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Je Suis…

Marie Noel Sagno


Scène 1:

Derrière un bureau est assise une femme. Madame Conté, bras croisés sous la tête,
ronfle.
Arrive Bintou

Bintou: Madame conté, Madame conté! Madame conté hééé, madame conté
madame conté sursaute
Madame conté: hum papa excuse moi! je me suis juste assoupi un peu, laisse moi
t’apporter ton repas, ou tu veux te laver d’abord? je vais remplir le seau, et préparer le savon
et la serviette. Elle se lève en courant, Bintou l’attrape et la fait asseoir
Bintou: Madame Conté… est ce que ça va?
Madame Conté: oui ça va, désolé, je faisais un rêve…
Bintou: elle murmure, un rêve, dit plutôt un cauchemar.
Madame Conté: je crois que j’ai besoin de repos…
Bintou: Repos, ton premier jour de travaille après un long congé, tu parles déjà de repos,
avec ce grand défi qui nous attend
Madame Conté: Quel défi?
Bintou: c’est pour ça que le directeur m’a envoyé te chercher, vu que tu ne décroches pas
le téléphone, pendant qu’elle lui parle madame Conté se remet à somnoler. Madame
Conté, tu es sûre que ça va?
Madame Conté: oui oui, oui! elle s’étire et s’endort encore
Bintou: le directeur a besoin de nous dans son bureau pour une réunion
Le Directeur: des copies en main. je viens vers vous puisque vous semblez être retenu
par je ne sais quoi ici… qu’est ce qu’elle a? il lui pose la main dessus, madame conté, elle
sursaute et se torde
Madame Conté: Aïe,
Le Directeur: tu veux qu’on t’amène voir le médecin?
Madame Conté : non ça ira
Le Directeur: prend alors ta journée
Bintou: mais mr le directeur, elle n’est arrivé qu’aujourd’hui des congés
Le Directeur: ce n’est pas un plaisir pour moi, mais elle ne nous sert à rien dans cet état
Bintou: non mr le directeur, je ne sais pas ce qu’elle va prendre pour retrouver la forme
mais elle ne peut pas rentrer. J’exagère ou on a pas un temps à perdre. le directeur reçoit
un mail d’urgence…tu as raison elle ne peut pas rentrer, les partenaires viennent dans 2h,
juste le temps pour nous de lui mettre au bain, apporte lui ma boite de CAC là
Madame Conté: non je vais juste me faire un café, waï, waï…
Le Directeur: ok
Madame Conté sort
Le Directeur: elle est peut être en état de famille..
Bintou: mais ce n’est pas une raison
Le Directeur: tu es une femme, tu es mieux placée pour la comprendre
Bintou: oui je sais qu’avant son mariage elle était très efficace
Le Directeur: j’ai songé à la remplacer plusieur fois, la seule chose qui me bloque c’est que
je la sais travailleuse et très efficace, elle traverse peut être des moments difficiles
Bintou: parles avec elle, peut être qu’elle n’est pas épanouie dans son foyer
Le Directeur: pourquoi tu dis ça?
Bintou: elle régresse, elle est fané depuis son mariage, comme si le foyer était devenu un
obstacle à son développement.
Le Directeur: mais elle n’est pas la seul qui jongle entre foyer et travaille, toi tu es mariée,
bien avant elle d’ailleur et tout va bien
Bintou: mon mari est un homme avisé, c’est juste un ange
Le Directeur: moi je ne veux pas me mêler de sa vie privée..
Bintou: en attendant, c’est sa vie privée qui se mêle de notre travail, il va falloir faire
quelque chose.
Le Directeur: elle sera plus à l’aise avec toi pour discuter
un téléphone sonne, elle regarde…c’est son mari. Madame Conté, ton mari appelle.
Madame Conté rentre en courant, elle laisse poser la tasse de café qui se renverse
sur les dossier qu’à poser le directeur
Le Directeur: attention…
Madame Conté: très agité allô, oui papa, dé…désolé, j’étais…ok j’arrive tout de suite…awa,
ne te fâche pas j’arrive…
Le Directeur: Ah, on croyait que c’était ton mari, Qu’est ce qu’il a ton papa? Ca c'est foutu,
Bintou, tire vite d'autres copies.
Madame Conté: oui oui c’est mon mari. Ces enfants là vont me tuer, ils ont renversent de
l’eau sur le tapis de la chambre, et c’est sur moi ça retombe ici, il faut que j’y aille,
Le Directeur: tu n’es pas sérieuse, c’est une blague hein, c’est une blague
Madame Conté: s’il te plait mr le directeur, je suis épuisée, j’ai assez mal à tout le corps
comme ça, je n’ai pas envie qu’il en rajoute ce soir, laisse moi aller réparer là bas, je vais
compenser ça par mon heure de pause
Le Directeur: non mais, que quelqu’un me dise, c’est une blague là!!!! le téléphone sonne
à nouveau
Madame Conté: tu vois, tu vois c’est encore lu, allo papa, j’arrive non je ne me fou pas de
toi je suis en route, pardon, pardon ne te fâche pas , je t’en supplie. Elle ramasse
fébrilement ses effets devant le directeur stupéfait. Bintou revient
Bintou: malheureusement nous n’avons plus d’ancre…qu’est ce qu’elle fait?
Le Directeur: son mari vient de l’ordonner de rentrer mettre le tapis de la chambre que les
enfants aurait apparement trempé au soleil
Bintou: c’est une blague
Le Directeur: c’est ce que j’espère
Madame Conté veut partir, Bintou lui bloque le passage
Bintou: tu n’iras nul part,
Madame Conté: laisse moi passer s’il te plait, il va encore me frapper pour l’avoir désobéit
Bintou: qu’il te découpe en mille morceaux quand tu rentres, mais tu n’iras nul part, mais
attend quoi, c’est clair qu’il te vois en esclave qu’en épouse, mais toi comment tu te définis
vis à vis de lui?
Madame Conté: je l’appartiens, il est mon dieu, mon paradis
Bintou: dites moi qu’on est dans une comédie digne d’un film de Louis de Funès
Le Directeur: il y’a plus urgent à faire, laisse la partir, prend vite une moto et va nous tirer
les copies à la prestation, on a perdu assez de temps
Bintou: non mr le directeur pour une foi je vais te désobéir, le téléphone de Madame
conté sonne à nouveau, bintou le lui arrache.donne moi ce téléphone
Madame Conté: eh allah, allah , bintou , il va me tuer, je suis fatigué, je suis fatigué,
Le Directeur: la fait asseoir, calme toi et respire, vas y toi, je vais m'occuper d’elle
Bintou: tu promets de ne pas la laisser partir
Le Directeur: non, je ne peux pas la laisser partir dans cet état
Bintou: ok , j’y vais
Le Directeur: on va faire quelque chose, lève toi, relache ton corps, tu es trop tendu,
soulève la main, place le devant la bouche comme ça, je compte jusqu’à quatre, et tu
aspires en quatre temps, tu bloques, ensuite tu respires en quatre temps par la bouche, et
on le fait 5 fois, ça aide à compenser le manque de sommeil. prête? c’est parti 1, 2, 3, 4;
1,2,3,4 encore 1,2,3,4; 1,2,3,4 un mr rentre en trombe dans le bureau, à sa vu Madame
Conté est tétanisée
Mr Conté: oh c’est donc le travail si important pour lequel madame abandonne son foyer,
chaque matin, elle abandonne son mari, pour venir se la couler douce, maintenant tu
ramasse tes affaires et tu me suis
Le directeur: sauf votre respect mr, ici c’est un espace privé, allez y attendre votre femme
à la maison, ici, elle est mon employée.
Mr Conté: oh Bonjour mr l’employeur de ma femme, je suis le mari de votre employée ici
présente, et son devoir conjugal l’appel.
Le Directeur: et moi je vous dis qu’ici, elle est mon employée de 8h30 à 16h30
Mr Conté: tu vois, tu vois ce que ton travail cause à notre foyer, tu m’as supplié de te laisser
travailler voilà le résultat
Madame Conté: mr le directeur, s’il vous plaît, n'aggravez pas la situation, laissez moi
partir, je promet de me racheter
Le Directeur: salématou
Madame Conté: Madame Conté. mr conté jet un sourir malicieux et triomphale au
Directeur
Le Directeur: Ca fait deux ans que nous courons après ce marché, tu as oublié comment tu
t’es investi, comment chacun de nous s’est investi, les sacrifices consentis, maintenant
qu’on va récolter les fruits de ce dure labeure tu piétines le travail, où est passé, la
laborieuse, l'ambitieuse, la visionnaire Salé qui a toujours exécuté ses tâches avec
efficacité et sourire aux lèvres. Souviens toi ton travail c’est ta vie.
Madame Conté: c’est le projet sur l’implantation des orphelinats à travers tout le pays
Le Directeur: oui
Madame Conté: pourquoi vous ne m’avez pas dit qu’on l'avait décroché finalement
Le Directeur: c'était tes congés, tu les avais mérité après ce travail d’arrache pied que tu
avais effectué, on s’est dit de vous laisser pleinement profiter l’un de l’autre toi et mr conté
pour que tu puisses revenir en forme et plus excellente comme on te connait. Bintou fait
son entrée avec les copies. Bintou apporte la surprise qu’on avait préparé pour Salé
Madame Conté: Madame Conté
Le Directeur: cet après-midi les bailleur de fonds viennent écouter pourquoi nous et pas
une autre entreprise , c’est là que tout va se jouer, tu comprends pourquoi tu ne peux pas
partir, cette victoire sera pour tous mais particulièrement pour toi. Bintou arrive avec le
bouquet avec une lettre marquée en grand caractère, on l’a fait et le remet au
directeur. Tiens
Mr Conté: donne un coups au bouquet qui se fracasse, maitenant ma femme se fait
courtiser sous mes yeux, sous pretexte que… tu crois que je suis bête, tu me prend pour un
idiot. il prend sa femme par les cheveux et la trimbal, maintenant on rentre à la maison,
tu n’a pas besoin de la virer hein, elle demissionne.
Bintou: essaie de l’en empêcher, il la jet, elle tombe, mr le directeur fait quelques chose
appelle la police
Le Directeur: pour leur dire quoi, que le mari d’une de mes employée est entrain de
l’envoyer de force pour exécuter son devoir conjugal, à supposer que je le dénonce, est ce
que elle, elle le dénoncera? c’est sa lutte d’abord, ensuite nous, nous l'accompagnons. IL ne
lui arrivera rien
Bintou: tu sais bien qu’il va abuser de ces muscles
Le Directeur: comme il en a toujours abusé, et qu’il en abusera jusqu’à ce qu’elle dise stop
ou trépasse sous ses coups
Bintou: pourquoi sentez- vous le besoin de frapper vos femmes, de les insulter, de les
humilier, de les rabaisser? Pourquoi regarde vers la sorti, voilà le genre de femmes que la
société modèle
Docile, silencieuse, transparente, résignée. Voilà le genre d’homme que la société modèle
un chef au lieu d’un partenaire, un chef au lieu d’un époux, un chef au lieu d’un amoureux,
un chef au lieu d’un confident, un chef au lieu d’un ami, un maître au lieu d’un mari. Qu’est
ce qu’on fait?
Le Directeur: préparer la présentation, je regarde combien de temps il nous reste… oh un
mail…ils s’excusent de ne pouvoir pas venir finalement ils le remettent à demain mais nous
laissent la latitude de choisir l’heure, j’appelle madame conté, pour qu’elle nous dise, quelle
heure l'arrangerait…elle ne décroche pas. bon on va devoir travailler un peu plus tard en
excluant madame conté
Bintou: laisse moi prévenir mon mari. au même moment son téléphone sonne. Allo mon
amour, j’allais t’appeler…oh tu as fait la cuisine, qu’est ce que tu as préparé? Mon Dieu c’est
sûr que je vais mal manger aujourd’hui…non mon coeur je te taquine, je sais que tu es un
chef confirmé, un cordon bleu…mon amour je voulais te prévenir que je vais rester un peu
plus tard que prévu au boulot, on a eu un incident qui nous oblige a travaillé tard…non bon
ça concerne une des employées, je t’expliquerai…tu viendras me chercher? tu es un ange,
mon ange venu tout droit du ciel…moi aussi je t’aime gros comme ça…oui à plus tard. Le
directeur regarde bintou, le visage illuminé. D'où vient cet homme?
Le Directeur: d’un foyer tellement violent qu’il s’est dit, je choisis d’être différent ou d’un
foyer où il n’y avait que de l’amour
Bintou: avec toute cette douceur, tout ces petites attentions, toute cette tendresse qu’il fait
avec tellement d’aissance dans une société où la plupart des femmes ne se souviennent
même pas de la dernière fois qu’ils se sont dit je t’aime, je me demande ce qu’il y’a de
difficile, de pénibles à être affectueux tendre et attentionné envers sa femme
Le Directeur: ton mari est une exception
Bintou: pourtant, pour un foyer épanoui, il va falloir que l'exception soit les hommes violents
physiquement, verbalement.
Le Directeur: on est dans une société hautement misogyne
Bintou: je suis inquiète pour Salé, je me demande, ce qu’il lui fait subir en ce moment
Le Directeur: tu as de ces personnes qui ont des problèmes de personnalité, de manque de
confiance en eux, je crois que Mr Conté en fait parti, il fait du bruit, pour attirer l' attention, il
crie pour se sentir important et respectable. je ne crois pas qu’il lui fera quoique ce soit.
Bintou: Ca veut dire qu’il n’est même pas conscient qu’il est nuisible. Alors là Salé va mal,
elle est en danger, tu peux rester moi j’ai un mauvais pressentiment je vais aller voir
Le Directeur: je viens avec toi. Ils se dirigent vers la sortie et tombent nez à nez avec
Madame Conté qui se laisse tomber dans leur bras.
Ensemble: Salé qu’est ce qui s’est passé, qu’est ce qu’il t’a fait?
Madame Conté: cachez-moi où il ne pourrait pas me retrouver, je suis partie chez mon
père, sans même m’écouter , il m’a renvoyé de chez lui, il m’a dit qu’il n’y avait pas de place
pour moi. qu’ai je fais de mal, je voulais juste un foyer, un homme qui m’aime que j’aime, est
ce trop demandé? On m’a dit malgré mon niveau d’intellect, d’instruction, malgré tout mes
hautes études mes diplomes, peu importen ma compétance, ma capacité, mon apport dans
la vie socio économique, je ne valais rien sans un homme, le plus moins que rien vaut mille
femme hautement instruite, j’ai donc passé des nuits blanches à pleurer et à prier, Dieu
pour qu’il me me donne un mari…
Le Directeur: le soir de mon mariage parmis, les effets qui accompagnaient ma femme, il
y’avait un fouet, j’ai demandé ce que c’était, mon beau père m’a repondu qu’il avait assuré
l’éducation de sa fille jusque là, puisque la femme est un être en perpetuel éducation, ce
fouet était là pour la disuader de derailler, en faire usage si elle venait à oubler par moment
sa place de soumise et d’obéissante. J’ai brulé le fouet, et mon beau père m’a dis alors ne
vient jamais te plaindre de ta femme chez moi, doréavant elle est sous ton autorité. Femme
allez vous prendre vos responsabilité en main, allez vous continuellement à vous taire et
pleurez dans votre coin ou allez vous dire STOP, CA SUFFIT ! Femme Que dans chacune
de vos actions se lise desormais, JE SUIS un être à part entière, j’ai ma place , je la prends.
Madame Conté: JE SUIS Salématou, Bannissez moi, ou, souffrez que je ne sois plus
silencieuse, que je ne sois plus une béni oui oui, souffrez que l’on discute d’égale à égale,
Par ce que JE SUIS.

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