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FICHE TECHNIQUE BACTERIOLOGIE

Centre Toulousain pour le Contrôle de qualité en Biologie clinique


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FICHE TECHNIQUE : Haemophilus influenzae

Ancien nom = bacille de Pfeiffer car Pfeiffer en faisait l’agent de la grippe or c’est un agent de
surinfection.
Famille des Pasteurellaceae.
Espèce type du genre Haemophilus (16 espèces dans ce genre).
Principales espèces : H influenzae, H parainfluenzae, H aegyptius, H haemolyticus, H ducreyi,
H parahaemolyticus, H paraphrohaemolyticus.

HABITAT

Bactérie commensale des voies aériennes supérieures, plus rarement au niveau du tractus génital et
de la conjonctive.
La plupart des souches sont non capsulées. Mais, il existe de rares porteurs sains de souches
capsulées.

POUVOIR PATHOGENE CHEZ L'HOMME

Parasite obligatoire de l’homme (absent chez les animaux).

2 types d’infections :
- les infections aiguës, provoquées par les souches capsulées de sérotype b, invasives :
méningites (purulentes chez l’enfant de moins de 3 ans qui laissaient souvent malgré un traitement
bien conduit des séquelles neurosensorielles), épiglottites (associées à une septicémie),
pneumopathies, péricardites, cellulites, infections ostéo-articulaires surtout chez les jeunes enfants.
Ces infections sont en très nette diminution depuis la mise en place de la vaccination en 1992 d’un
vaccin anti-Haemophilus b. Les autres types capsulaires (a, c, d, e, f) sont plus rarement impliqués
dans les manifestations invasives.

- les infections dues aux souches non capsulées sont responsables de pneumopathies chez
des patients avec maladies sous-jacentes (bronchites chroniques, grippe, mucoviscidose), otites
moyennes aigües récidivantes, sinusites, conjonctivites.
Haemophilus influenzae peut coloniser le tractus génital et donner des urétrites, des endométrites et
des salpingites ; il est considéré comme la troisième cause d’infections néo-natales après
Streptococcus agalactiae et Escherichia coli. Elles surviennent en per-partum.
Depuis 2010, les infections invasives à Haemophilus influenzae résiduelles sont dues dans plus de
80% des cas à des souches non typables sans capsule.

ECHANTILLON : (attention à la dessiccation du prélèvement)

- sécrétions bronchiques et prélèvements de la sphère ORL


- hémocultures, LCR, suppuration profonde, tympanocentèse.
- prélèvement génital, prélèvements de nouveau-né.

CARACTERES BACTERIOLOGIQUES :

- Caractères morphologiques : bacilles polymorphes à Gram négatif de petite taille, immobiles,


capsulés pour les souches invasives.

Fiche technique _ Bactériologie 151


EN.FTBAC. 07-09-17.01
Emis le 18 Juin 2015
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- Caractères culturaux :
aéro-anaérobie
Pousse sur gélose chocolat (sang cuit à 80°C) polyv itex car il est exigeant en deux facteurs présents
dans le sang, NAD (nicotinamide adénine dinucléotide ou coenzyme I) (facteur V) et hémine (facteur
X). Les milieux de culture devront obligatoirement contenir ces deux facteurs : gélose au sang cuit
supplémentée en NAD ou milieu transparent contenant les deux facteurs.
Culture discrète sur gélose au sang : caractère essentiel des Haemophilus (sauf H. aphrophilus).
Naturellement résistant aux glycopeptides, aux lincosamides et à la bacitracine, il peut être cultivé sur
des milieux sélectifs contenant un ou plusieurs de ces antibiotiques qui inhibent la plupart des autres
bactéries du tractus respiratoire.

- Caractères enzymatiques, biochimiques et antigéniques :


Catalase +, oxydase +
Permettent de faire le diagnostic d’espèce et de type.
Il existe 8 biotypes d’Haemophilus influenzae (intérêt épidémiologique), qui reposent sur 3 caractères :
ODC, urée, indol.

- Sérotypage par agglutination : 6 sérotypes de a à f pour les souches capsulées, le b est le plus
virulent. Ce sont des Ag polysaccharidiques.
Les souches de biotype I (ODC, urée, indol positifs) et de sérotype b sont responsables de plus de
95% des manifestations invasives.

DIAGNOSTIC

Mise en évidence de la bactérie dans les produits pathologiques plus facile si monomicrobien (pus,
LCR, sang).
Demande des milieux sélectifs (gélose au sang cuit + bacitracine) dans les prélèvements
polymicrobiens.
L’identification en spectrométrie de masse MALDI-TOF marche très bien. Cette technique permet de
distinguer les souches non capsulées de celle de H. haemolyticus, une espèce proche dont les isolats
non hémolytiques (30% des souches) sont indifférenciables de H. influenzae par les méthodes
conventionnelles et l’analyse des séquences des gènes de l’ARN 16S.

DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL entre les espèces d’Haemophilus d’intérêt médical

exigence exigence Fermentation


hémolyse catalase ONPG
X V CO2 saccharose lactose
H. influenzae + + - - + - - -
H. aegyptius + + - - + - - -
H.haemolyticus + + - + + - - -
H.ducreyi + - - - - - - -
H.parainfluenzae - +* - - v + - v
H.parahaemolyticus - + - + + + - -
A.segnis - + - - v v** - -
A.aphrophilus - v + - - + + +
Un plasmide, présent chez Haemophilus ducreyi, conférant l’indépendance au facteur V, a été
retrouvé chez certaines souches d’Haemophilus parainfluenzae. ; ** faible

SENSIBILITE AUX ANTIBIOTIQUES

L’antibiogramme est à réaliser dans toutes les situations cliniques où H. influenzae est isolé. Il
est préférable de le faire en diffusion selon les recommandations du CASFM/EUCAST.
Sensibilité variable aux β-lactamines : β-lactamase non inductible inhibée par l’acide clavulanique le
plus souvent (de type TEM ou plus rarement de type ROB 1). Il faut rechercher la production de β-
lactamase par une technique chromogénique pour toutes les souches isolées en situation pathogène
dont le diamètre à la pénicilline G (1 UI) est <12 mm. En France, environ 20% des souches sont
productrices de β-lactamase. Il faut alors faire les CMI.
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Une moindre sensibilité aux β-lactamines par modification de la cible est observée chez des souches
non productrices de β-lactamase (BLNAR = Beta Lactamase Negative Ampicilline Resistante). Cette
résistance à bas niveau est sans grave conséquence clinique à l’heure actuelle sauf dans les otites
récidivantes de l’enfant (mauvaise réponse au traitement par n’importe quelle β-lactamine).
L’association des deux mécanismes de résistance (TEM et modification des PLP), mais aussi le
mécanisme par efflux pourraient, dans l’avenir, modifier l’activité des β-lactamines sur cette espèce
bactérienne.

S : aminosides, cyclines, triméthoprime-sulfaméthoxazole, fluoroquinolones, rifampicine.

I : macrolides, R : lincosamides

TRAITEMENT

Céphalosporines de 3° génération en première intent ion dans les infections invasives.


Rifampicine pour réaliser la prophylaxie des sujets contact de patients ayant présenté une infection
invasive avec une souche capsulée de type b.

VACCINATION

L’immunité naturelle contre H. influenzae capsulée est de type humoral : Ac anti-capsule. L’enfant
jusqu’à 3 mois bénéficie des Ac maternels. Il aura une bonne immunité naturelle acquise qu’à 3 ans.
Vaccin avec la fraction polysaccharidique de Haemophilus influenzae de type b : le polyribosyl-ribitol-
phosphate (PRP) conjugué à l’anatoxine tétanique pour améliorer la réponse vaccinale.

CENTRE NATIONAL DE REFERENCE :

Il fait un géno-sérotypage des souches invasives et étudie les cas groupés.

Dr. Danielle CLAVE


Expert biologiste -Bactériologie
CHU TOULOUSE

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