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Comment le bio contrôle contribue-t-il aujourd’hui à la production de blé 

tendre en France?

Aujourd’hui, deux types de blé sont produits : le blé dur, utilisé pour fabriquer de la semoule, des
pâtes ou des graines, et le blé tendre qui sert à faire de la farine pour le pain ou les produits de
biscuiterie. Et c’est sur ce dernier que portera cet article.

Cultivé depuis plus de 6000 ans, le blé tendre, encore appelé froment, joue un rôle indispensable
dans l’alimentation humaine et animale. Mais nous ne pouvons parler de culture, sans évoquer la
protection des plantes contre les bio agresseurs. , Dde ce fait, pour répondre aux enjeux de la
durabilité, nous nous sommes intéressés à une des différentes alternatives proposées : le bio
contrôle.

Le blé, culture cruciale en France.

Etant aujourd’hui l’une des céréales les plus cultivées et les plus consommées en France grâce à ses
nombreux débouchés, le blé s’avère être indispensable à la population pour sa sécurité alimentaire.

En effet, d’après France Agrimer, sur le marché intérieur, on distingue deux principaux usages :

• 59 % en moyenne sur les campagnes 2014/2015 à 2018/2019 destinés à l’alimentation humaines


et industrielles.

• Les autres utilisations, dominées par l’alimentation pour le bétail; cette dernière pèse pour 80 %
dans les autres utilisations en moyenne sur les campagnes 2014/2015 à 2018/2019.

À noter que la très grande majorité du blé tendre consommé en France est également produite sur le
territoire en France. En effet, les importations françaises de blé tendre ne représentent en moyenne
que 2 % de la production sur les cinq dernières campagnes 1.

De plus, sa culture représente 30% de la zone arable., Een 2017, 5,2 millions d’hectares étaient
consacrés à la culture du blé tendre et historiquement, la France est le premier producteur et
exportateur de blé tendre en Union Européenne. Le rendement moyen en blé en 2016 était de 49
q/ha avec un objectif de campagne en 2016/2017 d’atteindre les 10 millions de tonnes à
l’exportation2.

Etre parmi les premiers producteurs de céréales a aussi fait deque la France un des soit parmi les plus
grands utilisateurs de produits phytosanitaires : elle a été considérée comme le premier pays
consommateur de pesticides en Europe en 2009 3. Même si depuis 1999, les quantités vendues de
produits phytopharmaceutiques ont diminué de 54 % et depuis 2008 elles ont baissé de 29,5 %, en
2021, on a constaté une augmentation des volumes de matières actives, en progression de +7,9 %
par rapport à 2020, avec 55 389 tonnes de matières actives vendues par les entreprises de la
protection des cultures aux distributeurs 4.
1
France Agrimer, Blé tendre fiche filière,
https://www.franceagrimer.fr/fam/content/download/63215/document/FICHE%20FILIERE%20BLE
%20TENDRE.pdf?version=1 [En ligne]. Consulté le 23/01/2023.
2
Agrici’Notes, tout savoir sur le blé, http://blog.agriconomie.com/tout-savoir-sur-le-ble/ [En ligne]. Consulté le
23/01/2023.
3
Blaise MAO, Fruits, légumes et céréales : toujours plus de pesticides en France,
https://www.geo.fr/environnement/pesticides-agriculture-fruits-consommation-44198 [En ligne]. Consulté le
01/02/2023.
4
Agridemain, Utilisation des pesticides utilisés,
https://agridemain.fr/evolution-des-pesticides-utilises/#:~:text=Pendant%20plus%20de%2020%20ans,baiss
Parlant du blé, en agriculture industrielle, on compte 25 situations où l’utilisation de produits
phytosanitaires est autorisée sur le blé (attaque de pucerons par exemple). Herbicides, insecticides,
fongicides : les céréaliers peuvent choisir parmi plus de 1700 produits toxiques. Cette situation fait du
blé la 4ème culture la plus consommatrice de pesticides (loin derrière la pomme de terre mais
proche du colza et de la betterave sucrière). 5

Ainsi, avec la place qu’il occupe, il faut assurer une production de qualité tout en prenant en compte
l’exploitation raisonnable des ressources et la préservation de l’environnement.

C’est dans cette optique que nous nous intéressons àest venue une des solutions qui a été va
identifié comme pouvant répondre à ces préoccupations: le biocontrôle.

Le biocontrôle, de quoi s’agit-il ?

Il regroupe un ensemble de méthodes naturelles pour la protection des plantes. Ainsi, il se base sur
des mécanismes naturels pour protéger la plante contre les bio-agresseurs, en utilisant les relations
naturelles qui existent entre les espèces pour protéger les cultures contre les bioagresseurs. Il
permet de préserver la biodiversité car il œuvre pour la gestion des équilibres des populations au lieu
de leur éradication.6

Les produits de bio contrôle sont à la mode ces derniers temps, avec le phénomène de transition
écologique agricole, et pourtant certains comme le Bacillus thuringiensis (Bt) sont apparus depuis
plus de 30ans7.

Ils comprennent quatre catégories :

 Les macroorganismes tels que les insectes, les acariens et les nématodes ; ils sont des
auxiliaires qui protègent la plante contre d’autres potentiels ennemis.
 Les micro-organismes comme les bactéries, les champignons ou les virus.
 Les médiateurs chimiques comme les phéromones
 Les substances naturelles d’origine animale ou végétale

Contrairement aux pesticides en conventionnels, le bio contrôle est plus utilisé en mode préventif
que curatif. , Een effet, pour de meilleurs résultats, ses produits doivent être employés de manière
précoce et en complément à d’autres outils comme la sélection variétale, les outils d’aide à la
décision, les bonnes pratiques agricoles et au cas échéant, les produits phyto sanitaires
conventionnels.

A ce jour, il existe une association, l’IBMA France qui est l’Association française des entreprises de
produits de biocontrôle. Elle a été créée en 1999 pour soutenir le développement de ces produits.
Ses adhérents représentent 90 % du marché de biocontrôle en France. Ce dernier représente plus de
12 % du marché de la protection des plantes. L’ambition de l’IBMA France est de passer le cap des 30

%C3%A9%20de%2029%2C5%20%25 [En ligne]. Consulté le 01/02/2023.


5
Greenpeace, Le blé, aussi populaire que toxique,
https://www.greenpeace.fr/ble-populaire-toxique/#:~:text=Herbicides%2C%20insecticides%2C%20fongicides
%20%3A%20les,et%20de%20la%20betterave%20sucri%C3%A8re). [En ligne]. Consulté le 01/02/2023.
6
Pascal Xicluna, Qu’est-ce que le biocontrôle ?, https://agriculture.gouv.fr/quest-ce-que-le-biocontrole [En
ligne]. Consulté le 30/01/2023.
7
Triple Performance, Bio contrôle, https://wiki.tripleperformance.fr/wiki/Biocontr%C3%B4le#cite_note-1 [En
ligne]. Consulté le 30/01/2023.
% d'ici 2030 et de couvrir plus de 50 % des usages avec au moins deux solutions de biocontrôle à
mode d'actions complémentaires par usage8.

Bio contrôle sur le blé tendre :

Comme toutes les cultures, le blé tendre aussi peut être confronté à des maladies comme : la
fusariose, la septoriose, la rouille (brune ou jaune), l’oïdium et le piétin-verse.

De ce faite, plusieurs études ont été réalisées afin de voir l’efficacité des produits de bio contrôle sur
cette culture :

Sur la septoriose et la fusariose par exemple, selon Didier LASSERRE des expérimentations sont faites
depuis trois ans par les partenaires du projet européen Innov.AR (Innovations en Agro écologie dans
l’espace du Rhin Supérieur) sur une dizaine de sites de part et d’autre du Rhin.

« Parmi les produits naturels testés, figurent des champignons, des bactéries, des algues et des
minéraux.

Sur septoriose, les résultats sont encourageants : en respectant les bonnes règles de conduite du blé
d’hiver pour minimiser les risques d’apparition de maladies, des produits naturels, associés ou non à
des fongicides de synthèse, prouvent leur efficacité. C’est le cas notamment du soufre, du
phosphonate de potassium et de certaines algues» 9.

A ce propos, la septoriose reste la cible prioritaire de la plupart des programmes de protection du blé
tendre., Dde cette manière, dans un essai mettant en jeu une variété de blé tendre sensible à cette
maladie, une modalité 100 % biocontrôle présente une efficacité visuelle équivalente à la modalité
fongicide standard : il s’agit du souffre, identifié depuis 2015 comme candidat intéressant.

Parallèlement, la liste biocontrôle s’est enrichi de nouvelles possibilités : certains phosphonates


(phosphites) de potassium ou de sodium y sont inclus car considérés comme des substances
naturelles d’origine minérale. Ces phosphonates agissent directement sur le champignon mais
également par stimulation des défenses naturelles. Ils ont démontré et confirmé en 2017 une activité
limitée mais significative contre la septoriose du blé.

Par conséquent, le soufre combiné au phosphonate a donné des résultats satisfaisants. ; Uun
mélange de doses réduites de soufre avec un phosphonate appliqué 4 fois présente, plus de 30 jours
après l’arrêt des traitements, une efficacité visuelle comparable à celle permise par une protection
conventionnelle standard.10

Notons que les produits de biocontroles sont classés selon leur cible et leur principe actif, ce dernier
sera formulé en substance commercialisée sous forme de poudre ou de suspension concentrée.

Par exemple, le Pythium oligandrum est un micro-organisme qui parasite des champignons
phytopathogénes tels que Fusarium graminearum, responsable de la fusariose du blé. Il est vendu
en poudre mouillable appelé POLYVERSUM, un fongicide qui a été testé par Arvalis et la Chambre
8
IBMA France, Bio contrôle, https://www.ibmafrance.com/biocontrole/ [En ligne]. Consulté le 30/01/2023
9
Didier LASSERRE, Maladies du blé : les produits de biocontrôle font leur preuve, https://www.arvalis.fr/infos-
techniques/maladies-du-ble-les-produits-de-biocontrole-font-leur-preuve, [En ligne]. Consulté le 30/01/2023.
10
Claude MAUMENE, Septoriose du blé : la bonne surprise du biocontrôle,
https://www.semencesdefrance.com/actualite-semences-de-france/septoriose-ble-bonne-surprise-
biocontrole/#:~:text=Dans%20un%20essai%20mettant%20en,de%20protection%20du%20bl
%C3%A9%20tendre. [En ligne]. Consulté le 31/01/2023
d’Agriculture du Nord Pas de Calais en 2016 combiné avec d’autres produits. Mais son apport est
jugé faible et variable qu’il soit utilisé seul ou associé à d’autres 11.

D’autres méthodes alternatives sont également explorées : parmi les microorganismes symbiotiques,
les champignons mycorhiziens arbusculaires (CMA) sont décrits comme de potentiels agents de lutte
contre les maladies des plantes. En effet, l’établissement de la symbiose mycorhizienne procure de
nombreux bénéfices à la plante hôte, dont une amélioration des nutritions hydrique et minérale mais
aussi une meilleure tolérance aux stress environnementaux comme les agents pathogènes. Ainsi, il a
été récemment montré que certains inoculums mycorhiziens à base de CMA pouvaient protéger le
blé contre l’oïdium en stimulant les réactions de défense de la plante par la mise en place d’une
résistance induite, MIR (Mycorrhiza Induced Resistance). 12

Intérêts et limites :

Le premier avantage du biocontrôle est qu’il permet de maintenir l’environnement en équilibre et


de préserver la biodiversité. En effet, le fait d’utiliser le mécanisme de certains organismes afin de
protéger les cultures contre d’autres permet d’une part de valoriser ces organismes et d’autre part
de laisser à chaque élément de la nature le soin de jouer son rôle. En plus de cela, ses produits
permettent de limiter la résistance des plantes aux produits phytosanitaires.

Cependant, à ce jour, peu de solutions de biocontrôle ont été trouvés, et ces dernières, employées
seules, ont une efficacité limitée. Ils doivent être combinés à d’autres moyens de lutte pour des
résultats optimaux. Aussi, ils agissent la plupart du temps plus en prévention, donc ils ne doivent pas
être utilisés que quand il y a problème. Cela a été confirmé par cet article qui dit que : « une analyse
attentive des solutions autorisées en grandes cultures montre une gamme plutôt étroite, qui se
résume à une trentaine de substances ou d’agents de biocontrôle, soit 3 à 8 seulement par groupe
de cultures, dont la plupart sont acceptés en agriculture biologique. Loin de couvrir les principales
cibles des grandes cultures (adventices, ravageurs et maladies), des impasses majeures sont aussi
constatées : trop peu de préconisations sur la septoriose ou la fusariose du blé, et rien sur les
rouilles. De plus, ces solutions ne présentent pas toutes des efficacités satisfaisantes ou régulières,
même combinées avec d’autres moyens de protection. »13

Néanmoins, le biocontrole n’est qu’à ses débuts, avec plus de recherches et plus d’améliorations, il
arrivera un jour à être plus efficace. Bien que cela demande du temps, il y beaucoup d’espoir.

11
Triple Performance, Application de Pythium oligandrum contre le fusarium du blé,
https://wiki.tripleperformance.fr/wiki/Application_de_Pythium_oligandrum_contre_le_fusarium_du_bl
%C3%A9 [En ligne]. Consulté le 31/01/2023.

12
RAOUANI Nour El Houda, Criblage de molécules et de champignons pour le biocontrôle de l’oïdium du blé :
sélection d’un chito-oligosaccharide et d’un champignon mycorhizien à arbuscules, application combinée et
mécanismes de défense induits, 238p, Thèse de doctorat, Calais, Université Du Littoral Côte D’Opale : 2021

13
LE DOSSIER Biocontrôle, BIOCONTRÔLE EN GRANDES CULTURES ENCORE PEU DE SOLUTIONS mais de
nombreux espoirs, https://ecophytopic.fr/sites/default/files/2021-03/2018_09_PA458_44_Biocontrole_GC.pdf
[En ligne]. Consulté le 05/02/2023.

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