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La comptabilité nationale est celle de la nation. Elle prend en compte l’ensemble des
opérations économiques réalisées par la totalité des agents économiques nationaux. Elle se
place donc au niveau macroéconomique, alors qu’au niveau microéconomique nous
retrouvons les opérations des agents considérés individuellement (le Ménage, l’Entreprise,
l’Etat). Il s’agit donc, à travers un système de comptes, de repérer l’ensemble des recettes et
des dépenses des agents économiques.
Il s’agira dans ce chapitre de présenter d’abord l’ensemble des opérations des agents
économiques de la nation. Ces informations serviront ensuite de cadre d’analyse de l’activité
économique nationale.
Il est important de préciser que le cadre temporel de la comptabilité nationale est l’année
civile. Quant au cadre spatial, il s’agit de l’économie nationale basée sur la notion de
résidence. Une unité est dite résidente si elle effectue des opérations économiques pendant un
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an ou plus sur le territoire ; on dit qu’elle a un centre d’intérêt sur le territoire économique.
Toute unité n’ayant pas un centre d’intérêt sur le territoire est classée dans le reste du monde
(RDM).
Le tableau ci-dessous donne une vision synthétique des différents secteurs ainsi que leur
fonction et ressources principales
Elles indiquent la provenance et la destination des biens et services. Les biens et services
disponibles dans une économie proviennent de la production nationale et des
importations. Ils sont utilisés pour partie à la consommation, pour partie à
l’investissement et pour partie à l’exportation.
L’excédent des ressources (production + importations) sur les emplois peut être stocké
(variation positive des stocks). Si, par contre, les emplois sont supérieurs aux ressources,
cela signifie que les agents ont puisé dans le stock disponible de biens et services
(variation négative des stocks). Les opérations sur biens et services sont donc liées à la
création, à la circulation et à l’utilisation des biens et services. Il s’agit des opérations de
production (P), de consommation (C), d’investissement (FBCF + VS), d’importation (M)
et d’exportation (X).
A l’équilibre macroéconomique on a :
La Production : c’est l’activité consistant à créer des biens ou des services qui
contribuent à la satisfaction des besoins. Il convient de distinguer entre la Production
marchande et la Production non marchande.
(lampe, patate, voiture…) et les services ou produits immatériels (transport, coiffure, soins
médicaux,…).
La production non marchande (ou services non marchands) est fournie par les
Administrations publiques (Défense nationale, Justice, Police, Education nationale…) ou
privées à la collectivité à titre gratuit ou à un prix nettement inférieur à leur coût de
production. Ils sont financés par des prélèvements obligatoires ou par des contributions
volontaires. On inclut dans cette production non marchande celle des ménages en tant
qu’employeurs de personnel domestique ; cette production est mesurée par les rémunérations
versées à ce personnel (salaires + cotisations sociales).
la consommation finale qui est l’utilisation des biens et services à leur stade final de
production en vue de satisfaire directement les besoins des individus.
la consommation intermédiaire qui est l’utilisation des biens et services qui sont
détruits ou transformés dans un processus de production en vue de créer d’autres biens et
services destinés à la vente.
Quelques remarques :
La Formation brute de capital fixe (FBCF) est constituée par les biens durables
acquis pour être utilisés à la production d’autres biens et services. Il s’agit pour les
entreprises des biens d’équipements ou des bâtiments ; il s’agit des logements pour les
ménages.
Les Importations (M) sont des achats de biens et services effectués par les agents
résidents auprès d’agents non-résidents. Elles sont évaluées ‟CAF″ (Coût, Assurance,
Fret) c'est-à-dire à leur valeur à la frontière du pays exportateur plus les coûts des
services nécessaires à leur acheminement à la frontière de l’économie nationale.
Les Exportations (X) sont constituées par les ventes de biens et services à des agents
non-résidents réalisées par des agents résidents. Elles sont évaluées ‟FOB” (Free on
board) c'est-à-dire à leur valeur au départ du territoire national.
- Les transferts courants sans contrepartie → Il s’agit de tous les autres transferts
courants non liés à des opérations en capital (investissement). Ce sont les impôts
sur le revenu et le patrimoine, les cotisations sociales, les prestations sociales, les
transferts entre administrations, les transferts courants aux administrations privées,
la coopération internationale courante, etc.) [on retrouve les cotisations sociales déjà
enregistrées en rémunérations des salariés, car elles constituent en même temps un transfert
sans contrepartie pour les institutions qui les gèrent]
- Les transferts en capital → Il s’agit d’opération de répartition de l’épargne et non
du revenu. L’épargne sert à financer l’investissement (opération en capital). Les
administrations interviennent dans ces opérations en versant des aides à
l’investissement ou en prélevant des impôts en capital. Ces deux types de
transferts, pour l’essentiel, modifient l’épargne dont peuvent réellement disposer
les agents.
Ces opérations portent sur les créances et les dettes des différents agents économiques.
La détention d’une créance par un agent économique lui donne un droit sur les avoirs
d’autres agents économiques. Une dette, par contre, est une obligation de céder à un
moment donné une partie de ses avoirs à d’autres agents économiques. En résumé,
toute créance détenue par un agent constitue une dette pour un autre agent et
réciproquement.
Les opérations financières permettent de concilier les capacités de financement des
agents excédentaires aux besoins de financement des agents déficitaires. Les différents
types d’opérations financières sont les suivants :
- Les instruments de paiement → Ils recouvrent l’ensemble des moyens de paiement
directement utilisables (sans transformation préalable) pour effectuer des
règlements. Il s’agit des moyens de paiement internationaux (les devises, les DTS,
l’or), de la monnaie (billets, pièces, dépôts à vue transférables par chèques,
virement ou carte de paiement).
- Les instruments de placement → Il s’agit de l’ensemble des instruments permettant
de mettre en réserve des moyens de paiement sous une autre forme. On distingue
pour l’essentiel les actions, les obligations, les titres du marché monétaire (bons du
trésor), les comptes d’épargne.
- Les instruments de financement → Ce sont les opérations de prêt entre agent
débouchant sur un contrat de crédit entre débiteur et créancier. Il s’agit donc des
crédits à court, moyen et long terme.
- Les réserves techniques d’assurance → Il s’agit de créances des assurés sur les
entreprises d’assurance. Ces dernières sont légalement tenues de constituer des
réserves pour garantir le paiement des indemnités en cas de réalisation des risques
(accidents, décès, etc.). Ces réserves constituent une partie des gains réalisés par
les assurances en plaçant les primes reçues de leurs clients sur le marché financier.
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La comptabilité nationale enregistre des flux et non des stocks. Un stock est évalué à un
moment donné, il est daté. Un flux mesure la variation d’un stock entre deux moments précis.
La dimension temporelle est essentielle.
La technique des soldes comptables et de la comptabilité en partie double est utilisée. Les
emplois sont enregistrés à gauche et les ressources à droite. Les totaux des colonnes sont
égaux grâce à la prise en compte du solde comptable. Les comptes sont donc toujours
équilibrés (du point de vue comptable) et le solde est révélateur du déséquilibre économique.
Considérons l’exemple d’un agent économique qui a réalisé les opérations suivantes :
- Ventes : 10000 um
- Achat de matières premières : 3000 um
- Versement de salaires : 4000 um
- Achat de machines : 5000 um
- Emprunt en banque : 2000 um
Nous pouvons avoir deux lectures en fonction de la manière dont les opérations sont enregistrées :
EMPLOIS RESSOURCES
Machines : 5000
On voit que ce compte est équilibré. Cependant, une analyse simple peut laisser penser l’agent
économique s’est endetté et qu’il n’a pas fait de bénéfice.
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Mat. 1ères : 3000 Ventes : 10000 Machines : 5000 Solde cpte courant : 3000
Salaires : 4000 Emprunt banque : 2000
Solde : 3000
TOTAL : 10000 TOTAL : 10000 TOTAL : 5000 TOTAL : 5000
L’excédent dégagé par les opérations courantes a permis de couvrir en partie l’acquisition de
machines ; le complément étant assuré par un emprunt auprès du système bancaire.
Il apparait ainsi le principe de l’articulation entre les différents comptes reliés par leur solde, d’où
l’appellation de ‟Comptes intégrés″.
Le compte des opérations réalisées au cours d’une année peut être représenté pour chaque
secteur institutionnel. Ce compte est composé en sous comptes et enregistre des flux
monétaires. Les flux de monnaie reçue sont enregistrés en ressources et les flux de monnaie
versée en emploi.
Pour chaque secteur institutionnel, les comptes s’enchaînent, liés par le solde du compte
précédent. Ce type d’enregistrement permet de décrire l’évolution de la situation des secteurs
au cours d’une année. On distingue les comptes suivant : le compte de Production, le compte
d’Exploitation, le compte de Revenu, le compte d’Utilisation du revenu et le compte de
Capital qui enregistrent les opérations non financières ; d’où l’appellation de comptes
‟PERUC″.
A ces comptes on ajoute un autre pour prendre en compte les opérations financières ; il s’agit
du compte financier. Ce compte enregistre des flux nets de dettes (FND) et des flux nets de
créances (FNC). Les FNC mesurent la variation du montant des créances (nouvelles créances)
diminuée du recouvrement d’anciennes créances. Quant aux FND, ils mesurent la variation du
montant des dettes (nouvelles dettes) diminuée du remboursement d’anciennes dettes.
Le solde des créances et des dettes est identique au solde du compte de capital. Si par exemple
un secteur institutionnel manifeste un besoin de financement, il sera obligé d’augmenter son
niveau d’endettement net.
Compte de production
Compte d’exploitation
Compte de revenu
Compte de capital
Les agents sont regroupés en trois grandes catégories plus l’extérieur (reste du monde).
1°) Les entreprises : Elles ont pour fonction principale la production de biens et services à
but lucratif.
2°) Les ménages : Ils proposent aux entreprises des facteurs de production (le travail en
particulier) moyennant le versement d’un revenu qui permet d’assurer leur consommation.
3°) Les administrations : Elles sont regroupées sous l’appellation de l’Etat et ont pour
fonction principale la fourniture de services à but non lucratif.
4°) L’extérieur : Il regroupe l’ensemble des unités non résidentes qui entretiennent des
relations d’échange avec l’économie nationale (les exportations et les importations). Ces
différents agents économiques se retrouvent sur les différents marchés pour leurs
transactions. On distingue généralement quatre grands marchés :
L’ensemble des transactions effectuées par les agents économiques sur les différents
marchés peuvent être représentées d’une manière simplifiée à travers la notion de circuit
économique qui n’est rien d’autre qu’une schématisation de l’activité économique.
Nous envisagerons successivement trois situations :
Les entreprises produisent des biens et services qui sont vendus aux ménages pour une
valeur de 5000 (unités monétaires).
Les ménages vendent leur force de travail aux entreprises pour le même montant c'est-à-dire
5000 (unités monétaires).
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Cette épargne va servir à acquérir des actions ou des obligations. Elle peut aussi être placée
auprès des institutions financières. Dans tous les cas, elle servira aux entreprises pour
l’acquisition des biens d’investissement. Cette épargne à s’élève à 1000.
Entreprises
Salaires Consommation(4000)
(5000)
Investissement
(1000)
Marché des Marché des Invest. Marché des biens
Facteurs capitaux (1000) et services
Epargne = 1000
Salaires Consommation
Ménages
(5000) (4000)
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L’état a besoin de consommer des biens et services pour son fonctionnement. On suppose
ici qu’il en achète aux entreprises pour une valeur de 400 unités monétaires (G = Dépenses
gouvernementales)
L’état procède aussi à des redistributions de revenus sous forme de transferts aux ménages
(allocations familiales, allocations de chômage) pour une valeur de 100 (Tf). Enfin, l’état a
besoin de ressources pour faire face à ces dépenses ; il prélève ainsi des impôts sur les
ménages pour un montant de 500 (Imp). On suppose que le niveau de l’investissement reste
inchangé (le niveau de la consommation sera donc affectée en passant de 4000 à 3600).
Exportations 800
Entreprises
C = 3600
I=1000
Etat
G=400
Marché des Marché
Facteurs B.S
INV
Tf=100
Imp = 500
Marché K
S=5000
S
Ménages
C = 3600
domestique. Elles ne créent donc pas de revenu pour l’économie nationale. Nous avons donc
à l’équilibre l’Offre totale qui est égale à la Demande totale.
R+M=C+I+G+X
R = C + I + G + (X – M)
On suppose que les exportations sont égales aux importations et s’élèvent à 800. Ces
opérations sont le fait des entreprises. (voir le graphique ci-dessus).
Les agrégats sont des grandeurs synthétiques qui mesurent le résultat de l’activité
économique de l’ensemble des secteurs résidents. Les agrégats sont utilisés comme
indicateurs permettant de faire les comparaisons dans le temps et dans l’espace. Les comptes
nationaux constituent le cadre qui permet de calculer ces agrégats. Les principaux agrégats
sont déterminés selon les optiques de la production, du revenu, et de la dépense.
C’est un agrégat intérieur. Son cadre est donc le territoire économique national. Il peut être
défini de différentes façons :
C’est un agrégat national qui prend en compte le critère de la nationalité. Il est fréquemment
utilisé dans les comparaisons internationales.
PNB = PIB au prix du marché + solde des revenus des facteurs avec le reste du
monde
PNB = PIB + revenus des facteurs reçus du reste du monde – revenus des facteurs
versés au reste du monde
Dans les pays développés, le PIB et le PNB sont à peu près du même ordre. Ils peuvent par
contre être très différents dans les pays en développement à cause des flux migratoires et de la
présence des firmes étrangères.
Le rapport PNB/PIB permet d’avoir une idée de cet écart.
- Un rapport supérieur à 1 montre que le pays bénéficie d’un flux de revenus nets
positifs vis-à-vis du reste du monde (RDM). C’est en général le résultat de
placements et d’investissements importants dans le RDM (les pays pétroliers par
exemple).
- Un rapport au voisinage de 1 signifie que le pays reçoit à peu près autant de
revenus qu’il n’en verse au RDM (les grands pays industrialisés en général).
- Un rapport inférieur à 1 dénote une faible implantation du pays dans le RDM et ,
en contrepartie, une forte présence étrangère sur le territoire national (les pays en
développement en général)
C’est la somme des revenus reçus par les unités résidentes desquels on défalque la
consommation de capital fixe, c'est-à-dire les amortissements. C’est en quelque sorte le
produit national net.
RN = PIB + solde des revenus des facteurs avec le reste du monde – consommation de
capital fixe
Il mesure le revenu que les facteurs de production ont réellement perçu à l’occasion de leur
participation à l’activité de production. Les différentes productions sont évaluées au prix du
marché qui intègre les impôts indirects et les subventions d’exploitation. Il convient donc de
corriger en déduisant les impôts indirects nets des subventions d’exploitation pour avoir la
mesure du revenu national des facteurs.
Illustration
Considérons, pour simplifier à l’extrême, une économie avec un seul produit, le riz. Les informations
suivantes sont disponibles sur deux périodes to et t (to renvoie à la période de référence ou année de base
et t renvoie à la période courante).
Qto → quantité de riz produite en to
Qt → quantité de riz produite en t
Pto → Prix du riz à la période to
Pt → Prix du riz à la période t
Le PIB en valeur évalue la production au prix de l’année courante, tandis que le PIB en volume évalue
la production au prix d’une année de base.
On pourrait être tenté de dire que la production a augmenté entre t et t o, or elle est toujours de 5000T.
L’effet-prix explique seul cette évolution. Pour connaître la situation réelle, on doit évaluer la
production courante (en t) au prix de l’année de base (to). On obtient alors :
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On pourrait donc "grossièrement" dire que le PIB réel de t est de 4 000 000 d’um ; c’est le
même
qu’en to.
La richesse créée en to est la même que celle créée en t ; il n’y a donc pas de croissance
économique entre les deux périodes.
Les biens et services ont pour la plupart vu leur prix augmenter. Par exemple, le franc CFA
d’aujourd’hui n’a plus le même pouvoir d’achat que le franc d’hier. Cette hausse du niveau
des prix est appelée inflation qui est l’une des préoccupations majeures des autorités.
Tout comme le déflateur du PIB, l’IPC synthétise le prix de milliers de produits en une seule
mesure du niveau général des prix. Il est important de noter que les informations fournies par
ces deux indices sont différentes pour les raisons suivantes.
► Le déflateur du PIB mesure les prix de tous les biens et services produits dans une
économie alors que l’IPC ne mesure que les prix des seuls biens et services achetés par les
consommateurs. Les biens et services achetés par les entreprises et les administrations ne
sont donc pas pris en compte par l’IPC.
► Le déflateur du PIB exclut les prix des biens et services importés et destinés à la
consommation intérieure. En effet, le PIB ne prend en compte que les biens et services
produits sur le territoire national.
Illustration
(1)
NGP =
(2)
Calcul de l’IPC
t t t t
P p *Q 0p + P r * Q 0r
=
t t t t
P 0p * Q 0p + P 0r *Q 0r
Notons que l’indice de prix pour un bien quelconque i mesure l’évolution du prix de ce bien
par rapport à une période de référence.
Soit par exemple t et t0 désignant la période courante et la période de base respectivement.
to t
to → P i Pi
→ Iti = * 100
t to
t→ Pi P i
n
t to
∑ Pi *Q i
i=1
IPC = * 100
n
∑ Ptoi * Qtoi
I=1
atoi est obtenu par enquêtes sur les ménages et la structure de leur consommation.
atoi représente la pondération, c'est-à-dire le poids du bien i dans la consommation totale
en to, c'est-à-dire l’année de référence où l’enquête a été menée.
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