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Les collectivités territoriales

et l’État en Région face au
développement des Energies
Marines Renouvelables
Le cas de la Basse-Normandie
Laure Bourdier
p. 187-194

TEXT NOTES AUTHOR
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1Dans un contexte marqué par la volonté de l’Europe
d’encourager le développement des énergies renouvelables, se
pose la question de l’implantation d’infrastructures de production
d’électricité dans des territoires déjà habités ou investis par des
acteurs. Après avoir rappelé les éléments contextuels et les
enjeux relatifs au développement des Énergies Marines
Renouvelables (EMR) en Basse-Normandie, nous nous
intéresserons successivement au discours tenu par les acteurs des
collectivités territoriales et de  l’État en Région. Cette analyse de
discours s’organise selon trois thèmes principaux : le discours
technico-économico-industriel, le discours sur l’énergie
électricité et, enfin, le discours sur les populations et
l’acceptabilité sociale.

Éléments contextuels et enjeux


 1 (Notre traduction) « While issues of global warming may be far removed
from everyday life, fears o (...)

2Les conflits autour des énergies renouvelables peuvent incarner


les tensions entre logiques locales et globales. D’après la
sociologue Claire Hagget : « Tandis que les problèmes de
réchauffement climatique peuvent être très éloignés de la vie
quotidienne, ce n’est pas le cas en ce qui concerne les peurs liées
aux impacts locaux.1 » C’est pour cela que l’étude de la position
de  l’État en Région et des collectivités territoriales comme étant
au carrefour de ces logiques global/local – contraintes d’appliquer
des recommandations émanant de l’Europe par exemple (et
relayées par l’État) et, en même temps, de faire face aux
contraintes et aux exigences du local – nous paraît digne
d’intérêt. D’autant plus que Florence Rudolf et Julie Kosman
(2004) désignent la participation et la gouvernance comme des
éléments centraux du développement durable tels que se
l’approprient et le mettent en place certaines collectivités
territoriales. Dans leur travail, il nous semble pertinent de relever
l’aspect par lequel le développement durable (auquel sont
nécessairement rattachées les énergies renouvelables [EnR], et
donc ici les EMR) implique plus fortement gouvernance de la part
des collectivités territoriales, participation et négociation avec les
populations.
 2 La dernière enquête IPSOS « souligne que neuf français sur dix ont une
bonne image des énergies re (...)

 3 En témoignent les engagements Européens et français autour du paquet


énergie climat, et du Grenell (...)

 4 Maarten Hajer oppose le « traditional pragmatist discourse » au


nouveau discours « développement d (...)

3Il convient de lier à cet aspect, l’émergence de la notion


d’acceptabilité sociale qui reste largement à interroger, tant dans
son origine que dans les usages scientifiques et concrets qui en
sont faits. Cependant, au vu de notre terrain et de nos recherches,
il semble patent que l’acceptabilité sociale des EMR vise surtout
les populations, et que les collectivités territoriales, ainsi que les
administrations et les entreprises ne rentrent pas en compte dans
l’évaluation de celleci, comme le soulève Maarten Wolsink
(Wüstenhagen  et al., 2007). Si le discours lié au développement
durable est bien accueilli, tant par le public 2, que par les
décideurs3, il peine à s’institutionnaliser et rencontre des
blocages à tous les niveaux (Hajer, 1993). C’est qu’il est confronté
à un mode d’agir institutionnel, industriel et scientifique
déterminé par un discours « traditionnel-pragmatique4 ». Celui-ci
conditionnerait également les pratiques des administrations et
des collectivités territoriales. Il y aurait alors un défaut
« d’acceptabilité » au sein de ces administrations et collectivités,
alors même qu’elles sont dans cette position nodale entre global
et local, et, qu’à ce titre, elles deviennent un « facilitateur »
potentiel des processus de mise en place des EMR.
 5 Un parc éolien offshore, au large de Courseulles-sur-mer, est
actuellement dans la phase dite de « (...)

4Passées les considérations générales sur les collectivités


territoriales et  l’État en Région, au regard du développement
durable et de l’« acceptabilité sociale », si l’on observe la nature
des projets EMR dont fait l’objet la Basse-Normandie 5, et des
acteurs, en particulier industriels, œuvrant à leur réalisation, on
convient de la nécessité de les analyser en tant que grandes
infrastructures d’aménagement, au même titre que celles de
l’électro-nucléaire par exemple. Nous appliquerons donc le mode
d’analyse proposé par Salvador Juan (1986), faisant apparaître la
nature de ces projets comme modes d’actions technocratiques et
nécessitant d’être analysés comme tels.
5On peut alors formuler plusieurs hypothèses : chez les acteurs
des collectivités territoriales et de  l’État en Région, la question de
l’acceptabilité sociale est considérée comme inhérente au projet
d’EMR, par son statut d’énergie renouvelable – qui est
automatiquement perçu comme facteur d’acceptation. D’autre
part, la logique de développement durable impliquant
nécessairement ces projets EMR, impose la prise en compte de cet
aspect d’acceptabilité par les acteurs œuvrant à leur mise en
activité. Pour autant, l’acceptabilité est considérée par ces acteurs
comme relevant uniquement des populations, et pas d’eux-
mêmes. On peut supposer que le discours « développement
durable » ne s’est pas institutionnalisé chez eux et qu’il existe
alors un défaut d’« acceptabilité sociale » en leur sein. Ensuite, on
peut analyser en quoi, à travers leurs discours et leurs pratiques,
l’idéologie technocratique est à l’œuvre et conditionne leur mode
d’action, bien davantage que le discours « développement
durable », qui serait d’une certaine manière absorbée par elle.
Dans ce cadre de pensée, les énergies renouvelables, en
l’occurrence les EMR, ne s’intégreraient que comme appoint dans
le système centralisé de production d’énergie et ne participeraient
pas de la transition énergétique impliquant une transformation
sociale (Raineau, 2011).
6Nos résultats reposent sur une analyse de discours, issus
d’entretiens semi-directifs menés auprès des acteurs des
collectivités territoriales et de  l’État en Région et d’observations
de réunions rassemblant ces mêmes acteurs ayant eu lieu sur une
période recouvrant principalement le premier semestre 2012. Il
convient de poursuivre cet exposé en séparant l’analyse en trois
domaines : l’appréhension technico-économico-industrielle des
projets d’implantation EMR en Basse-Normandie, le rapport à
l’énergie-électricité (nucléaire et renouvelable), enfin le rapport
aux populations et à l’« acceptabilité sociale ».

Discours technico-économico-
industriel
7En premier lieu, lorsqu’il s’agit, pour les acteurs bas-normands
des collectivités territoriales et de l’État en Région, de définir leur
action relative au développement des EMR, celui-ci est considéré
en termes de création d’une filière industrielle, vectrice d’emplois
et de dynamisme économique.
 6 En raison de l’interconnaissance liant les acteurs appartenant aux
différents services de l’État e (...)

« Moi ce qui me guide, c’est d’essayer de créer une activité industrielle


dans cette région qui se meurt. » (Entretien K)6
 7 Ports Normands Associés (PNA) est un syndicat mixte régional dédié à la
gouvernance des ports de C (...)

8En effet, l’impact positif escompté des EMR porterait sur


différents secteurs : l’industrie (implantation d’usines Alstom de
construction de mâts et de pales d’éoliennes offshore, et d’usines
de construction d’hydroliennes à Cherbourg), le secteur portuaire,
qui relève directement de la compétence des collectivités
territoriales7 (les ports de Cherbourg et Ouistreham, pensés
respectivement comme port de base pour la construction et
comme port de maintenance), les entreprises locales de sous-
traitance, donc l’emploi, et aussi la formation et la recherche.
 8 D’après cet enquêté, 110 emplois à Ouistreham et 500 emplois dans les
usines à Cherbourg seront cr (...)

9La démarche d’aide à la création de cette filière par les


collectivités territoriales et l’État en Région est une démarche
d’ordre technique, mise en œuvre par des acteurs qui se
définissent eux-mêmes comme des « techniciens » et qui a pour
objectif l’essor de la région (et,  a fortiori, de la France) en termes
économiques, s’appuyant pour cela sur l’industrie. Elle est
justifiée par les retombées positives de cette filière sur les
populations en butte au chômage : l’un des acteurs interrogés
présente la création d’emplois pérennes comme étant sa
préoccupation principale8. L’argument de l’emploi ou de la lutte
contre le chômage serait l’un des outils principaux de légitimation
du discours posé par les technocrates (Juan, 1986, p. 142.)
10Cette démarche est présentée en termes de besoins du territoire
(besoins d’emplois, d’industrialisation, de croissance économique,
de visibilité) et surtout d’« offre du territoire » : il s’agit de mettre
à disposition des industriels, les ressources dont ils ont besoin
pour développer cette filière (y compris les atouts
« géomorphologiques », en l’occurrence la présence d’un
« gisement » hydrolien). Ici, cette « offre » correspond aux
spécificités des EMR. Par conséquent, il est considéré comme
souhaitable que la filière EMR se développe en Basse-Normandie,
d’autant que cette « prédisposition naturelle » pour l’hydrolien
place la région « en tête » dans la compétition que se livrent les
régions entre elles pour attirer entreprises, production et essor
économique subséquents.
 9 La Région Basse-Normandie est à ce titre impliquée dans le projet
Européen Atlantic Power Cluster, (...)

 10 Pour cela, elle bénéficie à l’échelle plus locale du travail proposé par
les Maisons de l’Emploi e (...)

11Les collectivités territoriales et l’État en Région ont donc une


action en direction des entreprises : leur rôle consiste à les inciter
à s’installer en rendant visible la région par son « prestige » et son
« rayonnement9 », en facilitant leur implantation en termes
financier et infrastructurel, et en coordonnant l’offre de formation
et la recherche10 qui alimenteront l’activité des industriels en
termes de main d’œuvre (à différentes échelles de qualification) et
d’outils techniques et scientifiques.
 11 W. Rautenstrausch est un ingénieur à l’origine de l’idée américaine
de technocracy.
 12 L’action dirigée vers les entreprises relève de cette volonté de
pragmatisme.

12Les acteurs interrogés insistent sur l’aspect pragmatique et


technique de leur action. Ils se définissent comme « réalistes »,
par opposition aux hommes politiques auxquels incombe la
relation aux populations. Cette façon de se définir correspond à
celle proposée par Walter Rautenstrausch 11 (Dubois, Dulong,
1999, p. 21) : les ingénieurs seraient seuls capables d’adopter un
mode de fonctionnement rigoureux et rationnel pour résoudre la
crise économique et sociale. En considérant la fonction sociale de
l’industrie, les ingénieurs se distinguent des économistes et des
hommes politiques12. Cette conception de l’action pragmatique
est inhérente à la conception de l’action portée par ces acteurs et
déborde la question des EMR.
 13 La SPL West Normandy Marine Energy, a été créée par la Région
Basse-Normandie, le Département de l (...)

13La convergence de ces collectivités et de l’action de   l’État en


Région se cristallise dans la création de la Société Publique Locale
(SPL)  West Normandy Marine Energy13. C’est un travail en
commun que les enquêtés jugent capital et perçoivent comme un
atout important de la région.
« Pour essayer de faire aboutir de tels projets, il est évident que l’État,
les collectivités les élus doivent cheminer ensemble. » (Entretien K)

14Il importe de montrer aux industriels un « visage uni » pour être


attractifs. La constitution de cette SPL, de cet interlocuteur unifié,
permet de « compenser » en quelque sorte leur retard par rapport
aux autres régions françaises concernées par les autres parcs. Il
s’agit également d’un signe politique fort, jugé rare :
« Quand je dis union [des trois collectivités territoriales concernées] ça
veut dire qu’il y a une union politique qui va bien au-delà en fait, et là
on a quelque chose de très intéressant et qui je pense n’existe nulle
part ailleurs en France, c’est qu’on a une alliance politique en période
électorale entre des partis très différents [deux élus PS et un élu UMP]
on a atteint le politique, vraiment, au sens noble, pour le
développement du territoire. » (Entretien F)

15Or la convergence de tendances politiques opposées est en


réalité courante, lorsqu’il s’agit de développer des projets de ce
genre, permettant notamment à la France de se tailler une place
sur un marché déjà développé mondialement : « Lorsqu’on
considère n’importe quel projet ou filière intégrée, tant sur le plan
des enjeux socio-économiques ou financiers que des modalités
de légitimation, les oppositions classiques droite/gauche
s’évanouissent derrière les impératifs de la compétitivité
“nationale”, d’une technologie “française” de pointe. » (Juan, 1986,
p. 116). Cette absence de clivage se retrouve dans le cas de la
SPL  West Normandy Marine Energy, mais est présentée comme
constituant une exception et une spécificité régionale.
16De la même manière, un argumentaire mobilisant « à partir
d’enjeux régionaux, une thématique de la nécessaire
familiarisation avec des technologies d’avenir, des nécessaires
créations d’emplois et de productions culturelles, le tout coiffé du
nécessaire apport en devises pour la balance commerciale » (Juan,
1986, p. 114), correspond à celui développé par les acteurs que
nous avons étudiés. Ce genre d’argumentaire peut s’adapter à
nombre de projets de même envergure, tout en les extrayant des
temporalités longues dans lesquelles ils sont inscrits et en
dissolvant la spécificité de leur ancrage territorial. En l’occurrence,
l’argumentaire cité ici s’appliquait à l’origine à la création de
Disneyland à Marne-la-Vallée. On peut conclure que le type
d’action pragmatique (décrit ici par les acteurs) est susceptible de
décrire n’importe quel type d’action relative à n’importe quel type
d’aménagement.
Discours sur l’énergie-
électricité incluant les EMR
17Cependant, même si cela ne conditionne dans un premier temps
ni le jugement ni la nature de l’action des collectivités territoriales
et de l’État en Région, l’implantation d’EMR relève bien d’un
domaine économico-industriel précis : l’énergie-électricité. Il
convient d’analyser la façon par laquelle les EMR sont prises en
compte, en tant que mode de production d’électricité, par ces
acteurs.
 14 En 2009, la production d’électricité française est à 75 % d’origine
nucléaire, d’après le gouverne (...)

 15 La Basse-Normandie est la 8  région ayant la plus forte production


e

d’électricité de France, elle p (...)

 16 Il s’agit de l’usine de La Hague, gérée par Areva, qui se trouve être
également présent sur le mar (...)

18Les EMR – dans la forme d’implantation qui sera mise en œuvre


en Basse-Normandie – viennent se raccorder au réseau français
(et européen) de production d’électricité. Partant, elles s’intègrent
dans la conception de l’électricité relative à ce réseau préexistant
qui est, pour la France, caractérisé par une très forte
centralisation et une prééminence du nucléaire 14 (Raineau, 2011,
p. 135). Historiquement, la Basse-Normandie est une région très
fortement nucléarisée15, non seulement productrice d’électricité
d’origine nucléaire, mais abritant également des installations
militaires atomiques et l’une des quatre usines de retraitement de
déchets de combustibles nucléaires du monde encore en
service16.
19Le nucléaire est souvent présenté comme la référence en
matière de production d’électricité. Sur le plan technique, il
permet d’évaluer la production électrique des EMR :
« On a une capacité non négligeable […], ça fait quand même quelques
tranches nucléaires, sachant […] que ce n’est pas comparable . »
(Entretien K)

20Cette comparaison permet à la fois de légitimer une énergie et,


dans le même mouvement, d’asseoir la supériorité indéniable du
nucléaire sur toutes les autres formes de production électrique,
donc sa nécessité.
 17 Entretien K.

 18 En l’occurrence, les industriels rassemblés en consortiums et candidats


à l’Appel d’Offres éolien (...)

21L’État en Région a la responsabilité de penser les implantations


en termes d’infrastructures, à savoir dans ce cas précis, celles du
réseau électrique, qui permettra d’injecter dans le réseau la
production à venir. Cette capacité conditionne en effet la
possibilité d’implantation d’un « parc » hydrolien (elle existe déjà
pour le parc éolien).  L’État en Région a également un rôle
réglementaire, concrètement au niveau des autorisations
d’exploitation du domaine public maritime, ce qui lui permet
aussi d’envisager une cohérence d’ensemble pour des projets
différents, et ainsi d’éviter le développement d’« exploitations
anarchiques17 ». Il s’agit de rendre les productions d’énergie
renouvelable rentables et de favoriser pour cela l’action sur le
territoire des grands industriels18 :
« Alors au niveau de l’éolien, même pour le développement des
énergies marines avant que ne soit lancé l’appel d’offres on avait déjà
nous, sur le site de Courseulles-sur-Mer, capté des industriels, qu’on
forçait, enfin qu’on incitait à se regrouper et à travailler ensemble . »
(Entretien K)

22« On cherche donc à adapter l’énergie au réseau et au système


technique en place, puisque ce dernier est un “déjà-là”. »
(Raineau, 2011, p. 135). Cette adaptation se fait à tous les
niveaux, par exemple, dans la région, le chantier des EMR a
permis aux collectivités territoriales de se structurer pour les
questions d’emploi et de formation. Cela est perçu comme un
avantage, d’autant plus que la possibilité de reconvertir les
ouvriers qualifiés travaillant sur le chantier de l’EPR (qui
s’achèverait bientôt) dans les usines d’EMR est à la fois un atout
et un besoin.
 19 Notre traduction : « Discourse is here defined as an ensemble of ideas,
concepts and categories th (...)

23Si l’on suit la définition de Maarten Hajer, le « discours est


défini comme un ensemble d’idées, de concepts et de catégories à
travers lesquels du sens est attribué aux phénomènes.
Simultanément, le  discours forme le contexte dans lequel les
phénomènes sont appréhendés et ainsi prédétermine la définition
du problème. La  structuration du discours a lieu lorsqu’un
discours commence à dominer la manière dont une société
conceptualise le monde.  L’institutionnalisation du discours a lieu
lorsque le discours prend corps dans les actions et dans les
institutions19. » Cette définition s’applique avec pertinence à la
conception de l’énergie-électricité portée par les acteurs : il s’agit
d’un discours qui préexiste à l’arrivée des EMR, crée le contexte
dans lequel elles seront évaluées et intégrées et  in fine leurs
conditions de développement. Ce discours sur l’énergie serait le
propre des technocrates, en tant qu’ils modèlent, avec
l’hégémonisation du nucléaire, non seulement la production, mais
aussi la consommation et la demande d’électricité (Juan, 1986).
24Une autre conséquence de cette structuration   par le nucléaire
de la conception de l’électricité est l’absence de prise en compte
des EMR comme étant des énergies   renouvelables et donc
spécifiques, en particulier dans le rapport qu’elles entretiennent
avec l’environnement. Or, le discours liant l’environnement aux
EMR est quasiment absent chez les enquêtés. Les aspects positifs
des EMR au niveau du changement global ne sont pas
mentionnés. Comme s’ils étaient à la fois évidents et intrinsèques,
et donc admis comme tels par tous. Les aspects « développement
durable » font également partie des attributions nominatives de
certains des enquêtés, sans pour autant créer de transformation
dans leur activité, ce qui montre qu’un   discours (Hajer, 1993)
impliquant réellement l’environnement ne s’est pas structuré dans
les pratiques institutionnelles :
« Évidemment tout ça, ça se fait sous couvert de croissance verte. Alors
comme dans mes attributions j’ai aussi développement durable, donc
la croissance verte est complètement dedans et là on va exploiter la
filière énergies marines pour essayer de créer de l’activité industrielle.
[Les activités] liées au développement durable doivent profiter au pays
[d’un point de vue de l’emploi, d’un point de vue économique]. Ça,
c’est un principe qui est dans tous les pays. » (Entretien K)

25D’une manière générale, ces acteurs se penchent sur les


aspects environnementaux en lien avec les EMR dans deux cas :
lorsqu’il s’agit de considérer leurs impacts environnementaux
négatifs et lorsqu’ils évoquent la question de l’(in)acceptabilité
sociale. L’appel d’offres relatif à l’implantation de l’éolien offshore
en France impose aux consortiums un volet d’études d’impacts
environnementaux. C’est donc dans ce cadre qu’est
principalement évoquée la notion d’environnement, et que les
acteurs font état de préoccupations à son égard (ne représentant
qu’une petite part de leur propos général). Cela permet également
de solliciter les experts scientifiques locaux, et donc de satisfaire
aux impératifs de développement régional évoqués plus haut.
Rappelons que les impacts environnementaux négatifs pris en
compte dans l’appel d’offres ont dans un premier temps des
répercussions locales (disparition de la ressource halieutique par
exemple), tandis que les impacts positifs espérés des EMR le sont
à une échelle globale (réchauffement climatique). On ne trouve
ces références à l’environnement (aux impacts positifs des EMR)
que dans le cas où il s’agit pour les acteurs interrogés, de
marquer leur incompréhension face au rejet potentiellement
suscité par les EMR :
« Comment une machine non polluante, comment partant avec des
éléments qui a priori sont positifs on a ce type de réaction  ? »
(Entretien K)

26L’intérêt porté aux aspects environnementaux est lié aux


risques de blocages du projet : par trop d’impacts
environnementaux négatifs ou par un refus émanant de la société.
Les acteurs poursuivent donc leur activité de développement
économico-industriel, en utilisant les  discours qu’ils connaissent,
en particulier le discours sur le nucléaire, les aspects
environnementaux étant traités comme des potentialités de
blocage à réduire.

Discours sur les populations et


l’« acceptabilité sociale »
« Parce qu’il y a un truc dont on est persuadés, c’est que pour que
quelque chose se passe sur le territoire, il faut d’abord que ce soit
voulu par les acteurs du territoire. » (Entretien F)
 20 “Social acceptance”, “Socio-political acceptance”, “Community
acceptance”, “Market acceptance” (Wü (...)
27Wüstenhagen  et al. (2007) définissent l’acceptabilité
sociale20 des énergies renouvelables comme comportant trois
dimensions : l’acceptabilité sociopolitique, l’acceptabilité
communautaire, et l’acceptabilité de marché. La première
recouvre l’acceptabilité des technologies et des politiques par le
public, par les parties-prenantes clés, et par les élus ; la seconde
inclut la justice de la procédure et de la distribution, et la
confiance ; la troisième concerne l’acceptabilité de la part des
consommateurs et des investisseurs, et celle interne aux firmes
qui développent ces énergies. Or, dans son acception la plus
usitée et dans la façon dont les acteurs interrogés la présentent,
l’acceptabilité sociale concerne uniquement la première, pour les
populations. Leur discours sur l’acceptabilité sociale est donc un
discours sur les populations, qui – nous allons le voir – les définit
et les caractérise. Cela semble en décalage avec l’idée de réduire
les risques de blocages des projets, qui concerne davantage
l’« acceptabilité communautaire ».
28La communication en direction des populations incombe,
d’après les enquêtés, aux élus :
« La Région c’est le plus haut niveau du territoire régional donc c’est
vraiment le rôle du politique de faire cette concertation.  » (Entretien F)
 21 Entretien F.

 22 Et rendue obligatoire par l’Appel d’Offres pour l’éolien offshore. Elle
sera menée par la Commissi (...)

29Le rôle des élus, en particulier locaux, serait alors de


communiquer sur les projets pour permettre « une évolution […]
par rapport aux mentalités […] en particulier au niveau de
l’acceptabilité. Au-delà de l’État, les élus ont un rôle important à
jouer21 ». Les techniciens de la Région sont fortement impliqués
dans le suivi des processus de concertation. La concertation
politique effectuée par les élus est présentée comme
complémentaire de la concertation « obligatoire »22 à la charge
des industriels.
30Cette définition du rôle de l’élu permet aux enquêtés de se
penser et de se définir, par opposition à la fois aux hommes
politiques et à leurs électeurs. On observe alors un certain
dénigrement des points de vue des populations – qui ne
parviendraient pas à saisir les enjeux techniques relatifs aux
projets. Au discours « aberrant » (sic.) des populations, nos
enquêtés opposent une rationalité technique qui distingue ce qui
est faisable de ce qui ne l’est pas et ce qui est souhaitable de ce
qui ne l’est pas. Charge alors aux hommes politiques de taire
certains aspects ou d’en exagérer d’autres, donc de se livrer à une
forme de « mensonge ». La distinction d’avec les hommes
politiques implique ainsi que les acteurs des collectivités
territoriales et de l’État en région diraient, eux, la vérité. Cette
façon de présenter leur point de vue comme étant pragmatique
revient plusieurs fois, en opposition toujours avec d’autres
discours :
« Il faut arrêter de raconter n’importe quoi dans des approches
idéologiques qui ne sont pas réalistes. Il y a une dimension technique
dans tout et la technique, ça s’impose à nous. Donc on peut avoir telle
vision, croire ceci, croire cela, la technique vous rappelle à la
réalité. […]  et je dirais que c’est la dimension politique qui sera
déterminante dans la décision. Nous on raisonne d’un point de vue
technique, la dimension politique ne nous appartient pas . » (Entretien
K)

31Or, « cette attitude inébranlable de détenir l’unique Vérité et la


Raison face à des usagers infantilisés est une des caractéristiques
du discours technocratique » (Juan, 1986, p. 125). Les acteurs
interrogés se distinguent ici d’une posture idéologique ou
politique. À notre sens pourtant, la définition d’eux-mêmes que
ces acteurs construisent revient à rassembler un corps de
représentations, qui véhicule une idéologie. Ce mécanisme est le
propre des technocrates et « la domination [finit toujours par]
construire un corps de représentations, une idéologie » (Juan,
1986, p. 119).
32De la même façon, les enquêtés définissent des populations, en
décrivant leurs caractéristiques. Ces définitions opèrent des
découpages socio-spatiaux à différentes échelles : « le Français »,
le « Bas-normand », « les urbains » ; ou catégories socio-
professionnelles : « les pêcheurs », les « politiques ». Hommes
politiques et populations, « public », sont regroupés dans ces
catégories. Par ce mécanisme, les enquêtés se placent eux-
mêmes hors de ces catégories, d’autant plus que la (dis)
qualification des positions prêtées aux populations ainsi définies
permet, par opposition, de présenter une nouvelle fois leur
approche comme « objective », « universelle » et « pragmatique ».
33« Dès que l’on évoque les notions de “capacité nationale”, de
“bataille mondiale”, de “citoyens” (ou d’“usagers”) à
responsabiliser et dont il faut obtenir “l’adhésion” [l’acceptation],
on encourt le risque de reprendre le discours de l’acteur
technocratique, de se mouler à son système de références. […] Le
fait de considérer des citoyens place d’emblée l’analyse sur le
plan de la nation, et décrire l’activité des entreprises françaises en
la défendant pour préserver les intérêts du pays correspond
parfaitement au discours technocratique qui identifie la direction
de la nation à celle des appareils de production en butte à la
concurrence mondiale » (Juan, p. 115-116). On retrouve ici ce
mécanisme, avec la caractérisation du « français » dans le
discours, couplée aux impératifs industriels et de développement
nationaux. Dans le discours régional, le système fonctionne de la
même façon mais à une échelle différente : caractérisation du
« bas-normand » et impératifs de développement régionaux.
 23 Même si une expérience récente d’échec de l’implantation d’un
terminal conteneur sur le port de Ca (...)

34On peut également distinguer des différences entre ces


populations en partant du mode d’action qu’elles développent ou
seraient susceptibles de développer. D’abord une population à
l’action floue (« le français », le « bas-normand » et même « les
urbains ») qui serait inerte ou réticente au changement,
correspondant à un « conservatisme » attribué aux populations
par le discours technocratique. Les acteurs interrogés n’évoquent
pas le mode d’action de ces populations, on peut dès lors
supposer deux choses : d’une part ils espéreraient des
populations un soutien actif aux projets, qui ne semble pas
exister (mais que serait un soutien actif ?), et d’autre part ils
craindraient une opposition active de ces mêmes populations.
Cette opposition « active » serait susceptible de se manifester à
travers les débats publics organisés pour le Parc éolien offshore
de Courseulles-sur-Mer par exemple, pouvant entraîner des
retards sur la mise en place du projet (l’abandon du projet suite à
la CNDP paraît improbable23), ou par l’adhésion à des
associations de lutte « anti- » (dont l’action s’exerce par des
pétitions, des recours judiciaires et également une action sur la
CNDP).
 24 De parc éolien, mais aussi d’implantation hydrolienne ultérieure.

 25 Notamment par le fait que les pêcheurs se voient verser des


compensations ce qui se répercute sur (...)

35Les acteurs interrogés déplorent également la réticence au


changement des hommes politiques, qui selon eux doivent faire
preuve d’engagement, en agissant notamment dans une
communication en direction des populations et, en même temps,
pris dans une logique électoraliste, ce qui les obligerait à
déformer la vérité. Enfin, les populations peuvent avoir une
influence plus directe sur le projet24 – comme par exemple les
professionnels de la pêche –, en « conflit d’usage » avec les
installations et, surtout, elles disposent d’une capacité de blocage
des travaux. Ces populations sont décrites comme privilégiant
leurs intérêts, finalement au détriment de l’ensemble de la
population25. Il s’agirait, encore une fois, d’une spécificité
française qui, à terme, pénaliserait l’économie nationale entière :
« Alors le problème, c’est que non seulement on paye tous, mais par ce
jeu-là on est moins compétitifs, donc en fait ça se répercute sur
l’économie générale… » (Entretien K)

36Le positionnement des pêcheurs par rapport aux différentes


implantations d’EMR est caractérisé comme étant une stratégie
visant à obtenir des compensations :
« Les pêcheurs ils vont l’accepter le parc. Qu’est-ce qu’ils font en
râlant  ? Ils préparent la subvention… C’est des français  !  ! » (Entretien
F)

37Les pêcheurs, dont l’activité subit directement les conséquences


de l’implantation d’un parc éolien, sont également présentés par
les enquêtés comme faisant montre d’un sentiment de propriété
de la mer. Ils percevraient alors les autres usages comme une
menace et une concurrence :
« Les pêcheurs voient […] cette activité comme un élément de
concurrence […] Pour eux la mer leur appartient » (Entretien K)
 26 Entretien K.

38L’expression « droit historique » revient en effet dans les


discours des pêcheurs comme dans ceux de certaines
collectivités. D’une façon générale, la contestation se serait
transformée, intensifiée (par rapport au nucléaire par exemple).
Cette évolution est attribuée notamment au fait que les
populations sont beaucoup plus sensibilisées aux enjeux
environnementaux, aux risques, mais aussi aux jeux des médias
et des associations, évoluant même vers une
« professionnalisation dans la contestation  : il y en a qui vivent de
ça. »26
 27 Même si PNA s’est livré à la mise en place d’une concertation
concernant les transformations d’un (...)

 28 Les populations s’appropriaient davantage une infrastructure lorsque


les usines qui contribuent à (...)

39On observe ici une certaine complexité du rapport entre


« création de la filière industrielle », défendue par les acteurs des
collectivités territoriales, qui relève surtout de l’implantation des
usines à Cherbourg, et « acceptabilité sociale », qui concerne bien
davantage la construction des parcs eux-mêmes27 que celle des
usines. La « création de la filière EMR » est conditionnée
indirectement par la construction des parcs, qui risque de souffrir
d’une opposition sociale. Pour autant, la construction d’usines
aurait un impact positif sur l’acceptabilité sociale, en créant des
emplois et en « concrétisant » l’objet EMR auprès des populations
d’une manière indirecte28.

Conclusion
40Dans l’action des collectivités territoriales bas-normandes et de
l’État en Région, on constate donc un maintien des pratiques
institutionnelles habituelles dans l’appréhension du
développement des EMR. Les EMR sont considérées comme une
filière industrielle dont il s’agit dès lors de favoriser la mise en
place. Cette acception de la filière se rapproche de celle de filière
inversée développée par Galbraith (1989, p. 258-265). Elles sont
insérées dans un  discours (Hajer, 1993) sur l’énergie-électricité,
véhiculé et construit par les technocrates, qui a pour référence le
nucléaire et le système de distribution, mais également
de  consommation correspondant. Cette insertion empêche les
acteurs de prendre en compte les aspects vecteurs d’une forme de
transition environnementale et sociale que comportent les EMR
par leur aspect renouvelable. L’appréhension des populations et
de son pendant, l’« acceptabilité sociale », est également
déterminée par ce discours qui structure une définition spécifique
des populations, de leurs attentes et de leurs besoins. Le fait de
définir ainsi les populations permet aux acteurs de   se définir, en
creux, comme l’opposé de ces populations. Les EMR devant être
acceptables aux yeux des populations, et les acteurs des
collectivités territoriales bas-normandes et de l’ État en Région se
distinguant de ces populations, leur « acceptation » n’est de fait,
pas incluse dans leurs représentations.
NOTES
1 (Notre traduction) « While issues of global warming may be far
removed from everyday life, fears of local impacts are not ». (Haggett,
2011, p. 504).

2 La dernière enquête IPSOS « souligne que neuf français sur dix ont
une bonne image des énergies renouvelables et sont favorables à leur
déploiement »,  Le Monde, 17 janvier 2013.

3 En témoignent les engagements Européens et français autour du


paquet énergie climat, et du Grenelle de l’environnement.

4 Maarten Hajer oppose le « traditional pragmatist discourse » au


nouveau discours « développement durable » (« sustainable
development ») (Hajer, 1993).

5 Un parc éolien offshore, au large de Courseulles-sur-mer, est


actuellement dans la phase dite de « levée des risques », et le nouveau
gouvernement Hollande s’apprête à lancer un appel d’offres visant à
structurer le développement de « parcs » hydroliens, qui concernent
des zones situées en Basse-Normandie.
6 En raison de l’interconnaissance liant les acteurs appartenant aux
différents services de l’État en Région (DREAL, DDTM, Préfecture
Maritime) et des collectivités territoriales Bas-Normandes (Conseil
Régional de Basse-Normandie, Conseil Général du Calvados, de la
Manche) il nous semble important de limiter les indications pouvant
permettre leur identification. D’autre part, nous avons choisi de citer
principalement deux entretiens menés auprès d’acteurs appartenant à
ces collectivités, particulièrement représentatifs de l’ensemble des
entretiens et des observations participantes réalisées.

7 Ports Normands Associés (PNA) est un syndicat mixte régional dédié


à la gouvernance des ports de Cherbourg et de Caen-Ouistreham qui
regroupe la région Basse-Normandie, les départements du Calvados et
de la Manche.

8 D’après cet enquêté, 110 emplois à Ouistreham et 500 emplois dans


les usines à Cherbourg seront créés.

9 La Région Basse-Normandie est à ce titre impliquée dans le projet


Européen  Atlantic Power Cluster, elle est aussi partenaire de France
Énergies Marines (une plateforme technologique nationale des énergies
marines renouvelables) rassemblant industriels, chercheurs et
collectivités et appartient au Pôle Mer Bretagne. De plus, les acteurs du
Conseil Régional de Basse-Normandie (CRBN) sont présents lors de
salons nationaux et internationaux dédiés aux EnR et aux EMR.

10 Pour cela, elle bénéficie à l’échelle plus locale du travail proposé par
les Maisons de l’Emploi et de la Formation (MEF). Citons notamment la
MEF du Cotentin, qui est très présente dans les réunions et les
rencontres auxquelles nous avons pu assister. Il peut également s’agir
d’ouverture de classes ou de filières dans l’enseignement secondaire.
Sur le plan de la recherche et de l’enseignement supérieur, la Région
BN travaille en partenariat avec les universités notamment, à travers
des instances mixtes Région-Université de Caen comme l’Institut
Régional du Développement Durable (IRD2) par exemple, mais
également par le financement de travaux de recherche en relation avec
les EMR.

11 W. Rautenstrausch est un ingénieur à l’origine de l’idée américaine


de  technocracy.

12 L’action dirigée vers les entreprises relève de cette volonté de


pragmatisme.

13 La SPL West Normandy Marine Energy, a été créée par la Région
Basse-Normandie, le Département de la Manche et la Communauté
Urbaine de Cherbourg, « malgré » les différents bords politiques
auxquels appartiennent leurs dirigeants. Elle rassemble de nombreux
acteurs des EMR.

14 En 2009, la production d’électricité française est à 75 % d’origine


nucléaire, d’après le gouvernement français. Source :
http://www.statistiques.developpementdurable.gouv.fr/fileadmin/docu
ments/Produits_editoriaux/Publications/Le_Point_Sur/2012, consulté
le 12 juin 2013.

15 La Basse-Normandie est la 8  région ayant la plus forte production


e

d’électricité de France, elle produit un ratio de 167 % de sa


consommation en 2009 (c’est-à-dire qu’elle exporte plus d’un tiers de
sa production), production presqu’exclusivement d’origine
nucléaire.  Ibid.

16 Il s’agit de l’usine de La Hague, gérée par Areva, qui se trouve être
également présent sur le marché des EMR (fabrication d’éoliennes
offshore). Source : ACRO, Association Pour le Contrôle de la
Radioactivité dans l’Ouest. http://www.acro.eu.org/mythe %
20recyclage.html Consulté le 12 juin 2013.

17 Entretien K.

18 En l’occurrence, les industriels rassemblés en consortiums et


candidats à l’Appel d’Offres éolien offshore sont déjà pour la plupart
des acteurs de la production d’électricité « non-renouvelable », comme
Areva, par exemple.

19 Notre traduction : « Discourse is here defined as an ensemble of


ideas, concepts and categories through which meaning is given to
phenomena […] Discourse at the same time forms the context in which
phenomena are understood and thus predetermines the definition of
the problem […].Discourse structuration occurs when a discourse starts
to dominate the way a society conceptualizes the world […] Discourse
institutionalization [is when a discourse] solidif[ies] into an institution,
sometimes as organizational practices, sometimes as traditional ways
of reasoning. » (Hajer, 1993, p. 45-46).

20 “Social acceptance”, “Socio-political acceptance”, “Community


acceptance”, “Market acceptance” (Wüstenhagen   et al., 2007, p. 2684).

21 Entretien F.

22 Et rendue obligatoire par l’Appel d’Offres pour l’éolien offshore. Elle
sera menée par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP), saisie
par les industriels.

23 Même si une expérience récente d’échec de l’implantation d’un


terminal conteneur sur le port de Caen après une mobilisation des
habitants ayant abouti à un avis défavorable du commissaire enquêteur
suscite de fortes craintes chez certains enquêtés.

24 De parc éolien, mais aussi d’implantation hydrolienne ultérieure.

25 Notamment par le fait que les pêcheurs se voient verser des


compensations ce qui se répercute sur les prix de l’électricité à travers
la CSPE, donc sur les consommateurs.

26 Entretien K.

27 Même si PNA s’est livré à la mise en place d’une concertation


concernant les transformations d’un terre-plein du port de Cherbourg
en vue de l’accueil de ces usines.
28 Les populations s’appropriaient davantage une infrastructure
lorsque les usines qui contribuent à sa fabrication sont à proximité,
permettant aux employés de l’usine eux-mêmes de diffuser des
informations techniques, et contribuant également à forger un
sentiment d’identification positif (Fortier, 1995).

AUTHOR
Laure Bourdier
CERReV, Pôle Risques, Université de Caen Basse-Normandie
Doctorante en socio-anthropologie à l’Université de Caen Basse-Normandie. Membre du
CERReV et du Pôle Risques, Qualité et Environnement Durable. Sa thèse porte sur la « Socio-
anthropologie des Énergies Marines Renouvelables en Basse-Normandie ».

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