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Aménagement du territoire

Séquence I : Aménagement du territoire : Concepts, types


et diversité d’objets

Introduction

La volonté politique d'un développement durable passe nécessairement par une politique
d'aménagement du territoire, qui est un système de planification ou une vision à moyen et long
terme, intégrant le développement économique, social et la gestion harmonieuse et judicieuse
de l'espace, des ressources naturelles et de l'environnement d’une manière générale. C'est dans
un cadre type, que l'on peut donner une âme à un développement territorial.

L’aménagement du territoire se situe au cœur du processus global de développement, car il


permet de planifier et d'exécuter les projets de développement de manière harmonieuse et
concertée sur la base des potentialités existantes et des contraintes techniques et
socioéconomiques du milieu.

Dans ce chapitre introductif nous apportons des définitions aux concepts utilisés aménagement
du territoire. Nous abordons également de la diversité d’objets ainsi que les différents types
d’aménagement ainsi que leurs fonctions.

I. Définition des concepts

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Aménagement du territoire

L’aménagement du territoire est une réalité multiple ce qui explique l’existence de nombreuses
définitions. Il se définit d’abord par sa finalité que l’on peut assimiler à une réponse à des
contradictions spatiales, contradictions qui ont cru avec le temps en raison de la multiplication
des occasions de dysfonctionnement (liées généralement au développement industriel et
urbain), des déséquilibres spatiaux (principalement régionaux) et des destructions (notamment
de l’environnement écologique et du patrimoine). Il s’explique aussi par le changement
d’attitude des pouvoirs publics et par les nouvelles compétences de ces derniers en matière de
gestion de l’espace.
L’aménagement du territoire apparaît, dès lors, bien comme une intervention des hommes sur
leurs espaces avec différents objectifs : réduire les disparités, apporter des réponses aux
dysfonctionnements, lutter contre la dégradation des cadres de vie… On y retrouve le concept
de « physical planning » ainsi que le souci de mieux s’organiser pour le futur en cherchant à
combiner des finalités de trois ordres : économiques, sociales et écologiques.
Si les finalités économiques ont d’abord largement dominé, deux autres axes majeurs se sont
développés : l’axe social (qui vise au bien-être et à l’épanouissement de la population où
l’organisation vise à procurer une qualité certaine d’équipements, de services, un cadre de vie
valorisant et où les préoccupations de justice sociale l’emportent sur celles d’efficacité
économique) et l’axe écologique (développé plus récemment et où l’accent est mis sur
l’insertion des sociétés et de leurs interventions dans des milieux naturels, des écosystèmes
fragiles, qui sont exposés à des déséquilibres irréversibles, à des dégradations de la flore et de
la faune ainsi qu’à des pollutions multiples).
L’aménagement du territoire a ainsi intégré trois dimensions majeures (économiques, sociales
et environnementales) qui sont devenues les trois piliers du développement durable.
L’aménagement du territoire est donc la politique publique qui consiste à planifier et
coordonner l’utilisation du sol, l’organisation du bâti, ainsi que la répartition des équipements
et des activités dans l’espace géographique.
Développement territorial
Le développement territorial en tant que modèle fait son entrée dans les politiques
d’aménagement du territoire.
Le concept de développement territorial est plus récent il remplace celui de développement
local. Il fait son apparition en France vers le milieu des années 1990. Ce concept est transféré
au Afrique depuis les années 2000 par le biais de programmes bilatéraux de coopération.

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Malgré son immense succès tant chez les géographes que chez les économistes, il est rarement
défini et recouvre en fait des réalités diverses à la rencontre du développement local ou régional,
du développement durable, de l’aménagement du territoire ou encore de la gestion territoriale.
Le développement territorial est défini comme « un processus volontariste cherchant à accroitre
la compétitivité des territoires en impliquant les acteurs dans le cadre d'actions concertées,
généralement transversales et souvent à forte dimension spatiale ».1
A travers les multiples écrits se réclamant de ce nouveau paradigme, ce qui semble faire
consensus, c’est la volonté ou la nécessité de remettre, au cœur de la problématique du
développement, le territoire avec ses ressources, ses contraintes et ses spécificités non
seulement matérielles mais encore immatérielles comme les acteurs et leur mode de
fonctionnement. En outre, le développement se veut transversal et décloisonné et tient compte
des pressions extérieures, notamment du contexte économique international. Il se veut aussi
stratégique et cherche à construire le futur d’un territoire en exploitant les atouts et en réduisant
les faiblesses internes tout en profitant des opportunités et en cherchant à faire face aux menaces
externes, ce qui explique le recours très fréquent à une analyse AFOM (atouts – faiblesses –
opportunités – menaces) dans la plupart des projets de développement territorial.
Territoire
Territorialisation
Elle renvoie au processus de construction d’un projet de société de territoire. Il s’agit d’une
relocalisation des politiques publiques qui s’élaborent au niveau des territoires. Aujourd’hui, le
succès de la notion de territoire est lié à sa conception accordant plus de place aux acteurs, à
l’expérimentation de nouveaux modes de gouvernance territoriale multi-niveaux.

Décentralisation

La décentralisation est un processus d’aménagement de l’État unitaire qui consiste à transférer


des compétences administratives de l’État vers des collectivités territoriales ou institutions
publiques pour qu’elles disposent d’un pouvoir juridique et d’une autonomie financière. Le
transfert de ces attributions qui restent néanmoins sous la surveillance de l’Etat, permet à ce

1
Baudelle (G.), Guy (C.), Mérenne Schoumaker (B), 2011 : Le développement territorial en Europe. Concepts,
enjeux et débats, coll. Didact Géographie, éd. Presses Universitaires de Rennes, 281p.

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dernier de décharger ses administrations centrales et de confier les responsabilités au niveau le
plus adapté.

On distingue la décentralisation territoriale et la décentralisation fonctionnelle.

Dans la décentralisation territoriale, les autorités décentralisées sont les collectivités


territoriales (communes, départements). Les collectivités territoriales jouissent de la
personnalité morale, de moyens et de compétences propres, donc d’une certaine autonomie
locale. Celle-ci s’exerce dans le cadre de la loi et sous le contrôle de l’État.

Dans la décentralisation fonctionnelle ou technique, les entités décentralisées sont des


établissements publics chargés de gérer un service public (universités, hôpitaux publics). Ils
bénéficient de la personnalité morale et de moyens propres, mais ne disposent que d’une
compétence d’attribution qui correspond à l’objet même du service public qui leur est transféré.

Des auteurs comme René Chapus qualifient la décentralisation fonctionnelle de «


déconcentration camouflée »2.

Déconcentration

La déconcentration est un processus d’aménagement de l’État unitaire qui consiste à implanter


dans des circonscriptions locales administratives des autorités administratives représentant
l’État. Ces autorités sont dépourvues de toute autonomie et de la personnalité morale. Le but
est d’améliorer l’efficacité de l’Etat en décongestionnant l’administration centrale et en
accélérant les prises de décisions au niveau local.

Les autorités déconcentrées sont soumises au contrôle hiérarchique de l’État qui dispose à leur
égard, d’une part, du pouvoir disciplinaire permettant la sanction, la suspension ou la
révocation, et, d’autre part, du pouvoir d’approbation, d’annulation ou de substitution de leurs
actes.

Pôle de développement

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CHAPUS (René) 2001 : Droit administratif général, tome 1, Montchrestien, 15ème éd.

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Organisé autour des potentialités du territoire, le pôle est un foyer de concentration économique
générateur d’activités motrices avec une forte puissance d’entrainement d’où sa centralité et
son attractivité.

La gouvernance territoriale

C’est l’ensemble des principes, valeurs, règles, mécanismes et modes de prise de décision se
rapportant à la gestion du développement des territoires.

La compétitivité territoriale

C’est le succès à partir duquel les territoires concourent entre eux. Trois situations se présentent
:
• Un territoire est compétitif quand il se dote des conditions ou facteurs lui permettent de
produire des effets moteurs plus attractifs et plus avantageux que ceux produits par des
territoires voisins ;
• Un territoire est compétitif quand il a la capacité d’attirer plus que tout autre des
investisseurs, des opportunités et surtout de produire des effets additionnels performants ;
• Un territoire est compétitif quand il est à mesure de garantir avec succès l’efficacité
nécessaire à la promotion de la performance territoriale.

La résilience territoriale :

C’est la capacité d’un territoire à retourner à l’état initial (original) après un choc quelconque.

La planification

Elle peut être définie comme un exercice d'anticipation réaliste des perspectives de
développement. Elle suppose un ensemble de méthodes, d'utilisation de techniques et de
procédures pour mettre en œuvre des moyens disponibles ou susceptibles de l'être en vue
d'atteindre les objectifs jugés prioritaires.

II. Diversité d’objets

L’aménagement du territoire n’est rien d’autre qu’une politique, disons volontariste de l’État.
En effet, Celui-ci en fonction de ses priorités, ses objectifs, sa vision, organise ou aménage le

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territoire. Du politicien à l’économiste en passant par le géographe, il n’existe pas une et seule
définition à l’aménagement du territoire. En effet, l’aménagement du territoire est une réalité
multiple ce qui explique l’existence de nombreuses définitions
Le bon aménagement est celui qui cherche à répondre aux enjeux et attentes du moment sans
compromettre l’avenir. L’objet reste fondamental. A quoi sert-il ? En voulant répondre à cette
question on délimite le pourquoi de l’aménagement du territoire. Cette diversité d’objets
explique entre-autres la multitude de définition. Par exemple :
- le politicien dira que l’aménagement du territoire est la recherche dans le cadre
géographique, d’une meilleure répartition des hommes, en fonction des ressources
naturelles et des activités économiques pour reprendre Eugène Claudius Petit ancien
ministre français de la reconstruction et de l’urbanisme.
- Selon l’économiste Joseph Lajugie : l’aménagement du territoire a pour fin, à la fois de
promouvoir la mise en valeur des ressources régionales et d’améliorer le cadre de vie et
les conditions d’existence des habitants, en atténuant les disparités régionales de
développement économique et social par une organisation prospective de l’espace,
reposant sur une orientation volontariste et concentrée des équipements et des activités.
- Et pour le géographe, il procèdera à comprendre d’abord comment le territoire est perçu
et quels sont les éléments explicatifs d’une telle configuration. Les incohérences, les
distorsions, les spécificités, les complémentarités sont élucidées. Roger Brunet disait
qu'il est le fruit de l’action d’une collectivité et le résultat de ces actions. C’est l’action
et la pratique de disposer avec ordre à travers l’espace d’un pays et dans une vision
prospective d’une bonne répartition des hommes et des activités tout en prenant compte
les contraintes naturelles.
Les questions d'aménagement portent sur des aspects complexes et interdépendants, qui
peuvent sembler contradictoires :
- gestion de la demande de logements et d’espaces de loisirs ;
- préservation des sites, du patrimoine bâti et du paysage ;
- lutte contre le bruit ;
- développement de l'agriculture
- évolution de la mobilité ;
- accueil d’entreprises,
- reconversion d’anciens sites industriels, etc.
La nécessaire coordination des multiples intérêts en présence est une des principales missions
de l’aménagement du territoire.

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III. Types d’aménagement et leurs fonctions

On distingue principalement les aménagements hydro agricoles, les aménagements forestiers,


les aménagements paysagers, les aménagements urbains etc.

Tous ces différents types d'aménagements remplissent trois fonctions essentielles que sont :

La fonction économique qui se manifeste par l'amélioration de la performance et le


développement des entreprises, l'amélioration des réseaux routiers et ferroviaires
(desserte des centres économiques du Pays par exemple), l'amélioration de la qualité
des espaces urbains, etc. ;
La fonction sociale quant à elle se caractérise par l'encouragement à la diversification
des critères d'aménagement et de l'offre immobilière, l'amélioration à long terme du
milieu bâti afin qu'il soit plus favorable à l'habitat, la défense des intérêts des personnes
vivant de la terre (activités du secteur primaire) ;
La fonction écologique qui assure la protection du patrimoine naturel, la diversification
des formes de protection de l'environnement (espaces verts, parcs, aménagement et
gestion forestière, usage de technologies propres ...), l'utilisation harmonieuse du sol et
le développement contrôlé des villes.

Conclusion

Le territoire, notion polysémique eu égard sa transversalité est par excellence le réceptacle de


nos activités. Nous sommes tous des aménageurs ou Aménagistes sans le savoir peut-être car
nous intervenons tous sur le territoire selon notre échelle. Voilà pourquoi l’aménagement du
territoire reste plus qu’important pour harmoniser le jeu des acteurs.

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