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Les énergies

ESI Business School


M2
Les énergies
6 avril 2023

Séverine Michalak
Docteur en droit
Energies marines renouvelables
• Séance 1 La résistance des énergies fossiles : Échec de la transition
énergétique ?

• Séance 2 Objectif neutralité carbone 2050 ou la nécessité d’une transition


énergétique (TE) accélérée

• Séance 3 Les outils pour atteindre la neutralité carbone grâce à la TE

Plan des • Séance 4 L’électrification des usages et ses limites : analyse des vecteurs
énergétiques (électricité, hydrogène…) au regard du marché de l’électricité

séances • Séance 5 L’accélération de la TE par le droit

• Séance 6 L’accélération de la TE par le financement et les investissements

• Séance 7 Étude de cas


La résistance des énergies fossiles

I- Enjeux de pouvoir et de tensions du pétrole et du gaz

Plan de II- Enjeux de coopération

la séance 1
III- Faut-il attendre l’épuisement des réserves
d’hydrocarbures pour cesser de les exploiter ?
• Energie stockée dans le sous-sol sous forme d’hydrocarbures.
issus de la sédimentation de matière organique et sont enfouis
dans le sol depuis 100 à 300 millions d’années.

• Les ressources fossiles ne sont pas renouvelables à l’échelle


humaine de temps.

• La notion d’énergie fossile recouvre en particulier le pétrole, le


Energie charbon et le gaz naturel.

• L’énergie chimique potentielle contenue dans ces ressources


fossile permet, par combustion, de dégager une énergie utile pour le
transport, la production d’électricité, le chauffage.

• Pendant 200 ans, ce sont les combustibles fossiles qui ont


principalement fourni cette énergie, le pétrole, le charbon, le gaz
naturel.

• Les énergies fossiles sont aussi appelées énergies de stock


On distingue 3 grandes sources d’énergie fossile :

• le pétrole : issu de la sédimentation en milieu marin de matière organique


comme les algues et le plancton, matière qui se transforme en kérogène au
début de son enfouissement, sous l’effet de bactéries anaérobies (en milieu
privé d’oxygène).
Phénomème de pyrolyse: le kérogène se transforme ensuite partiellement
en pétrole dès 50°C à 60°C à une profondeur de 1 500 à 2 000 mètres.
Formation des
• le gaz naturel : principalement généré, comme le pétrole, par la
énergies sédimentation de matières organiques en milieu marin et transformation en
kérogène, mais à des températures et des pressions plus élevées.

fossiles • le charbon : issu d’un kérogène formé à partir de biomasse uniquement


végétale (arbres, fougères, etc.), plus fréquent dans les couches
sédimentaires terrestres. La pyrolyse de ce kérogène produit du charbon,
essentiellement constitué de carbone et pauvre en hydrogène.
Tous ces combustibles sont composés d’atomes de carbone et d’hydrogène
que l’on récupère sous forme gazeuse (méthane dans le gaz naturel), liquide
(pétrole) ou solide (charbon).
• par « source d'énergie » on entend une énergie naturellement
disponible et directement utilisable que l’on qualifie de « primaire » :
pétrole, charbon, gaz naturel, uranium, vent, hydraulique, biomasse,
rayonnement solaire ou encore géothermie.

• L’électricité n’est pas est une source d'énergie ou une énergie


primaire, mais plutôt une « énergie secondaire » ou un « vecteur
Energie énergétique ».

• L'électricité produite naturellement, comme les éclairs ou l'électricité


primaire statique, n’est pas utilisable en l’état. Elle ne peut pas être considérée
comme une source d'énergie.

et secondaire
• Elle est générée à partir de la transformation d’une source d’énergie au
moyen d’un système de conversion, par ex grâce à un convertisseur
turbine/dynamo qui transforme l’énergie calorifique contenue dans un
combustible (gaz, charbon, biomasse, uranium enrichi, etc.) en
électricité.
• 1ère source mondiale d’électricité

• Chine: 1er producteur de charbon au monde


Charbon 2ème: L’Inde

• Faible enjeu géopolitique: on ne se bat pas pour la


charbon comme pour le pétrole et le gaz
• On se bat grâce au pétrole qui alimente les machines de guerre

• On se bat pour le pétrole ou le gaz

Pétrole et gaz:
Pourquoi se bat-on pour le pétrole ou le gaz ?

Enjeu de
• Gisements limités, Réserves non certaines à 100%
guerre
• Localisation des gisements ne coïncide pas avec celle des pays
consommateurs, et c’est pourquoi ces derniers sont tentés
d'employer des moyens de pression puissants (militaires ou
économiques) pour avoir accès à ces ressources.
Conflits entre :

Enjeux de
Ceux qui possèdent les ressources et cherchent à assoir ou à
défendre leur suprémaDe, comme l’Arabie saoudite, leader de
tensions et l’OPEP et la Russie avec son gaz

conflits

Et ceux qui cherchent à réduire leur dépendance vis-à-vis de


l’étranger comme les États-Unis qui développent leur propre
industrie pétrolière et gazière depuis la crise de 2009, ou la Chine
qui cherche à assurer ses approvisionnements en s’implantant là
où se trouvent les réserves un peu partout dans le monde.
Découverte
du 1er puits
de pétrole les 2 graves
par Edwin Pacte de crises
Drake Quincy
Quelques dates pétrolières

dans l’histoire
1973 et
1859 1928 1945 1960
1979
du

pétrole Accords Création de


d’Achnacarry l’OPEP
- Anglo Iranian Oil Cie : maintenant BP

- Gulf Oil : qui fera plus tard partie de Chevron

- Royal Dutch Shell


Seven
- Standard Oil Cie of California ( SoCal maintenant Chevron)
- Standard Oil Cie of New Jersey (maintenant Esso, plus tard Exxon,
sisters maintenant fait partie d’Exxon Mobil)

- Standard Oil Cie of New York (Socony, plus tard Mobil, fait partie
d’Exxon Mobil)

- Texaco (fusionné plus tard avec Chevron)


Moyen-Orient, Russie, États-Unis : les plus grands producteurs de
pétrole et gaz depuis l’essor des hydrocarbures non conventionnels
aux États-Unis.

Gaz naturel: 2 principaux producteurs en 2021:


• États-Unis (23 % du total mondial)
Pays • Russie (17,4 %)
exportateurs • suivis par l'Iran, la Chine, le Qatar, le Canada et l'Australie.

de pétrole 1er exportateur de gaz: Russie, puis États-Unis (qui risquent de


devancer la Russie grâce au GNL)

et de gaz Pétrole: 1er producteur au monde: États-Unis


• depuis 2017 grâce à d’importants progrès technologiques ayant
permis l’extraction du pétrole non-conventionnel
• 1er exportateur: Arabie saoudite, puis Russie, mais Guerre en
Ukraine change la donne
L’UE importe 97% de son pétrole, 87% de son gaz et 44% de son charbon.

Pétrole en provenance de : Cette dépendance au pétrole russe


varie selon les pays :
• Russie
• Norvège - Finlande: 84 %
• Kazakhstan - Pologne: 69 %
• États-Unis - Allemagne: 34 %
• Arabie saoudite - France, pour laquelle la Russie n’est
• Nigéria que le 7e fournisseur: 8 %.
• Irak

Cette dépendance au gaz russe


varie selon les pays :

• - de 20% pour la France et l’Espagne,


Gaz en provenance de la qui ont diversifié leur approvisionnement
vers le GNL
Russie principalement : 45% • 55% pour l’Allemagne : 1er
consommateur de gaz au niveau
européen
• 100% pour les pays proches de la Russie
(Finlande, Estonie…) seulement
alimentés par gazoduc
• Mesures d’urgence prises dans le cadre de procédure accélérée
concernant le stockage de gaz obligatoire à 80% et 90% fin avril 2022.

• Règlement adopté fin juillet 2022 sur les engagements des États à
réduire la consommation de gaz de 15% et un règlement adopté fin
septembre sur la réduction d’électricité pendant les heures de pointe.
Mesures
• Un autre règlement relatif à la taxation des surprofits en différenciant
les surprofits réalisés par les producteurs de gaz et charbon (taxation à
d’urgence de 33%) et ceux réalisés par les producteurs infra-marginaux (nucléaire et
EnR) avec un plafonnement du prix payé à 180 euros/MWh.

l’UE • Plafonnement du prix de gaz

• Achats communs de gaz


Conventionnel/non-conventionnel

Le caractère « non-
conventionnel » Selon la composition de la roche:
ne distingue pas roche mère ou roche réservoir, les
le processus de formation du techniques employées pour
pétrole ou du gaz, mais la l’extraction du pétrole ou du gaz
composition de la roche dans ne sont pas les mêmes.
laquelle il se trouve
La
production
de pétrole
et de gaz
aux États-
Unis en
2022
Des pays producteurs vers les pays consommateurs

Pays consommateurs de pétrole Pays consommateurs de gaz

• 38% Asie-pacifique, dont la Chine : 16% • 27% Amérique du Nord

• 23,5% Amérique du Nord • 22,5% Asie-Pacifique

• 14,5% Europe • 14,4% Moyen-Orient

• 9,5% Moyen-Orient • 14,2% Europe

• 6% Amérique du sud et centrale • 14,1% CEI

• 4,5% CEI • 4% Afrique

• 4% Afrique • 3,8% Amérique du sud et centrale


Conflits sur les
Piraterie
voies de Gazoducs:
mari2me,détroit
transport Nordstream
d’Ormuz
Détroit
d’Ormuz:

Route
stratégique
du pétrole
Les acteurs du pétrole et du gaz

Place primordiale des États

- Application du droit international: principe de souveraineté permanente sur les ressources naturelles
- Rôles des compagnies nationales
- Investissement et réinvestissement de la rente
- Action militaire

Les compagnies pétrolières et gazières du secteur privé


Enjeux de conflits mais
aussi de coopération :

l’énergie rassemble
autant qu’elle divise.

https://youtu.be/tjRAwSSuj4k

• https://youtu.be/LQ8wZGghDm0


La question

des réserves
• La volatilité des prix des matières premières est la principale
préoccupation, l'incertitude à cet égard étant 12 fois plus grande
qu'en 2021.

• Incertitudes géopolitiques liées à l'interdépendance énergétique


et aux problèmes de sécurité.
L’édition 2022 de l’enquête

de suivi des enjeux • Manque de clarté et d'urgence quant à l’atteinte des


engagements sur le climat, l'abordabilité et la justice, malgré
l'élan suite à la COP 26.
énergétiques mondiaux a
• L'Amérique du Nord est l'exception avec la gestion du
révélé l'incertitude changement climatique en tête de liste des incertitudes. (à
nuancer)

croissante des dirigeants


• Pour la première fois, l'accès à l’énergie de qualité est
considéré comme une priorité d'action mondiale à travers toutes
les régions.
Quel futur pour les énergies fossiles ?

• Technologies CCUS (carbone Capture, Utilization and Storage) pour le charbon moins nocif ?

• Il existe actuellement près d’une vingtaine d’installations en service dans le monde, principalement en Amérique du
Nord pour les installations de pétrole, et devraient se développer en Chine.

• Leurs capacités de capture cumulées de CO2 s’élèvent à 33 millions de tonnes par an.

• S’y ajoutent 5 projets en construction (de 7 Mt CO2 de capacités de capture annuelle).

• Les principaux obstacles ne sont pas techniques mais politique et commerciale : or à côté de la Chine, seuls 5 pays
dans le monde disposent de réelles politiques de soutien à cette technologie (Canada, États-Unis, Japon, Norvège et
Royaume-Uni).
Bilan de la COP 27

Décisions prises à la COP 27:

• 1/ Elle appuie enfin la création d’un fonds pour es pertes et préjudices (loss & dammages);

• 2/ Elle souligne l’existence de différents droits fondamentaux sur lesquels s’appuie la justice climatique dont le droit à un
environnement sain;

• 3/ Elle retient la nécessité de continuer à œuvrer pour une juste transition

• A part ça, rien de remarquable : elle retient le rôle important de la science et elle maintient l’objectif de l’Accord de Paris de ne
pas dépasser 2• C.

• Elle s’engage à promouvoir les énergies « propres »…

• MAIS COP décevante dans la mesure où la cause première du CC n’est tjrs pas remise en question : les énergies fossiles,
qui ne sont mentionnées qu’une seule fois : pour encourager la sortie du charbon non compensé et les subventions inefficaces
aux fossiles, ce qui en soi ne signifie pas grand-chose.

Le retour du pétrole :

• https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/affaires-etrangeres/affaires-etrangeres-pad-du-samedi-25-juin-2022-
1566635
Rapport 2022 sur l'écart entre les besoins et les perspectives
en matière de réduction des émissions

• Le rapport montre que les engagements nationaux mis à jour depuis la


COP26, tenue en 2021 à Glasgow ne font qu'une différence négligeable
par rapport aux prévisions d'émissions pour 2030.
• Nous sommes par conséquent loin de l'objectif de l'accord de Paris, qui
est de limiter le réchauffement de la planète bien en dessous de 2°C, de
préférence d'1,5°C.
• Les politiques actuellement en place laissent présager une hausse des
températures de 2,8 °C d'ici la fin du siècle. La mise en œuvre des
engagements actuels ne permettra de réduire cette hausse qu'à 2,4-
2,6°C d'augmentation d'ici la fin du siècle, pour les engagements
conditionnels et inconditionnels respectivement.

• Selon le rapport, seule une transformation urgente à l'échelle du système


peut permettre de réaliser les énormes réductions nécessaires pour
limiter les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 : 45 % par
rapport aux projections fondées sur les politiques actuellement en place
pour atteindre 1,5 °C et 30 % pour atteindre 2 °C.
• Ce rapport explore en profondeur la manière de réaliser cette
transformation, en examinant les actions requises dans les secteurs de
l'approvisionnement en électricité, de l'industrie, des transports et des
bâtiments, ainsi que dans les systèmes alimentaire et financier.
• https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/40875/EGR2022
_KMFR.pdf?sequence=6&isAllowed=y
Déclaration de Lofoten

• La Déclaration Lofoten affirme qu’il est de la


responsabilité et du devoir moral des riches producteurs
de combustibles fossiles de donner l’exemple en mettant
fin rapidement au développement des combustibles
fossiles et de gérer le déclin de la production actuelle.

• Elle a été rédigée en août 2017 lors d’une rencontre


dans les îles Lofoten, en Norvège, réunissant un
groupe d’universitaires, d’analystes et de personnes
militantes, qui affirment qu’il est temps de limiter
l’expansion des industries pétrolière et gazière si l’on
espère atteindre les objectifs fixés lors du sommet sur le
climat tenu à Paris. Nous invitons les autres
organisations dans le monde à se joindre à l’appel.

• Pourquoi l’appelle-t-on « Déclaration Lofoten »?


L’industrie pétrolière exerce actuellement une
forte pression pour que les eaux entourant Lofoten soient
ouvertes au forage pétrolier – ce qui aurait un
effet dévastateur sur le climat, la collectivité locale et la
beauté naturelle de Lofoten – mais des
militants ont réussi à bloquer ces plans pendant des
années.

https://lofotendeclaration.org/fr/
Sortie du Traité sur la Charte de l’énergie

• Le traité sur la charte de l'énergie de 1998, qui compte une cinquantaine de signataires, dont des pays de l'Union
européenne, a été conçu pour protéger les entreprises du secteur de l'énergie en leur permettant de poursuivre les
gouvernements sur les politiques affectant leurs investissements.

• Mais ces dernières années, il a été utilisé pour contester des politiques exigeant la fermeture de centrales à
combustibles fossiles, ce qui a suscité des inquiétudes quant au fait qu'il constitue un obstacle à la lutte contre le
changement climatique.
• La France, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Pologne et l'Espagne ont déjà annoncé leur intention de quitter le traité, ce qui
accroît la pression sur Bruxelles pour coordonner un retrait à l'échelle de l'UE. L'Italie l'a quitté en 2016.

• Dans un document partagé avec les pays de l'UE et vu par Reuters, la Commission européenne a déclaré que l'option
"la plus adéquate" serait que l'UE et ses 27 États membres quittent le traité.

• Un retrait de l'UE et d'Euratom du traité sur la Charte de l'énergie semble inévitable", indique le document.

• Un porte-parole de la Commission européenne a confirmé que celle-ci recommanderait une sortie de l'UE et
présenterait cette suggestion aux diplomates des pays membres lors d'une réunion prochainement mi-février 2023.
Traité de non-prolifération des énergies fossiles

• L'initiative a été lancée par les députés européens Raphaël Glucksmann (groupe S&D) et Karima Delli (EELV) ainsi que
le Bourgmestre de Charleroi, Paul Magnette. La lettre est signée notamment par Yannick Jadot (EELV), Olivier Faure
(PS), Delphine Batho (EELV) ou encore les maires de Strasbourg, Jeanne Barseghian (PS) et de Grenoble Eric Piolle
(EELV).

• Les élus réclament également une législation "qui empêche le secteur financier européen de fournir des services
financiers à ce type de projet et aux entreprises qui ne renonceraient pas rapidement à développer ce type de projet
climaticide".

• Ils ont demandé également à Ursula von der Leyen de défendre publiquement l'idée de traité de non-prolifération des
énergies fossiles.

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