Vulnérabilités Urbaines FICH’ID

VULNÉRABILITÉS
URBAINES
JUILLET 2021

MOTS CLÉS : ADAPTATION, VULNERABILITE, URBAIN, VILLES, RISQUES, ILOTS DE CHALEUR, VAGUES DE CHALEUR, ALBEDO, INONDATION,
RUISSELLEMENT, RÉSEAUX, TOPOGRAPHIE.

En centre-ville, entre
Les deux principaux aléas en milieux urbains sont :

70 95 %
EN CHIFFRES

Les vagues de chaleur amplifiées par les phénomènes d’îlots de

chaleur urbains1. et

Les inondations aggravées par le ruissellement de l’eau sur des de l’eau tombée va ruisseler
vers d’autres surfaces
sols imperméabilisés.

Lors de la canicule en 2003, une Sur un sol terreux le ruissellement

Près de différence de ne concerne que

80 %
des Français vivent en
+10°C
entre Paris et ses alentours a été
2 %
des quantités
milieu urbain2. observée. d’eau

Quels facteurs territoriaux influencent L’EXEMPLE DE MEXICO4

la vulnérabilité du territoire ?
LA FORMATION D’ÎLOTS DE CHALEUR URBAIN 
LA TOPOGRAPHIE
Le relief, l’altitude, la forme du territoire sont des éléments qui in-
fluent sur la vulnérabilité. La topographie conditionne la circulation
de l’air et joue sur la formation d’îlots de chaleur urbain, en créant
parfois des micro-climats.
Cette topographie modifie également l’écoulement de l’eau. Son
étude permet de différencier les bâtiments situés en haut d’une pente
de ceux situés en bas, plus vulnérables dans le cas d’une inondation.
Une étude de la météorologie et de la topographie du territoire
permet de mieux appréhender l’impact de ses caractéristiques
physiques sur la vulnérabilité des bâtiments.
Le schéma ci-contre représente un modèle de la circulation
des vents dans la ville de Mexico. Un écoulement en direc-
tion du bassin dans le sens inverse de la circulation du vent
produit une convergence (en rose) dans la métropole.  Cet
écoulement produit une augmentation de la température
et de la concentration d’ozone. Le relief est ainsi responsable
de la formation d’un microclimat plus chaud, qui aggrave les
conséquences du dérèglement climatique.

1 - Phénomène caractérisé par une augmentation de la température en ville par

rapport aux milieux ruraux environnants, en particulier la nuit.
2 - Statista, Part de la population urbaine dans la population totale en France de
2005 à 2019.
3 - Grand Lyon, Projet Ville Perméable.
Circulation de l’air à Mexico, OMM, 2009
4 - Organisation Météorologique Mondiale, Temps, climat et qualité de l’air à Mexico. 1
 Vulnérabilités Urbaines

L’IMPLANTATION DES BÂTIMENTS

Comme pour le relief, la façon dont les bâtiments et infrastructures sont disposés dans la ville conditionne l’écoulement de l’air. Cette
disposition influe aussi sur la proportion des zones ensoleillées en créant des espaces ombragés. Des formes urbaines, qui interagissent
ainsi avec le climat des villes, sont :
- La hauteur et l’espacement entre les bâtiments. Ils conditionnent la ventilation dans les rues en bloquant le déplacement de l’air.
- L’orientation des rues. La ventilation dans la ville dépend de la position des bâtiments par rapport aux vents dominants. Une bonne
pratique est de privilégier une disposition des bâtiments en quinconce comme illustré sur ce schéma :

Les perturbations de la circulation des masses d’air induites par la morphologie de la ville, ont également des conséquences sur les régimes de
précipitation. Les zones de convergences ainsi créées sont susceptibles d’éclater et de provoquer des orages parfois violents, surtout en été.

LES RUES EN CANYON

Les rues en canyons sont le reflet exacerbé de cette

problématique morphologique.
Elles se caractérisent par un faible facteur de vue du ciel
c’est-à-dire, une faible portion du ciel observable en levant
la tête depuis le point considéré.
Dans ces rues, l’air, la pollution et le rayonnement solaire
se retrouvent piégés entre les bâtiments. Ceci a pour effet
d’augmenter la température locale comme illustré sur le
schéma à droite

Schéma d’une rue en canyon, IAU IDF, 2010

LA NATURE DES SURFACES

La nature des surfaces influent sur le phénomène d’îlot de chaleur urbain via :
- L’albedo : Plus la couleur des matériaux est claire, plus les rayonnements sont réfléchis. Ainsi, il n’y a pas d’accumulation de chaleur dans
le matériau (cf les schémas en bas de la page).
- La minéralisation du sol : Les matériaux minéraux (pierre, bitumes, béton), favorisent le réchauffement des surfaces et donc de l’air am-
biant. A contrario, la présence de végétation contribue à l’amélioration de la qualité thermique grâce à l’évapotranspiration et l’ombrage.

2
 Vulnérabilités Urbaines
LE DÉGAGEMENT DE CHALEUR ISSU
DES ACTIVITÉS HUMAINES.
L’inconfort thermique en milieu urbain est aggravé par le dégagement
de chaleur issu des activités humaines. Les principaux facteurs sont :
- Les moteurs thermiques : les déplacements motorisés impactent
la vulnérabilité ce qui conduit à examiner nos choix en termes
de mobilité ;
- La présence d’activités industrielles : qui ont également un
impact sanitaire si, lors d’une catastrophe, un système assurant
le stockage des polluants est endommagé ;
- L’utilisation de la climatisation : les appareils de cuisson et l’élec-
tricité spécifique ce qui revient à analyser nos habitudes de
consommations individuelles qui fragilisent la ville que l’on habite.
LE BRUIT ET LA QUALITÉ DE L’AIR
Dans certains cas, la pollution de l’air et les nuisances sonores peuvent
provoquer une impossibilité de ventiler naturellement l’habitat, à
cause d’une gêne trop importante à l’ouverture des fenêtres. Ceci
est particulièrement impactant en ville où ces problématiques sont
les plus présentes et où le phénomène d’ICU réchauffe le territoire.
Ces deux phénomènes peuvent être rattachés aux choix de mobili-
tés à l’échelle du territoire (moteurs thermiques) et inter-territoires
(principalement du fait de l’aviation).
L’HYPER-CONCENTRATION DU BÂTI
La proximité entre les bâtiments et leur hauteur aggravent les risques
d’effets en cascade : le fait que les dommages sur une infrastructure
se répercutent sur les bâtiments environnants. Il est ainsi important
de prendre en compte la fragilité des infrastructures voisines.
Cette hyper-concentration du bâti va de pair avec une forte densité
de population. Ceci implique plus de victimes potentielles en cas
de catastrophe et une plus grande compétition pour l’accès aux
ressources (comme l’eau ou la nourriture dont elles sont davantage
éloignées de la source d’approvisionnement).
Ainsi, il y a un véritable enjeu à trouver un compromis en ville entre
l’espace dédié à la végétation, la compacité et l’étalement urbain
Dans ce contexte, une stratégie de mise en place de Trames Vertes
et Bleues Urbaines, a un impact important sur la résilience des
milieux urbains.
LA CLIMATISATION, UNE BOUCLE
DE RÉTROACTION NÉGATIVE
Selon Météo France, le parc de systèmes de refroidissement
provoque déjà une augmentation locale de la température
nocturne dans les rues allant jusqu’à 1°C. Le projet CLIM2
révèle qu’un doublement de la puissance globale de la
climatisation résulterait d’une augmentation de la tempé-
rature nocturne jusqu’à 3°C. Ceci pourrait inciter à recourir
à davantage de climatisation, provoquant une boucle de
rétroaction négative :
EMISSIONS DE AUGMENTATION
GAZ À EFFET DE DE LA RECOURS À LA
SERRE TEMPÉRATURE CLIMATISATION
LES CONSÉQUENCES DE LA PERTE DE BIODIVERSITÉ
Les villes sont traditionnellement construites de sorte qu’elles ne
laissent pas ou peu de place à la biodiversité à cause d’une forte
artificialisation du sol.
Cette artificialisation compromet la continuité des services écosys-
témiques essentiels, comme :
- L’absorption des eaux, par infiltration dans le sol ;
- La lutte contre les îlots de chaleur urbains ;
- Le stockage carbone ;
- Les services socio-culturels, qui renvoient aux aspects esthétiques,
récréatifs, éducatifs et liés au bien-être.
De plus, la disparition des espèces indigènes en ville a pour consé-
quence de favoriser la prolifération d’espèces nuisibles ou exotiques
envahissantes. Cette prolifération est exacerbée par l’augmentation
de la température qui bénéficie à ces espèces. Ces changements
présentent des risques sanitaires importants : les rats contribuent
au développement de maladies, le moustique tigre augmente le
risque de contracter le paludisme, etc. Dans ce contexte, le milieu
urbain peut également devenir un vivier pour ces espèces qui iront
plus facilement proliférer dans les milieux périurbains puis ruraux.
Enfin, les mêmes politiques hygiénistes qui ont favorisées la ma-
cadamisation du sol au XIXème siècle, ont également amenées les
aménageurs à chasser l’eau de la ville. Cette perte de l’eau en ville
impacte fortement les possibilités de rafraîchissement.
3
 Vulnérabilités Urbaines

Quels enjeux en milieu Enjeux économiques

urbain pour les réseaux ? et sociaux propres
à ce milieu
Les réseaux sont un enjeu pour une résilience fonctionnelle des
bâtiments. Ils sont, tout comme le reste des infrastructures, sus-
ceptibles d’être endommagés par des aléas climatiques. La chaleur CONCENTRATION DES FONCTIONS ÉCONOMIQUES
peut causer la fonte où l’éclatement des routes et canalisations.
La concentration des sièges économiques en milieu urbain fragilise
Ils peuvent également être sujets à des impacts plus complexes,
le territoire entier en cas de catastrophes climatiques. En effet, une
comme des effets en cascade, liés aux interactions possibles entre
destruction de certains locaux ou de certains équipements, comme
les différentes structures.
les data centers, peut alors paralyser complétement une activité
économique, voire un pays.
INFRASTRUCTURES ROUTIÈRES
Les rues en ville sont souvent étroites et, en cas de catastrophe, des GHETTOÏSATION DES POPULATIONS PAUVRES
débris peuvent vite venir les encombrer. De plus, les routes peuvent
En ville, les îlots de pauvreté se concentrent dans les quartiers
rapidement être congestionnées. Ces deux constats jouent sur la
périphériques. Les milieux urbains sont marqués par des inégalités
vulnérabilité du milieu urbain car ils provoquent une latence plus
spatiales, d’accès aux services publics, à la culture et à l’emploi.
importante dans l’acheminement d’équipes de secours.
La pression immobilière pesant sur les grandes villes peut, en plus
DES RÉSEAUX D’ASSAINISSEMENT SOUS TENSION de créer ces inégalités spatiales, accentuer les problèmes liés à
la mobilité. En effet, le prix des logements en centre-ville rend
Un des défis importants en milieu urbain est lié à l’amplification de
souvent impossible la proximité entre le lieu de travail et le lieu de
l’intensité et de la fréquence des épisodes pluvieux et d’inondations.
l’habitation. Ceci a tendance à aggraver les risques de pollution, et
Les réseaux d’assainissements actuels ne sont pas dimensionnés
les autres vulnérabilités découlant de l’usage intensif des voitures
pour faire face à ces aléas. Ceci pourrait entraîner leur saturation.
sur un territoire.
Il y a un risque futur important de contamination des ressources
en eaux, si des dispositifs de traitements alternatifs ne sont pas
envisagés. Parmi les méthodes de traitements alternatifs envisa-
geables nous pouvons par exemple citer les bocages urbains ou INÉGALITÉS SOCIALES ET
les noues drainantes. VAGUES DE
CHALEUR
RÉSEAUX DE TÉLÉCOMMUNICATION
Le phénomène d’îlots de chaleur urbain est plus important
En ville, les réseaux de télécommunication peuvent eux aussi être
dans des espaces particulièrement bétonnés.
saturés. En cas de catastrophe, un des premiers réflexes des po-
Les conditions de vie des habitantes et habitants peuvent
tentielles victimes est de téléphoner à leurs proches. Toutefois,
aggraver les risques liés au changement climatique. Les
le nombre élevé d’appels déclenchés, surtout dans des milieux
logements surpeuplés et mal isolés, le peu d’espaces verts,
urbains denses, peut bloquer les réseaux de télécommunication.
les difficultés d’accès à l’eau pour certaines populations, les
Des appels essentiels (en particulier aux secours) pourraient alors
pollutions de l’eau et de l’air, les états de santé généraux dé-
ne pas être transmis.
gradés ou encore les mauvaises diffusions des informations
sur les bonnes pratiques pour se protéger lors des fortes
chaleurs, sont des facteurs qui augmentent la vulnérabilité
UNE climatique.

SURMORTALITÉ DE
+160% EN
SEINE-SAINT-DENIS
PENDANT LA
CANICULE DE 2003
(CONTRE 130% À PARIS) Une barre d’immeuble de Bagnolet en Seine-Saint-Denis (Vincent Isore)

4
 Vulnérabilités Urbaines

CONCLUSION
L’étude des critères territoriaux qui influencent la vulnérabilité d’un milieu urbain permet de dégager des axes pour s’orienter vers
une meilleur résilience de ces territoires. Pour bénéficier dans le futur de bien meilleures capacités d’adaptation, les villes doivent :
Faciliter la ventilation naturelle des rues tout en limitant l’artificialisation des sols ;
Mettre en place des actions de végétalisation ;
Travailler à réduire la sensibilité de leurs réseaux ;
Décloisonner les lieux de pouvoirs administratifs comme économiques tout en assurant une cohésion ainsi qu’une place centrale
à tous les habitantes et habitants.

RESSOURCES

IAU, Les îlots de chaleur urbains, répertoire de fiches
connaissances
ADEME, Guide de recommandations pour lutter contre
l’effet de chaleur urbain à destination des collectivités
territoriales
ADEME, Indicateurs de vulnérabilité d’un territoire au
changement climatique : recueil de littérature inter-
nationale
BRGM, Gestion des risques majeurs dans les villes euro-
péennes : Analyse des enjeux dans les villes, application
à la ville de Nice et comparaison avec les pratiques en
Italie et en Espagne
Notre affaire à tous, Un climat d’inégalités : Les impacts
inégaux du dérèglement climatique en France
HAL, Stella Tsoka. Relations entre morphologie urbaine,
microclimat et confort des piétons : application au
cas des écoquartiers. Architecture, aménagement de
l’espace. 2011. ffdumas-00762674
Météo France, Comment adapter le territoire parisien
aux futures canicules : Pistes et stratégies d’adaptation
au changement climatique
Mairie de Paris, Stratégie de résilience de Paris
Institut Véolia, INSTITUT VEOLIA VILLES RESILIENTES
OID, Guide des actions adaptatives au changement
climatique : Le bâtiment face aux aléas climatiques

A PROPOS

L’Observatoire de l’Immobilier Durable – OID – est l’espace d’échange indépendant du secteur immobilier sur
le développement durable et l’innovation. Penser l’immobilier responsable est la raison d’être de l’OID qui
rassemble plus de soixante-dix membres et partenaires parmi lesquels les leaders de l’immobilier tertiaire
en France sur toute sa chaîne de valeur. L’OID est une association qui participe activement à la montée en
puissance des thématiques ESG en France et à l’international.