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Introduction
Bio-économie
L’économie séculaire
Conclusion
Références bibliographiques
Introduction :
Depuis une dizaine d'années, le terme « bioéconomie » apparait très souvent dans les
publications académiques et s'est rapidement diffusé dans différentes sphères,
institutionnelles, scientifiques et entrepreneuriales. C'est aussi dans ces sphères où
émergent des théories et définitions controverses de la bioéconomie, malgré des
similarités concernant les problèmes majeurs qu'elle entend résoudre tels que :
l'épuisement des énergies fossiles, le réchauffement climatique ou la croissance
démographique puisqu'elle repose sur la sollicitation des ressources biologiques
renouvelables comme matières premières pour la fabrication d'une multitude de
produits (énergie, chimie, matériaux et alimentation).
Cet article vise à apporter des éléments de réponse à quelques questions principales
sur la notion de bioéconomie : comment est-elle définie selon les différentes sphères,
quels sont les cadres théoriques sur lesquels elle est fondée, quels sont les potentiels
de développement économique et les principaux défis/risques éventuellement
associés ?
Accés à l’éducation :
2Initiée aux États-Unis en tant que discipline scientifique dans les années 60,
notamment avec les travaux du sociologue Coleman (1966) à l’université de Chicago,
sur l’analyse de la réussite différenciée entre les étudiants blancs et les étudiants noirs,
l’économie de l’éducation a assez rapidement pris corps. On notera les premiers
travaux sur la notion de production au sein des établissements d’enseignement dans
les années 70 avec, notamment, l’apport de Hanushek (1979).
4Sans vouloir être exhaustif notamment sur le plan historique, cet article vise
particulièrement à mettre en lumière, de la manière la plus simple mais rigoureuse, les
spécificités de l’économie de l’éducation en tant que discipline scientifique qui, a
priori, peut paraître irréelle notamment pour ceux qui en entendent parler pour la
première fois ou de façon très superficielle, voire « accidentelle ». Quels sont les
enjeux de l’économie de l’éducation en tant que discipline à part entière ? En quoi se
distingue-t-elle des autres disciplines proches comme l’économie de la santé,
économie de sport, économie du transport, économie du travail, économie forestière,
économique maritime, économie ou nouvelle économie géographique, économie de la
justice, économie spatiale, économie de l’environnement…
La santé :
La santé n’est pas le soin, comme l’économie de la santé n’est pas l’économie du
soin. Sa définition a évolué dans le temps. Pour l’OMS, « la santé est une forme de
bien-être . La définition de 1986, mise en exergue, mentionne la dimension physique
(ou biologique) de la santé ; mais elle met au premier plan ses dimensions sociales et
personnelles. L’objet de l’économie de la santé est alors de savoir, à côté d’autres
disciplines scientifiques, comment accroître ce bien-être. Cependant, bien que
l’objectif global de toutes les disciplines scientifiques vis-à-vis de la santé soit le
même, des objets spécifiques caractérisent ces différentes disciplines.
L’objet de l’économie de la santé n’est pas partagé de façon œcuménique par tous les
spécialistes de cette discipline. Toujours selon l’OMS (1995), « l’économie de la
santé est l’application de la théorie économique aux phénomènes et problèmes
associés à la santé et aux services de santé. Parmi les sujets traités par cette discipline
figurent notamment la signification et la mesure de l’état de santé, la production de la
santé et des services de santé, la demande sanitaire et la demande de services de santé,
les analyses coût-efficacité et coût-avantages dans le domaine de la santé, l’assurance
maladie, l’analyse des marchés de services de santé, le financement des services de
santé, la détermination du coût des maladies […] l’économie hospitalière, la
budgétisation des soins de santé, la distribution territoriale des ressources, et les
modes de rémunération du personnel médical .
3Pour un courant de pensée récent, l’économie de la santé au sens large émane des
diverses disciplines scientifiques, notamment les sciences sociales, car « la santé est
un fait social total. Elle enchevêtre différentes dimensions, médicale, juridique,
économique, sociologique, voire religieuse, pour réaliser, dans l’organisation du
système de santé, le pacte social constitutif d’une société » (Batifoulier et Domin,
2014, en ligne).
5Après ces précisions, la première section présente la notion de système de santé, puis
l’intérêt d’une approche interdisciplinaire pour mieux l’appréhender. La deuxième
expose les centres d’intérêt de l’économie de la santé en mettant l’accent sur
l’importance de l’équité pour réguler les risques objectifs de dérive vers une gestion
purement technicienne. La troisième section propose l’évaluation comme instrument
de la mesure de l’équité dans la gouvernance du système de santé.
Bioéconomie :
L’économie séculaire :
Mentionnée pour la première fois en 1939 dans un discours rédigé par Alvin Hansen
sous le nom de « Economic Progress and Declining Population Growth « , la théorie
de la « stagnation séculaire » a pour origine un constat fait par l’économiste : la
concomitance d’une faible croissance et d’un faible effort de formation brute de
capital fixe (ou investissement). Selon A. Hansen, la situation économique fortement
dégradée des années 30 n’était pas seulement la conséquence d’une violente
récession, phase basse du cycle économique, mais le fait d’une réalité structurelle.
Dans son essai, il explique cette dernière par la fermeture des frontières, le
ralentissement de l’innovation technologique et surtout, une diminution
substantielle de la croissance démographique (« drastic decline in population
growth »). La Première Guerre mondiale représenta en effet un point de rupture
démographique en raison premièrement du nombre de morts induit par la guerre
s’ajoutant à ceux de la pandémie de grippe espagnole et par ailleurs, du recul des
naissances lors des quatre années du conflit. Il faudra attendre l’après Seconde Guerre
mondiale pour que la courbe démographique reparte à la hausse.
La théorie pensée dans les années 30 par A. Hansen repose sur l’idée que les
économies industrielles souffrent d’un déséquilibre résultant d’une forte
propension à épargner [i] et d’une faible propension à investir, d’où un excès
d’épargne dans l’économie. En raison de la dynamique démographique, les
opportunités d’investissement rentable se font plus rares, augmentant le niveau
d’épargne disponible et faisant converger l’économie vers un équilibre caractérisé par
une faible croissance, une faible inflation, des ressources employées de manière non
efficaces (faiblesse de la productivité) et un taux de chômage élevé. Selon A. Hansen,
la présence d’une épargne excédentaire (conséquence d’une dynamique
démographique défavorable) place l’économie en situation de sous régime, lui rendant
impossible de revenir au plein emploi en raison de l’insuffisance de la demande
(maintenant le niveau de chômage à un niveau plus élevé que son taux naturel, alors
que les taux d’intérêt se situent à des niveaux bas).
Même si cette théorie apporte des explications valides aux faits économiques des
dernières années, il semble encore tôt pour distinguer l’aspect structurel de
l’aspect cyclique. K. Rogoff (2015) a notamment souligné que les crises financières,
dont la Grande Récession, étaient caractérisées par une reprise en forme de U en
raison des difficultés liées au désendettement caractéristique de ces crises. Ainsi,
l’atonie de l’économie observée après 2008 pourrait s’expliquer par la nature de la
crise tout en s’inscrivant dans le cycle économique. En outre, la théorie de la
« stagnation séculaire » au 21ème siècle utilise comme clé de voute le concept
développé en 2005 par B. Bernanke de surabondance de l’épargne au niveau mondial
(« savings glut »). Cependant, comme souligné par F. Claeys (2016), B. Bernanke
(2015) suggère que ce phénomène pourrait être la conséquence de mauvais choix en
matière de politiques économiques (pilotage trop expansionniste de la politique
monétaire par la FED jusqu’en 2007 et incitations à l’endettement privé pour
l’accession à la propriété des classes moyennes) et non pas d’une dynamique
structurelle.
Par rapport à ce que l'on observait dans les années 1940 et 1950, la nouveauté vient du
rôle de la finance. Bien sûr, des facteurs exogènes comme la productivité et la
démographie modifient les trajectoires de croissance potentielle des économies. Mais
les effets de levier financiers, facilités par la liquidité abondante des marchés,
contribuent au fait que les économies connaissent des taux d'intérêt de long terme bas.
La situation d'une trappe à liquidité d'une durée exceptionnellement longue s'explique
par la conjugaison de deux tendances de prix en sens opposé : l'inflation est faible
dans le secteur réel et élevée dans le secteur financier. Si l'on ajoute à cela le rôle du
cycle de l'endettement public et privé, on aboutit à la conclusion que stagnation
séculaire et instabilité financière sont liées. Les travaux de Fisher ou Minsky étaient
déjà consacrés à l'étude de ces liens et ils trouvent aujourd'hui un nouvel écho dans la
littérature (voir par exemple, Atif et Sufi [2014], Borio et al. [2017], Eggertsson et
Krugman [2012]).
La stagnation séculaire donne lieu aujourd'hui à deux grilles de lecture, quelles que
soient les causes évoquées. La première interprétation est qu'il s'agit d'un déséquilibre
macroéconomique (ou un équilibre instable) dû à des imperfections de marchés. Un
concept qui résume ce point de vue est l'écart entre le taux d'intérêt naturel et le taux
d'intérêt réel observé. Ce dernier n'est pas au niveau où il devrait se situer au vu de
l'écart entre l'épargne et l'investissement. Les raisons d'un écart positif entre taux
observé et taux naturel sont variées : trappe à liquidité monétaire, trappe à sûreté
(safety trap), ancrage excessif des anticipations sur le régime inflationniste de la
période de Grande Modération, contraintes de financement subies par les ménages et
les entreprises. La seconde interprétation est qu'il s'agit d'un équilibre stable endogène
aux mutations du capitalisme et résultant de plusieurs facteurs : les changements dans
la répartition personnelle et fonctionnelle des revenus, les mutations technologiques et
démographiques, les liens entre cycle financier et activité réelle, la baisse séculaire
des prix dans le secteur réel. Ces deux lectures orientent la nature des recherches
menées depuis plusieurs années.
Prenons l'exemple des travaux sur les conséquences d'une trappe à liquidité avec un
taux d'intérêt nominal de court terme «coincé» à zéro. D'un côté certains chercheurs
montrent qu'elle entraîne l'apparition d'un nouveau régime de croissance faible
caractérisé par une trappe déflationniste. De l'autre, des auteurs s'intéressent avant tout
à déterminer des configurations de paramètres pour lesquelles les économies sont
caractérisées par des équilibres déterminés ou indéterminés, la stagnation séculaire
étant interprétée comme une équilibre «non désiré» (pour un aperçu de ces
discussions, le lecteur consultera à titre de référence, Bullard [2010], Schmitt-Grohé
et Uribe [2009], [2017], Arifovic et al. [2018]).
Autre exemple, celui des travaux sur l'estimation du taux d'intérêt naturel de
l'économie. La littérature sur le sujet est abondante (pour un aperçu, voir Holston et
al. [2016]). Un résultat important est que, dans le contexte actuel de stagnation
séculaire, ce taux est négatif pour la plupart des pays industrialisés. Cette découverte
provoque deux attitudes. La première attitude consiste à déclarer qu'il ne peut s'agir
d'un équilibre stable car il est incompatible avec la stabilité du capitalisme. Ceux qui
défendent ce point de vue avancent ses limites sur le plan théorique : l'équilibre
macroéconomique obtenu provoque des bulles et favorise des effets de levier
financiers nuisibles à la stabilité macroéconomique ; le taux naturel d'équilibre négatif
engendre des situations d'inefficience dynamique ; les modèles théoriques utilisés
reposent sur une structure démographique très particulière – à générations imbriquées
– (voir Pichelmann [2015]). L'autre attitude est de considérer qu'un taux naturel
négatif est simplement le reflet que les économies industrialisées font sérieusement
face aujourd'hui à un problème de demande contrainte. Une demande agrégée faible
chronique a pour effet de faire baisser continuellement le PIB potentiel. La fermeture
de l'écart existant entre l'épargne et l'investissement passe par donc par un ajustement
du revenu national. Une politique anti-stagnation va au-delà des politiques de relance
par la demande keynésienne. Elle repose avant tout sur une réforme des mécanismes
endogènes au fonctionnement du capitalisme qui ont conduit à la faiblesse de la
demande agrégée : correction des inégalités dans la répartition fonctionnelle des
revenus, contrôle du cycle d'endettement, redéfinition des liens entre finance et
économie réelle (Hein [2015] résume ces différents points de vue).
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