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Genre : Staphylococcus

1. Historique
En 1878, Koch souligne le rôle pathogène de bactéries se présentant sous forme de cocci
Gram positif. Ces cocci seront ensuite isolées puis identifiés d’un pus par Louis Pasteur en
1880. Ils seront nommés en 1883 par Ogston sous le nom de Staphylococcus.
En 1884, ils sont classés en fonction de la pigmentation des colonies par Rosenbach en S.
aureus et S. albus. En 1974, Baird Parker a décrit 3 espèces : S. aureus ; S. epidermidis ;
S. saprophyticus.

2. Systématique
o Règne : Bacteria
o Phylum : Fimicutes
o Classe : Bacilli
o Ordre : Bacillales
o Famille : Staphylococcaceae
o Genre : Staphylococcus
o Espèces : 39 espèces sont présentes dans le genre, elles sont classées en deux
groupes selon la production ou non d’une coagulase libre :
● Les Staphylococcus à coagulase positive : S. aureus, S. intermedius et S.
hyiucus.
● Les Staphylococcus à coagulase négative : on distingue espèces : S.
saprophyticus, S. epidermidis, S. haemolyticus, S .xylosus, S. hominis, S. warneri,
S. capitis, S. cohnii, S. simulans.

3. Habitat
Les Staphylococcus sont des bactéries très répandues dans la nature, aussi bien dans
l’eau que dans l’air ou le sol.
Ce sont des commensaux très fréquents de la peau et des cavités naturelles des animaux
et de l’Homme (avec une prédominance des fosses nasales et le périnée) ; la plupart des
espèces rencontrées sont opportunistes (S. epidermidis, S. saprophyticus) ; d’autres
peuvent être occasionnellement pathogènes (S. aureus).

4. Résistance
S. aureus possède des capacités d’adaptation et de résistance au stress qui font de lui un
organisme ubiquitaire capable de survivre dans des environnements très variés. Il est
chimiquement et physiquement robuste et peut tolérer des gammes de pH et du NaCl
concentré jusqu’à 15 %. La bactérie survit sur des carcasses et des organes (jusqu’à 42
jours), dans les produits de viande (60 jours). Lorsqu'il est protégé par des protéines
(comme le lait ou du pus), il peut survivre pendant plus de 50 minutes à 60°C.
Il est sensibilité à l’éthanol, à la chlorhexidine, à l’hypochlorite de sodium et aux
aldéhydes. S. aureus est sensible au traitement par la chaleur sèche mais non au
traitement par la chaleur humide.

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5. Caractères morphologiques
Dans les produits pathologiques ou dans les cultures en milieu liquide, on observe des
cocci immobiles, isolés, en diplococci, ou en très courtes chainettes (3 - 5 éléments), ou
en petits amas. Ces cocci ont un diamètre de 0,8 - 1µ. Ils ne sont ni sporulés, ni capsulés
(parfois pseudocapsule ou microcapsule). Ils apparaissent Gram positif de façon intense
et homogène.
Si l’on observe une culture sur milieu solide, on ne trouve qu’une nappe homogène de
cocci Gram + avec un mode de groupement caractéristique en « grappe de raisin ».

6. Caractères culturaux
Les Staphylococcus sont des aéro-anaérobie facultatifs et poussent bien sur milieu
ordinaire ; certains facteurs de croissance sont indispensables (vitamine B1 et acide
nicotinique). Les Staphylococcus cultivent entre 10 et 45°C, leur température optimale se
situe entre 35 - 37°C.
Ils tolèrent un large éventail de pH : 4,2 – 9,3 avec un optimum de 7,0 - 7,5. La culture
est inhibée par 16-18% de NaCl.
● En bouillon nutritif : on observe en 24h un trouble uniforme abondant, puis un dépôt et
un voile pelliculaire en surface.
● En gélose profonde : on remarque des colonies rondes, ou lenticulaires dans toute la
hauteur du milieu (aérobie facultatif).
● Sur gélose nutritive : on obtient des colonies arrondies, bombées, luisantes, opaques,
à bords réguliers, de 1mm de diamètre, pouvant présenter :
* une teinte jaune dorée : c’est le cas de la majorité des souches de S. aureus.
* une teinte blanche porcelaine : il peut s’agir de S. aureus, S. epidermidis ou de
S. saprophiticus.
● Sur milieu Chapman : les souches de S. aureus forment des colonies luxuriantes et
élaborent leur propre pigment. Les colonies s’entourent en 24-48h d’une auréole jaune
due à la fermentation du mannitol.
● Sur gélose au sang : Quatre hémolysines différentes ont été identifiées et elles
produisent toutes une béta hémolyse claire (S. aureus), mais elles différent de par leur
mécanisme d'action et leur spécificité d'action sur les hématies.

7. Caractères biochimiques
Les caractères biochimiques des Staphylococcus permettent d’identifier le genre
Staphylococcus, mais encore de distinguer un Staphylococcus potentiellement pathogène
(S. aureus) d’une souche généralement saprophyte (S. epidermidis, S. saprophyticus).
a. Caractères utiles pour différencier le genre Staphylococcus :
● Catalase : elle est toujours fortement positive.
● Arginine dihydrolase : elle donne un résultat positif en moins de 96 heures pour
les souches appartenant au genre Staphylococcus.
● Fermentation de nombreux hydrates de carbone : glucose, lactose, saccharose,
glycérol, mannitol (pour S. aureus), etc. Le xylose ne l’est jamais.

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b. Distinction entre les Staphylococcus saprophytes et potentiellement
pathogènes :
● Recherche de la staphylocoagulase libre : produite en 24h, elle est capable in
vitro de coaguler le plasma de lapin oxalaté ou citraté. Il s’agit du test le plus
couramment utilisé en diagnostic de routine.
● Recherche de la thermonucléase : cette recherche sur milieu ADN-bleu de
toluidine qui permet de rechercher l’endonucléase thermorésistante (thermonucléase)
caractéristiques de S. aureus.
● Recherche d’une phosphatase acide : les Staphylococcus coagulase + peuvent
manifester une activité phosphatasique en milieu acide (ce test est surtout pratiqué en
contrôle alimentaire).

8. Caractères antigéniques
● Superantigènes : représentés par les exfoliatives, les entérotoxines et la toxine du choc
toxique.
● Produits de sécrétion : à savoir : l’hémolysine alpha, l’hémolysine gamma et la
leucocidine.
● Peptidoglycane : constituant de la paroi, riche en glycine (chez S. aureus). Il est peu
antigénique et toxique.
● Acides techoïques : liés au peptidoglycane, ce sont des polymères du ribitol (chez S.
aureus) ou du glycérol (majorité des staphylocoagulases négatives). Ils sont
immunogènes et représentent les récepteurs des bactériophages.
● Protéine A : c’est une protéine de surface qui possède un facteur antiphagocytaire et
anti-complément.
● Protéine de type : elle est élaborée par 90% des souches de S. aureus d'origine
humaine, elle l'est également par toutes les souches coagulase négative possédant une
thermonucléase. Elle active le complément et déclenche la réaction inflammatoire; elle est
est capable encore d’induire l'hypersensibilité.
● Les antigènes pariétaux de type : toutes les souches de S. aureus possèdent des
antigènes de type qui sont recherchés lors du sérotypage par des réactions
d'agglutination.
● Les antigènes capsulaires : Les souches de S. aureus peuvent posséder soit une
capsule vraie, soit une pseudocapsule ou microcapsule.

9. Facteurs de virulence
a. Enzymes :
● Coagulases :
- Libre : capable de coaguler en quelques heures le plasma humain ou de lapin,
libérée hors du corps bactérien.
- Liée : fixée au corps bactérien, elle sert à la protection des Staphylococcus de
l’action phagocytaire.
● Nucléases : DNase et RNase.

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Beaucoup d’espèces de Staphylococcus synthétisent des DNase thermolabiles ; par
contre S. aureus produit une DNase thermostable (endonucléase thermostable ou
thermonucléase), et qui peut intervenir dans la formation de lésions tissulaires.
● Pénicillinase : capable d’empêcher l’activité antibiotique de la pénicilline en ouvrant le
cycle β-lactame.
● Fibrinolysine (staphylokinase) : intervient dans la physiopathologie des septicémies
en dissociant les caillots colonisés par les bactéries, permettant ainsi l’envoi dans la
circulation d’emboles septiques. Elle n’est pas élaborée par les souches β-hémolytiques.
● Hyaluronidase : dissocie la substance fondamentale du tissu conjonctif et favorise
l’extension de l’infection.
● Protéases : elles sont au nombre de 3 : la sérine protéase, la métalloprotéase et la
thiolprotéase.
● Lipases : 80 % des souches produisent cette enzyme qui intervient dans les abcès où,
en modifiant les lipides bactériens, elles favorisent la survie des Staphylococcus.
● Phosphatases (alcaline et acide) : elles sont localisées sur la membrane
cytoplasmique au niveau de l'acide techoïque, seule la phosphatase acide est
partiellement libérée dans le milieu et peut donc être recherchée.
● Estérases

b. Toxines :
● Hémolysines : 4 variétés principales sont décrites :
- Hémolysine alpha : élaborée par la majorité des souches pathogènes pour
l’homme. Elle est active surtout sur les hématies de lapin à 37°C. Elle produit une
zone d’hémolyse autour des colonies sur gélose au sang à 37°C en 24-48 heures.
- Hémolysine béta : essentiellement élaborée par les souches d’origine animale,
elle est du type « chaud-froid » : à 37°C sur gélose au sang de mouton, elle produit
une zone d’hémolyse incomplète. Elle devient franchement hémolysée (complète)
après une nuit à + 4°C.
- Hémolysine gamma : produite par 50 - 60% des souches, hémolyse les globules
rouges de lapin, mouton et homme produite par les Staphylococcus à coagulase
négative.
- Hémolysine delta : produite par la plupart des souches humaines, elle est active
sur les hématies de lapin, de cheval, d'homme et de cobaye.
● Leucocidines : produite par la plupart des souches de S. aureus, elle agit uniquement
au niveau des granulocytes, des macrophages et des basophiles de l'homme et du lapin.
Elle entraîne la lyse de la cellule par modification de la perméabilité cationique.
● L'exfoliatine (épidermolysine) : il existe deux types d'exfoliatine: Le type A, le plus
fréquent, qui est d'origine chromosomique et le type B, qui est d'origine plasmidique. Elles
sont responsables de différentes formes de staphylococcies cutanées bulleuses dont la
plus typique est "le syndrome de la peau ébouillantée".
● Entérotoxines : fabriquées par certaines souches de S. aureus, elles sont au nombre
de 8 et sont immunologiquement distinctes. Ces exotoxines sont thermostables et
résistent aux enzymes protéolytiques digestives. Elles sont responsables des toxi-
infections alimentaires et d'entérocolites pseudomembraneuses.

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● Toxine du syndrome du choc toxique staphylococcique : produite par environ 15%
des souches d'origines humaines, elle est surtout observée avec les souches fortement
protéolytiques mais peu ou pas hémolytiques.

c. Facteurs d’adhésion aux cellules hôtes


L'adhésion de S. aureus aux membranes cellulaires de l’hôte, est assurée par un groupe
d'adhésines. Cette bactérie produit un grand nombre de protéines qui se lient à la
fibronectine, au fibrinogène, au collagène et à l'élastine.

10. Pathogénie
En tant que germe pyogène, les infections à S. aureus sont avant tout des infections
suppuratives. Les infections suppuratives sont dues à la multiplication et à l’invasion de la
bactérie au sein des tissus de l’hôte, entraînant une destruction tissulaire et une réaction
inflammatoire locale et systémique.
Par ailleurs, S. aureus est responsable d’infections toxiniques, également appelées
toxémies staphylococciques. Ces toxémies sont liées à des toxines spécifiques. Ces
toxines sont soit produites à partir d’un foyer infectieux ou de colonisation, soit préformées
dans un aliment contaminé.

11. Pouvoir pathogène


a. Pouvoir pathogène naturel
● Chez les animaux : diverses espèces sont atteintes :
- Cheval : suppuration diverses, maux de garrot.
- Bovin : mammites, métrites, septicémies chez les jeunes.
- Petits ruminants: mammites gangréneuses, lymphadénite caséeuse.
- Porc : suppuration banale, mammite.
- Chien : dermites suppurées rebelles (staphylodémodécie), mammite gangréneuse.
- Oiseaux : synovites, arthrites, septicémies.
Chez l’Homme : les infections staphylococciques sont fréquentes et très variées :
- Suppurations : furoncle, abcès superficiels ou profonds, phlegmons, pleurésies,
péritonites, arthrites, ostéomyélites, etc.
- Septicémies: elles peuvent avoir pour origine une affection cutanée mais également être
la conséquence d’une infection nosocomiale.
- Atteintes intestinales d’origine alimentaire (toxi-infections d’évolution aiguë), ou
survenant après antibiothérapie (entérocolites d’évolution chronique).

b. Pouvoir pathogène expérimental


Les souris et les cobayes sont peu utilisés.
Si on utilise le lapin, on obtient :
- Par voie sous-cutanée on intramusculaire : des abcès.
- Par voie intraveineuse : à faible dose, la mort en 1 à 4 semaines, avec des multiples
abcès au niveau des reins ; à forte dose, la mort en 24 à 48 heures.

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12. Diagnostic
A. Diagnostic direct
● Choix des prélèvements : suppurations diverses, lait, etc.
● Microscopie : Cocci à Gram positif regroupés en amas.
● Culture : facile, sur gélose ordinaire ou sur milieu de Chapman.
● Sérotypage : réservé aux enquêtes épidémiologiques.
● Lysotypie : les Staphylococcus peuvent être lysés par 23 bactériophages. Les souches
de S. aureus appartiennent principalement aux Lysotype I, II, III, IV. Les souches de S.
epidermidis sont classées dans d’autres groupes.
● PCR : elle est utilisée surtout pour rechercher un profil d’antibiorésistance.
B. Diagnostic indirect
● La sérologie est peu utilisée.

13. Sensibilité aux antibiotiques


Il est indispensable car la sensibilité d’un Staphylococcus est imprévisible et que le
traitement médical des infections Staphylococciques a été toujours dominé par l’existence
des souches présentant un niveau de résistance élevé.

Sensibilité des Staphylococcus :


Parmi les antibiotiques actifs, trois sont qualifiés majeurs :
* β-lactamines (pénicilline G) reste la plus active, vis-à-vis des souches ne produisant pas
de pénicillinase.
* Aminosides (la streptomycine et la kanamycine ne sont plus considérées comme des
antibiotiques majeurs ; par contre l’amikacine et la métilmicine sont très actives).
* Macrolides (érythromycine, spiramycine, oléandomycine, rifampicine, lincomycine, et
clindamycine).
Elles sont résistantes aux sulfamides et au Chloramphénicol.

*Souches SARM
Les infections à SARM sont généralement très graves, le mécanisme clé de la résistance
à la méticilline chez les souches de SARM est lié à l’expression d’une protéine liant les
pénicillines (PLPs) codée par un élément génétique mobile. Les PLPs sont une famille de
protéines qui catalysent les réactions de transpeptidation dans les couches de
peptidoglycane de la paroi des staphylocoques.
Les réservoirs animaux sont les veaux, les poulets de chair et les porcins dans les
élevages industriels surtout.

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Genre : Streptococcus

1. Historique
Le genre Streptococcus (streptus : flexible et coccus : grain) fut attribué pour la première fois en
1874 par Billroth qui observa dans des lésions d’érysipèle un microorganisme en forme ronde
assemblées en chaînettes. S. pneumoniae (Pneumocoque) a été isolé en 1881 simultanément aux
Etats-Unis par Sternberg, et en France par Louis Pasteur. Le taxon de S. pyogenes fut donné par
Rosenbach en 1884 à des cocci groupés en chaînettes et isolées de lésions suppuratives chez
l’homme.
Dans une monographie parue en 1887, le médecin vétérinaire et microbiologiste Nocard décrit pour
la première fois S. agalactiae comme un pathogène opportuniste des vaches laitières, à l’origine de
mammite et l’a ainsi nommé Streptocoque de la mammite bovine.
Au début du XXième siècle, le caractère hémolytique des Streptococcus fut décrit par Schottmuller,
puis utilisé par Brown comme critère de classification. En 1928, Rebecca Lancefield proposa la
première classification moderne des Streptococcus.

2. Systématique
o Règne : Bacteria
o Phylum : Fimicutes
o Classe : Bacilli
o Ordre : Lactobacillales
o Famille : Streptococcaceae
o Genre : Streptococcus
o Espèces : La classification des espèces appartenant au genre Streptococcus se fonde sur
plusieurs caractères :
 Selon le pouvoir hémolytique : on distingue :
 Hémolyse incomplète : Streptococcus α hémolytiques ;
 Hémolyse complète : Streptococcus β hémolytiques ;
 Absence d'hémolyse : Streptococcus non hémolytiques.
 Selon les caractères antigéniques (Classification de Lancefield) : qui est basée
sur la présence du polyoside C (est composé de N-acetylglucosamine lié à une
chaîne polymère de rhamnose) et l’acide techoïque, l’utilisation d’immuns sérums de
lapins a permis de distinguer 20 sérogroupes distincts (A à H, K à P, R à V, et non
groupable).
 Selon les caractères biochimiques : qui permettent d'individualiser des espèces
dans le genre.
 Selon la taxonomie moléculaire : cette classification a permis de définir des
groupes génomiques et d'individualiser de nouvelles espèces. En routine, on peut
toutefois classer et identifier la plupart des Streptococcus grâce aux caractères
phénotypiques décrits ci dessus.
Actuellement, les espèces composants le genre Streptococcus sont classées en en
"ensembles" et "sous-ensembles", on distingue :

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 Streptococcus pyogènes :
 Sous ensemble 1 : S. pyogenes est l'espèce type ; c'est le
streptococcus β hémolytique du groupe A.
 Sous ensemble 2 : S. agalactiae est souvent désigné
Streptococcus B.
 Sous-ensemble 3 : on trouve les ; β hémolytiques des
groupes C, G et L, dont S. dysgalactiae, S. equi et S. canis.
 Sous-ensemble 4 : S. uberis et S. porcinus.
 Sous-ensemble 5
 Streptococcus du groupe D : on trouve 3 espèces commensales du tube
digestif de l'homme et des animaux. S. bovis est le plus fréquemment
isolé, à celà s’ajoute S. equinus et S. alactolyticus.
 Streptococcus oraux : autrefois dénommés S. viridans, ils sont, pour la
plupart α ou non hémolytiques et non groupables.
 Sous ensemble 1 : S. oralis, S. sanguis, S. mitis et S. gordonii
 Sous ensemble 2 :
 Sous-ensemble 3 : S. pneumonie
 Sous ensemble 4 : S. milleri
 Sous ensemble 5 : S. mutans, S. sobrinus et S. downei
 Sous ensemble 6 : S. salivarius, S. vestibularis

3. Habitat
Les Streptococcus sont des bactéries ubiquistes, saprophytes du sol, des eaux et de l’air. Les
principales espèces pathogènes pour les animaux sont des commensaux des muqueuses (en
particulier celles des voies respiratoires supérieures dont la cavité orale et des voies urogénitales) et
de la peau. Certaines espèces ont des localisations spéciales, les Streptococcus du Groupe B sont
retrouvées dans les voies génitales et ceux du groupe D dans l’intestin.

4. Résistance
La survie des Streptococcus à l’extérieur est variable allant de 3 jours à 6 mois sur des surfaces
sèches. La contamination alimentaire du lait à température ambiante peut durer plus de 4 mois.
Elles sont inactivées par les aldéhydes, l’iodes et l’hypochlorite de sodium e l’éthanol à 70%.
Inactivés encore par la chaleur humide et sèche.

5. Caractères morphologiques
Les Streptococcus sont des cocci à Gram positif, avec un diamètre inférieur à 2 µm. Ils sont souvent
ovalaires, de taille légèrement différente selon les individus. Ils peuvent être isolés, groupés en
diplocoques ou chaînettes flexueuses parfois très longues. Ils sont immobiles et asporulés.
Certains possèdent une capsule (S. pyogenes), parfois épaisse (S. pneumoniae ou Pneumocoque).
C’est un diplocoque en flamme de bougie, en "8" ou en courtes chaînettes, de 0,5 à 1,25 μm de
diamètre, présentant à sa surface un anneau équatorial formé par une excroissance de matériel
constituant la paroi bactérienne.

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6. Caractères culturaux
Les Streptococcus peuvent se développer en 24 heures sur les milieux de culture usuels.
Néanmoins, ils se développent préférentiellement sur des milieux enrichis par du sérum, du sang, du
liquide d’ascite ou du glucose. La température optimale est comprise entre 35-37°C et le pH
optimal est compris entre 7,2-7,4. Ils sont aéroanaérobies facultatifs mais croissent plus
abondamment, sous atmosphère anaérobie.
● En bouillon nutritif : le bouillon reste limpide dans sa partie supérieure et présente un dépôt qui
contient de nombreux agglutinants granuleux en « mis de pain ».
● En bouillon glucosé tamponné (BGT): elle donne soit un trouble homogène avec ou sans dépôt
(groupe B, D) ; ou un trouble granulaire avec un voile mince et une sédimentation rapide au fond du
tube.
● Sur gélose nutritive : elles donnent de petites colonies (diamètres de 0,5 à 1 mm), transparentes,
à bord régulier avec aspect classique en « goutte de rosée ».
● Sur gélose au sang de mouton ou de cheval (5%): chez les bactéries ß-hémolytiques, les
colonies sont petites et entourées d'une zone d'hémolyse franche et complète de 3-4 mm autour des
colonies. On peut observer une zone d’hémolyse incomplète pour les espèces α-hémolytiques avec
un verdissement du milieu (on parle d’une hémolyse α-viridans).

7. Caractères biochimiques
Les Streptococcus ne possèdent pas de catalase. Elle permet d’établir un diagnostic différentiel
entre Streptococcus d’une part et Staphylococcus, Micrococcus d’autre part.
Ils fermentent le glucose et différents sucres (lactose, arabinose, mannitol, sorbitol, ect.), les autres
réactions positives sont l' hydrolyse de l’esculine, l’ADH et le VP.

8. Caractères antigéniques
● Capsule : la capsule des Streptococcus peut avoir différentes compositions selon les espèces :
- Acide hyaluronique : pour les Streptococcus des groupes A et C (l’acide hyaluronique
étant un composant normal du tissu conjonctif, il n’y a pas de réponse immunitaire contre
cet élément).
- Polysaccharides : la capsule polysaccharidique de S. pyogenes, S. pneumoniae et de
certaines souches de S. equi et S. agalactiae. Les anticorps produits par l’organisme peuvent
être protecteurs.
● Protéine M : elle est enchâssée dans la membrane cytoplasmique, traverse la paroi et émet des
projections à la surface de la bactérie. Ainsi, exprimée à la surface de la bactérie, elle est
responsable du pouvoir immunogène, confèrant ainsi une immunité durable et protectrice. La nature
antigénique de cette protéine permet de distinguer à l’intérieur du groupe A des différents sous-
groupes ou types désignés par des chiffres (A1, A2, A3 etc.). Puisqu’une centaine de spécificités
sont actuellement décrites (mais peu employée en diagnostic de routine), on comprend qu’il est
impossible d’obtenir une immunité correcte naturelle contre cette bactérie.
● Polyoside C : il est responsable de la spécificité de groupe (classification de Lancefield) qui
définit les groupes sérologiques. En fait, il n’est antigénique que lorsqu’il est lié au peptidoglycane.
● Protéines R et T : ces protéines ont une variabilité antigénique qui peut être employée pour le
typage sérologique de souches de S. pyogenes.
● Sécrétions : lors d’infection streptococcique, différentes sécrétions peuvent susciter une réponse
immunitaire spécifique utile au diagnostique. Il s’agit de : Streptolysine O (ASLO.) ; Streptokinase
(ASK) ; Streptodornase (ASD) et Hyaluronidase (AHy).

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● Toxine érythrogène : les toxines A et C ont une activité de superantigène (induisent la libération
de IL1, IL6 et TN-α).
● Certains composants de la paroi (les acides téchoїques et de fragments peptidoglycane) : qui
peuvent activer le complément par voie alterne et induire la production de TNF-α et d’IL1.
* Il existe une certaine communauté antigénique entre les antigènes streptococciques et des
antigènes valvulaires et/ou articulaires (Rhumatisme Articulaire Aigu), décrits chez l’homme et très
peu fréquents chez les animaux (rarement décrit chez le chien).

9. Facteurs de virulence
● Capsule : la capsule joue un rôle protecteur contre l’action des cellules phagocytaires et la
phagocytose. Sa présence est un facteur de diffusion (les souches non capsulées ont une moindre
virulence).
● Protéines de paroi
- (Protéine M) (ou majoritaire) : c’est la plus importante. Elle est identifiée comme un facteur
conférant la capacité aux Streptococcus du groupe A d’échapper à la phagocytose. Elle existe
également chez certaines souches des groupes C et G. Sa fonction antiphagocytaire, qui permet la
prolifération du germe chez l’hôte infecté, est reflétée par la capacité de la bactérie de se multiplier
rapidement in vitro dans le sang frais humain, contrairement aux souches avirulentes dépourvues de
cette protéine. Elle joue également un rôle majeur dans la virulence en favorisant l’adhérence aux
cellules de l’hôte (kératinocytes) et en diminuant la phagocytose par blocage de l’opsonisation par
le complément.
- Protéine F : appelée PrtF1, c’est une adhésine capable de lier la fibronectine. Elle permet au
Streptococcous du groupe A d’adhérer aux épithéliums cutanés et respiratoires.
● Sécrétions : différentes toxines sont impliquées à des degrés divers dans l’expression du pouvoir
pathogène des Streptococcus :
- Hémolysines : il s’agit de toxines cytolytiques de type alpha et béta.
- Streptolysine O (SLO) : thermolabile, protéine soufrée très oxydable, inactivée en présence
d’oxygène et ne produit une hémolyse qu’en anaérobiose. Elle a une activité hémolytique, elle est
cytotoxique pour les leucocytes, possède des effets cardiotoxiques. La SLO est immunogène.
- Streptolysine S (SLS) : elle est thermostable et stable en présence de l’O 2 atmosphérique ; elle
produit une hémolyse en aérobiose comme en anaérobiose, elle est produite par plus de 95% des
Streptococcus des groupes A , C , G et E ,L. Elle est dépourvue de propriétés antigéniques.
- Pneumolysine (S. pneumoniae) : c’est une protéine proche de la streptolysine O, mais plutôt
intracellulaire, elle n’est libérée qu’à la lyse de la bactérie. La pneumolysine est capable d’activer le
complément par voie classique et de détruire différentes cellules dont les cellules endothéliales.
- Suilysine (S. suis) : ces toxines peuvent aussi lyser les neutrophiles, macrophages et plaquettes
de plusieurs espèces animales.
- Hyaluronidase : hydrolyse l’acide hyaluronique ; cela explique en partie la capacité des
Streptococcus à diffuser dans l’organisme.
- Streptokinase (SK) : c’est une protéase qui lyse la fibrine en catalysant la conversion
plasminogène en plasmine. Cette enzyme explique en partie la capacité des Streptococcus à diffuser
au delà des barrières de fibrine établies par l’organisme autour du site de l’infection/inflammation.
- DNAses ou Streptodornase : 4 types sérologiques (A, B, C et D). Elles sont immunogènes.
- NADase : produite par les Streptococcus des groupes A, C et G.

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- Toxine érythrogène : elle est associée à la scarlatine chez l’homme, encore dénommée exotoxine
pyrogène streptococcique. Elle est à l’origine d’un choc toxique streptococcique du à S. pyogenes.
Cette toxine comporte trois sérotypes (A, B, C). Les toxines A et C ont une activité de
superantigène (induisent la libération de IL1, IL6 et TN-α).
- Protéases, amylases, estérases, α-lipoprotéase et la neura-minidases.

10. Pathogénie
La transmission des Streptococcus s’effectue par contact ou par des vecteurs animés (mouches, …)
ou inanimés (nourriture, boisson, …). De nombreux Streptococcus sont spécifiques d’hôtes ou ne
présentent qu’un spectre étroit d’hôte. La plupart des Streptococcus pathogènes sont bêta-
hémolytiques. Cependant ceux isolés d’endocardites et d’infections urinaires sont souvent non
hémolytiques.
Les Streptococcus sont des exemples classiques de bactéries généralement opportunistes. On peut
distinguer trois grands groupes d’infections streptococciques :
 Infections pyogènes (focales superficielles ou invasives).
 Maladies à relais immunitaire (Rhumatisme Articulaire Aigu (RAA) ; Glomérulonéphrite
aiguë (GNA) ; syndromes neurologiques).
 Toxi-infections

11. Pouvoir pathogène


a. Pouvoir pathogène naturel
● Infections pyogènes : ces infections sont causées par les espèces les plus pathogènes :
- Localisation respiratoire : ex. la gourme chez le cheval.
- Localisations génitale: les infections conduisent à une mammite, métrite, avortement et
infertilité. Chez les vaches, juments et truies, cette bactérie participe au complexe MMA
(mammite, métrite, agalactie).
- Localisation cutanée : il s’agit d’agent de dermite (ex otite chez le chien).
- Localisations ombilicales : généralement locales, ces infections peuvent devenir
septicémiques et aboutir à des complications articulaires ou cérébrales (méningites). C’est
encore une cause de mortalité néonatale.

● Maladies immunologiques :
- Maladies immun-complexes : les anticorps contre la protéine M produits lors d’infection à S.
equi contre ce germe forment des immuns complexes. Leur dépôt et l’activation du
complément qu’ils induisent aboutissent à un purpura hémorragique lié à l’augmentation de la
perméabilité vasculaire (passage dans le territoire extravasculaire de plasma et de cellules). Ce
purpura s’accompagne de symptômes d’œdème de la face, du museau et des membres.
Chez l’homme, l’infection par S. pyogenes est fréquemment suivie de complications
immunologiques par dépôts d’immuns-complexes qui seront responsables d’arthrite et de
glomérulonéphrite.
- Les communautés antigéniques entre des antigènes streptococciques et des antigènes
valvulaires et/ou articulaires (Rhumatisme Articulaire Aigu). Décrit chez l’Homme et très peu
fréquents chez les animaux (rarement décrit chez le chien).

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● Maladies dues à la toxine érythrogène : elles ne concernent que l’homme (ex. érysipèle, et la
scarlatine.

b. Pouvoir pathogène expérimental


Les souris et les lapins sont hautement sensibles à l'infection par les pneumocoques. La méthode de
choix utilise l'inoculation intrapéritonéale à une souris jeune. Celle-ci meurt en 24 à 48 heures à la
suite d'une péritonite aiguë et bactériémie.

12. Diagnostic
A. Diagnostic direct
● Choix des prélèvements : pus d'abcès, liquides d'épanchement, lait, urines, ect.
● Microscopie : Cocci à Gram positif, sous forme de chainette
● Culture : croissance abondamment en atmosphère anaérobie sur gélose ordinaire ou sur gélose au
sang.
● PCR : elle fournie un résultat rapide et pourrait donner un résultat fiable pour rechercher un
profil d’antibiorésistance.
● CAMP-test : Le Camp-test contribue à l'identification des Streptococcus impliqués dans les
mammites (Streptococcus agalactiae (groupe B) ; Streptococcus dysgalactiae (groupe C) et
Streptococcus uberis (non groupable) et des Listeria.
Ce test consiste à ensemencer sur une gélose au sang contenant de l’esculine et du citrate un
Staphylococcus bêta-hémolytique (hémolyse incomplète), perpendiculairement au Staphylococcus,
les Streptococcus à étudier.
La lecture s’effectue 24 heures après l’ensemencement. Certains Streptococcus sécrètent une
protéine extracellulaire appelée CAMP factor, qui transforme la zone d’hémolyse B (incomplète)
des Staphylococcus pathogènes en zone d’hémolyse claire (complète).
Ces Streptococcus sont dits Camp +.

B. Diagnostic indirect
● En médecine humaine, plusieurs tests sont utilisés (ex. ASLO, ASK) ; ASD et AHy) par
agglutination sur support en latex ou lame ou par technique ELISA.

13. Sensibilité aux antibiotiques


Les Streptococcus produisent une bêta-lactamase. La résistance aux macrolides se fait par
modification du site ribosomal. Quant aux fluoroquinolones, elle est liée soit à des mutations dans
l’enzyme gyrase ou la topoisomérae.
De ce fait, un antibiogramme est primordial.

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