PAR JEAN SOBOCOEUR CHRISPIN, SCOLARITÉ DE DOCTORAT EN ÉCONOMIE (UA), MSC. ECONOMIE (UQAM), M2 INGÉNIERIE DE LA FORMATION (UNIVERSITÉ FÉDÉRALE DE TOULOUSE-ENFA) Objet de l’économie locale
L’économie locale ou territoriale est une branche des
sciences économiques ayant pour objet l’étude des dynamiques de développement économique des territoires Elle analyse les modes d’organisation de la vie économique au niveau des territoires, Elle analyse les modèles de création de richesse des agents économiques territoriaux / locaux Objet de l’économie locale (suite)
Elle analyse les politiques économiques conduites
par les autorités locales et l’impact de ces politiques sur le développement économique des territoires Elle analyse et questionne les logiques d’interaction économique développées par des acteurs appartenant à des territoires différents Survol des courants théoriques
Théorie de la localisation des activités
économiques (Von Thunen, Alfred Weber, Alfred Marshall) La distance de la terre au marché constitue le seul facteur de structuration de l’espace Les économies d’agglomération sont la somme des économies de localisation et des économies d’urbanisation Survol des courants théoriques (1)
Economies d’agglomération: avantages relatifs au
fait de se situer à proximité d’autres entreprises (c’est-à-dire économies de localisation) et à proximité du centre urbain (c’est-à-dire économies d’urbanisation). Théorie de la base (Douglass North) Selon cette théorie, une région ne peut se développer que dans la mesure où elle bénéficie d'une impulsion en provenance de l'extérieur. Survol des courants théoriques (2)
Autrement dit, le développement régional passe
nécessairement par le développement d’activités de base reposant sur l’échange avec une entité extérieure (Production orientée vers l’exportation) La création de revenus basiques sur un territoire va stimuler la demande locale pour des biens et des services vendus localement Ces secteurs locaux (domestiques ou non-basiques), comme par exemple les commerces et les services de proximité, dépendent du développement du revenu basique et du niveau de la demande locale. Survol des courants théoriques (3)
Théorie du développement endogène/auto-
centré/communautaire (Friedmann Stöhl) Approche territoriale du développement selon laquelle le développement est centré sur une mobilisation et une utilisation intelligentes des ressources locales propres (territoire, communauté, démocratie) Ressources naturelles, ressources-produits, ressources externalités Rôle des micro-initiatives locales structurantes Développement endogène opposé au développement fonctionnel et au développement up-down Survol des courants théoriques (4)
Modèle de l’économie de proximité
L’économie de proximité recouvre, d’une part, les revenus extérieurs captés par les territoires (revenus basiques qui irriguent le territoire : productifs, résidentiels, publics et sociaux) et, d’autre part, l’ensemble des activités visant la satisfaction des besoins des populations présentes sur le territoire (activités présentielles). Le secteur présentiel reflète la capacité des territoires à maximiser la consommation locale, déterminant ainsi le développement du territoire en termes de niveau de revenu, d’emploi et de cohésion sociale. Généralement, on distingue deux types de proximité: la proximité géographique ou physique ou spatiale et la proximité organisée ou organisationnelle Survol des courants théoriques (5)
La proximité géographique représente une forme de
différenciation fondée sur le caractère spatial au sein duquel s'inscrivent les acteurs économiques. Elle s'apparente dans une large mesure à la distance liée au coût de transport Elle tient compte des infrastructures et technologies créées par l'homme : les infrastructures publiques, les nouvelles technologies, mais aussi les prix de certains biens ou services, atténuent les distances en réduisant les délais et les coûts de transport. La proximité géographique favorise la proximité organisationnelle, elle favorise les rapports sociaux Survol des courants théoriques (6)
Selon plusieurs auteurs (Gilly et Grossetti, 1993)
«l'inscription dans un même territoire favorise les relations de coopération entre organisations, donc la proximité organisationnelle » La proximité organisationnelle renvoie à deux types de logique : l'une d'appartenance selon laquelle sont réputés proches en termes organisationnels les acteurs partageant le même espace de rapports ; et l'autre renvoyant à une dimension plus institutionnelle, de similitude, selon laquelle sont réputés proches les acteurs partageant le même espace de représentation, de modèles et de règles de pensée et d'action (Gilly, Torre, 2000). Survol des courants théoriques (7)
Les atouts de l’économie de proximité: (1)elle
restaure la relation de confiance, (2)anime les territoires et irrigue le cadre de vie, (3)investit les « activités d’attention », (4)est une des réponses au défi environnemental, (5)favorise la relocalisation des activités, (6)facilite l’insertion dans la vie professionnelle, (7)dynamise l’emploi, (8)accompagne la mutation des espaces ruraux, (9)est un potentiel pour le rayonnement international d’un territoire Survol des courants théoriques (8)
L’économie de proximité met l’accent sur les
relations directes entre les acteurs économiques locaux: le nombre d’intermédiaires entre producteurs et consommateurs est réduit le plus possible Ce modèle peut être appliqué à différents secteurs d’activités: l’agro-alimentation, la production animale, la pêche, le tourisme, le commerce, l’artisanat, l’industrie légère, etc. Survol des courants théoriques (9)
Théorie des milieux innovateurs (Philippe
Aydalot) Cette théorie porte principalement sur la création d'entreprises nouvelles secrétées par le territoire. Elle met l'accent sur le territoire, ou le milieu, considéré comme source d'innovation. La dimension territorialisée du développement de l'innovation et des entreprises n'est pas nouvelle: elle fut abordée par de nombreux économistes évolutionnistes tels que Schumpeter, Marshall et Dorsi. Survol des courants théoriques (10)
Selon P. Aydalot, «l’entreprise innovante ne préexiste
pas aux milieux locaux, elle est sécrétée par eux. Les comportements innovateurs dépendent essentiellement de variables définies au niveau local ou régional. En effet, le passé des territoires, leur organisation, leur capacité à générer un projet commun, le consensus qui les structure sont à la base de l’innovation. L’accès à la connaissance technologique, la présence de savoir-faire, la composition du marché du travail et bien d’autres composantes des milieux locaux déterminent des zones de plus ou moins grande innovativité ». Survol des courants théoriques (11)
L'avantage comparatif d'une localité n'est pas tant relié
au potentiel biophysique qu'à la dotation d'une ressource abondante et originale à exploiter de manière intensive. Cette théorie comporte beaucoup de points de similitude avec la théorie du développement endogène et avec aussi la théorie Wébérienne du district industriel. L’accent est mis ici sur la capacité d’innovation des territoires. Autrement dit, cette théorie considère les milieux locaux comme des incubateurs de l’innovation. NB: District industriel: Ensemble d’entreprises interdépendantes avec un marché du travail spécialisé Survol des courants théoriques (12)
Cette théorie se cristallise sur la nécessité d’intégrer de
nouvelles ressources locales (c’est-à-dire des ressources non valorisées jusque là) dans les modes de production de biens et de services locaux. Une attention soutenue est portée tant aux innovations tangibles (nouveaux biens physiques, par exemple) qu’aux innovations intangibles (citons en exemple de nouveaux modes de gestion, de combinaison des ressources, ce qu’on peut appeler dans certains cas des innovations de structures). Un autre exemple d’innovations intangibles: les innovations sociales (nouveaux modes de production et d’organisation de vie sociale autour d’objectifs communs partagés par une localité). Survol des courants théoriques (13) Nouvelle économie géographique (NEG) avec Paul Krugman La NEG s'intéresse à comprendre: - les déterminants de la concentration spatiale des activités économiques, - la mesure de la polarisation des activités, - l'attractivité des territoires - et les mesures de politique économique qui peuvent être mises en place pour tenter d'influencer les décisions de localisation des firmes. Survol des courants théoriques (14)
Théorie des clusters/pôles de compétitivité
(Michael Porter) Le cluster est une concentration géographique de firmes et institutions reliées entre elles et opérant dans un domaine particulier Deux types de clusters existent: Le technopole qui est un cluster s’appuyant sur la recherche scientifique de haut niveau (Ex: Silicon Valley, Paris-Saclay, etc.) Le cluster s’appuyant sur des savoirs-faire traditionnels (Ex: Paris pour la haute couture) Survol des courants théoriques (15) Modèle des territoires apprenants Un territoire apprenant est « un territoire capable d’apprendre de lui-même et de son action » Il s’agit d’une méthode, selon laquelle « le territoire serait en quelque sorte un outil d’apprentissage collectif, une régulation par l’apprentissage collectif » (JAMBES) Le territoire apprenant s’inscrit dans le champ de l’économie de la connaissance car « la ville ne peut survivre sans devenir une ville de savoir, mais elle ne peut pas devenir une ville de savoir sans devenir une ville apprenante » Survol des courants théoriques (16)
Modèle des territoires créatifs
Les territoires créatifs sont ceux qui savent articuler : - le développement de l’innovation à travers l’apport de technologies nouvelles (Biotech, Matériaux, Energie, TIC …) de formation (apprentissage) pour répondre à de vrais besoins, favorisant la création d’activités, - la coordination des forces vives, entreprenantes à travers des animations, des coopérations autour de projets collectifs, montage de projets, favorisant la dynamique du territoire. Survol des modèles de création de richesse
Modèle de l’économie agricole
Les caractéristiques de l’économie agricole haïtienne (1) L’économie agricole haïtienne est en pleine décadence: le poids de l’agriculture dans l’économie est passé de 95% à 50% entre 1804 et 1950. À partir des années 1980, l’économie n’est plus à dominante agricole, elle devient tertiarisée. Survol des modèles de création de richesse (1)
(2) Économie de subsistance et grappillage (mode de
vie paysan orienté vers la survie quotidienne/ le strict minimum/ le minimum vivere et non vers le profit comme chez les fermiers agricoles modernes; production de différents variétés de biens agricoles sur le même lopin de terre, pullulement de petites exploitations agricoles) (3) Prépondérance des pratiques et croyances traditionnelles (fatalisme, négligence de la vie terrestre, etc.; usage important d’outils archaïques: roue, machette, serpette, pioche, etc.) Survol des modèles de création de richesse (2)
(3) Solidarité et réciprocité non orientées vers la
performance productive (comme chez les sud- asiatiques, par exemple), mais orientées surtout vers les consommations communautaires de masse Quelques facteurs explicatifs de la décadence agricole d’Haïti: comportement rentier des grands propriétaires terriens non-soucieux de moderniser l’agriculture, faiblesse des structures étatiques d’accompagnement, non-respect des droits de propriété, fatalisme, logique de survie, faible orientation vers le long terme, etc. Survol des modèles de création de richesse (3)
Modèle de l’économie informelle
Les caractéristiques de l’économie informelle haïtienne: (1) Activités économiques légales mais non- enregistrées et non-contrôlées en vertu de la loi (exemple: vente de fripes, d’aliments, etc. sur le trottoir); Échappant au contrôle étatique, la majorité des agents informels ne paient pas de taxe (ce n’est pas de l’évasion fiscale pour autant) Survol des modèles de création de richesse (4)
(2) Les entreprises informelles utilisent peu les outils
de contrôle de gestion (par exemple, elles ne disposent pas d’un système de comptabilité produisant des rapports financiers et de gestion en bonne et due forme) (3) Le secteur informel est dominé par la présence d’entreprises de taille réduite (faible capacité d’embauche) Survol des modèles de création de richesse (5)
Selon le MCI (2012), 8 entreprises sur 10 en Haïti
sont caractérisées par leur petite taille, leur mode de propriété familiale, leur faible capitalisation, l’absence de la moindre tenue de livres, l’ignorance ou le mépris des principes rudimentaires de la comptabilité moderne. Les entreprises disposant d’un exercice comptable correct se limitent à 1.2%, celles souscrivant à une police d’assurance quelconque ne dépassent pas la barre de 1%, Survol des modèles de création de richesse (6)
Le taux d’entreprises détenant un fonds de pension, soit
0.2%, est nettement insignifiant. 77% de la population entrepreneuriale emprunte la voie de l’auto-emploi à travers des micro-entreprises informelles s’adonnant au commerce de produits quasi-totalement importés. Elles sont 70% à désirer une formalisation sans saisir nécessairement la portée et l’impératif d’une telle démarche. Ce secteur est aussi dominé par le commerce de détail (surtout de produits importés) notamment en milieu urbain Survol des modèles de création de richesse (7)
Modèle de l’économie sociale et solidaire
Les caractéristiques de l’économie sociale et solidaire d’Haïti: (1) Elle est duale puisque constituée d’organisations dites traditionnelles (konbit, eskwad, boukan, sociétés pour affermage des terres, etc.) et d’organisations dites modernes (Conseil d’action communautaire, coopératives, caisses populaires, crédit populaire, microfinance, mutuelles de solidarité, etc.) Survol des modèles de création de richesse (8)
(2) Elle souffre d’une grave confusion au niveau de
l’encadrement légal /institutionnel (Le Conseil national des coopératives siglé CNC créé en 1953, dépendant du MPCE, est en cacophonie avec la BRH qui supervise les caisses populaires selon le voeu de la loi de 2002 sur les coopératives tandis que parallèlement les articles 32.4 et 32.7 de la constitution de 1987 responsabilisent la Commune dans le domaine de l’enseignement en coopératisme et l’article 1 déclare qu’Haïti est une République coopératiste) Survol des modèles de création de richesse (9)
(3) Elle est à forte dominante financière
(4) Elle est récemment exposée à des tentatives de récupération et de domination de la part des secteurs capitalistes haïtiens (introduction des services de microcrédit dans les banques traditionnelles avec des conditions de prêt désanvatageuses pour les secteurs populaires) (5) Elle souffre d’un manque de cohésion d’ensemble et de coopération dans et entre les groupes d’acteurs qui la portent (promoteurs, organisations sociales & ONG) Survol des modèles de création de richesse (10)
Modèle des zones franches
Les caractéristiques des zones franches en Haïti (1) Elles connaissent un développement embryonnaire en Haïti et ne connaissent pas une implantation qui obéit nécessairement à une logique d’aménagement du territoire ou de fixation de la population dans sa zone d’origine et de résidence (2) Elles reposent sur un modèle de production industrielle extravertie (principalement au bénéfice des États-Unis par le biais des diverses versions de la Loi Hope) et concernant surtout le secteur textile. Survol des modèles de création de richesse (11)
(3) Elles restent dominées par les vagues de
première génération (non-prise en compte ou faible prise en compte de la qualité de vie des travailleurs et des besoins sociaux, absence de sécurité sociale, dégradation environnementale, etc.). Survol des modèles de création de richesse (12)
Modèle des industries créatives en Haiti
Ressources culturelles et artitistiques très riches, mais peu et mal exploitées généralement sur le plan économique Amateurisme organisationnel dans ce secteur: peu d’effort systématique d’organisation et de structuration Manque ou absence de marketing artistique Survol des modèles de création de richesse (13)
Modèle du tourisme en Haiti
Secteur structuré, mais pas assez régulé et encadré Secteur fragile, sensible aux troubles sociopolitiques Manque d’infrastructures (électricité, routes, hopital, chambres d’hôtel, etc.) Manque ou défaillance de structures de formation (écoles hôtelières, qualité des programmes de formation, etc.) Exploitation économique inefficiente du secteur Survol des modèles de création de richesse (14)
Divers modèles d’entrepreneuriat territorial
inspirés du développement endogène, de l’économie de proximité, des milieux innovateurs, des territoires apprenants et des territoires créatifs (des modèles à mettre en place pour promouvoir le développement local) Création d’entreprises visant la valorisation des produits locaux (vétiver, goyave, orange, banane, arbre véritable, pistache, etc.) Outils pour l’élaboration des plans d’affaires et la recherche de financement: SWOT, PESTEL, Diagramme de Gantt, etc.