(Sixtine) Après le succès de L’Assommoir publié en 1877, Emile
Zola écrit un autre roman nommé Germinal qui est axé sur la lutte sociale des mineurs. Le roman se déroule au cœur de la révolution industrielle de la seconde moitié du 19ème siècle français. Les crises économiques qui ont affecté la France dans les années 1870 ne font qu’aggraver une situation déjà précaire. Des grèves éclatent en pays minier au Nord de la France. Dans ce roman, Emile Zola raconte la vie quotidienne des mineurs.
(Aria) Dans le passage que nous allons analyser, une deuxième
apparition du Voreux nous est présentée. Étienne a fait la connaissance de la famille Maheu et a découvert pour la première fois la mine du Voreux. Il sort de chez le cabaretier Rasseneur, qui lui a proposé une chambre à louer. Dehors, il observe le paysage, décrit avec précision par E. Zola, qui avait l’habitude d’aller lui-même sur les lieux qui serviront de cadre à ses romans. L’auteur va plonger le lecteur dans la vie des mineurs, les conditions inhumaines et leur rythme de travail épuisant.
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(Sixtine) A cet égard, nous allons mettre en avant la décision
d’Etienne de se battre contre cette injustice aux côtés des mineurs. Nous parlerons dans un premier temps du paysage qui reflète la vie d'ouvrier, et dans un second temps, du regard d’Etienne sur la mine. (Aria) Il s'agit ici de la plaine du nord de la France, ce plat pays qui se prolonge en Belgique, au-delà de la frontière. On note une séparation du monde industriel, ici représenté par les chemins de fer, et du monde minier représenté par les fosses et le coron, montre qu’il est impossible pour les mineurs, étant donné leur statut, de franchir ce fossé social. Dans cette plaine, des champs de betteraves, un légume qui pousse sous terre, sont à perte de vue et rappellent le caractère souterrain de la mine. Puis, des marais, des prairies, une forêt d’arbres dépouillés, un canal. Pas de cultures, c’est l’hiver, « une plaine rase », « un ciel livide ». Dans cette nature désolée et plane, la seule verticalité est celle des constructions de la mine : des bâtiments, un beffroi, des cheminées, de hauts chevalets, un terri pour toute montagne. C'est-à-dire une colline artificielle construite par accumulation de résidus miniers. Et tout le paysage est imprégné par la présence de la mine : la poussière et la fumée épaisse le recouvrent, les rails ne desservent que la mine, les péniches sur la rivière ne servent qu’à transporter le charbon. Par la suite, “le noir du Voreux” rappelle l’obscurité présente dans la mine et son côté menaçant. (Sixtine) Étienne découvre ce paysage et éprouve une sensation de malaise. Sa récente expérience de la vie des mineurs lui a fait comprendre combien leur sort est difficile et injuste, combien leur vie est harassante. C’est vraiment du point de vue d’Etienne que la mine nous est décrite. Et dans son regard, elle devient un être maléfique. Ainsi, le Voreux est personnifié, il a « l’air mauvais » et le terri brûle d’un « feu intérieur ». Ce feu est décrit comme quelque chose de surnaturel, effrayant, justement parce qu’il reste invisible. La pompe a « l’haleine d’un ogre que rien ne pouvait repaître ». Ici, pour Etienne, la mine est semblable à un ogre, une créature affamée, comme les ogres des contes de fées qui dévoraient les petits enfants, mais ici, on est pas dans le merveilleux, mais dans le naturalisme. Ainsi, le fait de comparer la mine a un ogre montre la difficulté et l’injustice du milieu ouvrier, car les mineurs sont soumis à des conditions de travail inhumaines. En effet, comme le nom de la mine l’indique, elle dévore les ouvriers. On dit également du Voreux qu’il est « un dieu accroupi et repu auquel dix-mille affamés donnaient leur chair » En comparant la mine à un "dieu" terrible, Zola montre, encore une fois, les risques encourus par les mineurs dans le cadre de leur travail. Ce qui accroît encore la vision négative d’Etienne sur le Voreux.
(Aria) En conclusion, le paysage reflète l’incapacité des mineurs à
se distancer de leur milieu social. Le regard que porte Etienne sur la mine, le rend hésitant. Mais, porté par un élan de solidarité, il se décide: pour Catherine, pour tous les mineurs, avec eux, il se battra, au prix de sa souffrance. Il affrontera le monstre qui les exploite et les affame.