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Compatibilité électromagnétique (CEM) M1-RE, 2019/2020

Les perturbations générées par les décharges


électrostatiques

1. Phénoménologie

L'électrostatique est une branche de la physique qui étudie des phénomènes provoqués par
l'électricité statique.

1.1. Exemples d'électricité statique

L'électricité statique consiste en une force provoquée par un objet chargé d'électricité sur un
autre objet. Elle peut s'observer au quotidien lorsqu'un être humain reçoit une décharge
électrique en touchant une poignée de voiture, par exemple : cette décharge est due à
l'accumulation de l'électricité. Un autre phénomène bien connu est la foudre : celle-ci survient
lorsque les nuages sont chargés d'électricité statique.

1.2. Principe de l'électrostatique

L'électrostatique se base sur des formules afin d'analyser la force potentielle et les interactions
entre différents acteurs potentiellement électrisables. La loi de Coulomb, qui analyse la force
d'interaction électrique entre deux charges, est ainsi la base de cette branche. Aujourd'hui,
l'électrostatique est largement utilisée dans la recherche de matériaux antistatiques. Il s'agit alors
d'éviter le phénomène d'électrisation des objets en les déchargeant automatiquement de toute
force électrique.

1.3. Décharge électrostatique

La décharge électrostatique (DES) (ESD electrostatic discharge) est un passage de courant


électrique entre deux objets possédant des potentiels électriques différents sur un temps
extrêmement court. Le terme est souvent utilisé en électronique et dans l'industrie lorsque l'on
veut décrire des courants fugaces non-désirés pouvant endommager l'équipement électronique.
Une décharge électrostatique est un problème grave dans l'électronique des solides, tels que les
circuits intégrés.

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2. Foudre

La foudre est un phénomène naturel, de décharge électrique apparaissant en temps orageux. La


décharge électrique peut avoir lieu à l'intérieur du nuage (cumulo-nimbus), entre deux nuages ou
entre le nuage et la terre. Le dernier cas est celui qui nous intéresse le plus en CEM.

Figure VII-1 : Les types de foudre

Figure VII-2 : Classification des coups de foudre selon Berger et al

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2.1. Description des éclairs nuage-sol

La foudre est définie par le passage d’un courant transitoire très important entre deux points
normalement isolés de l’atmosphère. La foudre se produit entre un nuage et le sol, entre deux
nuages ou entre deux zones chargées au sein d’un même nuage. Ces charges stockées sont, selon
toute vraisemblance, générées par les mouvements d’air chaud dans un nuage en formation.

Les mesures effectuées montrent que la répartition des charges dans le nuage est complexe.
Néanmoins, la partie supérieure du nuage a une charge globalement négative, la base est
majoritairement positive et des poches positives et négatives occupent le milieu de la structure.

Une observation plus fine montre que cette répartition globale des charges est modifiée par les
courants d’air interne au nuage. Ils ont tendance à grouper les charges sous formes de cellules
positives et négatives juxtaposées. Ces cellules ont une durée de vie de 30 minutes et une charge
de plusieurs centaines de coulombs. Lorsque la différence de potentiel entre le sol et le nuage
devient supérieure à la rigidité diélectrique de l’air (généralement estimée entre 10 et 30 kV/cm
suivant le taux d’humidité), l’arc se développe.

Figure VII-3 : Distribution des charges électriques dans un nuage orageux et répartition du
champ électrique au sol, au moment où va s’éclater la foudre

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Tout d’abord, une colonne d’air ionisée (pilot stream) se forme et se rapproche du sol. Après une
extension de 30 à 50 m de cette colonne, une décharge plus intense, le précurseur (stepped
leader), se forme et permet au pilot stream de continuer sa progression d’un bond supplémentaire
de 30 à 50 m. la période de ces bonds évolue d’une centaine de microseconde au moment de
l’amorçage jusqu’à entre 5 à 10 µs lorsque la colonne approche du sol. Quand le précurseur se
rapproche du sol, la charge positive locale du sol se concentre (plus précisément les charges
négatives présente dans cette région sont repoussées). Une fois le champ électrique suffisant, un
canal ionisé part du sol (streamer) en direction du précurseur. Quand ces deux canaux se
rencontrent, les charges se neutralisent et créent un chemin de basse impédance qui permet à un
courant de plus en plus important de transiter du nuage vers le sol (arc en retour ou return
stroke). C’est cette zone fortement conductrice qui crée le flash associé à l’éclair.

Figure VII-4 Le processus de l'arc en retour pour une décharge descendante négative

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2.2. Effets de la foudre

Un coup de foudre s’accompagne de plusieurs effets, dont les principaux sont les suivants :

2.2.1. Effets thermiques

Ces effets correspondent à la dissipation de l’énergie sous forme de chaleur, ils ne sont important
que pour des matériaux mauvais conducteurs ou humides, en particulier, la vaporisation de l’eau
dans un sol humide peut provoquer l’écrasement d’un câble souterrain

2.2.2. Effets acoustiques (tonnerre)

Les forces électrodynamiques liées au courant s'écoulant dans l'éclair créent une dilatation de
l'air du canal de foudre et une élévation de pression dans le canal. Cette surpression et sa
disparition brutale crée une onde de choc. La distance du canal de foudre et son orientation par
rapport à l'observateur déterminent le spectre sonore perçu par l'opérateur.

2.2.3. Effets lumineux (éclair)

Au moment où l’intense courant d’arc en retour s’écoule le long du canal ionisé que constitue le
traceur, ce canal est brusquement très fortement chauffé et se transforme instantanément en un
véritable arc électrique. Une violente lumière est alors émise

2.2.4. Effets électrodynamique

Ces effets sont ceux qui peuvent être rencontrés dès qu’un courant fort circule dans un
conducteur. Par analogie, nous pouvons se référer aux phénomènes apparaissent sur des jeux de
barres de postes de puissance en cas de court-circuit. Les effets peuvent être soit attractifs, soit
répulsifs suivant la disposition des conducteurs les uns par rapport aux autres. Ces efforts
peuvent atteindre plusieurs centaines à plusieurs milliers de newtons pour des coups de foudre
violents et conduisent à des déformations mécaniques pouvant entrainer des ruptures ou des
arrachages de supports.

2.2.5. Effets électrochimique

Ces effets sont relativement peu importants sur les installations au sol et les quantités de matière
pouvant se décomposer par électrolyse restent faible, même pour des quantités de charge
transférées importantes. Une surveillance des prises de terre est nécessaire car il y a risque de
corrosion.

2.2.6. Effets électromagnétiques

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Le canal de foudre ainsi que les éléments écoulant le courant de foudre à la terre crée un champ
électromagnétique. Des courants et des tensions induits vont alors apparaître dans les
conducteurs proches. Les différences de potentiel résultantes peuvent à leur tour entrainer des
claquages dans les éléments électroniques ou électriques reliés à ces conducteurs. Ces claquages
peuvent être également de forte intensité et créer u risque d’inflammation ou de destruction de
même type que celui créé par le coup direct.

Certains équipements sensibles aux perturbations électromagnétiques peuvent être perturbés ou


détruits par le champ créé par un éclair proche.

2.2. Effets directs et indirects de la foudre

La foudre provoque deux principaux types d'accidents :


 Les accidents causés par un coup de foudre direct lorsque cette dernière frappe
directement un bâtiment, une installation électrique ou une zone spécifique. Cela peut
causer des dommages considérables, généralement par l’incendie. La protection contre ce
danger est fournie par les paratonnerres.
 Les accidents causés indirectement, lorsque les coups de foudre se manifestent à
distance depuis le point d’impact. Ses effets sont abordés selon trois aspects : les
surtensions conduites, l’élévation du potentiel de terre et le rayonnement.
 Des surtensions conduites font suite à un impact sur des lignes aériennes, elles
peuvent atteindre plusieurs centaines de Kilovolts.
 Une élévation du potentiel de terre lorsque le courant de foudre est écoulé par le sol,
cette variation du potentiel de terre touche les installations lorsque l’impact de foudre
au sol est à proximité de leurs prises de terre (Fig.1.03).
 Le rayonnement est un autre effet, car un coup de foudre indirect pour produire une
variation extrêmement rapide du champ électromagnétique, qui est à l’origine des
tensions induites dans les boucles.
2.3. Protection contre la foudre

Les protections sont généralement dimensionnées en fonction des chocs de foudre descendants
négatifs, qui sont de loin les plus fréquents. On distingue deux types de protection :
 La protection des bâtiments, par une tige conductrice verticale (paratonnerre) ;
 La protection des lignes à haute tension par un conducteur de garde.
Étant donné le point, situé à une hauteur H au-dessus du sol, sur lequel on veut que tombe la

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foudre (pointe du paratonnerre ou câble de garde) on peut construire deux courbes :


 La parabole qui est le lieu des points équidistants de la terre et du point d’impact. Son
équation est donnée par :

 le cercle correspondant à la distance d’amorçage d(I) (pour un courant de foudre


d’intensité donnée), dont l’équation est :

Ces deux courbes délimitent 3 zones à proximité de la structure concernée :


Zone I : le traceur qui arrive dans cette zone doit provoquer un amorçage sur le sol ;
Zone II : le traceur qui arrive dans cette zone provoque un amorçage sur le dispositif de
protection
Zone III : le traceur ne provoque pas encore d’amorçage. Il effectuera un bond supplémentaire,
dans une direction imprévisible.

Figure VII-5 Calcul de la zone de positionnement du paratonnerre

2.3.1. Positionnement du conducteur de garde


Un modèle relativement simple, applicable aux chocs de foudre descendants négatifs, est
largement utilisé pour évaluer l’efficacité des conducteurs de protection contre la foudre.
Le modèle est fondé sur l’existence d’une relation donnant la distance d’amorçage d en fonction
du courant de foudre I :
[ ]⁄
[ ] [ ] ( )
Par définition l’éclair éclate sur un objet mis à la terre, dès que le traceur par bond arrive à une
distance de cet objet inférieur à d.
Dans le cas d’une ligne haute tension, la zone critique est la zone III.

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En effet, si le point rouge de la figure ci-dessus représente le conducteur le plus exposé de la


ligne, et si d représente la distance critique de l’installation, on peut prévoir que :
 Les traceurs arrivant dans la zone I vont provoquer un amorçage vers le sol.
 Les traceurs arrivant dans la zone II vont provoquer un amorçage sur le conducteur le
plus exposé, mais avec un courant inférieur au courant critique.
 Le conducteur de garde doit être positionné de manière à capter les traceurs arrivant dans
la zone III.

Figure VII-6 Positionnement du câble de garde

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