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CHAP 2 : La représentation de l’activité économique nationale :


Comptabilité nationale, circuit économique et agrégats.

La comptabilité nationale est celle de la nation. Elle prend en compte l’ensemble des
opérations économiques réalisées par la totalité des agents économiques nationaux. Elle se
place donc au niveau macroéconomique, alors qu’au niveau microéconomique nous
retrouvons les opérations des agents considérés individuellement (le Ménage, l’Entreprise,
l’Etat). Il s’agit donc, à travers un système de comptes, de repérer l’ensemble des recettes et
des dépenses des agents économiques.

La comptabilité nationale vise un certain nombre d’objectifs :

- Elle permet de mieux connaître la situation de l’économie nationale ;


- Elle fournit des informations permettant de mieux orienter les décisions de
politiques économiques.
- Elle permet de faire des comparaisons dans le temps et dans l’espace. En effet, les
systèmes de comptabilité nationale sont conçus en référence à celle de l’ONU

Il s’agira dans ce chapitre de présenter d’abord l’ensemble des opérations des agents
économiques de la nation. Ces informations serviront ensuite de cadre d’analyse de l’activité
économique nationale.

Section1 : Les principes généraux de la comptabilité


nationale
Les opérations économiques sont réalisées par l’ensemble des agents économiques. Un agent
économique est défini comme étant un centre de décision économique élémentaire
indépendant (autonome).

1. 1) Les secteurs institutionnels


En comptabilité nationale, les agents économiques sont appelés unités institutionnelles. Etant
donné le nombre élevé de ces unités, elles sont regroupées en secteurs institutionnels. Le
secteur institutionnel est un ‟ensemble d’unités institutionnelles qui ont un comportement
économique identique”. Ce comportement économique est repérable par la fonction
économique principale de l’unité institutionnelle ainsi que par la nature et l’origine des
ressources principales dont elle dispose.

Il est important de préciser que le cadre temporel de la comptabilité nationale est l’année
civile. Quant au cadre spatial, il s’agit de l’économie nationale basée sur la notion de
résidence. Une unité est dite résidente si elle effectue des opérations économiques pendant un
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an ou plus sur le territoire ; on dit qu’elle a un centre d’intérêt sur le territoire économique.
Toute unité n’ayant pas un centre d’intérêt sur le territoire est classée dans le reste du monde
(RDM).

La comptabilité nationale distingue six (6) secteurs institutionnels résidents et un secteur


institutionnel non résident appelé le reste du monde. Ce dernier secteur permet de retracer les
relations avec l’étranger.

Le tableau ci-dessous donne une vision synthétique des différents secteurs ainsi que leur
fonction et ressources principales

Secteur institutionnel Fonction principale Ressources principales


Les Sociétés et Produire des biens et des Résultat de la vente
quasi-sociétés non
financières services
marchands non financiers

Les Sociétés Financer, cad collecter, Fonds provenant des


financières
(Institutions transformer engagements
financières ou de et répartir des financiers contractés
Crédit) disponibilités financières
Les Produire des services non contributions obligatoires
Administrations
publiques marchands Effectuées par les autres
destinés à la collectivité et secteurs et reçus directement
effectuer des ou indirectement.
opérations de redistribution
du revenu et des richesses
nationales.
Les Produire des services non Contributions volontaires
Administrations
privées marchands réservés à des effectuées par les ménages ;
groupes particuliers de éventuellement achats des
ménages et/ou produire, ménages.
sans but lucratif, des
services marchands destinés
aux ménages.
Les Sociétés Assurer, cad garantir un Primes contractuelles ou
d’assurance
paiement en cas de cotisations
réalisation d’un risque sociales volontaire(mutuelles)
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Les Ménages (y Consommer et, en tant Rémunération des facteurs de


compris les
Entreprises qu’entrepreneurs la production; transferts
individuelles) individuels, produire des effectués par les autres
biens et services marchands secteurs; produits de la vente
non financiers. Fourniture (entreprises individuelles) .
de facteurs de production.
Le Reste du Monde Sous l’appellation « reste du monde », on regroupe dans
un même ensemble de comptes les opérations entre unités
résidentes et unités non résidentes.

1. 2) Les opérations économiques des secteurs institutionnels


Il s’agit de flux économiques. La comptabilité nationale recense les flux correspondant à la
création de biens et services, à la création et à l’emploi des revenus issus de la production, à la
naissance et à l’extinction des créances et des dettes. Les différentes opérations sont
regroupées en trois catégories homogènes: les opérations sur biens et services, les opérations
de répartition et les opérations financières.

a) Les opérations sur biens et services

Elles indiquent la provenance et la destination des biens et services. Les biens et services
disponibles dans une économie proviennent de la production nationale et des
importations. Ils sont utilisés pour partie à la consommation, pour partie à
l’investissement et pour partie à l’exportation.

L’excédent des ressources (production + importations) sur les emplois peut être stocké
(variation positive des stocks). Si, par contre, les emplois sont supérieurs aux ressources,
cela signifie que les agents ont puisé dans le stock disponible de biens et services
(variation négative des stocks). Les opérations sur biens et services sont donc liées à la
création, à la circulation et à l’utilisation des biens et services. Il s’agit des opérations de
production (P), de consommation (C), d’investissement (FBCF + VS), d’importation (M)
et d’exportation (X).

A l’équilibre macroéconomique on a :

Ressources = Emplois ↔ P + M = C + FBCF + VS + X

 La Production : c’est l’activité consistant à créer des biens ou des services qui
contribuent à la satisfaction des besoins. Il convient de distinguer entre la Production
marchande et la Production non marchande.

La production marchande s’échange ou est susceptible de s’échanger. Elle a un prix


qui couvre au moins les coûts de production. On distingue les biens ou produits matériels
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(lampe, patate, voiture…) et les services ou produits immatériels (transport, coiffure, soins
médicaux,…).

La production non marchande (ou services non marchands) est fournie par les
Administrations publiques (Défense nationale, Justice, Police, Education nationale…) ou
privées à la collectivité à titre gratuit ou à un prix nettement inférieur à leur coût de
production. Ils sont financés par des prélèvements obligatoires ou par des contributions
volontaires. On inclut dans cette production non marchande celle des ménages en tant
qu’employeurs de personnel domestique ; cette production est mesurée par les rémunérations
versées à ce personnel (salaires + cotisations sociales).

 La Consommation est un acte de destruction de biens ou de services. On distingue :

la consommation finale qui est l’utilisation des biens et services à leur stade final de
production en vue de satisfaire directement les besoins des individus.

la consommation intermédiaire qui est l’utilisation des biens et services qui sont
détruits ou transformés dans un processus de production en vue de créer d’autres biens et
services destinés à la vente.

Quelques remarques :

1) La farine utilisée par la boulangerie pour la fabrication du pain est une


consommation intermédiaire alors que celle utilisée par la ménagère pour
préparer le petit déjeuner de la famille est une consommation finale.
2) Un traitement particulier est réservé à la consommation des services
collectifs non marchands produits par les administrations : ils sont
comptabilisés en consommation finale des administrations car les services
collectifs n’étant pas facturés aux utilisateurs, il n’est pas possible de
ventiler leur valeur totale entre les différents agents.

 L’Investissement : les comptables nationaux prennent en compte les opérations qui


sont aisément quantifiables. On distingue 2 types d’investissement :

La Formation brute de capital fixe (FBCF) est constituée par les biens durables
acquis pour être utilisés à la production d’autres biens et services. Il s’agit pour les
entreprises des biens d’équipements ou des bâtiments ; il s’agit des logements pour les
ménages.

La variation des stocks (VS): il s’agit de l’accroissement ou de la baisse de tous les


biens en stock (matières premières, produits en cours de fabrication, produits finis). La
VS à une période donnée est la différence entre la valeur des stocks en fin de période
et leur valeur en début de période. Si VS ˃ 0, on a une immobilisation plus importante
de fonds ; c’est de l’investissement (en stocks). Par contre, si VS < 0, il s’agit d’un
désinvestissement (en stocks).
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 Le commerce extérieur : il s’agit des exportations et des importations de biens et


services.

Les Importations (M) sont des achats de biens et services effectués par les agents
résidents auprès d’agents non-résidents. Elles sont évaluées ‟CAF″ (Coût, Assurance,
Fret) c'est-à-dire à leur valeur à la frontière du pays exportateur plus les coûts des
services nécessaires à leur acheminement à la frontière de l’économie nationale.

Les Exportations (X) sont constituées par les ventes de biens et services à des agents
non-résidents réalisées par des agents résidents. Elles sont évaluées ‟FOB” (Free on
board) c'est-à-dire à leur valeur au départ du territoire national.

b) Les opérations de répartition

Ces opérations comprennent l’ensemble des opérations de distribution ou de


redistribution du revenu entre les agents. Il s’agit simplement de transferts, d’un agent
vers un autre, des revenus issus de la production. La répartition ne détermine donc pas
le revenu national (il l’est déjà) mais elle détermine le revenu disponible d’une unité
ou d’un secteur institutionnel particulier, c'est-à-dire le revenu dont il peut disposer
librement pour faire face à ses besoins.
NB : Certains transferts ont une contrepartie directe (salaire contre travail par exemple), alors que
d’autre n’en ont pas (Subvention de l’Etat à une entreprise) .
Les différentes opérations de répartition retenues par la comptabilité nationale sont les
suivantes :
- La Rémunération des salariés → Ce sont les salaires, les traitements, les primes,
les avantages en nature, les cotisations sociales, etc. Il s’agit en fait du coût du
travail et non du seul revenu du travail.
- Les impôts liés à la production et à l’importation → Il s’agit des prélèvements
obligatoires effectués à l’occasion de la production ou des importations (TVA,
Droits de douane, etc.)
- Les subventions d’exploitation et à l’importation → Il s’agit des aides versés par
l’Etat (ou par des institutions communautaires) lors des opérations courantes liées
à l’activité de production des unités institutionnelles, ou à l’occasion
d‘importations.
- Les revenus de la propriété et de l’entreprise → Il s’agit de l’ensemble des
revenus tirés de la détention d’un actif corporel (terrain, immeuble, équipement,
etc.), incorporel (brevet, licence, droit d’auteur, etc.) ou financier (action,
obligation, bon du trésor…). Ce sont les dividendes, les intérêts, les revenus de la
terre, les loyers, etc.
- Les opérations d’assurance dommage → Il s’agit des primes d’assurance versées
aux compagnies d’assurance et des indemnités versées aux unités institutionnelles.
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- Les transferts courants sans contrepartie → Il s’agit de tous les autres transferts
courants non liés à des opérations en capital (investissement). Ce sont les impôts
sur le revenu et le patrimoine, les cotisations sociales, les prestations sociales, les
transferts entre administrations, les transferts courants aux administrations privées,
la coopération internationale courante, etc.) [on retrouve les cotisations sociales déjà
enregistrées en rémunérations des salariés, car elles constituent en même temps un transfert
sans contrepartie pour les institutions qui les gèrent]
- Les transferts en capital → Il s’agit d’opération de répartition de l’épargne et non
du revenu. L’épargne sert à financer l’investissement (opération en capital). Les
administrations interviennent dans ces opérations en versant des aides à
l’investissement ou en prélevant des impôts en capital. Ces deux types de
transferts, pour l’essentiel, modifient l’épargne dont peuvent réellement disposer
les agents.

c) Les opérations financières

Ces opérations portent sur les créances et les dettes des différents agents économiques.
La détention d’une créance par un agent économique lui donne un droit sur les avoirs
d’autres agents économiques. Une dette, par contre, est une obligation de céder à un
moment donné une partie de ses avoirs à d’autres agents économiques. En résumé,
toute créance détenue par un agent constitue une dette pour un autre agent et
réciproquement.
Les opérations financières permettent de concilier les capacités de financement des
agents excédentaires aux besoins de financement des agents déficitaires. Les différents
types d’opérations financières sont les suivants :
- Les instruments de paiement → Ils recouvrent l’ensemble des moyens de paiement
directement utilisables (sans transformation préalable) pour effectuer des
règlements. Il s’agit des moyens de paiement internationaux (les devises, les DTS,
l’or), de la monnaie (billets, pièces, dépôts à vue transférables par chèques,
virement ou carte de paiement).
- Les instruments de placement → Il s’agit de l’ensemble des instruments permettant
de mettre en réserve des moyens de paiement sous une autre forme. On distingue
pour l’essentiel les actions, les obligations, les titres du marché monétaire (bons du
trésor), les comptes d’épargne.
- Les instruments de financement → Ce sont les opérations de prêt entre agent
débouchant sur un contrat de crédit entre débiteur et créancier. Il s’agit donc des
crédits à court, moyen et long terme.
- Les réserves techniques d’assurance → Il s’agit de créances des assurés sur les
entreprises d’assurance. Ces dernières sont légalement tenues de constituer des
réserves pour garantir le paiement des indemnités en cas de réalisation des risques
(accidents, décès, etc.). Ces réserves constituent une partie des gains réalisés par
les assurances en plaçant les primes reçues de leurs clients sur le marché financier.
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Ces réserves sont considérées comme la propriété des assurés et constituent de ce


fait une créance de ces derniers sur les assureurs.

1. 3) La représentation des opérations des agents économiques


Les comptables nationaux ont construit un système de comptes obéissant à une certaine
cohérence et regroupant l’ensemble des opérations qui constituent l’activité économique
d’une nation. Grace à ce type d’enregistrement, il est possible de comparer différentes
périodes et de mesurer la création de richesse par l’économie nationale (la croissance
économique).

La comptabilité nationale enregistre des flux et non des stocks. Un stock est évalué à un
moment donné, il est daté. Un flux mesure la variation d’un stock entre deux moments précis.
La dimension temporelle est essentielle.

La technique des soldes comptables et de la comptabilité en partie double est utilisée. Les
emplois sont enregistrés à gauche et les ressources à droite. Les totaux des colonnes sont
égaux grâce à la prise en compte du solde comptable. Les comptes sont donc toujours
équilibrés (du point de vue comptable) et le solde est révélateur du déséquilibre économique.

Considérons l’exemple d’un agent économique qui a réalisé les opérations suivantes :

- Ventes : 10000 um
- Achat de matières premières : 3000 um
- Versement de salaires : 4000 um
- Achat de machines : 5000 um
- Emprunt en banque : 2000 um

Nous pouvons avoir deux lectures en fonction de la manière dont les opérations sont enregistrées :

1er cas → On consolide toute les opérations dans un seul compte

EMPLOIS RESSOURCES

Mat. 1ères : 3000 Ventes : 10000

Salaires : 4000 Emprunt : 2000

Machines : 5000

TOTAL : 12000 TOTAL : 12000

On voit que ce compte est équilibré. Cependant, une analyse simple peut laisser penser l’agent
économique s’est endetté et qu’il n’a pas fait de bénéfice.
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2ème cas → On distingue les opérations courantes des opérations de capital

EMPLOIS RESSOURCES EMPLOIS RESSOURCES

Mat. 1ères : 3000 Ventes : 10000 Machines : 5000 Solde cpte courant : 3000
Salaires : 4000 Emprunt banque : 2000
Solde : 3000
TOTAL : 10000 TOTAL : 10000 TOTAL : 5000 TOTAL : 5000

L’excédent dégagé par les opérations courantes a permis de couvrir en partie l’acquisition de
machines ; le complément étant assuré par un emprunt auprès du système bancaire.
Il apparait ainsi le principe de l’articulation entre les différents comptes reliés par leur solde, d’où
l’appellation de ‟Comptes intégrés″.

Les comptes des secteurs institutionnels

Le compte des opérations réalisées au cours d’une année peut être représenté pour chaque
secteur institutionnel. Ce compte est composé en sous comptes et enregistre des flux
monétaires. Les flux de monnaie reçue sont enregistrés en ressources et les flux de monnaie
versée en emploi.

En raison de la comptabilisation en partie double, l’ensemble des comptes est nécessairement


équilibré car un déséquilibre signifierait que certains des flux reçus n’aurait aucune
provenance ou que certains flux versés seraient sans affectation.

Pour chaque secteur institutionnel, les comptes s’enchaînent, liés par le solde du compte
précédent. Ce type d’enregistrement permet de décrire l’évolution de la situation des secteurs
au cours d’une année. On distingue les comptes suivant : le compte de Production, le compte
d’Exploitation, le compte de Revenu, le compte d’Utilisation du revenu et le compte de
Capital qui enregistrent les opérations non financières ; d’où l’appellation de comptes
‟PERUC″.

A ces comptes on ajoute un autre pour prendre en compte les opérations financières ; il s’agit
du compte financier. Ce compte enregistre des flux nets de dettes (FND) et des flux nets de
créances (FNC). Les FNC mesurent la variation du montant des créances (nouvelles créances)
diminuée du recouvrement d’anciennes créances. Quant aux FND, ils mesurent la variation du
montant des dettes (nouvelles dettes) diminuée du remboursement d’anciennes dettes.

Le solde des créances et des dettes est identique au solde du compte de capital. Si par exemple
un secteur institutionnel manifeste un besoin de financement, il sera obligé d’augmenter son
niveau d’endettement net.

Présentation synthétique des comptes


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Emplois Ressources

Compte de production

Consommation intermédiaire Production

Solde : Valeur ajoutée brute

Compte d’exploitation

Rémunération des salariés Valeur ajoutée brute


Impôts liés à la production Subventions d’exploitation (reçues)
Solde : Excédent brut d’exploitation

Compte de revenu

Subventions d’exploitation (versées) Excédent brut d’exploitation


Revenus de la propriété et de l’entreprise Rémunération des salariés
(Intérêts, dividendes versés) Impôts liés à la production et à l’importation
Opérations d’assurance dommages (reçus) (y compris la TVA perçue par les
Autres transferts courants (impôts sur le Administrations publiques)
revenu, cotisations sociales, prestations
Revenus de la propriété et de l’entreprise (intérêts,
sociales…versés)
dividendes…reçus)
Solde : Revenu disponible brut Opérations d’assurances dommages
Autres transferts courants (impôts sur le revenu,
cotisations sociales, prestations sociales…reçus)

Compte d’utilisation du revenu

Consommation finale Revenu disponible brut


Solde : Epargne brute

Compte de capital

Formation brute de capital fixe Epargne brute


Variations des stocks
Acquisitions nettes de terrains et d’actifs Transferts en capital (aides à l’investissement,
incorporels impôts en capital…reçus)
Transferts en capital (versés)
Capacité (+) ou besoin (-) de financement
Flux nets de Compte financier Flux nets de
créances dettes
Moyens de paiements internationaux
Monnaie et dépôts non monétaires
Bons négociables, obligations, actions et autres
participations
Crédits
Réserves techniques d’assurance
Solde des créances et dettes.

Source : Système élargi de comptabilité nationale, Méthodes.


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Section 2 : Le circuit économique

Les agents sont regroupés en trois grandes catégories plus l’extérieur (reste du monde).

1°) Les entreprises : Elles ont pour fonction principale la production de biens et services à
but lucratif.

2°) Les ménages : Ils proposent aux entreprises des facteurs de production (le travail en
particulier) moyennant le versement d’un revenu qui permet d’assurer leur consommation.

3°) Les administrations : Elles sont regroupées sous l’appellation de l’Etat et ont pour
fonction principale la fourniture de services à but non lucratif.

4°) L’extérieur : Il regroupe l’ensemble des unités non résidentes qui entretiennent des
relations d’échange avec l’économie nationale (les exportations et les importations). Ces
différents agents économiques se retrouvent sur les différents marchés pour leurs
transactions. On distingue généralement quatre grands marchés :

a) Le marché des biens et services : Il permet de déterminer la production nationale, la


demande et le prix
b) Le marché des facteurs de production : Il s’agit essentiellement du marché du
travail qui permet de déterminer le niveau des salaires et de l’emploi.
c) Le marché des capitaux : C’est sur ce marché que s’établissent le niveau des taux
d’intérêt et les prix des différents actifs financiers.
d) Le marché des changes : Il permet de déterminer le taux de change suite aux
transactions effectuées entre la monnaie domestique (nationale) et l’ensemble des
devises. Le taux de change d’une monnaie peut se définir comme le nombre d’unités
de monnaie étrangère que l’on peut obtenir pour unité de ladite monnaie (cotation au
certain).

L’ensemble des transactions effectuées par les agents économiques sur les différents
marchés peuvent être représentées d’une manière simplifiée à travers la notion de circuit
économique qui n’est rien d’autre qu’une schématisation de l’activité économique.
Nous envisagerons successivement trois situations :

Première situation : 2 types d’agents → les ménages et les entreprises

Cas 1 : les ménages ne font pas d’épargne

Les entreprises produisent des biens et services qui sont vendus aux ménages pour une
valeur de 5000 (unités monétaires).
Les ménages vendent leur force de travail aux entreprises pour le même montant c'est-à-dire
5000 (unités monétaires).
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Salaires Entreprises Consommation (5000)


(5000)

Marché des Marche des biens


Facteurs et services

Salaires (5000) Consommation (5000)


Ménages

L’interprétation peut se faire selon deux optiques :


► Optique de la production où le revenu est égal à la valeur de la production.
► Optique de l’utilisation du revenu où le revenu est égal à la consommation.

Cas 2 : les ménages constituent une épargne

Cette épargne va servir à acquérir des actions ou des obligations. Elle peut aussi être placée
auprès des institutions financières. Dans tous les cas, elle servira aux entreprises pour
l’acquisition des biens d’investissement. Cette épargne à s’élève à 1000.

► Optique de la production (Flux réels): Revenu = Consommation (C) +


Investissement(I)
► Optique du revenu (Flux monétaires): Revenu = Consommation (C) + Epargne (S)

Entreprises
Salaires Consommation(4000)
(5000)
Investissement
(1000)
Marché des Marché des Invest. Marché des biens
Facteurs capitaux (1000) et services

Epargne = 1000

Salaires Consommation
Ménages
(5000) (4000)
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Deuxième situation : Prise en compte de l’état

L’état a besoin de consommer des biens et services pour son fonctionnement. On suppose
ici qu’il en achète aux entreprises pour une valeur de 400 unités monétaires (G = Dépenses
gouvernementales)
L’état procède aussi à des redistributions de revenus sous forme de transferts aux ménages
(allocations familiales, allocations de chômage) pour une valeur de 100 (Tf). Enfin, l’état a
besoin de ressources pour faire face à ces dépenses ; il prélève ainsi des impôts sur les
ménages pour un montant de 500 (Imp). On suppose que le niveau de l’investissement reste
inchangé (le niveau de la consommation sera donc affectée en passant de 4000 à 3600).

Optique production → C + I + G = 3600 + 1000 + 400 = R = 5000


Optique revenu → C + S + (Imp – Tf) = 3600 + 1000 + (500 – 100) = R = 5000

Exportations 800
Entreprises

C = 3600
I=1000

G=400 Importations 800


RMD

Etat
G=400
Marché des Marché
Facteurs B.S
INV
Tf=100
Imp = 500

Marché K

S=5000
S
Ménages
C = 3600

Troisième situation : Prise en compte de l’extérieur

Seules les exportations et les importations de l’économie domestique (nationale) seront


prises en compte. Les exportations sont constituées de biens et services produits localement
et destinés à la consommation du reste du monde. Elles augmentent le revenu national. Les
importations sont des biens et services produits par le reste du monde pour la consommation
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domestique. Elles ne créent donc pas de revenu pour l’économie nationale. Nous avons donc
à l’équilibre l’Offre totale qui est égale à la Demande totale.

Offre Totale = Valeur de la production + les importations (M)


Production (P) + Importations (M) = Revenu (R) + Importations (M)

Demande Totale = Dépenses Gouvernementales (G) + Consommations (C) +


Investissement (I) + Exportations (X)

R+M=C+I+G+X
R = C + I + G + (X – M)

On suppose que les exportations sont égales aux importations et s’élèvent à 800. Ces
opérations sont le fait des entreprises. (voir le graphique ci-dessus).

Section 3 : La mesure de l’activité économique : les agrégats

Les agrégats sont des grandeurs synthétiques qui mesurent le résultat de l’activité
économique de l’ensemble des secteurs résidents. Les agrégats sont utilisés comme
indicateurs permettant de faire les comparaisons dans le temps et dans l’espace. Les comptes
nationaux constituent le cadre qui permet de calculer ces agrégats. Les principaux agrégats
sont déterminés selon les optiques de la production, du revenu, et de la dépense.

1°) Les agrégats de production

1-1 / Le produit intérieur brut (PIB)

C’est un agrégat intérieur. Son cadre est donc le territoire économique national. Il peut être
défini de différentes façons :

► A partir des valeurs ajoutées des différents secteurs

PIB = ∑ Valeurs ajoutées brutes + Impôts indirects (TVA, droit de douane)


nets des subventions

La valeur ajoutée brute est évaluée au prix départ usine.

► A partir des revenus distribués décrits par les comptes d’exploitation

PIB = Rémunérations des salariés + excédent brut d’exploitation + impôts liés à


la production et à l’importation – subventions d’exploitation

► A partir de la demande finale


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PIB = Consommation + Formation brute du capital fixe + Variation de stock +


Exportations – Importations

1-2 / Le Produit national brut (PNB)

C’est un agrégat national qui prend en compte le critère de la nationalité. Il est fréquemment
utilisé dans les comparaisons internationales.

PNB = PIB au prix du marché + solde des revenus des facteurs avec le reste du
monde

PNB = PIB + revenus des facteurs reçus du reste du monde – revenus des facteurs
versés au reste du monde

Dans les pays développés, le PIB et le PNB sont à peu près du même ordre. Ils peuvent par
contre être très différents dans les pays en développement à cause des flux migratoires et de la
présence des firmes étrangères.
Le rapport PNB/PIB permet d’avoir une idée de cet écart.
- Un rapport supérieur à 1 montre que le pays bénéficie d’un flux de revenus nets
positifs vis-à-vis du reste du monde (RDM). C’est en général le résultat de
placements et d’investissements importants dans le RDM (les pays pétroliers par
exemple).
- Un rapport au voisinage de 1 signifie que le pays reçoit à peu près autant de
revenus qu’il n’en verse au RDM (les grands pays industrialisés en général).
- Un rapport inférieur à 1 dénote une faible implantation du pays dans le RDM et ,
en contrepartie, une forte présence étrangère sur le territoire national (les pays en
développement en général)

2°) Les agrégats de revenu et de dépense

2-3 / Le revenu national (RN) au prix du marché

C’est la somme des revenus reçus par les unités résidentes desquels on défalque la
consommation de capital fixe, c'est-à-dire les amortissements. C’est en quelque sorte le
produit national net.

RN = PIB + solde des revenus des facteurs avec le reste du monde – consommation de
capital fixe

2-4 / Le revenu national des facteurs

Il mesure le revenu que les facteurs de production ont réellement perçu à l’occasion de leur
participation à l’activité de production. Les différentes productions sont évaluées au prix du
marché qui intègre les impôts indirects et les subventions d’exploitation. Il convient donc de
corriger en déduisant les impôts indirects nets des subventions d’exploitation pour avoir la
mesure du revenu national des facteurs.

RN des facteurs = RN marché – impôts lies à la production et à l’importation nets des


subventions d’exploitation.
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2-5 / La dépense intérieure brute

La DIB recense les emplois des différents secteurs résidents

Il existe 2 façons de calculer cette dépense :

► Directement avec les emplois

DIB = Consommation finale + FBCF + Variation de stock

► Indirectement à partir du PIB

DIB = PIB – (Exportations – Importations)

3°) Mesure en valeur et Mesure en volume

La comptabilité nationale détermine l’évolution en valeur et en volume de certaines grandeurs


qu’elle calcule, notamment les agrégats de production comme le PIB par exemple.
La mesure en valeur, encore appelée mesure à prix courants intègre l’évolution des prix dans
celle de la variable.
Quant à la mesure en volume (mesure à prix constants), elle permet d’éliminer l’effet-prix sur
l’évolution de la variable.
La mesure du PIB en volume est particulièrement intéressante de ce point de vue puisqu’elle
permet de déterminer la richesse crée dans une économie durant une période donnée. Son
évolution entre deux périodes permet de déterminer ce que l’on appelle le taux de croissance
économique.

Illustration

Considérons, pour simplifier à l’extrême, une économie avec un seul produit, le riz. Les informations
suivantes sont disponibles sur deux périodes to et t (to renvoie à la période de référence ou année de base
et t renvoie à la période courante).
Qto → quantité de riz produite en to
Qt → quantité de riz produite en t
Pto → Prix du riz à la période to
Pt → Prix du riz à la période t

Le PIB en valeur évalue la production au prix de l’année courante, tandis que le PIB en volume évalue
la production au prix d’une année de base.

La valeur de la production (PIB) en t = Pt*Qt = PIB en valeur (ou PIB nominal) en t

La valeur de la production (PIB) en to = Pto*Qto = PIB en valeur (ou PIB nominal) en to

Posons : Qto = 5000T ; Qt = 5000T ; Pto = 800 um ; Pt = 1000 um.

On en déduit → Pt*Qt = PIB nominal en t = 1000*5000 = 5 000 000 um


→ Pto*Qto = PIB nominal en to = 800*5000 =4 000 000 um

On pourrait être tenté de dire que la production a augmenté entre t et t o, or elle est toujours de 5000T.
L’effet-prix explique seul cette évolution. Pour connaître la situation réelle, on doit évaluer la
production courante (en t) au prix de l’année de base (to). On obtient alors :
16

Qt*Pto = 5000*800 = 4 000 000 um → Situation réelle de l’économie en t

On pourrait donc "grossièrement" dire que le PIB réel de t est de 4 000 000 d’um ; c’est le
même
qu’en to.

La richesse créée en to est la même que celle créée en t ; il n’y a donc pas de croissance
économique entre les deux périodes.

Le rapport (PIB en valeur) / (PIB en volume) à la période t → Détermine un rapport de prix


qui exprimé en pourcentage indique un indice de prix. A l’échelle d’une économie, on
l’appelle niveau général des prix (NGP) ou déflateur du PIB ainsi déterminé :

PIBt nominal Pt1Qt1 Pt1


NGPt = x 100 = x 100 = x 100 (c’est un prix relatif)
réel
PIBt Pt0Qt1 Pt0

Pour l’année de référence, le PIB en volume est égal au PIB en valeur

La mesure du coût de la vie ou l’indice des prix à la consommation (IPC)

Les biens et services ont pour la plupart vu leur prix augmenter. Par exemple, le franc CFA
d’aujourd’hui n’a plus le même pouvoir d’achat que le franc d’hier. Cette hausse du niveau
des prix est appelée inflation qui est l’une des préoccupations majeures des autorités.

Tout comme le déflateur du PIB, l’IPC synthétise le prix de milliers de produits en une seule
mesure du niveau général des prix. Il est important de noter que les informations fournies par
ces deux indices sont différentes pour les raisons suivantes.

► Le déflateur du PIB mesure les prix de tous les biens et services produits dans une
économie alors que l’IPC ne mesure que les prix des seuls biens et services achetés par les
consommateurs. Les biens et services achetés par les entreprises et les administrations ne
sont donc pas pris en compte par l’IPC.

► Le déflateur du PIB exclut les prix des biens et services importés et destinés à la
consommation intérieure. En effet, le PIB ne prend en compte que les biens et services
produits sur le territoire national.

► Le déflateur du PIB prend en compte un panier de biens et services dont l’évolution


dépend de la composition du PIB alors que l’IPC est déterminé sur la base d’un panier
constant de biens et services. Ce qui signifie que les pondérations sont fixes pour l’IPC et
évolutives pour le PIB. Malgré ces différences, l’écart est relativement modéré entre ces
deux mesures qui donnent à peu près la même image du mouvement général des prix.

Illustration

On considère une économie fictive avec 2 produits (le pain et le riz)

Année courante → indice = t


17

Année de référence ou de base → indice = t 0


t t t t
PIB nominal en t = P p * Q p + P r * Q r (1)
t t t t
PIB réel en t = P 0p * Q p + P 0r * Q r (2)

(1)
NGP =
(2)

Calcul de l’IPC
t t t t
P p *Q 0p + P r * Q 0r
=
t t t t
P 0p * Q 0p + P 0r *Q 0r

Notons que l’indice de prix pour un bien quelconque i mesure l’évolution du prix de ce bien
par rapport à une période de référence.
Soit par exemple t et t0 désignant la période courante et la période de base respectivement.
to t
to → P i Pi
→ Iti = * 100
t to
t→ Pi P i

Nous pouvons généraliser L’IPC pour N biens

n
t to
∑ Pi *Q i
i=1
IPC = * 100
n
∑ Ptoi * Qtoi
I=1

Il vient, en développant, que :


n
IPC = ∑atoi * Iti
I=1

atoi est obtenu par enquêtes sur les ménages et la structure de leur consommation.
atoi représente la pondération, c'est-à-dire le poids du bien i dans la consommation totale
en to, c'est-à-dire l’année de référence où l’enquête a été menée.

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