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Chapitre I : GENERALITES
La Mycologie médicale est l’étude des champignons pathogènes pour l’homme.
Morphologie.
On distingue deux types morphologiques parmi les champignons.
1. Les levures (en anglais : yeast) : sont des formes unicellulaires rondes
ou ovales se multipliant par bourgeonnement.
2. Les champignons filamenteux (en anglais : molds) : sont constitués
par des tubes flexueux, présentant des ramifications et le plus souvent seg-
mentés par des cloisons transversales (sauf chez les phycomycètes). Ces
filaments s'appellent hyphes et une masse de hyphes est appelée mycélium.
Dans chaque segment il y a du cytoplasme et des noyaux qui peuvent
passer librement dans le septum suivant au travers d'un orifice qui perfore
le septum. Ces deux formes ne sont pas mutuelle- ment exclusives car :
a. Certains champignons filementeux peuvent adopter la forme le-
vure (par exemple Histoplasma). On parle de dimorphisme.
b. Chez certaines levures, il peut se produire une fausse filamenta-
tion due à la prolongation et l'assemblage bout à bout des bour-
geons. Ces levures simulent un filament mycélien : pseudomycé-
lium.
Types de spores.
Les spores sont des éléments fongiques permettant la propagation de
l'individu. On distingue deux sortes de spores :
1. spores sexuées : sont formées par une fusion de deux gamètes. La ma-
jorité des champignons pathogènes ne forment pas de spores sexuées.
Exemples :
- Zygospore (chez Mucor, appartenant aux Phycomycètes) les ex-
trémités de hyphes avoisinantes fusionnent et forment une grande
spore à paroi épaisse.
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- Plusieurs spores se développent à l'intérieur d'une levure agran-


die en forme de sac ou asque.
2. spores assexuées : sont formées sans fusion de noyaux par condensa-
tion locale du cytoplasme. Ces spores sont de taille et de forme très dif-
férentes et servent à la détermination des champignons pathogènes.
Conidies : est le nom général qu'on donne à toutes les spores asexuées
externes. Quand un champignon forme deux types de conidies l'une grande,
l'autre petite, on parle de macro et de microconidies. Chez les der- matophytes
ces spores s'appellent respectivement aleuries et fuseaux.
Arthrospores : sont des spores rectangulaires qui naissent de la désarti-
culation d'un filament mycélien.
Phialospores : sont des spores qui naissent successivement sur un article
mycélien en forme de bouteille appelée phialide.
Chlamydospores : spores asexuées de résistance, nées d'une portion de
filament, plus ou moins renflées, à cytoplasme dense et à paroi épaisse.
Les spores naissent généralement sur les hyphes spécialisées nommées
sporophores, ou organe de fructification. Les conidies sont formées par
constriction à partir d'un conidiophore.
Les blastospores sont formées par bourgeonnement latéral ou terminal sur un
filament.
Sporangiospores : sont des spores nées à l'intérieur d'un sac appelé spo-
rangium, monté sur un sporangiophore (chez les phycomycètes).

Chapitre II : PHYSIOLOGIE ET CULTURE.

Les champignons vivent tous au dépens de matière organique morte (sa-


prophytes) ou vivante (parasites). Parmi les parasites, certains sont pa-
thogènes d'autres commensaux. Certains commensaux peuvent occasion-
nellement devenir pathogènes.
Pour se développer, les champignons ont besoin de carbone et d'azote. Comme
source de carbone ils emploient les hydrates de carbone, moins souvent les
corps gras, protéines ou alcools, comme source de N, ils utili-
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sent des nitrates, des sels d'ammonium, des acides animés et rarement l'azote
comme tel. En outre, ils exigent certains facteurs de croissance et des sels
minéraux. Le milieu de culture classique pour le champignon pa- thogène est
celui de Sabouraud :
Neopeptone 1 gr
Glucose 2 gr
Agar agar 2 gr
Eau de robinet 100 ml
Entretenus sur ce milieu les champignons subissent une dégénérescence
appelée pléomorphisme, caractérisée par la perte des formes de reproduc-
tion.
Pour éviter la contamination des tubes on y ajoute généralement des anti-
biotiques et de l'Actidione qui est un antibiotique qui inhibe les moisis- sures
banales. Les champignons sont aérobies et poussent le mieux à 25°C. La
morphologie des cultures est généralement différente de la struc- ture à l'état
parasitaire. Parfois, la morphologie dépend de la température d'incubation.
Dans les cultures, on fait la distinction entre les mycélium aérien qui se
développe au-dessus du substrat, et le mycélium végétatif qui pénètre dans le
substrat.

Chapitre III : EPIDEMIOLOGIE ET POUVOIR PATHOGENE.

Les infections provoquées par les champignons sont appelées mycoses.


Selon leur origine on distingue :
4. Des champignons endogènes : ils se trouvent normalement comme
commensaux sur les muqueuses et les téguments, mais deviennent in-
vasifs en cas de diminution de la résistance (diabète) ou en cas de rup- ture
de l'équilibre biologique (antibiotiques).
5. Des champignons exogènes : beaucoup ont leur habitat normal dans le
sol ou sur les plantes. Ils pénètrent dans l'organisme par voie respira-
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toire ou cutanée, par exemple l'histoplasme. D'autres sont plutôt des


parasites de l'homme ou des animaux, par exemple les dermatophytes.
Selon leur localisation on distingue :
- les mycoses profondes qui atteignent les viscères; (par exemple l'his-
toplasmose) ou les couches profondes de la peau (par exemple le
mycétomes).
- les mycoses superficielles de la peau (par exemple les teignes) et des
muqueuses (par exemple la candidose). Les mycoses sont générale-
ment des maladies chroniques. Il n'y a pas libération de toxine.

Chapitre IV : TECHNIQUES MYCOLOGIQUES.

1. L'examen direct.
a) Les substances kératinisées : squames, ongles, poils. On râcle des
squames à l'aide d'un bistouri, de préférence à la périphérie des lésiosn. On
peut les garder ou expédier entre deux lames flambées. Les cheveux malades
sont arrachés au moyen d'une pince à épiler. Parfois on peut les localiser
par la lumière U.V. de Wood qui les rend fluorescents dans l'obscurité (les
microspories). Pour l'examen on immerge le produit dans des solutions
éclaircissantes. Le prélèvement est disposé sur une lame dans une goutte du
réactif et recouvert d'une lamelle. Un chauffage lé- ger sur une flamme
dissout la kératine. On emploie surtout le KOH à 30
%, pour les ongles et les squames épaisses. Le lactophénol d'amman pour
les cheveux et les squames fines.
Formule :
- acide phénique 10 gr
- acide lactique 10 gr
- glycérine 20 gr
- Eau distillée 100 ml
b) Les liquides pathologiques : pus, selles, etc... le pus est d'abord exami-
né à la loupe pour la recherche de "grains". L'examen microscopique à frais
indispensable : il peut montrer des levures du type candida, des le-
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vures d'Histoplasma, les corps fumagoïdes de la chromoblastomycose. La


coloration de Gram montre bien les candida.
c) L.C.R. On examine le culot de centrifugation. Si on voit des éléments
ar- rondis suspects de Cryptoccus on émulsionne le culot dans une goutte
d'encre de Chine pour mettre en évidence la capsule.

2. La culture.
On recommande d'ensemencer plusieurs milieux par exemple Sabourud et
gélose au sang et d'incuber une série à la température ambiante, l'autre à 37°.
Ajouter des antibiotiques si le produit ex contaminé.
On observe ces milieux pendant 15 jours au moins. Les cultures entières au
microscope, sans perturber des organes de fructification sur lesquels se base
la détermination.
1. L'inoculation à l'animal : est rarement utile pour le diagnostic
biologique mycologique.
2. Le diagnostic biologique sérologique. Détection
des antigènes solubles de C.neoformans dans le serum et le LCR.
3. La biopsie : l'image histologique des mycoses profondes est souvent
assez typique pour poser le diagnostic biologique.

Chapitre I : ACTINOMYCES BOVIS

Habitat et épidémiologie.
bovis est un parasite obligatoire qui fait partie de la microflore buccale
A.
de divers animaux et de l'homme. Pour certains auteurs, le parasite
humain, appartiendrait à une espèce voisine appelée A. israeli. L'origine de
l'infection est donc normalement endogène et la maladie n'est pas contagieuse.
Pouvoir pathogène : A.bovis est responsable chez l'homme (et certains
animaux) de l'actinomycose dont la survenue est liée à une cause locale :
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avulsion dentaire, plaie intra-buccale.L'actinomycose est un granulome in-


duré, lentement progressif, qui passe à la suppuration et qui s'étend de proche
en proche en détruisant les tissus et en fistulisant vers la peau. Le pus contient
des grains de couleur jaune soufre qui sont constitués d'une masse touffue de
filaments à Gram positif. La disposition radiaire des fila- ments est à l'origine
du nom Actinomyces (Actinos = rayon).
La localisation classique est cervico-faciale. L'actinomycose thoracique ou
abdominale est plutôt rare.
Morphologie.
A.bovis est un organisme filamenteux, Gram positif, non-acido-résistant,
immobile, non-sporulé. La largeur des filaments (max. 1 mu) les distingue
des vrais champignons. Le mycélium, qui est ramifié, tend à se fragmenter en
formes de cocco-bacilles.
Culture : anaérobie ou microaérophile.
Diagnostic biologique.
A.bovis se cultive en anaérobiose.Le diagnostic biologique est basé sur
l’observation des grains typiques écrasés entre deux lames, puis colorés au
Gram.
Traitement.
Le traitment chirurgical doit être renforcé par l'adminstration prolongée de
sulfamidés, pénicilline, tétracyclines et chloramphénicol.

Chapitre II : LES DERMATOPHYTES


Lesdermatophytes sont des champignons imparfaits qui causent, chez l'-
homme et les animaux, les teignes ou dermatophyties. Ils n'attaquent
que les tissus susperficiels kératinisés : la peau, les cheveux, les ongles.
Habitat et épidémiologie.
Les dermatophytes sont généralement considérés comme parasites obliga-
toires de l'homme et des animaux. Ce sont les seuls champignons qui se
transmettent par contact direct ou indirect. Certains animaux (chien, chat)
peuvent constituer un réservoir. La mycose des espaces interdigitaux
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plantaires, l'athlete's foot, se transmet dans les piscines et au contact de


squames infectées répandues sur le sol. Certains dermatophytes ont été isolé
du sol, ce qui prouverait qu'ils sont essentiellement saprophytes.
Les teignes sont cosmopolites, mais les régions tropicales sont les plus
affectées. Selon les enquêtes de Vanbreuseghem (1957) en RDC le manque de
protéines dans l'alimentation serait un facteur prédisposant.
En RDC le nombre d'enfants atteints oscille entre 5 et 40 % (6,7 % à Kins-
hasa, 40 % à Kananga).
Les teignes du cuire chevelu disparaissent spontanément à la pu- berté,
excepté le favus. Elles sont deux fois plus fréquentes dans le sexe mâle. Il
existe de nombreuses espèces de dermatophytes et leur spectre est très
variable d'une région à l'autre.
Pouvoir pathogène.
Les dermatophytes peuvent provoquer des lésions à localisation très diffé-
rente. Certaines espèces donnent des teignes d'aspect ou de localisation assez
spécifiques.
1. Teignes de cuir chevelu (tinea capitis). On distingue 4 aspects :
- Les microspories : les cheveux cassés à une faible distance de la peau.
La teigne est bien ronde et donne une fluorescence verte à la lumière
de Wood. Il y a peu de suppuration du cuir chevelu
- Les trichophyties : donnent des tâches petites, multiples et irré-
gulières sans fluorescence. Les cheveux sont cassés tout près contre
la peau.
- Le favus : autour de cheveux non cassés. N'existe pas en RDC.
- Les kérions ou teignes suppuratives (Diagnostic biologique diffé-
rentiel avec pyodermite).
2. Teignes de la peau glabre. En dehors de plis elle prend le nom
d'herpès circiné, tinea glabrosa, roue de Ste Cathérine (ringworn en
Anglais). Dans les plis de l'aine on l'appelle : herpès marginé de Hébra et
dans les plis interdigitaux du pied on parle d'Athlet's foot ou tinea pedis.
On nomme sycosis des teignes suppuratives de la peau glabre.
[8]

3. Teignes des ongles (tinea unguium) : les ongles s'épaississent et de-


viennent friables. Une dermatophytie chronique peut sensibiliser la peau et
provoquer l'apparition à distance de lésions non infectieuses appelées
dermatophytides.

Ainsi la déhysidrose des mains et des pieds accompagne souvent l'athlet's foot.
Morphologie et culture. Les dermatophytes sont groupés en trois genres
d'après les caractères des cutures.
a) Genre Microsporum. En culture ce genre produit de nombreux fu-
seaux de grande taille. Il attaque les cheveux et la peau glabre. L'in-
fection pilaire est caractérisée par une gaine régulière de spores en
mosaïque qui entoure le cheveu ... Exemple : M. audouini, agent des
teignes scolaires en Europe.
b) Genre Trichophyton. En culture ce genre produit de rares fuseaux de
petite taille. Il attaque les cheveux, la peau glabre et les ongles.
L'infection pilaire est surtout du type endothrix : filaments mycé- liens
et chaînes d'artrospores qui remplissent l'intérieur du cheveu. Exemple :
T. violaceum, fréquent en RDC.
c) Genre Epidermophyton. Ce genre n’a qu’une espèce: E. floccosum
dont la culture est caractérisée par des fuseaux "en régime de ba-
nanes". Il attaque uniquement la peau glabre et les ongles.
Diagnostic biologique
Le succès du diagnostic biologique mycologique dépend de la qualité du
prélèvement. Dans les teignes du cuir chevelu il faut prélever les cheveux
cassés et les vérifier à la loupe. La lumière de Wood permet de localier les
microspories.
1. L'examen direct se fait entre lame et lamelle. Le produit à examiner
est immergé dans une goutte de liquide éclaircissant. L'observation du
cheveu malade permet souvent de faire la distinction entre les genres
Microsporum et Trichophyton. Dans les squames de l'épiderme et de
l'ongle on peut voir des tubes mycéliens ramifiés, formant des chape- lets
d'arthrospores.
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2. La culture permet de faire le diagnostic biologique de l'espèce. Elle se


fait généralement sur Sabouraud à la température ambiante. La déter-
mination demande au moins 10 jours et est basée sur l'aspect des fu-
seaux, des aleuries, de la pigmentation etc...

Traitement
Appartient au domaine de ladermatologie.
Chapitre III : CANDIDA ALBICANS.

Le genre Candida comprend des levures anascosporées qui dans cer-


taines conditions peuvent former un pseudomycélium (milieu pauvre, semi-
anaérobiose).
Habitat et épidémiologie
Les levures du genre Candida sont des habitants des muqueuses respira-
toire, intestinale, et vaginale humaine, où leur présence en nombre réduit
doit être considérée comme normale. Les infections à Candida sont donc
endogènes et non contagieuses sauf en cas de transmission sexuelle. On
trouve aussi des Candida chez les animaux et dans la nature.
Pouvoir pathogène
Parmi les différentes espèces de Candida une seule est potentiellement in-
vasive : Candida albicans. On donne le nom de candidoses (moniliases) aux
mycoses provoquées par C. Albicans. Les moniliases s'installent chez
l'homme à la faveur de causes prédisposantes particulières : maladie débi-
litante, dénutrition, grosses, rupture de l'équilibre microbiologique par
emploi d'antibiotiques à large spectre et le VIH/SIDA. Voici les principales
candidoses :
a) bouche : le muguet (en Anglais : trush),
b) organes génitaux : vulvovaginite : contamination vénérienne,
c) peau : infection des plis (intertrigo), perlèche.
d) ongles : onyxis et périonyxis. Surtout chez des cuisinières et marchands de
légumes...
e) intestin : enterite postantibiotique.
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g) septicémie avec localisations viscérales.


Morphologie
A l'état parasitaire normal les Candidas sont des levures ovales ou rondes
de 2 à 4 mμ, bourgeonnantes, à paroi mince.
Quand ils deviennent pathogènes ils ont une tendance à devenir fi-
lamenteux, c'est-à-dire à former des hyphes de longueur variable, à extré-
mité arrondies (pseudo-mycélium). Ils sont Gram positifs.
Culture
Les Candida poussent facilement sur tous les milieux et forment
après 24 ou 48 heures de petites colonies opaques, blanches, bombées,
dégageant une odeur de levure. Ces colonies sont crêmeuses.. Repiqués
sur certains milieux pauvres, surtout en profondeur, les Candida
deviennent filamenteux et forment des amas de blastospores, ce qui per-
met le diagnostic biologique du genre. L'espèce albicans est la seule qui
dans certaines conditions forme des chlamydospores, grosses cellules
rondes à parois épaisses.
L'apparition rapide (45 h) des chlamydospores est favorisée par des milieu
spéciaux dont le plus répandu est le milieu de Nickerson (Chlamydospore
agar).
Le diagnostic biologique des autres espèces (C. tropicalis, C. krusei...) est
basé sur l'aspect de la culture, la fermentation des glucides et certains
autres caractères physiologiques.
Diagnostic biologique.
1. L'examen direct du produit pathologique (squame, gorge, selles, écoule-
ment vaginal) éventuellement après coloration, permet d'observer les
candida. On doit suspecter leur rôle pathogène quand ils sont en
grand nombre ou quand ils sont filamentisés. Ils sont évidemment pa-
thogènes quand on les trouve en dehors de leur habitat normal (L.C.R.,
urine, sang).
2. La culture est nécessaire pour la diagnostic biologique de l'espèce. Le
diagnostic biologique de C.albicans repose sur deux tests
morphologiques :
 Test de filamentation en sérum de lapin.
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 Recherche de chlamydospores sur chlamydospore agar.


Traitement
Candida albicans est sensible à plusieurs antimycotiques : Daktarin,
Nys- tatine et Fluconazole.

Chapitre IV : MALASSEZIA FURFUR

M. Furfur est l'agent du Pityriasis versicolor (Tinea versicolor).

Habitat et épidémiologie
M. furfur est un champignon strictement humain et obligatoirement para- site
de l'épiderme. Il se transmet par contact.
Pouvoir pathogène
Il provoque chez l'homme une mycose très superficielle et extrêmement
bénigne, caractérisée par un nombre variable de macules squameuses de
grandeur et de distribution variées. La localisation classique est le tronc, mais
les bras et le cou. Ces tâches ont une couleur brûnatre, café au lait, mais
peuvent parfois être achromiques.
Morphologie
A l'état parasitaire, dans les squames on observe des grappes de conidies
rondes à double contour et des tubes mycéliens ramifiés.
Diagnostic biologique
Examen à frais des squames dans le lactophénol. Une autre méthode consiste
à badigeonner les macules avec l'alcool iodé, de faire adhérer une bande de
scotch-tape sur la lésion, et de l'examiner ensuite au microscope.
Traitement
Toujours local : alcool salicylé 1 %; alcool iodé 1 % ou Daktarin crème.

Chapitre V: CRYPTOCOCCUS NEOFORMANS.


Cryptococcus neoformans est une levure anascosporée, non filamenteuse,
responsable de la crytococcose.Il existe deux variétés de
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Cryptococcus : C.neoformans biovar neoformans, et C.neoformans biovar


gattii,
Habitat et épidémiologie :
C. neoformans est un saprophyte libre du sol et la voie d'entrée chez l'-
homme est respiratoire.
L'infection est donc exogène et non contagieuse. La cryptococcose est une
affection cosmopolite rare mais dont la fréquence est en nette augmenta-
tion suite à l'épidémie de Sida.
C.neoformans biovar neoformans est cosmopolite et se retrouve dans les
fientes des pigeons et les copeaux de bois tropicaux, tandisque
C.neoformans biovar gattii est isolé seulement sous les tropiques : RDC,
Australie. Son biotope serait l’Eucalyptus camaldulensis, arbre tropical
bien connu.
Pouvoir pathogène
Pour des raisons non encore élucidées, ce parasite peut devenir invasif
chez l'homme. C. neoformans peut envahir tous les tissus : la peau, les os,
les poumons mais la location classique est une méningite chronique afé-
brile évoluant très lentement. Les symptômes sont très variés : céphalés,
vertiges, troubles oculaires, symptômes qui font penser à une tumeur cé-
rébrale. La maladie est toujours mortelle en absence de traitement.
C.neoformans biovar gattii est responsable de méningite souvent associée
à des lésions osseuses chez des sujets immuno-compétents ( adultes et
enfants).Le malade répond bien au traitement.
C.neoformans biovar neoformans provoque des méningites chez des sujets
immuno-déprimés
( cryptococcose méningée liée au SIDA), méningite sans lésions osseuses
surtout chez les adultes. L’ éradication de la levure du LCR est difficile.
Morphologie.
Il s’agit d’une levure ronde bourgeonnante de 5 à 10 mμ.
In vivo la levure est entourée d'une énorme capsule dont le diamètre peut
atteindre 50 mμ.
Culture. Il pousse rapidemnt (48 heures) sur tous les milieux. Les colo-
nies sont rondes et mucoïdes, blanches au début, brunes par la suite. Le
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développement se fait à 37°C et à la température ambiante. Dans la cul-


ture on ne voit pas de pseudomycélium et la capsule tend à disparaître.
Diagnostic biologique
1. Le culot de centrifugation du L.C.R. permet de voir les levures qu'on ne
distingue pas toujours aisément des autres éléments. Pour mettre en
évidence la capsule on émulsionne le culot dans une goutte d'encre de
Chine.
2. La culture du L.C.R. sur Sabouraud réussit facilement.
3. La recherche des antigènes solubles dans le sang et le LCR par le test
d’agglutination au latex.
Traitement : Amphotéricine B.

Chapitre VI : HISTOPLASMA CAPSULATUM

Ce champignon est l'agent de l'histoplasmose.


Habitat et épidémiologie.
L'histoplasma est un saprophyte du sol en particulier le sol des grottes
pouvant contenir des chlamydospores. Histoplasma a été isolé du sol
d'une grotte au Katanga (Pattijn, 1960). L'homme s'infecte par voie
aérienne. Cosmopolite, l’histoplasmose n’est pas contagieuse.
Pouvoir pathogène
On peut distinguer schématiquement quatre formes cliniques.
1. Histoplasmose bénigne : évolue comme une grippe ou une pneumonie
atypique.
2. Histoplasmose généralisée : maladie fébrile avec atteinte du système ré-
ticulo-endotélial : la rate, les ganglions, le foie ... On note souvent des
ulcérations dans la bouche et le nasopharynx. La maladie peut aussi
évoluer comme une tuberculose pulmonaire.
4. Histoplasmose asymptomatique : c'est la forme de loin la plus fré-
quente. Elle se caractérise par une réaction positive à l'histoplasmine et
des calcifications pulmonaires.
5. L'histoplasmose africaine : En Afrique tropicale il existe à côté de la
forme classique, une forme d'histoplasmose qui se distingue clinique-
[14]

ment de l'histoplasmose classique. Le champignon en cause est aussi


différent : H. duboisii.
Une dizaine de cas de cette maladie a été diagnostiquée RDC entre 1952 et
1960. Cliniquement la forme africaine se caractérise par une grande affini-
té pour les ganglions, la fréquence de formes localisées et la rareté de lé-
sions pulmonaires.
Morphologie
A l'état parasitaire H. Capsulatum se présente comme une petite levure
ovoïde entourée d'un espace clair, pouvant présenter des bourgeons et
mesurant de 2 à 3 mμ. On peut en trouver plusieurs dizaines à l'intérieur
d'un histiocyte. L'aspect de H. duboisii est totalement différent; ce sont
des grandes cellules ovoïdes de 13 à 15 mμ de long, entourées d'une cap-
sule épaisse et renfermant un ou plusieurs corpuscules de graisse. Plu-
sieurs bourgeons peuvent rester attachés à la levure mère et former des
courts chapelets.
Culture
Elle s'obtient facilement sur gélose au sang, moins bien sur Sabouraud. A
37°C le parasite se multiplie sous forme de levure. A la température ordi-
naire l'aspect des cultures est identique pour les deux espèces. On obtient
des colonies blanches duveteuses qui brunissent par la suite. Leur myce-
lium porte des microconidies et des macroconidies. Ces dernières ont une
capsule épaisse qui porte à sa surface de nombreuses aspérités : on les
appelle : chlamydospores échinulées. C'est l'inhalation de ces spores qui
détermine la maladie.
Diagnostic biologique
La recherche du parasite se fait par :
a) Examen direct : les levures du type capsulatum se voient dans les his-
tiocytes de la moëlle, des ganglions etc... sur des frottis colorés au
Giemsa. Les levures du type duboisii se voient très bien lors de l'exa-
men à frais dans le pus ganglionnaire.
b) Culture sur gélose au sang et sur Sabouraud à 37°C et à la tempéra-
ture ambiante.
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c) Biopsie.

Chapitre VII : PHIALOPHORA PEDROSOI

La chromoblastomycose, mycose chronique de la peau, est due à trois es-


pèces de champignon appartenant au genre Phialophora : l'espèce la
plus répandue et la seule observée en RDC est P. pedrosoi.
Habitat et épidémiologie
Les phialophora vivent en saprophytes dans le sol. A l'occasion d'un trau-
matisme ils sont inoculés dans le pied. La maladie n'existe donc que chez les
gens qui vont nu-pied. Elle a un caractère professionnel et s'observe surtout
chez des agriculteurs. L'affection n'est pas contagieuse. Des di- zaines de cas
ont été signalés en RDC depuis 1951. Elle paraît surtout fré- quente en
Amérique Centrale.
Pouvoir pathogène
La chromoblastomycose est surtout localisée à un ou aux deux membres
inférieurs. Elle débute par un nodule qui grandit et se couvre de verruco-
sités. Elle s'étend en placard et on voit apparaître des nodules satellites. La
lésion comporte du tissu granulomateux parsemé de micro-abcès qui
s'ouvrent à la surface à travers une peau hyperkératinisée.
Morphologie
Dans les tissus le parasite se présente comme des corps bruns arrondis ayant
jusqu'à 10 mμ de diamètre, entourés d'une membrane épaisse. Ils se
divisent par fission transversale. On les appelle "cellules fumagoïdes" ou
"sclerotic cells". Cet aspect est identique pour les trois espèces.
Culture
Sur milieu de Sabouraud à la température ambiante le champignon forme des
colonies noires à surface duveteuse. L'examen microscopique montre un
thalle à paroi segmentée pourvu de trois types de spores.
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a) type phialophora : les spores (phialospores) naissent sur un


article my- célien en forme de bouteille à goulot élargi
(phialide). Dans ce goulot sont formées les spores qui restent
assemblées.
b) type acrotheca : les spores forment un manchon autour d'un
filament terminal.
c) type hormodendrum : les spores naissent par groupe de 3 ou 4 à
l'ex- trémité d'un filament et chacune d'entre elles donne
naissance à un groupe de 3 à 4
spores identiques. Dans les trois espèces on peut trouver
les trois types de reproduction. La détermination de l'espèce se
base sur la proportion de ces trois types. Dans l'espèce P.
pedrosoi les types hormodendrum et acrotheca prédominent.
Diagnostic biologique.
1. L'examen direct d'une goutte de pus entre lame et lamelle
montre de nombreux corps fumagoïdes.
2. La culture donne des colonies noires caractéristiques.
3. La biopsie montre l'hyperplasie de l'épiderme et les micro-abcès
conte- nant les cellules brunes du parasite.
Traitement
Si l'exérèse chirurgicale est impossible par le fait de l'extension des
lésions on doit recourir au traitement médicamenteux : on a
utilisé, parfois avec succès, la sulfone-mère, l'isoniazide, l'iodure de
potasse.

Chapitre VIII : LES MYCETOMES


Les mycétomes sont des tumeurs inflammatoires polyfistulisées à évolution
très longue avec la présence de grains parasitaires dans le pus qui
s'échappe des lésions. La localisation de loin la plus fréquente est aux
membres inférieurs et s'appelle : pied de Madura, pied globuleux dans lequel
la concavité de la sole plantaire a été remplacée par une convexité nette. Le
mycétome est une appellation clinique puisqu'il peut être causé par des
microorga- nismes très différents appartenant à deux groupes :
[17]

1. Actinomycètes : les mycétomes actinomycosiques sont causés par plu-


sieurs espèces du genre Nocardia.
2. Champignons : (mycétomes maduromycosiques) plusieurs groupes de
champignons peuvent être en cause :
a. Monosporium apiospermum (forme conidienne d'Al. boydii),
b. Allescheria boydii (forme parfaite du précédent),
c. Divers Aspergillus, Pénicillium.
d. Madurella mycetomi.

Tous ces champignons forment in vivo des grains qui sont en réalité
des colonies du parasite et qui par un phénomène de convergence, ont
une morphologie commune.
Habitat et épidémiologie. Les agents de la maduramycose sont des sapro-
phytes du sol. Ils s'introduisent par des traumatismes du pied chez des
gens marchant pieds nus. La maladie est rare en dehors des tropiques.
Pouvoir pathogène
Le pied de Madura causé par des champignons ne diffère pas de celui cau-
sé par des Nocardia. La couleur des grains dépend de l'agent étiologique.
Morphologie
Les grains maduromycosiques montrent 3 parties : une centrale amorphe,
une moyenne filamenteuse et une périphérie faite de massues. Les fila-
ments sont plus gros que ceux des Nocardia.
Culture
Les agents du mycétome fongique se cultivent facilement sur Sabouraud à
la température ambiante.
Diagnostic biologique
1. Examen direct du grain dans le lactophénol.
2. Culture des grains.
3. Biopsie.
Traitement
Aucun traitement médicamenteux ne semble actif sur les agents de la Ma-
duromycose.
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