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De vives tensions
Édouard III, en conflit avec les Écossais qui réclament leur indépendance, espère
l’appui de Philippe VI. Mais le roi de France soutient l’Écosse et laisse de surcroît
114
les marins normands attaquer les
navires anglais. En Guyenne, il
encourage la révolte des vassaux ROYAUME D’ANGLETERRE
Calais
d’Édouard III. Crécy (1346)
1346
En réaction, le roi d’Angleterre
multiplie les préparatifs pour la Paris
Brétigny 13
guerre. Il obtient des subsides du 60
Parlement et, surtout, trouve des Jean le Bon
alliés en Flandre et en Bretagne. Poitiers (1356)
56
13
débarque à Marseille
Disparue en Occident depuis le VIIIe siècle,
la peste réapparaît en 1347. L’Europe
et le royaume de France sont alors touchés
par une pandémie d’une ampleur inégalée
qui décime les populations.
❝
Le secours de Dieu
Désemparés, les gens se tournent vers la
Les gens mouraient sans
serviteur et étaient ensevelis sans
religion, considérant la maladie comme prêtre. Le père ne visitait pas son
un châtiment divin. On observe alors un fils, ni le fils son père : la charité
regain de piété afin d’obtenir le pardon de était morte, l’espérance abattue. »
Dieu. Certaines communautés cherchent ■ Guy de Chauliac,
des responsables et s’en prennent aux juifs, médecin du pape en Avignon, xive siècle.
aux lépreux ou aux mendiants.
Après le pic de 1347-1349, la peste noire continue de sévir jusqu’en 1352. L’épidé-
mie s’installe en Europe et revient périodiquement au Moyen Âge et à l’époque
moderne, mais de façon moins virulente (! p. 208).
Le roi prisonnier
L’armée française est bien équipée et jouit de la supériorité numérique. Elle fait
face à une armée anglaise épuisée par de nombreux combats et par une longue
route. Jean II offre au Prince noir la possibilité de se rendre mais celui-ci refuse. La
120 bataille s’engage et une fois encore, les archers et la discipline des soldats anglais
font la différence (! p. 116).
Jean II prend part à la bataille pour redonner du courage à ses troupes, soutenu par
son fils Philippe, âgé de 14 ans, qui gagne là son surnom de Hardi. Vaincus, ils sont
capturés avec de nombreux seigneurs, assurant aux Anglais des rançons considérables.
Le Prince noir
La création du franc (1330-1376)
En rentrant de captivité en 1360, Jean II crée ■ Surnommé ainsi après sa mort en
une nouvelle monnaie baptisée « franc », qui raison de la couleur de son armure,
doit mettre fin aux dévaluations qui permet- le Prince noir est le prince de Galles,
taient de financer la guerre et de relancer fils aîné d’Édouard III. Il effectue plu-
artificiellement l’économie. sieurs chevauchées ravageuses dans
Le nom choisi fait encore débat : il renvoie le sud-ouest de la France. Décédé un
peut-être à la libération du roi – franc signi- an avant son père, il ne sera jamais
fiant libre – ou à Francion, héros troyen, roi. Exposé dans la cathédrale
fondateur mythique du royaume auquel de Salisbury, son gisant le repré-
se réfère la monarchie. Le franc est en or sente en cheva- va-
24 carats, pèse 3,885 grammes et vaut une lier. Il arbore les
livre tournoi, l’unité de compte de l’époque. armes des cou-
La pièce représente sur l’avers le roi Jean II ronnes anglaise
chargeant à cheval. Elle est donc le sym- et française sur
bole du retour du roi et de la paix retrouvée. son armure. ■
Un instrument de communication
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Au cours de sa carrière, Bertrand du Guesclin est cap-
122 turé deux fois, obligeant Charles V à payer d’énormes Cœur de lion
rançons pour le libérer, signe de l’intérêt que celui- épris de hardiment,
ci lui accorde. En effet, si le bilan militaire de son La fleur des preux
connétable est assez mitigé, le roi utilise politique- et la gloire de France,
Victorieux et hardi
ment du Guesclin, présenté à la population comme
combattant,
un sauveur. De plus, en nommant connétable un Sage en vos faits
petit seigneur à la place d’un membre de la haute et bien entreprenant. »
noblesse, Charles V veut montrer qu’il agit en sou- ■ Eustache Deschamps,
verain sage, récompensant la compétence plutôt que La Mort de Du Guesclin, 1380.
la naissance.
123
Un meurtre prémédité
Le 23 novembre 1407, à la nuit tombée, Louis,
duc d’Orléans (! p. 113), quitte l’hôtel Barbette
dans le Marais à Paris, où réside la reine pour
retrouver Charles VI à l’hôtel Saint-Pol. Dehors,
quinze hommes sont postés en embuscade.
À leur tête, se trouve Raoul d’Anquetonville
qui a été engagé par Jean sans Peur, duc de
Bourgogne. Ce dernier, de plus en plus exclu
des affaires du royaume et privé des subsides
royaux, prépare l’assassinat de son cousin de-
124 puis juin 1407, recrutant des hommes de main
et guettant le moment favorable.
Le meurtre de Louis d’Orléans Alors qu’il remonte la rue Vieille-du-Temple, le
Abrégé de la chronique d’Enguerrand de duc d’Orléans est attaqué. Lardé de plusieurs
Monstrelet, enluminure, xve siècle (BNF, coups d’épée, il s’effondre tandis que ses servi-
Paris).
teurs s’enfuient.
La cour de Bourgogne
À partir de la fin du xive siècle,
les ducs de Bourgogne
deviennent extrêmement
puissants : leurs vastes ter-
ritoires, entre la France et
l’Empire germanique, leur
procurent des revenus impor-
tants. Entretenant une cour
fastueuse, d’abord à Dijon
puis en Flandre, ils font tra-
vailler des artistes venus de
toute l’Europe, organisent
des fêtes somptueuses et
bâtissent de magnifiques
demeures.
Vasco da Lucerna présente son
Histoire d’Alexandre à Charles
le Chauve, enluminure de Liedet
Loyset, 1470 (BNF, Paris).
La bataille d’Azincourt
Cette représentation peu réaliste montre les deux
armées, à gauche les Anglais et à droite les Fran-
çais. Au fond, le château d’Azincourt domine la
plaine.
Chroniques de Saint-Alban, xve siècle (Lambeth Palace
Une situation chaotique Library, Londres).
dans le royaume
Après Azincourt, le parti armagnac qui a fourni l’essentiel des
troupes est fortement affaibli et l’armée royale désorganisée.
En 1417, Henri V entreprend la reconquête de la Normandie.
Le dauphin Charles, futur Charles VII (! p. 113), se rapproche
des Armagnacs et participe à l’assassinat du duc de Bour-
gogne, Jean sans Peur en 1419 (! p. 124). Le nouveau duc,
Philippe le Bon, s’allie alors avec les Anglais.
En position de force, Henri V signe l’année suivante avec
Charles VI le traité de Troyes qui déshérite le dauphin Charles et
reconnaît le roi anglais comme héritier du royaume de France.
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le Téméraire
meurt devant Nancy
Le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire,
est un seigneur riche et puissant qui se
pose en rival du roi de France, Louis XI.
En 1475, il conquiert la Lorraine, mais
celle-ci se soulève, soutenue par le roi.
La mort de Charles permet d’intégrer
au royaume de France une grande partie
des territoires bourguignons.
Le siège de Nancy
Le duc de Bourgogne entreprend la conquête de la Lorraine mais il est battu à deux
reprises par les Suisses, alliés de René II et soutenus par Louis XI. En octobre 1476,
il met le siège devant Nancy avec 4 000 hommes. Malgré les assauts répétés de
Charles, la ville résiste en attendant l’armée de secours conduite par le duc de
Lorraine. Celle-ci arrive au début de l’année 1477, forte de près de 20 000 soldats.
L’ultime bataille
Le 5 janvier, après un dernier assaut infructueux contre Nancy, Charles dispose son
armée, fatiguée et campant sur une terre enneigée, face à celle de René. Il compte
sur ses canons pour anéantir ses adversaires, mais il est rapidement débordé par
les soldats lorrains largement supérieurs en nombre. Son armée est mise en dé-
route et son cadavre est découvert quelques jours plus tard, nu et défiguré, dans
la boue glacée.
Charles VIII et
Anne de Bretagne
Gravure sur panneau de
bois, xve siècle (château
de Langeais).
137
Tombeaux de
Louis XII et d’Anne
de Bretagne
Au sommet du monument
en marbre de Carrare, le
couple royal est figuré age-
nouillé en train de prier. Un
petit temple entouré des
douze apôtres et des quatre
vertus cardinales renferme
les corps des deux souve-
rains représentés figés
dans la mort, une cicatrice
sur l’abdomen due à l’opé-
ration d’éviscération qui
suit la mort des rois.
Antoine et Jean Juste, marbre
de Carrare, 1516-1531
(basilique Saint-Denis).