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Agriculture biologique

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Publié par: 22 février


LVDP 2016

Des champignons comme alternative pour fertiliser les plantes.

L’usage des éléments vivants tels les bio-fertilisants mycorhiziens pour accroître la
production agricole, était au menu d’un symposium international tenu récemment à
Yaoundé dans l’optique de promouvoir une agriculture saine et durable.

La recherche est formelle: on peut bien produire et accroître les rendements agricoles
en utilisant autre chose que les engrais chimiques, pour stimuler la croissance des
végétaux.
Des espèces vivantes appelées champignons mycorhiziens ont été expérimentées avec
succès comme fertilisants naturels. Ces êtres microscopiques recueillis, conditionnés
dans du substrat en terre et appliqués sur les plantes s’avèrent aussi efficaces que
n’importe quel autre engrais, et bien plus, ils permettent en outre à la plante de résister
aux attaques de certains ravageurs. Telle est la substance des arguments développés par
une demi-douzaine de chercheurs conduits par le Professeur Dieudonné Nwaga, du
Laboratoire de biotechnologie des sols à la Faculté des sciences de l’université de
Yaoundé 1.

Produire sans détruire


Lors du symposium intitulé Africa bio forum, organisé le 15 décembre 2014 à Yaoundé
par la Fédération africaine d’agriculture biologique (Faab), les chercheurs se sont
déployés pour défendre ce que d’aucuns considèrent déjà comme l’alternative la plus
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viable pour développer l’agriculture sans détruire la terre.
Eco agriculture, agriculture biologique ou agriculture naturelle sont autant de termes
qui ont émaillé les échanges. Ces concepts qui se rejoignent dans la pratique, font
actuellement recette auprès de tous ceux qui partagent l’idéal ou l’idée d’une agriculture
respectueuse de l’environnement, de la qualité des aliments et de la santé des
agriculteurs.

«L’intérêt est de passer d’une agriculture polluante à une agriculture plus saine.»
explique le Pr Nwaga. S’inscrivant en faux contre ceux qui ont tendance à associer
l’agriculture biologique à une production peu abondante et des produits chétifs qui ne
paient pas de mine, il assure que cette agriculture est capable de fournir des produits en
quantité et en qualité pour assurer la sécurité alimentaire en Afrique et au Cameroun.
Toutefois, reconnaît le chercheur: «Le lobby agrochimique est suffisamment fort pour
ne pas laisser libre cours à une politique de promotion de l’agriculture écologique. Mais
nous avons le devoir de développer des aliments de qualité pour nos populations.»
Meilleur rendement
La santé des plantes est garantie avec l’usage des fertilisants mycorhiziens, renchérit
Marie Ngo Baneg, responsable de production des bio-fertilisants mycorhiziens au
Réseau africain des forêts modèles. «Un plant mycorhizé supporte mieux la sécheresse.
Les mycorhizes l’aident à mieux retenir l’eau pour lutter contre le stress hydrique et
même contre les nématodes à galle.» insinue-t-elle, en précisant que les traitements
chimiques sont prohibés dans les champs fertilisés aux mycorhizes. En effet, les
champignons, individus vivants, meurent au contact des produits chimiques.

Pour expliquer l’action des champignons mycorhiziens dans le sol, la jeune chercheur
relève que le phosphore emprisonné dans le sol est de 20 fois plus important. Après
l’application des bio-fertilisants, les mycorhizes s’agrippent à la racine de la plante et
l’aident à libérer et à absorber en quantité suffisante le phosphore et d’autres éléments
minéraux comme l’azote et le zinc séquestrés par les sols acides.

D’après elle, en associant au bio-fertilisant mycorhizien un bio-pesticide (voir en pages


suivantes quelques process de fabrication d’insecticides et de fongicides naturels) pour
lutter contre les pestes et tout ce qui vient s’attaquer à la tige et aux feuilles, on est sûr
d’avoir le meilleur de la plante en termes de résistance et de rendements.
Cependant, prévient Marie Ngo Baneg, la production de bio-fertilisants mycorhiziens
tout comme d’ailleurs celle des engrais conventionnels, n’est pas à la portée des
agriculteurs: «C’est tout un processus qui demande des connaissances scientifiques
précises à la base, puis le suivi des étapes d’analyses spécifiques qui ne sont possibles
qu’en laboratoire.»

Au Cameroun, mises à part quelques initiatives privées, les producteurs de bio-


fertilisants ne courent pas encore les rues. Idem pour les producteurs de semences et
autres intrants biologiques. Le chemin vers une agriculture biologique de masse paraît
encore long. Mais pas insurmontable.
Marie Pauline Voufo

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« Les bio-fertilisants mycorhiziens augmentent le rendement des cultures
de 50% à 200% »

Pr Dieudonné Nwaga, Maître de


conférences, Centre de
biotechnologie-Université de Yaoundé I

“ Non ! L’agriculture bio, ne veut pas dire des produits rabougris et chétifs, sous
prétexte que le sol est pauvre parce qu’on y a rien mis. Les produits biologiques peuvent
être aussi fermes et consistants.

En Afrique subsaharienne, il y a un problème d’infertilité des sols due à leur acidité.


Principalement au Cameroun, plus de 70% des sols sont acides, surtout dans la zone
forestière. Pour s’en sortir, la plupart des producteurs pratique l’agriculture itinérante
sur brûlis. Mais elle dégrade le sol, décimant les micro-organismes et les champignons
protecteurs qui s’y trouvent.

Au lieu de recourir aux engrais chimiques chers et nocifs pour amender les sols, on peut
utiliser des fertilisants naturels. Le compost est une alternative, mais il bute sur
l’obstacle des quantités importantes à appliquer sur les grandes surfaces.

Quant aux bio-fertilisants mycorhiziens, ils s’utilisent en petites quantités. Leur


application permettrait de réduire le coût de production et d’augmenter les rendements
des cultures de 50% à 200% selon les espèces culturales.
Pour produire le coton par exemple, la protection chimique atteint souvent 40% du
coût de production, alors qu’en utilisant le bio, le coût de production peut baisser à 10%
pour un rendement identique sinon meilleur.

Le Cameroun importe par an plus de 60 milliards de Fcfa d’engrais chimiques nocifs à


terme pour le sol. Pourtant, le sol est une richesse qu’il faut préserver. La nécessité d’un
lobbying autour de cette question s’impose auprès des décideurs afin qu’ils
comprennent l’intérêt de valoriser nos ressources naturelles.

Les bio-fertilisants mycorhiziens sont des produits recommandés par le comité


camerounais de bio-sciences depuis 2001. Il faut qu’on en arrive à promouvoir les
structures qui les produisent ainsi que celles qui peuvent produire les bio-pesticides et
les semences biologiques et les vulgariser auprès des utilisateurs.»
Propos recueillis par Marie Pauline Voufo

L’année académique 2020-2021 s’ouvre à l’Université Evangélique (UEC) du Cameroun


à Bandjoun par le lancement de la formation des conseillers agropastoraux en
agroécologie et

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