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COCCI A GRAM POSITIF

INTRODUCTION
Sous cette dénomination sont regroupés des espèces bactériennes constituées par des cellules de forme
arrondie (cocci ou coques) immobiles, à Gram positif, aérobie anaérobie facultative, dont l’importance
médicale est très grande.
Nous distinguons :
Les Staphylocoques appartenant au genre Staphylococcus
Les Streptocoques appartenant au genre Streptococcus
Les Entérocoques

LES STAPHYLOCOQUES

PLAN

INTRODUCTION
I-CARACTÈRES BACTÉRIOLOGIQUES
II –ÉPIDÉMIOLOGIE
III –PHYSIOPATHOLOLOGIE
IV-POUVOIR PATHOGÈNE

V-DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
VII -MESURES DE PROPHYLAXIE ET ÉLÉMENTS DE THÉRAPEUTIQUES

CONCLUSION

OBJECTIFS
1-Définir les Staphylococcus.
2-Définir les aspects des cultures des staphylocoques en gélose ordinaire et en gélose Chapman.
3-Citer 4 caractères de distinction des 3 principales espèces de staphylocoques pathogènes de
l’homme.
4-Citer 5 toxines et 5 enzymes staphylococciques.
5 Citer 4 types d’infections staphylococciques.
6-Citer 4 caracteres biochimiques d’identification de staphylocoque aureus
7-Citer 8 antibiotiques de familles différentes pour les antibiogrammes ses staphylocoques.

INTRODUCTION

-Définition
Les Staphylocoques sont des Cocci à Gram positif classiquement disposés en amas. Actuellement,
on distingue 44 espèces. L’espèce S. aureus (plus communément appelé staphylocoque doré) se distingue
généralement des autres staphylocoques appelés Staphylocoques à Coagulase Négative (SCN) par la
présence d’une coagulase. Les staphylocoques sont responsables de suppurations qui peuvent être traitées
par antibiothérapie. Il n’existe pas à ce jour un vaccin efficace contre ces germes.
Histoire
-Pasteur, 1880 : découverte de bactéries en grains dans du pus.
-Ogston, 1883 : créé le nom « staphylocoque » pour décrire ces bactéries en grappe de raisins (staphylos)
et en forme de grains (kokkos).
Intérêts :
Les staphylocoques occupent une place très importante en pathologie humaine et animale :
 Sur le plan clinique ce sont des bactéries pyogènes et toxinogènes responsables d’une
symptomatologie polymorphe avec une fréquence élevée d’infections nosocomiales.
 Sur le plan thérapeutique, le problème de prévention et traitement des souches méthi R (SARM).

I-CARACTÈRES BACTÉRIOLOGIQUES
1-Taxonomie/Classification
-Famille : Micrococcaceae
-Genre : Staphylococcus (autres genres : Micococcus, Stomatococcus, Planococcus)
-Espèces : > 40 espèces
-Staphylococcus aureus, S. epidermidis et S. saprophyticus sont les 3 principales des 17
espèces retrouvées chez l’Homme. La classification actuelle des Staphylococcus n’est
certainement pas définitive.

2-Carcatères morphologiques
Ce sont des Cocci à Gram+ de 0,5-1µm de diamètre, isolés, en diplocoques, en courtes chaînettes ou en
amas (grappe de raisins). Asporulés et parfois capsulés.
3-Caractères culturaux
Aérobie-anaérobie facultatif (AAF), la culture des Staphylocoques est facile et rapide en 24h en
aérobiose sur Gélose et bouillon ordinaires.

Entre 18 et 24 h à 37°C, Les colonies peuvent être pigmentées, jaunes, dorées (S. aureus:) ou blanches
(S. aureus, S. epidermidis, S. saprophyticus,…).

-Sur gélose au sang de lapin ou de mouton on a une hémolyse de type .

-Sur gélose Chapman (Mannitol + 7,5% NaCl + Rouge phénol) : S. aureus acidifie le milieu (mannitol) qui
vire du rouge au jaune d’ou le no m de staphylocoque doré

4-Caractères biochimiques
Les staphylocoques présentent les caractères biochimiques suivants :
-Ils possèdent une Catalase (caractère différentiel avec les streptocoques);
-ils sont Oxydase négative (différence avec les Neisseria) ;
-ils Oxydent et fermentent le glucose et le mannitol contrairement aux Micrococcus qui procèdent
seulement par un mecanisme oxydatif).
-Ils Résistent à la bacitracine et au composé vibriostatique O/129 à 0,5mg (2,4-diamino-6,7-
diisopropyloptéridine) ;
Mais sont Sensibles aux nitrofuranes. à la novobiocine : (S aureus ), alors que S epidermidis est
résistante
- S. aureus en général est DNase ou Désoxyribonucléase +
L’identification biochimique des espèces de staphylocoques peut être faite sur des mini galéries
commerciales comme les API Staph ou ID32 Staph (bioMérieux),

5-Substances élaborées par les staphylocoques


5.1-Toxines

-Hémolysines (, β,  et δ)

•-hémolysine ou -toxine staphylococcique : antigénique, cytotoxique et cytolytique.


•β-hémolysine : donne une hémolyse accrue en présence de Streptocoque B qui est mise en
évidence par le CAMP-test (CAMP : Christie, Atkins, Munsch-Petersen)

•-hémolysine : antigénique et proinflammatoire.


•δ-hémolysine : action détergente sur les membranes.
-Leucocidine toxique pour macropphages et polynucléaires humains et de lapin.
-Entérotoxines (A, B, C1, C2, C3, D, E et H) : responsables d’intoxications alimentaires; certaines ont une
action mitotique sur les lymphocytes T. Elles ont des fonctions de Superantigène.
-Toxines épidermolytiques ou exfoliatines : produites par certaines souches de S aureus. Permettent de
distinguer 2 sérotypes A et B chez certaines souches. Responsables de pathologies infantiles comme le
syndrome de Lyell, l’impétigo bulleux staphylococcique,…
-Toxines pyrogènes A et B : mitogènes. Responsables de fièvres scarlatiniformes staphylococciques.
-Toxine du syndrome de choc toxique (TSST) qui est associée à une production d’entérotoxines.
-Protéine de liaison à la fibronectine contribue à l’adhérence de S aureus aux biomatériaux (cathéters,
prothèses). Elles favorisent les endocardites et sont antigéniques.
-Protéine de liaison au collagène permet à S aureus d’adhérer au cartilage in vitro. Facteur de virulence
des infections ostéo-articulaires.

5.2-Enzymes
Ont un intérêt pathogénique et/ou diagnostique important.
-Coagulase libre : provoque la coagulation du plasma humain ou de lapin; permet de définir 7 groupes
antigéniques. Joue un rôle dans la survenue de thrombophlébites suppurées et inhiberait la
phagocytose.
-Coagulase liée N’EST PAS LE « CLUMPING FACTOR »:
-Fibrinolysine ou staphylokinase : antigénique, dissout les caillots et interviendrait dans la formations
d’embols septiques.
-Hyaluronidase : hydrolyse l’acide hyaluronique et fluidifie la substance fondamentale du tissu
conjonctif.
-Nucléase : thermostable chez S aureus (DNase) et thermolabile chez les autres.
-Bêta-lactamases : facteur de résistance aux β-lactamines dont les pénicillinases et les
céphalosporinases.
II -ÉPIDÉMIOLOGIE
1-Habitat
Les staphylocoques sont très répandus dans la nature (air, eau, sol) et ce sont des bactéries de la flore
commensale cutanée et muqueuse des mammifères et des oiseaux.
Chez l’humain, les staphylocoques sont présents au niveau de la peau, la gorge, des muqueuses
nasales, anales, uro-génitales, ,… Le portage des staphylocoques varie avec l’âge; il existe des
personnes «non porteuses». Les souches de S. aureus retrouvées en milieu hospitalier peuvent être
résistantes à la méticilline (SARM : S. aureus résistantes à la méticilline).c’est donc l’un des
payhogenes le plus fréquent en communautaires et hospitaliers (nosocomial), car ubiquitaires et virulen
t

2-Transmission
Elle peut être ;
- directe (contacts, mains, à partir du nez,…). La dissémination se fait surtout par la main , existence de
« dangereux disséminateurs ». Faire attention aux nouveaux-nes
Elle peut se faire aussi à partir des lésions ouvertes,  manuportée en milieu hospitalier par le personnel
- indirecte par voie par  aérienne , les aliments et les objets souillés (matériel…) 

3-Facteurs favorisants l'infection staphylococcique


On distingue des facteurs intrinsèques a la bacterie ainsi que des facteurs communautaires et
hospitaliers ou nosocomial dont :
-Les facteurs de virulence des souches : protéines bactérienne de surface qui facilitent la colonisation
des tissus de l’hôte, les facteurs inhibant la phagocytose et les toxines.
-Les ruptures cutanées (blessures, interventions chirurgicales, brûlures, dermatoses)
-Les corps étrangers: poussières et gravillons dans une plaie, points de suture, cathéters, prothèse
menstruatons (Tampons)  
-Une infection virale préalable : grippe et rougeole en particulier.
-L'usage préalable d'une antibiothérapie a large spectre à laquelle le staphylocoque est résistant.
-Les déficits leucocytaires quantitatifs (leucopénie) ou qualitatifs (granulomatose familiale).
-Les déficits immunitaires acquis ou innés (vih etc..)
-Diverses pathologies : diabète, artériosclérose, éthylisme, insuffisance rénale,
-Présence de disséminateurs dangereux.  CirculaBon de souche SARM
Terrain débilitants sous‐jacents etc  

III -PHYSIOPATHOLOLOGIE
La Pénétration dans l’organisme se fait par voie cutanéo-muqueuse, respiratoire, digestive, etc …
-Puis survient la multiplication bactérienne avec production d’enzymes et de toxines entrainant une
infection pouvant aboutir à une bactériémie ou une septicémie. ainsi les hémolysines entraine une
extension locale par les pores et la Coagulase une extension hématogène 
Plusieurs étapes impliquant les substances élaborées par le staphylocoque peuvent se succéder :
1-envahissement local (hyaluronidase, exfoliatine),

2- nécrose cellulaire (protéases, lipases, estérases, DNases, phosphatases, -toxines ainsi que les β, 
et δ,
3-diminution des défenses locales (leucocidine, capsule, protéine A) protegeant la bacterie contre la
phagocytose
4-foyer de thrombophlébite régionale (coagulase),par activation de la thrombine
5-embols septiques (fibrinolysine).
S. aureus peut ainsi détruire les cellules de l’organisme et produire du pus. Il est le type même du
germe pyogène.

IV-POUVOIR PATHOGÈNE
.1-Pouvoir pathogène naturel
Les staphylocoques sont responsables d’infections suppuratives et des toxi-infections ou toxémies
1.1-Infections suppuratives
-Cutanées, sous-cutanées et muqueuses: folliculite, onyxis, furoncle, anthrax, abcès, érysipèle ou
cellulite, .... Peuvent être accompagnées de septicémie sévère.
-Du tractus respiratoire : angines, sinusites chroniques, pneumopathie (grave).
-Du système nerveux central : par voie hématogène ou contiguë, avec sous atteinte osseuse.
-Du tractus uro-génital : pyélonéphrites, cystite, prostatite, vaginites, cervicites, salpingites,…
-Endovasculaires et cardiaques chez des patients porteurs de valves cardiaques artificielles.
-Musculaires et osseuses : ostéomyélite aiguë souvent sur terrain drépanocytaire, arthrite.
1.2-Toxi-infections ou toxémies staphylococciques
-Toxines produites in vivo (TSST-1, exfoliatine) ou préformées et introduites dans l’organisme
(entérotoxines dans les aliments).
-Toxi-infections alimentaires : implique les entérotoxines A à E et H
-Syndrome de choc toxique staphylococcique (SCTS) : avec rash scarlatiniformes notamment.
-Syndrome d’exfoliation généralisée ou syndrome de Lyell staphylococcique
-Entérocolite nécrosante pseudo-membraneuse post antibiothérapique, due à la prolifération de S
aureus + production d’entérotoxines.

Portage asymptomatique Infections contiguës

-peau -furoncles, anthrax, abcès, arthrites, ostéomyélites

-nez, bouche, -sinusites, otites, mastoïdites, pneumonies


Source inconnue BACTERIEMIES ou SEPTICEMIES Contamination
externe : personnel

Localisations métastasiques

-osseuses

-pulmonaires

-cutanées, musculaires,

Figure 3 : Principales infections staphylococciques


2-Pouvoir pathogène expérimental
-Chez l’homme : injection de 5×106UFC de S aureus sous peau saine et de 100 bactéries sur une zone de
suture ou lésée suffit pour produire une infection.
-Aucun animal ne permet de reproduire l’infection humaine.

3-Infections nosocomiales
Concerne aussi bien S. aureus que les staphylocoques à coagulase négative. Concernent surtout les
infections des plaies chirurgicales, les pneumopathies sous ventilation assistée, les septicémies à point
de départ cathéter,, infections sur prothèses ou corps étrangers malade (vêtement du personnel,
accompagnants, visiteurs, draps, murs, matériel médical) constitue une source secondaire de
contamination. Milieu propice au SARM.

V-DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
Il est essentiellement direct
.1-Prélèvements
-Pus d’abcès, biopsies, urines, LCR, aspirations bronchiques, etc. Dans les hémocultures (sang) la
répétition est favorable au diagnostic étiologique.
-Autres prélèvements : selles, aliments, eaux, air du milieu hospitalier,…
-Le transport et/ou la conservation des échantillons doivent respecter les principes de l’examen
cytobacteriologique.

.2- Examen microscopique


Il montrera des Cocci à Gram positif, isolés, en amas (grappe de raisins). assez évocateur.
.3-Culture et identification (Figure 2)
-Pour les prélèvements monomicrobiens, utiliser des bouillons ou géloses non sélectifs, enrichis ou non
(Bouillon Trypticase soja, gélose nutritive, GSF, …) ; mais pour les produits polymicrobiens, ensemencer
des milieux sélectifs (Chapman, Baird-Parker,…).
Le diagnostic d’espèces peut être complété par une minigalérie API Staph ou par des tests de dépistage
rapides par agglutination sur lame d’hématies ou de particules de latex sensibilisées par le fibrinogène
ou par des IgG. La Méti-R peut être recherchée par test rapide aussi

Api Staph

4-Étude de la sensibilité aux antibiotiques


4.1-Antibiotiques à tester 
-β-lactamines : pénicilline G (83-85% de résistance) ; pénicilline M, autres pénicillines et les
céphalosporines,…
-Aminosides : gentamycine, amikacine,…
-MLS : Macrolides (érythromycine,…), Lincosamines, Synergistines
-Fluoroquinolones : ciprofloxacine, norfloxacine, ofloxacine et nouvelles fluoroquinolones
-Tétracyclines : tétracycline, doxycycline, minocycline
-Sulfaméthoxazole-triméthoprime (cotrimoxazole)
-Glycopeptides : vancomycine, teicoplanine.
-Chloramphénicol,
-Fosfomycine, Acide fusidique.

5-Autres techniques d’identification

-Identification moléculaire pour la détection des acides nucléiques

VI-STAPHYLOCOQUES COAGULASE NEGATIVE (SCN)

-Espèces bactériennes
-Staphylococcus epidermidis :
-Produit abondamment une capsule polysaccharidique qui lui permet d’adhérer et de coloniser la
surface des polymère (cathéters, prothèses) et des cellules.
-Responsable d’infections de prothèses vasculaires, articulaires, de valves ; d’endocardites ;
d’endophtalmies et d’infections diverses chez les immunodéprimés.
-S. saprophyticus: infections urinaires, surtout chez les jeunes femmes non hospitalisées

Caractères S. aureus S. S. saprophyticus


epidermidis
Coagulase libre + – –
DNase thermostable + – –
Novobiocine 5g Sensible Sensible Résistante (<16mm)
Nitrate réductase + + –

Tableau 1 : Diagnostic différentiel des 3 principales espèces de staphylocoques rencontrées chez


l’homme.

VII -MESURES DE PROPHYLAXIE ET ÉLÉMENTS DE THÉRAPEUTIQUES


-Prévention
Repose sur l’applicaBon des mesures d’anBsepsie et d’hygiène individuelle et collec0ve 
Hygiène des mains pour éviter le manuportage et la contaminaBon par le personnel 
Traitement des lésions (=porte d’entrée) 
Lutte contre les infecBons nosocomiales et surveillances alimentaire 
Diminuer l’uBlisaBon d’ATB et favoriser l’usage d’anBsepBques pour éviter les BMR 
Détection et décolonisation en chirurgie 
-Traitement curatif
Le traitement curatif repose sur l’utilisation d’antibiotique actifs comme
-les Aminosides, les tétracyclines, les sulfamides, les macrolides
De nos jours les Beta lactamines st peu actifs sur les souches hospitalières productrices de penicilinases
Il existe aussi des staphylocoques de résistance hétérogènes qu’on appelle souches methi R, elles sont
résistantes aux céphalosporines et à de nombreuses familles d’antibiotiques
Il est recommandé de rechercher les MRSA dans les unités de soins intensifs…
La Vancomycine et l’Imipenème st réservés aux cas rebels

CONCLUSION
Les staphylocoques constituent un genre bactérien très présent dans la nature et en clinique  ; l’espèce
S. aureus est le germe des infections suppuratives. Il n’existe pas actuellement de vaccin efficace contre
les infections staphylococciques. Leur évolution et adaptation continue aux antibiotiques font des
espèces pathogènes des agents redoutables. Cependant les combinaisons d’antibiotiques usuels et
l’existence de nouvelles molécules offrent des perspectives thérapeutiques rassurantes
 

Cocci à Gram positif

Catalase

Positive Négative

Micrococcaceae Streptococcaceae

Oxydase*

Positive Négative

-Micrococcus (Aérobie srticte) Staphylococcus


-Staphylococcus sciuri

-Staphylococcus lentus

Poursuivre l’identification
Par les Caractères bactériologiques
STREPTOCOQUES

PLAN

INTRODUCTION
I-CARACTÈRES BACTÉRIOLOGIQUES
II –ÉPIDÉMIOLOGIE
III –PHYSIOPATHOLOLOGIE
IV-POUVOIR PATHOGÈNE

V-DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
VII -MESURES DE PROPHYLAXIE ET ÉLÉMENTS DE THÉRAPEUTIQUES

CONCLUSION

OBJECTIFS
-Définir les Streptococcus.
-Expliquer les 4 méthodes de classification des streptocoques.
-Citer 2 espèces de streptocoques d’importance médicale
-Définir la principale condition de culture des streptocoques en bouillon.
-Décrire les aspects des cultures des streptocoques en milieux gélosés.
-Expliquer l’identification d’une colonie de cocci à Gram positif, β-hémolytique  évocatrice de
streptocoque.
-Expliquer l’identification d’une colonie de cocci à Gram positif, non hémolytique  évocatrice de
streptocoque.
-Citer 5 groupes ou familles d’antibiotiques utilisables pour un antibiogramme de streptocoque.
-Illustrer par un tableau, les principes de dosage et les valeurs seuils des 5 enzymes du sérodiagnostic
des infections streptococciques.

-INTRODUCTION
-Définition

La famille des Streptococcaceae comprend plusieurs genres. Parmi eux, Streptococcus et Enterococcus
regroupent la plupart des espèces responsables d'infections humaines. Les caractéristiques communes à
toutes ces espèces sont les suivantes :

-Ce sont des cocci à Gram positif sphériques ou ovoïdes, groupés en diplocoques ou en chaînettes
parfois longues de plus de 6 coques et asporulés, de la famille des Streptococcaceae.
-Catalase négative, Oxydase négative, AAF et à métabolisme fermentatif. Ils sont anaérobie mais
tolérants à l’oxygène : cultivent lentement et difficilement en aérobiose. mais les streptocoques
résistent naturellement aux aminosides.
-Fragiles, sensibles à l’acidité et certaines espèces ont besoin de milieux enrichis ou des facteurs de
croissance.
-Historique
-1869, Coze et Feltz observent de nombreux « points » en chaînettes dans le sang de femmes décédées
lors d’une épidémie de fièvre puerpérale à Strasbourg
-1884, Rosenbach décrit Streptococcus pyogenes.
-1928, Griffith et plus tard en 1944, Avery, Mac Leod et Mac Carthy décrivent le phénomène de
transformation chez le pneumocoque.
-1933, Miss Rebecca Lancefield établit la classification moderne des streptocoques sur la base de la
propriété antigénique de leurs hydrates de carbone : elle décrit les sérogroupes A à F.
Intérêts
Épidémiologique : bactéries cosmopolites, ubiquitaires

-Clinique : responsables d’infections variées, dont les séquelles peuvent redoutables. Bactéries
responsables d’angines (A surtout) dont les complications peuvent conduire au Rhumatisme
articulaire aiguë (RAA ou M. de Bouillot)et Glomérulonéphrite aiguë (GNA)
-Microbiologique : par la taxinomie en perpétuel changement et par leur résistance naturelle aux aminosides.

-Thérapeutiques : malgré leur caractère ubiquitaire, il n’existe pas de vaccins contre la quasi-totalité des
Streptococcaceae. Cependant des vaccins polyvalents très efficaces sont disponibles contre le pneumocoque.

I-CARACTÈRES BACTÉRIOLOGIQUES
1.-Classification
Les streptocoques ont été classe en fonction des criteres suivants
-capaciter a hémolyser les hematies (hemolyse totale ou Beta hemolytique,hemolyse partielle ou alpha
hemolytique et absence d’hemolyse ou gamma hemolytique
-Presence d’ag polyssacharidique C ou Classification antigénique de Lancefield
Repose sur la caractérisation du polyoside C (Ag de groupe) de la paroi de streptocoques. Permet de
distinguer
-des streptocoques groupables qui sont différentiables

 soit par leur polyoside C avec 18 sérogroupes désignés par les lettres A, B, C, E, F, G, H, K , L, M,
O, P, R, S, T, U, V, W), la lettre Q exclue.
 soit par leur acide teichoïque (Ag de groupe): les 2 groupes D et N qui forment désormais les
genres Enterococcus et Lactococcus respectivement.
-et des streptocoques «non groupables» qui ne possèdent pas de polyoside C spécifique. Ce sont les
streptocoques oraux ou «viridans».
-Caractères culturaux et métaboliques
Ils permettent de classer les espèces qui ne sont pas groupables selon la méthode de Lancefield. Ils
permettent de reconnaître différentes espèces, notamment au sein des groupes de Lancefield.

Une classification encore largement acceptée, basée sur des tests sérologiques et
biochimiques reconnaît quatre divisions principales
-Streptocoques pyogènes (habituellement β hémolytiques possédant un antigène polyosidique de
groupe),il s’agit des
streptocoques A,C,B
-Entérocoques , (E.faecalis,faecium………..)

-Streptocoques lactiques (isolés principalement des produits laitiers), S.lactococcus

-Streptocoques « viridans » (dépourvus d’antigène de group

-Classification sommaire
-Famille : Streptococcaceae
-Genre : -Streptococcus
-Espèces : -S. pyogenes, S. agalactiae, S. pneumoniae,… Il existe 44 espèces et sous-espèces
de streptocoques.

2.-Caractères Morphologiques
Cocci immobiles à Gram positif, ronds ou ovalaires groupés en chaînettes plus ou moins longues (de 2 à
plus de 50 cocci); les éléments sont souvent associés en
diplocoques au sein de la chaîne. Certaines espèces sont
capsulées. Des formes pseudobacillaires ou de grandes
tailles qui prennent mal le Gram peuvent être observées en
cas d’antibiothérapie ou de mutations.

3-Caractères culturaux
.1-Conditions de culture
-AAF; 37°C; une atmosphère enrichie en CO2 favorise les primocultures
-Les streptocoques cultivent sur milieux usuels, mais ils préfèrent les milieux enrichis avec des produits
biologiques (sang, sérum, liquide d’ascite) ou du glucose (BGT).
-L’acidité du milieu est généralement néfaste à leur croissance et explique l’utilisation recommandée
de bouillon tamponné (Bouillon Glucosé Tamponné ou milieu tamponné de Todd-Hewitt).

.2-Aspect en bouillon ordinaire (BO)


-Bouillon clair avec dépôt granuleux en «mies de pain» au fond du tube (Strepto A, C, G).
-Parfois, trouble homogène avec un dépôt gluant au fond du tube (Streptocoque B et D).

3-Aspects des colonies sur gelose ordinaire (GO)


Colonies apparaissent très petites colonies lisses, rondes, convexes (bombées), transparentes, à bords
réguliers, en « gouttes de rosée », en 24-48h.

4-Aspects des colonies sur gelose au sang frais (GSF)


GSF = Gélose base sans sucre (gélose Columbia) + 5% de sang frais défibriné de cheval ou de mouton.
Après 24-48 h de cultures, les colonies peuvent être :
-transparentes, translucides, lisse, bombées de 0,5mm de diamètre (streptocoques A, C et G),
-plus larges, lisses et parfois pigmentées en jaune-orange en anaérobiose (streptocoque B)
-de tailles variables (0,1 à 0,5mm), d’aspects mucoïdes et brillants, parfois translucides (streptocoques
non groupables). Des colonies «minutes», de très petites tailles peuvent être observées avec des
streptocoques A, C, G et F.
Sur GSF, les colonies de streptocoques peuvent être entourées de zone d’hémolyses , ’, β, ou  dont
les descriptions sont les suivantes :

-hémolyse  : zone verdâtre d’hémolyse incomplète (S. viridans, S. pneumoniae)

-hémolyse  : zone claire d’hémolyse totale, avec un bord net et de 3 à 4 mm de diamètre
(streptocoques A, B, C, D, E, F, G, L).

-hémolyse ’ : 2 zones d’hémolyse dont la 1 ère entoure immédiatement la colonie est petite et
incomplète et la 2ème est large et totale. Il s’agit d’une hémolyse en cocarde. L’hémolyse ’ est
parfois assimilée à une hémolyse .

-hémolyse  : absence d’hémolyse.


L’hémolyse constitue un caractère de pré-identification des streptocoques. Elle peut être influencée par
l’atmosphère d’incubation, la composition du milieu de culture et l’épaisseur de la gelose.

-Milieux sélectifs
Obtenus par addition d’azide de sodium, d’ANC contre les Gram négatif, de cristal violet contre les
staphylocoques),…. Certains streptocoques sont sensibles à la Bacitracine et toutes sont habituellement
résistantes à l’Optochine à l’exception des pneumocoques en général. Ces milieux et ces caractères ont
souvent des valeurs d’orientation diagnostique.

4-Caractères biochimiques
Les streptocoques ne possedent ni catalase ni oxydase
-Métabolisme glucidique :

 Fermentent le lactose, mannitol, sorbitol sans production de gaz . La fermentation de ces .


 Hydrolyse de l’amidon.
 Hydrolyse de l’esculine en présence de 40% de bile (par les streptocoques du groupe D)
hydrolyse de l’hippurate de sodium (Strepto. B, certains strepto. D et quelques S. viridans) qui
sont des caractères d’identification présomptive des streptocoques.

-Métabolisme protéique : recherche de l’hydrolyse de la gélatine, de l’arginine,…

5-Substances élaborées, extracellulaires


Les streptocoques élaborent de très nombreuses substances toxiques: certaines sont des antigènes
extracellulaires et induisent la production d’anticorps utilisés dans le sérodiagnostic des infections
streptococciques. Dans le cas du streptocoque A, les principales sont :
-la Streptolysine O, très active sur les hématies, très toxique et antigénique. Elle provoque la production
d’antistreptolysines (ASLO), les anticorps anti-streptococciques les plus faciles à doser dans le sérum.
-la streptolysine S, très active et très toxiques, mais non antigénique. Elle ne suscite pas de production
d’anticorps.
-les Streptodornases ou désoxyribonucléases (DNAses), qui dépolymérisent l’ADN de la cellule de
l’hôte. Il en existe 4 types : A, B, C et D; mais seuls les anticorps contre le type B ou antistreptodornases
B ASDOR-B) sont élevés au cours du rhumatisme articulaire aigu.
-la Streptokinase ou fibrinolysine streptococcique, activant le plasminogène en plasmine et responsable
de la lyse de la plasmine. Elle est antigénique et induit la synthèse d’antistreptokinases (ASK).
-la Hyaluronidase qui dépolymérise le tissu conjonctif et induit la synthèse d’antihyaluronidases (ASH).
-la Toxine érythrogène qui n’est produite que par les souches de streptocoques A qui ont acquis le
caractère par conversion bactériophagique. C’est un superantigène et son antitoxine entraîne une
bonne immunité. Responsable de l’éruption observée dans la scarlatine.
-Protéinase, ribonucléase, facteurs mitogènes, glycuronidase, phophatases, amylase, leucyl
aminopeptidase, estérases, nicotinamide adénine dinucléotidase (NADase).

6-Immunité
l'immunité conférée par une infection streptococcique est spécifique d'espèce et de type.

-La protéine M suscite la formation d’anticorps protecteurs contre le streptocoque A)


-L’antitoxine la Toxine érythrogène entraîne une bonne immunité.
II -ÉPIDÉMIOLOGIE
-Habitat : Bactéries ubiquistes. Certaines sont des commensales de la peau et des muqueuses de
l’homme et des animaux. D’autres sont des saprophytes et sont retrouvées dans les aliments, l’eau, l’air
ou le sol.
-Transmission : directe, interhumaine et indirecte par ingestion des aliments souillés,

III –PHYSIOPATHOLOGIE
:

Les structures bactériennes (fimbriae, protéines de surface, glycocalyx, acides teichoïques, dextranes,…)
assurant la fixation et l’adhérence des streptocoques aux surfaces jouent un très important dans la
colonisation. Elles facilitent les lésions locales (caries, endocardites,…). Cependant plusieurs sont
développées pour expliquer les survenues de rhumatisme articulaire aigu (RAA), la glomérulonéphrite
post-streptococcique.

IV -POUVOIR PATHOGÈNE NATUREL


Le genre Streptococcus regroupe de nombreuses espèces bactériennes au pouvoir pathogène très
différent

.1-Streptococcus pyogenes (groupe A) 


1.1-Manifestations locales et régionales
-ORL : angines érythémateuses ou érythémato-pultacées, abcès périamygdaliens, adénites cervicales,
adénophlegmons, rhinites, sinusites, otites suppurées, mastoïdites.
-Cutanées : érysipèle, impétigo, cellulites, fasciites nécrosantes, myonécroses (« streptocoques
mangeuses de chair » ou syndrome de de Meleney), surinfections des plaies, vulvovaginites, anites,
rectites, érythème noueux
Les streptocoques des groupes C et G ont un pouvoir pathogène semblable à celui du A, mais les
complications post-streptococciques sont rares.

1.2-Manifestations générales
-Précoces : scarlatine, septicémies, endocardites (rares), suppurations articulaires, pleuropulmonaires,
méningées,…
-Post streptococciques : RAA avec ou sans cardite, glomérulonéphrite, …

.2-Streptococcus agalactiae (B) 


-Infections périnatales : infections urinaires, surinfections de plaies, amnionites, endométrites et
avortement ou accouchement prématuré chez la femme enceinte. Infections repiratoire, septicémie ou
méningite chez l’enfant né de mère dont l’appareil urogénital est infecté.
-Autres infections chez l’adulte : ostéo-arthrite, infections uro-géniatales, cutanées,
pleuropneumopathies, septicémies, endocardites, méningites,…

3-Streptocoques non groupables dits « viridans » et autres


-Bactériémies
-Endocardites
-Caries dentaires

V -DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
.1-Diagnostic direct
1.1-Prélèvements
-Sang pour les hémocultures dans les cas de bactériémies. ) 
-LCR : pour la recherche de streptocoque B dans les méningites de nouveaux-nés.
-Prélèvements pharyngés (A) dans les angines, d’urines (ITU), cutanés (A, C, G), génitaux (A, B).
-Prélèvements périphériques chez le nouveau-né en cas de suspicion d’infection néonatale (frottis
amniotiques, placentaires, liquide amniotiques, oculaires, buccal, …)
-Autres prélèvements : valves cardiaques, eaux,…

.1.2-Examens macroscopique et microscopique


Rechercher la présence de cocci à Gram positif évocateurs de streptocoques et de cellules
inflammatoires altérées ou non.

1.3-Diagnostics antigénique et moléculaires


-Recherche directe et rapide d’antigène streptococcique (A, B) solubles dans le produit pathologique
(LCR, urines, sérum) par des tests d’agglutination, immunoenzymatique ou
immunochromatographique.
-Extraction directe d’antigène streptococcique dans le prélèvement (pharyngé, génitaux) et
caractérisation rapide par un test d’agglutination ou un ELISA.
-Recherche directe de l’antigène streptococcique dans le frottis du prélèvement par
immunofluorescence; pas courante.

.1.4-Isolement et identification
Culture sur GSF avec ou sans ANC selon que le prélèvement est poly- ou monomicrobien.
-Si les colonies sont des cocci à Gram positif, β-hémolytiques : procéder à l’identification antigénique
par extraction de l’antigène de groupe puis au groupage par une technique d’agglutination ou par
diffusion en gel d’agarose. Des tests commerciaux existent pour les caractérisations de streptocoques A,
B, C, D, F et G.
-Si les colonies sont des cocci à Gram positif non β-hémolytiques : mais donnant une hémolyse
incomplète, vérifier si cette hémolyse devient de type β par un CAMP-test (streptocoque B).

Les colonies -hémolytiques (« viridans ») ou non hémolytiques sont généralement des streptocoques D
ou non groupables. Si le diagnostic d’espèce s’impose, faire alors une galerie d’identification
biochimique (API Strep,…).

1.5-Antibiogramme
Sur GSF, et selon la circonstance du diagnostic au laboratoire, tester des antibiotiques choisis parmi les
suivants :
-β-lactamines : pénicilline G, ampicilline, amoxicilline…
-MLS : érythromycine,…
-glycopeptides : vancomycine, teicoplanine
-tétracyclines
-fluoroquinolone
Les aminosides sont inactifs sur les streptocoques.

.2-Diagnostic indirect
Appliqué essentiellement aux anticorps anti-streptocoque A. Toutefois, les tests utilisés donnent des
réactions croisées pour d’autres streptocoques β-hémolytiques.

Tableau 1 : Principes de dosage et valeurs seuils des enzymes streptococciques du sérodiagnostic.

Enzymes Anticorps Techniques Seuil des valeurs


pathologiques
Streptolysine O Anitistreptolysine O (ASLO) Neutralisation de ≥250 UI
l’hémolyse des hématies de
lapin ou humain
Désoxyribonucléase B Antistreptodornase B Neutralisation de la ≥400 Unités
ou Streptodornase B (ASDORB) dépolymérisation de l’ADN
Streptokinase ou Antististreptokinase (ASK) Neutralisation de la ≥ 150 U
Fibrinolysine fibrinolyse Christensen
Hyaluronidase Antistreptohyaluronidase Neutralisation de la ≥ 15 000 Unités
(ASH) dépolymérisation de l’acide
hyaluronique turbidimétriques
Nicotinamide adénine Antistreptonicotinamide Neutralisation de la scission ≥ 150 U Kellner
dinucléotidase adéninedinucléotidase du NAD
(NADase) (ANADase)

Il existe des tests commerciaux dont certains permettent le dosage simultané de plusieurs marqueurs.

VI-MESURES DE PROPHYLAXIE ET ÉLÉMENTS DE THÉRAPEUTIQUES

.1-Prévention
-Recherches vaccinales en cours contre les streptocoques A et B.
-Prévention des infections néonatales en France et aux USA par le dépistage du streptocoque B et une
antibioprohylaxie à base de pénicilline G ou d’ampicilline.
-Prévention des endocardites post extraction dentaire par antibioprophylaxie.

.2-Traitement curatif
-Antibiothérapie par les molécules actives.
-Dans certains cas associés aux « streptocoques mangeuses de chair », une chirurgie peut être
nécessaire pour limiter les nécroses.

-CONCLUSION
Les streptocoques forment un très grand genre bactérien dont la taxonomie est inachevée. Ils sont
responsables d’affections diverses traitables par antibiothérapies, malgré les constats associés à
l’évolution de leurs sensibilités aux antibiotiques. Des essais vaccinaux prometteurs sont en cours. Si ces
vaccins s’avéraient efficaces, ils ouvriraient des perspectives immenses de santé publique en médecine
humaine.

STREPTOCOCCUS PNEUMONIAE
PNEUMOCOQUE
PLAN

INTRODUCTION
I-CARACTÈRES BACTÉRIOLOGIQUES
II –ÉPIDÉMIOLOGIE
III –PHYSIOPATHOLOLOGIE
IV-POUVOIR PATHOGÈNE

V-DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
VII -MESURES DE PROPHYLAXIE ET ÉLÉMENTS DE THÉRAPEUTIQUES

CONCLUSION

OBJECTIFS
-Définir Streptococcus pneumoniae
-Décrire les aspects des cultures de S. pneumoniae en bouillon et en gélose enrichie.
-Citer les 3 principaux tests d’identification de S. pneumoniae.
-Citer 7 antibiotiques pour l’antibiogramme du pneumocoque.

INTRODUCTION
-Définition
Streptococcus pneumoniae ou pneumocoque est un diplocoque à Gram positif, capsulé, de la famille des
Streptococcaceae. Il est responsable d’affections respiratoires et il est un redoutable agent de méningite
purulente aiguë au Burkina Faso. Les infections pneumococciques peuvent être prévenues par
vaccination et l’antibiothérapie efficace permet de traiter les infections établies.

-Histoire
-Klein et Pasteur en 1884, utilisent pour la 1ère fois le terme « pneumocoque »
-1886, Frankel et Weichselbaum décrivent l’espèce Streptococcus pneumoniae.
-1928, Griffith et plus tard en 1944, Avery, Mac Leod et Mac Carthy décrivent le phénomène de
transformation chez le pneumocoque.
-1935, Lancefield et Hare décrivent le streptocoque B humain, un agent redoutable des infections
puerpérales.

-Intérêts
-Clinique : 1er agent de méningites bactériennes aigues en dehors des périodes d’épidémies de
méningites cérébrospinales, avec parfois des séquelles graves. Résistances croissantes aux bêta-
lactamines.
-Epidémiologique : responsable d’endémies de méningites purulentes

I-CARACTÈRES BACTÉRIOLOGIQUES
1.-Classification
-Famille : Streptococcaceae
-Genre : Streptococcus
-Espèce : Streptococcus pneumoniae ou pneumocoque

2-Carcatères morphologiques
Diplocoque en flamme de bougie, en 8 ou en courte chaînette, capsulés, à Gram positif. 1.3-Caractères
culturaux

-Conditions de culture : cultive entre 35-37°C, à pH: 6,5-8,3, en milieu enrichi (sang, sérum, glucose,..) ;
croissance favorisée par 5-10% de CO2, mais elle est meilleure en anaérobiose stricte. Ne cultive pas sur
milieu ordinaire. Les milieux de culture peuvent être rendus sélectifs par addition d’acide nalidixique ou
de gentamicine.
-Aspect de la culture en bouillon enrichi au sérum : trouble léger en 24h qui a tendance à s’éclaircir par
autolyse des pneumocoques.

-Sur gélose enrichie : très petites colonies, mieux visibles à la loupe, lisses, bombées, à bord régulier,
transparentes, « en gouttes de rosée ».

●-hémolytiques sur GSF


●produisent une hémolyse en jaune d’œuf sur gélose chocolat (GC)
Les colonies sont de plus grosses en anaérobiose stricte et sans hémolyse ; mais en portant la culture en
atmosphère ambiante pendant 30mn, l’hémolyse  apparaît.

En anaérobiose et en présence d’antibiotiques actifs sur la paroi bactérienne (pénicilline, vancomycine),


il apparaît une hémolyse β..
Le sérotype 3 donne des colonies muqueuses comme les klebsielles.
3-Caractères biochimiques-Possède les caractères du genre Streptococcus : Catalase –, Oxydase–.
-Nitrate –, Gélatine–, acidifie et coagule le lait tournsolé 
-Fermentation des sucres ; acidification du glucose, lactose, saccharose,…
-Mais en routine, le pneumocoque est identifié par 3 tests :
●la sensibilité à l’optochine (éthylhydrocupréine),
●la lyse par les sels biliaires ou phénomène de Neufeld
●et la présence de la capsule.

4-Structures antigéniques
-Capsulaire (AgK): polysaccharidique complexe avec des aminoacides et de la choline. Comprend 90
types capsulaires différents qui peuvent être caractérisés par antisérums spécifiques.
-Somatiques dont la substance C (spécifique d’espèce), l’antigène R (protéique) et l’antigène
M (spécifique de type et proche de l’AgM du streptoque A).

5-Substances élaborées : Toxines


Ce sont des toxines qui sont antigéniques pour la plupart.
-Pneumolysine : liée au corps bactérien et libérée lors de la lyse bactérienne. Lyse hématies et
leucocytes  : dans les méningites purulentes pneumococciques les plus graves, la cytorachie est faible .
Détruit aussi les plaquettes et d’autres cellules dont celles des yeux. Peut être transformée en
anatoxine.
-Neuraminidase : intervient dans l’invasion par la bactérie.
-Hyaluronidase 
-Principe producteur de purpura (PPP) : n’est pas antigénique, mais il pourrait produire soit le purpura,
soit des hémorragies internes.
II-ÉPIDÉMIOLOGIE
1-Habitat
Le pneumocoque est un hôte normal (commensal) de l'arbre respiratoire supérieur (rhino-pharynx) de
l'homme. On le trouve d'autant plus souvent que le sujet est jeune (40 % de portage chez les enfants
fréquentant les crèches).
2-Transmission
Aérienne, presque toujours directe, à travers les gouttelettes de Pflügge. Bactérie très fragile dans le
milieu extérieur.
3-Facteurs favorisants
-Terrains immunologiques : agammaglobulinémie, splénectomie, traitements immunosuppresseur.
-« Tares » : drépanocytose, diabète, cirrhose, néphrite, cancers,…
-Personnes âgées,…

III-PHYSIOPATHOLOGIE
La capsule du pneumocoque est un important facteur de la virulence, mais elle n’en n’est pas la seule
responsable, comme cela avait été admis pendant longtemps.
-Porte d’entrée : respiratoire
-Colonisation de la muqueuse ciliée du rhinopharynx, grâce à son adhésine
-Diffusion aux alvéoles pulmonaires où les bactéries vont résister à la phagocytose et aux surfactants
-Production massive de cytotoxines suite à la lyse bactérienne et la libération d’H 2O2. Les alvéoles se
congestionnent, s’oedématisent, se remplissent de polynucléaires et sont rapidement bouchées par la
fibrine en même temps que se produisent les lésions tissulaires.
-Dissémination sanguine des pneumocoques favorisée par la réaction inflammatoire.
-Apparition de localisation métastasiques méningées surtout et de syndrome de coagulation
intravasculaire disséminé rapidement mortel.

IV-POUVOIR PATHOGÈNE
1-Pouvoir pathogène naturel
-Pneumonie franche lobaire aiguë
-Méningite à pneumocoque
-Bactériémie/Septicémies, Otite moyenne aiguë (OMA), péritonites, endocardites, arthrites, infections
cutanées, génitales,…

2-Pouvoir pathogène expérimental


-L’inoculation intrapéritonéale de pneumocoques capsulées à la souris entraîne sa mort. Les
pneumocoques capsulés sont retrouvés dans le sang et sur les empreintes d’organes (foie, rate).

V-DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE

1-Prélèvements
-Dans les méningites : LCR, sang (hémoculture), urines (recherche d’Ag solubles)
-Dans les septicémies : sang (hémocultures), urines (recherche d’Ag)
-Dans les pneumopathies : expectorations, liquide pleural, aspirations bronchiques, ponctions, sang,
liquide pleural, urines.
-Autres : prélèvement génital, auriculaire, liquide articulaire, liquide péritonéal,…
Transport rapide des prélèvements au laboratoire dans les conditions appropriées pour éviter la lyse des
bactéries.
.2-Examens macroscopique et microscopique (EF, Coloration)
-Les prélèvements non sanguins peuvent avoir un aspect purulent ; mais dans les méningites très
sévères, la leucorachie peut être faible.
-Recherche des bactéries par examen microscopique des frottis colorés par le Gram : cet examen
permet aussi la mise en évidence de la capsule. Mais la coloration à l’encre de Chine est plus indiquée à
cet effet. La présence de diplocoques lancéolés en flamme de bougie, capsulés à gram positif est
évocatrice de pneumocoques.
-Cytologie : importante en général à prédominance PNN.

.3-Diagnostic immunologique direct
Détection directe des antigènes bactériens solubles dans les produits pathologiques (LCR, urines, sérum,
liquide pleural,…) ,
-soit après chauffage à 100°C pendant 3-5mn pour le LCR et les urines, soit après décomplémentation à
56°C pendant 30mn pour le sérum. Les antigènes sont alors détectés par agglutination, par
coagglutination ou par ELISA,…

.4-Techniques de biologie moléculaire pour la détection des acides nucléiques


Porte sur l’ADN bactérien ou sur l’ARNr 16S, à l’aide de techniques d’hybridation moléculaire eu
d’amplification génique (PCR,…).

.5-Culture
-Ensemencement de bouillon (BCC) et/ou de GSF ou GC ou GSC. Si le prélèvement est polymicrobien,
ensemencer des milieux sélectifs (acide nalidixique ou gentamicine). Incubation à 37°C en atmosphère
enrichie en CO2 ou mieux, en anaérobiose, pendant 24h- 48h. Les colonies obtenues sont soumises à
l’identification.

6-Identification
Si le pneumocoque est suspecté, l’identification se fait en routine par le test de sensibilité à l’optochine
(disque chargé à 5µg), le test de lyse par les sels biliaires (désoxycholate de sodium à 2-10%) et la mise
en évidence de la capsule (test de Neufeld, CIE, agglutination, …).
Le pneumocoque est sensible à l’optochine (diamètre compris ≥15mm en général, mais tenir compte
des instructions fournies par le fabricant du disque), lysé par les sels biliaires et possède une capsule.

7 antibiogramme
On peut tester les disques suivants
-β-Lactamines : oxacilline 5µg, ampicilline, ceftriaxone, …
-MLS : érythromycine, Cotrimoxazole, Chloramphénicol, Tétracyclines, Fluoroquinolones, Vancomycine,
Fosfomycine
NB Diagnostic indirect a Peu d’interet

VI-MESURES DE PROPHYLAXIE ET ÉLÉMENTS DE THÉRAPEUTIQUES


1-Vaccination antipneumococcique
-Vaccins polysaccharidiques : à 23 valences/sérotypes (1, 2, 3, 4, 5, 6B, 7F, 8, 9N, 9V, 10A, 11A, 12F, 14,
15B, 17F, 18C, 19A, 19F, 20, 22F, 23F, et 33F) ou à 7 valences/sérotypes appelé PREVNAR*.
-Vaccin conjugué (polysaccharide + protéine immunogène)

2-Traitement
-Pneumonie : PéniG, Amoxicilline, céphalosporines de 2ème ou de 3ème génération, Macrolides
(pristinamycine) ou Fluoroquinolones
-Méningite : Amoxicilline, Céphalosporines de 2ème ou de 3ème génération, Macrolides ; ou
Chloramphénicol aqueux
-Otite moyenne aiguë (OMA) : Amoxicilline, céphalosporine de 3ème génération ou Vancomycine.

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