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Les machines élévatoires 87

POMPES VOLUMETRIQUES ROTATIVES


Le deuxième type des pompes volumétriques est celui des pompes où l'élévation ou le
déplacement de l'eau est du mouvement rotatif d'un dispositif circulaire. Le débit de ces
pompes est en général un débit continu ou quasi-continu. Le principal avantage des
machines rotatives c'est qu'elles se prêtent aisément à la mécanisation et aux grandes
vitesses de fonctionnement. Cet avantage est un facteur important, car à dimensions
égales, plus une pompe est rapide, plus son débit est fort et plus elle est productive et
rentable. En outre, dans un régime continu de fonctionnement les risques de coups de
bélier et de cavitation sont bien moins importants que dans le cas des machines à
mouvement alternatif.

FIGURE 44
Pompe Humphrey (moteur à combustion interne à piston liquide et la pompe associée).
Principe de fonctionnement de la pompe Humphrey à 4 temps
88 Rappel des types de pompes et des techniques d'élévation de l'eau

Les pompes centrifuges qui font appel à un principe différent seront décrites plus loin.
Ces pompes sont en fait devenues le type de pompes mécaniques le plus courant,
précisément puisqu'elles se prêtent à l'entraînement direct par un moteur à combustion
ou électrique. Toutefois, les pompes volumétriques rotatives ont certains avantages par
rapport aux pompes centrifuges, au moins dans certains cas particuliers tel que le
Les machines élévatoires 89

fonctionnement à des gammes de vitesses ou des hauteurs de refoulement plus


grandes.

Certaines pompes rotatives trouvent leur origine dans les dispositifs techniques les plus
anciens (par exemple, la vis d'Archimède). Elles sont encore, dans certaines régions,
fabriquées ou assemblées sur place. Les pompes rotatives de fabrication industrielle
n'ont pas eu le même succès que les pompes centrifuges. Probablement du fait de
certains inconvénients qui sont dus à la fabrication même ou bien au type de matériaux
utilisés.

Toutefois, l'utilisation des matériaux plastiques et du caoutchouc synthétique moderne


plus résistants et plus durables, pourrait bien contribuer à la relance de la fabrication
industrielle de nouveaux types de pompes rotatives dont l'emploi serait avantageux dans
certains cas, comme nous allons le voir ci-dessous.

Pompes à ailettes flexibles

Ces pompes comportent un rotor muni de palettes ou ailettes souples, généralement en


caoutchouc (figure 45). Le concept en lui même est très simple, c'est en quelque sorte
celui d'une porte tournante. Mais ce principe implique des frottements importants et des
fuites internes non négligeables. Donc cette pompe ne peut pas être classée parmi les
pompes à bon rendement de fonctionnement. Néanmoins, elles ont plusieurs avantages
dont l'auto-amorçage et le pompage à des hauteurs de refoulement très importantes
avec des vitesses de rotation faibles. Les problèmes de frottements et de durabilité sont
en grande partie fonction de la qualité du matériau du rotor et des surfaces internes du
carter.

FIGURE 45
Pompe à palettes ou ailettes flexibles
90 Rappel des types de pompes et des techniques d'élévation de l'eau

Un autre modèle, récemment mis au point par la firme allemande Permaprop Pumpen,
utilise comme rotor une courroie sans fin tournant autour de deux poulies et munie du
côté extérieur de palettes en caoutchouc (figure 46). Lorsque la courroie tourne autour
d'une poulie, les palettes souples s'écartent augmentant ainsi le volume compris et par
le fait même l'aspiration l'eau. La figure montre le fonctionnement simultané des deux
côtés de la chambre où le pompage se fait dans des directions opposées, ainsi que les
passages judicieusement aménagés dans le corps de pompe pour diriger la circulation
de l'eau. Parmi les avantages mentionnés par les constructeurs, on peut citer
notamment la possibilité de fonctionner en permanence en régime de ronflement (i.e
pompage d'un mélange d'air et d'eau), l'auto-amorçage, une hauteur limite à l'aspiration
pouvant atteindre 8 mètres, et une hauteur de refoulement de plus de 45 mètres. Cette
pompe se prête donc à des utilisations plus vastes qu'une pompe centrifuge équivalente,
mais elle est aussi plus complexe et plus chère.

FIGURE 46
Pompe Permaprop
Les machines élévatoires 91

Pompes à cavité progressive ou pompes Mono (pompe Moineau)

Les pompes rotatives passées en revue jusqu'à maintenant ne sont pas destinées pour
l'équipement des forages, elles sont principalement utilisées comme pompes aspirantes.
Cependant, la pompe "à cavité progressive ou graduelle" ou pompe "Mono" (d'après le
nom de son inventeur français, Moineau) (figure 47) est le modèle unique de pompes
rotatives industrielles faciles à installer dans les forages. C'est un grand avantage, car
les pompes volumétriques s'adaptent bien plus que les pompes centrifuges aux
variations de la hauteur de refoulement. Par conséquent, l'emploi des pompes Mono est
tout à fait indiqué dans tous les cas où le plan d'eau est sujet à des fluctuations
importantes saisonnières, ou bien du fait du rabattement de la nappe par pompage ou
pour d'autres raisons diverses ou inconnues. De plus, cette pompe est bien connue par
sa grande fiabilité, surtout pour le pompage des eaux chargées d'impuretés corrosives
ou abrasives. Cette fiabilité est essentiellement due au bon choix des matériaux de
fabrication, et à la simplicité de son fonctionnement mécanique.

La figure 47 montre que cette pompe est constituée uniquement d'un rotor à hélice
simple tournant dans un stator à hélice double. L'hélice simple ressemble à une échelle
spirale (mouvement hélicoïdal), et l'hélice double est formée par la superposition de
deux hélices en sens inverses. Le rotor est habituellement fait en acier chromé ou en
acier inoxydable poli. Il est à section circulaire et épouse exactement l'une des deux
hélices du stator. Le stator est en général fait en caoutchouc ou en plastique, l'hélice
intérieure est à section ovale. Une caractéristique inhérente à la configuration de ce type
de pompe est que la seconde hélice du stator (celle qui est "vide") se trouve divisée en
plusieurs cavités séparées, isolées les unes des autres par l'hélice du rotor. Lorsque le
rotor tourne, ces cavités suivent un trajet hélicoïdal autour de l'axe de rotation, de sorte
92 Rappel des types de pompes et des techniques d'élévation de l'eau

que, quand l'ensemble est immergé, de petits volumes d'eau sont captés dans les
cavités créées entre l'hélice du rotor et la double hélice du stator. Lors de la rotation de
l'arbre ces volumes d'eau sont forcés vers le haut et refoulés dans la colonne montante.

La vitesse de rotation de ce type de pompes est en général de l'ordre 1000 tr/min. et


même plus. Cependant quand elles sont installées dans un forage elles sont munies
d'un long arbre moteur guidé dans la colonne de la pompe par des paliers,
généralement en caoutchouc en forme de croisillon, lubrifiés à l'eau. Dans la pompe
même, les forces de frottement entre le rotor et le stator sont atténuées d'une part grâce
à l'effet lubrifiant du débit d'eau et d'autre part aux faibles rayons d'action (faibles
surfaces de contact). Donc ces frottements n'altèrent pas trop le rendement. Il s'est
avéré que les pompes à cavité progressive ont, dans les conditions de fonctionnement
optimales, un rendement comparable à celui des pompes centrifuges multicellulaires et
des pompes volumétriques alternatives. L'inconvénient majeur de ces pompes est que
leurs pièces spéciales ne peuvent pas être assemblées sur place, par suite elles sont
trop chères. Malheureusement, toutes les pompes de forage de bonne qualité coûtent
cher. Cet investissement initial trop fort est généralement justifié par la nécessité de
réduire au minimum la fréquence des opérations d'entretien fort coûteuses relatives au
démontage et à la révision d'une pompe installée à grande profondeur.

FIGURE 47
Pompe à cavité progressive ou pompe "Mono"
Coupe transversale schématique illustrant le principe de la vis d'Archimède
Les machines élévatoires 93

La pompe à cavité progressive est parfois difficile à démarrer. En effet, comme la pompe
à piston, le couple de démarrage nécessaire pour "détacher" le rotor du stator et pour
mettre l'eau en circulation afin d'assurer la lubrification du rotor est plus important qu'en
régime de fonctionnement normal. Cela pourrait donc provoquer des ennuis de
démarrage en cas d'utilisation de moteurs électriques ou thermiques. Cependant dans
les versions les plus modernes, des dispositions appropriées sont introduites afin de
permettre néanmoins d'atténuer ces problèmes ou bien de les surmonter.

Pompes à vis d'Archimède et pompes à vis ouverte

La pompe à cavité progressive est la version la plus récente, tandis que la vis
d'Archimède est l'un des plus anciennes. Ces deux types de pompes présentent
pourtant certaines similarités.
94 Rappel des types de pompes et des techniques d'élévation de l'eau

La figure 48 montre un type de pompe à vis d'Archimède (une version à motricité


animale est représentée à la figure 97). La version traditionnelle de cette pompe qui date
de l'époque pré-romaine est toujours utilisée en Egypte. Elle est faite d'une hélice en
bois de section carrée montée sur un arbre central métallique. Le tout est enveloppé
dans un cylindre en lattes de bois formant carter. Ces lattes de bois sont assemblées
comme les douves d'un tonneau, par des frettes en métal.

FIGURE 48
Dispositif élévateur du type à vis d'Archimède. Deux ouvriers sont nécessaires pour le
faire fonctionner si la hauteur de refoulement est supérieure à 0,60 m (voir aussi à la
figure 97 une version à force motrice animale) (d'après Schioler [24])
Les machines élévatoires 95

FIGURE 49
Section d'une pompe à broche hélicoïdale à ciel ouvert (vis hollandaise)
96 Rappel des types de pompes et des techniques d'élévation de l'eau

La vis d'Archimède ne peut élever l'eau qu'à de faibles hauteurs. Elle est généralement
montée en pente, son extrémité basse immergée dans l'eau et son extrémité haute au
niveau du déversoir. Chaque modèle a une inclinaison optimale en général comprise
généralement entre 30' et 40', selon le pas et le diamètre de l'hélice interne.

Le principe de la vis d'Archimède est le suivant : l'eau est aspirée à la partie immergée
de l'hélice chaque fois que celle-ci est immergée dans l'eau et, à chaque rotation, un
certain volume d'eau sera capté dans l'espace clos compris entre le cylindre (colonne) et
la partie basse de chaque spire. Comme tout l'ensemble est en rotation, l'hélice fait
remonter progressivement le long du cylindre chacun des volumes d'eau captés, jusqu'à
ce qu'ils arrivent à la sortie aménagée en tête où ils sont déversés. En somme, les
volumes d'eau se déplacent de la même manière qu'un écrou se vissant dans un boulon
lorsqu'on bloque l'écrou et qu'on fasse tourner le boulon. Le principe est également
similaire à celui correspondant au déplacement de l'eau se trouvant entre le rotor et le
stator d'une pompe Moineau.

Les essais effectués sur des vis d'Archimède, en bois traditionnels tel décrites ci-dessus,
ont donné de valeurs de rendement d'environ 30%.

La version moderne de la vis d'Archimède est la pompe à broche hélicoïdale (figure 49).
Elle est constituée d'une vis hélicoïdale en acier fixée sur un arbre tubulaire lui aussi en
acier. Contrairement à la vis d'Archimède, la vis n'est pas couverte d'un tubage qui
tourne avec elle, mais elle est logée dans un petit passage en forme de canal incliné de
section semi-circulaire sans être en contact avec les parois. Ce canal est en général en
béton bien revêtu. A cause du jeu entre la vis et les parois du canal, des fuites internes
sont inévitables, mais comme la pompe à vis est à gros débit, ces pertes pourront être
négligées. Ainsi le rendement des pompes à broche hélicoïdale atteint 60-70%.

FIGURE 50
Pompes à poussée hydrostatique
Les machines élévatoires 97
98 Rappel des types de pompes et des techniques d'élévation de l'eau

Le principal avantage des pompes à vis tient à la facilité d'installation et aux travaux de
génie civil nécessaires de faible importance par rapport aux travaux d'installation des
grosses pompes à hélice de même débit. En effet, ces dernières sont installées dans
des puisards en béton avec un réseau de tuyauterie de gros diamètres, tel qu'indiquée à
la figure (66). De plus, la vis peut bien fonctionner avec des eaux boueuses ou
sablonneuses, de même qu'avec des eaux chargées de débris flottants.

Le principal inconvénient des pompes à vis pourrait être le système de transmission trop
complexe nécessaire pour démultiplier la vitesse du moteur électrique ou diesel de 1500
tr/min à 20-40 tr/min qui est la vitesse normalement requise pour la vis. Les
transmissions mécaniques de ce genre sont coûteuses et leurs rendements mécaniques
ne dépassent pas en règle générale 60 à 70%. Le rendement total de la pompe à
broche hélicoïdale, transmission comprise, tombe par conséquent aux alentours de 50-
60 %. En outre, les manoeuvres en contact direct avec les pompes à broche hélicoïdale
pourraient courir certains risques en cas d'accident du fait que le rotor est à découvert. Il
est donc conseillé de couvrir la vis par des grilles de protection. Enfin, ces pompes ne
peuvent pas supporter de fortes variations de charge à l'aspiration, à moins de prévoir
des dispositifs permettant de soulever ou de rabaisser la pompe tout entière. Enfin, la
hauteur de refoulement maximale admissible est de l'ordre 6 mètres dans la plupart des
cas, et de 4 à 5 mètres pour les petites pompes.

Pompes spirales et pompes chaine-hélice

Ces pompes fonctionnent selon le même principe de la vis d'Archimède, à la seule


différence que leur axe de rotation est horizontale alors que l'axe de la vis d'Archimède
est inclinée de 30° environ. Les pompes spirales et à chaîne-hélice à condition d'être
équipées d'un manchon de rotation adapté, peuvent refouler l'eau à des hauteurs
importantes, de 5 à 10 mètres en général, au-dessus de leur niveau de sortie. La figure
50 illustre les deux modèles (A) pompes spirales et (B) pompe chaîne-hélice.

Ces deux pompes fonctionnent selon le même principe, que ce soit sous la forme d'une
spirale, ou bien sous la forme d'une chaîne-hélice ou chaînes spéciales à formes
diverses tournant autour d'un axe horizontal dans ce dernier cas une chaîne sans fin
entourée d'un ressort spiral fera l'affaire. Une extrémité de la spirale ou de la chaîne est
découverte et plonge dans l'eau une fois par tour, puisant un certain volume d'eau à
chaque tour. Grâce à la forme de la spirale, la quantité d'eau captée est suffisante pour
remplir totalement la partie basse spirale ou de la chaîne, donc au second tour
seulement l'air sera admis. Lorsque la pompe tourne, la masse d'eau se déplace
progressivement le long de la partie inférieure de la spirale ou de la chaîne, exactement
comme dans une vis d'Archimède. Cependant, lorsque la pompe travaille à des hauteurs
de refoulement supérieures au niveau de sortie de la pompe, la contre-pression
repousse légèrement ces masses d'eau des régions basses de chaque spire au fur et à
mesure que la masse se rapproche de la sortie. De la sorte, la masse d'eau se trouve
répartie le long de la spirale en dehors des régions basses des spires. La hauteur de
refoulement maximale de ces deux types de pompes est déterminée par la nécessité
d'empêcher au voisinage de la sortie que l'eau ne soit repoussée des sommets des
spires par contre-pression. Donc, là encore, ces pompes sont à faible hauteur de
refoulement.
Les machines élévatoires 99

La pompe spirale doit être conçue de manière à ce que le petit périmètre des spires
intérieures soit compensé par une section transversale importante. Elle est donc
normalement construite en éléments de tôle. La pompe chaîne-hélice est bien sûr plus
facile à réaliser.

FIGURE 51
Roue à palettes ou roue à marches ou pédales

L'histoire de ce type de pompe remonte dans la documentation technique à 1806. De


nouveau, cette machine commence à susciter un regain d'intérêt considérable, avec des
projets de recherche lancés dans les universités de Californie (Etats-Unis), Salford
(Royaume-Uni), Los Andes (Colombie) et Dar-Es-Salam (Tanzanie) [16]. Bien que cette
pompe soit traditionnellement employée comme pompe de cale des navires, elle a été
récemment utilisée comme pompe d'irrigation "au fil de l'eau", à titre d'exemple, par le
Royal Irrigation Département de Thaïlande (voir figure 153), de même par
Sydfynsgruppen et les Scouts du Danemark pour un projet d'irrigation dans le sud du
Soudan avec le soutien de DANIDA, et sur le Niger près de Bamako (Mali) dans le cadre
d'un projet financé par l'agence allemande de coopération, BORDA. Le chapitre 4.9
présente certaines utilisations pratiques de cette machine.
100 Rappel des types de pompes et des techniques d'élévation de l'eau

Les avantages de ces pompes résident dans leur construction mécanique simple. De
plus à l'opposée de la vis d'Archimède, elles peuvent refouler l'eau dans une conduite de
refoulement jusqu'à des hauteurs d'environ 8-10 mètres, ce qui offre des possibilités
d'emploi plus étendues. La seule pièce mécanique délicate, est le manchon tournant qui
assure la liaison entre la conduite de refoulement fixe et la sortie tournante de la spirale.
Ces pompes peuvent parfaitement remplacer la roue à eau (noria, chapelet), car elles
tournent lentement sous l'effet d'un couple élevé. D'ailleurs c'est sur ce dernier aspect
que les travaux de recherches sont essentiellement axés.

Le principal inconvénient de cette pompe est son débit faible, à moins d'utiliser une
spirale de grand diamètre, car le débit est proportionnel à la quantité d'eau que peut
contenir la partie basse de chaque spire. Un calcul simple montre que pour disposer
d'une pompe spirale de forte capacité, il faut une spirale trop longue dont le prix serait lui
aussi élevé, e.g., pour avoir une spirale de 20 spires de 1.50 m de diamètre, il faudrait
environ 100 m mètres de tuyau. Les partisans de la pompe spirale font valoir que sa
simplicité (réalisation facile sur place), et sa fiabilité devraient compenser son coût
élevé. Néanmoins, cette pompe n'a pas été jusqu'à présent d'usage courant et par suite
elle n'a pas été commercialisée.

Roues hydrauliques à palettes, à marches et à augets

Ces dispositifs sont en fait des versions rotatives de l'élévateur à godet. Mais au lieu
d'utiliser un seul godet que l'on fait montrer et descendre en un mouvement alternatif, on
en a plusieurs qui sont disposés sur tout le pourtour d'une roue (figure 51). Comme pour
l'élévateur à godet, la roue à palettes ne peut remonter l'eau qu'à une faible hauteur. Par
exemple celle qui est requise pour la submersion de rizières jusqu'à une hauteur ne
dépassant pas une cinquantaine dé centimètres au-dessus du niveau de la prise d'eau.

La version la plus simple est la roue à marches ou pédales. L'opérateur marche


directement sur le bord des palettes pour faire tourner la roue qui puise l'eau d'une
manière continue et régulière et la déverse au-dessus d'une petite digue (figure 51).
Dans sa forme la plus rudimentaire, la roue à palettes n'a pas un bon rendement du fait
des fuites d'eau latérales importantes. Une version améliorée consiste à abriter la roue
dans un caisson bien adapté, ce qui permet non seulement de réduire les pertes d'eau,
mais aussi d'augmenter légèrement la hauteur de refoulement.

Les roues à palettes ont été mécanisées, mais elles sont rarement utilisées actuellement
comme pompes élévatoires. Aux Pays-Bas par exemple,les moulins utilisés pour
l'assèchement de vastes régions du pays-entraînaient souvent de grandes roues de
palettes qui ont été connues sous le nom de "roue de chasse d'eau". Ces roues de
chasse sont munies de lames retroussées vers l'arrière, et le rendement des roues les
plus performantes varie entre 40 et 70%. Les petites roues à palettes à lames droites
ont des rendements voisins de 10 à 20%. Par contre, elles ont l'avantage d'être faciles à
fabriquer et à installer. Elles servent à élever d'importantes quantités d'eau à une faible
hauteur. Elles sont parfois assemblées à des éoliennes traditionnelles, tel qu'indiqué à la
figure 110.

FIGURE 52
Chapelet incliné ou pompe chinoise "à vertèbres de dragon"
Les machines élévatoires 101

Chapelet incliné ou pompe chinoise

Le principal inconvénient de la roue à palettes c'est qu'il faut avoir des roues de
diamètre d'autant plus important que la hauteur d'élévation est grande. Pour remédier à
cet inconvénient les palettes sont montées sur une chaîne sans fin qui se déplacent
dans une auge en bois inclinée, ou goulotte (figure 52). Là chaîne sans fin passe sur
des roues. La roue supérieure ou motrice est montée sur une perche (ou arbre)
horizontale munie de pédales que les manoeuvres utilisent pour faire tourner la roue. Du
102 Rappel des types de pompes et des techniques d'élévation de l'eau

coté inférieur, la chaîne passe sur un barbotin tournant librement. Les lames mobiles
dont la section est presque égale à celle de l'auge poussent l'eau à travers l'auge en
bois. Cet appareil élévateur s'apparente à plusieurs égards à la pompe à vis qui, elle
aussi, pousse l'eau captée entre les spires le long d'une auge. Comme dans la pompe à
broche hélicoïdale, il y a des pertes par retour d'eau. Mais avec un appareil bien conçu,
ces pertes ne représentent qu'une faible proportion du débit assez élevé de la pompe.

Le chapelet incliné est toujours largement employé dans les petites exploitations
agricoles de l'Asie du Sud-Est pour la submersion de champs ou de rizières de petites
dimensions. Ces pompes sont installées sur des cours d'eau ou sur des canaux à ciel
ouvert. Elles sont aussi utilisées pour pomper l'eau de mer dans des bassins
d'évaporation pour recueillir le sel. Ces pompes sont aussi appelées en Chine "vertèbres
de dragon" ou "roues dragons" nom d'où leur nom de pompes "chinoises" et "rahad" en
Thaïlande. Comme elles sont le plus souvent construites en bois, elles sont faciles à
réparer sur place. Cette pompe est considérée comme le dispositif élévateur d'eau
traditionnel le plus couramment utilisé pour le pompage de gros débits aux faibles
hauteurs de refoulement. Elle est principalement utilisée dans l'irrigation des rizières qui
exigent parfois un apport d'eau important.

Comme on vient de l'indiquer le tourteau supérieur est monté sur un long arbre
horizontal muni de pédales pour faire tourner le chapelet par une équipe de deux à huit
personnes (figure 52). L'espacement des pédales est tel qu'à tout instant, au moins un
des opérateurs est en mesure d'appuyer en pleine force sur une pédale, ce qui permet
de maintenir la constance du couple fourni, ainsi que la tension de la chaîne à palettes
pour que le chapelet tourne doucement sans à-coups.

Certaines versions des pompes chinoises sont entraînées par des éoliennes (figure 111)
(en Thaïlande ainsi qu'en Chine), d'autres par des buffles (en Chine) ou bien par des
moteurs à essence.

Les chapelets ont des longueurs de 3 à 8 m et des largeurs de 150 à 250 mm. Les
hauteurs d'élévation dépassent rarement 1 m à 1.20 m. Cependant on peut monter
plusieurs chapelets en série lorsque l'eau doit être élevée à des hauteurs plus
importantes. Un essai rapide effectué en Chine a montré que deux équipes de 4
hommes ont pu élever en moyenne 23 m3/h sur une hauteur de 0,90 m [1]. D'autres
informations complémentaires sur les chapelets inclinés utilisés en Chine sont données
au tableau 6.

TABLEAU 6
Caractéristiques techniques des chapelets inclinées chinoises dites "vertèbres de
dragon"

Type de Spécification Poids de la Volume de Prix Observations


machine Portée Section de masse d'eau bois utilisé usine
puisage élevée (yuan)
(Hauteur x
largeur)
Les machines élévatoires 103

machine
élévatrice 1,5. 0,18 x 0,14 18 0,2 46
actionnée par un
1,8 0,18 x 0,14 20 0,2 50
seul homme
2,0 0,18 x 0,14 22 0,2 57
2,3 0,18 x 0,14 24 0,3 64
3,0 0,18 x 0,15 30 0,3 76
3,5 0,18 x 0,15 35 0,3 80
machine 2,3 0,25 x 0,20 50 0,3 93
élévatnce à 3,0 0,25 x 0,20 55 0,4 106
pédales
actionnées par
deux hommes
machine 3,5 0,25 x 0,19 70 0,5 126
élévatrice à 4,1 0,25 x 0,19 85 0,6 151
pédales
actionnées par 5,3 0,25 x 0,19 105 0,7 165
quatre hommes
machine 3,5 0,25 x 0,19 335 1,1 609 roue d'éolienne de 4-
élévatrice 4,1 0,25 x 0,19 345 1,2 622 6 m de
actionnée par diamètre accouplée à
4,7 0,25 x 0,19 350 1,2 635 une machine
élévatrice d'eau
éolienne montée sur
pylône en treillis

Note : Les machines mentionnées dans le tableau sont fabriquées par Chengqiao Water
Lift and Agricultural Tool Plant, commune d'Hangjiang, comté de Putian.

Des essais ont été effectués en Thaïlande en 1961 [16] sur un chapelet à eau
traditionnel en bois. Le moteur d'entraînement est de 2-3 CV. L'auge a une section
carrée de 190 mm de côté, avec des palettes en bois de 180 mm de hauteur x 150 mm
de largeur, espacées de 200 mm. Le jeu était particulièrement important de l'ordre de 20
mm de chaque côté. Les principales conclusions de cette étude ont été les suivantes:

Le débit est maximum quand la partie basse de la traverse est complètement


immergée.
Le rapport optimal espacement/profondeur des palettes correspondant aux
pertes minimum et au débit maximum est de 1,0 à 1,1.
La vitesse du pignon doit être maintenue à moins de 80 tr/min. pour éviter une
usure excessive et des ruptures fréquentes.
Le rendement moyen de la machine est de 40 %.

II est fort probable que la réduction du jeu entre le bord des palettes et de l'auge
permettrait d'augmenter le rendement. D'autre part, l'espacement optimal des palettes
joue lui aussi un rôle décisif. Un espacement trop faible pourrait provoquer des
frottements excessifs et de fréquentes ruptures des maillons de la chaîne tandis qu'un
espacement trop fort augmente les pertes d'eau et réduit le rendement global.
104 Rappel des types de pompes et des techniques d'élévation de l'eau

Pompes à chapelet ou patenôtre

Les origines de ce type de pompe remontent à plus de 2 000 ans. Le principe de


fonctionnement est similaire au chapelet incliné que nous venons de décrire. Cependant
dans ce modèle les palettes disposées le long d'une traverse inclinée sont remplacées
par une série dé disques ou "pastilles" montés comme une chaîne sans fin ressemblant
ainsi à un chapelet (figures 53, 84 et 96). Comme pour le chapelet incliné, cette pompe
peut être actionnée par l'énergie humaine, animale ou mécanique. Les pompes à
chapelet sont en général entraînées par une équipe de deux à quatre personnes ou par
une éolienne classique.

Comme nous allons le voir plus en détail dans les chapitres suivants à propos de
l'utilisation de l'énergie humaine et animale, le fonctionnement de ce type de pompes
nécessite une force de rotation permanente. Cette force de rotation est normalement
obtenue à partir d'un mécanisme à manivelle et volant, c'est un système très commode
pour l'application de la force musculaire; et il est caractérisé par son bon rendement
mécanique. De plus, cette pompe pourrait bien être accouplée à un moteur ou à une
autre machine motrice.

Le principal avantage de la pompe à chapelet c'est qu'elle peut travailler dans une large
fourchette de hauteurs de refoulement. A cet égard, sa souplesse d'emploi est tout à fait
comparable à celle de la pompe à piston. En, effet, la fourchette des hauteurs de
refoulement varie de 1 m à plus de 100 m. Pour des hauteurs plus faibles, l'utilisation
des disques n'affecte pas trop le rendement d'élévation car les pertes restent toujours
faibles par rapport au débit total. Toutefois, pour des hauteurs plus grandes, les disques
doivent être plutôt remplacés par des pastilles plus étanches pour minimiser les pertes.
Plusieurs types de matériaux ont été utilisés, mais l'on utilise généralement des
rondelles en caoutchouc ou en cuir portées pat des flasques métalliques de diamètre
plus petit. Pour la plupart des pompes à chapelet, la partie inférieure de la gaine est en
forme de cloche pour assurer un meilleur guidage des disques à l'entrée. Pour les
pompes de grande hauteur d'élévation, où l'ajustement des disques doit être précis ;
cette condition est de rigueur uniquement dans la partie inférieure de la gaine, alors que
la partie supérieure est généralement évasée pour minimiser les frottements (voir figure
53a).

La capacité d'une pompe à chapelet est fonction du diamètre de la gaine et de la vitesse


de rotation de la chaîne. Par exemple, il faudra quatre hommes pour actionner une
machine fonctionnant sur une hauteur d'élévation de 6 m et avec une gaine de 100 mm
[1].

Les pompes à chapelet ont été, et sont encore, d'un usage très courant, particulièrement
en Chine où elles sont de fabrication industrielle. Elles sont souvent connues sous le
nom de "pompes Libération". Du point de vue développement technologique, ces
pompes constituent pour la Chine, un progrès majeur par rapport aux autres techniques
d'élévation plus traditionnelles et plus primitives. Elles constituent une étape
intermédiaire précédant la modernisation complète et l'utilisation des pompes
centrifuges commandées par des moteurs.
Les machines élévatoires 105

FIGURE 53(a)
Pompe à chapelet type "Libération" chinoise (une version à force motrice animale est
illustrée en figure 96)

FIGURE 53(b)
Pompe à chapelet à commande manuelle
106 Rappel des types de pompes et des techniques d'élévation de l'eau

Deux à trois millions de "pompes Libération" étaient en service en Chine au plus fort de
leur utilisation, dans les années 1960 [17]. Les caractéristiques de fonctionnement
suivantes s'appliquent aux pompes à chapelet couramment employées en Chine:

Energie motrice Hauteur Débit Rendement (pompe seule) (%)


refoulement (m3/h)
(m)
2 hommes 6 5-8 76
âne 12 7 68
moteur 3 kw (élec) 15 40 65

Outre les multiples possibilités d'entraînement de la pompe à chapelet, on voit sur ce


tableau que leur rendement est plutôt supérieur à celui de la plupart des pompes. Elle
est principalement intéressante du fait que son couple au démarrage est inférieur au
couple de fonctionnement en régime permanent. C'est un avantage certain par rapport
aux autres pompes volumétriques, ce qui permet son accouplement à des machines
motrices aux couples de démarrage limités.

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