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Support de cours(2) :

Approches et démarches
de l’EvRP
Unité Méthodologique 1.2 : Approches et méthodologie EvRP - Institut
d’Hygiène & Sécurité, Université Batna 2, Algérie.
L’évaluation des Risques Professionnels (EvRP) conditionne en grande partie toute démarche de
prévention. L’EvRP relève de la responsabilité des employeurs et elle est obligatoire en Algérie.
L’EvRP repose sur une démarche structurée, en fonction du type de risques, plusieurs démarches
et approches EvRP ont étaient développées. Ce cours fera l’objet un extrait de ces démarches et
approches.

Chargée de C/TD
Dr. SAADI Saadia.
Avril 2021
Support de cours(2) :
Approches et
démarches de l’EvRP
Unité Méthodologique 1.2 : Approches et méthodologie EvRP
- Institut d’Hygiène & Sécurité, Université Batna 2, Algérie.
Pour rappel, l’évaluation des risques professionnels (EvRP) consiste à identifier et
classer les risques dans l’entreprise en vue de mettre en place des actions de
préventions pertinentes. L’EvRP est une obligation réglementaire pour le chef

Support de cours(2) : Approches et démarches de l’EvRP


d’entreprise qui doit préserver la santé et la sécurité des salariés.
De même, l’EvRP est une étape initiale d’une politique de Santé et Sécurité au
Travail (SST). Elle est, donc, l’étape clé de la démarche de prévention car, elle
repose sur le respect de principes et la mise en œuvre d’une approche structurée
et elle s’inscrit naturellement dans la démarche de gestion de l’entreprise.

1- Approches de l’EvRP
Il existe plusieurs approches et démarches qui permettent de cadrer et d’aborder
cette procédure de prévention et de gestion de risques. L’ensemble des
approches de l’EvRP sont synthétisées dans le tableau 1.
Les approches se distinguent par les objectifs, par l’intérêt, ainsi que par les
limites.
Tableau 1 : approches de l’EvRP

Types Objet Intérêt Limite


d’approches

Juridique Définir et de faire Instituer des *Ne tient pas compte des SdT ou de
appliquer les textes bases minimales certaines nuisances non prévues par des
relatifs à la SST. en vue de textes,
préserver la SST. *Sans rechercher d’amélioration dans une
perspective de bien-être au travail.
*Elle repose sur une démarche inductive.

Technique Contribuer à une S’appuyer sur *La vision qu’a l’ing des SdT est différente
bonne conception des personnes de celle de l’opérateur en tant
du poste de travail maîtrisant qu’utilisateur de l’équipement (du point de
parfaitement vue ergonomique),
leur champ *Ne prend pas en compte l’environnement
d’intervention
de travail et de l’interaction de celui-ci
technique et
avec l’équipement en question.
matériel.
1
Gestionnaire Minimiser les Etablir un lien *Souvent, elle conduit à ne plus
dysfonctionnements conceptuel entre s’intéresser qu’à l’aspect rentabilité
du système sécurité,
(accident, incident, productivité et
qualité, produit…). qualité.

Médicale Identifier des Etablir le lien *Risquer d’exclure les personnes les moins
inaptitudes pour entre les aptes au lieu de rechercher une réelle
soustraire conditions de adéquation entre l’homme et le travail.
l’opérateur aux travail et l’état
risques. de santé des
opérateurs.

Dans le cadre d’une politique SST, l’idéale serait de cadrer l’approche à


obligation de résultats, laquelle vise la réalisation des objectifs par l’approche à
obligation réglementaire qui offre un cadre support pour la réalisation des
objectifs.
Support de cours(2) : Approches et démarches de l’EvRP

2- Les démarches EvRP


I. Démarches normatives

La norme ISO 31010 : 2010 considère que l'évaluation des risques fait partie
intégrante du processus de gestion des risques (figure1). La norme considère
que l’EvRP est au cœur même du processus de gestion de risques

Figure1 : démarche EvRP selon la norme risques ISO 31010:2010

Par ailleurs la norme EN ISO 14121-I, 2007 sécurité des machines, reprend
pratiquement les mêmes étapes, figure2 et considère également l’EvRP une
étape clé du processus d’appréciation du risque machines.

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Figure2 : Processus d’appréciation du risque, (EN ISO 14121-I, 2007)
Cette démarche considère donc les situations dangereuse s associées aux
machines, elle considère que la machine est un potentiel de dangers par
excellence dans la genèse des AT et donc sans faire une analyse et évaluation de
risque précise portant sur la machine, il est difficile de choisir des moyens
optimisés de réduction des risques.

II. Démarches des institutions spécialisées et industrielles

De nombreuses démarches d’EvRP ont étaient mise au point pour cadrer le


processus d’évaluation des risques, un extrait de ces démarches est donné par
le tableau2 du premier support de cours.
Les démarches EvRP se distinguent par :
 L’approche d’analyse de risque (approche réglementaire, approches
gestionnaires, approche technicienne...),
 Les méthodes d’analyse de risques (méthodes qualitatives et
quantitatives, méthodes de l’analyse du poste, de l’analyse de la
situation de travail, de l’analyse du facteur humain …),
 Le type de risques (physiques, chimiques, ergonomiques…),
 La nature du processus de risques (processus chronique, processus
accidentel),
 L’estimation du risque (l’équation numérique du risque, variables de
l’équation, calcul du risque estimé, les grilles)
 L’évaluation qui fait recours à de nombreuses matrices très distinctes.

Le tableau 2 représente un extrait des démarches d’EvRP et leurs équations du


risque

3
Tableau 2 - Extrait des expressions d’estimation du RP
Démarche Formule d’estimation du risque
ANSI R = f (P, G, M), Risque = Probabilité x Gravité x Maitrise
Risque Initial: RI = G x P
Risque Résiduel: RR= RI x M
DSST R = f (P, E, G), Probabilité x Exposition x Gravité
RI= G x E x P
RR= G x E2 x P2
SOBANE, (Malchaire) R = f (P, E, F, G), Risque = Probabilité x Exposition x Formation x Gravité
Kinney, adapté) R= P x E x G x F
DNV (Kinney, adapté) R = f (P, E, M, C), Probabilité x Exposition x Maitrise x Conséquence
RI = C x E x P
RR = RI x M
CDG 72 R = f (E, M, G), Exposition x Maitrise x Gravité
RB= G x E; E (FE et DE)
RF: RB x M
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TOTAL R = f (E, M, G), (Gravité + Exposition) – Maitrise


RP = Gi + (F + D)
RR = RP - PM.
INRS, CRAM, BS8800 R = f (P, G), Probabilité x Gravité
R=GxP
SONATRACH : R = f (NE, NG), Risque = Niveau d’Exposition x Niveau de Gravité
NE= Fréquence d’Exposition x Dose d’Exposition
RR = R x M
INRS (Risque chimique) RP = f (D, EP), Danger x Exposition potentielle
RP = D x EP, RP: Ris Potentiel, D: classe de danger, EP: classe d’exposition
potentielle
EP = CQ x F; CQ: classe de quantités
CQ = Qi/Qmax; Qi: quantité consommée de l’agent chimique considéré
Qmax: quantité de l’agent le plus consommé
F: Fréquence d’utilisation

D’après le tableau 2, on constate que pour la majorité des démarches


l’estimation du risque se fait en deux temps :
 le risque initial, appelé également risque brut, risque potentiel
 le risque final, appelé également risque résiduel. Ce dernier s’estime en
fonction des mesures de maitrise
L’évaluation des risques dépend fortement de l’estimation du risque (basée
essentiellement sur un jugement plus ou moins subjectif), des objectifs et de la
politique de l’entreprise.
Il est à noter que ce jugement est largement influencé par l’attitude personnelle
et l’expérience des personnes qui effectuent l’évaluation. Pour réduire autant
que possible la subjectivité dans l’évaluation , deux principes devraient être
appliqués:
 Une évaluation devrait toujours être effectuée par un groupe et non par
une seule personne, d’où l’utilité de mettre en place du comité de
pilotage du projet EvRP;
 Une méthode structurée d’évaluation devrait être utilisée.

Concernant les démarches structurées, dans ce support de cours nous


4 proposons de présenter la Méthode Kinney et la démarche SONATRACH.
Nous retenons la méthode Kinney, car d’une part elle est très utilisée, et d’autre
part parce que cette méthode a était enrichie conceptuellement par la méthode
SOBANE qui a introduit le paramètre Formation (F) dans l’équation du risque et
par DNV qui a introduit le paramètre maitrise (M) dans l’équation du risque .
La démarche SONATRACH est retenue car elle présente un cas d’application réel
du contexte algérien.
Cependant il est à retenir que toute autre méthode qui permet d’évaluer les
risques de façon systématique est acceptable, juste il faut respecter le principe
d’adaptabilité de la méthode à l’entreprise .

III. Démarche Kinney


Après analyse de risques (identifications des potentiels de danger et
établissement des scénarios d’accidents (recherche des causes et conséquences)
L’évaluation des risques par la méthode Kinney est basée sur 03 paramètres :
 P : Probabilité d’occurrence de l’évènement accidentel,
 F : Fréquence d’exposition au danger
 C : les Conséquences
Les paramètres sont estimés en fonction des données (collectés par jugement
d’experts , sur retour d’expérience ou dans des bases de données) ensuite
pondérées en faisant recours aux grilles de probabilité, de fréque nce , et de

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conséquence de la démarche Kinney respectivement figure3, figure4 et figure 5

Le risque est ensuite estimé selon l’équation 1 et est positionner sur la grille de
criticité de la méthode (figure 6) pour décider de son acceptabilité et des
mesures de réduction à mettre en place pour le réduire si nécessaire.

𝑹 (𝑹𝒊𝒔𝒒𝒖𝒆) : = 𝑷 𝒙 𝑭 𝒙 𝑪. (1)

Figure3 : le facteur probabilité

igure4 : le facteur fréquence Figure5 : le facteur conséquence


Figure6 : criticité du risque
Il est à noter que pour la démarche Kinney le point tournant se situe autour de
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la valeur du risque 70, qui avec des actions de maitrise peut regagner la classe
D, mais la moindre erreur peut faire basculer ce risque vers une classe
redoutable, classe B

IV. Démarche de SONATRACH

La démarche adopté par Sonatrach remplies les 05 principes de l’EvRP et repose


essentiellement sur 03 étapes, l’ensemble de ces étapes est présenté par la
figure 7:
 L’identification des risques professionnels.
 L’évaluation et la hiérarchisation des risques professionnels.
 La planification des actions de prévention et les outils de suivi.

Figure7 : démarche Evrp Sonatrach

1 Identification des risques :


Cette étape nécessite en premier la définition de l’activité/entité objet de
l’évaluation, pour répondre à ce premier questionnement la démarche propose
une segmentation par espace géographiques (par unité de travail / par activité)

6 En une deuxième étape et pour chaque activité/entité retenue, on identifie les


potentiels de dangers, l’approche par les processus figure 8 à était retenue pour
répondre à ce questionnement.
Figure8 : identification des potentiels de danger par l’approche par processus

Cette approche permet de cadrer l’identification des potentiels de dangers, et de

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dresser une liste aussi exhaustive que possible des potentiels de dangers. Ainsi
les potentiels de dangers sont regroupés dans 03 processus de base qui
définissent l’approche par processus :

 Processus de réalisation : (postes, liens entre postes, produit entrants et


sortants mesurables)
 Processus de support :
o Ressources humaines: formations aux poste s de w, entretien des
connaissances, information…
o Installations : achats, sécurité dés a conception, maintenance,
energies…
 Processus de direction : responsabilité de la direction, SMSST, analyse
du tab de bord, organisation

2 Analyse et établissement des scénarios


En vue d’une recherche structurée, des causes et des conséquences des
scénarios possibles, le modèle MADS à était retenu dans la démarche Sonatrach

Figure9 : identification causes est conséquences des scénarios par le modèle 7


MADS
Le principe consiste, pour chaque potentiels de danger (source de danger)
d’identifier le ou (les) évènement (s) initial, les évènements causants ou
initiateurs (qui peuvent être intrinsèques ou liés à l’envi ronnement actif ou
passif de la source (le champ de danger), et enfin le ou (les) évènement (s)
terminal (accident), la cible, ainsi que les conséquences qui peuvent impacter la
cible

3 Evaluation et hiérarchisation
L’évaluation repose essentiellement sur l’estimation du risque. Selon cette
démarche le risque est estimé en deux temps par les équations du risque
suivantes (2) et (3)

𝑅𝐼 = 𝑁𝐸 𝑥 𝑁𝐺 (2)
𝑅𝑅 = 𝑅𝐼 𝑥 𝑀 (3)
Où RI c’est le risque Initial, RR c’est le Risque Résiduel et M représente les
mesures de maitrise
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Avec :
 NG Niveau de Gravité, avec 05 classes de gravité :
 NG1 : Peu d’atteinte à la santé
 NG2 : Atteinte réversible sérieuse
 NG3 : Atteinte irréversible sans aggravation
 NG4 : Atteinte irréversible avec détérioration
 NG5 : Mort sur le coup

 NE, Niveau d’Exposition, donné par l’équation suivante (4) :

𝑁𝐸 = 𝐹𝐸 𝑥 𝐷𝐸 (4)

Avec :

 FE, Fréquence d’Exposition ou fréquence d’occurrence, 03 classes ont


étaient retenues
 FE1 : Rare (une fois par an)
 FE2 : Fréquent (une fois par mois)
 FE3 : Permanent (une fois par semaine)

 DE, Dose d’Exposition, estimée en fonction des critères suivants :


 La durée d’exposition
 Le nombre de personnes exposées
 La formation et l’habilitation des personnes
 Les équipements de protection individuelle
 Les facteurs aggravants : conditions de travail, travail de
nuit
 Détection ou non des risques

La grille retenue pour la cotation de ces critères est donnée par le tableau
suivant :

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Tableau 3 – établissement des classes de la DE
N° Critères DE1 DE2
1 La durée d’exposition Faible Importante
2 Le nombre de personnes exposées <= 2 >2
3 La formation et l’habilitation des personnes + -
4 Les équipements de protection individuelle + -
5 Les facteurs aggravants : travail de - +
nuit…….. conditions climatiques, éclairage.. ;.
6 Détection ou non des risques + -
>= 4 >= 3

D’après ce tableau, pour la DE 02 classes ont étaient retenues :


 DE1 : Faible à moyenne (supérieur ou = à 4 critères vérifiés)
 DE2 : Moyenne à forte (supérieur ou = à 3 critères vérifiés)

 NE est estimé en fonction de la FE et la DE, une grille du NE à était


établie, elle considère 03 classes ( figure 10) :
o Faible

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o Moyen
o Fort

NE FE1 FE2 FE3

DE1 Faible Moyen Moyen


DE2 Faible Moyen Important

Figure10 : Niveau d’exposition

Niveau de risque R : c’est la combinaison du NE et du NG. Il se traduit


directement en priorités d’actions (du plus urgent P1 au moins urgent P5). Le
niveau de criticité indique à la fois l’urgence dans le traitement de la situation
dangereuse ainsi que le type de réponse ci -dessous grille de criticité et de
hiérarchisation des risques

NR NG1 NG2 NG3 NG4 NG5


NE = F P5 P4 P4 P2 P1
NE = M P5 P4 P3 P2 P1
NE = I P4 P3 P3 P1 P1

Zone des EPI et des actions palliatives

Zone des protections collectives et des EPI

Zone de la suppression du dangers à la source

Figure11 : grille de criticité du NR

Avec :
-P1 : Catastrophique - P4 : Dangereux
9
-P2 : Critique - P5 : Acceptable
-P3 : Urgent
4 Elaboration d’un plan d’action
Les priorités d'actions de prévention sont déterminées sur la base de l'estimation
des risques, pour mettre au point une stratégie et un ou des programmes
d'action :
 en respectant, dans l'ordre les principes généraux de la prévention: du
plus efficace au moins efficace

 en prenant en considération, les facteurs organisationnel, technique et


humain ;
 en définissant les moyens humains et financiers (coûts et opportunités
d'investissements) ;
 en planifiant dans le temps les actions (actions à court termes et actions
à long termes)

5 mise en œuvre et suivi du plan d’actions


Quelle que soit l'action envisagée, il est nécessaire de :
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 désigner une personne chargée du suivi ;


 disposer d'outils de pilotage permettant d'ajuster les choix, de contrôler
l'efficacité des mesures et de respecter les délais (tableaux de bord,
indicateurs…).
 assurer le suivi :
o des mesures réalisées dans le cadre du plan d'action,
o des méthodes utilisées (définition des unités de travail, modalités
de concertation, appréciation des moyens engagés…).
 dresser un bilan périodique, qui permet de valider les actions et
méthodes mises en œuvre, relancer la démarche de prévention (mise à
jour de l’ EvRP suite à des changements et aménagements

Conclusion
L’EvRP est outil de planification des actions de prévention en tenant compte de
la priorisation des risques. Elle doit être participative, elle est fortement soutenu
par la direction, mais bien propulsée par l’implication des travailleurs. Une
EvRP réussie doit être faite dans le cadre d’un groupe de travail
pluridisciplinaire et doit être mise à jour

Principales références bibliographiques


Vicentini R., (2003), Les risques professionnels : risques matériels, accidents de
travail et maladies professionnelles, Edition d’Organisation, 828 pages.
INRS-France, 2014, Evaluation des risques professionnels.
www.inrs.fr/demarche/evaluation-risques-professionnels.html

CNAM, guide d’évaluation des risques, (2005)


Démarche d’EvRP Sonatrach, 2006

J.Malchaire, 2002, stratégie générale de gestion de risques professionnels,


Cahier de notes documentaires, Hygiène et Sécurité, INRS, 2002

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