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I- INTRODUCTION
La lagune d’Oualidia se situe sur la côte atlantique marocaine dans la province de Sidi
Bennour et s’étend parallèlement à la côte sur une distance d’environ 8 km de longueur et
0,5 km de large.
Cette lagune compte parmi les plus importantes zones humides côtières au Maroc.
Aujourd’hui, en rapport avec son importance ornithologique essentiellement, ce site a été
classé entant que site d’intérêt biologique et écologique (S.I.B.E), à travers le Plan Directeur
des Aires protégées, et come site RAMSAR depuis 2005. Ce site, de valeur internationale,
constitue une escale migratoire et un refuge hivernal apprécié par les différentes espèces
d’oiseaux d’eau
La lagune d’Oualidia se situe sur la côte atlantique marocaine dans la province d’El Jadida.
Elle est située à 75 km au sud d’El Jadida (32° 44’,42 N – 9° 02’,50 W) (Figure 1).
Administrativement, elle fait partie à sa partie nord à la commune d’Oualidia. Elle est
caractérisée par un climat tempéré chaud et une pluviométrie moyenne, variant selon les
fluctuations naturelles du régime des pluies.
La communication de la lagune avec l’océan est assurée par deux passes situées à l’aval. Elle
se prolonge en amont sous forme de chenal long de 7 km jusqu’à la digue séparant la lagune
des marées salants. Des sources d’eau douce sont réparties le long de la lagune, ce qui
entraîne une dilution des eaux de surface, selon un gradient de dessalure de l’aval vers
l’amont.
La lagune est bordée par des cultures maraîchères et céréalières, sur une superficie d’une
cinquantaine d’hectares. L’activité dominante demeure l’ostréiculture avec l’élevage sur
tables de l’huître creuse (Crassostrea gigas) dans cinq parcs répartis le long de la lagune.
En raison de son importance économique et touristique, la lagune d’Oualidia a fait l'objet de
plusieurs études sédimentaire, écologiques et hydrodynamiques visant à dresser l'état actuel
de son fonctionnement et caractériser les différentes zones de ce milieu paralique
(Carruesco, 1989, Zourarah, 2002 et Hilmi et al. 2005).
L’évolution du transit sédimentaire met en évidence un transport résultant dirigé vers le SE
(El Khalidi et al., 2011). Le raisonnement basé sur ce transit mène à supposer que les
sédiments qui transitent en provenance du Nord Est pourraient être, en partie,
responsables de la formation du banc sableux (sablière) en aval de la lagune.
Le complexe lagunaire d’Oualidia compte donc parmi les plus importantes zones humides
côtières au Maroc. Il est composé essentiellement de la lagune, de zones marécages et de
salines, ensemble occupant un sillon interdunaire limité à l’Est par une falaise haute de 50-
80 m et à l’Ouest par un cordon de dunes vives fait également l'objet de diverses
exploitations qui lui affectent une grande valeur écologique (pêche artisanale, aquaculture,
exploitation de gisements naturels de Mollusques, production de sable, etc.).
Valeur ornithologique : La lagune d’Oualidia est l’un des sites les plus importants au Maroc
pour les oiseaux migrateurs. Elle est considérée parmi les trois meilleurs sites pour
l’hivernage et le passage des Limicoles au Maroc (El Hamoumi 2000).
En effet, toutes les espèces hivernant régulièrement dans l’ensemble du Maroc y sont
représentées. Il représente une escale migratoire et un refuge hivernal apprécié par les
différentes espèces d’oiseaux d’eau parmi lesquels les limicoles viennent en tête de liste
avec 26 espèces suivi par les anatidés et les laridés (El Hamoumi, 2000). Les Limicoles,
communément appelés oiseaux de rivage, trouvent dans ce milieu les conditions favorables
pour hiverner ou bien pour se reposer et renouveler leurs réserves nécessaires à la migration
post ou prénuptiale. Le site voit le passage d’environ 114 espèces d’oiseaux d’eau, avec en
moyenne 15.335 individus constituant plus de 3 % du peuplement total d’oiseaux d’eau
hivernant au Maroc.
Aujourd’hui, ce site a été classé entant que site d’intérêt biologique et écologique (S.I.B.E), à
travers le Plan directeur des aires protégées, et come site RAMSAR depuis 2005.
Valeur paysagère : La lagune d’Oualidia se caractérise, en plus des autres valeurs citées, par
une richesse paysagère remarquable. C’est un patrimoine diversifié et distingué par son
bassin lagunaire, ses plages et salines.
2. PROBLEMATIQUE ET DYSFONCTIONNEMENTS
En dépit des qualités sus-mentionnées de la lagune de Oualidia, l'accroissement des
populations riveraines et l'intensification de leurs activités à l'intérieur et autour de ce
complexe lagunaire se sont accompagnés, en l'absence de plans de sauvegarde, d'une forte
dégradation des valeurs de celles-ci. La biodiversité subit un stress continu, autant que les
ressources économiques. Mais les impacts ne se limitent pas à l'exploitation du complexe
lagunaire ; ils viennent en grande partie de processus de dégradation qui s'étendent sur le
bassin versant. Les scientifiques estiment que la gravité de ces impacts doit être fermement
soulignée, notamment à cause de la grande sensibilité des milieux lagunaires.
Les écrits et les travaux scientifiques sur la lagune d’Oualidia relatent une prise de
conscience relativement précoce des baisses de valeur que subissent ce complexe sous
l'effet des pollutions, des pertes en habitats, de la surexploitation des ressources … La
volonté de protéger ces milieux est continuellement manifestée, mais elle se heurte à
plusieurs obstacles : le partage de la gestion des lagunes entre plusieurs secteurs, la faiblesse
du cadre juridique en matière de conservation des milieux aquatiques et l'insuffisances des
moyens financiers pour générer des activités économiques de substitution aux activités
destructrices de la Nature.
Les mécanismes des dysfonctionnements et leurs causes commencent à être élucidés,
autant que les solutions techniques pour les réduire ; toutefois, ces solutions doivent passer
par des plans de sauvegarde et des programmes de suivi, basés sur une connaissance
approfondie du fonctionnement de la lagune et des enjeux de sa conservation.
- Etude pour l’élaboration d’un Plan de Gestion intégrée du complexe lagunaire Sidi
Moussa-Oualidia, Communes Rurales Sidi Abed, Ouled Aissa, Ouled Ghanem et
Oualidia Provinces d’El Jadida et Sidi Bennour.
- Etude pour l’élaboration et la mise en œuvre d’un système de suivi écologique du
complexe lagunaire Sidi Moussa-Oualidia, Communes Rurales Sidi Abed, Ouled
Aissa, Ouled Ghanem et Oualidia Provinces d’El Jadida et Sidi Bennour
Sur le plan urbanistique, l’agence Urbaine d’El Jadida a lancé le Plan d’Aménagement du
centre d’Oualidia qui est en cour d’étude.
Enfin, la RADEE d’El Jadida mène un programme d’assainissement du Centre Oualidia selon
l’Etude du Schéma Directeur d’Assainissement.
1. 2. PLUVIOMETRIE
Situé sur la façade atlantique, le centre Oualidia bénéficie d'une vraie saison humide qui
s'étend d'Octobre à Mai. Les pluies supérieures à 50 mm surviennent en mois de Novembre
et s'étalent jusqu'en janvier. On note la plus part des années un épisode conséquent en Mars
(35 mm). La pluviométrie est souvent complètement absente de juin à septembre, saison où
la température moyenne avoisine 20 °C. Tout cela vaut en année moyenne comptant 390
mm de pluie. Il existe des années exceptionnelles, telle l'année 1996 où la pluviométrie a
dépassé 600 mm et des années sèches comme l'hiver 94-95 où la pluviométrie chuta
drastiquement au-dessous de 100 mm. Au vu des statistiques, la fréquence de tels
événements serait d'ordre décennal.
Une nette influence du microclimat côtier se traduit par des précipitations supérieures à
celles qui surviennent à l'intérieur des terres (Doukkala), mais surtout sur
l'évapotranspiration qui y est inférieure de 600 à 700 mm. Cette influence est surtout
imputable à la température. Il fait froid à Oualidia (moins qu'à Essaouira) quand il fait très
chaud à Sidi Bennour. Ce phénomène de microclimat reste à affiner. Les salines de Sidi
Moussa enregistrent depuis les années l'ETP. Le traitement de ces données peut servir de
référence dans la définition d'un vraisemblable « effet lagune» en matière d'évaporation.
Sur les côtes du Maroc les variations saisonnières du climat sont liées à l’influence
d’anticyclone des Açores, mais dont la position varie sensiblement en saison froide et saison
chaude.
En été, cet anticyclone est nettement centré vers les Açores. Il se déplace vers le Nord,
jusqu'au delà de la latitude de 35°, ce qui permet la remonté des cellules atmosphériques
tropicales et engendre des vents de NE secs. On assiste alors à la dominance du régime de
l'Alizé du période allant de mars à octobre, où l’on observe des pressions de plus de 1 024
millibars ; le gradient barométrique est dirigé nettement du centre de l’océan vers la côte du
Maroc, où l’on observe une pression moyenne de 1 016 millibars.
Pendant la saison froide, l'anticyclone est situé plus au Sud, les dépressions de l'Atlantique
Nord atteignent le Maroc. Une zone de hautes pressions beaucoup plus étalée englobe à la
fois les côtes et le large, avec une moyenne de 1 021 millibars ; le gradient barométrique est
beaucoup plus faible sur les côtes et sa direction beaucoup moins nette. Pendant cette
période c'est un vent pluvieux, lié au flux perturbé de SW lors de l'effacement de
l'anticyclone qui se met en place (Weisrock, 1987).
Le vent est un agent moteur qui régie les déplacements des sédiments sur la côte, il agit
d’une façon directe sur les grains de sable lors du transport éolien longitudinale ou
transversale le long des profiles de plage, et il influence sur la direction et l’amplitude des
houles lors de leurs arrivées sur la côte. Pour ces raisons nous avons accordé un soin
particulier à la collecte et au traitement les données du vent de la région d’étude.
En plus de leur influence sur la dynamique morpho-sédimentaire, les vents ont parfois une
action contraignante sur la croissance du couvert végétal, relativement peu dense, sur toute
l’extension du littoral.
Le vent génère un cisaillement à la surface de la mer, poussant les masses d’eau dans sa
direction lorsque la tranche d’eau est faible. Si l’orientation du vent est la même que celle du
flot ou du jusant, il peut se produire respectivement une surélévation (surcote), ou un
abaissement (décote) du plan d’eau.
Suivant l’usage adopté en météorologie nautique, nous avons divisé les vents d’après leur
force en trois classes :
La première classe comprend les vents de force 1 à 4 de l’échelle de Beaufort
(vent faibles ou modérés) ;
La deuxième classe comprend les vents de force 5 à 6 (vents forts) ;
La troisième classe comprend les vents de force 7 et au dessus (tempêtes).
Nous avons analysé les données des enregistrements des stations météorologiques les plus
proches de la zone d’étude :
Deux stations sur le littoral: la station d’El Jadida (la ville d’El Jadida est à 17 km au
Nord de Jorf Lasfar) et la station d’Oualidia;
Une station en arrière-pays : Station de Khmiss-Zemamra (elle est 20 km de la côte
en arrière-pays et d’altitude de 167,5 mètre)
La date ancienne des données des deux stations côtières en plus de l’indisponibilité des
données récentes de ces stations, nous a poussés à compléter ces données par celle de
station Khmiss-Zemamra qui sont plus récentes, toute en prenant en considération l’effet de
la distance de la côte et l’altitude de cette station.
Pour l'année
Pour l'hiver
Pour l'été
Figure 2. Principales directions moyennes des vents enregistrés à El Jadida (Entre 1950 et
1961) (Boulanouar, 1999).
Les principales directions des vents durant l’année (Figure 4) sont les suivants
- Entre le mois de mars et le mois d’octobre on note une dominance du régime des Alizé des
secteurs N-N-E à N-E, ces vents jouent un rôle très important dans la morphologie actuelle
des dunes vives littorales.
- De Novembre à Février on assiste à la dominance des vents pluvieux de directions Sud-ouest
qui sont liés au flux perturbé de Sud-ouest lors de l’effacement de l’anticyclone (Delannoy,
1973 in Weisrock, 1987).
- En Septembre, ce sont les vents de secteur Nord-ouest qui dominent.
Figure 4. Roses directionnelles des vents à Oualidia, d’aprés Carruesco (1989)
Les données disponibles pour cette station concernent l’intensité (la vitesse en m/s) du vent
enregistré durant les douze dernières années (1997-2008).
Les cordonnées de la station Khmiss-Zemamra sont : 8,50 degrés de longitude et 32,40
degrés de Latitude. La station se trouve à 20 kms de la côte et son altitude est 167,5 mètres.
Les mesures qui concernent cette station météorologique sont marquées par un effet de
site. Elles surestiment d’environ 10% la force du vent, en comparaison de celles du Oualidia
ou El Jadida (Raout F. 1996, In Delsinne, 2005). Ce décalage provient du fait que le la station
Khmiss-Zemamra se situe à 167,5 mètre d’altitude. La vitesse moyenne du vent pour le set
de données est de 2,9m/s (1997-2008).
La figure 5 montre que durant la période de mesure, 1997 à 2008, la moyenne annuelle de la
vitesse du vent oscille entre 2,5 et 3,2 m/s (vent modéré). Cette intensité se caractérise par
un changement inter-annuelle important.
Figure 5. Moyenne annuelle de la vitesse des vents relevée à la station de Khmiss-Zemamra
entre 1997 et 2008 (Diagramme obtenu d’’après les données climatiques de l’ORMVAD)
Les mois les plus venteux sont les mois de la saison d’été (du juin à août) ; leurs intensités
dépassent les 3,5 m/s (Figure 6).
Ce sont 6,72% des mesures qui sont compris dans l’intervalle de 5 à moins de 7 m/s (vent
fort). Les mois où on observe ce type d’intensité de vent sont les mois d’été (les plus
venteux) (Figures ci-desous).
Les vents de plus de 7 m/s (vent de tempête) ne représentent que 0,59% des mesures
enregistrés à la station de Khmiss-Zemamra. Mais ce sont les vents qui caractérisent les
tempêtes et qui peuvent générer des vagues dont l’effet sur les plages est considérable. Ce
type de vent est observé en majeur partie pendant les mois de juillet, mai ou novembre
(figure).
Les intensités qui dépassent 9 m/s (vent exceptionnel) ont été observées durant la période
d’étude de 1997 à 2008, en décembre 1997 avec une intensité de 9,2 m/s, en mars 2001
(10,1 m/s) et en avril 2008 (9,1 m/s).
2. DONNEES GEOLOGIQUES
Les travaux réalisés au niveau de la zone côtière d’Oualidia permettent de résumer la
structure profonde des formations géologiques suivantes (Figure 7):
- les dépôts Plio-quaternaires formant la surface du sol sous forme d'un recouvrement
continu;
- les couches argilo-sableuses affectées par une forte érosion en aval sur la frange côtière du
bassin. L'absence des couches d'argile rouge laisse directement se superposer le Plio-
quaternaire et le Calcaire de Dridrate ;
- les couches de marnes brunes forment un écran entre les formations profondes
évaporitiques et celles des formations sus-jacentes. Cependant, la faible épaisseur des
marnes brunes pourrait favoriser une communication entre ces différentes formations.
Les couches perméables sont séparées par des formations imperméables ou peu perméables
à dominante argileuse ou marneuse :
- les argiles de l’Hauterivien inférieur et supérieur ;
- les marnes du Valanginien supérieur Hauterivien inférieur.
Sur la frange côtière l'érosion des formations imperméables laissent directement superposer
les différents aquifères. Ces derniers sont en communication directe avec l'océan.
Figure 7. Coupes géologiques au niveau du bassin côtier d'Oualidia (KAID RASSOU, 2009)
3. HYDROGEOLOGIE
En saison humide, il existe bien entendu des écoulements fugitifs à l'échelle de ces sous
bassins versants minuscules. Leur régime se résume à un régime d'orage strictement pluvial
avec des temps de concentration très courts.
b- Ecoulement souterrain
Les grès calcaires du Sahel sont très perméables. Ils reposent généralement sur des argiles
du Crétacé inférieur (argiles et grés rouges 100 m d'épaisseur) et plus localement sur des
calcaires spathiques du Crétacé inférieur qui se trouvent sous ces argiles.
La nappe est alimentée directement par les infiltrations de l'eau de pluie. Du fait de la
proximité de la côte, il pleut plus au Sahel (350-450 mm) que dans les Doukkala (250-275
mm). L'évaporation y est moindre (1200 à 1500 contre 1800 à 2200 mm).
L'écoulement est karstique ce qui implique des écoulements préférentiels commandés par la
structure des terrains Pliocènes. Les sources de l'Ain Rhor, au droit d'Oualidia avaient en
1950 un débit de 35 l/s (125 m3/h).
En conclusion la surface hydrostatique reste très proche du niveau de l’océan dans la zone
basse (3 à 5 m de profondeur par rapport au sol). Alors que dans la zone haute le niveau
hydrostatique est entre 50 et 60 m par rapport au sol.
4. DONNÉES OCÉANOGRAPHIQUES
La circulation et le renouvellement des eaux dans la lagune d’Oualidia sont régis par les
variations du niveau de la mer à l’extérieur des passes d’entrée. Ces variations sont
produites principalement par les marées et, à moindre importance, par les empilements
d’eau par les vents, par le baromètre inverse et par les levées (shoaling en anglais) des
houles océaniques déferlantes. Cette section 4 présente la synthèse de ces données.
4.1- MARÉES
Les marées dans la région d’Oualidia sont du type semi-diurne, tel que démontré par les
amplitudes et les phases (Figure 9) des principales harmoniques semi-diurnes et diurnes de
la marée dans l’océan Atlantique du Nord.
Dans la région d’Oualidia, c’est l’harmonique semi-diurne M2 qui prédomine, avec une
amplitude d’environ 0,9 m. Elle est suivie en importance par les harmoniques S2 (amplitude
0,35 m), N2 (amplitude 0.20 m) et K2 (amplitude 0,10 m). Les composantes de marées
diurnes O1, K1 et P1 affichent des amplitudes plus faibles, et cela en partie à cause de la
présence d’un point amphidromique au large des côtes. L’examen des phases relatives des
composantes harmoniques indique que la marée le long des côtes marocaines se propage
du sud vers le Nord.
Les harmoniques de la marée à l’intérieur de la lagune subissent un retard de phase et une
légère diminution d’amplitude à cause de la friction sur le fond et sur les bancs intertidaux.
Ces retards de phase et diminution d’amplitude ont été étudiés par Hilmi et al. (2005) à
l’aide d’un modèle mathématique de circulation en deux dimensions (2D). La figure 9
présente respectivement les amplitudes et les phases de l’onde M2 estimées par une
analyse harmonique des niveaux d’eau calculés à chaque maille de la grille par leur modèle
hydrodynamique. Notons que faute de données de niveau à l’extérieur, le modèle a été
forcé par des prévisions de la marée à Safi fournies par le SHOM.
On constate que l’amplitude de l’onde M2 qui est de 0,9 m à l’extérieur de la passe diminue
à 0.8 m en amont de la lagune. La distribution des phases révèle que l’onde M2 (Figure 9)
met un peu plus d’une heure à pénétrer jusqu’à la digue aval. La faible atténuation de
l’amplitude et le faible retard de phase suggèrent que la lagune d’Oualidia est une lagune
« coulante », c’est-à-dire où la marée se propage plutôt librement par opposition à une
lagune « étouffée » comme celle de Nador par exemple où la marée perd la totalité de son
amplitude à la passe d’entrée et où le retard de phase de l’extérieur vers l’intérieur de la
passe est de trois heures (Hilmi et al. 2003).
M2 Amplitude (m)
(kilometer)
Above 0.95
0.50 0.9 - 0.95
0.85 - 0.9
0.8 - 0.85
0.00 0.75 - 0.8
0.0 1.0 2.0 3.0 4.0 5.0 6.0 7.0 0.7 - 0.75
(kilometer) 0.65 - 0.7
0.6 - 0.65
0.55 - 0.6
0.5 - 0.55
Below 0.5
M2 Phase (deg)
(kilometer)
Above 95
0.50 90 - 95
85 - 90
80 - 85
0.00 75 - 80
0.0 1.0 2.0 3.0 4.0 5.0 6.0 7.0 70 - 75
(kilometer) 65 - 70
60 - 65
55 - 60
50 - 55
Below 50
Figure 9. Amplitudes (haut) et phases (bas) de la marée M2 dans la lagune d’Oualidia (Koutitonsky
et al., 2006).
VAGUES AU LARGE
Le climat des vagues et des vents sur la façade Atlantique du Maroc a fait l’objet de diverses
études basées sur des observations de navires d’opportunité, de bouées scientifiques, de
radars à bord de satellites et des modèles numériques de génération et de propagation de
vagues. Par exemple, Swail et al. 2000 ont analysé le climat des vagues dans l’Atlantique du
Nord au cours de 40 ans (1958 à 1990) à l’aide d’un modèle numérique de 3e génération,
validé par des observations in situ et de satellites.
Par ailleurs, des synthèses du climat des vagues au large ont été rapportées par le
Laboratoire Public d’Essais et d’Études du Maroc (LPEE, 2001) dans le cadre d’études
portuaires et d’aménagement du littoral. Par exemple, ces études rapportent que, selon les
données de 1953 à 1931 du « Ocean Wave Statistics », les plus grandes houles proviennent
du secteur W-NW (2400-3300) avec des périodes variant entre 7 et 16 secondes, alors que
les houles du Nord sont généralement plus petites.
Selon une autre synthèse effectuée par LPEE sur 7651 observations de navires d’opportunité
recueillies entre 1960 et 1980, les houles dominantes proviennent du secteur NW, les
hauteurs ont dépassé 10 m en deux occasions et des périodes de 14 secondes ont été
enregistrées 2,7% du temps.
Une source d’informations statistiques aussi fiable sur les vagues au large d’Oualidia est celle
qui se rapporte à la zone 25 du « Global Wave Statistics Online ». Une première statistique
est celle de la distribution des moyennes annuelles des périodes et des hauteurs
significatives des vagues au large d’Oualidia (Figure 10). Cette distribution est exprimée en
valeurs pour mille, et s’interprète de la façon suivante : pour chaque tranche de mille vagues
60 observées au large durant une année, il y en a en moyenne 50 qui ont des périodes entre
de 6,2 à 9,3 secondes et des hauteurs entre 1 à 3,5 m environ et ainsi de suite. Ainsi, des
conditions moyennes de vagues pour les simulations seront des vagues au large d’une
période de 7 s et d’une hauteur significative de 2m.
Figure 10. Correspondance entre les moyennes annuelles des hauteurs significatives et des
périodes des vagues au large d’Oualidia (Global Wave Statistics Online, zone 25), en parties
pour mille. (Koutitonsky et al. 2006)
Cette même statistique sera maintenant exprimée en fonction des directions de provenance
des houles. Étant donné que le littoral dans la région d’Oualidia est orienté selon un axe SW-
NE avec la terre au sud, les directions d’approche des vagues et des houles du large
examinées seront les vagues du Nord-est, du Nord, du Nord-Ouest, de l’Ouest et du Sud-
Ouest.
Les correspondances entre les hauteurs significatives et les périodes des houles en
provenance de ces quatre secteurs vers la lagune d’Oualidia ont été extraites de la base de
données GWSO.
De façon générale, ces données indiquent, encore une fois, que les plus grandes vagues
proviennent des secteurs nord, nord-ouest et ouest. Plus spécifiquement, les plus hautes
vagues (10-11m) proviennent de l’ouest et les plus longues vagues (12-13 secondes)
proviennent du nord-ouest et du nord.
Tableau 1. Fréquence d’occurrence (%) des vagues à Jorf Lasfar (1978 – 1982), Koutitonsky et al.
2006).
Hs (m) Mars – Mai Juin – Août Sept – Nov. Déc. – Fév. Année
2 0 1 Km
1
Les mesures décrites par Hilmi et al. (2005) indiquent globalement que les courants
répondent principalement à la marée à l’extérieur de la lagune. Les courants sont orientés
parallèles à l’axe du chenal, avec des vitesses maximales atteignant 0,56 m/s à la station 1,
0,57 m/s à la station 2 et 0,73 m/s à la station 3 plus en amont. Ces vitesses diminuent à
environ 0,1 à 0,2 m/s durant les marées de morte-eau. Les directions des courants oscillent
de 180 degrés entre le flot et le jusant.
Une analyse en composantes principales de la matrice complexe de corrélation des
composantes U-V des courants révèle que plus de 99% de la variance totale est alignée selon
les axes orientés par 77o à la station 1, 13o à la station 2 et 65o à la station 3, relativement
l’axe des X ( Est).
Il existe aussi un article Hilmi et al (2009) qui décrit des courants et niveaux mesurées en
2005 dans la lagune. Il faudrait peut-être en discuter ici.
V0
*T
P
où est V est le volume de la lagune à marée basse, P est le prisme de marée et T est la
période de la marée dominante (e.g. 12.42 heures pour la marée semi-diurne). Le prisme de
marée est le volume d’eau entrant dans la lagune au cours d’un cycle de marée, soit durant
le flot. Il peut être estimé en multipliant la surface de la lagune par l’amplitude de la marée.
Selon Caruesco (1989), le volume d’eau restant dans la lagune d’Oualidia à marée basse
serait V0 = 0,7x106 m3. En prenant des amplitudes de marée de morte-eau de 0,5 m et de
vive-eau de 1.5 m, (S.H.O.M., 2004), et une surface de la lagune A = 0,75 x 10 6 m3 (Caruesco,
1989), les prismes de marée correspondant seront P = 2,25 x 10 6m3 pour une marée de vive-
eau et P = 0,75 x 106m3 lors d’une marée de morte-eau. Le temps de renouvellement peut
alors être estimé comme étant 1,31 et 1,93 cycles de marée semi-diurne en marée de vive-
eau et de morte-eau, respectivement. En d’autres termes, au plus 77% et 52% du volume
des chenaux seront renouvelés lors d’un cycle de ces marées, respectivement. Ces valeurs
sont inférieures aux valeurs de 89% ou 72% estimées par Caruesco (1989) pour les mêmes
marées de vive eau et de morte eau.
En résumé, la méthode du prisme de marée propose un renouvellement des eaux de la
lagune en au moins 1,3 cycles de marée semi-diurne. Cependant, cette méthode présume
que toute l’eau de mer entrant dans la lagune se mélange aux eaux lagunaires au cours d’un
même cycle de marée et que toutes les eaux sortant de la lagune n’y rentrent pas au cours
du prochain cycle de marée. Ces deux conditions ne sont pas souvent respectées dans les lagunes
côtières, d’où la nécessité de trouver une autre méthode de calcul du temps de
renouvellement des eaux.
Une telle méthode, appelée ‘’méthode du traceur dissout’’, a été proposée par Koutitonsky
et al. (2004). Brièvement, des concentrations initiales Cint = 100 et Cext = 0 sont
respectivement assignées aux eaux intérieures et extérieures de la lagune. Des modèles
numériques couplés de circulation et de transport de matière dissoute sont alors forcés par
les vents et niveaux aux frontières ouvertes de la lagune (passe d’entrée) pour simuler les
courants et le mélange des concentrations. Les concentrations de l’eau à chaque maille de
la grille de calcul sont alors surveillées dans le temps et lorsque la concentration des eaux
dans une maille est diluée au delà de 38 % de sa valeur initiale de 100%, et demeure sous
cette valeur, l’eau à cette maille est dite « renouvelée » par les eaux de l’extérieur. La valeur
de 38% correspond à une dilution de 1/e (e.g. Arnborg, 2004). À la fin de la simulation, il est
possible d’obtenir une carte (figure 12) de distribution du temps de renouvellement local
(TRL) à chaque maille de calcul de la lagune. Les résultats indiquent qu’au niveau de la
sablière, le TRL est de l’ordre de 1 jour et qu’en amont de la lagune, il est de l’ordre de 20
jours (Figure 12).
TRL (jours)
> 25
20 - 25
15 - 20
10 - 15
5 - 10
1- 5
< 1
Figure 12. Distribution spatiale du temps de renouvellement local dans la lagune (Koutitonsky
et al. 2007).
Lorsque les concentrations des eaux à chaque maille dans la lagune sont prises en moyenne
à chaque pas temporel de la simulation et que cette concentration « moyenne » est mise en
relation avec le temps, il est possible d’estimer le temps après lequel la concentration
moyenne dans toute la lagune passe sous le seuil des 38 % et demeure en dessous. Ce temps
sera le temps de renouvellement intégral (TRI) de la lagune. Conceptuellement, ce tri est
l’équivalent du temps calculé par le prisme de marée. Le TRI est de l’ordre de deux semaines
pour la lagune. Lorsque le TRI de 14 jours est comparé au temps de renouvellement de 1.3
cycles de marée (16 heures) calculé par Caruesco (1989) par la méthode du prisme de
marée, il est évident que cette dernière donne la valeur minimale du temps de
renouvellement des eaux dans la lagune (Koutitonsky et al. 2007).
L’étude historique de la sablière s’est basée sur l’utilisation des données cartographiques et
des images aériennes multidates acquises ce qui nous a permis d’estimer les
transformations parvenues au niveau de ce delta de flot. Pour les dates anciennes, nous
avons utilisé tous les documents disponibles sur la région (plan, photo aériennes multi dates,
images satellitaires, etc.). Pour l’état actuel nous avons procédé à l’analyse des levées
bathymétries réalisée dans le cadre de ce marché.
Nous avons éliminé toutes les photos aériennes prises à marée haute et seul les
photosaérienes ou le delta de marée apparait ont été considérées dans ce travail.
Toutes les photos ont été corrigées et géoréférencées à l’aide d’un logiciel adapté, qui
permet la correction de l’erreur de l’orientation de l’image, tout en rectifiant les
déformations dues à la position de l’optique de prise de vue et à la projection géographique
grâce au modèle numérique du terrain (MNT). L’objectif est de réduire les erreurs de
numérisation et de distorsion géométrique des photographies aériennes. Un
géoréférencement des images dans un système de projection Lambert Conique Conforme a
été réalisé. Pour le calage des images, on a considéré des points (minimum trois points assez
éparpillés) remarquables et précis, comme des intersections de routes, des angles de
constructions….Le but est de produire une ortho image, appelée aussi une ortho-photo, qui
a subit une translation, une rotation, et une mise à l’échelle, tout en prenant compte de la
courbure de la terre (Ottier, 1999). L’erreur quadratique de cette correction géométrique est
de l’ordre 3m
A partir des traitements des photoaériennes que nous avons réalisé dans le cadre de cette
étude, on s’aperçoit qu’à partir de 1937 5gruvel 1937) jusqu’à nos jours (2012) le delta de
flot de la lagune d’Oualidia n’a cessé de subir d’importants changements.
Durant cette période de 75 ans, ce delta de flot (sablière) a connu des changements de
position par rapport au chenal principal de la lagune. Alors qu’en 1937 la sablière était un
seul petit corps bordé au Nord et au Sud par deux chenaux, cette même sablière a connue
un engraissement au cours du temps qui a eu un impact sur la position des chenaux par
rapport à cette unité sableuse. Dans ce chapitre on tente de comprendre ce mouvement en
se basant sur les différentes composantes du milieu.
Les principales phases de l’évolution de delta de flot de la lagune d’Oualidia sont les
suivantes :
- Entre 1937 et 1954 (17 ans), la sablière a connu un engraissement à sa partie Nord, ce qui a
agit sur la vitesse de sédimentation à ce niveau par le fait de l’amortissement des courants
par ce corps sableux. Par conséquent la largeur du chenal Nord est devenue plus étroite.
- Entre 1954 et 1969 (15 ans), la morphologie de 1937 a été retrouvée. Les deux chenaux
fonctionnent ensemble. Cette activation des chenaux est probablement due à une tempête
qui a permis d’évacuer les sédiments de ces chenaux et donc d’augmenter la bathymétrie
de ceux ci.
- Entre 1969 et 1984 (15 ans), la sablière a subie plusieurs changements. Dans un premier
temps (1969-1982) une fermeture du chenal Sud et une activation du chenal Nord qui est
devenu le chenal principal de la lagune. Le comblement du chenal Sud est du à la
diminution de la vitesse des courants ce qui entraine une augmentation de la
sédimentation. Dans un second temps, à partir de 1984 nous avons observé la réactivation
du chenal Sud. La position de 1937 et celui de 1969 a encore une fois était retrouvée.
- Entre 1984 et 1996 (12 ans), le cycle de fonctionnement de deux chenaux est presque
retrouvé.
- De 2002 jusqu’à nos jours 2012, soit sur une période de 10 ans, l’étude conjointe des
missions de photos aériennes et des mesures bathymétrique, nous ont permis de mettre
en évidence le cycle d’évolution du delta de flot. A partir de l’année 2002 on a assisté à la
fermeture du chenal Nord et le fonctionnement du chenal Sud qui est devenu au cours du
temps comme un chenal principal de la lagune. Cette situation commence à disparaitre
pour permettre à la réactivation du chenal Nord (bathymétrie de 2012).
Le déplacement du banc de sable du delta de marée de la lagune d’Oualidia et son
engraissement occasionnent des variations de la position des chenaux ainsi que la qualité
des eaux de cette lagune (El Khalidi et al., 2011). Le mouvement des chenaux est
principalement dû :
- d’une part, à la position de chaque chenal par rapport aux deux passes principales de la
lagune c'est-à-dire le chenal Sud est devant la passe Sud de la lagune qui est la plus large et
permet la pénétration des vagues à l’intérieur, par contre le chenal Nord subit moins
d’effet directe des vagues car la passe devant lui est la plus petite, ce qui explique que le
chenal Sud n’a été comblé que pendant onze ans (1971-1982) parmi les soixante-quinze
ans étudiées;
- d’autre part, à l’engraissement du delta qui joue un rôle dans l’amortissement des vagues
et des courants et par conséquent le dépôt des sédiments, surtout vers le Nord du delta de
flot où le déferlement des vagues subie un fort amortissement par le sable qui migre au
cours des années vers la passe Nord de la lagune (Figure 13).
La propagation des courants à l’intérieur de la lagune est liée à la forme du delta, sa
direction a subi, au cours du temps, des changements dus à l’avancement de ce delta vers
les passes de la lagune. Selon des mesures qui ont été réalisées en 2002 par Geme et al.
(2003), l’amplitude de la marée à l’embouchure est d’environ 1.5 m. Le même auteur affirme
que la lagune d’Oualidia est une lagune dominée par le flux, et particulièrement dans sa
partie amont et cette dynamique affecte le sens du transport de sédiment dans la lagune.
Cette accrétion ne peut être due que par la présence d’un stock sédimentaire et sa
disponibilité. Trois principales sources sont identifiées :
- la morphologie de part et d’autre de l’embouchure de la lagune d’Oualidia est
essentiellement dominée par des systèmes de cordons rocheux et dunaires gréseux
pliocènes et quaternaires, qui sont érodés (attaque directe par les vagues) et mobilisés vers
les passes de la lagune par le transit littorale induit par les houles ;
- les plages sableuses ‘étroites’, qui alternent avec les promontoirs rocheux, constituent à
leur tour une importante source de sable facilement mobilisable et ainsi participe à
l’alimentation du delta de flot de la lagune ;
- le stock important de sables mis en place lors de la dernière régression (Jaaidi, 1981) sur le
plateau continental au large d’Oualidia est sous la forme d’une couche de dépôts silto-
sableux récents non consolidés de 10 m d’épaisseur d’après des recherches basées sur le
travail de Cirac & al. en 1979. Il constitue un réservoir potentiel et ainsi les sédiments
superficiels du proche plateau continental pourraient être des sources sédimentaires pour
la côte, surtout dans la zone d’échange entre les hauts-fonds prélittoraux et les plages.
Gruvel, A. (1937)
1937
2012
Figure 13. Evolution du delta de marée de la lagune d’Oualidia pendant 52 ans (El Khaldi et al.,
2011 modifiée)
Les travaux de Koutitonsky et al. (2006) ont permis d’avoir un bon diagnostic des paramètres
physico-chimiques du milieu. Nouq Nous donnons dans ce qui suit une synthèse de cette
travaux.
Figure 14. Stations d’étude dans la lagune d’Oualidia (Orbi et al., 1995) (Koutitonsky et al. 2006)
La période novembre-mars, où les eaux sont plus fraîches et les températures sont
inférieures à 18°C. Le minimum est enregistré en décembre-janvier pendant la basse mer.
Durant cette saison, la mer joue un rôle tampon en adoucissant les basses températures
relevées à basse mer. Toutefois, il est à noter que l’effet tampon est peu marqué à cause
d’un hiver particulièrement doux d’où les écarts thermiques faibles qui ont été observés
entre les deux marées. Les températures enregistrées durant ce cycle annuel vont de 14 à
27°C.
La période avril-septembre est une période de réchauffement progressif de la lagune, les
températures sont comprises entre 18 et 27°C. Inversement à la période précédente, la
température augmente de l’aval vers l’amont, où se produit un réchauffement important et
prend des valeurs plus élevées à basse mer qu’à pleine mer. L’écart thermique entre les
deux marées, est cette fois-ci, très important, car l’eau océanique envahit la lagune et l’effet
tampon de la mer se fera, cette fois, dans le sens d’un rafraîchissement des températures
élevées au sein de la lagune. La baisse des températures pendant l’été témoigne de
l’existence du phénomène d’upwelling caractérisé par une remontée d’eau froide et riche en
sels nutritifs (Furnestin, 1957, Belveze, 1984, Agoumi et Orbi, 1992)
Figure 15. Évolution mensuelle de la température de l’eau dans la lagune d’Oualidia (Août 94-
Septembre 95) (Koutitonsky et al. 2006)
Le gradient thermique vertical (surface-fond), relativement visible dans la partie avale (H1 et
H2), se réduit dans les parties centrales et amont de la lagune, du fait de l’effet prédominant
de la marée dans la lagune.
L’examen de la température enregistrée au niveau des radiales montre un réchauffement
progressif en allant vers l’amont de la lagune et l’établissement d’un gradient thermique
surface-fond décroissant, particulièrement en aval, ce qui témoigne d’une certaine
dynamique à ce niveau. De même, un gradient croissant rive Ouest-rive Est a été enregistré
dans la partie avale de la lagune, due à la faible profondeur de la rive Est (Orbi et al., 1995).
Figure 16. Évolution mensuelle de la salinité dans la lagune d’Oualidia (Août 94-Septembre 95)
(Koutitonsky et al. 2006)
Cette variation saisonnière identifiée lors de la période d’étude août 1994-septembre 1995,
année de faible pluviométrie, peut être modifié au cours du cycle pluriannuel selon que
certaines années sont sèches ou humides, conditionnant ainsi le lessivage du bassin versant
et l’engorgement ou le tarissement des nappes phréatiques.
L’étude de la répartition des taux de salinité selon les plans longitudinal et transversal de la
lagune montre : (i) un gradient de salinité décroissant entre l’aval et les zones les plus
reculées en amont et (ii) les eaux océaniques au cours du flot pénètrent préférentiellement
en profondeur au niveau du chenal, mais la vitesse de circulation augmente et les repousse
plus loin vers la surface (Orbi et al., 1995).
Les relations entre les salinités, températures et niveaux d’eau mesurés par l’INRH (Figures
17 et 18) montrent que les salinités sont en phase ou légèrement en retard par rapport à la
marée à l’extérieur et que les courants aux stations 1 et 2 atteignent leurs vitesses
maximales quelques 2,5 heures avant les marées hautes et basses.
Les courants maximums de flot à la station 3 se manifestent avec un retard par rapport aux
courants aux stations 1 et 2, alors que les courants maximums de jusant sont en phase aux
trois stations. Ceci implique qu’à la station 3, la durée du flot serait plus longue que la durée
du jusant et que l’asymétrie tend vers une dominance du jusant.
On constate finalement que les températures sont plus chaudes en amont et durant le jour.
Les travaux réalisés par Hilmi (2009) concernant les températures et les salinités montrent
que l’aval de la lagune dénote une nette influence des eaux marines en provenance de
l’océan Atlantique. L’auteur a noté, au niveau de la passe principale, la présence de deux
masses d’eau bien distinctes: la première associée au flot, de salinité entre 35 et 36 psu et
de température allant de 15 °C à 18 °C, lui confèrent une densité d’environ 1026 kg.m -3
(Pond & Pickard 1983) typique de celle des eaux marines côtières. La deuxième masse d’eau,
associée au jusant, présente des eaux moins denses (σt=22), résultant du mélange avec des
eaux relativement plus douces et chaudes en provenance de l’amont de la lagune. Hilmi
(2009) a observé qu’en se déplaçant vers la partie intermédiaire de la lagune et vers l’amont
de la lagune, les eaux subissent un mélange avec les résurgences d’eaux douces sous
marines lors de leur parcours, créant ainsi un gradient longitudinal de densité. Plus en amont
de la lagune (digue artificielle), les températures (entre 21 °C et 32 °C) et les salinités (entre
4 et 31 psu), confirment la présence de résurgences d'eau douces sous-marines dans cette
partie de la lagune et vers les marais salants. Selon Fakir (2001), entre Cap Beddouza et
Oualidia, l'aquifère plioquaternaire formé de grès calcaire, recèle une nappe libre en contact
direct avec l'océan atlantique. Dans la bande côtière, il est très exploité par pompage grâce à
l'existence d'un potentiel hydrique important. La présence d'un réseau karstique bien
développé en aval serait à l'origine de ce potentiel. Les pompages intensifs à proximité de
l'océan et la sécheresse qui sévit, menacent cette ressource par des intrusions marines (Fakir
2001).
Ces résultats confirment de manière générale ceux des travaux antérieurs menés dans cette
lagune, en particulier ceux de Rharbi et al. (2001) où la typologie de la lagune, basée sur un
suivi hydrologique annuel, avait mis en évidence que la zone située en aval de la lagune est
soumise à une nette influence marine. La zone intermédiaire est soumise à une double
influence, marine et continentale et une zone confinée, située en amont de la lagune.
2 4.7
21.8
2 6.1
20.3
23.2
2 4.7
21.8
2 6.1
20.3
23.2
Figure 17. Variations de la salinité et la température des eaux en fonction du flot (croix) et du
jusant (cercles) aux stations 1, 2 et 3. Les lignes diagonales sont les lignes d’égale densité (Hilmi
et al., 2005 ; Koutitonsky et al. 2006).
Station 1 Station 2 Station 3 Marée
36
1
34
0
32
30 -1
28
12:00 00:00 12:00 00:00
1996-10-29 10-30 10-31
20 1
18 0
16 -1
1 1
0 0
-1 -1
Figure 18. Relations entre les marées prédites à l’extérieur (SHOM), les salinités, les températures
et les courants le long des axes du chenal aux stations 1, 2 et 3, durant trois cycles de marées en
octobre 1996 ( Koutitonsky et al. 2006).
5.3. OXYGENE DISSOUT
L’étude de la variation des teneurs en oxygène dissous et du taux de saturation montre que
les eaux de la lagune sont bien oxygénées aussi bien en surface qu’au fond : les teneurs
fluctuent alors entre 3,4 mg/l et 16 mg/l avec un taux de saturation qui peut atteindre 150%
(figure 19).
Figure 19. Évolution mensuelle de la teneur en oxygène dans la lagune d’Oualidia (Août 94-
Septembre 95 Koutitonsky et al. 2006).
La seule faible valeur du taux de saturation observée en juin 1995 serait le résultat d’une
forte charge en matière en suspension, liée à une opération de vidange des eaux situées en
arrière de l’écluse. Selon les résultats illustrés dans les profils transversaux, de faibles
variations ont été enregistrées entre la surface et le fond, ce qui pourrait être liées aux
courants du flot favorisant ainsi un brassage important de la colonne d’eau.
(i) une première zone, correspondant aux deux tiers inférieurs de la lagune, soumise
à l’influence marine et montre des teneurs en O2 voisines de celles relevées en
mer
(ii) (ii) une deuxième zone correspondant à la partie la plus reculée en amont (H7 et
H8) qui enregistre pendant l’été, une diminution de l’oxygène dissous suite à une
élévation importante de la température et de la salinité. De plus, cette partie
amont est constituée d’une grande vasière riche en matière organique et en
microorganismes, ce qui favorise une consommation importante de l’oxygène
dissous. En général, la faible profondeur, l’importance du brassage des eaux,
l’alimentation de la lagune en eaux douces ainsi que la présence des slikkes
couvertes d’algues sont les principaux vecteurs de cette bonne oxygénation.
Concernant les nitrates, les concentrations retenues durant cette étude varient entre 30 et
1310 µg/l (figure 20). Au cours d’un cycle de marée, les nitrates se répartissent selon un
gradient croissant depuis la passe en direction de l’amont. Les teneurs sont plus élevées à
basse mer qu’à pleine mer et l’écart devient plus important en s’approchant de l’amont, ce
qui montre que l’apport essentiel en nitrates vient du bassin versant. La variation spatio-
temporelle montre que les fortes teneurs (1310 µg/l) sont enregistrées lors de la période
novembre-décembre suite au lessivage des cultures maraîchères durant cette période
pluvieuse, particulièrement en amont de la lagune. Par contre, les teneurs diminuent
considérablement en avril (30 µg/l) due à une assimilation par le phytoplancton qui se
développe sous forme d’un bloom durant cette période.
Figure 20. Évolution mensuelle des nitrates dans la lagune d’Oualidia (Août 94-Septembre 95,
Koutitonsky et al. 2006).
Pour les phosphates, les fortes valeurs relevées dans la lagune ont été enregistrées en mai
dans la station H6 (880 µg/l) (Figure 21). Au cours des autres périodes de l’année, les teneurs
dans la lagune se situent entre 12 et 450 µg/l. Comparées à d’autres sites lagunaires
similaires, ces valeurs sont assez fortes et témoigne de la richesse de cette lagune en
orthophosphates d’autant plus que les facteurs anthropiques (rejets, fertilisant….) se sont
multipliés durant la dernière décennie au voisinage de cet écosystème.
Figure 21. Évolution mensuelle des phosphates dans la lagune d’Oualidia (Août 94-Septembre 95
(Koutitonsky et al. 2006).
D’autre part, les valeurs ont prouvé que les teneurs, en automne-hiver, sont plus élevées à
marée haute et diminuent en direction de l’amont. Durant la période printemps-été, les
teneurs chutent à cause d’une utilisation importante de cet élément par les espèces
végétales. Les teneurs sont souvent plus élevées à basse mer qu’à pleine mer et en amont
qu’en aval.
Les fortes concentrations en ions ammoniums (700 µg/l) sont situées en aval (H2, H3 et H4)
aux mois de septembre et décembre et en amont (210 µg/l) dans la station H8 au mois de
décembre (figure 22). Ces valeurs assez élevées dans la lagune peuvent être le résultat de
deux importants facteurs anthropiques :
(i) l’élevage des huîtres se pratiquant dans les parcs ostréicoles (partie avale de la
lagune), où la matière organique et l’urée sont les principales sources d’élévation
des ammoniums ;
(ii) le tourisme estival dont les conséquences sont très remarquables en fin d’été par
des pics de concentrations en amont de la lagune.
Figure 22. Évolution mensuelle des ions ammoniums dans la lagune d’Oualidia (Août 94-
Septembre 95, Koutitonsky et al. 2006).
5.6. CHLOROPHYLLE-A
Les résultats de l’analyse de la biomasse chlorophyllienne montre que la période novembre-
janvier s’avère la plus riche avec un pic de 52,1 mg/m3, au mois de janvier et qui correspond
probablement à un bloom phytoplanctonique (figure 24). La distribution de la chlorophylle-a
dans la lagune suit souvent un gradient aval-amont croissant : c’est le résultat d’une activité
photosynthétique plus intense en amont (valeur maximale de l’ordre de 52,1 mg/l en
janvier) où les eaux s’enrichissent en nutriments provenant du drainage d’une importante
zone agricole. Ce phénomène est plus prononcé à pleine mer, étant donnée d’une part qu’à
basse mer, les MES dans une tranche d’eau faible et à niveau énergétique limité, réduit la
transparence de l’eau et joue, de ce fait, un facteur limitant pour la production primaire.
D’autre part, cette production d’origine marine (eau marine entrante), semble liée au
phénomène d’upwelling, notamment pendant les saisons printanières et estivales, où les
valeurs sont plus élevées en aval et à pleine mer.
Figure 24. Évolution mensuelle de la chlorophylle-a dans la lagune d’Oualidia (Août 94-
Septembre 95, Koutitonsky et al. 2006).
Une zone aval qui s’étale sur 2,5 km à BM (Stations H1, H2 et H3) et sur 4 km à PM
(stations H1, H2, H3, H4 et H5) et qui montre une nette influence marine. Par
conséquent, les températures sont comprises entre 14 et 18°C et les salinités
dépassent 34 psu. Les eaux montrent des teneurs relativement faibles en nitrites
et nitrates et des teneurs élevées en phosphates inorganiques (valeurs souvent
supérieures à 0,2 mg/l). Dans cette zone, particulièrement en direction de la
passe, le fond sableux (sablière) est constitué de sables fins coquillers et souvent
pauvre en matières organiques et dépourvues de végétation. En s’avançant dans
la lagune, tout en restant dans la même zone, l’hydrodynamique forte traduit une
homogénéisation des masses d’eau, et fait que cette zone couvre une grande
partie de la lagune à pleine mer. Le substrat est alors sablo-vaseux, et une
dominance tantôt sableuse tantôt vaseuse. Les principales espèces végétales
caractéristiques des écosystèmes semi fermés commencent à apparaître
(Enterromorpha compressa, Ulva lactuca, Phanérogames marines…etc.). Les
bivalves et les gastéropodes sont les principaux mollusques recensés.
Une zone intermédiaire ou zone de transition qui correspond à la station 4 à BM et
à la station 6 à PM, est soumise à une double influence : marine et continentale. Il
y’a alors un enrichissement relatif des eaux en nitrites et nitrates, la température
est souvent élevée, la matière organique est importante et le substrat est
strictement sablo-vaseux.
Une zone amont ou zone de confinement d’une longueur de 1,5 km environ à PM
(stations H7 et H8) et d’une longueur de 3 km à BM (stations H5, H6 et H7), se
caractérise par des températures allant de 18 à 29°C, des salinités comprises entre
14 et 24. Les teneurs en phosphates inorganiques sont relativement faibles alors
que celles des nitrites et des nitrates sont relativement élevées par rapport à la
zone avale. Cette zone se distingue par un substrat vaseux tapissé par de larges
bandes d’algues et de cyanobactéries. Les variations spatio-temporelles des
paramètres hydrologiques sont particulièrement très importantes d’une marée à
l’autre.
Les résultats de cette étude ont permis de mettre en évidence la complexité du
fonctionnement de cet écosystème paralique. Deux points essentiels ont été retenus :
l’importance de l’influence marine qui se manifeste dans cette lagune de
faible superficie (3 km²) et de faible profondeur (< 6m) grâce à un
renouvellement considérable en eau d’origine océanique ;
l’alimentation continue en eau douce en amont et en aval donne à la lagune
des caractéristiques environnementales particulières qui la rendent
favorables à l’aquaculture, d’autant plus que l’enrichissement de la zone
amont en matières azotées et l’hydrodynamisme marin actif constituent une
source trophique pour la zone aval.
Les paramètres physico - chimiques seront pris en considération surtout de façon implicite
lors de la spécification des paramètres d’entrée des divers modules de simulation utilisés au
volet 2. Par exemple, lors de la simulation du transport de boues, il y a lieu de spécifier si les
boues vont subir une floculation. La réponse réside dans la teneur des eaux en sel, c’est-à-
dire la salinité. Un examen des paramètres physico chimiques permet de savoir que la
salinité dans la lagune se maintient en dessus de 10 psu, une valeur au dessus de laquelle le
phénomène de floculation sera considérablement réduit. Un autre paramètre physico-
chimique étudié est la différence de température ou salinité entre la surface et le fond. Il est
clair que la colonne d’eau dans la lagune semble bien mélangée par les courants de marée.
Par conséquent, les simulations numériques pourront être réalisées à l’aide de modèle en
deux dimensions horizontales. En d’autres termes, les mesures physico-chimiques orientent
le choix des paramètres assignés aux modèles numériques.
La lagune d’Oualidia a fait l’objet de nombreux travaux portant sur les aspects
sédimentologiques. Les premiers travaux sont ceux réalisés par Carruesco 1989 dans le cadre
d’une étude de la genèse et de l’évolution de trois lagunes du littoral atlantique depuis
l’Holocène.
Selon Carruesco 1989 les sédiments superficiels au niveau de la lagune s’organisent selon
trois grands groupes de faciès (Figure 27):
- Faciès sableux carbonaté et bioclastique
- Faciès sablo-silteux et carbonate
- Faciès silto-argileux et argilo-silteux et carbonaté
-
Figure 26. Répartition des faciès granulométriques au niveau de la lagune d’Oualidia d'après
Carruesco (1989)
D’après Carruesco 1989, la sédimentation intra lagunaire actuelle est régie par la dynamique
marine (courants de marée). Cela se traduit par une sédimentation grossière dans les
chenaux avec 64% d’une fraction supérieure à 63µm et de fortes teneurs en carbonates
(61%). Il en est de même pour les sédiments du delta interne de marée. Cette
sédimentation grossière est opposée à celle du domaine intertidale caractérisée par un
pourcentage élevé (81%) en particules inférieures à 63µm et une fraction argileuse
importante (33%).
L’origine de ces sédiments lagunaires est à rechercher dans l’environnement aussi bien dans
le domaine littoral que dans le domaine continental. La similitude de faciès (calcarénites) des
formations du cordon littoral, du proche plateau et des dunes consolidées internes fait qu’il
est difficile d’apprécier la part de chaque formation à la sédimentation intralagunaire.
Les particules grossières (sable bioclastique) sont introduites essentiellement par les
courants de marée à travers les passes, mais aussi par de fortes tempêtes par-dessus la
barrière lagunaire (‘’washover’’). Les courants de marée redistribuent ce matériel dans le
système et un tri mécanique s’effectue. Cela se traduit par une concentration d’éléments
fins dans la zone favorable à la décantation, à savoir la zone intertidale.
Les caractéristiques de la phase argileuse et non argileuse sont très voisines de celles de
l’environnement proche, et confirment l’origine locale des sources en particules de la
sédimentation lagunaire.
L’eau de ruissellement, en période humide, et le vent, en période sèche, sont des vecteurs
non négligeables du transport de particules fines.
Ces dernières sont reprises par la dynamique marine propre au système et contribuent à la
sédimentation lagunaire.
SONDAGE C SONDAGE D
SONDAGE E
D'une manière générale, la lagune d’Oualidia peut être subdivisée en trois cellules
sédimentologiques bien distinctes :
• La cellule C1 est composée de dépôts superficiels correspondant à la classe des sables
grossiers. Les sédiments de la cellule C1 sont des sables grossiers propres et bien classés. Ils
correspondent aux apports marins transitant dans la lagune par les passes. En effet, sous
l'action de l'importante dérive littorale le long des côtes Marocaines, les sédiments sont
remaniés sous différentes formes (remise en suspension, charriage, saltation). Ainsi, les
sables grossiers transportés dans la lagune, sous l'action des courants de houle, ont subi un
tri granulométrique important.
• La cellule C2, correspond à la transition de faciès entre les sables grossiers et les particules
fines (argiles et limons). Dans ce secteur, l'action des courants de houle est nulle. Par
conséquent, seuls les courants de marée peuvent remobiliser les sédiments. Les vitesses
maximales de courants de l'ordre de 0,5 m/s, permettent la mise en mouvement des
sédiments sous 2 formes : en suspension et par charriage. Ainsi on comprend
l'hétérogénéité sédimentaire (sable fins et limons) de cette cellule. On constate que les
sables grossiers sont représentés en très faible pourcentage. Ce phénomène s'explique par
l'absence des courants de houle qui ne permettent plus la remise en suspension des sables
grossiers. Les courants de marée, au flot ne sont pas assez forts pour transporter les
sédiments.
• La cellule C3, située en amont de la lagune, démontre la forte proportion de particules
fines. Les courants de marrée étant plus faibles, les particules fines peuvent sédimenter. La
sédimentation peut être accentuée par les nombreux parcs qui tendent à modifier les
champs de courants et des l'écoulement. Les vitesses diminuent et les fines se déposent
contre les parcs.
Nous avons réalisé une compilation de l’ensemble des données sédimentologiques qui
existent sur le site. Les documents consultés seront des publications scientifiques, thèses,
mémoires, rapports, etc. Cette analyse a permis de préciser la dynamique sédimentaire de la
lagune d’Oualidia, de délimiter les différentes zones et cellules sédimentaires et donc de
délimiter les transitions de faciès.
Echantillonnage
Au total, 30 prélèvements ont été effectués sur l'ensemble de la lagune. Les prélèvements
ont été effectués au niveau du chenal et au niveau de la zone intertidale. Nous avosn
également étudié un sondage réalisé en juin 2011
L’échantillonnage a été effectué lors de la campagne Avril 2012. Les prélèvements ont été
réalisés au moyen de la benne Vann Veen. Sur les plages de la sablière et dans les zones
intertidales, le prélèvement est assuré à la main.
Analyses granulométriques
Chaque échantillon a été tamisé à 50 microns afin de laver le sédiment et séparer les
fractions fines des fractions grossières. Sur cette fraction sableuse, il a été réalisé une
granulométrie par tamisage (colonne de 15 tamis, norme AFNOR). On présente les
pourcentages pondéraux des principales classes granulométriques :
- fraction supérieure à 2 mm : graviers (et galets)
- entre 2 et 1 mm : sables grossiers
- entre 1 et 0,2 mm : sables fins
- entre 0,2 et 0,05 mm : sables fins
- inférieure à 0,05 mm : fraction fine ou pélitique. (Vases)
STATION X Y STATION X Y
STC1 159036,094 244317,785 STI1 159263,4349 244363,301
STC2 158863,848 244047,471 STI2 159065,2497 244044,809
STC4 159451,405 243955,76 STI3 159013,2467 243827,147
STC3 158942,117 243762,02 STI4 159371,2894 244019,381
STC5 159844,912 244448,233 STI5 159696,4629 244434,095
STC6 160365,661 244966,626 STI6 160299,6833 245037,316
STC7 160714,479 245509,074 STI7 160820,9391 245476,831
STC8 161508,48 245748,927 STI8 161440,1468 245814,904
STC9 161589,929 246252,69 STI9 161689,1869 246241,654
STC10 162213,023 246280,22 STI10 162147,0456 246345,079
STC11 162462,284 246733,035 STI11 162386,3921 246794,765
STC12 162771,688 246986,85 STI12 162918,9371 246951,352
STC13 163346,26 247258,522 STI13 163285,1673 247287,104
STC14 164151,136 247791,9 STI14 164209,5732 247779,184
STC15 164380,319 247904,853 STI15 164314,9939 247926,484
COLD-1
2. LES VASES
Le faciès des vases se trouve au niveau de deux secteurs. Au niveau des Chenaux avec des
taux allant de 40 à 90% et au niveau de la zone intertidale avec des taux qui avoisinent les
99%.
Quelques analyses micro granulométriques de cette vase montrent l’hétérogénéité du
matériel.
Au niveau de la zone amont de la lagune il s’agit de silts argileux. Les faciès sont de type
hyperbolique, à dominance silto-argileux, caractérise surtout les milieux calmes où les zones
protégées, les sédiments sont déposées par décantation de «suspensions uniformes».
L’étude des différentes carottes, réalisée au niveau du site, permet de mettre en évidence
deux grands types de faciès:
- Un faciès ‘’vaseux’’ dans les 40 derniers centimètres
- Un faciès ’’carbonaté’’ dans les parties basales
Ces faciès ont des caractéristiques sédimentologiques propres et présentent des similitudes
avec les sédiments actuels du système. La corrélation entre les faciès carottés et les
sédiments de surface est la suivante :
- Faciès ‘’vaseux’’ sédiments de la zone intertidale
- Faciès ‘’carbonaté’’ sédiments des chenaux
La succession des faciès ‘’vaseux’’ et ‘’carbonaté’’ est parfois interrompue par de rares
niveaux tourbeux, en position intermédiaire et/ou basale, dont l’existence dans la lagune
n’est pas connue à ce jour. Ces faciès n’ont probablement pu se former que dans des
conditions bien précises :
- Humidité plus élevée qu’à l’actuel (≈ 8500 ans B.P.)
- Continentalisation de la dépression interdunaire (marécages)
Il y a plus de 2000 à 4000 ans B.P., des conditions dynamiques plus énergétiques régnaient
dans la lagune : la remontée maximale du niveau marin à une altitude supérieure au zéro
actuel en était la principale cause. La régression qui a suivi, a permis le développement d’une
zone intertidale jusqu’à l’actuel.
Dans le cadre d’une étude des processus côtiers actuels et leur impact sur l’environnement
littoral des Doukkala (côte atlantique marocaine), Zourarah (2002) a adopté une approche
hydrodynamique, morphologique, sédimentologique et géochimique.
L'analyse des indices granulométriques de la fraction sableuse des sédiments superficiels de
la lagune d’Oualidia montre que la répartition de cette fraction, dépend essentiellement de
deux facteurs hydrodynamiques. En effet, la zone des passes et la sablière, qui constitue un
delta de marée interne, sont caractérisées par l'existence d'un sable de plage modérément
bien classé, et qui présente les mêmes caractéristiques que les sables de plages, de part et
d'autres de la lagune. Ces sables qui transitent le long de la côte, y pénètrent et ils y sont
répartis par les courants de marée. Ainsi, en allant de la sablière vers la zone aval de la
lagune, le classement diminue et une population de sable plus fin apparaît en de faibles taux
qui pourraient avoir une origine continentale et/ou éolienne.
Les washover observés dans deux zones de la lagune pourraient jouer un rôle important
dans la l'alimentation de la lagune en sables de plage. Au niveau de ces secteurs, les sables
sont généralement grossiers et mal classés.
L'étude microgranulométrique de la fraction fine a permis de retrouver un gradient
granulométrique amont-aval. En effet, la vase s'affine et évolue en allant de l'amont vers
l'extrémité NE de la lagune, en relation avec la diminution de la compétence des courants de
marée. Les zones de slikkes, en aval, constituent le milieu le plus calme avec des vases très
évoluées et riches en argiles.
La répartition des différents faciès sédimentaires dans la lagune, ainsi que l'étude
granulométrique et dynamique a permis de distinguer deux types de dépôts:
1- des sables qui occupent le delta de marée interne et le chenal. Ils peuvent être divisés en
deux groupes:
- Sables moyens bioclastiques qui forment le delta de marée interne. Ces sables peuvent
avoir comme origine le littoral adjacent et proche plateau Ils sont repris par la
dynamique intralagunaire et repartis à l'intérieur pour former la sablière;
- Sables fins qui occupent la bordure lagunaire et une partie de la zone amont. Ces sables
fins rappellent les sables des cordons dunaires. Le vent joue un rôle important dans
l'alimentation de la lagune en ce type de sables.
2- Une fraction fine, peu carbonatée, qui occupe la zone intertidale. II s'agit d'une vase dont
la médiane diminue, et les taux des silts fins augmentent depuis la zone des passes vers
l'amont, marquant ainsi un gradient énergétique granodécroissant du à la diminution de la
compétence des courants de marée. La répartition spatiale des différents faciès est régie
essentiellement par la dynamique marine.
% Sables Grossiers % Sables Moyens % sables fins % vase
100.00
90.00
80.00
70.00
60.00
50.00
40.00
30.00
20.00
10.00
0.00
ST P
STC13
STC3
STI1
STI2
STI3
STI4
STI5
STI6
STI7
STI9
STI10
STI11
STI12
STI13
STI14
STI15
STC1
STC2
STC4
STC5
STC6
STC7
STC8
STC9
STC10
STC11
STC12
STC14
STC15
STI8
Figure 31. Répartition texturale relative dans les sédiments des stations étudiées.
Terme A : vase noire. Il s'agit d'une vase noire dégageant une forte odeur. Ce faciès est
présent au sommet de toutes les carottes, sa couleur varie du noir au gris foncé, et son
épaisseur est comprise entre 40 cm et 50cm. Cela lui confère un âge aux environs de 1921 à
1937 (Zourarah et al 2007). Le taux des carbonates varient entre 20 % et 25%. Cette vase est
déposée par suspension uniforme à une suspension homogène et rappelle, ce fait, la vase de
la zone intertidale actuelle. Il s'agit d'un dépôt lagunaire. Carruesco et al. (1982) note la
présence dans ce niveau d'une association de faune type lagunaire.
Terme B : vase sableuse et sable vaseux: ce terme est signalé essentiellement au niveau des
carottes de la moitié amont de la lagune. Il s'agit d'un faciès de transition; la fraction
sableuse est modérément classée et la fraction vaseuse moyennement carbonatée. Cette
dernière est essentiellement de type parabolique avec un important taux de silts moyens. La
mise en place de ces dépôts s'est effectuée par une suspension et tractations sur le fond. Il
s'agit d'un milieu relativement agité où les facteurs hydrodynamiques sont plus importants
que ceux responsables de la mise en place du terme A. L'existence de ce terme dans la
moitié aval de la lagune laisse penser que le facteur essentiel, au niveau de ce secteur, est la
marée. La diminution de la compétence de celle ci, vers l'amont, explique l'absence ou la
rareté de ce faciès dans la moitié amont de la lagune.
Terme C: formé de sables moyens et fins. Ce sont des sables modérément classés et
bimodaux. Leur mise en place est faite par une saltation avec deux populations. Leur
présence est signalée dans la partie amont de la lagune. Ces sables indiquent un milieu
énergétique modéré et peuvent refléter un début de changement d'environnement, qui
passe d'un milieu ouvert (sables grossiers) à un milieu moins ouvert, qui peut être un milieu
de transition entre l'environnement marin et lagunaire.
Terme D : sable grossier coquillé. Il s'agit d'un faciès typiquement marin. C'est un sable
carbonaté modérément classé avec au moins deux populations de saltation. Ce sable reflète
une dynamique marine importante. Ces dépôts présentent une similitude avec les sables de
la sablière actuelle et ceux du chenal principal de la lagune. La présence de ce terme dans la
partie amont de la lagune montre qu'il s'agissait d'un milieu très ouvert.
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