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Joseph Vantini, dit « 

Yousouf » (1808 - 1866)


« Je suis le fils de mes œuvres et de mon sabre »
Joseph Vantini, dit « Yousouf », (aussi orthographié « Yusuf »), n’était qu’un simple esclave mamelouk du bey de Tunis quand il se mit au service de la
France en 1830 ; pourtant, ses qualités de meneur d’hommes ainsi que ses nombreux faits d’armes feront de lui un général français de l’Armée
d’Afrique.

Il est le seul chef qui ait participé de bout en bout à la conquête de


l'Algérie, depuis le débarquement à Sidi Ferruch en juin 1830, jusqu'à
l'insurrection de 1864. Il participa également à la guerre de Crimée en
1854, à la tête de ses régiments de « bachi-bouzouks ».

Toute sa vie il fut comblé de gloire et d'honneurs mais il s'attira aussi de


nombreuses inimitiés. Ce paladin, dont la vie, a-t-on dit, fut « une poésie
en action  » reste l’une des figures les plus originales parmi les
combattants de l’empire français. Beaucoup de légendes et de mystères
entourent la vie de Yousouf et surtout sa jeunesse.

Les seules sources disponibles se résument parfois à ce que Yousouf


lui-même a bien voulu raconter. Et ceux qui ont écrit sur lui sont bien
souvent des historiens militaires ou bien des journalistes de l’époque
qui ne tarissaient pas d’éloges. Ce qui est certain, c’est que sa vie fut
digne d’un roman, son ami Alexandre Dumas disait d’ailleurs  : «  À lui
seul, c’est le conte entier des Mille et une Nuits. »

Matthias Mauvais

Un garçon choyé par les princesses


Giuseppe ou Joseph Vantini est probablement né vers 1808 sur l’île d’Elbe, devenue terre française suite au traité d’Amiens de 1802. Son père est
un grenadier corse converti en secrétaire attaché aux services de Napoléon Ier vaincu à qui le traité de Fontainebleau de 1814 a accordé la
souveraineté de l’île d’Elbe.

Le petit Joseph accompagne souvent son père au palais de la princesse Pauline, deuxième sœur de l’Empereur. C’est même probablement la
princesse qui élève Joseph jusqu’à l’âge de trois ans. Lui-même se rappelle avoir vu l’Empereur en 1814, sur l’île d’Elbe où son père et la princesse
l’ont suivi.

Pauline incite son père à l’envoyer faire son éducation dans un collège à Florence. Joseph, accompagné d’une dame polonaise, s’embarque pour
l’Italie à destination de Livourne d’où il doit être conduit à Florence. Mais le navire est capturé par des pirates et le capitaine contraint de mettre les
voiles sur Tunis.

Rien de surprenant à cela : depuis plusieurs siècles déjà, les pirates barbaresques d’Afrique du nord sillonnent la mer Méditerranée en quête de
marchandises et d’esclaves pour s’approprier les cargaisons des navires et s’emparer des passagers.

Avec le reste de l’équipage, Joseph est présenté au marché aux esclaves de la vieille ville et vendu au bey de Tunis, c’est-à-dire au gouverneur
représentant l’Empire ottoman dans la Régence.

Le beylicat de Tunis (ou régence de Tunis) existe depuis le 15 juillet 1705 au sein de l’Empire ottoman mais jouit d’une quasi-indépendance vis-à-vis
de la Sublime Porte. Les beys y règnent en monarque absolu, ils rendent la justice, décident de leurs lois, et ce jusqu’en 1881 date à laquelle les
Français instaurent finalement un protectorat sur la Tunisie.

Grâce à un médecin français, il échappe de peu à une carrière d’eunuque ainsi qu’à l’émasculation pourtant réservée aux esclaves mâles et
adolescents européens. En effet, un certain docteur Lombard qui travaillait dans le sérail, était chargé de recruter les soldats de la garde
prétorienne destinée à protéger le bey. Ses membres étaient choisis parmi les jeunes esclaves sans père, mère ni patrie ; ainsi Joseph est-il désigné
pour en faire partie.

Comme ses camarades, il doit adopter la religion islamique et c’est ainsi que Joseph devient Yousouf. Jusqu’à l’âge de douze ans, il habite dans le
sérail du bey de Tunis où il étudie le Coran, l’art de la calligraphie, apprend le turc, l’arabe et l’espagnol et devient même le compagnon de jeu de la
princesse Kaboura, une des filles du Prince. En tant que futur mamelouk, il prend des leçons d’équitation et apprend le maniement des armes  ;
Yousouf est un élève studieux et ne tarde donc pas à se concilier l’affection de ses maîtres qui voient en lui un futur guerrier.
Le jeune esclave devenu mamelouk (dico) ne tarde pas à tomber amoureux de la princesse Kaboura qui n’est pas non plus insensible à son charme.
Un jour le couple se fait surprendre en plein rendez-vous nocturne par un eunuque du harem. Le lendemain, la princesse, effrayée à l’idée que leur
intrigue amoureuse ne soit révélée au grand jour, n’est guère rassurée en recevant de son amant un magnifique bouquet à l’intérieur duquel se
trouvent l’oreille et la langue de l’esclave trop curieux !

Lire la suite (Amis d'Herodote.net)

Publié ou mis à jour le : 2023-01-10 18:39:54

 
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