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Energies marines renouvelables

Auteur : Dr. Mathias HOUEKPOHEHA


Contact : (+229) 97891468
Email : adjimath@gmail.com

HOUEKPOHEHA Mathias | Energies marines renouvelables | 2021-2022


Introduction
La mer est un milieu riche en ressources énergétiques qui peuvent être exploitées sous
différentes formes. Cette note de cours se focalise sur la production d’électricité via les filières
suivantes :
 Énergie marémotrice
 Énergie des vagues (houlomotrice)
 Énergie des courants (courants de marée et courants océaniques)
 Énergie éolienne offshore flottante
 Énergie Thermique des Mers (ETM)
 Énergie osmotique (exploitation du gradient de salinité)
Les technologies d’énergies marines, peu matures pour la plupart, sont développées par de
nombreuses startups mais aussi par des équipementiers, { qui elles offrent la perspective d’un relai
de croissance. Face à ces fournisseurs de technologies, les énergies marines donnent aux
producteurs d’électricité la possibilité de diversifier leur portefeuille de production EnR.
Enfin, pour les consommateurs d’énergie et les collectivités, les énergies marines apportent une
solution pour consommer une énergie décarbonée produite { partir d’une ressource locale,
d’autant plus précieuse dans des zones difficilement accessibles car isolées en mer (territoires
insulaires, plates-formes pétrolières et gazières offshore, bouées de signalisation, stations de
mesure…).

1. Energie houlomotrice
1.1. Etude théorique de la houle
Les vagues sont des ondes de surfaces qui sont entretenues par l'oscillation permanente
entre les énergies cinétique et potentielle de gravitation. Elles sont généralement créées par action
du vent sur la surface de l'eau. Quant aux houles, elles sont des vagues adultes et se propagent
suivant une direction presque rectiligne dans un plan quasi vertical.

1.1.1. Genèse des vagues et définition de la houle


La plus spectaculaire manifestation physique se produisant à l’interface atmosphère-océan est
sans doute la houle. Fruit de processus complexes, c’est un phénomène qui reflète la diversité du
vivant aléatoire tant les vagues paraissent si différentes les unes des autres. Elles sont le résultat des
interactions entre l’océan etl’atmosphère qui leur donnent naissance à des dizaines de kilomètres des
côtes où elles terminent leur parcours après des transformations successives. Le vent est la première
cause des vagues, que cela soit en mer, sur un lac ou sur une flaque d’eau. Par frottement avec la surface
de l’eau, le vent injecte son énergie de façon continue à cause de la forte différence de vitesse entre l’air
et l’eau par un mécanisme de type instabilité de Kelvin-Helmholtz (Jarry N., 2009). L’attraction
gravitationnelle de la Lune et du Soleil sur l’eau est une autre source d’énergie pour les mouvements de
l’eau, mais à l’échelle de toute la Terre. Elle induit les ondes de marées qui peuvent être décrites comme
des ondes de très grande longueur d’onde. Enfin les séismes, les glissements de terrain et les éruptions
volcaniques correspondent à des injections brutales et localisées d’énergies qui sont la cause des
tsunamis. A une toute autre échelle, un caillou jeté dans l’eau correspond aussi à une création locale
d’ondes de surface. L’analyse de l’action du vent sur la mer sera l’un des objectifs spécifiques de ce
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travail.
Les vagues sont des ondulations de la surface de la mer générées par le vent. Ces vagues sont
caractérisées par leur hauteur H (dénivellation entre une crête et un creux successifs), leurs périodes
temporelles T et spatiale L et leur direction de propagation. Au moment de leur génération, la
direction de la vague est proche de celle du vent. Sa hauteur et ses périodes dépendent essentiellement
de trois facteurs : la vitesse (ou la durée) du vent, la pesanteur et la longueur du fetch ; ce dernier étant
la distance sur laquelle le vent souffle (Chambarel J., 2009). D’une manière générale, la hauteur et la
période des vagues augmentent avec la force et la durée du vent, mais elles atteignent des valeurs
limites d’autant plus facilement que le fetch est court.
En dessous d’un vent minimum, dont la vitesse U est de l’ordre de quelques kilo- mètres par
heure, la mer reste plate ; on parle alors d’une mer d’huile. Ce n’est qu’au- dessus d’une valeur seuil que
les premières rides se forment par l’écoulement rapide et turbulent de l’air au voisinage de l’eau. Peu à
peu, les premières ondes désordonnées sont amplifiées par l’action du vent, deviennent plus
ordonnées, augmentent en amplitude, en longueur et donc en vitesse. Le processus se poursuit jusqu’{ ce
que les vagues atteignent une célérité maximale (tel que .8) (Polnikov V. G., 2005).
Au-delà de cette valeur, la différence de vitesse entre l’air et les vagues semble insuffisante pour
continuer à amplifier ces dernières. Ces grands principes exposés, le détail des mécanismes et le rôle
exact des turbulences de l’air sur la formation des vagues font encore l’objet de discussions parmi les
spécialistes.
On appelle souvent « âge de la vague » le rapport de vitesse des vagues sur celle du
vent (Rabaud M., 2013). Une vague, qui vient de se former, a une faible longueur d’onde, et donc une
faible vitesse comparée à la vitesse du vent (β petit), elle est donc jeune. Lorsqu’elle atteint l’âge adulte,
elle est de plus grande longueur d’onde, et donc de plus grande vitesse (β ≈ 1). Ensuite c’est le
vieillissement, lorsque le vent diminue et que la vague, poursuivant sa route, se déplace plus vite que
le vent (β > 1). Outre un effet sur la longueur et la vitesse des vagues, un vent plus fort formera aussi des
vagues de plus grande amplitude, surtout s’il souffle suffisamment longtemps. Pour un vent établi, la
hauteur des vagues croît avec la « force du vent » et l’amiral anglais Francis BEAUFORT a défini en
1806 une table de correspondance entre cette force du vent et l’état de la mer. L’échelle Beaufort fait
aujourd’hui encore référence pour les marins et les météorologues. On appelle « mer du vent »
l’ensemble des vagues qui se forment en un lieu donné sous l’action du vent qui souffle. Par opposition,
le terme de houle désigne les vagues qui persistent après être sorties du fetch ou après que le vent cesse.
La grande houle se propageant très vite, elle peut dans certains cas atteindre la côte avant la dépression
qui lui a donné naissance, et ainsi annoncer l’arrivée du vent. Somme toute, l’océan est, de par sa taille
et sa nature, un réservoir extraordinaire d’énergie. Les houles sont des vagues adultes susceptibles de
se propager librement { l’interface atmosphère-océan, même en absence du vent qui leur a données
naissance. Ces houles sont soumises à l’action de plusieurs facteurs perturbateurs dans la zone
côtière tels que (Michelin M. Y. et al., 2009):
 L’effet perturbatif du fond marin qui provoque successivement leur shoaling (amplification de leur
hauteur) ; leur déferlement bathymétrique (décroissance de leur hauteur et dissipation brutale de leur
énergie), leur set-down et leur set-up.
 Des obstacles ou digues qui entraînent leur réfraction, leur diffraction, leur réflexion, leur
transmission...

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1.1.2. Mise en équations du phénomène :
♠ Le milieu océanique est un fluide incompressible (𝑑𝑖𝑣. 𝑣⃗ ), l’écoulement est potentiel
( 𝑣⃗ 𝛻⃗⃗𝛷) et irrotationnel 𝑟𝑜𝑡 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ (𝑣⃗) ⃗⃗ où 𝑣⃗ est la vitesse d'une particule d'eau entrainée par
l'écoulement et 𝛷2 𝛷 le potentiel scalaire des vitesses dans l’océan et 𝛷1 celui de l'atmosphère.
Ainsi, on obtient l’équation de Laplace ci-dessous :
∆𝛷 (1)
♠ Le mouvement des fluides (air et océan), obéit { l'équation de Navier-Stokes suivante :
⃗⃗𝑖
𝜕𝑣 1 𝜇
+ (𝑣⃗𝑖 . 𝛻⃗⃗ )𝑣
⃗⃗⃗⃗𝑖 + 𝛻⃗⃗ 𝑝𝑖 − 𝑔⃗ − 𝛻 2 𝑣⃗𝑖 avec 𝒊 𝟏, 𝟐 (2)
𝜕𝑡 𝜌𝑖 𝜌𝑖
La viscosité dans ces deux milieux étant très négligeable (𝜇 ≪ 𝜌𝑖 ) et pour les ondes de surface, le
⃗⃗
𝜕𝑣
terme convectif est négligeable devant l’accélération (𝑣⃗. 𝛻⃗⃗ )𝑣⃗ ≪ 𝜕𝑡𝑖 .
La solution de l’équation (2) permet de retrouver la pression dynamique
𝜕𝛷
𝛶 −𝜌 (3)
𝜕𝑡
♠ Le domaine dans lequel l’effet de la houle d’Airy ou de Stokes (houle de très faible amplitude
par rapport { leur longueur d’onde), se fait ressentir est tel que
−∞ ≤ 𝑥 ≤ +∞
{−∞ ≤ 𝑦 ≤ +∞ (4)
−𝑑 ≤ 𝑧 ≤
♠ Une particule d’eau en un point de la surface libre de la houle possède une vitesse verticale
𝝏𝜼
𝒗𝒛 suivant l'axe vertical. La condition cinématique en 𝑧 𝜂 donne
𝝏𝒕
𝜕𝛷 𝜕𝛷 𝜕𝜂
. 𝜕𝑧 / . 𝜕𝑧1 / 𝜕𝑡
(5)
*𝑧=𝜂+ *𝑧=𝜂+
♠ La houle étant une onde de surface, son effet disparait après une certaine profondeur 𝒅
(𝑧 -𝑑). La condition de non pénétration au fond revient {
𝜕𝛷
𝑣𝑧 (𝑧 −𝑑) ⇒ . / (6)
𝜕𝑧 *𝑧=−𝑑+
♠ La condition dynamique en z η due { l'existence des forces de pression et de pesanteur {
l'altitude z s’écrit
𝜕𝛷 𝜕2 𝛷 𝜕𝛷
0 𝑔𝜂 + 1 ⇒ 0 +𝑔 1 (7)
𝜕𝑡 𝑧=0 𝜕𝑡 2 𝜕𝑧 𝑧=0
♠ La direction de propagation de la houle est quasi rectiligne. Elle est assimilée { l’axe (𝑂, 𝑖⃗) et
la moyenne de l’élévation verticale de la surface libre est nulle sur une période ,18-
𝑡+𝑇 𝑥+𝐿
∫𝑡 𝜂 (𝑟⃗ , 𝑡)𝑑𝑡 ∫𝑥 𝜂 (𝑟⃗ , 𝑡)𝑑𝑥 (8)

♠ Toute houle de longueur d’onde 𝐿, se propage { travers trois zones particulières que sont
𝐿
 Le large (les eaux profondes) lorsque 𝑑 > 2
𝐿 𝐿
 La zone de levée (zone de shoaling) si 25 ≤ 𝑑 ≤ 2 (9)
𝐿
 La zone de déferlement ou les eaux peu profondes (zones de Surf et de Swash) pour ≤ 𝑑 ≤ 25

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1.1.3. Expressions de 𝜱(𝒓 ⃗⃗, 𝒕) ; 𝜼(𝒓
⃗⃗ , 𝒕) et de la vitesse de groupe 𝑪𝒈 :
La résolution de l’équation (1) avec les conditions (5), (6), (7) et (8) donnent des résultats
complexes dont seules les parties réelles ci-dessous traduisent le phénomène physique :
𝑔𝐻 𝑘𝑧
𝛷1 𝛷1 (𝑥, 𝑦, 𝑧, 𝑡) 𝑒 𝑠𝑖 𝑛(𝑘 ⃗⃗ . 𝑟⃗ − 𝜔𝑡)
2𝜔
𝑔𝐻 𝑐𝑜𝑠ℎ,𝑘(𝑧+𝑑)-
𝛷 𝛷1 (𝑥, 𝑦, 𝑧, 𝑡) ⃗⃗ . 𝑟⃗ − 𝜔𝑡)
𝑠𝑖 𝑛(𝑘 (1 )
2𝜔 𝑐𝑜𝑠ℎ(𝑘𝑑)
𝐻
⃗⃗ ⃗⃗
{ 𝜂 𝜂(𝑥, 𝑦 , 𝑡) 𝜂𝑜 𝑐𝑜𝑠(𝑘. 𝑟⃗ − 𝜔𝑡) 2 𝑐𝑜𝑠(𝑘. 𝑟⃗ − 𝜔𝑡)
avec 𝝎𝟐 𝒈𝒌. 𝐭𝐚𝐧𝐡(𝒌𝒅) ,18- appelée relation de dispersion de la houle selon la théorie linéaire.
Les vitesses de phase (célérité) et de groupe d’une houle sont respectivement
𝜔 𝑔 𝜕𝜔 1𝜔 2𝑘𝑑
𝜑 𝑘
√𝑘 𝑡𝑎𝑛ℎ(𝑘𝑑) et 𝑔 𝜕𝑘 2𝑘
.1 + sinh(2𝑘𝑑)/
1 𝑔𝑇 𝑔𝑇 2
 Dans les eaux profondes, 𝑔 et 𝐿
2 𝜑 4𝜋 2𝜋
1 2𝑘𝑑 𝑔
 Dans la zone de shoaling, 𝑔 .1 + sinh(2𝑘𝑑)/ √𝑘 𝑡𝑎𝑛ℎ(𝑘𝑑)
2

 Dans les eaux peu profondes 𝑔 𝜑 √𝑔𝑑 ,24-


𝑔𝑇 𝐿
𝑠𝑖 𝑑 > 2
4𝜋
1 2𝑘𝑑 𝑔 𝐿 𝐿
En définitive, on a : 𝑔 (d) .1 + sinh(2𝑘𝑑)/ √𝑘 𝑡𝑎𝑛ℎ(𝑘𝑑) 𝑠𝑖 ≤𝑑≤2 (11)
2 25
𝐿
{√𝑔𝑑 𝑠𝑖 ≤ 𝑑 ≤ 25

1.1.4. Hauteur de la houle :


Dans les eaux profondes, la hauteur de la houle est constante et vaut 𝐻 𝐻𝑜 𝑠𝑡𝑒.
1
𝑘𝑑 − 𝑜𝑠𝜃𝑜
𝑔𝑜 2
Dans la zone de levée, 𝐻 𝐾𝑠 𝐾𝑅 𝐻𝑜 où 𝐾𝑠 √ . + 𝑡𝑎𝑛ℎ(𝑘𝑑)/ et 𝐾𝑅 √ sont
𝑔 𝑜𝑠ℎ2 (𝑘𝑑) 𝑜𝑠𝜃

respectivement les coefficients de shoaling et de réfraction, 𝜃𝑜 et 𝜃 les directions de propagation de


la houle avant et après la réfraction. Ainsi on obtient :
1

𝑜𝑠𝜃𝑜 𝑘𝑑 2
𝐻 𝐻𝑜 √ ( 2
+ 𝑡𝑎𝑛ℎ(𝑘𝑑))
𝑜𝑠𝜃 𝑜𝑠ℎ (𝑘𝑑)

La hauteur de la houle décroit dans la zone de déferlement et Selon P. Bonneton (2 2), cette
1 1⁄ −1
𝑑 − ⁄2 𝑑 4 2𝐻𝑜
hauteur est donnée par : 𝐻 𝐻𝑜 [ 𝜍 .𝑑 / + (1 − 𝜍) .𝑑 / ] avec 𝜍
𝑏 𝑏 𝑇𝑡𝑎𝑛𝛽√𝑔𝑑𝑏
𝐿
𝐻𝑜 𝑠𝑖 𝑑 > 2
1
𝑜𝑠𝜃𝑜 𝑘𝑑 − 𝐿
2
En définitive, on a : 𝐻(𝑑) 𝐻𝑜 √ . + 𝑡𝑎𝑛ℎ(𝑘𝑑)/ 𝑠𝑖 𝑑𝑏 ≤ 𝑑 ≤ 2 (12)
𝑜𝑠𝜃 𝑜𝑠ℎ2 (𝑘𝑑)
1 1⁄ −1
𝑑 − ⁄2 𝑑 4
𝐻𝑜 [ 𝜍 .𝑑 / + (1 − 𝜍) .𝑑 / ] 𝑠𝑖 ≤ 𝑑 ≤ 𝑑𝑏
{ 𝑏 𝑏

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1.1.5. Expression du potentiel énergétique de la houle
• La moyenne de l'énergie cinétique transportée par une houle pendant une période est
1 𝑥+𝐿 𝜂 1 1
〈𝐸𝑐 〉𝑇 ∫ 𝑑𝑥 .∫𝑧=−𝑑 𝜌𝑣 2 𝑑𝑧/ 𝜌𝑔𝐻2 (13)
𝐿 𝑥 2 16
• En prenant la surface libre de l’océan au repos comme la référence de l’énergie potentielle de
pesanteur, l'énergie potentielle de pesanteur moyenne transportée par la houle sur une période est
1 𝑥+𝐿 𝜂 1
〈𝐸𝑝 〉𝑇 ∫ 𝑑𝑥 (∫𝑧=0 𝜌𝑔𝑧 𝑑𝑧) 𝜌𝑔𝐻2 (14)
𝐿 𝑥 16
• On néglige l'énergie potentielle élastique (car la tension de surface est négligeable pour les
ondes de gravité). L'énergie totale moyenne sur une période est
1
〈𝐸𝑡 〉𝑇 〈𝐸𝑐 〉𝑇 + 〈𝐸𝑝 〉𝑇 𝜌𝑔𝐻2 (15)
8
La puissance énergétique de la houle suivant sa direction de propagation est le flux de son
énergie totale. En utilisant l’expression (4), on obtient
1 𝑥+𝐿 𝜂 1 1𝜔 2𝑘𝑑
𝑃 ∫ 𝑑𝑥 (∫𝑧=−𝑑 𝛶 𝑣⃗. 𝑛⃗⃗ 𝑑𝑧) 𝜌𝑔𝐻2 . .1 + sinh(2𝑘𝑑)/ 𝑔 . 〈𝐸𝑡 〉
𝑇
(16)
𝐿 𝑥 8 2𝑘
Ainsi, selon les zones de propagations, on obtient :
1 𝐿
𝜌𝑔2 𝐻𝑜2 𝑇 𝑠𝑖 𝑑 > 2
32𝜋
1 𝑜𝑠𝜃𝑜 2𝑘𝑑 𝑘𝑑 −1 𝑔 𝐿
𝜌𝑔𝐻𝑜2 .1 + sinh(2𝑘𝑑)/ . + 𝑡𝑎𝑛ℎ(𝑘𝑑)/ √𝑘 𝑡𝑎𝑛ℎ(𝑘𝑑) 𝑠𝑖 𝑑𝑏 ≤ 𝑑 ≤ 2
𝑃(𝑑) 16 𝑜𝑠𝜃 𝑜𝑠ℎ2 (𝑘𝑑) (17)
1 1⁄ −2
1 𝑑 − ⁄2 𝑑 4 2𝐻𝑜
𝜌𝑔𝐻𝑜2 [ 𝜍 .𝑑 / + (1 − 𝜍) .𝑑 / ] √𝑔𝑑 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝜍 𝑠𝑖 ≤ 𝑑 ≤ 𝑑𝑏
{8 𝑏 𝑏 𝑇𝑡𝑎𝑛𝛽√𝑔𝑑𝑏

1.2. Energie houlomotrice : définition et généralités sur les convertisseurs


1.2.1. Définition
L’énergie houlomotrice ou énergie des vagues désigne la production d’énergie électrique {
partir de la houle, c’est-à-dire { partir de vagues successives nées de l’effet du vent { la surface de la
mer et parfois propagées sur de très longues distances. Il existe différents dispositifs pour exploiter
cette énergie. De nombreux systèmes sont actuellement { l’étude, certains sont déj{ commercialisés
mais aucun n’est arrivé au stade de la maturité industrielle.

1.2.2. Fonctionnement technique


Il existe un vaste inventaire de solutions houlomotrices, certaines d’entre elles étant
immergées, d’autres installées en surface, sur le rivage ou au large. Les systèmes de capture
d’énergie varient d’un prototype { un autre : capture d’énergie mécanique en surface (ondulations)
ou sous l'eau (translations ou mouvements orbitaux), capture des variations de pression au
passage des vagues (variations de hauteur d'eau) ou encore capture physique d'une masse d'eau
(via une retenue). Les procédés existants ou { l’étude peuvent être classifiés en 6 grands systèmes
(dont nous avons librement formulé l’intitulé).

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 La chaîne flottante articulée (ou « serpent de mer »)
Système composé d’une suite de longs flotteurs
qui s’alignent dans le sens du vent
perpendiculairement aux vagues et dont la tête est
ancrée au fond sous-marin par un câble. Les
vagues créent une oscillation de la chaîne. Cette
oscillation est exploitée aux articulations pour
comprimer un fluide hydraulique qui entraîne à
son tour une turbine. Il s’agit du procédé le plus
connu exploitant l’énergie houlomotrice.
Le système de chaîne flottante articulée dispose
généralement de plus de 2 parties. (Aquaret)
Exemple : structure Pelamis, initialement testée au Portugal, d’une puissance de 75 kW. Elle est
composée de 5 flotteurs articulés, pèse 1 350 tonnes et a une longueur globale de 180 mètres pour
un diamètre de 4 mètres.

 La paroi oscillante immergée


Système pivotant entraîné par le mouvement orbital
de l’eau au passage des vagues. Ces oscillations
permettent d’actionner des pompes pour comprimer et
turbiner un fluide hydraulique.
Paroi oscillante immergée (©Aquaret)
Exemple : prototypes Oyster, développés par Aquamarine
Power et testés en Écosse (Oyster 1 d’une puissance de
près de 3 kW testé dès 2 9, Oyster 2 en projet d’une
puissance de 2,4 MW).

 La colonne { oscillation verticale


Structure flottante mise en place à la surface de la
mer et transformant tous les mouvements horizontaux
ou verticaux en déplacements de masselottes (éléments
utilisant la force centrifuge pour créer un travail).
L’énergie liée aux masselottes en mouvement est
utilisée pour actionner une pompe et mettre sous
pression un fluide hydraulique qui permet ensuite de
faire tourner une turbine entraînant à son tour un
alternateur. Une variante possible consiste à utiliser
directement le déplacement pour entraîner
l’alternateur.
Colonne à oscillation verticale (©Aquaret)
Exemple : système Wavebob, développé depuis 1999 et testé depuis 2006 en Irlande.

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 Le capteur de pression immergé
Système ancré au fond marin qui utilise le mouvement orbital des vagues pour comprimer
un fluide hydraulique. Le capteur le plus simple à
utiliser est un ballon. Il est possible de constituer un
réseau de capteurs et recueillir le fluide comprimé à
terre où il est turbiné pour produire de l’électricité.
Capteur de pression immergé (©Aquaret)
Exemple : prototypes CETO, développés par
Carnergie en Australie (unité CETO III en phase de
commercialisation depuis 2009 avec projets à
l’international, un prototype de ce type est
actuellement immergé par EDF dans les eaux de l’île
de La Réunion).
Dans les systèmes suivants, moins de parties mécaniques se trouvent en mouvement, ce qui
peut contribuer à une meilleure fiabilité.

 La colonne d’eau
Structure flottante en acier ou en béton,
ouverte à la base et fermée sur le dessus. Les
vagues font monter et descendre le niveau de
l’eau dans la colonne. Cela a pour effet de
comprimer et de décomprimer alternativement
de l’air emprisonné dans la partie supérieure de
la colonne. L’air active alors une turbine
bidirectionnelle pour produire de l’électricité. Ce
système peut être installé au large ou sur le
rivage.
Colonne d'eau (©Aquaret)
Exemples : prototype Oceanlinx développé en Australie, d’une puissance de 45 kW.

 Le piège { déferlement
Système à franchissement qui
retient l’eau des crêtes de vagues, créant
une surpression dans le réservoir. Le
volume d’eau piégée est turbiné.
Piège à déferlement (©Aquaret)
Exemple : démonstrateur SCG (Slot-Cone
Generator) de Wave Energy testé en
Norvège.

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 Enjeux
Différents systèmes sont en cours d’évaluation sur divers sites d’essais, dont l’EMEC
(European Marine Energy Center), situé en Ecosse { Billia Croo, sans que l’on puisse aujourd’hui
anticiper quelle sera la filière technologique la plus intéressante. Chaque filière doit prendre en
compte la robustesse du système déployé, son envergure physique en relation avec la puissance et,
bien sûr, le prix de revient prévisionnel du MWh d’électricité produite. Ce prix de revient est
actuellement difficile à calculer puisque les systèmes houlomoteurs sont encore en phase de R&D. A
court terme, France Énergies Marines envisage un démarrage sur le marché à des coûts de
production similaires à ceux des hydroliennes (entre 2 et 25 €/MWh) pour des premières
fermes commerciales proches du littoral de 30 à 50 MW de puissance installée. Le potentiel de
valorisation de la ressource plus éloignée des côtes laisse présager une pénétration importante des
technologies après 2020 avec des économies d’échelle.
Les principales difficultés auxquelles sont confrontées les installations houlomotrices
concernent :
 La haute fiabilité et la résistance aux conditions extrêmes de tempêtes (sachant qu’il existe,
pour certains systèmes, des procédures d’évitement, par immersion totale par exemple) ;
 Le raccordement électrique en mer pour les systèmes qui envisagent une exploitation en
offshore lointain ;
 L’ancrage, l’installation et l’accessibilité en milieu marin ;
 La corrosion et le fouling (accumulation de dépôts d’origine biologique de différentes origines
sur la surface).
Les filières houlomotrices n’étant pas matures, leurs coûts de production de l’électricité
restent difficiles { évaluer. Ils dépendent largement du coût de fabrication, d’installation, de
maintenance des systèmes ainsi que de leur efficacité de génération, c'est-à-dire le ratio entre la
puissance réellement délivrée en moyenne toutes conditions d’état de la mer confondues et la
capacité théorique de production à pleine puissance (ratio appelé facteur de charge). Selon des
projections de France Énergies Marines, ce dernier pourrait atteindre 30% à 50% (contre 25%
pour l’éolien terrestre et jusqu’{ 4 % pour l’éolien offshore) mais ces données ne pourront être
précisées que lorsque la filière houlomotrice aura atteint une certaine maturité.

 Acteurs majeurs
De nombreuses sociétés britanniques sont impliquées dans le développement de ces
systèmes et paraissent avoir acquis une certaine avance technologique grâce à un actif soutien
public mais d’autres sociétés européennes, américaines, canadiennes et australiennes figurent
également parmi les principaux acteurs.
Mis en place en 2 3, l’EMEC (European Marine Energy Center) propose des sites de test
des prototypes houlomoteurs aux côtés d’entreprises spécialisées(1). D’autres sites se mettent en
place en Irlande, en Espagne et en France (site SEM-REV au large du Croisic).
Notons par ailleurs que se développent en France les projets SEAREV (Ecole Centrale de Nantes),
S3 (SBM), Seacap (Hydrocap Energy), Bilboquet (D2M), Wave Roller en Bretagne (Fortum et DCNS)
et CETO à La Réunion (EDF). En 2011, Alstom a racheté 40% de la société écossaise AWS Ocean
Energy.

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 Unités de mesure et chiffres clés
 La ressource houlomotrice peut être exploitée sur de grandes surfaces maritimes. La
capacité de production mondiale est évaluée entre 2 𝑒𝑡 8 𝑇 ℎ/𝑎𝑛. En Europe, elle est
estimée à 15 𝑇 ℎ/𝑎𝑛, avec une puissance moyenne sur la côte atlantique de 45 kW par mètre
linéaire de front de vague au large (25 kW par mètre au voisinage des côtes).
 L’évaluation du potentiel d’énergie électrique d’origine houlomotrice en Grande-Bretagne
est de 5 TWh par an, soit l’équivalent de la production de 5 réacteurs nucléaires. La France
dispose sur sa façade atlantique d’un potentiel sensiblement équivalent (autour de 4 TWh/an). S’y
ajoute un potentiel très important en outre-mer.

 Zone d'application

Carte du potentiel
houlomoteur indiquant la
puissance moyenne en kW
/ mètre linéaire de front
de vague (©2012, d'après
carte de Carnegie Wave
Energy)

 Passé et présent
Le système Pelamis est le plus avancé des systèmes houlomoteurs, 3 prototypes ayant déjà
été installés au large du Portugal et de l’Écosse. Ceux-ci sont toutefois encore soumis à des
difficultés d’ordre technique. L’extrême violence de la mer dans les conditions de tempête est en
effet de nature { briser les éléments physiques les plus robustes. Pour s’en affranchir, le recours {
des installations immergées est une voie de recherche intéressante.
Le « Marine Energy Action Plan 2010 »(2) publié par le ministère britannique de l’énergie et du
climat a pour ambition d’économiser 17 millions de tonnes de CO2 { l’horizon 2 3 et 6 millions
de tonnes d’ici { 2 5 . Ce plan est centré sur le développement des hydroliennes et de la
récupération de l’énergie des vagues, avec une volonté affichée d’obtenir à partir des énergies
marines de 15 { 2 % du besoin d’énergie électrique du pays.
Plus de 5 projets houlomoteurs sont actuellement { l’étude dans le monde. Les plus
performants d’entre eux pourront espérer un développement { plus grande échelle.

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1.3. Quelques exemples de prototypes
Sur la surface des mers, des flotteurs spécifiquement conçus, sont utilisés pour transformer les
mouvements des vagues en forces mécaniques pour produire de l’énergie renouvelable.

 Flotteurs reliés { une plate-forme fixe : Tissandier de 1882


« Machine utilisant les mouvements de la mer pour élever de l’eau { une certaine hauteur ».

(Revue « La Nature » -Tissandier-volume 19-1882).


Wave Star Energy, Denmark
http://www.wavestarenergy.com/

 Flotteurs oscillants : SEM-REV


Ce projet se situe au Croisic, en Loire Atlantique (44). il est mené par l'équipe d'Alain
Clément, chercheur au laboratoire de mécanique des fluides de L'Ecole Centrale Nantes.

Source image : http://energies2demain.com


"Enfermé dans une coque totalement étanche - capable de faire sans dommage par mer
extrême un tour complet - le pendule reste vertical tandis que les vagues font tanguer le flotteur.
Les mouvements relatifs du pendule et du flotteur entraînent des pompes hydrauliques, qui
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chargent les accumulateurs à haute pression. Ces derniers livrent leur énergie à des moteurs
hydrauliques, qui entraînent des générateurs d'électricité. Le tout est contrôlé, en temps réel, par
"un système intelligent qui devrait multiplier, au moins par trois, l'énergie récupérée", estime Alain
Clément."
Ce prototype matérialisé par une bouée de 25 mètres de long et 15 de large verra ses
premières expérimentations en 2010. Expérimentations très attendues par bon nombre de
chercheurs Européens, ils fondent beaucoup d'espoirs sur cette filière : elle serait la seule parmi
toutes les sources durables (hydraulique, marémotrice, solaire, éolien) à n'être pas assujettie aux
aléas météorologiques et donc à assurer une production continue d'énergie.
SEAREV pourrait produire 2500 Watts par mètre carré, contre 400 pour la production éolienne et
150 pour la production solaire...
http://www.ec-nantes.fr/version-francaise/recherche/sem-rev/

 Flotteurs immergés oscillants : Oyster – Aquamarine Power – United Kingdom–

Le convertisseur de vagues "Oyster" se


compose d'un flotteur et d'une pompe à
double pistons, amarrés à une profondeur
d'environ 10 à 12 mètres. Chaque vague
déplace le flotteur et active la pompe, qui
propulse de l'eau sous haute pression au
travers d'un tube sous-marin relié
directement à la côte. Cette eau sous haute
pression est ensuite convertie en électricité
grâce à des turbines hydroélectriques
conventionnelles. Le premier prototype de
l'Oyster doit être mis en service au Centre
européen de l'énergie marine au large de
l'archipel des Orcades dans le nord de l'Écosse en 2009.

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Aquamarine Power -
Aquamarine Power's next-
generation Oyster.
Wave Roller - AW-Energy Oy –
Finlande

CETO technologie de la
société australienne
Carnegie, basée à Perth
Carnegie Corporation

 Flotteurs articulés
Le Pelamis est un projet de la société écossaise Ocean Power Delivery. C’est en quelques
sortes le projet le plus avancé. Un parc de Pelamis est installé au large de la côte portugaise. Pelamis
vient du grec Pelagos, la mer et de Mionas, le muscle Pelamis signifie donc Le Muscle de la Mer.

Réalisations : Au mois de Septembre 2008, le Portugal a inauguré la première application


commerciale du Pelamis. Ce ’serpent de mer’ mécanique qui produit de l’électricité { partir des
vagues, devrait prochainement voir sa population se multiplier au large des côtes portugaises. La
première phase du projet comprend 3 Pelamis qui offrent une puissance de 2,25 MW au large des
côtes d’Aguçadoura, dans le nord du pays. Ils ont été déployés { près de 5 km des côtes. La
deuxième phase du projet prévoit 25 machines supplémentaires, pour une puissance de 18,75MW.
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 Principe de fonctionnement
De loin, le Pelamis ressemble à un énorme
serpent de mer. En effet, il tire son nom d’un
serpent de mer de la mythologie grecque. Ce
serpent métallique est positionné dans la
direction de propagation de la vague, on
distingue 4 tronçons principaux, énormes
flotteurs reliés les uns aux autres par d’autres
modules de petites tailles. Les liaisons placées
entre ces différentes parties sont souples. C’est
pourquoi, sous l’action des vagues et de la houle, le Pelamis ondule sur la surface de l’eau.
Cette ondulation actionne des pompes à huile, qui envoient le fluide sous pression au niveau
d’un moteur hydraulique, qui entraîne un alternateur. Ainsi, de l’électricité est produite. L’énergie
produite est envoyée au continent par l’intermédiaire d’un câble en fibre optique sous- marin qui
transmet le courant à la station de contrôle située sur la plage. La station commande la machine. «
Nous pouvons la faire remuer davantage dans les petites vagues pour maximiser l'énergie et, à
l'inverse, limiter ses mouvements dans les grosses pour limiter les risques de casse », explique
Martin Shaw, responsable de ce projet chez OPD.
Caractéristiques
• Longueur : 12 m
• Diamètre : 3,5 m
• Poids : 75 tonnes

 Avantages & Inconvénients


2. Pas de fondation donc peu de frais d’installation, le Pelamis est remorqué et amarré en
mer. Sa mobilité permet une maintenance aisée (remorquage { terre)
3. Potentiel : Un convertisseur Pelamis génère 75 kW, ce qui représente la consommation
de 5 foyers et un parc machine d’une surface de 1 𝑘𝑚2 devrait délivrer assez d’énergie
pour 2 . foyers.
4. Coût : La première phase de développement au large du Portugal représente un
investissement de 9 millions d’€ (http://www.pelamiswave.com/)

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 Flotteur vertical : PowerBuoy
http://www.oceanpowertechnologies.com/tech.htm

La compagnie d'électricité espagnole Iberdrola en partenariat avec "Ocean Power


Technologies" (OPT) est en train de construire une
usine pilote pour capter l'énergie des vagues au
large de Santoña en Espagne. 10 bouées OPT de
16m de long et 6m de diamètre transformeront la
force des vagues en courant électrique. Le principe
est basé sur la conversion du mouvement
ondulatoire des vagues en mouvement de rotation
d'éléments mécaniques.
Les bouées ancrées par 30m de fond, suivent le mouvement des vagues en se déplaçant
verticalement le long d'une structure similaire à un piston. Lors de la phase montante, l'eau entre
dans une pompe hydraulique. Elle est évacuée sous pression vers un alternateur lorsque la bouée
redescend. Le courant est transformé dans des installations sous-marines et puis acheminé vers
l'extérieur pour le raccordement au réseau électrique conventionnel. Cet ensemble expérimental
devrait pouvoir générer entre 1,25 et 2 MW. (www.oceanpowertechnologies.com; Port Kembla
(Oceanlinx – ex Energetech), Archimedes Wave Swing (UK))
L'Archimedes Wave Swing de l'Ecossaise AWS Ocean Energy, utilise les mouvements des
vagues pour déplacer verticalement une bouée obligeant un cylindre d'aimants à circuler le long
d'une bobine pour produire de l'électricité.

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Ocean Power: AWS Ocean Energy: Renewable Energy

 Systèmes { colonne d’eau oscillante la Mighty Whale

Depuis 1998, on croise dans la baie


de Gokasho une grosse baleine artificielle
- la Mighty Whale. Ce navire de 50 mètres
de long et 30 mètres de large, est
entièrement nourri au rythme des vagues.
Celles-ci sont avalées par l’engin flottant
et contenues { l’intérieur d’une cavité
surplombée de turbines. Ce n’est pas la
force des vagues qui génère l’électricité,
mais les pressions et l'appels d’air que
leur agitation provoque. Depuis les
premiers essais de l’agence japonaise des
technologies marines, en 1978, ce système a été amélioré. Le taux de conversion de cette centrale à
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vagues à air comprimé est maintenant de 50 %. Autre avantage : une fois "digérées" par la Mighty
Whale, les vagues s’estompent, laissant derrière elles une mer calme. Très zen.
http://www.jamstec.go.jp/jamstec/MTD/Whale/
Systèmes à colonne d‟eau oscillante (OWC), LIMPET & PICO.
Australie 2005 – 200 kW (vagues 8 kW/ml)
Les vagues poussent l'aire dans le conduit, le déplacement d'air des vagues entraine la turbine.

 Rampe de franchissement
Déferlement sur le Wave Dragon, prototype 20kW.

http://www.wavedragon.net
Ce système financé conjointement
par le Danemark et l’Union européenne,
mis { l’eau depuis mai 2 3, présente une
embouchure légèrement surélevée,
tournée vers le ciel mais continuellement
balayée par les vagues. Le principe de
cette centrale à vagues est directement
tiré des retenues hydroélectriques
utilisées dans les terres.
3
Pour une houle de 36kW/m ; 33000 tonnes ; 8 𝑚 de réservoir ; 16 turbines Kaplan basse
chutes ; 16 générateurs à aimants permanents de 440kW en entrainement direct ; Puissance
maximale 7MW ; Production annuelle 20GWh (2800h)
Submergé par les flots, le Wave Dragon se remplit d’eau. Comme un entonnoir de plusieurs
milliers de m3. La pression de cette colonne d’eau, entretenue et alimentée par les vagues qui s’y
engouffrent, entraîne des turbines qui génèrent le courant. Le prototype actuel, ancré au nord du
Danemark, dans des eaux modérément calmes, est cinq fois plus petit que sa version définitive,
déployée pour 2006. Conçu pour la haute mer, ce modèle profitera de puissantes déferlantes,
chiffrées à 36 kilowatts par mètre. Ce qui fera le Dragon à 7 mégawatts.

 Dans la pratique
Totalisant 11 millions de km² de zone marine, la France possède actuellement le second
domaine maritime mondial, se plaçant derrière les États-Unis. Elle doit cette vaste superficie à ses

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nombreuses possessions d’outre-mer qui lui assure d’être présente sur l’ensemble des océans. Mais
cela ne l’empêche pas de formuler des ambitions plus élevées. Depuis 2 2, la France a mis en place
le programme Extraplac (EXTension Raisonnée du PLAteau Continental), lequel étudie la possibilité
d’étendre l’espace maritime français.
Bien des systèmes transformant la houle des vagues de la mer sont réalisés et fonctionnent.
Exemple avec le Pelamis aujourd'hui qui génère 0,108 TWH pour 1 km². Soit 4167 km² de zone
marine fourniraient 450 TWH par an, avec la houle. 0,04% de la zone marine française peuvent
produire le besoin de la France en électricité de 450 TWH par an.
La surface nécessaire peut largement être
diminuée en associant plusieurs technologies
sur le même site :
-Lorsque le mouvement des vagues entraine un
système (flotteurs articulés) et le souffle d'aire
des mêmes vagues entraine un autre système
(Systèmes à colonne d’eau oscillante).
-À la condition que le site choisi soit parcouru
de courants marins, des hydroliennes.
-En ajoutant des éoliennes aux installations.
-Des capteurs solaires photovoltaïques ou
thermoélectriques.
-l'énergie thermique des mers pour certaines
régions des océans.

2. Energie des courants


Introduction
L’électricité est aujourd’hui la forme d’énergie la plus aisée { exploiter. Mais avant de la
consommer il aura fallu la produire, en général dans des unités de production de grande puissance,
la transporter, puis la distribuer vers chaque consommateur. (Olivier Gergaud, 2002). La
progression des capacités de production d’énergies renouvelables observée dans le monde au cours
de la dernière décennie a été particulièrement rapide et constitue un changement profond et
durable de l’équilibre énergétique mondial.
En effet la prise de conscience des effets néfastes au cours de la production et l’utilisation des
énergies fossiles s'est nettement accélérée avec le sommet de la terre de Rio de Janeiro en 1992. Le
défi a été principalement d'appliquer le concept de développement durable à la production de
l’énergie électrique.
L’exploitation et l’utilisation des énergies fossiles portent atteinte { l’environnement, leur
combustion contribue massivement au réchauffement climatique du fait du gaz carbonique émis et
leur exploitation se caractérise souvent par des impacts lourds sur les écosystèmes. Les énergies
renouvelables sont donc des énergies primaires inépuisables à très long terme. Elles servent à
produire de la chaleur, de l'électricité ou des carburants. Les principales énergies renouvelables
sont l’énergie hydroélectrique, l’énergie éolienne, l’énergie de biomasse, l’énergie solaire, la

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géothermie et les énergies marines. Les énergies marines regroupent l’énergie marémotrice
(mouvement des marées), l’énergie houlomotrice (mouvement des vagues), l’énergie hydrolienne
(force des courants marins) et l’énergie thermique (écart de température des fonds et de la surface
de la mer). Ces énergies servent la plupart du temps { produire de l’électricité. Notre travail
prendra en compte l’étude des courants marins.

2.1. Les différentes formes d’énergies des courants.


L’énergie vient du mot grec energeia, « force en action ». En science, le terme énergie désigne
la capacité qu’a un corps, un système, de produire un travail susceptible d’entraîner un mouvement,
une production de chaleur ou d’ondes électromagnétiques (ex : la lumière).
En thermodynamique, on distingue deux principales formes d’énergie
 Le travail, énergie fournie par une force lorsque son point d’application se déplace (énergie
cinétique macroscopique ou énergie électrique)
 La chaleur (énergie cinétique microscopique).
Un courant marin est un mouvement d'eau de mer régulier, continu et cyclique. Ce type de
mouvement est dû aux effets combinés du vent, de la force de Coriolis, et de différences de
température, densité et salinité ; ainsi qu'évidemment aux contours des continents mais aussi aux
reliefs de profondeur et à l'interaction entre courants. Du point de vue quantitatif, un courant marin
est caractérisé par sa vitesse et son débit, mais également par sa température et bien entendu son
sens de propagation. L'ensemble des courants marins à l'échelle de la planète forme un grand cycle
de circulation thermohaline qui brasse les eaux et convoie la chaleur à l'échelle de chaque
hémisphère, nord et sud séparément, du globe (voir carte). En influençant fortement la
température des régions visitées, en plus de l'humidité, les courants ont ainsi un impact
déterminant sur les climats terrestres majeurs.

2.1.1. Les courants de fond ou courants thermohalins


Les courants océaniques de surface sont généralement provoqués par le vent ; ils sont
typiquement orientés dans le sens des aiguilles d'une montre dans l'hémisphère nord et dans le
sens anti-horaire dans l'hémisphère sud, du fait de la répartition des vents. Dans les courants
provoqués par les vents, l'effet de la force de Coriolis se traduit par une déviation angulaire par
rapport aux vents qui en sont à l'origine. La localisation des courants change notablement avec les
saisons ; ce phénomène est particulièrement sensible pour les courants équatoriaux.
Les courants profonds sont produits par les gradients de température et de densité, eux-mêmes
résultant en grande partie des différences d'énergie solaire reçue suivant la latitude. La circulation
thermohaline, aussi qualifiée de « tapis roulant », concerne les courants profonds dans les bassins
océaniques causés par les variations de densité. Ces courants, qui s'écoulent sous la surface
océanique, sont donc difficiles à détecter et sont assimilables à des « rivières sous-marines ». Ils
sont désormais suivis par un réseau de capteurs sous-marins dérivants nommé ARGO. Les zones de
courants ascendants (« remontées d'eau ou « upwellings ») et descendants sont des régions où des
mouvements verticaux significatifs sont observés.
Les courants de surface concernent environ 10 % de l'eau des océans. Ils se limitent
généralement aux 300 premiers mètres de l'océan. Le mouvement de l'eau profonde est causé par

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des forces dues à la densité et à la pesanteur. La différence de densité est fonction de la
température et de la salinité. Les eaux profondes s'enfoncent dans les bassins océaniques situés aux
latitudes élevées, où les températures sont assez basses pour que la densité augmente. Les
principales causes des courants sont le rayonnement solaire, les vents et la pesanteur. Les flux des
courants océaniques sont mesurés en Sverdrup.

2.1.2. Les courants de surface ou courants de vent


Les vents n'ayant plus d'influence après 800 m de profondeur, ils ne peuvent être les
moteurs des circulations océaniques profondes. Ces courants sont basés sur des différences de
température (l'eau froide est plus dense que l'eau chaude) et de salinité (l'eau salée est plus dense
que l'eau douce), entre les différentes couches de l'océan. Les plus profonds portent le nom de
courant thermohalin et ceux qui vont un peu moins en profondeur portent le nom de circulation
thermohaline. Les eaux chaudes de surface se chargent en sel, à cause de l'évaporation ce qui tend à
les rendre plus denses. En hiver, lors de la formation de la banquise, la glace une fois formée
expulse le sel qui alourdit encore davantage l'eau non gelée qui devient « tellement » dense qu'elle
plonge vers les profondeurs.
Point important, les courants de surface et les courants profonds ainsi formés se trouvent
interconnectés. On a alors introduit l'expression imagée de « tapis roulant » (conveyor belt) pour
décrire le transport d'eau profonde de l'Atlantique vers le Pacifique et son retour en surface.

2.1.3. Les courants de compensation ou décharge

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2.1.4. Différences entres courants des marées et courants océaniques.
Le terme « mer » fait partie d’une famille d’un mot d’origine indo-européenne signifiant « lagune ».
C’est ainsi que l’on a en latin : « mare » et « maris » pour mer d’où «marinus» et «maritimus» (marin
et maritime). Le terme « océan » quant { lui vient du grec « Ôkeanos », divinité marine, l’eau qui
entoure le « disque » de la Terre. Socrate, dans « Phédon de Platon », distingue bien la petite partie
de la Terre que nous occupons « comme des grenouilles ou des fourmis autour d’un étang » (vous
avez reconnu la Méditerranée) et les courants nombreux et considérables : «le plus grand et le plus
éloigné du centre est l'Océan dont le cours encercle la Terre».
Ce bref rappel étymologique et historique permet de mieux comprendre l’usage actuel de
«mer » ou «océan» par les géographes et les océanographes. À ces termes, il conviendrait d’ajouter
les termes de « bassin» ou «golfe». Ainsi, cet usage conduit à utiliser généralement «océan» pour les
étendues les plus vastes et «mer», «bassin» ou «golfe» pour des superficies plus limitées, proches
des côtes et parfois fermées.

2.2. Influences des courants sur la nature


Ils jouent un grand rôle dans les cycles biogéochimiques océaniques et dans le transport des
calories et des nutriments. Les grands courants comme le Gulf Stream ont un rôle de corridor
écologique pour certaines espèces qu'ils transportent. Ils expliquent certaines concentrations de
plancton, de poissons, ou de grands cétacés. Ils jouent un grand rôle dans le climat mondial,
notamment en régulant et dispersant la chaleur des continents qu’ils bordent et en entretenant
l'humidité de l'air (cycle de l'eau). En effet, l'ensoleillement est réparti de manière inégale sur la
Terre, le courant marin va tempérer cette différence. Ils distribuent de grandes quantités d’énergie
/ chaleur des régions chaudes vers des zones plus froides grâce à leur forte inertie thermique. Les
eaux chaudes de surfaces peuvent donc réchauffer une région, et inversement. L’océan joue donc un
rôle important pour la régulation du climat et il assure un transport de chaleur des régions
tropicales vers les pôles tout aussi importants que l’atmosphère.
Une interruption du tapis roulant peut se traduire par des dérèglements climatiques importants
(et/ou en être une conséquence, selon les époques). Ce tapis roulant avait fortement ralenti vers
2001, mais a redémarré (peut-être provisoirement) en 2008, grâce à un hiver froid.

2.3. Domaines d’utilisations


Les projets les plus nombreux pour convertir l’énergie cinétique des courants de marées ou
des courants océaniques en électricité sont des projets d’hydroliennes, dispositifs équivalents aux
éoliennes en milieu sous-marin. D’autres technologies de convertisseurs existent : turbines à axe
vertical, profils oscillants... A l’image du secteur éolien, les dispositifs sont prévus pour être
modulaires (quelques MW) et déployés sous forme de « fermes » { l’échelle commerciale. En
octobre 2011, le prototype d’hydrolienne « Arcouest » (5 kW), de technologie irlandaise
OpenHydro, a été immergé en Bretagne pour le compte d’EDF. L’avantage de cette énergie est
qu’elle s’appuie sur une ressource continue dans le cas des courants océaniques et fortement
prédictible pour les courants de marée. De plus, les installations sont immergées, ce qui limite la
pollution visuelle et sonore. Les sites éligibles sont très spécifiques : une vitesse de courant
minimale de 2,5 m/s est nécessaire pour permettre une production d’électricité significative grâce {
une hydrolienne.

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La ressource est localisée là où les
courants sont les plus forts. La vitesse des
courants de marée peut être accélérée dans
certaines zones par la configuration de la côte
(singularités bathymétriques, effet
d’entonnoir dans un estuaire, réflexion aux
abords d’une péninsule…). En France, le
littoral de la Bretagne et celui de la Normandie
possèdent plusieurs sites où les courants
atteignent des vitesses importantes. Les îles
britanniques sont également connues pour
leur fort potentiel hydrolien.

Conclusion
Les énergies marines permettent de fournir une énergie décarbonée et renouvelable
grâce l’exploitation de diverses ressources présentes en mer (marées, vagues, courants, vents,
gradients de salinité ou de température). A l’exception de l’énergie marémotrice qui alimente déj{
la France et la Corée du Sud en électricité, le secteur des énergies marines est globalement à un
stade de développement émergent. Les niveaux de maturité des différents types d’énergies marines
sont hétérogènes. Tandis que l’osmose est encore au stade de R&D, le déploiement en mer de
démonstrateurs { taille réelle d’hydroliennes et d’éoliennes offshore flottantes marque l’imminence
de leur développement commercial. L’énergie osmotique et l’ETM présentent la possibilité de
produire de l’électricité en continu, en s’affranchissant des intermittences, ce qui est un atout
appréciable dans le secteur des énergies renouvelables. D’autres énergies marines telles que
l’énergie marémotrice et l’énergie des courants de marée fournissent une énergie intermittente,
mais hautement prédictible. L’ETM présente quant { elle la possibilité de fournir d’autres services
que la production d’électricité : eau douce, air conditionné ou aquaculture. A moyen terme, il est
peu probable que les énergies marines révolutionnent le mix énergétique de la France
métropolitaine. Cependant, à court terme, il existe des opportunités de valorisation dans les
territoires insulaires tels que l’Outre-Mer, ainsi que dans l’intégration des dispositifs de conversion
d’énergie marine { des ouvrages côtiers existants ou en construction (programme français
EMACOP). La mise en place d’une filière française des énergies marines devra nécessairement
prendre appui sur le savoir-faire d’autres secteurs plus matures (Oil & Gas offshore, construction
navale, éolien terrestre…). Les acteurs impliqués dans le développement de cette filière sont
nombreux, et des organismes tels que l’IEED France Energies Marines tentent de coordonner leurs
actions afin de structurer la filière. Le coût des énergies marines est encore très élevé et le
gouvernement français intervient principalement sous forme de subventions pour la recherche et la
construction de démonstrateurs. La rentabilité de la filière à long terme sera rendue possible par
l’installation en France d’un marché compétitif, avec des objectifs de déploiement ambitieux, la
mise en place d’un tarif de rachat adapté et des appels d’offres comme celui pour l’éolien offshore
observé actuellement. En parallèle, le cadre réglementaire devra être simplifié et assoupli. Enfin, le
développement de la filière ne pourra se faire de manière durable sans une prise en compte en
amont des impacts environnementaux et sociaux. Le choix du site, la concertation avec toutes les
parties prenantes et la mise en place d’un plan de gestion de l’espace marin peuvent apporter une
solution { d’éventuels conflits d’usages.

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3. Energie osmotique
Introduction
Les océans réservent bien des possibilités en termes d'énergie renouvelable. Si les énergies
marémotrices et hydrolienne ont déjà une certaine notoriété, d'autres possibilités moins connues
voient le jour, comme l'énergie osmotique [1]. Dans ce chapitre, nous allons faire une étude de
l’énergie osmotique. Le chapitre est structuré en 5 parties comme suit :
Etude théorique du phénomène ;
Système de conversion ;
Stade de développement ;
Raccordement au réseau électrique ;
Avantage, limite et inconvénient.

3.1. Etude théorique du phénomène


Définition
L'énergie osmotique fait référence à un procédé utilisant l'osmose, ou l'osmose inverse, dans
le but de produire de l'électricité. Cette filière exploite la pression hydrostatique apparaissant
lorsque deux liquides présentant des concentrations en soluté différentes sont mis en contact par le
biais d'une membrane semi-perméable.

Description du principe d’osmose et d’osmose inverse


Principe d’osmose
Les sels dissouts dans l’eau de mer sont majoritairement du sodium et du chlorure que l’on
retrouve dans l’eau sous forme ionique Na et Cl. Prenons deux réservoirs remplis pour l’un d’eau
douce et pour l’autre d’une solution d’eau salée de même volume séparés par une membrane semi-
perméable (également dite « sélective
») qui bloque les ions de grosse taille
Na et Cl et laisse passer les molécules
d’eau plus petites H2O (on notera que
l’eau douce contient également des sels
mais en moindre quantité). Les deux
réservoirs étant de concentration saline différente, le niveau égal de chaque réservoir n’est pas une
position d’équilibre. Il se produit donc une migration des molécules d’eau de la solution d’eau douce
vers la solution saline au travers de la membrane semi-perméable. L’effet produit engendre une
augmentation du niveau du réservoir d’eau saline et en même temps diminue la concentration
saline de cette solution (alors que la concentration saline de la solution d’eau douce augmente
parallèlement). L’effet s’arrête lorsque l’équilibre osmotique est atteint, c'est {-dire l’équilibre entre
les couples « pression » (hauteur d’eau) et « concentration » (en sels) de l’une et l’autre des
solutions. La figure suivante illustre le principe d’osmose.

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Principe d’osmose inverse
L’osmose inverse quant {
elle consiste à appliquer une
pression sur le réservoir d’eau
saline afin d’inverser le sens de
migration des molécules d’eau. En
corollaire { l’exemple précédent,
lorsque les réservoirs d’eau ne sont
pas ouverts mais fermés, ce sont les
pressions qui montent et non pas les niveaux d’eau. Autrement dit, la pression osmotique
correspond à la pression nécessaire pour arrêter le passage d’un solvant (eau dans notre cas) d’une
solution moins concentrée (ici en sel) à une solution plus concentrée à travers une membrane semi-
perméable. La figure suivante illustre le principe d’osmose inverse.

Pression osmotique et énergie osmotique


Pression osmotique
Lors du mécanisme
d'équilibrage des concentrations en
sel, l'eau passe d'un côté à l'autre de
la membrane. Ce phénomène se
traduit par la hausse du niveau de
l'eau d'un côté de la membrane, et
par sa baisse de l'autre côté. Tel un
vérin, la montée du liquide exerce
une pression dénommée pression
osmotique (voit figure 3), capable
d'exercer une force mécanique convertible en énergie. C'est sur ce principe
que se basent les centrales à énergie osmotique. Elles sont installées en bord
de mer et tirent profit de la différence de salinité entre l'eau douce et l'eau de
mer. Il faut bien entendu une importante réserve d'eau douce, autrement dit
un fleuve ou un lac.
L’expression de la pression osmotique est donnée par la formule
suivante
𝒊 (1)
𝜋 : Pression osmotique (kPa) ;
𝑖 : Nombre de particules formées par dissociation du soluté (2 pour le NaCl) ;
𝑐 : concentration molaire totale en ions (molL-1) ;
: constante des gaz parfaits (8,3 𝑚𝑚𝑜 −1 𝐾 −1) ;
𝑇 Température (K).

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Energie osmotique
Une des technologies permettant d’obtenir une énergie hydraulique { partir de ce
phénomène physique se nomme PRO (Pressure Retarded Osmosis), également connue sous le nom
d’énergie osmotique
Le principe est d’appliquer un différentiel de pression hydraulique ∆𝑃 sur le milieu hypertonique
(voir figure 4) tel que ∆𝑃 ∆𝜋, ∆𝜋 étant le différentiel de pression osmotique.
On obtient alors un débit par unité de surface (ou flux), noté J, tel que :
(∆ − ∆ ) (2)
𝐽 : Débit volumique par unité de surface (Lm-2 h-1) ;
𝐴 : Coefficient de la perméabilité de la membrane (Lm-2 h-1 bar-1) ;
∆𝑃 : différentiel de pression hydraulique (bar) ;
∆𝜋 : différentiel de pression osmotique (bar).
On en déduit la densité de puissance (puissance par unité de surface) donnée par la formule
suivante.
.∆ (3)

Système de conversion
La production de l’électricité par le phénomène d’osmose se fait { partir de deux options { savoir :
 Option hydraulique
 Option électrochimique

Option hydraulique

Figure 1: Modèle de fonctionnement simplifié d’une centrale osmotique [2]


L'eau saumâtre, donc salée, filtrée et pressurisée (11 à 15 bars) (en bleu : figure 3), passe
dans un compartiment séparé par une membrane semi-poreuse d'un compartiment alimenté en
eau douce filtrée (en vert : figure 3). Par osmose, l'eau passe à travers la membrane vers la masse
d'eau la plus salée, pour la diluer. Le niveau baisse d'autant dans le compartiment d'eau douce et

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provoque une augmentation de pression dans l'autre. Celle-ci est alors exploitée pour faire tourner
une turbine productrice d'électricité. La production d'électricité par osmose est principalement
utilisée au niveau des estuaires, car il est aisé d'obtenir simultanément de l'eau douce et de l'eau de
mer [2]. Environ 80% à 90% de l'eau douce passera dans le compartiment d'eau salée et
augmentera la pression et le débit de l'eau de mer. Environ un tiers de cette eau ira alimenter la
turbine, les deux tiers restant retourneront à l'échangeur de pression pour pressuriser l'eau de mer
entrante. Les eaux saumâtres seront réinjectées dans l'estuaire. La figure 5 suivante présente le
modèle de fonctionnement simplifié d’une centrale osmotique.

Les composants d’une centrale osmotique


Une centrale osmotique comporte peu d’éléments: [5]
 Une membrane semi-perméable contenue dans des modules.
 Des filtres à eau douce et à eau salée qui servent à optimiser la performance de la
membrane.
 Une turbine qui génère une force motrice en fonction d’une pression osmotique et d’un débit
de perméation (vitesse d’écoulement).
 Un échangeur de pression qui pressurise l’amenée d’eau salée nouvelle nécessaire au
maintien d’une salinité élevée en aval de la membrane.

Schéma de principe simplifié


À partir du modèle de fonctionnement présenté par la figue 5 ci-dessus, on peut établir un schéma
de principe simplifié : voir figure 6

Figure 2: Schéma simplifié d’une centrale osmotique [4]

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Option électrochimique : l'écoulement osmotique à travers des nanotubes de Bore-Azote
L’équipe de physiciens lyonnais de l'Institut Lumière Matière (France), en collaboration avec
l'Institut Néel, a découvert une nouvelle piste pour récupérer l’énergie osmotique : l'écoulement
osmotique à travers des nanotubes de Bore-Azote.
Présentation du procédé électrochimique
Le but premier des physiciens était d'étudier la dynamique de fluides confinés dans des espaces de
taille nanométrique tels que l'intérieur de nanotubes. En s'inspirant de la biologie et des recherches
sur les canaux cellulaires, ils sont parvenus, pour la première fois, à mesurer l'écoulement
osmotique traversant un nanotube unique. Leur dispositif expérimental était composé d'une
membrane imperméable et isolante électriquement. Cette membrane était percée d'un trou unique
par lequel les chercheurs ont fait passer, à l'aide de la pointe d'un microscope à effet tunnel, un
nanotube de Bore-Azote de quelques dizaines de nanomètres de diamètre extérieur. Deux électrodes
plongées dans le liquide de part et d'autre du nanotube leur ont permis de mesurer le courant
électrique traversant la membrane.
Résultat expérimental
En séparant un réservoir d'eau salée et un réservoir d'eau douce avec cette membrane, les
chercheurs ont généré un courant électrique géant à travers le nanotube. Celui-ci est dû à
l'importante charge négative que présentent les nanotubes de Bore-Azote à leur surface, charge qui
attire les cations contenus dans l'eau salée. L'intensité du courant traversant le nanotube de Bore-
Azote est de l'ordre du nano-ampère, soit plus de mille fois celui produit par les autres méthodes
cherchant à récupérer l'énergie osmotique. Les nanotubes de Bore-Azote permettent donc de
réaliser une conversion extrêmement efficace de l'énergie contenue dans les gradients salins en
énergie électrique directement utilisable.
Stade de développement
A l’échelle mondiale, environ 1 7 TWh pourraient être produits annuellement si l’on exploitait
l’énergie osmotique à toutes les embouchures de fleuves dans le monde (la production électrique
nette française atteint près de 541 TWh en 2011) selon les estimations de Statkraft. Cette
production pourrait théoriquement permettre de couvrir près d’un dixième des besoins mondiaux
en électricité. En 2 12, les travaux de recherche permettent d’atteindre une capacité osmotique de
près de 3 W par m2 de membrane semi-perméable installée. Selon Statkraft, il faut mélanger 1
m3 d’eau douce par seconde { 2 m3 d’eau de mer pressurisée à 12 bars dans une centrale osmotique
pour que celle-ci obtienne une capacité de production de 1 MW.
Passé et présent
Le procédé d’osmose a été développé au début des années 196 par les chimistes américains
Sidney Loeb et Srinivasa Sourirajan qui mettent au point une membrane portant leurs noms. Celle-
ci permet alors de déminéraliser l’eau de mer. L’idée d’exploiter l’énergie osmotique { des fins de
production électrique est née dans les années 1970-80. Le premier prototype de centrale à énergie
osmotique n’a toutefois été mis en place qu’en 2 9 par La société norvégienne Statkraft. [3]
Futur
Après plusieurs installations expérimentales, Statkraft, compagnie d’électricité norvégienne
spécialisée dans les énergies renouvelables , a inauguré sa première installation osmotique à Tofte,
en Norvège, en 2009 [6].

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Le prototype de Tofte est censé fonctionner jusqu’{ 2 15, date { laquelle une installation pilote de 1
à 2 MW devrait être construite. A plus long terme, Statkraft souhaite construire une centrale à
énergie osmotique de 25 MW afin de couvrir les besoins en électricité de près de 30 000 ménages.
Ladite centrale aurait la taille d’un stade de football et nécessiterait 5 millions de m 2 de membrane
(en atteignant l’objectif de Statkraft d’une capacité de 5W/m2 de membrane installée). Des ruptures
technologiques, issues des nano-biotechnologies ou de l’électro-osmose, sont attendues pour faire
baisser les coûts.
Notons qu’il est également possible de produire de l’énergie grâce au gradient de salinité en
utilisant des procédés d’électrodialyse inversée (on ne laisse passer qu’un type d’ions positifs ou
négatifs), une méthode encore au stade de la recherche aux Pays-Bas. [3]
Les promesses d’une membrane semi-perméable
Pour remédier aux faibles performances de l’énergie osmotique, les chercheurs suisses de
l’EPFL (l’École polytechnique fédérale de Lausanne) ont mis au point en 2 16 une nouvelle
membrane à la fois plus résistante et plus performante permettant d’obtenir des rendements de
production record. Épaisse de seulement trois atomes, cette membrane est semi-perméable, percée
d’un nanopore, et fabriquée { base de disulfure de molybdène, un matériau largement disponible et
facile à mettre en œuvre.
Plus la membrane est fine, plus le courant électrique généré est important. Mais les nanopores
jouent également un rôle primordial puisque c’est eux qui laissent passer les ions, et leur taille
comme leur nombre agissent directement sur le rendement du dispositif. La membrane utilisée ici
n’a pour l’instant qu’un seul nanopore pour les besoins de l’étude mais aura tout de même permis
d’alimenter un transistor basse consommation. Un début prometteur qui laisse espérer des
rendements beaucoup plus importants dans l’avenir. Les chercheurs de l’EPFL estiment en effet
qu’une membrane d’un mètre carré seulement, dont la surface serait couverte { 3 % de
nanopores, pourrait produire 1 MW, et alimenter plusieurs dizaines de milliers d’ampoules
standards.

Des condensateurs pour stocker et restituer l’énergie bleue


Autres pistes développées par le physico-chimiste Benjamin Rotenberg et son équipe de
chercheurs du CNRS, de la Sorbonne et de l’Université Toulouse III Paul Sabatier, le mélange
capacitif (CapMix) et la déïonisation capacitive (CDI) sont actuellement mis au point comme
solutions de rechange aux procédés membranaires pour capter l’énergie bleue { partir des
gradients de salinité entre l’eau de rivière et l’eau de mer, en utilisant des cycles charge-décharge-
recharge des condensateurs. Les électrodes nanoporeuses augmentent ici la surface de contact avec
l’électrolyte et donc, en principe, la performance du procédé.
Basée sur un condensateur inspiré des super condensateurs utilisés pour stocker
l’électricité, cette technologie permettrait { la fois de produire de l’électricité et de désaliniser l’eau
de mer.

Avantages, limites et inconvénients


Avantages
Avantages de cette technique [8]

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Supériorité face aux autres techniques : L'énergie osmotique possède l'avantage qu'elle produit
constamment de l'électricité, contrairement à l'éolien ou au solaire. De plus elle ne rejette vraiment
aucune pollution.
Adaptation : Les installations sont peu coûteuses et peuvent être enterrées. C'est le point fort de
cette énergie car elle s'adapte aux estuaires des grands fleuves, qui sont des zones souvent très
peuplées et qui ont donc besoin d'un apport d'énergie important.
Potentiel : L’énergie osmotique est une source inépuisable, au potentiel très important. En effet, la
moitié de la production énergétique européenne pourrait être produite par l'énergie
osmotique selon les promoteurs du prototype installé en Norvège.
Limites : Il faudra des milliers de mètres-carrés de membrane osmotique pour utiliser l’eau salée
comme source d’énergie.
Inconvénients
Impact environnementaux et sociaux
La mise en place d’une centrale osmotique n’est sans impact sur l’environnement et la société. On
peut citer : [8]
 La restriction de la pêche commerciale et récréative ;
 La perte d’accès au site pour la collectivité ;
 Le recours { un site d’enfouissement ou { des installations de compostage pour le traitement
des boues et des membranes usées.
Ecosystème et biodiversité
Les prélèvements d’eau douce et d’eau salée et le rejet d’eau saumâtre durant l’exploitation
pourraient modifier le profil du panache d’eau douce { l’embouchure de la rivière. Résultats :
altération de l’environnement, voire impact sur la faune et la flore vivant dans la zone touchée. La
température ambiante de l’eau augmenterait de moins de ½ :C en raison de la chaleur dégagée par
le procédé de production d’énergie. Cela ne serait toutefois pas dangereux pour les organismes
marins. Certains produits chimiques utilisés pour le prétraitement de l’eau et le nettoyage des
membranes pourraient se concentrer dans la chaîne alimentaire, entraînant des impacts sur les
écosystèmes marins.

Conclusion
La centrale expérimentale de Tofte ne développe pour l’instant que quelques kW. Le frein
technologique se situe essentiellement au niveau du coefficient de perméabilité de la membrane.
Des équipes de recherche ont développé des nanotubes qui permettent d’obtenir en laboratoire une
puissance électrique par unité de surface 1 fois supérieure { celle que l’on obtient avec des
membranes
traditionnelles. Il reste à juxtaposer des millions de ces nanotubes pour créer une membrane plus
performante à notre échelle et peut-être trouver le moyen de rendre économiquement viable cette
énergie propre.

4. Energie éolienne offshore

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Introduction
L’éolien terrestre, la plus mature des technologies éoliennes, est très souvent décrié par le grand
public en raison de la pollution visuelle et sonore qu’il entraine. Les zones favorables { son
développement sont limitées et les règlementations urbaines strictes freinent la création de
nouveaux projets. L’éolien offshore posé apporte une solution { ces problèmes.
En effet Une éolienne offshore, c'est à dire installée en mer, permet de convertir la force du vent
en électricité. Le terme anglais « offshore » signifie littéralement « hors côtes », par opposition
aux éoliennes terrestres ou « onshore ». Les éoliennes offshores fonctionnent selon le même
principe que les modèles terrestres traditionnels.
Dans ce chapitre, nous allons faire une étude de l’énergie offshore. Le chapitre est structuré
en 5 parties comme suit :
Etude théorique du phénomène ;
Système de conversion ;
Stade de développement ;
Raccordement au réseau électrique ;
Avantage, limite et inconvénient

4.1. Etude théorique du phénomène


Principe de fonctionnement
Le principe de fonctionnement d’une éolienne offshore est identique { celui d’une éolienne
terrestre. En effet Sous l’effet du vent, le rotor tourne. Dans la nacelle, l’arbre principal entraîne un
alternateur qui produit l’électricité. La vitesse de rotation du rotor (de 12 { 15 tours/minute) doit
être augmentée par un multiplicateur de vitesse jusqu’{ environ 15 tours/minute, vitesse
nécessaire au bon fonctionnement de l’alternateur. Des convertisseurs électroniques de puissance
ajustent la fréquence du courant produit par l’éolienne { celle du réseau électrique auquel elle est
raccordée, tout en permettant au rotor de l’éolienne de tourner { vitesse variable en fonction du
vent. La tension de l’électricité produite par l’alternateur, de l’ordre de 6 { 1 volts, est ensuite
élevée { travers un transformateur de puissance, situé dans la nacelle ou { l’intérieur du mât,
jusqu’{ un niveau de 2 ou 3 KV. Comme pour
l’éolienne terrestre, Pour pouvoir démarrer, une
éolienne a besoin d’une vitesse de vent
minimale, de l’ordre de 1 { 15 km/h. Et au-delà
de 9 km/h, les turbines s’arrêtent de tourner.
Tout d’abord, la fréquence d’occurrence des
vents d’une vitesse supérieure { 9 km/h est
généralement faible (inférieure à 1 %), et si les
éoliennes fonctionnaient dans ces conditions,
elles subiraient des efforts importants qui
entraîneraient une usure prématurée de leurs
équipements.
La figure suivante présente le schéma d’un aérogénérateur.
Figure 3: Schéma d’un aérogénérateur

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Les principaux composants d’une éolienne offshore
Les aérogénérateurs existent sous diverses configurations, Néanmoins les éoliennes sont
majoritairement constituées de :
Le mât, généralement en métal, supporte l’ensemble des équipements permettant de
produire l’électricité (nacelle + rotor). Il est fixé sur une fondation implantée dans le sol, une
lourde semelle en béton qui assure l’ancrage et la stabilité de l’éolienne. La puissance fournie par
une éolienne est proportionnelle au cube de la vitesse du vent. La tour doit être suffisamment solide
pour supporter non seulement la nacelle et le rotor, mais aussi les charges puissantes provoquées
par le vent : d’une part la puissance exercée par le vent directement sur la tour, d’autre part la
puissance transmise par le rotor.
Un rotor, composé de plusieurs pales (en général 3) et du nez de l’éolienne. Les pales sont
aujourd’hui faites de matériaux composites { la fois légers et assurant une rigidité et une résistance
suffisantes : polyester renforcé de fibre de verre et/ou fibre de carbone. Leur longueur atteinte
actuellement entre 30 et 55 mètres, soit un diamètre du rotor compris entre 60 et 110 mètres. La
puissance d’une éolienne est proportionnelle { la surface balayée par ses pales (un cercle), donc au
carré de son diamètre rotor. Le rotor est relié { la nacelle par le moyeu, Elle transforme l’énergie
cinétique du vent en énergie
mécanique.
Une nacelle montée au
sommet du mât et abritant les
composants mécaniques et
pneumatiques et certains
composants électriques et
électroniques nécessaires au
fonctionnement de la machine.
La figure suivante présente les
différents composants de la
nacelle d’une éolienne. Figure 4: Composition de la nacelle

Les différents composants d’une nacelle :


✓ Le multiplicateur de vitesse : il sert { élever la vitesse de rotation entre l’arbre primaire et
l’arbre secondaire qui entraîne la génératrice électrique.
✓ L’arbre secondaire comporte généralement un frein mécanique qui permet d’immobiliser le
rotor au cours des opérations de maintenance et d’éviter l’emballement de la machine.
✓ La génératrice : c’est elle qui convertit l’énergie mécanique en énergie électrique.
✓ Un contrôleur électronique chargé de surveiller le fonctionnement de l’éolienne
✓ Divers dispositifs de refroidissement (génératrice, multiplicateur) par ventilateurs, radiateurs
d’eau ou d’huile.
C’est la base qui est la différence fondamentale entre les éoliennes terrestre et les éoliennes
offshores. En effet la structure de base des éoliennes offshores se présentent en quatre
configurations que nous allons étudier plus loin.

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Fonctionnement d’un aérogénérateur classique offshore
La transformation de l’énergie cinétique du vent en énergie mécanique puis en énergie électrique
est opérée en quatre étapes
✓ Transformation de l’énergie cinétique du vent en énergie mécanique : Les pales fonctionnent
selon le même principe que les ailes d’un d’avion : la différence de pression entre les deux faces de
la pale crée une force aérodynamique, mettant en mouvement le rotor. La puissance du vent, et par
conséquent l’énergie mécanique emmagasinée par l’éolienne, augmentent avec l’altitude.
✓ Accélération du mouvement de rotation grâce au multiplicateur : Les pales d’un grand
aérogénérateur tournent à une vitesse comprise entre 5 et 15 tours par minute. Or, la plupart des
générateurs d’éoliennes doivent tourner { grande vitesse (de 1 {2 tours par minute) pour
pouvoir produire de l’électricité. Cette augmentation de vitesse est réalisée { l'aide du
multiplicateur, aussi appelé boîte de vitesse, qui est un train d'engrenages.
✓ Production d’électricité par le générateur : Le générateur, situé dans la nacelle de l’éolienne, est
entraîné par un arbre mécanique. L’énergie mécanique transmise est convertie en énergie
électrique par le générateur, à une tension de 600 à 1 000 volts.
✓ Traitement de l’électricité par le convertisseur et le transformateur : L’électricité produite par un
aérogénérateur est ensuite traitée au moyen d’un convertisseur électronique.

Les différents types d’éoliens offshores


Il existe deux principaux types d'éoliennes en mer : les éoliennes fixes, qui sont implantées sur
des hauts fonds, et les éoliennes flottantes qui offrent l'avantage de pouvoir être construites sur
terre et implantées dans des zones où la profondeur des fonds marins ne permet pas la
construction de fondations. Les structures posées peuvent être implantées entre 40 et 50m de
profondeur maximum.
Les éoliennes offshores fixes
Elles se rapprochent des structures terrestres dans leur implantation. Ces
éoliennes sont donc ancrées à une fondation, elle-même fixée au plateau
continental. Son installation nécessite des travaux importants sur place, et des
navires spécialisés pour l’opération. On distingue trois types de fondations des
éoliennes offshores fixes, à savoir :
Fondation monopieu
Fondation gravitaire
Fondation jacket
Fondation monopieu : Elle est constituée d’un pieu en acier de grand diamètre
enfoncé à plusieurs dizaines de mètre dans le sous-sol marin. Voir figure 9
Figure 5: Fondation monopieu
Fondation gravitaire : Elle est constituée d’une structure de béton armé remplie
de ballast et posée sur le sol marin dont la masse permet d’assurer la stabilité des
éoliennes. Voir figure 10

Figure 6: Fondation gravitaire

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Fondation jacket : Elle est constituée d’une structure tubulaire en treillis mécaniques reposant sur
quatre pieux de faible diamètre. Voir figure 11

Figure 7: Fondation jacket


Les éoliennes flottantes
Dans le cas des éoliens offshores flottant, plutôt que d’avoir { créer
des fondations sous-marines, les éoliennes sont munies de flotteurs à
leurs bases. Le flotteur peut, lui, par exemple, être relié au fond par
de simple ligne d’ancrage. De même, son montage peut être réalisé au
port pour être remorqué ensuite sur le site. L’un des gros avantages
des flottants, c’est que les éoliennes peuvent être installées dans des
zones situées entre 50 et 300m de profondeur. Ainsi la structure peut
être mise en place plus loin des côtes, dans des zones où le vent est
stable et souffle plus fort. On répertorie aujourd’hui quatre
principaux types de plates formes éoliennes flottantes en eau
profonde qui constituent une technologie très différente des
fondations posées.
Plateforme Spar
C’est une fondation immergée { ballast stabilisé, dotée d’ancrages caténaires permettant de la fixer
par simple accrochage au fond marin.

Figure 8: Plate-forme Spar

Plateforme TLP (Tension Leg platform)


Est une plate-forme immergée et reliée au fond marin par des câbles
tendus ancrés à des piliers mi- enfouis dans le fond marin et non à des
ancrages caténaires. Les câbles qui relient la plateforme se tendent et se
détendent plus ou moins en fonction des mouvements de la houle

Figure 9:Tension Leg Platform


Plateforme Semi sub ou à flottabilité stabilisée
C’est une plate-forme qui, comme son nom l’indique,
est semi-submergée donc semi-visible en surface. Elle
utilise un dispositif de type barge ancré au fond par
des câbles grâce à des ancrages caténaires

Figure 10: Plate-forme Semi Sub


Free floating platform (FFP)
C’est une construction semi-sub plus légère et
plus indépendante du système d’ancrage et du
flotteur qui lui permet d’être déconnectée et remorquée
facilement pour sa maintenance.

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Figure 11: Plate-forme FFP
Système de conversion
Les principales composantes d'un système
ordinaire de conversion de l'énergie éolienne
sont une turbine, une génératrice triphasée, un
dispositif d'interconnexion et un système de
contrôle, comme le montre la figure 16. Les
turbines peuvent être à axe vertical ou
horizontal. La plupart des turbines modernes
sont dotées d'un axe horizontal comprenant
deux ou trois pales, et peuvent fonctionner face au vent ou sous le vent. La turbine peut être à
vitesse constante ou à vitesse variable. Les turbines à vitesse variable peuvent produire de 8 à 15 %
plus d'énergie que les turbines à vitesse constante, mais elles doivent être dotées d'un
convertisseur électronique de puissance pour produire une tension et une fréquence fixes pour les
charges.
Figure 12: Schéma du système de conversion d’une éolienne offshore
La figure suivante illustre un schéma unifilaire d’un système éolien de conversion

Figure 13: système de conversion

Stade de développement des éoliens offshores


Passé et présent
Les éoliennes offshores depuis 1991 ne cessent de bénéficier des avancées technologiques :
1991 : le premier parc éolien offshore au Danemark est installé sur le site de Vindeby à 2,5 km de la
côte en eaux très peu profondes (moins de 5 mètres). Les 11 éoliennes installées d’une puissance
unitaire de 450 kW ne sont alors que des éoliennes terrestres légèrement modifiées.
Années 1990 : le Danemark et deux autres pays pionniers du secteur éolien offshore (les Pays-Bas
et la Suède) lancent des programmes de valorisation du vent maritime. Ces pays disposent de
plateaux continentaux étendus et peu profonds propices à l’installation d’éoliennes offshore.
Milieu des années 2000 : le Royaume-Uni et l’Allemagne se lancent { leur tour dans l’éolien offshore
à grande échelle. Avec le parc de Middelgrunden, le Danemark inaugure en 2001 le plus grand parc

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éolien offshore de l’époque et une nouvelle génération d’éoliennes : 2 éoliennes de 2 MW,
distantes de 180 m et disposées en un arc de cercle de 3,4 km de long.
2011 : la France lance un premier appel d'offres sur l'éolien offshore dont les résultats sont
annoncés en avril 2012 : 4 sites sont attribués pour une capacité installée prévue de près de 1 930
MW.
2017 : plus de 3,1 GW de nouvelles capacités éoliennes offshore sont installées (et raccordées au
réseau) cette année-là selon WindEurope, un record (560 nouvelles éoliennes réparties entre 17
parcs). Cela porte à 15 780 MW la puissance éolienne offshore installée en Europe à fin 2017.
WindEurope n'a en revanche pas communiqué la production électrique associée cette année-là.
Les technologies d’éolien farshore, c'est-à-dire en haute-mer à plus de 30 kilomètres des côtes,
ouvrent des perspectives encore plus intéressantes que l’éolien offshore classique. En effet, le vent
du large est plus régulier et plus soutenu, sans compter que le partage de l’espace maritime y est
moins problématique que près des côtes. Du fait de la complexité de la fabrication et de
l’installation d’éoliennes { base flottante, ces technologies en sont encore { la phase de recherche
pré-industrielle.
Selon WindEurope, le parc éolien offshore en Europe pourrait disposer d'une puissance totale
installée de 25 GW en 2020 (contre 15,8 GW à
fin 2017). En France, 6 000 MW d'éoliennes
offshore devaient être installés à cet horizon
selon les objectifs du Grenelle
Environnement mais cette cible est désormais
hors de portée en raison de différents
retards. La programmation pluriannuelle de
l'énergie (PPE) fixe ainsi un objectif de 3
GW offshore installés d'ici à fin 2023. Différents
appels d'offres sur l'éolien offshore ont eu lieu
en France et les premières mises en service sont
désormais attendues après 2020.
Potentiel de l'éolien en mer, voir figure suivante.
Figure 14: potentiel de l'éolienne offshore [10]

Raccordement au réseau électrique


La liaison sous-marine
La liaison sous-marine est composée de deux câbles tripolaires, d’un diamètre de l’ordre de 27 cm,
d’un poids d’environ 13 kg par
mètre linéaire. Chacun des câbles
comprend 3 conducteurs
électriques et intègre 1 ou 2 câbles
de télécommunication à fibres
optiques, le tout réuni sous une
armature et une gaine de

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protection extérieure. Voir figure 19.

Figure 15:Coupe d’un câble sous-marin tripolaire


Si la nature du fond marin le permet, les deux câbles sont ensouillés dans deux tranchées à une
profondeur de 1 m { 1.5 m, distantes de 3 fois la hauteur d’eau, soit une centaine de mètres le plus
au large. Suivant le type de couverture sédimentaire (sol crayeux ou surface recouverte de
graviers) les différentes méthodes d’ensouillage envisageables utilisent une charrue, un système
hydrojet (communément appelés « jetting machine ») ou une trancheuse mécanique à chenille. En
cas de sol rocheux ne permettant pas l’ensouillage, le câble est déposé sur le fond marin et protégé
extérieurement par enrochement ou un matelas béton (voir la figure 20 suivante)

Figure 16: pose de câble électrique au fond marin


Les câbles sous-marins et terrestres étant différents, une transition est nécessaire. Cette transition
est effectuée juste après le passage de l’estran dans une chambre de jonction. Chacune des deux
chambres de jonction (une pour chaque circuit électrique), constituée d’un coffre maçonné d’une
dimension d’environ 2 m de long, 6 m de large et 3 m de haut.
La liaison souterraine
Une fois que la pose des câbles au milieu marin sont terminés, pour aller à la connexion du réseau
électrique les câbles sont enterrés. En
effet la liaison électrique souterraine
de transport d’électricité est composée,
pour chaque circuit, de trois câbles
unipolaires indépendants et de un à
deux câbles de télécommunication à
fibres optiques. Les câbles
comprennent une âme conductrice en
aluminium ou en cuivre entourée
d’isolant synthétique et d’écrans de
protection. Le diamètre de ces câbles
est d’environ 13 cm. la figure 21
suivante présente le schéma de câble
électrique souterrain.
Figure 17: Schéma câble électrique souterrain

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Sur la majorité de tracé, la pose des câbles consiste à réaliser une tranchée, à y installer des
fourreaux en polychlorure de vinyle (PVC)
affectés à un seul câble, puis les enrober de
béton. La figure suivante montre la pose
de câble pour le transport d’énergie
éolienne offshore.

Figure 18: Pose de câble


La figure suivante présente les différentes
parties d’un système éolien offshore

Figure 19: Schéma d’ensemble du raccordement au réseau électrique


Les paramètres de raccordements sont déterminés en fonction de la puissance à transporter et de
l’éloignement en mer, les différents paramètres à prendre en compte lors de ce raccordement sont :
 Niveaux de tension
 Poste de transformation en mer
 Nombre de lignes
 Pertes proportionnelles à I²
 Limitation des intensités à ~1000A max en AC triphasé
Exemple : pour un parc de 200MW, il faut
passer en ~200kV sur une ligne, ou 100kV
sur 2 lignes
Il existe 3 principales configurations des
éoliennes offshores à savoir :
Raccordement AC simple ;
Raccordement AC avec poste en
mer ;
Raccordement HVDC
La figure 24 suivante présente les trois
configurations des éoliennes offshores
Figure 20: Différentes raccordement d’une éolienne offshores au réseau électrique

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Avantage et inconvénient des éoliens offshores
Avantages [9]
La technologie de l’éolien offshore a bénéficié d’une grande partie des avancées
technologiques récentes de l’éolien terrestre, une des énergies renouvelables les plus matures.
La mer étant plane, les vents rencontrent moins d’obstacles et sont par conséquent plus
soutenus, plus réguliers et moins turbulents que sur terre. A puissance égale, une éolienne offshore
peut produire jusqu’{ 2 fois plus d’électricité qu’une éolienne terrestre.
La mer offre de grands espaces libres d’obstacles, où l’implantation des machines est
possible, sous réserve de concertation avec les autres usagers de la mer.
Inconvénients [11]
Émissions de 𝑂2 par kWh : de 9 à 25 grammes.
Impact environnemental, sanitaire et paysager, chocs avec les oiseaux migrateurs, bruit
(niveau sonore à proximité immédiat), émission de CO2 pour construire les éoliennes.
Éoliennes sensibles aux aléas climatiques (vent violent, orage, foudre).
Impact visuel des parcs d’éoliennes, ombres portées des pales. L'éolien fait l'objet de
réactions locales de rejet, principalement fondées sur son impact paysager, qui reste relatif tant il
est vrai que la plupart des autres infrastructures énergétiques et industrielles sont peu agréables à
l'œil, il y a l{ une part incontestable de subjectivité.
Bruit mécanique des engrenages en mouvement et bruit aérodynamique. Le bruit des
aérogénérateurs (éoliennes), quoique réel, n'est pas insupportable. La solution de l'offshore peut
régler les problèmes, mais suppose de doubler l'investissement, renchérissant le kWh de 30 à 50 %.
Pour chaque éolienne, une cimenterie et une aciérie sont nécessaires pour fournir le béton et
l’acier. Pour produire 1 gigawatt éolien, 36 tonnes de béton sont consommées. Les coûts de
fabrication, de transport et de construction d’une éolienne sont évalués entre 1 et 1.3 million
d’euros par mégawatt.

Limites rencontrées pour leur exploitation [9]


Les investissements initiaux dans des projets éoliens offshores sont très sensiblement plus
élevés à ceux dans des projets à terre, notamment en raison des coûts additionnels liés aux
fondations et au raccordement.
Bien que les vents soient plus constants en mer que sur terre, l’énergie éolienne offshore est
également intermittente.
L’éolienne est soumise mécaniquement non seulement aux efforts du vent sur les pales et la
structure, mais aussi aux efforts créés par les courants.
L’installation des éoliennes en mer est plus compliquée que sur terre. Des bateaux adaptés
doivent être employés.
La maintenance des éoliennes est également plus compliquée et plus coûteuse qu’{ terre. Si
une panne survient, il peut se passer plusieurs jours avant la réparation, ce qui entraîne une perte
de production.

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Conclusion
L’éolien offshore flottant apparait comme une technologie pleine d’avenir. Les nombreux avantages
qu’elle offre permettent de parier sur son développement rapide dans le monde. Le coté le plus
avantageux des éoliens offshore est qu’on peut produire jusqu’{ deux fois plus que les éoliennes
onshore toute fois le coût d’implantation des parcs offshores revient plus cher. Biens que les
éoliennes offshores soient renouvelables, elles présentent quelques inconvénients sur la société et
l’écosystème.

5. Energie thermique des mers


L’énergie thermique des mers (ETM) ou énergie maréthermique, appelée « Ocean Thermal Energy
Conversion » (OTEC) en anglais, consiste à exploiter le différentiel de température des océans entre
les eaux de surface et les eaux profondes afin de produire de l’électricité.
I.1. Etude théorique du phénomène

La différence de température entre les eaux de surface des océans en zone tropicale (+ 25°C) et à
1. m de profondeur (5°C) constitue un énorme réservoir d’énergie. L’utilisation d’un système
thermodynamique permet de convertir une partie de la chaleur de l’eau chaude en énergie
électrique. Mais l'exploitation de l'énergie thermique des mers (ETM) est freinée par de
nombreuses difficultés techniques et financières.

Figure 21: schéma de principe de l'énergie thermique des mers


Les systèmes ETM sont de 2 natures :

- Soit c’est une installation offshore. C’est une structure flottante installée en mer, reliée au
réseau électrique terrestre par des câbles sous-marins, raccordée à un transformateur installé sur
la côte. Cette structure est le plus souvent installée pour des projets de forte puissance.

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- Soit c’est une installation onshore. C’est une centrale terrestre implantée sur le littoral, d’où
partent des longs tuyaux en composite pour rejoindre la mer et atteindre la profondeur requise
pour pomper de l'eau suffisamment froide. Ce type d'installation est le plus souvent utilisé sur les
îles volcaniques, car les fonds autour de celles-ci descendent rapidement.
Le potentiel techniquement exploitable de l'ETM est très important (10.000 à 80.000 TWh/an)
mais limité aux zones intertropicales où le gradient de température atteint 20°C. Cependant, cette
ressource théoriquement exploitable est souvent située dans des zones non habitées, notamment
dans le Pacifique.
L'intérêt pour cette technologie est fort dans les territoires insulaires : elle leur permettrait
d'accroître leur indépendance énergétique, souvent faible. Cette source d'énergie est prédictible et
continue, elle pourrait donc produire l'électricité de base. Des projets sont en cours à Hawaï, en
Polynésie et dans les DOM-TOM.
L'énergie thermique des mers peut également être utilisée pour des installations de
chauffage/climatisation, notamment en zone tempérée. L'eau proche de la surface peut être
convertie par des pompes { chaleur. L’eau profonde, riche en substances nutritives, peut être
exploitée pour la réfrigération, mais aussi la production d’eau douce et l’aquaculture marine.
²Les installations d'ETM doivent être pensées pour résister aux ouragans et aux conditions
extrêmes du milieu marin. La conception des tuyaux transportant l'eau froide doit également être
améliorée. Enfin, des études sont menées pour évaluer l'impact environnemental de telles
installations, notamment au niveau des rejets d'eaux.

I.2. Système de conversion


Les océans et les mers couvrent approximativement 70% de la planète et captent l’énergie solaire
de façon directe (rayonnement solaire) et indirecte (rayonnement réfléchi par l’atmosphère
terrestre). Les rayons solaires sont absorbés par l’océan de façon optimale au niveau des zones
intertropicales où ils touchent perpendiculairement la surface de l’eau.
L’énergie solaire absorbée par l’eau diminue également avec la profondeur. La masse volumique de
l’eau augmente avec la baisse de température, ce qui empêche les volumes d’eau froide des fonds
océaniques de se mélanger avec les volumes d’eau chaude en surface.
Des volumes d’eaux profondes et de surface peuvent être pompés et leur différentiel de
température exploité afin de produire de l’électricité. Cette exploitation présente un intérêt en zone
intertropicale où la température de l’eau reste uniformément proche de 4°C à une profondeur de
1 m tandis qu’elle est supérieure { 24°C en surface (un différentiel de 2 ° est nécessaire pour
l’exploitation ETM).

Application { la production d’électricité


Les différents éléments composant une unité de production d’ETM sont :
 Un ensemble évaporateur-turbine-condenseur ;
 Des conduites et des pompes d’alimentation en eau chaude et froide pompée en surface et en
profondeur ;
 Une infrastructure pour les équipements connexes.

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Les ensembles thermoélectriques convertissent l’énergie thermique issue de l’eau de mer en
énergie électrique par effet Seebeck (effet thermoélectrique). Ce procédé, suivant le principe d’une
pompe { chaleur, est l’inverse de celui qui se produit dans un réfrigérateur. Il permet également de
produire de l’eau douce ou du froid pour la climatisation. L’eau de mer peut être directement
utilisée dans le circuit de la centrale ETM ou échanger de la chaleur avec un autre fluide comme
l’ammoniac.
Les centrales ETM peuvent être de trois types :
en cycle ouvert : l’eau de mer de surface est puisée et traverse un évaporateur sous vide dans lequel
un faible volume s’évapore
(environ 0,5% du volume produit
sous forme de vapeur). L’eau sous
forme de vapeur ne contient pas
de sel. La vapeur générée actionne
alors une turbine permettant de
produire de l’électricité. La vapeur
circule ensuite à travers un
condenseur où elle repasse { l’état
liquide au contact de l’eau froide
pompée en profondeur. Celle-ci
peut être récupérée pour la
consommation ;
Figure 22 : Principe de fonctionnement d'une centrale ETM en cycle ouvert
 En cycle fermé (ou cycle de Rankine) : la centrale ETM fonctionne en cycle
thermodynamique. Elle est constituée
d’une boucle fermée avec les mêmes
types de composantes qu’une centrale en
cycle ouvert. Le fluide caloporteur
circulant dans cette boucle n’est plus de
l’eau mais un autre fluide dont le point de
condensation approche 4°C,
généralement de l’ammoniac NH3. L’eau
chaude de surface pompée transmet ses
calories { l’ammoniac dans l’évaporateur
à double paroi (qui ne nécessite pas
d’être sous vide puisque l’ammoniac
s’évapore { une température plus faible
que l’eau). La vapeur du fluide
caloporteur actionne ensuite une turbine,
tout comme l’eau en circuit ouvert, et se condense dans le condenseur { double paroi en
transmettant ses calories { l’eau froide pompée en profondeur. Pour augmenter le rendement, une
solution aqueuse d’ammoniaque (solution formée d'ions ammonium NH4+ et d'ions hydroxyde HO-,
résultant de la dissolution d’ammoniac dans de l’eau) peut être utilisée

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Figure 23: Principe de fonctionnement d'une centrale ETM en cycle fermé
 En cycle hybride : au circuit en cycle fermé et superposé un étage supplémentaire produisant
de l’eau douce { partir d’un second circuit { cycle ouvert.

I.3. Stade de développement


La technologie est en stade de développement et d'expérimentation. Elle est freinée par les coûts :
l'ETM génère des rendements faibles alors qu'elle nécessite des investissements importants.
Aujourd'hui, son développement est envisagé principalement pour de grandes unités installées en
pleine mer, davantage rentables. Le stockage de l'électricité par l’hydrogène permettrait { terme
d'augmenter l'efficacité d'une telle technologie.
Des investissements importants et un faible rendement
Les promoteurs américains et japonais imaginent le développement de l’ETM en trois étapes de
difficultés croissantes. L’objectif de la première étape est l’industrialisation de petites usines ETM «
multi-produits » répondant aux besoins immédiats de pays du « Sud » ayant un accès direct à la
ressource. Elle serait réalisée dans le cadre de l’aide au développement durable en partenariat et
avec l’appui technique et financier de la communauté internationale des pays industrialisés. La
centrale ETM « Sagar Shatki » déj{ citée est le premier exemple d’une réalisation de cette étape.
Plusieurs territoires des régions ultra périphériques de l’Union Européenne sont candidats { ce
type de réalisation.
Dans la seconde étape, l’expérience acquise pendant l’exploitation des usines de première
génération servira { l’extrapolation des technologies vers des unités de capacités de production
répondant { la demande de pays industrialisés, d’abord pour alimenter des villes et des régions
côtières, puis, pendant la troisième étape, pour la production et le transport de combustibles
synthétiques à destination du monde entier.
Aujourd’hui, l’industriel français DCNS, leader mondial en matière d’ETM avec l’américain
Lockheed, teste et développe cette technologie. Actuellement, la société développe un projet de
centrale ETM d’une puissance de 1 MW qui devrait être installée en Martinique { l’horizon 2 15.

I.4. Raccordement au réseau électrique


Le raccordement au réseau se de même
façon que les autres formes de l’énergie.

Figure 24: Raccordement au réseau électrique

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I.5. Avantages, limites et inconvénients
 Avantages
 Energie renouvelable, inépuisable et non intermittente
 Une centrale ETM peut fonctionner de manière continue donc produire de l'électricité
constamment.
 De plus elle possède l'énorme avantage de produire de l'eau désalinisée et potable, donc
utilisable pour la consommation et la production alimentaire.
 Un faible impact environnemental. En effet elle ne rejette pas de polluants et rejette 100 fois
moins de C02 qu'une centrale thermique standard. Elle respecte l'environnement et est exploitable
à grande échelle.
 Inconvénients
 Cette énergie des mers nécessite toutefois de lourds investissements.
 Le rendement quant à lui est faible et le coût de production est important (facture du
consommateur)
 Cette technique nécessite des conditions géologiques très spéciales.
 Aspiration des espèces vivantes dans les canalisations : Les espèces sous-marines à mobilité
réduite (méduses, crustacés, larves) et les organismes microscopiques (phytoplancton) peuvent
passer { travers les grilles de protection ou y rester collés { cause des importants flux d’eau.
L’entrée de la canalisation d’eau chaude doit donc être placée loin de la côte pour limiter cet effet.
 Pollution atmosphérique (cycle ouvert ou fermé) : L’eau de mer profonde est plus riche en
CO2 que l’eau de surface. Le CO2 peut être relâché dans l’atmosphère lors du fonctionnement de la
centrale. Mais il a été estimé que pour une même quantité d’énergie produite, une centrale ETM
émettrait trois à quatre fois moins de CO2 qu’une centrale thermique { combustible fossile. De plus,
les tests (réalisés au laboratoire NELHA) montrent que seule une petite partie de l’excès est émise
dans l’atmosphère dans le cas du cycle ouvert et encore moins dans le cycle fermé.
 Impact visuel : On peut craindre en regardant l’usine expérimentale de Hawaï les
répercussions sur les côtes des îles intertropicales et sur les écosystèmes locaux. La côte est
clairement défigurée et on peut redouter le développement d’usines en grand nombre et de forte
puissance. La solution des plates-formes en mer semble moins « polluante » visuellement et moins
agressive pour l’écosystème

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6. ÉNERGIES MAREMOTRICES
L’énergie marémotrice consiste { exploiter l’énergie issue des marées dans des zones littorales de
fort marnage (différence de hauteur d'eau entre la marée haute et la marée basse se succédant). Le
phénomène de marée est induit par l’effet gravitationnel sur l’océan de deux astres { proximité de
notre planète : la Lune et le Soleil.
6.1. ETUDE THEORIQUE DU PHENOMENE
L'eau des océans, en raison du surcroit d'attraction lunaire du côté de la Lune et de sa valeur plus
faible du côté opposé à celle-ci a, en coupe, une allure d'ellipse, dont le grand axe est orienté sur la
direction Terre-Lune. La Terre tournant en 24 heures (approximativement) tandis que la Lune ne le
fait qu'en 28 jours (approximativement), le mouvement de rotation de la Terre dans cette masse
d'eau fixe produit le phénomène des marées.
Lorsqu'on retient cette eau par un barrage, on en freine le mouvement, et donc du même coup -
d'une façon infinitésimale - la Terre. Cela a, en raison de la loi de l'action et de la réaction, un effet
sur la Lune, qu'il serait possible d'étudier par une méthode d'éléments finis, mais une astuce pour le
faire plus rapidement existe : puisqu'il y a conservation du moment d'inertie et que la Terre
ralentit, l'effet du freinage est donc que la Lune s'éloigne (de façon infinitésimale elle aussi par
rapport à sa distance).
Un bras de mer ou un estuaire en zone de fort marnage est équipé d’une infrastructure qui met en
œuvre des turbines de basse chute actionnées par le flux d’eau de mer entre les deux bassins
(situés à des niveaux différents).
Les conditions naturelles favorables { l’implantation de sites marémoteurs sont :
 Un marnage supérieur à 5 mètres, idéalement entre 10 et 15 mètres ;
 Une profondeur de 10 à 25 mètres sous les basses mers ;
 Un substrat rocheux (ou sablo-graveleux) pour fixer les fondations de l’infrastructure.

II.1. SYSTEME DE CONVERTION


La marée est un phénomène naturel, issu de la gravitation de la lune autour de la Terre et résultant
du différentiel entre la rotation terrestre et la rotation lunaire. Ce phénomène s’est révélé une
source d’énergie écologique, exploitant soit les variations des niveaux de la mer, et on parle ici de
l’énergie potentielle, soit les courants de la marée { l’aide de turbines (hydroliennes), et c’est ce qui
est communément connu sous le nom de l’énergie cinétique.
Il est courant de distinguer deux grands types d’infrastructures exploitant les variations des
niveaux de la mer : le simple bassin et
le double bassin.
Le simple bassin consiste à barrer un
bras de mer par un ouvrage capable de
retenir un important volume d’eau. Le
barrage délimitant le bassin est percé
d’ouvertures, certaines étant dotées
de vannes simples, d’autres étant
dotées de vannes munies de turbines.

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Figure 25: Principe de fonctionnement d'une centrale marémotrice avec simple bassin : effet au
vidage
Par exemple, la centrale de Rance est composée de 24 travées contenant autant de turbines et d’un
barrage mobile constitué de 6 vannes (de 15 x 10 m). Il existe alors trois techniques de production
d’énergie électrique :
 Le « simple effet au vidage » : le bassin de retenue est, avec les vannes fermées, « clôturé » à
marée haute. Puis on ouvre les vannes lorsque le niveau de la mer est redescendu suffisamment bas
pour faire fonctionner les turbines (ou « bulbes ») connectées à des alternateurs ;
 Le « simple effet au remplissage » : { l’inverse, on isole le bassin de retenue { marée basse
afin d’obtenir une différence de
hauteur au fur et à mesure de la
marée montante. Lorsque la marée est
haute, on ouvre les vannes et l’eau
pénétrant dans le bassin de retenue
par les vannes fait tourner les
turbines. Cette méthode nécessite de
conserver un niveau bas dans le bras
de mer (côté bassin de retenue) sur
une longue durée et peut poser des
problèmes environnementaux et
d’usages pour la navigation ;
Figure 26: Principe de fonctionnement
d'une centrale marémotrice avec simple bassin : effet au remplissage
 Le « double effet » : on fait tourner les turbines à la fois lors du remplissage et lors du vidage,
ce qui offre une plage de production plus longue (exemple de la Rance). Des pompages
complémentaires permettent d’optimiser les différences de niveau tout en préservant le bilan
énergétique.
Le double bassin consiste à rajouter un bassin artificiel, situé plus bas que le niveau de la mer (y
compris { marée basse). Compte tenu du décalage quotidien de l’heure de la marée, la production
électrique est disponible certains jours { l’heure de pointe et d’autre jour en période de faible
consommation.
Un bassin supplémentaire permet l’exploitation d’une différence de potentiel quelle que soit la
hauteur d’eau de la mer (il est également possible de « sur-remplir » le bassin de la vallée de la
Rance et de turbiner au moment le plus opportun). Il constitue un moyen de stockage (comme une
STEP) pour une meilleure maîtrise de la production en conjuguant turbinage et pompage. Ce
dispositif offre des plages de production plus longues mais nécessite une infrastructure plus
complexe et plus coûteuse.
Un concept de lagons artificiels plus au large est également { l’étude afin d’éviter les inconvénients
liés aux grandes infrastructures sur le littoral. De tels dispositifs nécessiteraient toutefois des
endiguements plus longs et seraient donc plus coûteux. Ils supposent en outre de faibles
profondeurs d’eau, donc des zones déj{ fortement convoitées pour d’autres usages. Aucun lagon
artificiel n’a été réalisé { ce jour pour installer une centrale marémotrice.

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II.3. STADE DE DEVELOPPEMENT
Passé et présent
La récupération d’énergie renouvelable grâce { la marée sur le littoral existe depuis très longtemps.
Les moulins { marée construits sur les côtes de l’ouest de la France au Moyen-Âge en témoignent.
Au début des années 1960, un programme industriel volontariste a permis de concevoir et
d’installer la première usine marémotrice du monde, { l’embouchure de la Rance en Bretagne. Cet
équipement opéré par EDF produit depuis cette époque plus de 5 GWh par an (soit l’équivalent
de 0,1% de la production électrique française) et contribue au désenclavement énergétique de cette
région. Ce site est resté pendant plus de 40 ans unique au monde de par sa dimension.
Des réalisations modestes ont ensuite été lancés en Russie (Kislaya Guba d'une puissance de 1,7
MW, mise en service en 1968), en Chine (Jiangxia d'une puissance de 3,2 MW, 1980) et au Canada
(Annapolis Royal d'une puissance de 20 MW, 1985). Depuis 2000, 2 centrales marémotrices ont été
mises en service en Corée du Sud (dont celle de Sihwa en 2011) et une autre au Royaume-Uni.
Futur : Dans le futur, l’énergie marémotrice devrait toutefois rester inféodée aux quelques sites
côtiers qui présenteront des caractéristiques techniques favorables tout en satisfaisant aux
problématiques environnementales et d’acceptabilité sociale. Afin de s’affranchir de ces
contingences littorales, il pourrait se développer à moyen terme des systèmes en haute mer qui
permettraient de reconstituer un « réservoir marémoteur » plus loin des côtes (lagons artificiels), à
condition que le coût de transfert de l’énergie vers les consommateurs { terre reste acceptable.

II.4. AVANTAGES, LIMITES ET INCONVENIENTS


L’énergie marémotrice est qualifiée d’inépuisable et propre, du moment qu’elle utilise la force des
marées, et surtout qu’elle ne génère pas de gaz { effet de serre. Cependant, son atout majeur réside
dans le fait qu’elle est parfaitement prédictible et non pas sujette aux aléas climatiques comme c’est
le cas avec l’énergie éolienne ou solaire. La capacité globale d’énergie marémotrice potentielle du
point de vue mondial est estimée { un milliard de kilowatts, soit l’équivalent de 2 { 3 billions de
kWh d’énergie électrique chaque année. L’installation de l’usine est réalisée dans une baie protégée
dont les eaux profondes et bien oxygénées sont autant de conditions avantageuses pour l’élevage
des salmonidés. Ceci dit, le barrage en lui-même représente un pont liant deux rives, et ne présente
pas de risque de rupture, sans omettre le fait qu’il peut accueillir un certain nombre d’activités
touristiques et sportives, notamment nautiques.
L’énergie marémotrice représente certes un certain nombre d’avantages. Cependant, on ne peut se
cacher la face, car elle s’avère plus coûteuse que l’énergie produite par les barrages dans les
rivières, en raison de l’investissement colossal nécessaire pour mettre en place le projet dans un
environnement salin et corrosif. Ensuite, les reflux quotidiens de la marée limitent la production,
qui reste inférieure { 4 % tandis que pour les barrages des rivières, la production d’énergie
électrique varie entre 70% et 100%.
Ceci dit, l’aspect économique et la productivité ne sont pas les seuls à être en cause, car les
spécialistes sont inquiets au sujet d’un phénomène observé, mais pas totalement prouvé. Il s’agit du
ralentissement de la rotation de la Terre, qui peut être aggravé par le freinage des marées avec des
usines de l’énergie marémotrice. Avec le temps, ceci pousse la lune en dehors de son orbite et du

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coup creuse l’écart entre les fortes chaleurs du jour et la fraîcheur de la nuit. Puis, cet écart
engendre des bouleversements climatiques caractérisés par des tempêtes, et l’altération de la
succession du jour et de la nuit. Ces perturbations climatiques et atmosphériques sont autant de
répercussions qui peuvent résulter de l’utilisation de l’énergie marémotrice. Malgré tous les
avantages présentés par cette énergie renouvelable, étant inépuisable, écologique, génératrice
d’électricité en quantités assez significatives, elle peut générer des troubles atmosphériques qui
peuvent s’avérer plus graves et irréversibles, et dont l’impact est toujours en cours en étude par les
scientifiques.

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