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J. Mathieu
To cite this article: J. Mathieu (1902) Du Choix Des Ciments Dans Les Travaux d'Aménagement
Des Chutes d'Eau, La Houille Blanche, 1:2, 29-32, DOI: 10.1051/lhb/1902011
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de la densité, d e la finesse d e m o u t u r e , d e la composition Acide sulfurique ... 0.26 à 1.78 0.55 à 3.70 2.10 à 3.56
Perte au feu » » 3.00 à 14.20 2.75 à 0.20
chimique ; des essais sur lâ confection des mortiers, sur la
Eléments non dosés
durée d e la prise, la déformation à froid et à c h a u d des et pertes 0.11 à 0.35
L e s ciments Portlands sont dits artificiels, naturels o u de tant d a n s l'exploitation des carrières q u e dans-la fabrication,
gi^appiers, suivant leur m o d e de fabrication. p o u r obtenir d e s produits réguliers. Certaines régions
L e s Portlands artificiels se préparent par d e u x procédés cependant, c o m m e celle d e Grenoble, sont spécialement
différents, m a i s ayant p o u r principe c o m m u n le m é l a n g e en favorisées sous le rapport d e l'homogénéité des b a n c s d'ex-
proportions voulues d'argile (silice, a l u m i n e , fer) et de traction et les usines r e n o m m é e s q u i les exploitent livrent
carbonate de chaux (contenant toujours u n p e u de magnésie des produits qui, par leurs excellentes qualités, se rappro-
et de sulfate). chent b e a u c o u p des Portlands artificiels.
D a n s le premier procédé, dit par voie h u m i d e , l'argile et S o u v e n t le ciment est u n sous-produit d e la fabrication
le carbonate d e c h a u x sont délayés e n boues claires et des c h a u x hydrauliques. Celles-ci s'obtiennent par la cuisson
mélangés suivant le rapport voulu dans des bassins d e des calcaires à indices faibles ; les roches cuites sont sou-
dosage. A v e c la pâte obtenue o n f o r m e des briquettes. D a n s mises à l'effusement par l'eau dont o n les arrose à la sortie
le second procédé, dit par voie sèche, les roches argileuses des fours; les parties les m o i n s argileuses s'effritent et
et calcaires sont pulvérisées séparément, puis les poudres t o m b e n t en p o u d r e qui, u n e fois blutée, constitue la chaux
ensuite mélangées e n proportions convenables sont h u m e c - hydraulique. L e s parties plus argileuses qui se trouvent
tées et avec la pâte o n f o r m e également des briquettes. irrégulièrement réparties d a n s la m a s s e , résistent à l'effu-
Q u e l q u e soit le procédé, les briquettes u n e fois sèches s e m e n t et constituent alors ce qu'on n o m m e les grappiers;
sont portées dans des fours o ù la cuisson est poussée jus- broyés à part, ils d o n n e n t le Ciment de grappiers. M a i s la
qu'au c o m m e n c e m e n t d e vitrification. C'est seulement à cuisson des calcaires à chaux doit être m o d é r é e , il e n
cette température q u e se forment les silicates et aluminates résulte q u e les grappiers, tout en renfermant les propor-
de chaux dont n o u s a v o n s v u , plus haut, le rôle. A p r è s tions voulues d'argile et d e c h a u x p o u r d o n n e r d u Portland,
cuisson, les briques sont broyées et la p o u d r e obtenue, contiennent d e la c h a u x libre qui n'a p u , faute d'une t e m -
finement tamisée. pérature assez élevée,
O n comprend que entrer en combinai-
cette fabrication arti- son. C'est là u n in-
ficielle, véritable in- convénient qui fait
dustrie c h i m i q u e , o ù des ciments d e grap-
les éléments consti- piers des produits
tutifs sont toujours dont l'emploi d a n s les
dosés avec soin, d o n n e grands travaux est
u n produit aussi voi- toujours sujet à cau-
sin q u e possible d e la tion.
perfection. Au-delà d'un indice
D a n s la catégorie d e o,65, lorsque les
des Portlands artifi- proportions d'argile
ciels, o n range sou- d a n s u n calcaire sont
vent, mais à tort, les 0
de 27 à 40 0, ce cal-
ciments de laitier ob- caire d o n n e d e s ci-
tenus par u n m é l a n g e m e n t s à prise rapide,
de laitier basique d e a u t r e m e n t dit des Ci-
haut fourneau, rendu ments prompts. L e u r
granuleuxparun brus- fabrication ressemble
C O N D U I T E D E CHAMP EN BÉTON A R M É
q u e refroidissement, b e a u c o u p à celle des
avec d e la chaux h y - ('SOCIÉTÉ HVDRO-KLECTRÏQUE DE FURE ET M ORGE)
ciments naturels à
draulique ; p e u d e lai- prise lente, avec cette
tiers sont propres à cette fabrication. L e s ciments ainsi différence toutefois, q u e la cuisson des roches à ciment
obtenus présentent u n e composition c h i m i q u e très variable p r o m p t est m o i n s forte. L e u r fabrication d e m a n d e des pré-
et leurs qualités s'en ressentent; ils n e parviennent pas à la cautions spéciales d a n s le détail desquelles n o u s n'avons pas
m ê m e dureté q u e les précédents. à entrer. C e s ciments sont caractérisés par u n e prise très
O n trouve d a n s la nature des gisements de carbonate d e rapide (entre 5 et 20 minutes) d u e à la grande proportion
chaux contenant d e l'argile en assez grande quantité.Quand d'alumine qu'ils contiennent, m a i s p a r u n e dureté finale
Y indice d e ces calcaires est compris entre o, 10 et o,5o, c'est- m o i n d r e q u e celle des Portlands. C'est grâce à cette rapidité
à-dire q u a n d la teneur en argile y varie d e b à 2 i % leur de prise qu'on les emploie a u x m o u l a g e s , en particulier a u x
cuisson m o d é r é e d o n n e des chaux plus o u m o i n s h y d r a u - conduites en ciment a r m é dont o n a construit d e si b e a u x
liques. Il faut u n e proportion de 21 à 27 % d'argile, soit spécimens, ces t e m p s passés, d a n s l'aménagement d e s
u n indice d e o,5o à o,65 p o u r arriver a u x ciments Port- chutes d'eau.
:
lands naturels qu 'on obtient en cuisant les roches d e cal- A u point d e v u e pratique, les ciments se classent p a r
caire argileux jusqu'à c o m m e n c e m e n t d e vitrification. ordre d e durée d e prise, car c'est elle qui, d a n s la plupart
M a l h e u r e u s e m e n t la composition c h i m i q u e d e ces gise- des cas, fixe le choix d u produit à e m p l o y e r p o u r u n travail
m e n t s n'est pas très constante et il faut des soins spéciaux déterminé.
LA HOUILLE BLANCHE 31
M a i s différentes causes influencent ces durées de prise et prise d a n s les limites voulues tout en a u g m e n t a n t encore la
peuvent g r a n d e m e n t t r o m p e r l'entrepreneur sur la qualité dureté des mortiers (1).
d u ciment, si celui-ci, c o m m e il le fait souvent à réception M a i s il n e faudrait pas exagérer l'addition d u sulfate d e
de la marchandise, se contente d'un essai de prise. c h a u x o u de chlorure d e calcium ; u n excès, déterminerait
A u n o m b r e de ces causes sont : la température de l'eau,du au contraire u n e prise rapide, amènerait le gonflement et
ciment, d u sable a u m o m e n t d u gâchage d u mortier ; la la destruction des mortiers. Certains Portlands contiennent
quantité d'eau e m p l o y é e p o u r ce g â c h a g e ; le m é l a n g e préa- naturellement d u sulfate de c h a u x ; il y a lieu de n'admettre
lable d u ciment avec d u sable h u m i d e . M a i s elles n'ont p a s q u e sous réserve ceux dans lesquels l'analyse décelie plus
u n e très grande importance pratique,-au point de vue de la de 2 ° / d'acide sulfurique; q u a n d m ê m e ils se c o m p o r t e -
0
solidité des mortiers et de leur dureté a u bout d'un certain raient bien à l'emploi, il faut craindre leur destruction a u
t e m p s ; d'ailleurs, toutes sont c o n n u e s et, e n certains cas bout d e quelque t e m p s .
m ê m e , mises à profit par les e m p l o y e u r s d e ciment.
D e toutes les causes qui modifient la prise d'un produit L a détermination d e la durée d e prise d'un ciment est
la plus dangereuse est la présence de la c h a u x libre d a n s ce u n essai nécessaire p o u r en apprécier la valeur, m a i s il
produit. A u contact de l'eau de gâchage, elle s'hydrate très n'est pas suffisant. Il faut qu'il soit complété par les essais
rapidement, avec élévation de température et a m è n e la soli- suivants qui ont u n e égale importance :
dification d u mortier avant q u e les réactions chimiques qui (a) Détermination de la finesse de m o u t u r e .
déterminent son durcissement, aient p u s'effectuer.Et,alors, (b) Détermination d u poids d u litre n o n tassé.
peu d e t e m p s après leur confection, o n voit les mortiers (c) Essai d e déformation à Peau froide ; les briquettes
fendiller, gonfler et ne plus offrir a u c u n e solidité. L a c h a u x d'essai étant i m m e r g é e s d a n s Peau pure 24 heures après
libre d a n s u n produit altère d o n c c o m p l è t e m e n t ses p r o - leur confection.
priétés et d i m i n u e toujours n o t a b l e m e n t sa résistance. (d) Essai d e déformation à P e a u c h a u d e , o u m i e u x et
Afin d'atténuer cette cause très fréquente, car tous les plus s i m p l e m e n t , a u bain d e chlorure d e calcium à 5 o gr,
ciments^à l'exception des Portlands artificiels très bien dosés, par litre.
contiennent d e la c h a u x libre e n plus o u m o i n s grande (e) Essai d e résistance à la traction à 7 et à 28 jours, d e
quantité, o n les laisse séjourner u n t e m p s qui varie de u n à briquettes de 5 centimètres carrés de section, en f o r m e de 8 :
0
six m o i s dans les silos, avant de les e m p l o y e r . S o u s l'action i°en ciment p u r ; 2 e n mortier c o m p o s é d e u n e partie
de la vapeur d'eau contenue dans l'atmosphère, cette c h a u x de ciment p o u r 3 d e sable n o r m a l (passé a u tamis d e
s'hydrate et alors ne présente plus d e danger à l'emploi des 144 mailles). N o u s conseillons d'employer p o u r ces essais,
mortiers. Ceci explique q u e le m ê m e ciment a u n e prise l'appareil représenté par la figure ci-contre (2).
bien plus lente après u n séjour en silos qu'au m o m e n t o ù il
APPAREIL MJCHAEUS
vient d'être fabriqué. M a i s il n e faudrait cependant p a s
croire q u e le silosage est en tout cas nécessaire et q u e
a priori u n ciment n o n silosé doit être refusé. U n produit
artificiel qui a été bien dosé o u celui qui a été obtenu par
la cuisson convenable de calcaires à indices choisis ne c o n -
tenant pas o u p e u d e c h a u x libre, n'a pas besoin ou^ d u
m o i n s , a très p e u besoin d e silo. Il est, d'ailleurs, évident
contrairement à ce q u e croient le plus grand n o m b r e des
entrepreneurs, qu'un ciment acquiérera d'autant plus d e
résistance qu'il lui aura fallu m o i n s d e silosage.
D a n s certaines circonstances o n peut avoir intérêt à
e m p l o y e r u n Portland d e très b o n n e qualité, m a i s dont la
durée de prise est trop courte p o u r permettre le gâchage et
la mise e n place d e grands cubes à la fois de mortiers o u
bétons. O n ralentit la prise d'un tel produit en y ajoutant,
(1) Lire l'ouvrage d e M . E . C A N D L O T , « Ciments et chaux hydrau-
suivant sa teneur e n alumine, d e i à 3 % d e sulfate d e
liques » ( B a u d r y et O , éditeurs, Paris, 1898). O n y trouvera u n e
chaux. C e sel,plus soluble q u e Paluminate de c h a u x . e m p ê c h e foule d e d o c u m e n t s très précieux, sur la fabrication, les propriétés
la cristallisation de ce dernier, laquelle n e peut c o m m e n c e r et r e m p l o i d e cesp roduits.
qu'après la cristallisation d u sulfate de chaux, et cela retarde (2) L'appareil se c o m p o s e essentiellement d e s leviers c o m b i n é s
la prise. L a prise d'un ciment qui se fait en 45', peut être L et L'; le levier supérieur oscille entre les butoirs K et B , et la
balance est équilibrée a u repos p a r le contrepoids m o b i l e J.
retardée de d e u x heures, par u n e addition de 2 % de sulfate
A u m o y e n d u volant R o n a m è n e les griffes G et G ' e n contact et
de chaux et sa résistance à l'arrachement s'en trouver aug- T o n y place les briquettes à r o m p r e N . L e seau Z o u le vase D plus
m e n t é e d e i5 à 20 °/.
0 léger — suivant la résistance d e s briquettes à r o m p r e — reçoivent la
A v e c u n e solution d e chlorure d e calcium o n obtient le grenaille d e p l o m b et lorsque la rupture d e la briquette se produit la
m ê m e résultat. Cette opération, exécutée p o u r la première v a n n e V se f e r m e par le c h o c d u seau sur le levier A . ~~ M est u n
-dispositif d e réglage d e la v a n n e . — O n pèse ensuite la grenaille p a r
fois en grand, sur les conseils de M . l'ingénieur E . Candlot la m é t h o d e d e la d o u b l e pesée à l'aide d e l'appareil l u i - m ê m e qui
lors d e la construction d'un fort d e la défense de L y o n , constitue u n e balance très sensible. Il suffit d e multiplier p a r io lë
est très pratique et lorsqu'elle est faite avec soin, retarde la poids trouvé p o u r avoir la-résistance p a r centimètre carré.
32 LA HOUILLE BLANCHE
U n ciment offrira toutes les garanties désirables lorsque L e m é l a n g e étant a g g l o m é r é , p a r pression, sous f o r m e d e petits
sa composition c h i m i q u e sera c o m p r i s e d a n s le tableau cylindres est d'abord desséché au four Perrot, d a n s u n e b r a s q u e d e
d o n n é plus haut, et q u e les essais auxquels il aura été c h a r b o n d e sucre, puis ensuite chauffé a u four électrique d a n s u n
creuset d e graphite. E n o p é r a n t p e n d a n t 10 m i n u t e s avec u n courant
s o u m i s auront d o n n é les résultats indiqués d a n s le tableau
d e 800 a m p è r e s sous 60 volts o n arrive à la fusion d u Tantale,
suivant : D a n s ces conditions le T a n t a l e offre u n aspect métallique brillant;
Résidu sur le tamis de 000 mailles... 0 °/ maximum.
sa cassure est cristalline. L a fonte o b t e n u e n e r e n f e r m a n t q u e
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