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Métallurgie extractive

de l’aluminium

par Philippe VOISIN


Ancien Ingénieur de la Société Aluminium Pechiney
Ingénieur de l’École Nationale Supérieure de la Métallurgie et de l’Industrie des Mines
de Nancy

1. Généralités................................................................................................. M 2 340 - 2
2. Minerais ...................................................................................................... — 3
3. Réduction électrolytique de l’aluminium.......................................... — 4
4. Fonderie d’aluminium de première fusion........................................ — 11
5. Raffinage de l’aluminium....................................................................... — 12
6. Fabrication de l’alumine ........................................................................ — 13
7. Préparation des produits fluorés......................................................... — 19
8. Autres procédés ....................................................................................... — 19
9. Aluminium de deuxième fusion ........................................................... — 21
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. M 2 340

es propriétés de l’aluminium (en particulier, légèreté, conductivité électrique,


L résistance à la corrosion et propriétés mécaniques), le développement de
ses alliages et les techniques de mise en forme ont donné accès pour ce métal
à de nombreux domaines d’utilisation dont les principaux sont : les transports,
l’emballage, la construction électrique et le bâtiment.
1 - 1992
M 2 340

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MÉTALLURGIE EXTRACTIVE DE L’ALUMINIUM _______________________________________________________________________________________________

1. Généralités dans les transports par fer (TGV) et routiers (citernes). Il ne rouille
pas, peut être moulé sous pression et forgé ; il s’usine facilement et
permet d’obtenir des profilés de section complexe par filage.
1.1 Aperçu historique ■ Emballages (boîtes pour boissons, aérosols, boîtes de conserve,
tubes souples, capsules de bouchage, emballages divers) :
En 1808, Davy obtient par action de l’arc électrique sur de l’alun, l’aluminium a l’avantage de s’emboutir, se filer et s’usiner facilement.
en présence de poudre de fer, un alliage métallique de fer et du métal Il a une grande aptitude à la décoration et est imperméable (gaz, eau,
mystérieux dont il soupçonne la présence dans l’alun et auquel il lumière). En feuille mince, il est associé à d’autres matériaux (films
donne le nom d’aluminium. En 1825, Œrsted réussit à isoler plastiques, papier) pour former des emballages composites.
l’aluminium, mais imparfaitement, et ne peut en déterminer les
caractéristiques. En 1827, Wöhler obtient, par action directe du ■ Construction électrique (câbles isolés, câbles nus,
potassium sur le chlorure d’aluminium, suffisamment de métal pur transformateurs) : à conditions équivalentes (c’est-à-dire même
pour en déterminer les propriétés physiques et chimiques. résistance électrique pour une même longueur), 1 kg d’aluminium
est équivalent à 2 kg de cuivre. Un gain de masse et une économie
En 1854, le Français H. Sainte-Claire Deville [1] reprend, en la de coût en résultent.
modifiant, la méthode de Wöhler : par action du sodium sur le
chlorure double d’aluminium et de sodium, il produit les premiers ■ Bâtiment (ossatures, bardages, toitures, menuiserie, huisserie,
kilogrammes de ce métal « aussi blanc que l’argent, malléable et panneaux décoratifs) : l’utilisation d’aluminium à la place d’acier
ductile au plus haut point, et plus léger que le verre ». (masse) et de bois permet des gains d’entretien, des possibilités de
Le procédé est breveté [2] et développé industriellement à formes complexes, des effets décoratifs.
l’usine de Salindres de la société Henry Merle (puis A. R. Pechiney). ■ Autres applications : l’aluminium a de nombreux autres usages
Il sera exploité jusqu’en 1889. ([Doc. M 2 340], tableau B).
C’est en 1886 qu’un nouveau procédé par électrolyse, imaginé
par H. Sainte-Claire Deville, fut mis au point simultanément en ■ Construction aéronautique : dès le début du développement de
France par Héroult [3] et aux États-Unis par Hall [4]. Le principe de l’aéronautisme, l’aluminium et ses alliages s’imposèrent comme les
la décomposition par électrolyse de l’alumine dissoute dans la cryo- matériaux de base indispensables pour la construction des appareils
lithe fondue (fluorure double de sodium et d’aluminium), breveté volants plus lourds que l’air. La mise au point par Wilm de l’alliage
par Héroult, est celui qui est encore utilisé aujourd’hui. duralumin (aluminium - cuivre - magnésium) permit un développe-
ment important (Bréguet 14 en France - Junkers J4 en Allemagne).
D’abord exploité à Neuhausen (Suisse) puis à Froges (Isère) avec Ces alliages furent peu à peu améliorés et d’autres alliages mis au
des cuves d’électrolyse de 4 000 A, ce procédé aura un essor point pour atteindre les caractéristiques physiques nécessaires aux
considérable : l’intensité du courant électrique sera portée à 20 000 A structures des avions modernes.
en 1920, 50 000 A en 1936, 100 000 A en 1950, 180 000 A en 1976
et 280 000 A en 1982. Actuellement, le pourcentage en masse des alliages d’aluminium
utilisés dans la construction des cellules d’avion est de 75 à 81 %
La contribution de la France au développement de l’industrie de (Airbus A310 : 76,5 % ; Boeing 767 : 81 % ; Mirage 2000 : 77 % ;
l’aluminium a été et reste primordiale. F 16 : 79 %).
Deux séries d’alliages se partagent le marché des alliages à
haute performance : la série 2000 (principal élément d’addition : le
1.2 Évolution de la production cuivre) et la série 7000 (principal élément d’addition : le zinc).
d’aluminium de première fusion
L’aluminium est un métal qui a eu un développement rapide et 1.4 Caractéristiques de la métallurgie
conserve encore aujourd’hui un taux de croissance appréciable de l’aluminium
(1 à 2 % par an). La production mondiale d’aluminium a évolué
comme suit :
1900 .............................................................................. 5 700 t 1.4.1 Descriptif sommaire du procédé
1910 .............................................................................. 44 350 t
1920 .............................................................................. 121 050 t Le seul procédé industriel est celui dérivant des découvertes de
1930 .............................................................................. 269 000 t Héroult et Hall en 1886. C’est une électrolyse ignée (§ 3) d’alumine
1940 .............................................................................. 807 200 t (§ 6) préalablement extraite de ses minerais (principalement
1950 .............................................................................. 1 507 000 t bauxites, § 6.2). Le bain d’électrolyse dissolvant l’alumine est le
1960 .............................................................................. 4 624 000 t fluorure double d’aluminium et de sodium fondu (cryolithe, § 7.2).
1970 ..............................................................................10 307 000 t La cathode est en carbone recouvert d’aluminium liquide produit et
1980 ..............................................................................15 990 000 t l’anode est en carbone. Un certain nombre d’impuretés (en
1989 ..............................................................................18 139 000 t particulier fer et silicium) contenues dans les matières premières ne
sont pas arrêtées par l’électrolyse ; elles ne peuvent être éliminées
Il est le métal non ferreux le plus largement utilisé. ultérieurement du métal que très difficilement. La pureté de l’alumine
La production des différents pays depuis 1980 est donnée en et des produits carbonés utilisés est donc très importante.
[Doc. M 2 340] (tableau A).

1.4.2 Données statistiques sur la production


1.3 Principales utilisations de l’aluminium et la consommation d’aluminium

■ Transports (structures, carrosseries, blocs-moteurs, roues, ■ Production d’aluminium de première fusion dans le monde
enjoliveurs, etc.) : par rapport aux autres métaux, l’aluminium ([Doc. M 2 340], tableau A).
permet un gain de masse qui en fait un produit de choix pour la ■ Répartition des consommations d’aluminium entre les différentes
construction aéronautique et fait réaliser des économies d’énergie utilisations en France et aux États-Unis ([Doc. M 2 340], tableau B).

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■ Consommation annuelle d’aluminium par habitant dans le


monde occidental ([Doc. M 2 340], tableau C). Tableau 1 – Minéraux contenant de l’aluminium
■ Catégories d’aluminium commercial non allié les plus courantes Masse
Al2O3 Dureté
(normalisation Aluminium Association) ([Doc. M 2 340], tableau D). volumique
Nom Formule
(échelle
(%) (103 kg/m3) Mohs)
1.5 Aluminium commercial et alliages Corindon Al2O3 100 4 9
Bœhmite Al2O3 , 1H2O 85 3 3,7
Les impuretés sont apportées normalement par les matières
premières et, accidentellement, par la cathode et les pattes en acier Diaspore Al2O3 , 1H2O 85 3,4 7
des éléments anodiques. Les impuretés principales sont le fer et le Gibbsite Al2O3 , 3H2O 65,4 2,4 3
silicium. Les autres impuretés les plus fréquentes sont le vanadium, Cyanite Al2O3 , SiO2 63 3,6 5
le cuivre, le zinc, le titane et le manganèse [Doc. M 2 340]. Andalou- Al2O3 , SiO2 63 3,1 7
L’aluminium à très haut titre (99,9 % et plus) est obtenu par site
raffinage de l’aluminium de première fusion (§ 3). Sillimanite Al2O3 , SiO2 63 3,2 7
À ces catégories s’ajoutent : Kaolinite Al2O3 , 2SiO2 , 39,5 2,6 1
— des catégories spéciales d’aluminium pur destinées à des 2H2O
applications pour lesquelles certaines caractéristiques sont plus
Albite Al2O3 , Na2O, 19,4 2,6 6
particulièrement importantes : conductivité électrique, isotropie,
6SiO2
grosseur de grains, etc. ;
— de nombreux alliages avec un ou plusieurs éléments. Ces Anorthite Al2O3 , CaO, 36,7 2,6 6
éléments les plus classiques sont le magnésium (G), le silicium (S), 2SiO2
le cuivre (U), le zinc (Z), le manganèse (M) et le titane (T).
Analcime Al2O3 , Na2O, 23,2 2,2 5
6SiO2 , 2H2O
L’emploi des désignations alphanumériques et numériques Leucite Al2O3 , K2O, 23,5 2,5 5
pour caractériser les alliages de fonderie et les alliages de 4SiO2
transformation est explicité dans les articles Données numéri-
ques sur l’aluminium et les alliages d’aluminium de transforma- Muscovite 3Al2O3 , K2O, 38,5 2,5 2
tion [M 443] [M 445] et Données numériques sur les alliages 6SiO2 , 2H2O
d’aluminium de moulage [M 449], dans ce traité. Néphéline Al2O3 , 34,2 2,6 5,6
(Na, K) O,
2SiO2
Alunite Al2 (SO4)3 , 37 2,7 3,6
1.6 Prix de l’aluminium K2SO4 ,
4Al (OH)3
Le prix est indiqué pour le lingot A 5. Il s’y ajoute des plus-values
de titre et de forme. Cryolithe AlF3 , 3NaF 24,3 3 2,5
Nota : lingot A 5 : lingot de 16 à 25 kg d’un métal titrant 99,5 % d’aluminium.
Le prix du lingot A 5 en France a évolué comme suit au cours
des dix dernières années : 2.1 Bauxites et latérites bauxitiques
1981.................................................................... 8 780 F/t
1984....................................................................13 100 F/t
■ Les bauxites sont situées principalement dans les pays bordant le
1987....................................................................13 100 F/t
nord de la Méditerranée (sud de la France, Yougoslavie, Grèce,
1990....................................................................12 290 F/t Turquie et Hongrie) ; les réserves exploitables sont faibles. De petites
Nota : depuis le début des années 80 la cotation de l’aluminium au LME (light metal quantités, mais de mauvaise qualité, se trouvent en URSS et aux
exchange ) à Londres sert de plus en plus de référence aux cotations commerciales.
États-Unis. On en trouve également en Chine.
Dans ces minerais, l’alumine se trouve sous forme généralement
de bœhmite ou de diaspore (Grèce et Chine) et combinée sous forme
2. Minerais de kaolinite. Les compositions de ces minerais sont comprises dans
les limites suivantes :
composant % sur produit sec
L’aluminium est le métal le plus abondant de l’écorce terrestre Al2O3 ....................................................................... 48 à 60
(8 %). Des concentrations importantes ont eu lieu dans certaines
zones (zone tropicale en particulier) et des minerais d’une teneur SiO2 ......................................................................... 3 à 7
en Al2 O3 variant de 20 à 65 % se sont formés. Le tableau 1 indique Fe2O3 ...................................................................... 15 à 23
les espèces minérales généralement contenues dans ces minerais TiO2 ......................................................................... 2 à 3
avec leur formule chimique et leurs caractéristiques physiques. CaO ......................................................................... 1 à 3
Les seuls minerais utilisés actuellement pour l’obtention de H2O (combinée) ..................................................... 10 à 14
l’alumine nécessaire à la production de l’aluminium par électrolyse
et pour la fabrication des produits fluorés sont : Ces bauxites contiennent également de petites quantités de zinc,
de vanadium, de carbone organique.
— les bauxites et les latérites bauxitiques qui contiennent la plus
grande partie de leur alumine sous forme de gibbsite, de bœhmite La plus grande partie des gisements de bauxite est exploitée en
ou de diaspore (mono ou trihydrates d’alumine) ; mines souterraines.
— des minerais riches en néphéline ;
— des minerais riches en alunite.
(0)

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■ Les latérites bauxitiques constituent les plus grandes réserves de


minerais. Les gisements sont en général très proches de la surface Remarque : les réserves mondiales connues de minerais
du sol et sont donc exploités à ciel ouvert. On les trouve dans les bauxitiques se répartissent ainsi dans le monde :
zones tropicales et équatoriales (Australie, Jamaïque, Guinée, Europe .................................................................... 6 %
Surinam). Amérique du Nord................................................ 3 %
Ces latérites bauxitiques contiennent généralement leur alumine Amériques centrale et Sud .................................. 20 %
libre sous forme de gibbsite ; cependant les formes monohydrate Afrique.................................................................... 33 %
et trihydrate peuvent exister simultanément (Boké en Guinée et
Weipa en Australie). Asie......................................................................... 5 %
Océanie .................................................................. 33 %
Ces minerais ont des compositions assez variables ; on peut les
séparer en deux groupes, ceux destinés à l’exportation, les plus Elles ne correspondent pas aux productions d’aluminium des
riches en alumine, et ceux traités sur place dans des usines locales. mêmes régions ([Doc. M 2 340], tableau A).
Pour les minerais du premier groupe, les compositions se situent
dans les fourchettes suivantes :
Al2 O3 ...................................................................... 54 à 61 %
Si O2 ........................................................................ 1 à 6 % 3. Réduction électrolytique
Fe2 O3 ..................................................................... 2 à 10 % de l’aluminium
TiO2 ......................................................................... 2 à 4 %
CaO ......................................................................... 0 à 1 %
3.1 Principes et notions théoriques
H2O combinée ....................................................... 20 à 28 %
Pour les latérites traitées sur place, les compositions sont :
de l’électrolyse
Al2 O3 ...................................................................... 35 à 45 %
3.1.1 Principes de base du procédé
SiO2 ......................................................................... 1 à 4 %
Fe2 O3 ..................................................................... 15 à 25 % L’alumine (§ 6) dissoute dans le bain d’électrolyse (§ 3.1.3) est
TiO2 ......................................................................... 2 à 3 % électrolysée vers 950 - 960 oC par passage du courant continu.
CaO ......................................................................... 0 à 1 % La réaction électrochimique principale se produisant dans la
H2O combinée ....................................................... 15 à 22 % cellule d’électrolyse est représentée par l’équation :
Les réserves connues et exploitables correspondent à une 2Al2O3 (solution) + 3C (solide) → 4Al (liquide) + 3CO2 (gaz)
vingtaine d’années suivant les besoins actuels (de l’ordre
de 95 millions de tonnes par an). avec l’aluminium allant se déposer au fond de la cellule (cathode).
Cependant, un peu de métal est dissous dans l’électrolyte et peut
être réoxydé par le CO2 formé à l’anode, suivant la réaction :
2Al (solution) + 3CO2 (gaz) → Al2O3 (solution) + 3CO (gaz)
2.2 Néphéline
Cette deuxième réaction a pour effets de diminuer le rendement
du courant, de générer du monoxyde de carbone dans les gaz
L’URSS ne possédant que peu de gisements de minerais bauxi- d’anode et d’augmenter la consommation de carbone par unité de
tiques produit une partie de son alumine à partir de minerai à base métal produit.
de néphéline. Ce composé provient d’un traitement par flottation du
Les phénomènes observés pendant l’électrolyse sont complexes
minerai exploité qui contient un mélange de néphéline et d’apatite.
et les théories ébauchées ont été nombreuses ; dans les paragraphes
La partie enrichie servant à la production d’alumine a la suivants, nous ne donnerons que quelques notions théoriques et
composition suivante : nous conseillons aux personnes intéressées de se reporter aux
Al2 O3 ..................................................................29 à 30 % ouvrages fondamentaux cités dans la bibliographie située dans la
Na2 O ....................................................................12 à 15 % fiche documentaire [Doc. M 2 340].
K2 O ...................................................................... 6 à 8 %
CaO ....................................................................... 1 à 3 % 3.1.2 Bilan matières
SiO2 ......................................................................42 à 44 %
Fe2 O3 ................................................................... 2 à 4 % Le bilan matières des cuves d’électrolyse en régime stabilisé
divers.................................................................... 1 à 2 % s’établit ainsi :
— entrées : alumine, carbone, composants de l’électrolyte ;
— sorties : métal produit, émissions de gaz de cuve épurés et
émissions directes de gaz de cuve ;
2.3 Autres minerais alumineux — produits recyclés : résidus de carbone (mégot d’anode) et bain
(électrolyte).
L’URSS traite également une petite quantité de minerai à base Les matières premières et les produits recyclés contiennent des
d’alunite. impuretés que l’on peut classer en deux catégories :
— celles contenant des éléments chimiques plus électropositifs
Pour économiser les réserves de minerais bauxitiques riches, des
que l’aluminium (Na, Ca, Li, Mg, K, etc.) qui s’accumulent dans le
pays industrialisés ont recherché sur leurs territoires des minerais
bain d’électrolyse, influent sur sa composition et peuvent conduire
d’aluminium qui seraient traitables par des procédés
à des réactions secondaires (§ 3.1.4) ;
hydrochimiques ; on peut citer en particulier les schistes et les argiles
— celles contenant des éléments chimiques moins électropositifs
qui constituent d’énormes réserves. Ces recherches n’ont pas abouti
que l’aluminium (Si, Fe, Mn, Ni, Zn, V, etc.) qui passent en totalité
sur des réalisations industrielles qui seraient économiques.
dans l’aluminium liquide.

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C e s i m p u r e t é s d é t e r m i n e n t o u i n fl u e n t s u r c e r t a i n e s ■ Fluorure d’aluminium : c’est le composant de l’électrolyte qui


caractéristiques du bain d’électrolyse et la pureté du métal produit : donne lieu à une consommation importante par suite de la formation
il est donc nécessaire de contrôler les matières premières, en de tétrafluoroaluminate de sodium très volatile et de la réaction
particulier celles consommées en grande quantité (alumine et d’hydrolyse :
carbone). 2Na3 AlF6 + 3H2O → Al2O3 + 6NaF + 6HF
Ces gaz sont récupérés efficacement dans les installations de
3.1.3 Alumine traitement des gaz de cuve. Le fluorure d’aluminium est produit
économiquement à l’échelle industrielle (§ 7.1).
La quasi-totalité de l’alumine métallurgique utilisée pour l’élec- ■ Fluorure de calcium : il représente 4 à 8 % en masse de
trolyse de l’aluminium est produite par le procédé Bayer (§ 6.2.2). l’électrolyte, a une pression de vapeur basse et est quasi inerte
Indépendamment de sa pureté, l’alumine a plusieurs caractéris- électrochimiquement dans la cuve à ces concentrations ; le calcium
tiques dans la conduite et la marche des cuves d’électrolyse : présent comme impureté dans l’alumine est en général suffisant
— isolation thermique pour minimiser les pertes thermiques ; pour maintenir la concentration désirée. Le fluorure de calcium existe
— couverture, au moins partielle, des anodes pour éviter leur à l’état naturel sous forme de cristaux de spath fluor.
combustion à l’air ; ■ Fluorure de magnésium : il peut être utilisé en petite quantité
— absorption des émissions de gaz fluorés. pour modifier la qualité de l’électrolyte.
Pour remplir ces différentes fonctions, il n’y a pas une spécifica- En général on ajoute dans le bain du carbonate de magnésium
tion idéale : chaque utilisateur imposera ses propres spécifications, et la réaction suivante a lieu :
en fonction de ses besoins, en précisant les limites admises pour
les facteurs suivants : 3MgCO3 + 2AlF3 → 3MgF2 + Al2 O3 + 3CO2
— pureté (totale et pour les principaux éléments) ;
■ Fluorure de lithium : il est introduit dans l’électrolyte sous forme
— distribution granulométrique ;
de carbonate de lithium, avec du fluorure d’aluminium ; la réaction
— surface spécifique ;
suivante se produit alors :
— perte au feu ;
— cristallinité. 3Li2 CO3 + 4AlF3 → 2Li3 AlF6 + 3CO2 + Al2 O3
Historiquement les alumines métallurgiques ont été classées en
■ Propriétés physico-chimiques des composants de l’électrolyte :
deux grandes catégories : alumines plâtreuses (floury ) et alumines
de très nombreuses études ont été faites sur les structures et sur les
fluentes (sandy ) dont les caractéristiques principales sont données
propriétés des sels fondus. Cependant, en raison de la complexité
dans le tableau 2. (0)
des phénomènes, aucune théorie rigoureuse n’a pu encore être
élaborée. On peut dire que la composition ionique du mélange fondu
3– –
Tableau 2 – Alumines plâtreuse et fluente cryolithe-alumine comprend les ions suivants : Na+, F –, AlF 6 , AlF 4
( 3x – 2y – z )
et Al x O y F z . Le fluorure de lithium a pour effet d’abaisser
α-Al2O3 Surface – 42 µm
Alumine Angle LOI (3) la température de fusion de l’électrolyte et de permettre ainsi un gain
(1) BET (2) (4)
type de talus d’énergie. Le fluorure d’aluminium a également pour effet
(%) (m2/g) (%) (%) l’abaissement de la température de fusion de l’électrolyte. Le fluorure
de calcium est, de fait, un constituant naturel du bain puisqu’il
Plâtreuse 75 à 90 5 40o 0,2 20 à 30
provient de l’oxyde de calcium présent comme impureté dans
Fluente 5 à 25 30 à 80 30o à 34o 0,8 à 3,0 4 à 20 l’alumine. Sa présence en quantité limitée (moins de 6 %) améliore
(1) Pourcentage d’alumine sous forme cristalline α. les caractéristiques du bain bien qu’il fasse augmenter sa densité. Le
(2) Surface d’une monocouche d’azote recouvrant toute la surface interne fluorure d’aluminium est présent dans l’électrolyte sous forme
(pores ouverts) du produit. complexe ; en présence d’un excès de AlF 3 par rapport à la
(3) Loss On Ignition perte au feu à 1 000 oC. composition cryolithique, il fait déplacer l’équilibre de la réaction de
(4) Dimension de la maille de tamis utilisée pour le contrôle de la granulo- dissociation partielle suivante :
métrie, la plus petite compatible avec un tamisage à sec (procédé
RO-TAP). 3– –
AlF 6 → AlF 4 + 2F –

par la réaction :
3.1.4 Électrolyte ou bain d’électrolyse –
AlF 3 + F – → AlF 4
Le bain d’électrolyse est constitué d’un fluorure de base et de deux Il diminue donc la concentration en ions F – et acidifie le bain.
additifs fluorés auxquels peuvent s’ajouter différents additifs pour L’addition de fluorure d’aluminium fait diminuer la densité de
en modifier les propriétés dans des buts bien précis. Le fluorure de l’électrolyte et réduire le dépôt de sodium à la cathode ; il abaisse
base est la cryolithe et les deux additifs sont le fluorure d’aluminium la température de solidification mais apporte un accroissement de
(AlF3 ) et le fluorure de calcium (CaF2). Les fluorures utilisés comme la tension de vapeur et une diminution de la conductivité électrique.
additifs complémentaires sont principalement le fluorure de lithium
et le fluorure de magnésium.
■ Cryolithe : c’est un fluorure double d’aluminium et de sodium 3.1.5 Anode et réactions anodiques
correspondant à la formule AlF3 , 3NaF. C’est le principal constituant
de tous les électrolytes (au moins 70 % en masse de l’électrolyte) et L’anode consommable est en carbone. Les matières généralement
il est essentiel pour la dissolution de l’alumine. Les ressources en utilisées pour préparer l’anode (§ 3.2.2) sont le coke de pétrole
cryolithe naturelle (Groenland) s’épuisant, on a de plus en plus calciné (ou le coke de brai) et le brai de houille (éventuellement
recours aux cryolithes artificielles (§ 7.2). certains brais de pétrole). Ces matières ont des spécifications
précises en ce qui concerne leur pureté et, pour le brai, ses propriétés
liantes.

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Les systèmes de captation des émissions de gaz de cuve entraînent Des réactions mineures peuvent également se produire mais sans
un flux d’air permanent au-dessus des anodes ; deux réactions incidence notable :
peuvent se produire :
4Al (solution) + 3CO2 → 2Al2 O3 + 3C
C + O2 → CO2
2C + O2 → 2CO Al4 C3 (solution) + 9CO2 → 2 Al2 O3 (dissous) + 12CO

À l’interface anodes-bain, deux réactions électrochimiques ont Des réactions sont liées à la solubilité du métal et du dioxyde de
lieu : carbone dans le bain, à l’agitation et au transfert de masse dans les
cuves industrielles résultant des forces magnétiques, du déga-
— l’une dominante : gement des gaz à l’anode et de la convection thermique.
2– –
4F – + Al 2 O 2 F 4 + C → 4e – + 2AlF 4 + CO 2 Le rendement en courant d’une cuve industrielle moderne est
de 93 à 96 %.
— l’autre secondaire : L’énergie totale nécessaire pour produire industriellement une
tonne d’aluminium avec des cuves modernes est de 13 000 kWh
2– –
4F – + Al 2 O 2 F 4 + 2C → 4e – + 2AlF 4 + 2CO dont 7 500 kWh correspondent à la chaleur produite par effet Joule
(ionique ou électronique).
Enfin, à l’intérieur des pores de l’anode à 950 oC, la réaction de L’énergie thermique totale disponible est utilisée à la
Boudouard CO 2 + C → 2CO dépend de la carboxyréactivité de compensation des pertes thermiques par rayonnement et par
l’anode. convection, à l’échauffement et à la dissolution (si nécessaire) des
■ Polarisation anodique : si la densité de courant critique (au-delà de matières premières telles que l’alumine et le fluorure d’aluminium,
laquelle le renouvellement en alumine à l’interface anodes-bain n’est à l’échauffement des anodes, aux pertes par les gaz de cuves, etc.
plus suffisant) est dépassée, le phénomène de polarisation anodique L’équilibre thermique de la cuve d’électrolyse s’établit aux
survient ; la dissociation de complexes normalement stables tels que environs de 950 oC.
– 2–
AlOF 2 ou Al 2 OF 6 s’accompagne d’une passivation du carbone
anodique et de la formation d’une pellicule de gaz isolant les anodes 3.1.8 Émissions des cuves d’électrolyse
du bain. La tension électrique aux bornes de la cuve peut alors
dépasser 30 V. Les gaz émis à l’anode entraînent des poussières et des matières
volatiles de produits fluorés. Ces gaz sont captés à leur émission
et épurés dans des centres de traitement.
3.1.6 Cathode et réactions cathodiques
Les composés fluorés identifiés dans les gaz sont : Na AlF 4 ,
Na2 AlF5 , NaF et Na2 Al2 F8 . Par ailleurs, il y a du gaz fluorhydrique
La cathode est généralement constituée de blocs de carbone résultant de la réaction :
assemblés (§ 3.2.3.1) : en opération, elle est en permanence
recouverte de métal liquide. Les principaux phénomènes électro- 2AlF3 (solution) + 3H2O (gaz) → Al2 O3 (solution) + 6HF (gaz)
chimiques se produisant à la cathode sont : Dans les séries d’électrolyse modernes (§ 3.2.5), après captation
— des réactions électrochimiques à l’interface bain-métal : et épuration des gaz, les rejets, exprimés en fluor total (poussières
• réaction principale : et gaz), sont inférieurs à 1 kg par tonne d’aluminium, correspondant
aux normes généralement imposées.

AlF 4 + 3e – → Al ( liquide ) + 4F –

• réaction secondaire : 3.2 Technologies de production


Na+ + e– → Na (dissous dans Al) d’aluminium
— une réaction aluminium-carbone : 3.2.1 Généralités : cuves Söderberg
4Al + 3C → Al 4 C3 et cuves à anodes précuites
— une migration du sodium dans les blocs cathodiques : les Si le procédé d’électrolyse de l’alumine pour la fabrication
atomes de Na s’insèrent dans la structure carbonée et entraînent son d’aluminium n’a pas changé depuis les découvertes quasi
gonflement. simultanées de Paul Héroult et de Hall, la technologie des cuves
Ces deux derniers phénomènes contribuent à la détérioration d’électrolyse a fortement évolué, l’intensité du courant électrique en
progressive de la cathode (§ 3.2.3.1). particulier passant de quelques milliers d’ampères à près
de 300 000 A pour les cuves industrielles de 1990. On peut considérer
qu’il reste à l’heure actuelle, en exploitation dans le monde, deux
3.1.7 Énergie électrique et rendement de courant grandes familles de cuves d’électrolyse différant par leurs systèmes
anodiques : les cuves à anode Söderberg à goujons verticaux
La réaction dominante dans la cuve d’électrolyse est : (figure 1) et les cuves à anodes précuites (figure 2). Pour des raisons
d’environnement en particulier, mais également pour des raisons
2Al2O3 (liquide) + 3C (solide) → 3CO2 (gaz) + 4Al (liquide) économiques, la technologie des cuves à anodes précuites l’a
emporté depuis les années 70.
L’énergie nécessaire pour cette réaction équivaut à une tension
de l’électrolyse de 1,18 V à 997 oC ou à une énergie électrique Dans la cuve à anode Söderberg, la cuisson de la pâte carbonée
de 5 640 kWh par tonne d’aluminium pour un rendement de 100 %. destinée à constituer l’anode active s’effectue in situ, la cuisson et
Mais le rendement de courant est abaissé par la réoxydation de la carbonisation du brai liant se faisant à partir de la chaleur dégagée
l’aluminium métal par le dioxyde de carbone suivant la réaction : dans la cuve même. Le contact électrique à l’anode est assuré par
des goujons en acier introduits dans la pâte carbonée ; celle-ci est
2Al (solution) + 3CO2 → Al2 O3 + 3CO

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lentement convertie en une masse de carbone amorphe dans son


mouvement de descente vers les zones chaudes en fonction de la
consommation d’anode.
Pour les cuves à anodes précuites, les anodes en carbone font
l’objet d’une fabrication annexe en différentes étapes (§ 3.2.2).

3.2.2 Fabrication des anodes

La fabrication des anodes commence par la préparation d’une pâte


carbonée dont la composition sera différente suivant qu’il s’agit de
cuves à anodes Söderberg ou précuites, mais dont le principe est
le même.

3.2.2.1 Caractéristiques des matières premières


La pâte carbonée est constituée de coke de pétrole (ou coke de
brai) et d’un liant qui est très généralement du brai de houille spécial
pour électrodes. Les caractéristiques principales en sont données
dans les tableaux 3 et 4. (0)

Tableau 3 – Spécifications du coke calciné pour anodes


Caractéristique Valeur
Masse volumique réelle ...................(en 10 3 kg/m 3) 2,0 à 2,10
Masse volumique apparente ...........(en 10 3 kg/m3) 1,65 à 1,80
Humidité relative.................................................. (%) 0,1
Figure 1 – Cuve d’électrolyse Söderberg à goujons verticaux Soufre ................................................................... (%) 0,2 à 4,0
Cendres................................................................. (%) 0,5
Fer ................................................... (ppm en masse) 800
Nickel .............................................. (ppm en masse) 350
Vanadium ....................................... (ppm en masse) 300
Indice Hardgrove........................................................ 30 à 38
(ASTM 409-85)

(0)

Tableau 4 – Spécifications du brai pour anodes


Caractéristique Valeur
Température de ramollissement (Mettler)..(oC) 100 à 110
Viscosité à 140 oC ...................... (en 10 – 4 Pa · s) 3 000 à 6 000
Viscosité à 160 oC ...................... (en 10 – 4 Pa · s) 600 à 1 500
Viscosité à 180 oC ...................... (en 10 – 4 Pa · s) 150 à 300
Densité par rapport à l’eau................................. 1,31 à 1,33
Carbone fixe ................................................... (%) 54 à 60
Insoluble quinoléine (1) ................................. (%) 8 à 14
Insoluble toluène (1) ...................................... (%) 28 à 36
Insoluble benzène (1)..................................... (%) 5 à 30
Cendres........................................................... (%) 0,1 à 0,3
Soufre ............................................................. (%) 0,3 à 0,6
(1) Il s’agit des résidus insolubles dans les solvants suivants : quinoléine,
toluène, benzène.

Figure 2 – Cuve moderne à anodes précuites : coupe

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3.2.2.2 Fabrication de la pâte pour anode Söderberg Le taux de cendres élevé résulte des teneurs en impuretés (en
à goujons verticaux particulier alumine et cryolithe) des déchets d’anodes recyclés.
Le coke calciné est broyé et tamisé pour pouvoir reconstituer une ■ Les anodes cuites sont assemblées, par scellement à la fonte, à la
granulométrie déterminée des poussières sèches, comprenant en tige d’anode qui permettra la liaison mécanique et la connexion
particulier 30 à 35 % de fines (100 % < 90 µm et 70 % < 63 µm). électrique avec les conducteurs électriques positifs (cadre anodique ;
Ce coke, après dosage, est chauffé à 150 oC environ et mélangé figure 2).
avec du brai (en proportion de 29 à 33 % de la masse totale de pâte).
Le mélange a lieu dans un malaxeur chauffé pour obtenir une pâte
à environ 160 oC qui est extrudée, découpée en morceaux, refroidie 3.2.3 Cuve d’électrolyse
à l’eau et stockée avant d’être chargée telle quelle au sommet de
la gaine d’anode de la cuve (figure 1). La cuve d’électrolyse est l’élément unitaire de production du
métal. Elle comprend les composants suivants :
3.2.2.3 Fabrication des anodes précuites — l’ensemble cathodique ;
La préparation de la pâte se fait suivant les mêmes principes, mais — l’ensemble anodique ;
une partie du coke calciné (20 % environ) est remplacée par les — le creuset ;
morceaux d’anodes, recyclés, provenant de la cuve d’électrolyse et — le dispositif de captation des gaz sur la cuve, qui est mécanique-
la proportion de brai liant est moindre (14 à 18 % de la masse totale ment associé à l’ensemble anodique.
de pâte). La pâte obtenue après malaxage à 150-160 oC est ensuite Cet ensemble complexe comprend de plus les conducteurs en
mise en forme : aluminium d’amenée et de sortie de courant et, sur les cuves
— soit par pressage, après refroidissement à 100 oC, dans une modernes, les dispositifs d’alimentation en alumine et en produits
presse hydraulique sous une pression d’environ 30 MPa ; fluorés.
— soit, plutôt actuellement, par vibrotassage à 150 oC dans un
moule avec couvercle mobile (la fréquence de vibration est de 25 Hz). 3.2.3.1 Ensemble cathodique
■ Les anodes crues sont ensuite cuites dans des fours à chambres L’ensemble cathodique est constitué (figure 3) :
en atmosphère réductrice. La température atteinte dans les anodes — d’un caisson métallique rectangulaire A avec tôle de fond G
est de 1 100 oC au moins pour obtenir une cokéfaction correcte du et parois latérales renforcées par des profilés très rigides pour
brai liant et une réactivité basse de l’anode. résister aux efforts très importants qui s’exerceront en cours d’opé-
Les caractéristiques types d’une anode précuite sont : ration, et limiter les déformations qui pourraient entraîner une
— masse volumique réelle ............... 2,04 à 2,10 × 10 –3 kg · m–3 ; déterioration accélérée du brasquage ;
— masse volumique apparente ....... 1,49 à 1,58 × 10 –3 kg · m–3 ; — du brasquage D comprenant deux parties principales :
— résistivité électrique ...................... 5 000 à 6 500 µΩ · cm ; • le briquetage F en matériaux réfractaires et isolants de qualité
— résistance à l’écrasement ............. 35 à 40 MPa ; convenable, destiné à tenir mécaniquement la cathode et à limiter
— taux de cendres ............................. 0,4 à 1,5 %. les pertes thermiques du creuset,
• la cathode carbonée C conductrice du courant et assurant
l’étanchéité du creuset.

Figure 3 – Coupe partielle


de l’ensemble cathodique

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La cathode en carbone est constituée généralement par des L’anode unitaire en carbone a une hauteur de 50 à 60 cm, la hauteur
blocs préformés à base d’anthracite et souvent de graphite. Ces utile qui sera consommée au cours de l’électrolyse étant
blocs sont filés en section carrée ou rectangulaire ; leur hauteur d’environ 35 à 40 cm. En opération normale, les éléments anodiques
dans la cuve est d’environ 50 cm. Les joints entre blocs et brique- sont fixés au cadre anodique à des hauteurs différentes pour
tage de fond et de côtés sont faits avec de la pâte à brasque D à permettre le renouvellement des éléments anodiques à intervalles
base d’anthracite, de coke métallurgique et de liant dérivé de réguliers, élément par élément, en fonction de l’usure de l’anode en
goudron de houille. Cette pâte est soigneusement damée pour carbone, tout en conservant un plan anodique régulier. Le cycle d’un
assurer une bonne étanchéité vis-à-vis de l’aluminium liquide et du élément anodique sur la cuve est de 21 à 28 jours.
bain qui seront à son contact dans le creuset.
À la base des blocs en carbone, dans une rainure préusinée, sont 3.2.3.3 Creuset
scellées, à la fonte, des barres en fer dont les extrémités sortent du C’est la cuvette d’une profondeur d’environ 70 cm formée par les
caisson et sont reliées aux collecteurs de courant négatifs. Elles blocs cathodiques au fond et la pâte à brasque damée sur les côtés.
constituent les sorties de courant. En opération, il contient :
La durée de vie d’un brasquage est variable en fonction de la — une couche de métal liquide au fond, d’une hauteur
qualité des matériaux utilisés et de la qualité du travail de de 15 à 25 cm, qui constitue en fait la cathode liquide ;
construction du brasquage ; en moyenne, elle atteint 8 ans pour les — une couche de bain liquide d’une hauteur d’environ 20 cm,
technologies les plus performantes. La cause principale de mort d’un dont 4 à 5 cm environ entre la surface du métal et la surface anodique
brasquage est l’infiltration d’aluminium liquide dans la cathode ; ces (distance interpolaire).
infiltrations attaquent les barres de fer et entraînent la production Le bain est solidifié à la périphérie du creuset, constituant un talus
de métal ferreux. C’est le titre en fer du métal dans la cuve qui permet de protection (Ta sur figure 2) et servant également de volant
de déceler à temps ces infiltrations, donc la dégradation du thermique pour la cuve.
brasquage, et d’arrêter la cuve avant qu’elle ne perce et perde le
métal liquide qui constitue son roulement de métal. 3.2.3.4 Captation des gaz sur la cuve
3.2.3.2 Ensemble anodique Nous avons vu (§ 3.2.3.2.1) que les cuves Söderberg étaient
équipées d’un dispositif de captage des gaz sur la cuve (jupes de
L’ensemble anodique comporte une seule anode dans le cas des la gaine d’anode ; J sur figure 1) ; les cuves à anodes précuites de
cuves Söderberg et plusieurs anodes dans le cas des cuves à anodes construction antérieure aux années 70 ont été équipées de systèmes
précuites. de captage d’une efficacité plus ou moins grande (hottes, capots à
ouverture totale, etc.). Les cuves modernes sont conçues et réalisées
3.2.3.2.1 Anode Söderberg avec des systèmes de captage des gaz sur la cuve hautement
L’ensemble anodique est constitué par le cadre fixe qui supporte performants. Les capots élémentaires prennent appui sur le caisson
l’anode, le cadre mobile avec les conducteurs électriques positifs et de cuve et sur des éléments de la superstructure spécialement
les mécanismes de déplacement de l’anode et de relevage de la étudiés pour assurer une étanchéité parfaite ; par ailleurs,
gaine. l’organisation du travail sur les cuves avec les machines de service
a été étudiée pour avoir des temps minimaux d’ouverture de ces
L’ensemble anodique (A, figure 1) est constitué d’une gaine capots élémentaires.
métallique verticale et de section rectangulaire dans laquelle, en opé-
ration normale, est chargée, à intervalles réguliers, une quantité de
pâte Söderberg (§ 3.2.2.2) correspondant à la consommation
d’anode dans l’intervalle considéré. Les goujons (G, figure 1) en acier
3.2.4 Opérations sur cuve d’électrolyse
implantés dans la masse carbonée servent de support mécanique
3.2.4.1 Généralités
à l’ensemble gaine-anode en carbone et de conducteurs électriques ;
ils sont fixés au cadre anodique par des cames de serrage. Ces Un certain nombre d’opérations sont à effectuer de façon la plus
goujons qui descendent avec l’anode, au fur et à mesure de son régulière possible sur les cuves d’électrolyse. Les principales sont :
usure, sont périodiquement arrachés et réimplantés à un niveau l’alimentation en alumine et en produits fluorés, le changement des
supérieur. La hauteur de l’anode en carbone est en général un peu éléments anodiques (ou le chargement de la pâte et le relevage des
supérieure à 1 m. À la partie inférieure de la gaine Ga (figure 1) et goujons pour les cuves Söderberg), la coulée du métal. Mais il existe
du côté extérieur sont accrochés des jupes (J, figure 1) en fonte aussi un certain nombre d’opérations annexes indispensables telles
formant le dispositif de captage de la majeure partie des gaz de cuve que le relevage des cadres anodiques, les éventuels transferts de
qui sont aspirés dans un réseau d’aspiration connecté à chaque cuve. bain pour en régulariser la hauteur dans le creuset, les contrôles non
automatiques de hauteur de métal et de hauteur de bain, le
3.2.3.2.2 Anodes précuites prélèvement d’échantillons pour contrôles au laboratoire, etc.
L’ensemble anodique (figure 2) se compose d’un cadre anodique 3.2.4.2 Alimentation en alumine
Ca constitué des barres en aluminium d’amenée de courant positif
et des éléments anodiques constitués par les anodes précuites La solubilité de l’alumine dans le bain étant faible, les apports
scellées aux tiges, ces tiges étant elles-mêmes fixées au cadre d’alumine doivent donc être fréquents et aussi réguliers que possible
anodique par des cames à serrage mécanique. Cet ensemble est pour les raisons suivantes : la concentration en alumine doit rester
suspendu par des biellettes à une superstructure fixée sur le caisson aussi constante que possible ; de petites variations ont une
de la cuve ; les mouvements de montée et descente de l’ensemble répercussion sur la température de la cuve. Il y aura moins de risque
anodique sont commandés par des moteurs électriques actionnant d’une suralimentation entraînant des dépôts au fond de la cuve. Il
des vérins hydrauliques fixés sur la superstructure. Le nombre sera plus aisé de prévoir l’effet anodique et enfin les talus de côté
d’éléments anodiques dépend de la dimension de l’anode unitaire et la hauteur de bain seront plus stables.
et de l’intensité de la série d’électrolyse (§ 3.2.5) ; ces éléments, en Dans les cuves anciennes, l’alimentation se faisait à la périphérie
nombre pair, sont disposés en deux rangées parallèles (de chaque du creuset (cuves à anodes Söderberg et anciennes précuites) en
côté du cadre anodique). brisant mécaniquement la croûte de bain figé en surface à l’aide d’un
Ces deux rangées sont écartées dans les cuves modernes pour marteau pneumatique ou d’une roue dentée (cuves à piquage
laisser un couloir central d’alimentation en alumine, ou rapprochées latéral), ou dans un couloir central entre les deux rangées d’anodes
dans les cuves de type ancien où l’alimentation de l’alumine se fait à l’aide d’une herse centrale positionnée dans la superstructure de
dans un couloir périphérique. la cuve. L’opération se faisait en général toutes les 4 h.

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Dans les cuves à anodes précuites modernes, l’alimentation se fait


de façon quasi continue en quelques points répartis dans le couloir L’augmentation de la résistance électrique peut être due, soit
central. Dans le cas du piquage latéral, l’alumine est distribuée sur à l’augmentation de la distance interpolaire, soit à l’augmenta-
la cuve à l’aide de machines de service ; dans les autres cas, des tion de la résistivité du bain due à la baisse de concentration en
trémies d’alumine sont implantées dans la superstructure de chaque alumine ; le suivi de la pente de la courbe de résistance permet
cuve ; ces trémies sont elles-mêmes remplies soit périodiquement de déterminer la cause de la variation.
par des machines de service, soit par convoyeur horizontal par
transport en phase hyperdense (système de transport où le En résumé, le contrôle de procédé permet :
déplacement se fait par gravité, le réseau étant maintenu en légère
— le maintien de la résistance de la cuve à une résistance de
surpression par rapport à la pression atmosphérique ; le mouvement
consigne (avec des programmes spécifiques pour les opérations
est déclenché par les soutirages qui font diminuer la pression et
d’exploitation qui perturbent momentanément la cuve (changement
provoquent la fluidisation locale de l’alumine).
d’anode et coulée du métal) ;
Les additions de fluorure d’aluminium et de bain broyé qui ne — la sélection de la cadence d’alimentation en alumine ;
représentent que de petites quantités se font de la même façon — le traitement des effets d’anodes éventuels qui deviennent très
que pour l’alumine. rares sur les cuves à piquage ponctuel équipées d’un contrôle de
procédé performant (0,2 effet anodique par cuve et par jour).
3.2.4.3 Changement d’élément anodique Nota : dans les anciennes technologies, pour garder le contrôle des cuves, on
(cuves à anodes précuites) sous-alimentait en alumine pour avoir environ 2 effets anodiques par 24 h. La régulation
moderne permet de diviser cette fréquence par 10, mais on conserve le principe d’un effet
Les éléments anodiques sont changés, après usure de l’anode, à anodique périodique (une fois tous les cinq jours) pour éviter une salissure de la cathode
l’aide de machines de service spécialisées équipées de dispositifs par de l’alumine non dissoute qui pourrait se déposer au fond de la cuve.
de préhension et levage des éléments, et de verrouillage- L’effet anodique est évidemment consommateur d’énergie électrique.
déverrouillage des cames fixant la tige en aluminium de l’élément
anodique sur le cadre anodique. L’élément anodique est aussitôt 3.2.4.6 Opérations diverses
remplacé par un autre élément avec anode neuve. Le niveau auquel Un ensemble de mesures et de contrôles sont nécessaires pour
est fixé le nouvel élément anodique est réglé depuis la machine de assurer la qualité de la production et conserver l’état des installa-
service ; il est en effet indispensable que les faces inférieures des tions, pour apporter les corrections éventuellement nécessaires aux
différentes anodes (surface anodique) soient dans un même plan consignes de marche :
horizontal.
— des contrôles périodiques sur la cuve d’électrolyse : hauteur de
3.2.4.4 Coulée du métal métal et hauteur de bain dans le creuset ;
— des prélèvements d’échantillons de métal avant chaque coulée
Elle s’effectue par aspiration dans une poche de coulée suspendue pour analyse des impuretés par analyse spectrographique (fer et
par un palonnier à la machine de service et équipée d’un tuyau en silicium) et des prélèvements de bain pour contrôler la teneur en AlF3
fonte que l’on plonge dans la couche de métal liquide au fond du (acidité du bain) ;
creuset. La coulée du métal se fait à intervalles réguliers, en général — des mesures de température et des mesures électriques (chutes
toutes les 24, 32, 40 ou 48 h suivant l’organisation du travail. Le métal de tension anodique et cathodique, etc.).
coulé est ensuite transporté dans la poche de coulée ou dans une
poche de transport, après transvasement, vers les fours de la
fonderie (§ 4). 3.2.5 Série d’électrolyse
3.2.4.5 Contrôle de procédé La tension aux bornes d’une cuve est de l’ordre de 4 V. Les cuves
Pour obtenir le meilleur rendement des cuves, il convient d’avoir d’une installation de production sont placées en série, leur nombre
une marche très régulière, donc une régulation fine des paramètres pour une seule série pouvant atteindre jusqu’à 280, en conformité
de marche. De très grands progrès ont été réalisés dans ce domaine avec la législation sur la sécurité des installations électriques
dans les dix dernières années. Les paramètres essentiels sont la industrielles. Les collecteurs négatifs (barres en aluminium) d’une
concentration en alumine dissoute dans le bain et l’équilibre cuve, sur lesquels sont soudées les barres cathodiques, sont fixes ;
thermique de la cuve. Ces paramètres n’étant pas directement ils sont reliés aux collecteurs positifs de la cuve suivante, en
mesurables par capteurs, on passe par le biais de paramètres aluminium également, mobiles pour permettre les déplacements
électriques qui leur sont corrélés. Chaque cuve est contrôlée par un verticaux de l’ensemble anodique, par des conducteurs souples
microcalculateur relié à un ordinateur central. constitués par des faisceaux de clinquants en aluminium.
Le microcalculateur est relié à un coffret de commande situé à
proximité de chaque cuve, ce qui permet d’éventuelles interventions Malgré toutes les précautions d’isolement, il existe toujours
manuelles des agents d’exploitation et le dialogue avec la régulation. un risque électrique dans les séries, mais ce risque est infime et
Le paramètre de base est la résistance électrique du bain d’électro- les accidents d’origine électrique sont extrêmement rares.
lyse. À chaque cuve est affectée une résistance électrique de
consigne :
— si la résistance réelle est supérieure à la résistance de consigne, Les cuves d’électrolyse sont disposées dans des bâtiments ou halls
la régulation donne un ordre de descente du plan anodique afin de d’électrolyse dans lesquels peuvent circuler, soit sur des chemins
réduire la distance interpolaire (distance anode-métal) et donc la de roulement au-dessus des cuves, soit dans des allées de circulation
résistance de la cuve ; au sol, les machines de service et les engins de transport. Il y a en
— inversement, si la résistance réelle est inférieure à la résistance général plusieurs halls d’électrolyse pour une série. Dans chaque hall
de consigne, la régulation donne un ordre de montée du plan les cuves peuvent être disposées en long (grand axe de la cuve paral-
anodique. lèle à l’axe du bâtiment), position préférentielle pour les cuves
Söderberg, ou en travers (grand axe de la cuve perpendiculaire à
De plus, pour les cuves à piquage ponctuel avec contrôle de l’axe du bâtiment), position préférentielle pour les cuves à anodes
procédé moderne, pour contrôler la teneur en alumine du bain, on précuites.
suit la variation de la résistance de la cuve dans le temps, la variation
de la résistance étant rapide lorsque la teneur en alumine descend La série d’électrolyse est alimentée électriquement par une
au-dessous de 2 %. Au-delà d’un certain seuil, la régulation donne sous-station de transformation du courant alternatif, alimentant
l’ordre d’augmenter pendant un laps de temps les doses unitaires l’usine en courant continu pour l’électrolyse. La première cuve de
d’alumine. la série est alimentée directement depuis la sous-station et le courant
sortant de la dernière cuve retourne directement à la sous-station.

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3.3 Épuration des gaz 4. Fonderie d’aluminium


Le problème de l’épuration des gaz d’électrolyse a pris de
de première fusion
l’importance au fur et à mesure des augmentations de capacité des
usines d’électrolyse et quand, en conséquence, les rejets (fluor 4.1 Généralités
particulaire et fluor gazeux) ont commencé à faire des dégâts dans
l’environnement des usines (certains végétaux, bétails bovins et C’est après la Seconde Guerre mondiale que les fonderies des
ovins, abeilles). Des standards ont été imposés aux producteurs à usines d’électrolyse développèrent le traitement du métal liquide par
partir des années 70, suivant, en général, les standards établis aux les gaz et la fabrication des produits de forme destinés à la
États-Unis en 1970 par l’EPA (Environmental Protection Agency ). transformation en demi-produits : tôles, bandes, profilés, fils, pièces
Pour de nouvelles usines, le rejet en fluor total doit être inférieur forgées ou matricées.
à 1 kg/t d’aluminium produit.
Il existe deux grandes familles : les séries d’électrolyse où le
captage des gaz sur la cuve a un rendement médiocre (80 à 90 %)
et où il est nécessaire de traiter également l’ensemble de l’air de 4.2 Traitement du métal liquide
ventilation des halls d’électrolyse (captation en toiture) ; c’est le cas
des séries Söderberg et des séries précuites anciennes. Les séries
Il est destiné à abaisser au niveau le plus bas possible les teneurs
modernes où le captage des gaz sur la cuve est supérieur à 95 %
en gaz, en inclusions non métalliques (oxydes, carbures, borures,
et où un traitement de ces gaz avec des installations garantissant
etc.) et en certains éléments métalliques (tels que sodium, calcium,
un rendement d’épuration supérieur à 98,5 % est suffisant.
lithium, etc.) du métal liquide arrivant de l’électrolyse. Actuellement,
Deux voies sont possibles pour l’épuration des gaz : l’épuration les procédés de traitement les plus répandus sont ceux utilisant une
par voie humide et l’épuration par voie sèche. poche dans laquelle le gaz de traitement est divisé en très fines bulles
au moyen d’injecteurs rotatifs. L’efficacité de l’élimination
d’inclusions solides, d’hydrogène, de métaux alcalins est excellente.
3.3.1 Épuration par voie humide À ce traitement par un gaz s’ajoute parfois un traitement par filtration
sur dalles de mousse céramique, sur lits de billes ou sur cartouches
Les gaz sont traités dans des laveurs ou des tours de lavage en filtrantes.
présence de solutions doublement alcalines :
2HF (gaz) + Na2CO3 (solide) → 2NaF (solide) + CO2 (gaz) + H2O
HF (gaz) + NaOH (solide) → NaF (solide) + H2O
4.3 Coulée semi-continue verticale
Les liqueurs sont ensuite traitées à la chaux pour faire précipiter
le fluor sous forme de fluorure de calcium insoluble et régénérer La coulée continue consiste à solidifier du métal ou un alliage dans
le carbonate de sodium et la soude. une lingotière à parois verticales refroidies extérieurement à l’eau
et équipée, pour le démarrage de la coulée, d’un faux fond placé
sur un plateau se déplaçant verticalement. La descente du plateau
3.3.2 Épuration par voie sèche s’effectue lorsque le métal commence à se solidifier et elle est arrêtée
lorsqu’on a atteint la longueur voulue.
L’alumine sous sa forme gamma a la propriété d’adsorber le
fluorure d’hydrogène ; par échauffement dans la cuve d’électrolyse, 4.3.1 Coulée des plaques
le fluor adsorbé sera ensuite restitué sous forme d’AlF3 :
n HF (gaz) + Al2O3 → Al2O3 , n HF (adsorbé) La maîtrise du niveau de métal dans la lingotière est acquise par
6 6–n un système busette-flotteur, ou par des capteurs de niveau sans
----- Al 2 O 3 , n HF → 2AlF 3 + 3H 2 O + -------------- Al 2 O 3
n n contact actionnant des pointeaux motorisés. Des procédés de
pulsation du débit d’eau et d’injection de CO2 dans l’eau ont été
Les équipements de traitement par voie sèche sont constitués de développés pour avoir la maîtrise du refroidissement au démarrage.
filtres à manches en amont desquels sont introduits le mélange de
gaz à épurer et l’alumine destinée à l’électrolyse. Les filtres arrêtent La section des plaques coulées peut atteindre 700 mm en
l’alumine chargée en HF ainsi que le fluor particulaire entraîné dans épaisseur et plus de 2 000 mm en largeur.
les gaz. C’est le produit récupéré à la base des filtres qui alimentera Une variante de la coulée verticale des plaques est la coulée
les cuves d’électrolyse. Le rendement d’épuration par ce procédé est horizontale qui permet d’obtenir des plaques de grande longueur
supérieur à 98,5 %. utile dans certaines applications particulières.

3.3.3 Contrôle des émissions dans l’environnement 4.3.2 Coulée des billettes

Pour chaque usine d’électrolyse, des dispositions sont prises Les billettes sont des produits cylindriques destinés à l’extrusion
conformément aux réglementations en vigueur et en accord avec ou, pour des alliages spéciaux, au forgeage. La maîtrise du niveau
les autorités compétentes pour le contrôle et le suivi permanent des de métal est obtenue, soit avec un ensemble busette-flotteur comme
rejets dans l’environnement des usines (mesures par boîtes à soude, pour les plaques, soit par le procédé de coulée en charge où, par
prélèvement d’échantillons végétaux, contrôle sanitaire des construction, on impose une zone de refroidissement métal-lingo-
animaux, etc.). tière courte et fixe.

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4.4 Coulée continue du fil machine 4.7 Fonderie d’une usine d’électrolyse

Le procédé consiste en la coulée continue d’une ébauche suivie Les ateliers de fonderie d’une usine d’électrolyse sont en général
d’un laminage continu. Les qualités produites actuellement par ce spécialisés dans la fabrication de un, deux ou trois produits (tels que :
procédé sont : le fil conducteur, l’Almelec, fil d’alliage très utilisé pour plaques, billettes, lingots de 25 kg, fil, lingots d’alliage, bandes
les lignes électriques aériennes, et les alliages mécaniques aux étroites...) pour des raisons de productivité ; mais si les produits
applications les plus diverses. diffèrent, les principes sont les mêmes :
Des traitements thermiques adaptés peuvent être réalisés soit — des fours reçoivent le métal liquide venant de l’électrolyse ; le
sur le laminoir, soit sur les bobines de 2 t. métal y est préparé pour la coulée (métaux d’addition et conditions
thermiques) ;
— des équipements de traitement de métal au gaz, suivis
éventuellement de filtres, reçoivent, en continu, le métal prêt pour
4.5 Coulée continue de bandes la coulée et le transmettent aux appareils de coulée ;
— des équipements de coulée solidifient le métal dans la forme
désirée (plaques, billettes, fil, bandes, lingots d’alliage et lingots
Il faut distinguer deux procédés en fonction de la largeur des d’aluminium) ;
bandes. — des équipements de traitement thermiques permettent les trai-
tements nécessaires à certaines qualités de produits (billettes, fil) ;
— des équipements de conditionnement (scies), d’emballage et
4.5.1 Coulée des bandes étroites de pesage préparent les produits pour l’expédition.
(jusqu’à 300 mm de large)

Le procédé est dérivé de la coulée du fil machine ; la coulée se


fait entre roue à gorge et ruban souple ; pour permettre le déga-
gement de l’ébauche, le ruban s’enroule sur quatre roues (d’où le
5. Raffinage de l’aluminium
nom de coulée 4R ; figure 4).
L’électrolyse directe de l’aluminium ne permet pas d’obtenir un
métal à plus de 99,85 % de pureté. L’obtention d’un métal plus pur
4.5.2 Coulée des bandes larges nécessite un retraitement du métal obtenu par l’électrolyse directe
appelé raffinage de l’aluminium. Plusieurs procédés sont possibles
Le procédé est connu sous le nom de procédé 3C (Coulée Continue dont les plus utilisés sont le raffinage par voie électrochimique, par
entre Cylindres). Il consiste à solidifier l’aluminium liquide entre des électrolyse, et le raffinage par voie physique, par ségrégation.
cylindres ; la largeur des bandes peut atteindre 2 000 mm. Les
domaines d’emploi sont la production de feuilles minces et de
laminés courants.
5.1 Procédés par électrolyse

4.6 Coulée des lingots d’alliage Le principe est le suivant : le métal à raffiner, fondu à 750 oC et
auquel on ajoute du cuivre pour en augmenter la densité, repose
au fond d’une cuve à parois non conductrices du courant, contenant
La fabrication des lingots d’alliage de moulage est ancienne un électrolyte fondu à la surface duquel flotte une couche
(années 30) ; mais le développement des fonderies de deuxième d’aluminium raffiné. La couche métallique inférieure forme anode,
fusion, d’une part, l’évolution des exigences de la clientèle, d’autre alors que la couche supérieure d’aluminium raffiné forme la cathode.
part, ont conduit à développer une technologie adaptée. Les lignes Par passage du courant, l’aluminium seul est transporté de l’anode
de coulée sont équipées de machines de traitement de métal et de à la cathode, les impuretés restant dans l’alliage anodique ou en
dispositifs d’affinage du grain. Le lingot d’alliage est aujourd’hui un solution dans l’électrolyte (figure 5).
produit prêt à l’emploi, de composition contrôlée, prédégazé, Plusieurs brevets ont été déposés sur ce procédé, mais deux
prémodifié et préaffiné. seulement ont été développés à l’échelle industrielle : le procédé
Gadeau-Pechiney utilisant comme électrolyte un mélange de
fluorure d’aluminium (23 %), de fluorure de sodium (17 %) et de
chlorure de baryum (60 %). La température de fusion est de 720 oC
et l’électrolyse peut donc avoir lieu à 750 oC. L’alliage anodique
contient 25 à 30 % de cuivre. Le titre de l’aluminium raffiné est
compris entre 99,99 et 99,999 %. Le procédé d’Aluminium Industrie
AG est basé sur les mêmes principes, mais la composition du bain
est différente ; il est entièrement fluoré, composé de fluorures
d’aluminium, de sodium, de calcium et de baryum ; la température
de fonctionnement des cuves est également de 750 oC environ.

Figure 4 – Schéma de la coulée 4R

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Figure 5 – Cuve de raffinage (procédé 3C)

5.2 Procédé par ségrégation

La ségrégation est un procédé de purification de l’aluminium qui


consiste à solidifier progressivement un bain d’aluminium et à
séparer les cristaux formés du liquide qui leur a donné naissance
(liquide mère). Les cristaux formés à la solidification d’un liquide
homogène n’ont pas la même concentration en impuretés que le
liquide mère ; on peut donc arriver à séparer les parties pures et les
parties impures.
Dans les impuretés on distingue :
— les éléments eutectiques pour lesquels le cristal formé est plus
pur que le liquide mère ; le liquide mère se charge donc progres-
sivement en impuretés au fur et à mesure de la solidification ;
— les éléments péritectiques pour lesquels le cristal formé est
moins pur que le liquide mère ; le liquide mère se purifie
progressivement ;
— les éléments tels que le scandium pour lesquels le cristal a la
même concentration que le liquide mère (un tel élément ne peut
donc être épuré par le procédé de ségrégation).
Dans la pratique industrielle, on utilise la ségrégation forcée,
c’est-à-dire que l’on réalise l’opération dans des fours disposant de
puissance de chauffe et de puissance de refroidissement qui Figure 6 – Four de ségrégation
permettent d’obtenir un grand nombre de cycles fusion-solidification
entraînant à chaque fois un gain de pureté (figure 6).
En 1990 la capacité de production installée au Japon
atteignait 25 000 t dont 6 000 t obtenues par électrolyse trois
couches et 19 000 t par ségrégation.
5.3 Utilisation et production
d’aluminium raffiné

Le métal raffiné sert principalement à la fabrication de


6. Fabrication de l’alumine
condensateurs. Les autres usages sont les peintures, la métallisation,
le placage décoratif ou de réflecteurs, la bijouterie fantaisie, la fabri- 6.1 Aperçu historique
cation d’alliages de haute pureté pour l’aviation. La répartition entre
ces différents usages est la suivante :
et données statistiques
condensateurs.................................................................. 75 %
La première production industrielle de l’alumine débuta en 1858
peintures........................................................................... 5 % avec le procédé mis au point par Sainte-Claire Deville, mais breveté
métallisation..................................................................... 5 % sous le nom de Louis Le Châtelier [5] [6]. Ce procédé, dit au carbonate
placage.............................................................................. 1 % ou par voie sèche, est complètement abandonné aujourd’hui. Il
haut titre et divers........................................................... 14 % consistait en une attaque, à 1 000-1 100 oC, de bauxite mélangée à
du carbonate de sodium, suivie d’une reprise à l’eau et d’une sépa-
Les quantités livrées sur le marché mondial en 1989 sont données ration des insolubles par filtration. La précipitation de l’alumine était
dans le tableau E (en [Doc. M 2 340]).

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réalisée par action du gaz carbonique sur les liqueurs d’aluminate ; À titre d’ exemple , les consommations spécifiques d’une usine
la concentration des eaux mères résiduaires permettait la récupé- traitant de la bauxite française sont environ (par tonne de Al2O3) :
ration du carbonate de sodium et son utilisation à l’attaque. — bauxite ........................................................................2,5 à 2,7 t ;
De ce procédé, il ne subsiste que des variantes : l’une, le procédé — soude (exprimée en Na2O) ....................................100 à 130 kg ;
chaux-soude a permis l’attaque des néphélines, l’autre appelé Sinter — eau...................................................................................... < 7 t ;
Process (§ 6.3) est appliqué au traitement de certaines bauxites — fuel.......................... 250 à 330 kg (dont 100 pour la calcination) ;
riches en silice. — énergie électrique ........................................................ 200 kWh.
Ces procédés ne concernent qu’une très faible partie de la
production de l’alumine, l’essentiel de la production mondiale étant
6.2.3 Description simplifiée
assuré à partir de bauxites et surtout de latérites bauxitiques traitées
par le procédé Bayer (§ 6.2) dont le brevet a été déposé en 1887 [7] du cycle de fabrication
et le développement industriel réalisé à la fin du dix-neuvième siècle,
dans tous les pays qui s’étaient lancés dans la production L’alumine, présente dans le minerai soit sous forme de monohy-
d’aluminium. drate (bœhmite ou diaspore), soit sous forme de trihydrate (gibbsite),
est attaquée par une solution d’aluminate de sodium. La soude libre
Les tableaux F et G (en [Doc. M 2 340]) présentent les données
contenue dans la liqueur dissout l’alumine selon la réaction :
statistiques sur la production d’alumine dans le monde occidental
pour l’alumine hydratée et l’alumine métallurgique.
1 –
( Al 2 O 3 , n H 2 O ) + 2OH – £ 2AlO 2 + ( n + 1 ) H 2 O
2
6.2 Procédé Bayer
L’attaque du monohydrate (n = 1, sens 1) se fait à haute tempé-
6.2.1 Historique rature (240 à 260 oC) ; celle du trihydrate (n = 3, sens 1) à plus basse
température (100 à 140oC).
C’est en 1887 que Karl Joseph Bayer, de nationalité autrichienne Dès la sortie de la zone d’attaque, la suspension est diluée ; après
mais travaillant en Russie près de Saint-Pétersbourg, dépose en séparation des phases liquides et solides, la liqueur d’aluminate
France son brevet de fabrication d’alumine à partir d’aluminate de saturée est refroidie.
sodium et de bauxite. Ce même brevet est déposé très vite également La dilution et le refroidissement de la liqueur entraînent la préci-
en Allemagne, en Angleterre et aux États-Unis. La première usine pitation d’alumine suivant la réaction ci-dessus (sens 2).
construite en France fut Gardanne en 1894 par la Société française
de l’alumine pure qui céda très vite ses installations et ses droits à La décomposition est initiée et contrôlée par une quantité
la SEMF (société de production d’aluminium de Paul Héroult). importante d’amorce (trihydrate venant d’une fabrication
précédente) ; elle permet de récupérer l’alumine dissoute à l’attaque.
Les débuts furent laborieux ; des échanges avec les usines Séparée de la liqueur décomposée et de l’amorce lavée, elle est
construites à la même époque en Angleterre et aux États-Unis ensuite calcinée dans l’atelier de calcination pour la rendre apte à
permirent de progresser, mais ce n’est qu’en 1907, après de l’électrolyse.
nombreuses modifications, que les rendements atteignirent des
niveaux satisfaisants. Le procédé Bayer, adapté aux matières
premières bauxitiques utilisées, connut ensuite une expansion 6.2.4 Technologie d’une usine d’alumine
importante dans le monde entier ; à partir des années 60, la suivant le procédé Bayer
production d’alumine près des gisements de bauxite dans des pays
non producteurs ou faiblement producteurs d’aluminium se
développa considérablement pour des raisons économiques. Le cycle de production peut être considéré comme la succession
L’Australie, la Jamaïque, la Guinée, en particulier, sont devenues de de neuf ateliers, dépendant les uns des autres, dans lesquels se
grands producteurs et exportateurs d’alumine. déroulent les différentes opérations unitaires (figure 7).

6.2.4.1 Concassage et broyage du minerai


6.2.2 Caractéristiques principales du procédé Le minerai doit être réduit en grains fins (inférieurs à 300 µm) pour
permettre le pompage, par des pompes à membrane, des
Le principe de base du procédé Bayer est la dissolution de suspensions de bauxite dans la liqueur (attaque du monohydrate)
l’alumine contenue dans le minerai bauxitique par la soude et pour améliorer le rendement et la vitesse de dissolution de
caustique, la séparation des inertes et l’hydrolyse des liqueurs l’alumine. La chaîne de réduction du minerai comprend en général
saturées pour précipiter l’hydrate d’alumine. Cela implique un cer- des concasseurs à mâchoires, à marteaux ou des broyeurs
tain nombre d’opérations : le concassage et le broyage de la bauxite, autogènes et se termine par un broyage humide en présence de la
l’attaque à haute température, la décantation et le lavage, la filtration liqueur d’attaque dans des broyeurs à barres et/ou à boulets. La
rouge de sécurité, l’échange, la décomposition ou précipitation de suspension constituée du minerai broyé et de la liqueur d’attaque
l’alumine, la filtration de l’hydrate et l’évaporation éventuelle de la dans un rapport bien déterminé est envoyée par pompage à l’atelier
liqueur après filtration ; il faut y ajouter un stade calcination pour d’attaque.
obtenir l’alumine utilisable dans les cuves d’électrolyse. En dehors
Les opérations de concassage et de broyage sont grosses
de la bauxite, cette fabrication est consommatrice d’énergie, d’eau
consommatrices d’énergie pour les bauxites dures (diaspores).
et de soude. Les consommations spécifiques sont assez variables
en fonction de la nature de la bauxite traitée.
Nota : les liqueurs décantées ne contiennent plus, en principe, de matières en suspen-
sion, mais pour la sécurité des installations, on fait quand même une filtration de sécurité
pour les liqueurs chaudes dites rouges par opposition à la filtration blanche de l’hydrate
après la décomposition.

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Figure 7 – Procédé Bayer : production d’alumine à partir de produits bauxitiques

6.2.4.2 Attaque 6.2.4.3 Décantation. Lavage


La réaction est effectuée à basse température (100 à 140 oC)
pour Après attaque, le résidu solide constitue les boues. Elles sont
les bauxites à gibbsite, dans des bacs à pression atmosphérique ou composées principalement d’oxyde de fer (qui donne la coloration
dans une ligne d’autoclaves. Elle est effectuée à haute température rouge), de silico-aluminate de sodium, d’oxydes de calcium et de
(240 à 260 oC) pour le monohydrate, donc sous haute pression et titane.
en continu. La suspension est introduite à 70 oC et sous pression Les boues, après dilution, sont coagulées avec des floculants puis
dans une série d’autoclaves ou dans des échangeurs tubulaires. Après séparées de la liqueur par décantation. Les boues épaissies sont
préchauffage à 175 oC environ, par la vapeur récupérée sur une chaîne extraites des décanteurs et transférées sur une chaîne de lavage pour
de détente située à la sortie de l’attaque, le mélange bauxite-liqueur récupérer la liqueur d’imprégnation. Les boues neutres sont
est porté à la température de fin de réaction au moyen de vapeur évacuées vers un site de déversement approprié. Les eaux de lavage
vive. La liqueur traverse ensuite la chaîne de détente et sort à servent, elles, à la dilution de la suspension après attaque.
environ 125 oC. Elle subit enfin un traitement de dilution avec les eaux
de lavage des boues qui permet en outre de faciliter la décantation
de celles-ci. 6.2.4.4 Filtration rouge ou de sécurité
Il existe plusieurs procédés de réchauffage et de chauffage mais La liqueur recueillie à la surverse des décanteurs contient des
tous ont pour but de minimiser la consommation de vapeur en traces d’impuretés qu’il faut éliminer pour éviter la contamination
récupérant la chaleur de détente. du produit fini par des impuretés ; cette épuration est réalisée par
filtration sous pression sur filtres à poches ou à lit de sable.
La technologie de cet atelier doit tenir compte du caractère abrasif
des suspensions et des risques de fragilisation caustique des aciers
employés.

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6.2.4.5 Échange Ce traitement se réalise dans des fours, soit du type four tournant
(du type four à ciment), soit du type statique à envolement. Ces fours
Cette opération, deuxième phase préparatoire de la
sont en général chauffés au fuel lourd ou au gaz naturel. Ils
décomposition, consiste à refroidir la liqueur saturée. Ce refroidis-
comportent des dispositifs de dépoussiérage des gaz chauds et, en
sement se fait dans des échangeurs thermiques à plaques ou
aval, de refroidissement de l’alumine avant son transfert aux silos
barométriques (flash ) entre la liqueur d’aluminate chargée en alu-
de stockage.
mine et la liqueur décomposée avant évaporation.

6.2.4.6 Décomposition ou précipitation de l’alumine


La liqueur refroidie est additionnée de l’amorce Al (OH)3 néces-
6.3 Procédé de frittage (sintérisation)
saire à la décomposition. La cristallisation d’alumine trihydratée se pour néphéline
développe dans une série de grands bacs appelés décomposeurs,
agités à l’aide d’agitateurs multiétages. Le volume de ces bacs peut
Ce procédé est utilisé en particulier en URSS.
atteindre 4 500 m3 dans des réalisations récentes. Le procédé peut
être continu ou discontinu, isotherme ou à température étagée.
6.3.1 Principe
6.2.4.7 Séparation de l’alumine, filtration de l’hydrate
La suspension de fin de décomposition est séparée par Le minerai concassé et le calcaire, concassé séparément, sont
décantation ou filtration en ses différents composants [Al (OH)3 et broyés ensemble en milieu humide. Le mélange subit une opération
liqueur décomposée]. Une fraction très importante de l’alumine est de frittage (sintérisation) vers 1 000 oC. Après divers traitements
recyclée, constituant l’amorce, l’autre partie, représentant la pro- (figure 8), on obtient l’alumine sous forme d’aluminate de sodium
duction, est lavée sur filtre avant d’alimenter les fours à calciner. La et de potassium. La silice est insolubilisée sous forme de silicate
filtration est effectuée sous vide sur de grands filtres à disques et/ou dicalcique. La soude et la potasse extraites sont commercialisées
à tambour. sous forme de carbonates.

6.2.4.8 Évaporation de la liqueur après filtration


6.3.2 Qualité de l’alumine obtenue
L’atelier d’évaporation a deux fonctions essentielles : l’équilibrage
du bilan d’eau et l’obtention de la concentration nécessaire pour Du fait de la précipitation totale de l’alumine par carbonatation,
l’attaque. Dans certains cas limites, il peut ne pas y avoir l’alumine obtenue est moins pure que celle obtenue par le procédé
d’évaporation (attaque à haute température assurant une Bayer (§ 6.2).
auto-évaporation suffisante).
La liqueur décomposée, après l’échange, est envoyée à l’évapo-
ration pour y être concentrée. La liqueur concentrée, enrichie d’un
appoint de soude vierge correspondant à la consommation du cycle,
6.4 Procédé pour alunite
constitue la liqueur d’attaque.
6.4.1 Principe
La technologie des évaporateurs est très variée et ne peut être
décrite ici : deux techniques peuvent être utilisées par détentes
Le minerai est soumis à une calcination réductrice à 750 oC pour
successives (multiflash dans le cas d’un faible écart de
décomposer le sulfate d’aluminium ; le produit désulfaté est traité
concentrations) ou par multieffets (à film tombant ou à grimpage
par le procédé Bayer. L’hydrate obtenu est lavé pour extraire les
pour un fort écart de concentrations).
sulfates alcalins, récupérés après traitement au chlorure de
Il est à noter qu’un certain nombre de circuits secondaires, potassium, sous forme de sulfate de potassium et de chlorure de
disposés en dérivation du circuit principal, contribuent à l’épuration sodium. L’acide sulfurique est aussi récupéré (figure 9).
du cycle (élimination des impuretés dans les liqueurs circulantes).

6.2.4.9 Calcination 6.4.2 Remarques


L’alumine hydratée produite à la décomposition est transférée à
l’atelier de calcination pour y subir un traitement thermique qui lui L’alumine obtenue a la qualité de l’alumine Bayer. Le procédé est
conférera les caractéristiques physiques la rendant apte à gros consommateur d’énergie thermique pour la calcination ; il
l’électrolyse. fournit des quantités importantes d’acide sulfurique.

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Figure 8 – Production d’alumine à partir de néphéline

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Figure 9 – Production d’alumine à partir d’alunite

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7. Préparation Une difficulté réside dans l’obtention de solutions d’acide


fluosilicique exemptes de phosphore (impureté gênante à faible dose
des produits fluorés dans les bains d’électrolyse).

Les produits fluorés utilisés sous la fabrication de l’aluminium sont 7.2 Cryolithes
essentiellement le fluorure d’aluminium et la cryolithe ; du fluorure
de lithium et du fluorure de calcium peuvent quelquefois être ajoutés
en faible quantité aux bains d’électrolyse. Dans les cryolithes utilisées industriellement apparaît le mélange
Le développement des systèmes de captation et traitement des de deux variétés : la cryolithe Na3AlF6 et la chiolite AlF3 , 5/3 NaF,
gaz d’électrolyse a fait diviser par deux à trois les besoins en fluorures identifiables par diffraction X. Elles se distinguent donc de la cryo-
d’appoint depuis une quinzaine d’années ; cependant, les besoins lithe naturelle AlF3 , 3NaF dont un seul gisement est exploité au
en fluorure d’aluminium en particulier laissent la place à un marché Groënland (Ivigtat).
mondial important. Les besoins de l’industrie de l’aluminium et la nécessité de
récupérer et valoriser les ions fluor ont conduit l’industrie à élaborer
différents procédés.
7.1 Fluorure d’aluminium De nombreuses matières premières peuvent être utilisées :
— l’acide fluorhydrique pur en solution ;
— l’acide fluorhydrique issu de la récupération de la préparation
Parmi les procédés utilisés, on peut citer les suivants. du fluorure d’aluminium ;
— le fluorure de sodium ;
— le fluorure d’ammonium ;
7.1.1 Procédé par voie humide — l’acide fluosilicique et le fluosilicate de sodium ;
— l’acide fluoborique ;
Il est basé sur la réaction suivante : — l’hydroxyde d’aluminium ;
— le sulfate d’aluminium ;
3HF (solution) + Al (OH)3 → AlF3 , 3H2O — l’aluminate de sodium ;
— la soude ;
Le trihydrate, séparé par filtration, est ensuite séché et calciné
— le carbonate de sodium ;
à 400-450 oC. Le séchage et la calcination sont des opérations
— le chlorure de sodium ;
délicates, car, en présence d’eau à haute température, il y a
— le sulfate de sodium.
pyrohydrolyse du fluorure suivant la réaction :
Toutes ces préparations sont issues du même principe. Les
2AlF3 + 3H2O → Al2O3 + 6HF solutions de différents réactifs sont mélangées, en une ou deux
étapes, pour conduire à la précipitation de cryolithe industrielle en
milieu acide ou neutre.
7.1.2 Procédé par voie sèche La technologie est très variable et les problèmes de pureté, de
filtration et de séchage difficiles à résoudre.
Depuis 1950 ont été développés des procédés par voie sèche
Le rapport cryolithaire (rapport molaire du sodium sur l’aluminium
utilisant les techniques de fluidisation et donnant un produit de
contenu) peut varier de 2 à 3. Une cryolithe de rapport 2,2 à 2,4 est
meilleure qualité que la voie humide. L’alumine déshydratée réagit
couramment utilisée.
à 550 oC dans des réacteurs fluidisés avec des gaz contenant HF :
Une analyse type de cryolithe industrielle est la suivante :
6HF + Al2O3 → 2AlF3 + 3H2O AlF............................................................................... 44 %
Un de ces procédés utilise les gaz issus de l’attaque du spathfluor NaF.............................................................................. 51 %
par l’acide sulfurique dans des fours tournants à chauffage interne. Al2 O3 .......................................................................... 2,5 %
Le tétrafluorure de silicium, ainsi que les composés du soufre, le gaz SO3 ............................................................................. 1,0 %
carbonique et l’eau ne se fixent pas sur l’alumine et passent à travers
Si ............................................................................... 0,1 %
le circuit. Un réacteur fluidisé peut assurer une production supérieure
à 50 000 t/an. Fe ............................................................................... 0,02 %
L’analyse type du fluorure d’aluminium obtenu est : Divers............................................................................ 0,38 %
AlF3.................................................................................... 90,0 % Perte au feu à 500 oC.................................................. 1,0 %
Al2O3 ................................................................................. 7,5 % Rapport cryolithaire .................................................... 2,3 %
Si ...................................................................................... 0,1 %
Fe ...................................................................................... 0,02 %
SO3 .................................................................................... 1,5 % 8. Autres procédés
Divers ................................................................................ 0,28 %
Perte au feu (500 oC)....................................................... 0,6 %
8.1 Production d’aluminium
7.1.3 Autres procédés De nombreuses recherches ont été faites pour préparer
l’aluminium autrement que par électrolyse de l’alumine dissoute
dans la cryolithe. Bien que certains de ces procédés aient donné lieu
Les industries des engrais produisent, lors de l’attaque des
à un développement en unités pilotes importantes, aucun n’a
phosphates, des solutions d’acide fluosilicique que l’on valorise en
débouché jusqu’à présent sur des réalisations industrielles, soit pour
produisant du fluorure d’aluminium. Le principe résulte de la
des raisons économiques, soit pour des raisons de pureté de métal,
réaction :
soit pour des raisons technologiques.
H2SiF6 + 2Al (OH)3 + 2H2O → SiO2 + 2 (AlF3, 3H2O)

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8.1.1 Procédés thermiques 8.2 Production d’alumine


L’alumine peut être réduite par le carbone selon la réaction : 8.2.1 Généralités
Al2 O3 + 3C → 2Al + 3CO
Des procédés acides ont été étudiés et développés au stade pilote
Pour travailler à la pression atmosphérique, il faut atteindre une pour la fabrication d’alumine à partir de minerais silico-alumineux
température de 2 000 oC. Aluminium Pechiney a étudié au stade pauvres en métaux alcalins ou alcalino-terreux et en fer, attaqués
pilote, dans des fours électrothermiques, cette réaction. Le métal par un des acides minéraux industriels (sulfurique, chlorhydrique ou
produit est carburé, et peut contenir jusqu’à 6 % de carbone. Par nitrique). Les procédés comportent les séquences habituelles des
refroidissement, le métal carburé exsude l’aluminium en laissant un opérations rencontrées dans les procédés hydrométallurgiques :
résidu de carbure. — concassage-broyage et éventuellement précalcination du
La plupart des brevets et réalisations à l’échelle pilote se minerai ;
rapportent à la réduction directe du minerai. On obtient un alliage — mise en solution de l’alumine par attaque en solution acide ;
Fe-Si-Ti-Al qu’il est nécessaire de raffiner pour isoler l’aluminium. — séparation des stériles et épuration des solutions ;
Les méthodes de raffinage peuvent se classer en deux catégories : — cristallisation du sel d’aluminium ;
— formation d’un sous-sel volatil tel que Al2O ou AlCl obtenus — décomposition thermique du sel d’aluminium ;
par action de l’alumine (procédé allemand IG Farben) ou du chlorure — reconversion éventuelle du réactif acide.
d’aluminium (procédé canadien Alcan) ; À titre d’exemple, nous donnons ci-après une description
— dissolution sélective de l’aluminium de l’alliage par un métal sommaire du procédé H+ Pechiney.
liquide tel que mercure, plomb ou zinc.

8.2.2 Procédé H+ Pechiney


8.1.2 Procédés au chlorure
Ce procédé permet d’extraire l’alumine contenue dans les
L’emploi du chlorure d’aluminium a fait l’objet de nombreuses silico-alumineux tels que argiles, schistes, schistes houillers
publications et brevets. bitumineux ou uranifères.
Le chlorure d’aluminium est obtenu par action du chlore sur un Le principe du procédé (figure 10) est la mise en solution sélective
mélange d’alumine et de carbone, suivant la réaction : de l’alumine en milieu sulfurique concentré et la purification poussée
de l’alumine à l’état de chlorure hexahydraté, sel qui peut être pyro-
2Al2 O3 + 6C + 6Cl2 → 4AlCl3 + 6CO hydrolysé en alumine à relativement basse température.
Quatre procédés de réduction du chlorure ont été brevetés ou ■ Attaque : le minerai préparé est mis en contact avec une solution
expérimentés. sulfurique saturée en impuretés aux conditions de l’attaque. Les
■ Réduction par le magnésium : il y a formation de MgCl2 qui est oxydes et silicates du minerai sont transformés en sulfates ; seul le
ensuite électrolysé (procédés Conzinc Riotinto et CSIRO). sulfate d’aluminium est solubilisé.

■ Réduction par le manganèse : une version de ce procédé consiste ■ Séparation solide-liquide : opération par décantation ou filtration
à faire réagir le chlorure d’aluminium sur du manganèse solide avec où la liqueur sulfurique contenant l’aluminium est séparée des
formation d’aluminium et de chlorure de manganèse. Ce dernier est sulfates d’impuretés et de la silice.
ensuite transformé en oxyde qui sera ultérieurement réduit par ■ Traitement des stériles et séparation des impuretés : les solides
carbothermie (procédé Toth). séparés sont lavés à l’eau et les sulfates d’impuretés sont redissous
■ Procédé au monochlorure : par action du chlorure d’aluminium en solution sulfurique. La silice est séparée, et la solution sulfurique
sur la bauxite en présence de carbone à une température des impuretés est concentrée pour cristalliser les sulfates
de 1 800 oC environ, on forme du monochlorure suivant la réaction : d’impuretés. Ceux-ci fourniront, par calcination, de l’acide sulfurique
recyclé, des oxydes métalliques et du sulfate de potassium
Al2 O3 + 3C + AlCl3 → 3AlCl + 3CO valorisables.
Par trempe du mélange gazeux, le monochlorure est dismuté en ■ Première cristallisation : la solution sulfurique contenant
métal et trichlorure. l’aluminium est refroidie pour faire cristalliser un sulfate d’alumine
particulier, facilement séparable par filtration de la liqueur mère qui
■ Électrolyse avec électrodes bipolaires : le chlorure d’aluminium est recyclée à l’attaque.
est dissous dans un mélange d’halogénures alcalins fondus ; la tem-
pérature est d’environ 700 oC. La cellule à électrodes bipolaires en ■ Deuxième cristallisation : le sulfate est transformé en chlorure et
graphite comporte une anode horizontale supérieure et une cathode l’aluminium se sépare sous forme de cristaux de chlorure d’alumi-
horizontale inférieure, avec entre elles plusieurs électrodes nium hexahydraté et pratiquement toutes les impuretés restent en
bipolaires. Un flux continu d’électrolyte empêche la stagnation de solution.
l’aluminium sur les électrodes. Le chlore est collecté à la partie supé-
rieure tandis que l’aluminium descend à contre-courant et se ■ Récupération chlorhydrique : la solution, séparée des cristaux de
rassemble au fond. Ce procédé, breveté par ALCOA (Aluminium chlorure par filtration ou centrifugation, est dégazée par chauffage et
Company of America) a donné lieu à un développement dans une régénère d’une part, l’acide chlorhydrique gazeux et d’autre part,
unité pilote importante. Un des objectifs était la diminution de la l’acide sulfurique qui est recyclé à l’attaque.
consommation d’énergie électrique. ■ Pyrohydrolyse, obtention de l’alumine : les cristaux séparés sont
pyrohydrolysés en deux temps et on obtient ainsi l’alumine anhydre
de grande pureté et les gaz contenant l’acide chlorhydrique à
recycler.
■ Qualité de l’alumine : l’alumine obtenue par ce procédé a des
teneurs en impuretés égales ou inférieures à celles de l’alumine
obtenue par le procédé Bayer. Cependant, dans les conditions
économiques actuelles, ce procédé n’est pas compétitif à l’échelle
industrielle.

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Figure 10 – Production d’alumine par le procédé H+

9. Aluminium 9.2 Matières premières


de deuxième fusion L’industrie de l’affinage consomme :
• 25 à 35 % de débris d’aluminium provenant de pièces et objets
9.1 Généralités obsolètes (collecte artisanale, démontage d’installations et surtout
destruction mécanique des épaves de voiture et équipements
Le recyclage des déchets et débris d’aluminium prend une complexes) : ces produits nécessitent une préparation souvent
importance de plus en plus grande, pour des raisons économiques, compliquée ;
écologiques et d’énergie. L’industrie qui en découle est générale- • 65 à 75 % de déchets d’aluminium provenant de fabrications
ment appelée affinage. industrielles aux différents stades de la transformation.
L’affinage occupe une position naturelle dans la filière aluminium :
c’est le complément de la production d’aluminium de première
fusion et de l’industrie de transformation de l’aluminium. 9.3 Principaux débouchés
L’arrêt quasi total de la production d’aluminium primaire au Japon
et la montée de l’affinage consécutif situent ce pays à la première La multiplicité des origines de matières premières, la charge en
place mondiale de cette spécialité. Aux États-Unis, l’affinage se impuretés métalliques et non métalliques, la difficulté d’élimination
maintient depuis dix ans à un niveau élevé ; en France et en des impuretés métalliques, expliquent une activité spécifique
Allemagne, on constate une croissance importante. s’appuyant sur des débouchés spécifiques : la fonderie de moulage.

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Les alliages d’aluminium de fonderie admettent, pour certains, des 9.6 Évolution des matières premières
impuretés métalliques en quantité limitée et contrôlée, et ce domaine
est donc le lieu privilégié d’application des alliages d’affinage ; le de l’affinage
client le plus important est l’industrie des transports, le plus gros
consommateur de pièces moulées. Dans l’automobile, les alliages L’évolution des applications de l’aluminium à des usages multiples
d’affinage sont utilisés pour la fabrication des carters et conduit à avoir des déchets et résidus variés que l’on peut classer
blocs-cylindres, les culasses et les pistons. en trois grandes catégories.
■ Complexes, multimatériaux, revêtements : on peut citer, par
exemple, les tôles de bardage et couverture laquées, les profilés
9.4 Contraintes socio-économiques laqués et profilés à coupure thermique, boîtes pour boissons tout
aluminium et aluminium-fer blanc, boîtiers aluminium-acier-matière
plastique, composites aluminium-papier, câbles isolés, etc. Les
■ Écologie : l’affinage doit rechercher en permanence des solutions procédés de traitement sont nombreux, de la préparation à froid à la
aux problèmes écologiques liés au traitement des déchets dont préparation à chaud et à la fusion directe.
l’évolution va vers une augmentation de la complexité. Les procédés ■ Composites : on peut distinguer les éléments constitués à partir
doivent s’adapter : un problème important non encore résolu est le d’une préforme imprégnée d’aluminium et les éléments constitués
traitement des résidus. d’une matrice métallique à l’intérieur de laquelle on peut trouver
■ Qualité : la demande est de plus en plus exigeante pour des jusqu’à 25 % de fibres.
produits finis élaborés d’un niveau de qualité élevé et constant, ce qui ■ Nouveaux alliages et nouvelles impuretés : des éléments
nécessite des moyens de mesure et de contrôle de haute technologie. introduits à faible dose pour modifier la structure d’un produit fini se
■ Gestion des stocks : l’affinage livrant une partie de sa production retrouvent dans les déchets et peuvent être indésirables pour de
d’alliages sous forme liquide, donc selon la méthode juste à temps, nouvelles productions. Il faudra donc les éliminer. À chaque type de
doit avoir, en amont, des stocks de matières premières et un déchets et de résidus correspondent des traitements appropriés.
approvisionnement parfaitement organisés pour pouvoir assurer la Mais il est certain que les matières synthétiques qu’ils contiennent
régularité de ses livraisons. seront détruites thermiquement.
La conception des produits nouveaux doit tenir compte de ce fait
pour éviter les composants dont la destruction thermique créerait
des nuisances difficiles à neutraliser entièrement
9.5 Structure d’une raffinerie
d’aluminium moderne
Les alliages aluminium-lithium ne font pas partie de la
métallurgie de l’aluminium telle que conçue dans cet article. Ces
La transformation des matières premières comprend plusieurs alliages ne sont réalisés que dans certaines usines de transfor-
stades successifs : mation (Issoire en France) comme d’ailleurs beaucoup d’autres
alliages très pointus, aussi importants, mais moins médiatisés
— réception, comprenant le pesage, le déchargement, le stoc-
que les alliages aluminium-lithium.
kage et surtout l’évaluation du lot en qualité ;
— préparation où l’on trouve différentes techniques :
• triage manuel et démontage des sous-ensembles,
• broyage (broyeurs à marteaux, à anneaux dentelés, à impact, 9.7 Production des affineurs d’aluminium
à boulets et granulateurs à couteaux suivant la nature des
produits), Il est difficile de connaître la totalité de la production de deuxième
• épuration et triage par densité, par criblage, par voie fusion, car une partie importante des déchets est recyclée
thermique, par tablage pneumatique ou hydraulique ; directement dans les fonderies des usines d’électrolyse et des usines
— fonderie, dont le rôle est complexe : fusion des déchets, de transformation, sans être déclarée comme aluminium de
séparation du métal et des oxydes, élimination de certaines deuxième fusion.
impuretés indésirables, traitement du métal et mise au titre de
l’alliage. Différents types de four sont utilisés : four tournant à bain Le tableau H (en [Doc. M 2 340]) donne la production des affineurs
de sel en duplex avec un four de maintien, four réverbère à bassin, d’aluminium en Europe, aux États-Unis et au Japon.
four à sole sèche avec bassin, four électrique ; Les principaux utilisateurs d’aluminium de deuxième fusion sont
— expédition : la livraison de métal liquide a imposé un déve- les fonderies d’aluminium. Il n’existe pas de statistiques sur les
loppement de la métallurgie en poche en usine et un matériel utilisateurs finaux, mais l’industrie de l’automobile est certainement
circulant soumis à des contraintes d’exploitation sévères. le plus important.

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P
O
U
Métallurgie extractive R
de l’aluminium
E
N
par Philippe VOISIN
Ancien Ingénieur de la Société Aluminium Pechiney
Ingénieur de l’École Nationale Supérieure de la Métallurgie et de l’Industrie des Mines
S
de Nancy
A
Données économiques V
(0)
O
Tableau A – Production d’aluminium primaire par pays (en 103 t)
Année
I
Pays
1980 1983 1986 1989 R
Production mondiale....................................................................................... 15 990 14 345 15 638 18 139
Monde occidental ............................................................................................ 12 770 11 098 12 240 14 473
Europe .............................................................................................................. 3 766 3 585 3 720 3 949
CEE (9 pays) (1)............................................................................................
CEE (10 pays) (1)..........................................................................................
2 066
2 212 1 925
P
CEE (12 pays) (1).......................................................................................... 2 597 2 282 2 341 2 372
France ...........................................................................................................
République fédérale d’Allemagne..............................................................
431,9
730,7
360,8
743,3
321,8
763,7
334,9
742,0
L
Italie ..............................................................................................................
Pays-Bas .......................................................................................................
Grèce ............................................................................................................
271,2
258,2
145,6
195,7
236,3
136,2
242,6
258,0
124,4
219,5
277,1
148,3
U
Royaume-Uni ...............................................................................................
Norvège........................................................................................................
Autriche ........................................................................................................
374,5
662,0
94,3
252,5
715,4
94,2
275,9
729,1
92,5
297,3
859,0
92,9
S
Islande .......................................................................................................... 74,8 77,0 80,0 88,7
Suède ........................................................................................................... 81,6 82,2 77,1 97,0
Suisse ........................................................................................................... 86,3 76,0 80,6 71,4
Espagne........................................................................................................ 385,3 357,6 354,7 352,5
Yougoslavie ................................................................................................. 170,0 258,2 319,7 368,0
Amérique.......................................................................................................... 6 542 5 387 5 787 7 286
Amérique du Nord........................................................................................... 5 728 4 444 4 394 5 587
Canada ......................................................................................................... 1 074,0 1 091,2 1 355,2 1 557,0
États-Unis ..................................................................................................... 4 653,6 3 353,3 3 038,7 4 030,2
(1) CEE (9 pays) = France + République fédérale d’Allemagne + Belgique + Pays-Bas + Luxembourg + Italie + Grande-Bretagne + Irlande + Danemark.
1 - 1992

CEE (10 pays) = CEE (9 pays) + Grèce.


CEE (12 pays) = CEE (10 pays) + Espagne + Portugal.

(0) (0) (0)


(0) (0) (0)
(0)
Doc. M 2 340

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P MÉTALLURGIE EXTRACTIVE DE L’ALUMINIUM _______________________________________________________________________________________________
O
U
Tableau B – Livraisons d’aluminium par utilisation : en France (marché intérieur)
R et aux États-Unis (importations de demi-produits incluses)
Année

Utilisation France États-Unis

E 1980 1988 1989 1980 1988 1989

N Transports............................................................................... (en 10 3 t)

Construction mécanique........................................................ (en 10 3 t)


(%)
180,3
31,1
28,6
223,6
37,3
29,2
243,6
39,8
30,5
1 041,5
19,3
298,0
1 614,4
23,6
409,1
1 565,8
22,8
408,7
(%) 4,9 4,9 5,0 5,5 6,0 6,0
Construction électrique.......................................................... (en 103 t) 114,4 91,5 83,8 611,5 635,9 654,1
(%) 19,7 15,3 13,7 11,3 9,3 9,5

S Bâtiment.................................................................................. (en 10 3 t)

Équipement chimique, alimentaire et agricole.................... (en 10 3 t)


(%)
67,5
11,6
11,7
81,4
13,6
9,5
89,1
14,6
7,7
1 165,3
21,6
87,5
1 300,0
19,0
46,7
1 280,9
18,7
52,1
A (%)
Emballage ............................................................................... (en 10 3 t)
2,0
51,2
1,6
47,8
1,3
45,8
1,6
1 512,3
0,7
2 036,2
0,8
2 103,9
(%) 8,8 8,0 7,5 28,0 29,7 30,7
V Équipement domestique et de bureau ................................. (en 10 3 t)
(%)
32,9
5,7
29,0
4,8
28,8
4,7
342,9
6,3
461,6
6,7
460,9
6,7
Poudre, pâte et grenaille........................................................ (en 103 t) 1,9 2,0 3,9 47,6 40,8 42,2
O Fer, acier et autres usages métallurgiques .......................... (en 10 3 t)
(%) 0,3
27,6
0,3
30,3
0,6
24,7
0,9
108,9
0,6
97,5
0,6
93,9

I (%)
Divers ...................................................................................... (en 103 t)
(%)
4,8
64,0
11,1
5,1
54,4
9,1
4,0
53,5
8,8
2,0
190,0
3,5
1,4
208,5
3,0
1,4
194,6
2,8

R LIVRAISONS TOTALES.......................................................... (en 10 3 t)


(%)
580,1
100,0
598,7
100,0
611,4
100,0
5 405,5
100,0
6 850,7
100,0
6 857,1
100,0
EXPORTATIONS ..................................................................... (en 10 3 t) 203,3 360,0 382,3 346,3 787,0 1 060,0

P Tableau C – Consommation d’aluminium en kilogrammes par habitant dans le monde


Année
L Pays
1975 1980 1985 1989

U Monde occidental..............................................................................................................
Europe ................................................................................................................................
3,8
9,3
5,0
13,0
5,0
13,4
5,5
16,5
France (1) 9,2 14,3 12,8 17,0
S République fédérale d’Allemagne
Italie
14,6
7,5
22,0
14,3
24,8
14,5
28,7
20,4
Pays-Bas 8,4 12,4 11,4 17,5
Union Économique Belgique-Luxembourg (UEBL) 7,5 9,6 8,4 7,4
Royaume-Uni 9,8 9,3 10,5 10,7
Danemark 8,2 11,5 13,4 13,1
Irlande 1,4 5,0 7,8 7,7
Grèce 4,4 5,9 5,4 7,7
Espagne 6,6 7,6 6,0 9,0
Autriche 9,1 12,2 13,9 21,4
Portugal 1,1 3,6 3,9 5,7
Suisse 9,8 17,1 18,9 23,4
Suède 19,3 17,1 19,5 22,2
Norvège 19,8 22,6 21,5 24,6
Finlande 9,1 12,9 12,6 12,5
Islande 6,8 10,1 7,9 8,7
Yougoslavie 4,8 6,2 8,4 8,2

Amérique Canada 12,9 16,0 20,3 28,0


États-Unis 19,2 24,2 26,7 25,7
Brésil 2,4 2,9 2,6 2,7
Mexique 1,5 2,4 1,9 1,5
Vénézuela 2,8 5,6 5,3 4,0

Asie Japon 13,1 19,8 20,7 27,4


Inde 0,2 0,5 0,4 0,5
Corée du Nord 1,2 2,2 4,2 9,2
Taiwan 2,7 7,4 9,5 15,0
Turquie 2,0 1,2 2,2 1,9

Afrique Afrique du Sud 2,8 4,5 4,2 5,6

Océanie Australie 11,6 17,5 18,0 19,6


(1) Y compris la récupération des déchets et débris chez les transformateurs à partir de 1980. Chiffres antérieurs non comparables.

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P
O
U
Tableau D – Catégories d’aluminium commercial non allié les plus courantes
Limites maximales des impuretés naturelles (%) Minimum
R
Alliages
série 1000 d’aluminium
Si Fe Cu Mn Mg Zn V Ti (%)

1235
1050
1070
0,25
0,20
0,65
0,40
0,25
0,05
0,05
0,04
0,05
0,05
0,03
0,05
0,05
0,03
0,10
0,05
0,04
0,05
0,05
0,05
0,06
0,03
0,03
99,35
99,50
99,70
E
1080
1085
1090
0,15
0,10
0,07
0,15
0,12
0,07
0,03
0,03
0,02
0,02
0,02
0,01
0,02
0,02
0,01
0,03
0,03
0,03
0,05
0,05
0,05
0,03
0,02
0,01
99,80
99,85
99,90
N
1098 0,010 0,006 0,003 ..................... ..................... 0,015 ..................... 0,030 99,98

S
Tableau E – Marché mondial de l’aluminium raffiné :
livraisons en 1989 (en tonnes) A
Pays
par électrolyse
Raffinage

par ségrégation
Total V
Europe
Japon
14 500
3 500
3 500
10 500
18 000
14 000
O
États-Unis
Total
............................
18 000
4 000
18 000
4 000
36 000
I
R
Tableau F – Production mondiale d’alumine hydratée par pays (en 103 t)

Pays 1980 1985 1989 Pays 1980 1985 1989 P


Monde occidental 29 366 26 938 32 604 Amérique latine 4 595 4 971 6 703
IPAI (1) 29 341 26 681 32 777 IPAI
Brésil
4 596
505,7
4 734
1 095,9
6 647
1 624,4
L
Europe 5 776 6 019 6 250 Guyane 296,3 0 0
IPAI (1)
CEE (9 pays) (2)
5 743
3 941,8
6 006 6 246 Jamaïque
Surinam
2 448
1 345
1 513
1 241,7
2 221,1
1 567,1
U
CEE (10 pays) (2)
CEE (12 pays) (2)
France
4 446,5
4 541,5
1 339,4
3 599,1
4 880,8
877,1
5 009,8
624
Vénézuela

Afrique
0

708
1 120

577
1 290,2

627
S
République fédérale 1 600,4 1 656,6 1 174 IPAI 708 545 626
d’Allemagne
Italie 900,3 555,3 722,2 Guinée 708,3 576,9 626,8
Royaume-Uni 101,7 108,3 116,2 Asie 2 946 2 020 2 483
Espagne 95,0 724,7 949,1 IPAI 2 947 2 000 2 493
Grèce 504,7 401,8 533,3 Japon 2 218,4 1 335,9 863,5
Irlande 0 557 891 Taiwan 78,8 0 0
Yougoslavie 1 235 1 138 1 240 Turquie 137 113 200,6
Inde 512 571 1 418,5
Amérique du Nord 8 094 4 560 5 719
IPAI 8 094 4 560 5 942 Océanie 7 246 8 792 10 823
États-Unis 6 891,8 3 541 4 670 IPAI 7 254 8 804 10 823
Canada 1 202,2 1 019 1 049 Australie 7 246 8 791 10 823
(1) Statistiques IPAI (International Primary Aluminium Institute à Londres) + Yougoslavie. Sources : statistiques par pays : AMT/EM & Metallgesellschaft (1990).
(2) Se reporter à la note du tableau A.

Tableau G – Production d’alumine métallurgique (en 103 t)

Année Afrique Amérique Amérique Asie Europe Océanie Pays Total


du Nord latine du Sud-Est de l’Est + Chine

1980 708 7 261 4 499 2 362 3 700 7 254 5 770 31 554


1983 564 4 404 4 101 1 328 3 582 7 305 6 925 28 209
1986 571 3 390 5 225 1 052 4 185 9 302 7 750 31 475
1989 626 5 129 6 330 1 623 4 013 10 668 7 993 36 382

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est strictement interdite. − © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques Doc. M 2 340 − 3
P MÉTALLURGIE EXTRACTIVE DE L’ALUMINIUM _______________________________________________________________________________________________
O
U
Tableau H – Production des affineurs d’aluminium en Europe, aux États-Unis et au Japon (en 103 t)
R Pays 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989

Europe 1 250,9 1 203,9 1 138,7 1 267,6 1 329,4 1 342,3 1 337,2 1 458,2 1 606,7 1 673,0
France 170,0 169,8 153,7 170,0 174,0 170,1 180,3 195,0 224,7 233,0

E République fédérale
d’Allemagne
Italie
404,9
332,0
397,5
312,0
406,2
302,0
425,2
347,0
442,2
354,0
457,3
352,0
482,5
301,0
501,2
335,0
529,9
378,0
537,0
390,0

N Pays-Bas (1)
Belgique (1)
Royaume-Uni
29,0
0,0
198,0
31,0
0,0
181,0
27,0
0,0
140,0
32,0
1,0
157,0
30,0
2,0
176,0
44,1
2,0
155,0
51,3
2,0
142,0
53,7
3,2
190,0
61,0
3,0
200,0
67,0
3,0
220,0
Grèce 0,0 0,0 0,0 2,0 2,0 5,3 3,3 4,5 5,8 7,3
Danemark 9,0 9,1 10,0 10,5 9,5 11,0 11,0 0,0 0,0 0,0
Norvège (1) 4,5 4,0 3,5 0,7 2,2 1,5 2,0 2,0 2,0 2,0
S Autriche
Finlande
14,3
9,0
13,0
9,3
11,0
9,4
15,3
13,0
21,6
17,1
21,1
21,0
24,7
22,2
27,2
25,7
29,4
29,9
34,1
30,1
Suède 23,1 24,7 23,2 24,9 30,8 29,4 28,9 30,0 32,0 33,0
A Suisse (1)
Espagne (1)
16,0
38,5
16,0
34,5
15,0
35,7
17,0
50,0
18,0
48,0
21,0
49,5
20,0
64,0
20,4
68,0
23,0
85,0
26,0
90,5

V Portugal (1)

États-Unis (1)
2,6

749,1
2,0

685,8
2,0

700,7
2,0

748,7
2,0

800,2
2,0

875,0
2,0

831,0
2,3

839,9
3,0

912,0
0,0

836,0

O Japon 788,9 814,7 760,6 802,4 818,9 861,4 872,0 1 088,4 1 094,1 1 033,7
(1) Estimation EM Aluminium Pechiney.
I Sources : OEA.

R
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Revues françaises et étrangères
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sept. 1964. Light metal Age (bimestr.).
Ouvrages Généralités, fabrication-production Modern metals (mens.).
Procédé par électrolyse Ingénieurs du groupe Pechiney. – L’aluminium.
2 vol., Eyrolles, Paris (1964). Italie
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ROLIN (M.). – Les équilibres chimiques dans les
bains d’électrolyse de l’aluminium. Publication
INSA, Lyon (1973).

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_______________________________________________________________________________________________ MÉTALLURGIE EXTRACTIVE DE L’ALUMINIUM
P
O
U
R
Réglementation
Les modalités de fonctionnement et les prescriptions techniques devront,
par exemple, être conformes à l’arrêté préfectoral d’autorisation du
19 juin 1991 concernant l’usine de la Société Aluminium Dunkerque et l’on
pourra se référer :
E
— à la loi no 76.663 du 19 juillet 1976 modifiée relative aux installations
classées pour la protection de l’environnement ;
— au décret no 77.1133 du 21 septembre 1977 modifié ;
N
— au décret du 20 mai 1953 modifié pour la nomenclature des installations
classées.

S
Organismes français et étrangers
France États-Unis
A
Syndicat général des fondeurs de France.
Fédération des chambres syndicales des minerais et métaux non ferreux.
The aluminium association.
Grande-Bretagne
V
Métaleurop.
Groupe de laminage et filage d’aluminium et d’alliages.
Aluminium federation.
Grèce
O
Allemagne
Aluminium Zentrale.
Aluminium association of Greece.
Italie
I
Aluminium Halbzeug Verband.
Australie
Assoziatione nationale industrie metalli non ferrosi (ASSOMET).
Assomineraria. R
The aluminium development council. Japon
Belgique The Japan light metal association.
Fédération des entreprises de métaux non ferreux.
Centre des métaux non ferreux.
Université de Liège, métallurgie des métaux non ferreux.
Norvège
Skaluminium skandinavisk organ vor aluminium industrie. P
Pays-Bas
Espagne
Sindicato national del metal.
Vereigniging de Nederlandse non ferro industrie. L
International
Inespal.
Confedem.
European primary aluminium association.
International primary aluminium institute (Londres).
U
Eurométaux : association européenne des métaux (Bruxelles).
S

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