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Pompe centrifuge

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Pour les articles homonymes, voir Pompe (homonymie).

Figure 1: Pompe centrifuge utilisée en vinification.


Figure 2: Pompe centrifuge de type Râteau à arbre horizontal

Une pompe centrifuge est une machine rotative qui pompe un liquide en le forçant
au travers d’une roue à aubes ou d'une hélice appelée impulseur (souvent nommée
improprement turbine). C’est le type de pompe industrielle le plus commun. Par l’effet
de la rotation de l’impulseur, le fluide pompé est aspiré axialement dans la pompe,
puis accéléré radialement, et enfin refoulé tangentiellement.

Histoire[modifier | modifier le code]


L’idée même de la pompe centrifuge est difficile à dater. On a pu créditer Denis
Papin d'en avoir fabriqué une des premières au XVIIe siècle1, mais des machines
similaires bien plus anciennes ont été décrites : certains historiens des sciences
désignent le peintre et ingénieur florentin Léonard de Vinci comme son inventeur à
l'orée du XVIe siècle dans le cadre de ses recherches sur l'assèchement des marais2.
En 1735, M. Le Demour invente une pompe basée sur ce principe pour être utilisée
dans les jardins du roi.
Cependant ces inventions demeurent sans lendemain, et il faut attendre la seconde
moitié du XIXe siècle pour voir apparaître ce type de machine autrement que par des
prototypes.
La seconde moitié du XIXe siècle voit le démarrage de l'utilisation des pompes
centrifuges (Angleterre - Allemagne). Plusieurs modèles sont présentés à la grande
exposition universelle de Londres en 1851. Cependant l'utilisation des pompes
alternatives restera la règle dans l'industrie du XIXe siècle.
L'essor de la machine centrifuge accompagne celui de l'utilisation des moteurs
électriques auxquels elle est particulièrement adaptée, puisqu'elle ne requiert aucune
pièce intermédiaire de transformation du mouvement: la pompe centrifuge est un
enfant du XXe siècle.
Dès 1902, la maison Sulzer Frères avait donné, à la suite d'un appel d'offres, une
solution pratique dans l'installation d'accumulation de Ruppoldingen en Suisse, qui
forme un établissement complémentaire des usines électriques situées au fil de l'Aar,
dans le Canton d'Argovie3. La pompe rejetait de l'eau la nuit dans un bassin situé
325 mètres en amont, pour produire 850 kW supplémentaires le jour4. La même
technique est utilisée dans l'usine suisse de Porrenlruy en 19105.
La société d'Auguste Rateau, fondée en 1903, met en œuvre au barrage de la
Girotte une pompe qui vient compléter celle de Sulzer Frères installée en 1921 ou
1922. Cette pompe centrifuge remonte l'eau descendant du premier barrage de la
Girotte en l'acheminant via une conduite forcée vers une roue à aubes alimentée par
l'usine électrique en aval du barrage. Classiquement la rotation aspire axialement
l'eau dans la pompe et l'accélère radialement pour la refouler 500 mètres plus haut
dans la retenue.[pas clair]
En 1925, l'installation de pompage-turbinage de Belleville, juste sous le lac, la
première en France, permet d'afficher une puissance de 20 MW en période de
pointe, en remontant dans le lac, 520 mètres plus haut, 450 litres par seconde6.

Nomenclature[modifier | modifier le code]

Figure 3: Pompe centrifuge

On appelle « corps de pompe » l’enveloppe extérieure de la machine. C’est la partie


fixe de la machine ou stator.
Le corps est constitué principalement de la « tubulure d’aspiration », de la « volute »,
et de la « tubulure de refoulement ». La partie mobile ou rotor est formée d'une roue
à aubes (impulseur), monté sur un arbre .
Le rotor est actionné par une machine d’entraînement qui est le plus souvent
un moteur électrique ou thermique mais peut être également une turbine.

Figure 4: Vue en coupe d'une pompe centrifuge radiale.


Comme l’arbre traverse le plus souvent la volute, il est nécessaire de réaliser à cet
endroit un dispositif assurant l’étanchéité globale. Ceci est effectué à l’aide de deux
types principaux d’accessoires : un presse-étoupe ou une garniture mécanique.
On appelle aubes les lamelles grossièrement radiales qui, à l’intérieur de la roue, qui
canalisent le fluide de l’intérieur vers l’extérieur de la volute.
On appelle « flasques » les parois de l’impulseur qui enserrent les aubes. (Les roues
à deux flasques dites aussi impulseur fermé sont les plus fréquentes. Il existe
également des roues sans flasque, et des roues à une seule flasque (impulseur
ouvert ou semi-ouvert)).
Nomenclature de la Figure 4:
1a: Volute.
1b: Corps de volute contenant la roue.
2: Roue centrifuge (impulseur).
3: Flasque.
4: Dispositif d'étanchéité (garniture mécanique, garniture à tresse).
5: Palier supportant les roulements.
6: Arbre.

Principe de fonctionnement[modifier | modifier le code]


Caractéristiques hydrauliques[modifier | modifier le code]
Une pompe centrifuge accélère le fluide qui la traverse en lui communiquant un
mouvement de rotation, donc une certaine puissance hydraulique.
Cette énergie hydraulique peut être vue comme la somme d’une énergie cinétique et
d'une énergie potentielle de pression transmise au liquide
La puissance hydraulique fournie par la pompe est donnée par la relation :

Avec :

• Phydraulique exprimée en watt


• ρ: masse volumique du liquide (kg/m3)
• g: accélération de pesanteur soit 9,81 m/s2
• Qv: est le débit volumique du liquide exprimé en m 3/s
• h: est la hauteur manométrique de la pompe exprimée en mètres de
colonne d'eau

Les performances d'une pompe centrifuge à une vitesse de rotation donnée sont
usuellement représentées en traçant la courbe HMT/Débit.
La HMT (Hauteur Manométrique Totale) représente l'élévation en pression totale de
liquide entre l'amont et l'aval de la pompe centrifuge, exprimée en mètre de colonne
d'eau:
Figure 5: Courbe caractéristique HMT/débit pour une vitesse de rotation de la pompe.

Avec:

• HMT: hauteur manométrique totale exprimée en m.


• z1: hauteur de la bride d'aspiration par rapport au plan de référence en m.
• z2: hauteur de la bride de refoulement par rapport au plan de référence en
m.
• P1: pression statique à l'aspiration en Pascal.
• P2: pression statique au refoulement en Pascal.
• V1: vitesse moyenne de l'écoulement à l'aspiration en m/s.
• V2: vitesse moyenne de l'écoulement au refoulement en m/s.
• ρ: masse volumique de liquide en kg/m3.
• g: accélération de pesanteur soit 9,81 m/s2.

La HMT de la pompe exprimée usuellement en mètres de colonne d'eau peut être


convertie en Pascal (ou en bar par la suite) grâce à la formule ci-dessous:

Avec:

• ΔP: variation de pression totale en Pascal.


• ρ: masse volumique de liquide en kg/m3.
• g: accélération de pesanteur soit 9,81 m/s2.
Figure 6: Point de fonctionnement entre la pompe et le réseau.

Pour pouvoir prédire le point de fonctionnement de la pompe, et donc connaitre le


débit ainsi que l'élévation de pression totale générée par la pompe au sein du
réseau, il faut connaitre la courbe caractéristique de perte de charge du réseau situé
en aval de la pompe. Cette courbe dépend des équipements hydrauliques placés en
aval (vannes, clapets, embranchements) ainsi que de la longueur et du diamètre de
la tuyauterie. Cette courbe a une forme quadratique car les pertes de charge du
réseau varient par rapport au carré du débit (voir Figure 6). C'est donc à l'intersection
entre la courbe caractéristique du réseau (courbe noire) et la courbe de pompe
(courbe rouge) que se trouve le point de fonctionnement de la pompe. En pratique,
lors du dimensionnement d'un réseau hydraulique, tout l’enjeu consiste à bien choisir
la pompe de façon que celle-ci possède sont point de meilleur rendement le plus prêt
possible du point de fonctionnement. Cela permet d'optimiser la consommation
d'énergie de cette dernière.

Figure 7: Faisceaux typiques de courbes représentatives du fonctionnement d'une même machine équipée
de roues de diamètres différents.

La pression obtenue lorsque la pompe fonctionne à débit nul (avec par exemple une
vanne fermée en aval de la pompe) est la pression maximale à laquelle le circuit aval
puisse être soumis et constitue un paramètre de dimensionnement important pour
l'installation hydraulique située en aval.
La courbe caractéristique d'une pompe dépend, pour un corps de pompe donné, de
la dimension du diamètre extérieur de la roue. Les fournisseurs proposent en général
des abaques définis dans le plan (Q, h), qui présentent les diverses courbes
obtenues pour des diamètres variables de la roue, ainsi que le rendement de la
machine en ces points, et, parfois la puissance à l'arbre (voir schéma en Figure 7).
Caractéristiques mécaniques[modifier | modifier le code]
La puissance mécanique à fournir à la machine est toujours supérieure à la
puissance hydraulique fournie au liquide. Le coefficient de rendement η de la pompe
fait le lien entre ces deux paramètres.
On appelle puissance à l’arbre la puissance mécanique requise pour faire
fonctionner la pompe. On a donc la relation :

Le rendement varie en fonction du point de fonctionnement, et dépend également de


la machine. Pour les machines usuelles, les catalogues de constructeurs indiquent
qu'il se situe le plus souvent entre 70 % et 90 % de la plage de débit.
La courbe caractéristique d'une pompe est le plus souvent décroissante : la pression
diminue quand le débit augmente, et affecte une forme grossièrement parabolique7.
La courbe caractéristique d'une pompe dépend, pour un corps de pompe donné, de
la dimension du diamètre extérieur de la roue. Les fournisseurs proposent en général
des abaques définis dans le plan (Q, h), qui présentent les diverses courbes
obtenues pour des diamètres variables de la roue, ainsi que le rendement de la
machine en ces points, et, parfois la puissance à l'arbre.
Une bonne connaissance de la puissance hydraulique nécessaire permet de
correctement choisir le moteur adéquat pour la pompe. Généralement, les pompes
sont livrées pré-assemblées avec le moteur, sous la forme d'un groupe moto-pompe.

La machine parfaite - théorie d’Euler[modifier | modifier le code]


La théorie simplifiée du fonctionnement des pompes centrifuges est due à Leonhard
Euler.

Figure 8: Schéma des vitesses sur une roue vue de face

Pour la comprendre, il faut se représenter le bilan énergétique entre une particule de


fluide à l’entrée de la roue, et cette même particule à la sortie. Dans la mesure où
toute l’énergie du mouvement de rotation de l’impulseur est transférée au liquide, le
couple appliqué sur les aubes sera égal au produit du débit du liquide par la variation
de sa quantité de mouvement entre son entrée et sa sortie de la roue.
Si donc la vitesse du liquide fait à l’entrée de l’impulseur un angle α 1 avec la tangente
à la roue, et à la sortie un angle α2, si on note par ailleurs V1 et V2 les modules des
vitesses d’entrée et de sortie, on aura pour le couple : C = ρ Q (r2V2 cos α2 – r1V1 cos
α1)
Le gain en puissance hydraulique sera alors : Whydraulique = Cω, où ω est la vitesse
angulaire de rotation de l’impulseur.

courbe caractéristique - droite d'Euler - droite théorique.


vert: pertes par frottements.
rouge: pertes par chocs. La courbe de la pompe centrifuge réelle présente un rendement optimum là où elle
approche le mieux la droite théorique. Le calcul théorique d'Euler correspondrait à une roue présentant une
infinité d'aubes. Pour une roue réelle, la droite de rendement 1 est donc située en dessous de celle d'Euler.

On obtient donc la valeur théorique de la puissance (rendement égal à 1) sous la


forme :

En appliquant par ailleurs le théorème de Bernoulli à la veine de fluide on trouve la


hauteur manométrique h :

D’un autre côté, à condition de supposer un écoulement plan parfait, la quantité


r2V2cosα2 – r1V1 cos α1 est proportionnelle au débit de liquide passant dans
l’impulseur, le coefficient étant égal à l’épaisseur de la veine fluide. Il en résulte que
la théorie d’Euler prévoit des « droites » pour courbes caractéristiques8.

Analyse dimensionnelle - similitudes[modifier | modifier le code]


Lois de similitude[modifier | modifier le code]
Une théorie de la pompe centrifuge du fluide parfait est vouée à l’échec, car le
frottement du fluide sur la roue participe à l’impulsion communiquée au fluide. On
obtient des conclusions plus proches de la réalité en utilisant les lois de similitude.
Cette analyse aux dimensions s’effectue entre les paramètres ω (vitesse de rotation),
D (diamètre de l'impulseur), Q (débit volumique) ρ (densité du liquide) et h (hauteur
manométrique).
On note donc les lois suivantes :
• Débit : Q # ω D3
• Hauteur : h # ω2 D2
• Puissance : P # ρD5 ω3
Ces lois permettent de prédire avec une précision raisonnable l'effet d'un
changement de densité de liquide ou de la modification d'une vitesse de rotation sur
une machine de géométrie donnée. On voit en particulier que la puissance est fort
sensible à une modification de vitesse. Les coefficients qu'on peut en déduire pour
les variables débit, hauteur, et puissance d'une machine donnée sont appelés
coefficients de Rateau.
Nombre de tours spécifique[modifier | modifier le code]
En éliminant D entre les deux premières équations, on trouve une relation ne faisant
pas intervenir directement les caractéristiques géométriques de la machine : n.Q1/2 #
(gh)3/4.
Le coefficient de proportionnalité entre ces grandeurs est homogène à une vitesse
angulaire et on l'appelle « nombre de tours spécifique » ou « vitesse spécifique » de
la machine. On a par conséquent :

Au lieu d'utiliser la vitesse spécifique, les constructeurs de machines ont souvent


recours au nombre de Brauer, dans lequel la constante d'accélération terrestre g a
été supprimée, et qui s'exprime donc par:

Ces nombres sont homogènes respectivement à des tours par minute, et à des m/s3.
Mais ils ne font intervenir que des caractéristiques hydrauliques (Q et h) et
permettent donc de classer les machines centrifuges selon une typologie à un seul
paramètre (voir plus bas)9,10.

Avantages et contraintes[modifier | modifier le code]


Les pompes centrifuges forment des dispositifs robustes. À caractéristiques égales,
elles présentent souvent un meilleur rendement, et un fonctionnement plus régulier,
sont plus fiables et moins bruyantes que les machines alternatives. Elles sont
davantage compatibles avec l'utilisation de fluides chargés de particules solides.
Mais elles ne sont pas auto-amorçantes. Enfin, leur plus grande simplicité mécanique
a tendance à les rendre meilleur marché.
C'est pourquoi ce type de machine est très largement utilisé, notamment dans
l'adduction d'eau, le transport d'hydrocarbures, l'industrie chimique, etc.
Cependant, comme toutes les machines, elles font l'objet de problèmes qui doivent
être bien revus avant d'avoir recours à leur utilisation.

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