002. p. 91·
cos1 l'indêttnninntion relative des terma
de dtoitc et de m,rw C0111W dll-•bnt,
144 La droite tt la gau,h,
/'b,qo« 145
Je jeu des nmbô1ions. Av°: 1ou1efo
is c�ne co
niètt dict« par le mécanisme ck . n1'lio� . ces txplicitcs ou impl icites de libb-
la dea.io t ou ou rs des allian
èrtt du cô1é du gouvernement ou n m soo i , s ocialis tes {en prenant garde, ici_, de ne pas
du côré de aiot; �­ ... ci de • ' ' '•Io­
' �
"' •ons les racines de no1>c l'0p� ca�onw ..._• les étiquettes pa.rnsancs et 1es Jdcnmés 1 d
��t::'� = dicbo,"1tû .,,., con{ . . .
e cs profondes) •,. •
u y a donc 1rois. niveaux . g1• qu nd auss i, à paru

r de là, l t1Tlpo nanc e prau qu<
à consid�r: lé niveau d OoC . On,prc à
ape dtus t<rmes,
orient2rions idéologiques de ba . Cffltn! • dans cc JCI! en pnn
se, le ruveau
des 'Y•tèn," d<C""" du, ••
1a.1t bascu1cr 1a
partisans, susceptibles de pr<�
• e0 réalité suspcn du a• 1a cham1ere qua.,.
m&ne id èol�. d.e base (pl
ter plusie�
•< maas •• d'u n �L ou de I'autre.o· · ou
us'.eurs partis co_ nio ns dt:
m•JO• rité ou l
'opposiuon "'h;::

plusieurs parus lib<n>ux ou plus ns�"'>iciu,, forger un centre arb"tral
J et domma • nt. ouD'
IÙ\·cau du •i�tèmt gou,=me
,curs ?""" _soeiabsi,.)" t J tenta tion de
,: nëcesSité, dans une lo,iquc �ip�c, d'aller cher­
ntaJ D«asaîttm l
nécc$s.aittmcnt divisé cotre cnt bina
une majorité: et ïrt cher la victoire au centre. Ces 0$Clllaoons sont la revanche
ûon. Dès que l'on• Cctt< gri une
ll< de lterutt i l'espr o� de la rriplicité idéoloaiqu< sur la contrainte dualis1< du
quel"" � I• problêmt s1n1crur i1, on > i
cl de nos régime oi principe majoritaire.
lisies : foire rentrer lr()Îs , Plu .a. C'est à la lumière de et problème structur<I, enfin et
orientations idèologiq
dlstina,. dans un mécanù ue, hi.a sunou� qu'il convient d'aborder Jcs n'Olutions qui on:r
me d«îsio nnel qui
admettre que deux camps. nt P<ui brouillé l'opposition cnrre droite et gauche, telle qu'elle
Cc problème atruc
ntîc de la rencontre cnttt rurc1 Q
la contramcc fonction , ui é:tait reçue, dans la dcnûère J)fflodc., au point de faire douter
gou\'tmcmcnt ttprêsc.ntatif ncl!c du de u pcn1nencc dans notre nouveau contexte. Trois phb­
et le pluralilme
du champ idéoloaiqu• subs tantiel nomènes étroitement liés, qui étaient déjà à l'œuvre au
dts démocraties, <S1 la
w,e Sttic: de QUntion s, y clé dt tou 1e début des annéca 1990, mais donr les c:ffcl$ n'ont cessé de
compris ln nôtre) qu'il
replacer dans le cadre permet de s'amplifier depuis, ont déstabilisé lei repère, poUtiqucs qui
où eUc prend plcinc
On comprend cncott mcor sens. prcvalaient clans l'tspaœ =péca dq,uis 194,: la vic­
un peu mie ux, i
tensio n constituuvc, à Panir dt «11• loirc culturcUe totale des principes de la démocratie libé­
la fois le succès du
puche et les frustratio coupJc droite tt rtlc. la disqualification, au-ddà de l'idée co m.mWl.Î:Ste, du
ns qu'il susci1<. D
ficahon bienvenue Opètt une simpJi.
proJet de contr6lc public de l'économie, et la globalisation
d'une situation fatale
sur le fond_. s.irnpl ment e111brouilléc êconomiquc et financière, avec se:s cffcu en rct o
ifiçaûon qui justifie
en �•ou r d'en aiti­ · ur. Ces
Quer l'a,b,fnin: ou uois phénomffics n'en (ont qu'un, pourn.it-on m'objecter,
l'aruli�. C'<st qu'
y avoir de droite tn effet il
ne saur,,J1
ou de gaud1t: • e1 il ètt e,uiet qu'ils constituent autant de viJOges d'un
Plttille idtt Puksc pures •• t,i tant t'$t
a,-or.r un sens. Dro que, mènlt changem<nt dt monel<. U CIi préfênoblc dt lts dà­
forcement des ite et gauche mèle
composant es idéol nt tinguer, toutefois, pour mieux cern.cr Ica impacts spki­
droites »ont toujours oa,iques djsparu
des coalit ions 1,'0lJéts ci., La fiqucs qu'ils onl eu c.t qu'ils continucm d'cxcrttr sur la
de COlli«vatcu ou inav ouées
rs et de libéraux, dèfiniôon dts idenû1és politiquts.
de même que
Ica ilU<hes
146 La droii, tt la ga�
Pr,sifaa 147

gauche s'était bâtie,


RELATIVISATION
a nl é s dans leur définition. La ' Jj
étc< ébr essen t ielle men t comme gau che soaa ste,
81'è cI e, ' • •
La pénétration de l'esprit démo
era tiqu e et au lOC' pro m esse du con tr�• 1e poI111que d e I'econ
• onue.
la
généralisée du pluralisme ont eu l'ae<:e p autour de itre entre une gauc he coin•
. POUt cffct d " at.1 divisée sur oe chap •••
opposition entre drone e:t gau..,l..u: _ � Ja�lioa
re BU .e s�t
u ant l a coUecavisa11on du sysk
. •me dc
qu1 se prcs reve ndiq •
une contradiction frontale, m un11tc, ure du pro er.anat, et une

uction' associé e à la ù1ctat
en
voire un antago tai t co �
1
L'accord sur le désacc ord l'a nis m e ra� Prod entcn dam se 1·unue • r au contro• 1e
Cette détente a été favorisée
emporté suc
l'inc00ci hc social-démocrate
omic d:1"5 le cadre du
conservatisme autori irc,
par la mar gina lia:· r�\ nncipaux levi� de l'écon _ . .
Ji5ation d · instiru uons de la democ ratac repres entall ve,
':3- � droire, plongean aintÎeD des
dans l'esprit con�revolu 1 ses � VetS la famille libérale,
commun ume toraliraire, à
11onnai re, et par
l'eff aceme111 d ":r où elle conservait une ouverture
cc • grand schisme •
cismc et de l'anticommunis
gauche. Le couple
de l'anti
u �u moins sur le plan politique. Mais
camps dans la pcn�ve
me, qui enfermait
chaeun cl<&
fa,. sur les moyens - réforme o u révolution ? - n'empêchait pas
d'une lune sans
merci raccord sur les fins et une foi commun e dans la supériorité
ennemi absolu, s'esr évanou contre un
pluralisme de fait à un
i de la scène. On
es 1 Pass.! d'un de la gestion publique de l'économie, tenue pour nécessai•
pluralis me de droit.
La guer re civil rement plus rationnelle et plus efficace qu'une geslion
froide a fait place à la e
coexistence pacifique privèe soumise à la loi myope du profit et engluée dans
obli gé$ non seule ment d'advers aires
de s'accommoder
l'un de l'auir l'anarchie des marchés. Il n'est pas jusqu'à une gauche
mais de se reconnaitre c,
mutue llcmenr une sone républicaine plus traditionnelle qui n'était prétc à épouser
Du même coup, le de légirimiré.
combat politique a l'idée qu'une combinaison bien calibrée de nationalisations
de la Oanunc et de �rdu beaucoup
l'inte nsité mobilisatrice et de planificalion fournissait la solution optimale en
Il s'est dédramatisé qui l'habitaienL
et banal isé.. Le cli matière de conduite de l'êcooomic. C'est cette foi commune
duque l il s'orpnisait va ge centra l
s'est relativisé dans autour qui a été mise à mal et balayée par la marche du monde.
teurs. Droite et gauch le regard des élec­
e ont cessé de faire L'impasse dysfonctionneUc des économies collectivistes
nonces incondition figure d'apparte
nelles auprès de • s'«t imposée comme une évidence jusqu'aux yeux eux­
pour devenir matièr nombre de citoyens
e à des choix mêmes de leurs maitres, au point de provoquer la désintb­
par les situations circonsta nciels inspiré
ou les pe.rsonne:s. s gration interne du système soviCtiquc et d'induire chez son
homologue chinois une stupéfiante coo�rsion à l'oxymore
du • socialisme de m:ircht •·
BROUfLLAOB À
GAUCHI:! On a pu croire un moment que cette déroute du œmp
Un des camps tévolulionnaire allait conforter la position de la gauche
a été plus affec
deur, par le rem té que l'au social-démocrate. C'�tair sous-estimer l'ampleur et la
an.icme m &lobai, tre, en profon­
même si tous pon«: de la remise en question véhiculée par le retour en
deux Ont griice de l'idée libérale. Un retour tirant sa force de son

,
149
Lo droiu <1 la ioudu PosifoU
maniére de la
148

rqu oi la moin s mauvaise


auociation à 11 globalisation économique et lin C c pou ga uche morale
•· Encore
n l'C celle de•
d'un côté, et à l'individunlisntion des sociétés, d• so c:,ll1'';.; raît êt ente qu'el le,
. de �I'au, , oll ll " er c pa cur ren cée par pl us virul
coIl"
ccuvJSt cs, c,est l'cnsc -.. dén et con • • _,ucmcnt _"""_._
Au-delà des solunon s n,bl "'- eon,esté< e radicale••
élccton
-t-<:lle n e • ga uch quant ' c,
a Il
c
modalités du contrôle public de l'économie qu'il a d'c do, , pect d'u ·o
nl rn ucnte, qu1,
lifié au profit de la �tourati o en majesté �u d �Ua­
••
.o s•S
1 utel
,nais cult . . •
leme • uullC• K no11mt
Sa radi··•· •
_ � ••"ÎJ'C
u
.
.,,,non � , utut 1<>1\lle1 •
d le jeu 1ns ure se� ex prcs-
<>gin
supcriorité de la gcsaon pnvee et es solution s de marcb . ett • carrément • quel elle pro�
� rci lism e ambiant, � nue de la
La socw-démocntic y a perdu son �• et� ra� d'..,!: dividu• cccs, que cc SOII au ••
de r;n es les plus avan
sOC1eta1es
Il lui est resté pour toute cause � t ra,son d etrc la rcdistrj. p oli tiqu c ou d es 1unes
. ns
.,o rauc· d',rect
bution sociale. Le souci d'en dc ager les rcsso� lui n de démoc
�-cndic atio es de • domination
•·
g

les fonn divergent est une


fait rallier les politiques néolibérales de privatisa tion et d: con O'C cou
tes
de ces voies qui
le rés ultat onter la
déréglementation, réputées les seules efficaces. GtEnéc A 1 arrivéc, voit I"" comment surm
1
on ne
sociologiquement et culturellement par I'cspnt individua. cacophonie
dont é qui au rait les
tant le proje t d'une sociét
liste rêgnant, elle a cru trouver une compensati on à ses confusio n. A u
parc e que maitre
sse de son organisa•
just e
limites sur le terrain économique par des pol11iques IOtiê­ moyens d'être au final, en dépit
omiq uc pouv ait ètre fédérateur, modalicês,
uatcs en faveur des minorités et des causes identitaires. Elle lion è:con ns d'exécution et ses
sur ses moye cré«
a perdu dans cc rcnonc:cmcnt économique et dans ccnc des querelles e au monde <t à la sociét é
on obligé
reconversion culturelle une grande panic du soutien des outant l'adaptoti se traduit, à gauch e,
par un ècla•
xion néoUb l:rale que la
milieux populaires qui coosciruaient son électorat naturd. par l'inOe poss,'ble. Cc n'est pas
rappr oche ment
D'où son affa1blisscment inexorable. tcment sans ces nouvelJes divi­
par les acteurs de
Mai• les co,uéqucnccs de cene évolution vont plus loin notion soit rkusée opriations rivale s,
que l'an�c progressive de ta composante partidaire prin­ A.u contrai re, elle {ait l'ob;ct d'appr ons de tou·
sions. au nom des aspiraô
du praticab le, là de
cipale de la puche. Elles rendent problématique l'idcntitè ici au nom
norn du scW enjeu qui vaille, celui
màne de cette demim. Le ralliement awc pohtiques në<>­ jours, ailleurs au exclusives pro­
•· Mais ces apPropriatioos
Ubéralcs de cc qu'il est préfêrnble d'appeler désonnais • l'émon cipation n specto·
brouil t3.gc qui, pour le simple cit0ye
• puche de l(IU\"tmcmcnt •, sans réfêttna: idéoloeiq\>C "'OQuent un re que la
joutes militan tes, cncouraae à conclu
détcnninée, a suscitC ln réaction véhémente d'une gauche tcur de ces
dire•
campant sur le ttfus de ces e:ompromm.ions et se posant notion ne "·eut pluJ ric.n
�n gardienne du temple. Elle tient pour exclu de trnn­
si&tr sur la critique du capitalisme et la dénonc:iation des E
1nègaht«. En réalité, devant la difficulté de dé6nir sur aaou1LL�G· À DROIT
cts bases une ligne poliûque susccptib1e de devenir ma� �volution
c, au dépare, p.ar une
ntaîtt, enc a chou.â l'oppodtion minontairc de pnnc Bâcn que moinS t-ffteté ancintc à
ipc
fait.e pour lui c;0nv cnir, lt droite se uouvc
ou nom de la fidélité aux idéaux et aux valeurs class
iqu� p1utôl
151
Pon/a«
150
1A droit< <1 la gauch,

lution libérale
e outre , pnr l'évo
son tour par cette dynam ique dissociative. Elle ue, conditio
ns
été accr Elle a créé les
n
. e ment .
l'a dit, sur des coalitions à_ géométrie variab l� i gouv ern d'obsolescence le
°" du cl "°:h: de tre frap pant
idéologiquement c o nscrvatnccs et de forces idéol ?rttt de \a g nv•• CC au cen • des hbéraUJ<.
-gen

entre prenants
,

e co d s plus
m ent libérales auxquelles l'anticomm un i snie et d'un """"
- nus de leurs
. age aU>C J d hier r eve
e
� 11v adv ersaires '
collectivisme fournissaient un ciment solide. La dis p��ll­
..,;eux c
e av ec des • . ,,erable à 1a rouune d'une
, - •"t
· prc ,
de ce rq,ousso ir commun, d'une pan, le s =o m� � LC111 dogmes a pu parai tre
• • euse. L'e,cpe• ncnc • e Macron , e
. n•
n
li­ on Cl• cp,n
tiques et sociales du tournant de la mondialisati on � tion deven
u cioo. n
E
habita ue de cette anrac
e
ratio n cypiq
libétale, d'aune pan, ont réveillé des tendan ces cen • n c,. urnit l'illust s n'a pas manqué
IIifua<. �ronce, fo sgrc ssio n des frontière
au sein d'une alliance qui ne va plus de so i. cette cran e • vraie
droite • du coté
retour, lisa t o d'un
Pour les libéraux classiqu es, l'inscript ion de leu r Pto­ la remobi
n
de suscit er
i

gramme d'action dans le cadre national s'impQSaii C<ll!lm eur. de la globalisation


conser vat le iirand 1ournont
•=
une évidence inquestionnée, ce qui rendait leur vois� e co pte, identitaire­
En 6n d m o ins fracturé
m
peut -<ll'C pas
avec les conservateurs naturel, une fois que OCUJC-ci n' a specta­
né olibéral•
la gauch e. La fracture est mo ins
s'étaient convaincus que le dynamisme économ ique était la que n'im pl ique pas
ment la droite que Je nouveau cours
condition de la puissan« politique et d e la stabilité SO<iale. rd pattt d'une g,ande
culaire, d'abo gauche, le deuil
me pour la a•
Le toumtmt nèolibéral, à base d'extraversion des écono­ pour elle, com prétention au pragm
mie s dam un cadre global, a cassé ce tt e proximité. La cc et, ensuit e, parce que la ion
tsl)êran e l imit e les dissens
s

lui e t con substa ntiell e


remise en question de l a souv eraineté des États, voire du tism e qui ndes,
sensibilités profo
s
sur le plan des
l

s. Mais
cadre même des nati ons par l'ouv enurc sur le marché déolo gique pas moins o nsid�
c
es fédéra teurs n'est
i
mondial, le b1,rc-«bangc et la libre circulation des per­ brou illage da repèr er une alliance
questi on de sov oit s'il peut exist
sonnes a rt!:activé l'appel à la primaut é du politique. Par rab1c. L'\ ns posé e
Mtturs ei libéra ux n'est pas J!IOi
aillcW$, si les libéraux, pol!r la plupan, ont accepté sans solide entre c<>nse ocratcs et social
istes
savoir si l i béraUJ<-dém
trop d'états d'&me les uansformations soci l:talea inspirées que celle de
ert à gauche,
par l'individualisation, il n'en a pas été de mè.mc sur le peuvent cxuvrtt de conc
bord conservateur. L'�olution des mœurs et des rapports
sociaux sous un signe hédoniste et libenaire a heurté de
front l'attachement à l'autorité et aux • va1e:urs familiales• UNE RILÈVI}

comme socle de l'o rdre collectif. li s'es t creusé un fossé r de complica•


encore pa.r là.dessus un faetcu
cnttt: conservateurs et libéraux qui a pu toumcr carrément Intervient causes et de
cntairc, avec l'�mergcncc de
au divorce et rendre conOictucllc leur cohabi1ation tion s upp1ém de l'êcologismc et
d'u� même cam�, la q�C$ÙOn de l'irrunigrati.
au sein
s poUûqu cs nouvelles à l'enseigne me •· A prcmitre
force
on prenant à cnu d '•ppcler • pop
de cc qu'il est oonv
ulis
cet cg:a"'.1 u.n rchcf crucial, tan pratique
� que symbolique. pns la géognp h e cl assique du champ
Le Brcx11 a montre_ son pouvoir de diviiio bous cule
i
vue eile ne
n. La tenution
152 1A d.roit.i er la gaucl1e 153
Prnrfoce
politique, le populisme s'inscrivant plutôt à s'é1oigner de
et l'éoologisme plutôt à l'extrême-gauche. E tfêm�,.
l'ex
ve m entS popu listes les a conduit s à •
de$ mou. ud ier
• . Ils se son t ;eu a peu
que tes partis et mouvementS dits • popul t es• il t'1't C • .., voire
gio à les rép •
1eu.rséon hicun à leur faço n, sur les prèocc;upaoons de
ita, t
fonnés pour la plupan autour de noyaux hé
ist se e
rités �llt al�g1l 5' � iuscepriblc d'assurer leur expansion, un élec­
nationalismes auxquels la protestation contr sdes J'éle<tor a ' • Ja • d'1s 1e
la glo balisano• n! dont en pa'mculicr I mcuve
e le effiCVIC'UJc:
!i<1, po Pu!a ire détaché de . la gauche d ont ·1t euut •
C:S mcnrs � ,ora< rat sen s1b1e aux th'em es secunt • aircs et
toircs, a foum1 leur moteur de croissance. � · Uo êle cto • •
5ouaen. nt par les
la a naturcUement rapp:-A vw.,.es de I'�ile conser
Cette ~ Ut« riles à l'im migration de • masse m1s en ava
- • ux de 1a
e:,,,,,

vatr ic e ulistes, mrus• tou t autant souete


d.Ioitcs classiques, au pom t de devenir un ferme dei pone-par ole pop • •1quc d'ec-:>ulant de
nt de dis-. son soc10-econom
scciation supplémentaire de ceUes-cj, l'attraction dCgra darion de son uvrc. Le
puissance montante rendant tentante la rupture de leu, l!l concurt-""...nc
c des pays à bas coût de main-d'œ
avec l'a.ile traditionaliste des débuts du
liberalc, attirée de son côtC par le centre, I1 e$t nationalisme autoritaire et
vrai, en une sonc de sou•
même façon, que les partis et mouvements écolOgi de 1a phénomène s'est diversement élargi
stcs iOnt u'à faire reprendre
nés le plus souvent d'uoe réorientation et d'un vcrainisme social qui a pu aller jusq
recycL nitienne que rem•
de l'anticapitaJîsmc d'extrè,mc-gauchc, la dénonciati a.gt par te discours populiste la fonction tribu
e évolution
l', C$davage salarié • laissant la place à ce!le des domm on de plissaient autrefois les panis cornmunistes. Cen
n'a pas été sans conférer de la plausibilit é â la récusation
infligés à l'environnement par la sociélê industriel ages
le. Et de l'étiquette d'• extrême-droite • par le& dirigeants po
pu­
dans de nombreux cas, là aussi, l'écologisme a
�u déchirement interne de la gauche, en renchérisunt
contrib ué listes. Aussi bien a-t-elle donné du poids, d< manière
façon sur la critique de la dérive c libértle--productivi â sa plus générale, à leur renvoi dans le passé de l'opposition
des gauches de gouveme1ne.nt. Rien, donc, dans �s e •
st droite-gauche) déclarée périmée au regard du nouveau
loppements, pourrait-il sembler, qui soit de nature
déve­ clivage opposant le peuple patriote et les élites mondiali­
à sées - un diagnostic largement ratifié au sein de l'électorat
fier les données de notre problème, si ce n'es modi­
t au titre popul3ire en fonction du rejet de la gauche de gouver­
du renforcement des tensions dCjà observêes
,. à droite et à nement.
gauche.
Cette première approche demande tout!fo Ce dhcrédit a, par ailleurs, ouvert la voie à un autre
is à ètrt sérieu­ populismeJ né à gauche celui-lâ, et prioritairement axé,
sement nuanCCe. Elle ne saisit qu'un asp
ect des choses. Or dans la ligne de ses origines1 sur la dénonciaûoo des dégâts
ene:s comportent une autre face qui tire
, à l'oppose, dans le de la glcbalisation capitaliste. Un popuJisme refusant l'ai•
sens d'une dilution ou d'un recouvrem
paurraît même qu'on tienne ave ent du clivage. 11 se Jure autoritaire et xénophobe du populi$me issu de l'ex­
c ces deux propositions trême-droite) mais rkusant comme lui la pertine.nce de
nouvelles les deux ressorts les plu
en quc�tiou, s puissantS de s.a remise l'ancien clivage droite�uchc dons un concextc appelant
La nature intrinsèquement op une cor.vergence politique médite des asptradons et Jc-.s
ponuniste et démagogique lunes populaire:s. L'écho de son discours et sa capacité de
155
154 la droit, tr la ga11tht R»II-

mobilisation Ktnblcnt à c:c jour d'une moindre p u· ., , pcnpc.ctiv<: de c<t approfondi�


O•n• la
,.;,,11.
.. prin r dé�tcment
gence , telle que le
,enJe...
que ccwc de son homo 1oguc. �a.•1S l'ho rnologjc, ju.i1m, '"•O<t 1 ign• d l'ur
__ Je s e
qui pA$Se e.nlff
t sous le vrai clivage est celui
dtt di,agn<Ktics tt dtt mlrq>n$C$ donne l'idtt , �­ pose ,
�""c1;,na1 l'im écologie i ntégrale ••
faisant de runpé­
les cas, de 1'ébrn?-1em�nt du c�drc classique dans lcq�� d'u ne • d'organi•
d.é:flnisn\CD.t lts 1dcnutés pamsancs. ,; «nantS de la biosphér<: un principe
� i
t o n
,.tif de p dHcnscun, au nom
t.a situotion de 12 couse éc:ologique s e présente sous plct de 1- vie collecnve et les
eom champ de for<:CS
1ignc Ulvcrsc. Autant I'ascension • d u popu1•,,m e est C:onflio.
un ..000
e, de l'acoo rrunodc:ment avec le
du rtaliJm chir de l'intéri eur, au
ruelle, auunt I• diffusion de 1 � ��pation écolog;q.,
n
nt, s'agit , pour eu, de \'in.flé Quoiqu'il
C$t consensuelle- consensus qui n em�chc pas le dJssc nsui e)Clsai surplom be ses panagcs.
l'imp ératif qui
s.ur les solutions â apporter au problemc et spêcia) nom de paraît pas douteux que
soit de l'is1 uc de cts dêbltS, il ne
en contribue et cootin um
tnltot
sur celles prônées par les mouvements écologistes. Ccux--c1 ontante du problème
ont été pionniers dans l'identificat:ioo d'une inquiétude: ta prctsion m argina liser, notre
contrib uer à démoder, 1i cc n'est à m
dont le périmM n'a «s� de s'élargir au coun des dtr-­ de
e.
nièrcs décennies., des méfüiu de la pollution et des ancintcs vieux systèm e dualist
i l'cnVLrOnDctnm.t jusqu'au tteb.auffcmcnt climatique d'-...
jourd'hui. Mais l'cxu:nsion de œ souci à eu pour effet de: RàslSTANCI
<KPQSstdcr progn:s$ivemen1 ses porteurs initiaW< !>Our en
ble
faire une prionté communèrncnt partagée. Prise au lttÎCUiJ.. Et pourtant, notR ,-&>éra
Et pourtant, il tient bon !
l:1 cause écologique est une cause tro.nspanisanc qui trans,. , en d!pit des multiples
oppo,ition encre droite et gauche la
ccnd• i.. cli,-.iu tnditionneb et en �duit radicalement la prMbn«, la contcsccnr ou
facteurs qui \ui disputent la
signif.cation. S« adeptes les plus fervents ne manquent ateur dans le champ de
pas, o.u dcmcur3m. de renvo�•er do, à dos la droite et la diluent, con,crve un rôle organis f ideoût!s
de la dé inidon dct
puche cluùqut$, m Wlt (tue '\':an&ntcs d•un mè-me • pro­ la coropétitioo p0Utiqu c et
nte plus la "'-"''"" dn..isio,
ducuv,smc , aveugle à ses coniéqucnccs. Un propos oû se panisanes.. Certes, c\k: ne tcprêsc autres.
et comm ande toutes tes
rctr0uvc ,•olonticn une scmibifüê antimodcme, auui allie� b di\ll$ion qui condense de la
nous, avec rtpoquc, celle
l)quc à la droite b"Wnlc qu'i la puche progrctlistc . Le: Son lgc d'or est dcrriê« nnalisa­
rielle et de l'irmitudo
champ poUûque des org:misaûons se réclffllam de l'éc:olo­ deuxième révolution indust l'imp
où l'on p0uvait avoir
rcs-­
giune se d.1\'uc entre l es hérititn de l'uu(a:.e puche orl-, tion du conOit de classes, cl1vaie
ginellc, associant la cause à une vision l�nairc rt1dicale de - uompcus c - que le cln"l&'C kfiêolol)QUC et l e
s.ion
peu ou prou à coïncide r:
la sociétt, cl ltt é:m:ancipés de l'ancien clivage, prêu à servir sociologique étaient desùnC':$ usc (de
moite) conttt cl&S1< labOri•
d'aiguillon dans k adn: de coalitions aussi bien a,-u ta dauc possécltnt< (de ..vous et
,ünplicit� ra'Ht plus su renda
droite qu'a\'CC la gouch�, étflnt donné le peu
de ponéc de gauche). Cenc belle ques
re:devcnir, au vu dct dyn ami
cette dl\ist0n su reprd dC' cc qui rq>ttSCntC:
pour c u.x ne: parait pas promi� à le
156 I.,, droi� u '4
t,,udt,
Anrfau 157
observable.•. Il n'empêche que
la conrradiction
colore mvinciblcm cnt, mime Pc ction soutenable, 1ca1c1Uc
si c'est sou
tcrramro:;:tt et . marchande dAns une dire
trtcllc et
co:;;
nouvea� clivages. El le rev
ient les_ � 'ém.i.Sfés de l'ancienne gauche, confiants envers
quer. Récusée expbcnement, ••• et les nom�d La &actUre
la d1V1s1on rcs lOUt dans la science et• la techn•ique.
cite-mcm. surai, ioii Cl conv• ' • • 1
et des gauches class.1quc• s, qw du,omt cur ailc
n y a bien amsi, envers et des drOi tes · li·
a.ile o u conservamcc ou soaa :Stc pousse
droi,e et un populisme de
contre tout, un
P0Pulisni, bbé le de leur
puclJe, quels de ;1 à réaffirmer la nC<:cssîté d'une • vraie droite•, ou
dToru des protag<>rù te< P0 r que �en, i., de puche • qu'à décréter le cliv1ge:
� � enja m ber Ja lian :�une, anuchc vraimen t
_ affaire de pnontcs subtiles _ _ _c de P""ct des rea;roupcmenu au ccnuc. E,
mais detc mun an1cs, P périmé en préç0n.isant
exemple, entre • la nation du ,
peuple • et • le
peuple � la
at le fait de se déclarer soi--mëmc • et de droite et de puche•
nation ,. Là où les uns mt.tte
n1 l'accent ,ur 1a P'nnan comme le pttsiden1 de la !«publique françaisc l'a érigé
identita.uc de ta nation tt l'expres ctict
sion de sa so en pro;ramme, n'empêche pas d'y reconnaitre une contra­
les autres donnent le p.as à la uvtraioclé_
PTOICCtion de,.. dicti0t1 qui conserve son sens au milieu du projet de Ja
sana conttt l� coruêqucncts ttssorti,. d�pa�r.
dés:iattg;itrfocs de
ture &Jobale. U y a bien, de l'ouver­ BrcfJ la rc.mise en question a beau venir 1vec VÎil)cur de
la même façon, quel
comme un< , écologie de que ot,... ,ous ICI c:ôtés, clic s'accompasne d'une iosistan« invincible.
drone • et une •
go.uchc,, tacite ment écolo gie dt Tout se passe comme si l'on ne parvenait pas à se débar­
identifiées comme telle
acteurs, scion � dqré de s pu � nsscr de cette dichotomie que l'évolution des �tés Poli­
transfomunion du
me.nt collectif auquel elles fonc tionne,. tiques tend à révoquer en doute. Signe de cc Ooncmcnt, 1'il
aspittnt. Lt pbtno
qua.b�, ia, ét.ant la rcdiitnO Wnc � en fallait un de plus, les citO)"t:DS quj en dfflitnt le canc-­
ution des anciennes
qui s'opêrc i la faveur de identité, tère pertinent, du point de vue du choix de leurs ttpréscn•
la nouvell e polaris
iogie dt puchc •, prôna ation. • L'lco,. tants ou de leurs aom·CffllDts, acttptcnt ohnmOin$ de te
nt uqc ruprurc en
mode de vie produc tiviste règle avec le situer cux-memcs selon C(:t axc 1• S'ils sont nombreux j
et consum ériste, f.ait
lr'l.n:Ûuge5 de ranaœnt plac-c à da dêclattr qu'ils ne \'Oient pu dans l"opposition cnttt droite
d10Ïtc CODSCrvatricc,
l'innrument de leur qui y trouv ent et go.uchc le bon critère pour apprécier l'offre panis.ane et
répugnanœ CO\·crs
uta.ruq� comme une modttn.itê détc-rmincr kW'$ prérercnccs él«toraks, cda ne les cinpêcbc
dans l1&uM 1ens,,
COOVlmcue de Ja l'ttolo gic de droite pas de définir volonrim leur propre idenùcê politique en
P0$1Ïbilité de f'tori ,,
cntcr 11 soc:ié1é iDdus fonction d'elle. Et de W1, on observe de plu, en plus cou-­
-
1, 1A toenmt rfurii,r p. rammcnt le vote i puche par dn gens qui se nnacnt pcr­
Amo,y Ctihin,Clara Martin,n.
N-.«ty-.illet1tte
1blcdano nn....,. tonneUcmen1 à droite, parce qu'ils comptent sur la gauche
......, Seuil,, 2021)�,.... • .......,. ...,,_ <Par...
Pffaft llftl ��l<M
IIUfnln •PP:!lm1
• a. Mr\lttur, fo.ililttdc c, ff'(\jjEHEss,
de cc
cw.
fclwi(lloi:i dt SO � f,ltaot-ll � (l'-W ltt 1, L't:n,qulw llfl� COl'ldlli� � I• du,rh par Janine M-OMlll-lav.u,
dusi$te d1,1 COflfllt
� l9ia et
Z0-. • 1W • Mmrot•&.;oa..---M.--wiw x.idaluulrc.Cfû....,..,W.­
.,_. ,.._. _ ......., ...... Samc.-:t-Po. la rm.a. 2020.
158 La. droirt et la ga
1uhe
Posif'1a 159
pour faire cc que la droite aurait dû
faire> selon
vote à droite de gens qui se pensenc e� 0 uhimeme.nt,• dans le partage
la droite maintient des exigences qu
de gauche u te . · se réso ut toujours,
ccJu1�c1 • ,
une maJOn te et une oppo,.
indument à leurs yeux. Cette dis
e la ga u �:tr� �llt -1cinr~ ...,:')rail"C et réversible - entre •
con.sequence un besom • cognn •if
• • ' • sociation en
&a�
tre 1Ct . .on. Ce qui entraîne pour•
s1u •
de simplifica tion �
otCS sub1ecuv cs et 1c c1assement o b'Jectif id­ de cho1x chez 1 es •
c1toyc n. $ •e 1 ecteur s et
tiques est probablement le tra it des forces .....�. au regroupement des camps chez
évolutions en coun, celui qui en
le plus signif ti l>Oli­
ica une contrainte relauve
dit le plus Jon f dei 1 es ronnations
candidates au s uffrage.• Mais • ce qui• oc d'1t
'
nature et la fonction de notre clivage
.
g &\lr la
rien sur le conte nu de ces opuons en prescnce. Cc
enco re
contenu, il faut aller le chercher du côté des grandes inspi­
r.-iûon.s idéologiques qui tiennent à la structure même de
lNCARNl!:R LA POLITIQUE nos sociétés. Elles ont nom, on l'a \IU, conscrvaùsme, libé­
ralisme et socia1îsme. Le mêcanisme majoritaire impose
La question, à partir de Jâ, est de sav de ramener cctce trinité à une opposition binaire. D'autres
oir comment
préter cenc résista.nec. Faut-il n'y
vo ir que la marque er­
int notions que la droite et la gauche a uraient pu reJ)ondre à
héritage particulièrement prégnan
t, appelé à s'ërod erd\in ces bnpCraûfs d'identification des camps qui s'affrontent.
s'effacer peu à peu? Ou bien tt à Elles t>ont fait, du reste, à de ccrt . ains moments et dans
faut-il y reconnaîttt le
d'une née�sit4 plut profondc de signe
1 stinée .î pc:,durer et certains contextes. La force spécifique qui a assure le succès
gnant du lien de correspondan lCmoi­ de la droite et de la gauche dans l"cmp1oi, p,c u con - penser,
ce qui s'est établi entre
catêgorics nèes du hasard et
la condition de l'acceur dem
œs est de rattacher l'opposition à cenc symétrie des yeux et
cratique ? C'est cette dernière o-­
hypothèse que je suis ten des oreillesJ des bras et des jambes qui fait de nous des
d'adopter, sans pl"ttendtc clo té êtres dêdoublé:s dans leur unit�. Ainsi le couple pe.nnct-il
re une interrogation que l'h
toi.rt tranchera. Eo ancnd: is,. d'instaurer une correspondance symbolique encre notre
uu, les paris soot ouvens.
mien est que lC$ êvolution Le dualité chamelk et la division du domaine collectif - divi­
s qui viennent d'être ana)y
confortent l'interprétation
de la fortune et de la solid
,ées sion d'opinion au uavcn: de laquelle il s1::1git de dégager
divage droite-gauche que ité du une unité de direction.
je proposais voici trente
pennct même de rendr ans. Elle Nous ne pouvons plus, ncus autres modemes, nous
e compte du dépJaçcm
fonction. Cc que le cJi ern de sa représenter nos sociétés, comme cc fut m.illéna.ircmcnt le
vage a perdu en intens
nelle et en efficacité éle ité passion­ cas, sous l'aspect de eorps dom nous serions membres.
ctorale, il l'a regagnë
lité symbolique. en fonctionna­ Nous ne Je pouvons plus paroe que nous nous concevons
La vertu à part de ce nous-mêmes comme individuellement séparés par nos
s notions de droite
fais.ais-je valoir en 1993 et de gauche, droits er que l'ensemble auquel nous appanenons se pré­
mêt:1phoriq1.1cment, , est de donner un ancrage corporel, sente comme éda té et divisé. Mais la dualitC de la droite et
à 1\:xpêricnce de la
plique le fonctionnem dich
ent du gouvernem otomie qu'im• de la gauche nous permet de nu1.1:s VlOjctcr dam ect Cl,pa.ce
ent représentatif. démult:ipliê et partagê et de l:: ramener 3 nous dans son
160 LA droùt tt la gau,;h,
Posifa« 161

unité. Le couple droite-gauche pourrait bien d c.oir ment a


dité au pont invisible qu'il jene entre l'individu a sou.
s
ent sur la coexistence des contraires. Si cc déplaoe
m --•orce•
d'atténuer Ie relief du clivage, il en a rcm ••
communauté politique, pont par lequel se p erpét ue ,� sa
11 WPout effet mo �•s de ma u e opposinon
nt. Les � � � �
tification à celle-ci, au-delà de la séparation des êtres "'· )'enracineme
•tdc de leur vigueu r, mais ils. s �c�ompagnent
la disso<:iation des éléments de la société. n'ont rien pe.rdu
s grande de la sohdante des causes
li répond simultanément, ce faisant, à une a1.1.tre dirn d'une conscience plu
erses qùÎ en tempère l'expression. A cet
sion cognitive essentielle de l'acte de suffrage et de la co!: et des camps adv
eure qu'a con nu la démocratie
tion de cit0yen. Voter, c'est exprimer son opinion et égard, la transformation maj
cinq dernières décennies, loin de
ranger dal!lS un camp. Mais _c,cst .a�ssi manifester son app= au cours des quatre ou
musée des antiquités,
tenance à sa communaute polmq� c en �e donnan t renvoyer notre vénérable clivage au
une ntaire et une nouvelle
rcpîCSentation d'ensemble des tensions qw la traversent ct lui confère un ancrage suppléme
taller
dont on se fait partie prenante. Il faut pouvoir appr eh tnder acrualité. Car ccnc transformation a pour effet d'ins
ux de l'e xpéri ence démo­
le tout pour y situer la partie concurrente des autres don
t la contradiction à tous les nivea :
on se pose comme membre. Ce qui fait du vote une ol)é,­ cratique. Elle ouvre en cela une nouve lle <:arriè re à la mise
ration double, alliant Pcngagement et la distanci ation, en forme de ces déchirements sous les espèc es de la droite
L'électeur est un être partagé entre le militant mobilisé et et de la gauche.
l'observateur dêpa.ssionnê, â tel point que la seconde Cette transformation se résume dans I a décantation en
dimension peut prendre le pas sur la première et la guider, règle des structures qui ponent et organisent nos sociétés,
en crêant cet acteur bien connu des politologues qu'est que ce soit sur le plan du cadre politique où elles s'insèrent,
• l'élecceur stratège •, ajustant ses choix en fonction de du système de légitimité auquel elles obéissent ou de l'orien­
1
l'analyse des rapports de force. L'efficac:ité symboliq_uc tation temporelle q_ui préside aux activités collectives , Aussi
particullèrc du couple droite-gauche e-sc de lier ces deux sa première conséquence est-elle de consaaer le pluralisme
dimensions, d'associer ln sêparation polémique et la co­ idéologique irr�ductible qui se greffe sur ces suucturcs
appanenance organiq_uc. Penser droite-gauche, c'est jouer sous.jaccntes pour les prolonger en pensée. Un pluralisme
sur les deux tableaux> c'est tacitement articuler l'anca qui n'est pas égalitaire pour autant, faut-il préciser, en
nisme et la comptéincntarité. C'est signifier une divisio termes de crédibilité relative des opâoos rivales. Il pousse
go-.
n
plus ou moins radicale, lOut en logeant cette division dans au premier plan le libéralisme appuyé sur les droits fonda­
une unilé insécable qui vous rar11�ne à vous-même mentaux des individus, en repoussant ,conservaôsmc et
en \'OUS
identifia.nt à cene unité. socialisme dans i►ombrc. Mais cette discrétion ne doit pas
Si l'interprétation est juste, elle permet de compren tromper. Leur subordination relative ne les empêche pas
dre
le glissement sans hcun de la fonclion
du couple d'un de
ses visages à l'autre au cours de la dernière pCri J. Je ne puit q\K te:OYO)'Cr 1u aablc•u subswukl q11t j"en ai dtta# daDI
ccm allait sur la division et le conflit, il est ode. L1ac­ l,.t IIOltllr-111 �. \'OI. IV de l� fN UI � Paris, Ga11im&rd,
passê insensible- 2017,
162 La droitt tl la gaucht ftmf•u 163

de disposer d1 un ancrage inexpugnable qui con deux


se . �
0 urn it l'assise de l'idée libérale fait signe ven
dimension agonistiqu.e au champ politique et qui q li société. L'égale . libené des
• co:t• ,. �, ons très divergences de
de poser la qucsuon dc•1a re·ducuon • d e cet éven 111•• visi
.
. •
dépa.rt conuent en germe aussi b1cn 1e proJCt

•• d'une maJon
choix binaue

té et d'une opposition, au
tail eues posée au .
• e d'un m�he d es
des égaux �ue 1a .p�rspe:°v
.
rendant plus problèmanque que Jamais
. . en a
1 d'une société
. aux mégaht�s .qu� peuvent c� �cs�ter.
La nouveauté la plus marquante, cela dit., est libertés indiffér�nt
ent deux liberalismes, un libéralisme
degré de conscience de l'inséparabilité de ces 0 tiso 1e
dan li y a constituuvem
ité au panage des libenés et
rivales qui accompagne leur redéfinition - une rcdé
P dêmocrarique donn ant Ja prior
ique faisant de la concurrence et de
accomplie dans le cas du libéralisme, en gestation dans
finin:' u.n libéralisme oligar<:h.
urs ou des vainqueurs la loi
c::i.s du eonscrvatisme: et du socialisme•. Difficile déso
1: la sélection naturelle des meille
­
de s'enfermer dans un exclusivisme sectaire en ignor
nnais d'airain de la condition collective. Le constat vaut identi
ant quement pour le conservatisme et le socialisme. L'ambiva­
que ta conviction qui vous anime coexiste nécessaireme
nt lence du p0litiquc en lequel les conservateurs placent leurs
avec d'autres qui ne sont pas simplement de fait mais
qui espérances a été repérée depuis longtemps et la période en
se r:machcm de droit à la vôtTC.
accentue les uaits. L'autorité qui domine et imp0s.e sa hié­
Encore n'est-cc pas tout. Car cc remaniement du cadre
rarchie fait mauvais ménage avec l'autorité qui prorêgc et
structurel de l'exis.tence collective et de ses expressions
qui renforce la solidarité communautaire. Cc n'est pas non
intellcctueUe-s a pour l"CSultat de faire apparaître les tensions
plus d'aujourd'hui que Je socialisme admet des versions
internes qui habitent tous les êlémems qu'iJ recompose. fonemcm concun-entes. Mais cene fois, c"est dans la source
Pour en prendr-c une première mesure, il suffit d'Cvoquer, même de l'idêe, dans ce que la puissance d'histoire auto­
rien qu'à un niv�u de surface, l'alliage libéra,l-libenairc en rise et dans ce que veut dire justice que la contradiction
lequel se monnaye opérmoiremcnt le néolibéralisme domi­ vient se loger. Que serait une société vraiment sociale?
nant. Nul besoin d'une analyse approfondie pour discerner Entre l'indépendance des individus revendiquée au titre de
les ûraillemcms qui en font un mélange inst·able. Dès le l'émancipation et l'appanenance renforcée réclamée au
moindre dheloppement de ces prêmisse:s communes, la ütre de l'égale participation des citoyens. la réponse à l'in­
contradiction se déclare entre la di$Cipline concurrentielle terrogation est à tel point en forme de dilemme qu'elle en
des uns et le relâchement anarchique des autres. Mais à est paralysante.
1
un niveau bien plus profond1 le. socle des droits individuel D'où que l'on pane, où que l'on se ponc, la contra•
s
diction est au rcndez...vous, ln contradiction intérieure,
1. U lllul Cffi�r l�u,, au lCXb: prC'moano
irc <k U."11!1.* K.ol�l:ows.ki, la contradiction d'abord avec soi-même avant de se mani•
• O>mtncm êut COMen�u:ur•llboiral-�i:llinc
hi\-« 1978•19'19, p. 4'ii'5◄56, rqw,s dq)u:î,
. Credo•• Com1Nmt.aire, � 4, fcs:tcr comme confrontation avec des contradicteurs. On
11r1içki aW1 lkllu Ltnra (Ptru, 1017
com.m1.: utrc d'un recueil dt KS
). Il mérite d'�tre reconnu comme k
pourrait ainsi dresser wie sone de tableau à la Mendeleïev
tl:moipa!!f: m1u,1CW'l'll d'un I\OUV<I ilgc idfol
o!Liquc des èlémentS polémiques de l'expérience coUcctlve. En
oori:.ncocc ;r,u inoin'i di!f\l.k dt la «implhncnti.n placë aous k: sigiw: de ccttie
ti da antagonl.stu. leur fond1 ces tensions ne sont pas nouvelles. BUcs étaient
165
Posdl1L•
164 L4 droit� 11 la gamh•

.-
fonction da,,.
ndo nne une p art de sa
li y aba les choix offert!
prbcntcs et actives en füigranc d111'1S la fi nale,. et de résu mer
� n'est, était d'en
glob er c d'en­
publique, mal$ elles rc5taient couvcrte1 par Ica oppos· . ement rcconnaiu
,iqu e qui s'y voit tacit
en s. Ma is
il que qui le prom et
.
tranchées qui occupaient le devant de la scène , ��
contre classe•, camp contre camp, drone compacte tont
aux citoy
e vérité de noue condition politi
fermer un
gauche unie. Le dévclopp <:mcnt de leurs SOur«s ...::. t la <harê-t
.
jaccntc,a let a rend.un sinon ouvencs, du moins w
m.
sammcnt sensîblcs aux actcun pour prendre no& dt
données signi6cat.iv es de la vie politique. Entre n,conn ais­
sance obligée du fait pluraliste et découvttte de ce q� l'œ
porte l a contradiction en soi avant de la rencontrer au'"(!c­
hors, 12 solidarité des opposé$ est dc-'Clluc l'cxPffituc,;
démocratique par excellence. Elle contribue à modifier le
climat de la vie politique, et, au demeurant, pas tout
uniment dans le sens de son acceptation. Elle suscite aussi
\c ttfv.s,, sous des formes là encore op5t01ées, un rdus p,ICi..
fiquc et dépolitisant , à baasc d'évitem ent d'un domtinc
perçu com m e un maquis inextricable, et un rd\lS �
,ous l'aspect d•un sectarisme militant exacerbé. ne mi..
cnant pu d'afficher sa volonté de ttdllirc ses contnd;c­
tcun au silence.
C'at ctttc c• -xpu--'· -·--..,�ncc
qui change :c 1tatut de noett
clivaac droitc,.gauchc. Elle en minore la ponêc tout en
aminnt sa pérennité. Elle ne fait pas que le con6nncr
dans s.a vocation de traduire cette inséparabilité des opper
sê:s dan$ une ,ymbolique du corps qui ne dit plus son
nom, mais qui n'en parle pas moins. Elle amène cc qui
hait sa fonction SCCtttc, sinon i \'explicite, en tout cas
D l' i.mplidtc:, w, implicite qu'il n'est pas bcaoin de gratter
beaucoup pour !ai_rt avouer aux aocun le 1entimcnt
qu'Us Ont du Ucn qui les tient avec leurs advcn.aircs et
l'écho que ce nppon trouve dans lcun ;,roprcs pcrplexitês.
Le clivage y perd l'écl:u qu'il devait à ''évocation d'années
ran;:én en ordtt: de bataille pour une lune décisive, 1i et
az
1
..

0
....

t ;. ::: :;:
,,.

s
MARCEL GAUCHET

LA DROITE
ET LA GAUCHE
HISTOIRE ET DESTIN

Le cl ivage dro ite-gauche est une de ces créations françaises qui on t fait le
tour du monde. li est le produit d'une histoire marquée depuis la Révolution
française par u ne confllctualité aussi inten se que complexe. Mais fe
parcours qui a conduit à fa mise en place de cette division canoniqu e des
opinions et des identités pol itiques est foin d'être linéaire. En reconstituer
les étapes, comme le fait Marcel Cauchet, est l'occasion de revisiter d'un
œif neuf la sin gularité de notre histoire politique, en même temps que
d'éclairer la signification de ce couple devenu peu à peu constitutif de la
vie démocratique. La grande questi on d'aujourd'hui étant de savoir s'il
conserve sa raison d'être au milieu des bouleversements que connaissent
nos sociétés, ou s'il appartien t à un e époqu ,n train de se clore.

Marcel Cauchet est notamment l'auteur de ,enement de fa démocrat�


(tomes Ià IV, Gallimard, 2007-2017).

l\l"lt7ta 07·.ttYU·I

11 111111111111118
9 7 82072
, 952531 J/:. GOS7!3 2l•X 14€

Vous aimerez peut-être aussi