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Chapitre 3 : La représentation de l’économie comme un circuit

I – Classification des agents économiques et présentation de leurs


activités

LES DIFFERENTS ACTEURS DE L’ECONOMIE

- Les ménages
- Les entreprises
- L’Etat (ensemble des administrations publiques)
- Les institutions financières (Banque Centrale, système
bancaire, assurances)
- Les institutions sans but lucratif au service des ménages
(syndicats, partis, associations). Leur rôle est mineur.

Il s’agit exclusivement d’agents résidents.

- Le « Reste du monde »

Le « Reste du monde » symbolise l’ensemble des agents non résidents


avec lesquels le pays est en relation.

1) LES MENAGES

Travaillent et perçoivent les salaires :
Les ménages vendent leur force de travail aux entreprises
(financières ou non financières) ou aux administrations et en
contrepartie ils reçoivent une rémunération : le salaire.

Payent des impôts, des taxes et des cotisations et reçoivent des


transferts sociaux :
L’Etat prélève un certain montant sur les ménages en fonction
de leur revenu (ex – impôt sur le revenu), de la consommation (ex –
TVA) ou de leur salaire (ex – cotisations sociales), afin d’assurer son
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fonctionnement et de redistribuer du pouvoir d’achat des plus riches
vers les plus pauvres.
Les ménages concernés perçoivent ainsi des retraites, des allocations
familiales, des minima sociaux, des allocations chômage, des
indemnités en cas de maladie …
Ces transferts sociaux permettent une correction des inégalités.
Le revenu disponible des ménages s’estime après paiements des
différentes taxes et en fonction des transferts sociaux reçus.

Consomment et investissent :

En fonction de leur revenu disponible, les ménages consomment


des biens et services produits par les entreprises nationales
(entreprises résidentes), par l’Etat, mais aussi par des entreprises
étrangères (entreprises non résidentes) il s’agit alors d’une
consommation de biens et services importés.
Les ménages investissent également dans des biens durables (achats
dans l’immobilier).

Epargnent :

Les ménages épargnent la partie non consommée et non investie de


leur revenu disponible.
Les ménages empruntent également pour réaliser des achats
importants (notamment immobilier ou automobile).
Les ménages dans leur ensemble (au niveau agrégé) sont plus
prêteurs qu’emprunteurs.Ils ont donc une capacité de financement.
Les ménages valorisent leur épargne soit en achetant directement les
titres, soit en la plaçant auprès d’établissement financiers (notamment
les banques). Les ménages perçoivent donc la rémunération de leurs
placements : des intérêts ou des dividendes (en cas de détention
d’actions). Ces intérêts et dividendes qui sont également soumis à
l’impôt, viennent s’ajouter à leurs revenus.

Utilisent de la monnaie pour effectuer leurs transactions :

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Les ménages reçoivent leurs rémunérations et effectuent leurs
différents achats à l’aide de la monnaie. Ils détiennent la monnaie sur
leurs comptes auprès des établissements financiers (monnaie
scripturale) ou sous forme de billets et de pièces (monnaie fiduciaire).
Pour effectuer certains achats auprès d’entreprises non résidentes,
les ménages doivent parfois se procurer des devises.

2) LES ENTREPRISES

Investissent :

Pour constituer leur capital, les entreprises achètent des biens


d’investissement auprès d’entreprises résidentes ou non résidentes.

Empruntent et éventuellement ouvrent leur capital :

Pour financer cet investissement, les entreprises doivent emprunter


auprès des banques ou émettre des titres (obligations et actions) sur les
marchés financiers. Elles devront rémunérer ce capital (en payant des
intérêts ou des dividendes).

Produisent et vendent des biens et services :

Pour mettre en œuvre la production, les entreprises utilisent le


travail, le capital et des biens et services produits par d’autres
entreprises qui sont les consommations intermédiaires.
Les entreprises vendent les biens et services produits aux agents
résidents et non résidents (il s’agit alors d’exportations).

A partir de la vente de leur production, les entreprises


rémunèrent les facteurs de production, payent des taxes et font du
profit :
Elles versent des salaires aux ménages pour rémunérer le facteur
travail.
Elles remboursent leurs emprunts et versent des intérêts aux banques
et aux ménages détenteurs d’obligations.
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Elles payent des taxes à l’Etat sur les bénéfices (ou profit) qui leur
restent.
Elles distribuent aux actionnaires les bénéfices nets sous forme de
dividendes ; les actionnaires sont aussi des ménages.

Les entreprises utilisent de la monnaie nationale et des devises


pour effectuer leurs transactions.

3) L’ETAT

Prélève des taxes, des impôts et des cotisations : Ce sont les


recettes de l’Etat.

pour assurer les dépenses de l’Etat :

Payer les salaires des fonctionnaires qui procurent à la population un


ensemble de services publics marchands ou non marchands : Police,
justice, défense, éducation…
Construire, financer et entretenir les infrastructures (routes, ports,
aéroports, universités, bâtiments publics, …) : L’Etat produit donc des
biens publics.
Payer les transferts sociaux
Assurer la charge de la dette et rembourser les titres publics
arrivés à expiration

Lorsque les dépenses publiques de l’année dépassent les


recettes, l’Etat connaît un déficit budgétaire :
L’Etat émet alors de nouveaux (supplémentaires) titres publics pour
financer son déficit.Ce sont des reconnaissances de dettes que les
banques et institutions financières achètent avec l’épargne que les
ménages et les entreprises ont placé chez eux. En échange, les banques
(et par leur intermédiaire, les ménages) recevront des intérêts. L’Etat
s’endette.

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4) LES INSTITUTIONS FINANCIERES

La Banque Centrale assure l’émission de la monnaie nationale


(ou monnaie de la zone monétaire dans le cas de la BCE)

Les banques de seconds rangs (toutes les banques à part la


Banque Centrale) ont dans leurs écritures les dépôts des agents non
financiers et leur donnent différents instruments pour assurer les
paiements à partir de ces comptes (chèques, virements, …).

Les banques de seconds rangs assurent le financement de


l’économie :

Elles prêtent aux agents à besoins de financement (les entreprises et


l’Etat) les fonds que les agents à capacités de financement (les
ménages) ont placé auprès d’elles.

Les assurances garantissent les activités économiques contre le


risque.

Les institutions financières emploient des salariés pour assurer


leur activité.

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5) LE RESTE DU MONDE (RdM)

Les opérations avec le RdM portent sur :



les biens et services :
Le RdM offre des biens aux agents résidents : ce sont les
importations.
Le RdM demande des biens aux entreprises résidentes : ce sont les
exportations.

les transferts de revenus:


Des revenus sont transférés du territoire national vers le RdM :par
exemple, lorsqu’un étranger travaille en France et rapatrie ses revenus
vers son pays d’origine.
Des revenus sont transférés du RdM vers le territoire national : par
exemple, quand une entreprise française rapatrie les bénéfices faits
dans une filiale implantée à l’étranger.

les capitaux :
Les capitaux circulent entre le pays et le RdM. Les agents résidents
investissent à l’étranger (par exemple, lorsqu’une entreprise française
crée une unité de production dans un pays étranger) et le RdM investit
sur le territoire national.

II – LE CIRCUIT ECONOMIQUE.

Dans une première section nous étudierons un circuit économique à


deux agents (ménages, entreprises). Pour simplifier l’analyse nous
étudierons ce circuit économique en deux étapes : l’une, sans
investissement des entreprises, l’autre, avec investissement. Ceci nous
permettra de définir les principaux agrégats (grandeurs synthétiques
de l’économie) de la comptabilité nationale et les relations existant
entre eux.
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Dans une seconde section nous étudierons une économie ouverte sur
l’extérieur à trois agents (ménages, entreprises et reste du monde).
Dans une troisième section nous présenterons un circuit économique
d’ensemble en introduisant un quatrième acteur de la vie économique :
l’État.

1 ) Le circuit économique à deux agents : les ménages et les


entreprises.

A) Sans investissement.

Hypothèses : il existe deux agents : Ménages et Entreprises


→ Les entreprises ne produisent qu’un seul type de bien : biens de
consommation finale. Elles utilisent des heures de travail (L) et des
machines (supposées éternelles ⇒ pas d’investissement)

→ Il existe deux catégories de ménages :


- ceux qui possèdent les machines ; ce sont les capitalistes ; ils dirigent
les firmes et perçoivent un profit.
- ceux qui ne possèdent rien ; ménages salariés ; ils perçoivent un
salaire.
→ On suppose qu’au cours de la période la production des entreprises
s’élève à 1728 et les salaires versés à 1500. La production est
intégralement vendue et les salaires sont intégralement dépensés.

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Commentaires :

- partie droite du graphique : flux relatifs au marché des services


productifs ou facteurs de production.

Les ménages vendent des services productifs aux entreprises. En


contrepartie les entreprises leur versent un revenu composé de salaires
et de profits.

- partie gauche du graphique : flux relatifs au marché des biens et


services.

Les entreprises utilisent les services productifs à la fabrication de


biens et services qu’elles vendent sur le marché. Les ménages
consomment l’intégralité de leur revenu en biens de consommation
finale.

→ le circuit des échanges peut donc être appréhendé selon deux


optiques : celle de la production (flux réels), celle du revenu (flux
monétaires)
→ les flux réels et monétaires se compensent
→ le caractère circulaire du graph montre que les flux de revenu, de
production et de consommation sont égaux. Les flux se compensant, il
y a équilibre économique.

Relations entre agrégats :


- la production a généré un revenu équivalent composé de salaires et
de profits :
Y = W + P (1728 = 1500 + 228)
- tout ce qui a été fabriqué a été demandé à des fins de consommation:
Y = C (1728 = 1728)
- le Revenu national = valeur de la production

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B) Avec investissment.

Hypothèses :
les entreprises produisent deux types de biens :
→ biens de C finale : C
→ biens de production (machines) : I
Les machines sont achetées par les entreprises de façon à remplacer le
matériel usé, pour augmenter leur capacité productive ...
Les ménages ne consomment pas tout leur revenu → constitution
d’une épargne utilisée à l’achat de valeurs mobilières (actions et
obligations)

Les profits réalisés sont divisés en deux parts : les intérêts (versés aux
détenteurs d’obligations) et les dividendes (détenteurs d’actions). On
pourrait envisager une troisième part destinée aux profits non
distribués (nécessaire à l’autofinancement) ⇒ ici, les entreprises
doivent émettre des actions ou obligations pour investir.

Définitions :
- Actions : elles matérialisent un droit de copropriété sur les
entreprises; leurs détenteurs sont, en théorie, associés à la gestion de
l’entreprise. Elles donnent lieu au versement de dividendes, fonction
des bénéfices des entreprises → valeurs à revenu variable.

- Obligations : leurs détenteurs détiennent une créance sur l’entreprise.


Ce prêt à l’entreprise donne au versement d’un intérêt constant →
valeurs à revenu fixe.

Il existe un marché sur lequel ces valeurs sont vendues par les
entreprises et achetées par les ménages → marché financier. Ce

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marché comporte deux compartiments : marché primaire où sont
échangés des titres neufs et le marché secondaire où sont échangés des
titres d’occasion. Dans le circuit économique, seul le marché primaire
est pris en considération dans la mesure où les transactions sur titres
d’occasion ne correspondent pas à une épargne nouvelle.

Application numérique :
- les entreprises produisent des biens de consommation finale pour un
montant de 1440 et des biens d’investissement pour 288 qu’elles
s’achètent les unes aux autres. Les salaires versés sont égaux à 1500.
Les profits sont intégralement distribués aux ménages, moitié
sousforme d’In, moitié sous forme de Di. (les entreprises ne réalisent
pas d’épargne dans notre exemple).

- la consommation finale des ménages est de 1440 (83.33 % de leur


revenus).

Valeur des profits : ce qui reste de la production après rémunération


des salaires :
⇒ production = 1440+288=1728 → P = 1728-1500=228
⇒ In (intérêts) = 114 ; Dv(dividendes) = 114
⇒ S=Y-C=1728-1440=288

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Commentaires :
(1) pour produire, les entreprises embauchent et payent des salaires
(W = 1500), des Intérêts (114) et des Dividendes (114)
(2) le revenu des ménages est de 1728
(3) les ménages consomment 1440
(4) les ménages achètent des actions et obligations pour 288
(5) les entreprises achètent des machines pour 288
(6) la valeur de la production que les entreprises mettent sur le marché
des biens et services est de 1788 : 1440 sont achetés par les ménages
et 288 par les entreprises.
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Il existe trois optiques différentes pour analyser le revenu :

1 - optique de la demande

Y = C + FBCF + ΔS = C + I

La production a permis de satisfaire les besoins de consommation et


d’investissement.

2 - optique de la formation du revenu

Y=W+P

La production a généré un montant de revenus équivalents composés


de salaires et de profits.

3 - optique d’utilisation du revenu

Y=C+S

La production a généré un montant de revenus équivalents affectés à


la consommation et à l’épargne.

Des égalités (1) et (3), on obtient l’égalité de l’épargne et de


l’investissement :

I=S

L’épargne des ménages sert à financer les besoins d’investissement

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Relation entre identité comptable et condition d’équilibre

Dans le circuit économique précédent : I = S avec I = FBCF + ΔS


- les entreprises produisent pour 1440 de biens de C finale et les
ménages consomment effectivement 1440 ⇒ vente de toute la
production, les entreprises font de bonnes prévisions quant à la
consommation des ménages.
- les entreprises produisent des machines pour 288 et l’investissement
des entreprises est effectivement de 288 ⇒ vente de toute la
production.
⇒ une telle situation est une situation d’équilibre sur le marché des
biens et services, il y a égalité entre l’offre et la demande.
⇒ on pourrait en déduire que l’égalité I = S traduit une condition
d’équilibre mais imaginons une situation totalement différente :

Hypothèses :

- les entreprises produisent pour 1440 de biens de C finale et 288 de


machines qu’elles s’achètent entre elles.

- les entreprises versent des salaires W = 1500 et des profits In + Di =


114+114 = 228

- mais la C finale des ménages est C = 1400 au lieu de 1440


précédemment.

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Commentaires :
(1) et (2) : rien de changé par rapport au graph 2.
(3) et (4) : les ménages ne consomment plus que C = 1400 et
épargnent S = 288+40=328
(5) : L’investissement souhaité par les entreprises est FBCF = 288
mais il y a un accroissement des stocks correspondant au biens
invendus de ΔS = 40

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⇒ l’investissement réalisé est I = FBCF+ΔS= 288 + 40 = 328
⇒ les entreprises ont donc un besoin de financement de 328, ce qui
correspond à l’épargne des ménages qui s’élève à S = Y - C = 1728 -
1400 = 328.
⇒ on retrouve l’égalité I = S mais a t-on pour autant l’équilibre sur le
marché des biens et services ?

Non, car les prévisions de consommation des entreprises sont de 1440


alors que les ménages ne consomment que 1400 ⇒ accroissement des
stocks de ΔS = 40.

⇒ L’égalité I = S est une identité comptable et ne correspond pas à


une condition d’équilibre. Dans la situation décrite ici, les entreprises
ont surestimé la demande de consommation des ménages et il est
probable qu’elles réduiront leur production à la prochaine période. On
ne peut formuler aucun diagnostic sur la situation économique par la
seule observation de l’égalité I=S.

2) Circuit en économie ouverte à trois agents (ménages,


entreprises, RdM)

Economie ouverte ⇒ Prise en compte des opérations réalisées entre


les agents résidents et le Reste du Monde (RdM) :

- le RdM achète les B et S produits par les entreprises nationales.


⇒ exportations X ⇒ flux de revenus du RDM vers l’économie
nationale.

- les ménages et les entreprises résidentes achètent des B et S à


l’extérieur.
⇒ importations M ⇒ flux de revenus qui sortent de la nation

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Hypothèses :

→ la production des entreprises est de 2500 dont 510 de biens


d’investissement
→ les salaires versés sont de 2100 ⇒ profits P = 2500-2100 = 400
→ les ménages consomment 80% de leur revenus et épargnent le reste
(20%).
⇒ C=0.8*2500 = 2000 et S = 2500-2000=500
→ Les exportations sont de X = 400. Les importations, de M=500,
sont composées pour 410 de biens de consommation finale et pour 90
de machines (I).

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Commentaires :
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- parties droite et supérieure du graph 4 : flux relatifs à la
formation du revenu.

- partie médiane du graph 4 : flux relatifs à l’épargne

Les entreprises pour financer un investissement de 510+90 = 600


émettent un montant équivalent de titres qui, pour 500 sont achetés par
les ménages résidents, et pour 100 par les agents non résidents.

- parties gauche et inférieure : flux relatifs aux échanges de biens


et services.

les ménages demandent 2000 de biens de consommation, les


entreprises 600 de biens d’investissement. Le RdM paye 400 en
contrepartie des biens qu’il achète et reçoit 500 pour les biens que les
agents résidents lui achètent. Les entreprises résidentes reçoivent 2500
comme résultat de leurs ventes aux ménages, à elles-mêmes
(investissement), et au reste du monde.

Équilibre des emplois et des ressources

Cet équilibre indique que la valeur totale des biens et services mis à la
disposition des agents économiques est égale à la valeur totale des
achats que les agents décident. C’est une identité comptable.
→ Ressources : valeur totale des B&S mis à la disposition → Y + M
→ Emplois : valeur totale des biens utilisés → C + I + X
(I=FBCF+ΔS)

⇒ Équilibre E-R :

Y+M=C+I+X
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soit 2500+500=2000+600+400

- Par définition le solde de la balance commerciale B est égal à la


différence entre les M et X ⇒

BC = X - M

soit B = 400 - 500 = -100 ⇒ déficit

On peut réécrire l’équilibre E-R de la façon suivante : X - M = Y - (C


+ I)
→ (C + I) représente la dépense intérieure (2000+600 = 2600)
⇒ lorsque l’on a un déficit de la balance commerciale, il y a excès de
la demande intérieure sur la production : M > X ⇒ C+I > Y
⇒ pour rééquilibrer la BC, les gouvernements peuvent mener des
programmes d’austérité visant à diminuer la demande intérieure (C+I).

Remarque: l’égalité E-R est une identité comptable et non une


condition d’équilibre comme le montre le cas précédent où l’égalité
est respectée en présence d’un déséquilibre commercial.

Différentes analyses du revenu en économie ouverte

(1) optique de la demande : Y = C + I + (X - M)


(2) optique de la formation du revenu : Y = W + P
(3) optique d’utilisation du revenu : Y = C + S

A l’aide des relations (1) et (3) on obtient : C + I + (X - M) = C + S

⇒ M + S = I + X en économie ouverte et S = I en éco fermée

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Un déficit commercial M > X ⇒ S < I

Un déficit commercial ⇒ une épargne du RdM notée Srdm = M-X

⇒ S + (M-X) = I ⇒ S + Srdm = I l’épargne du Rdm vient combler


le déficit interne.

3 ) Circuit économique d’ensemble à quatre agents : ménages,


entreprises, État et RdM

A) le budget de l’Etat
B)
Hypothèses : L’État :
- prélève des impôts sur les ménages T= 210
- verse des salaires aux fonctionnaires Wa = 110
- achète des biens de C intermédiaire aux entreprises CIa = 70
- achète des biens d’investissement aux entreprises Ia = 50.

Budget de l’État :

Recettes : T = 210

Dépenses : Wa + CIa + Ia = Wa + G = 110 + 120 = 230 avec G = CIa


+Ia=120

On regroupe les achats de l’État aux entreprises, soit CIa + Ia, sous le
symbole G. Ce sont les biens que l’état achéte aux entreprises et au
reste du monde sur le marché des biens et service.

⇒ solde = 210 - 230 = -20 ⇒ déficit budgétaire DB = 20

A coté, se trouve le Budget social : Transferts sociaux.

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Recettes : ensemble des cotisations sociales payées par les agents
économiques.

Dépenses : ensemble des prestations sociales payées aux ménages


(retraites, dépenses de santé, allocations familiales et allocations
chômage).

Ce budget, bien qu’entièrement distinct du budget de l’État est d’une


taille comparable à ce dernier. Il n’impacte directement pas sur le
marché des biens et services.

B) Mesurer l’activité des administrations publiques.

Les services rendus par les administrations publiques ne sont pas


vendus sur un marché ⇒ on mesure la production des administrations
au coût des facteurs de production.

⇒ production de l’État = Wa + CIa = 110+70 = 180

→ le PIB non marchand est défini comme la valeur de cette


production diminuée des consommations intermédiaires.

⇒ YNM = valeur de la production - CIa = Wa = 110

→ Consommation finale des administrations. On ne sait pas identifier


les bénéficiaires de ces services. Par convention, on pose que les APU
consomment à titre de consommation finale l’ensemble de leur
production.

⇒ Ca = valeur de la production = Wa + CIa = 110+70 = 180.

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C) Représentation du circuit économique d’ensemble.

Hypothèses :

→ la production des entreprises est de YM = 2300 dont 410 de biens


d’investissement achetés par les entreprises ; elles versent des salaires
We = 2000 ⇒ P = 2300-2000 = 300

→ les ménages consomment 80% de leur revenus et épargnent le


reste.

→ les exportations sont X = 400 et les importations M = 450 dont 60


de biens d’investissement achetés par les entreprises résidentes.

⇒ l’investissement des entreprises est : Ie = 410 + 60 = 470

→ T= 210 ; Wa = 110 ; CIa = 70 ; Ia = 50 ⇒ G = CIa + Ia = 120 et


YNM = Wa = 110 ; Ca = Wa+ CIa = 180

Calcul du revenu disponible, de la consommation et de l’épargne des


Ménages

C’est l’ensemble des revenus perçus par les ménages à l’issue de la


vente des services productifs augmentés des prestations sociales et
diminués des impôts et cotisations sociales versées.
⇒ Yd = We + Pe + Wa - T = 2300 + 110 - 210 = 2200
⇒ Cm = 0.8*2200 = 1760 et Sm = 0.2*2200 = 440

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Commentaires :

- parties droite et supérieure du graphe 5 : flux relatifs à la


formation du revenu. En échange des services que les ménages leur
fournissent, les entreprises versent un revenu égal à 2300. En
contrepartie du travail des fonctionnaires, l’État verse des traitement
égaux à 110. Les ménages payent des impôts T = 210 ⇒ revenu
disponible = 2200.

- parties gauche et inférieure : flux relatifs aux échanges de biens


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et services. Les ménages demandent 1760 de biens de consommation,
les entreprises 470 de biens d’investissement et l’État 120 de biens
intermédiaires et d’investissement. Le RdM paye 400 en contrepartie
des biens qu’il achète et reçoit 450 pour les biens que les agents
résidents lui achètent. Les entreprises résidentes reçoivent 2300
comme résultat de leurs ventes aux ménages, à elles-mêmes
(investissement), à l’État et au reste du monde.

- partie médiane du graphe : flux relatifs à l’épargne et à son


affectation
Les entreprises s’achètent entre elles 410 de biens d’investissement et
en importent 60 ⇒ Ie = 470, financé par émission de titres. De même,
l’État est supposé émettre des obligations pour un montant de 20 de
façon à financer le déficit budgétaire. Au total, il y a 470+20=490 de
titres nouveaux émis sur le marché financier. Ces titres sont acquis par
les ménages résidents pour une valeur de Sm=440 et par le reste du
monde pour Srdm = 50.

D) Équilibre Emplois-Ressources en économie ouverte avec prise


en compte de l’État.

a - sphère marchande

Ressources : YM + M = 2300 + 450 = 2750


Emplois : Cm + Ie + G + X = 1760 + 470 + 120 +400 = 2750

⇒ YM + M = Cm + Ie + G + X

En écrivant différemment l’égalité précédente, on fait apparaître le


lien entre déficit commercial et excès de demande intérieure : X - M =
YM - ( Cm + Ie + G )
⇒ si X<M ⇒ Cm + Ie + G > YM excès de la demande intérieure sur
la production.

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b - sphères marchande et non marchande
→ PIB non marchand : YNM = Pa - CIa = Ca- Cia (production non
marchande - CIa)

→ achats publics G = CIa + Ia


→ E-R du PIB marchand : YM = Cm + Ie + G + X

En sommant les PIB marchand et non marchand et en remplaçant G


par son expression, on obtient : YM + YNM + M = Cm+ Ie + (CIa
+Ia) + X + (Ca - CIa)

Soit : YM + YNM = (Cm + Ca) + (Ie +Ia) + (X-M)

Le PIB global, somme des PIB marchand et non marchand, est donc
égal à la consommation finale, (somme des consommations des
ménages et des administrations), augmentée de l’investissement
global, (somme de l’investissement des entreprises et de l’État), et des
exportations nettes.

E) Différentes analyses du revenu et relation entre l’épargne et


l’investissement

a- Dans la sphère marchande uniquement

(1) optique de la demande :


YM = Cm + Ie + G + (X-M)
(2) optique de la formation du revenu
YM = We + Pe
(3) optique d’utilisation du revenu
Yd = Cm + Sm
Mais Yd = We + Pe + Wa - T = YM + Wa - T
⇒ YM = Cm + Sm +(T-Wa)

le revenu marchand a eu trois affectations : la consommation des


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ménages, leur épargne et le paiement des impôts nets (des salaires et
autres transferts)

b - Dans les sphères marchandes et non marchandes

(1) optique de la demande


YM + YNM = (Cm + Ca) + (Ie +Ia) + (X-M)

(2) optique de la formation du revenu


YM = We + Pe
YNM = Wa
⇒ YM + YNM = We + Wa + Pe

(3) optique d’utilisation du revenu


YM = Cm + Sm + (T-Wa)
YNM = Wa
⇒ YM + YNM = Cm + Sm + T

c - Relation épargne-investissement en économie ouverte avec l’État


Précedement, on a obtenu :

YM + YNM = (Cm + Ca) + (Ie +Ia) + (X-M)


YM + YNM = Cm + Sm + T

On tire alors : (Cm + Ca) + (Ie + Ia) + (X - M) = Cm + Sm + T


Soit encore :
(Ca + Ia - T) + Ie = Sm + (M-X)

Or le solde du budget de l’État s’écrit : recettes – dépenses


⇒ T - (CIa + Ia + Wa) = T - (Ca + Ia) ( = -20 )

Ce solde étant dans notre exemple négatif, on note le déficit


budgétaire :
DB=Ca +Ia -T > 0 (DB = 20)

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De même le solde de la balance commerciale est égal à X - M = -50.
Dans notre exemple, il s’agit d’un déficit commercial, qui représente
une épargne du reste du monde notée :
Srdm = M - X > 0 (Srdm = 50)

En remplaçant on obtient la relation entre l’épargne et


l’investissement en économie ouverte et prise en compte de l’État :
DB + Ie = Sm + Srdm
L’épargne globale, somme de l’épargne des ménages et du reste du
monde, sert à financer les besoins d’investissement des entreprises et
le déficit budgétaire de l’État.

III – Conclusion, l’équilibre emploi ressource en 2016, 2017 et


2018 et 2019.

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Extrait des Comptes de la Nation 2016 : Présentation chiffrée de
l’équilibre du marché des biens (en milliards d’euros) (source :
INSEE)

OFFRE DEMANDE
PIB = 2228,9 - Consommation = 1759,6
Importations = 695,6 Ménages :
1186,1
Administrations publiques :
526,7
Institutions sans but lucratif
= 46,8
- Formation brute de capital
fixe = 489,4
Entreprises non financières :
276,7
Entreprises financières :
20,3
Ménages :
111,6
Administrations publiques :
76,1
Institutions sans but lucratif :
4,7
- Variations de stocks = 23,3
- Exportations = 652,2

TOTAL DES RESSOURCES = TOTAL DES EMPLOIS =


2924,5 2924,5

29
Extrait des Comptes de la Nation 2017 : Présentation chiffrée de
l’équilibre du marché des biens (en milliards d’euros) (source :
INSEE)

OFFRE DEMANDE
PIB = 2296,5 - Consommation = 1784,0
Importations = 732,6 Ménages :
1192,2
Administrations publiques :
543,8
Institutions sans but lucratif
= 48,0
- Formation brute de capital
fixe = 516,4
Entreprises non financières :
289,5
Entreprises financières :
23,7
Ménages :
121,7
Administrations publiques :
76,8
Institutions sans but lucratif :
4,8
- Variations de stocks = 20,5
- Exportations = 708,3

TOTAL DES RESSOURCES = TOTAL DES EMPLOIS =


3029,2 3029,2

30
Extrait des Comptes de la Nation 2018 : Présentation chiffrée de
l’équilibre du marché des biens (en milliards d’euros) (source :
INSEE)

OFFRE DEMANDE
PIB = 2360,7 - Consommation = 1821,7
Importations = 773,4 Ménages :
1223,2
Administrations publiques :
549,6
Institutions sans but lucratif
= 48,9
- Formation brute de capital
fixe = 540,8
Entreprises non financières :
305,0
Entreprises financières :
25,3
Ménages :
125,0
Administrations publiques :
80,4
Institutions sans but lucratif :
4,9
- Variations de stocks = 22,1
- Exportations = 748,8

TOTAL DES RESSOURCES = TOTAL DES EMPLOIS =


3134,0 3134,0

31
Extrait des Comptes de la Nation 2019 : Présentation chiffrée de
l’équilibre du marché des biens (en milliards d’euros) (source :
INSEE)

OFFRE DEMANDE
PIB = 2425,7 - Consommation = 1863,5
Importations = 794,4 Ménages :
1253,2
Administrations publiques :
560,2
Institutions sans but lucratif
= 50,0
- Formation brute de capital
fixe = 573,1
Entreprises non financières :
320,7
Entreprises financières :
28,9
Ménages :
129,8
Administrations publiques :
88,7
Institutions sans but lucratif :
5,0
- Variations de stocks = 12,2
- Exportations = 770,7

TOTAL DES RESSOURCES = TOTAL DES EMPLOIS =


3220,2 3220,2

32
Les contributions à la croissance en 2019 (en euros constant 2014):

2018 2019 Variation En % En %


du PIB
PIB : 2288,2 2322,7 +34,5 +1,5% +1,5%
Consommation : 1778,2 1806,0 +27,8 +1,6% +1,2%
FBCF : 525,9 548,2 +22,3 +4,2% +1,0%
Stocks 19,5 9,3 -10,2 -52,2% -0,4%
Exportations 740,5 754,6 +14,1 +1,9% +0,6%
Importations 777,9 797,6 +19,4 +2,5% +0,8%

On sait que :
Y = C + FBCF + ΔS + X – M
La même équation est valable lorsque l’on passe en variation :
Y2019 - Y2018 = C2019+ FBCF2019 + ΔS2019 + X2019 – M2019 - (C2018+
FBCF2018 + ΔS2018 + X2018 – M2018)
D’où :
ΔY = ΔC + ΔFBCF + Δ(ΔS) + ΔX – ΔM Ce qui donne :
+34,5 = + 27,8 + 22,3 - 10,2 + 14,1 – 19,4
En divisant par Y2018 et en multipliant par 100, on peut trouver les
sources de la croissance pour 2019.
(ΔY/Y2018)*100= (ΔC/Y2018)*100 + (ΔFBCF/Y2018)*100+
(Δ(ΔS)/Y2018 )*100+ (ΔX/Y2018)*100 - (ΔM/Y2018)*100
33
Ce qui nous donne :
+1,5% = +1,2% + 1,0% - 0,4%+ 0,6% - 0,8%

La consommation et l’investissement ont été les moteurs de la


croissance en 2019. Le commerce extérieur à fait « chuter » de 0,2%
la croissance de 2018 du fait de la hausse du déficit du commerce
extérieur.
L’impact des stocks est nettement négatif. Le commerce extérieur est
quasi neutre, avec peu de variation, traduisant le ralentissement récent
du commerce mondial.

34

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