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Manuel

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pour l'Afrique

Coordonnateur: Éric Pichard

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Comité de rédaction: Jean Beytout ·_,,:{?;;::U

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Jean Delmont
Bruno Marchou
Éric Pichard OOLPCVO u"

Cet ouvrage a été réalisé avec le soutien d'Impact malaria.


Impact malaria est un programme qui concrétise l'engagement
de Sanofi-Synthélabo dans la lutte contre le paludisme.

Impact malaria
senen-svntnerceo s'engage
Le Comité de rédaction remercie particulièrement Madame Catherine Cahn
et Madame Chantal Vezin pour leur aimable et efficace collaboration
à la rédaction du « Malintrop Afrique»

Éditions John Libbey Eurotext


127, avenue de la République, 92120 Montrouge, France
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© 2002, John Libbey Eurotext, Paris

ISBN 2-7420-0372-X

11est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de I'éditeur
ou du Centre Français d'Exploitation du Droit de Copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.
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Liste des auteurs

Auteurs membres de l'Association des Professeurs


de Pathologie Infectieuse et Tropicale (APPIT)
(Collège des Enseignants de Pathologie Infectieuse et Tropicale)
BEYTOUT 1. Maladies Infectieuses et Tropicales, CHRU Hôtel-Dieu, 63000 Clermont-Ferrand,
France; e-mail: jbeytout@chu-clermontferrand.fr
BOUVET E. Service des Maladies Infectieuses et Tropicales A, Groupe Hospitalier Bichat-Claude
Bernard, 46, rue Henri-Huchard, 75877 Paris Cedex 18, France ;
e-mail: elisabeth.bouvet@bch.ap-hop-paris.fr
BRICAIRE F. Département des Maladies Infectieuses, Parasitaires Tropicales et Santé Publique,
Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière, 47-83, boulevard de l'Hôpital, 75651 Paris Cedex 13,
France; e-mail: francois.bricaire@psl.ap-hop-paris.fr
BROUQUI P. Service des Maladies Infectieuses et Tropicales, Hôpital Nord, chemin des Bourrely,
13915 Marseille Cedex 20, France; e-mail: pbrouqui@mail-ap-hm.fr
CAUMES E. Service des Maladies Infectieuses et Tropicales, Groupe Hospitalier Pitié-
Salpêtrière, 47-83, boulevard de l'Hôpital, 75651 Paris Cedex 13, France;
e-mail: eric.caumes@psl.ap-hop-paris.fr
CHRISTMANN D. Service des Maladies Infectieuses et Tropicales, Hôpitaux Universitaires,
67091 Strasbourg Cedex, France; e-mail: daniel.christmann@chru-strasbourg.fr
COULAUD 1.P. Institut de Médecine et d'Épidémiologie Africaines, (Fondation Léon Mba),
Groupe Hospitalier Bichat-Claude Bernard, 16, rue Henri-Huchard, BP 416, 75877 Paris Cedex
18, France; e-mail: jp.coulaudtêbichat.inserm.fr
DEBORD T. Service des Maladies Infectieuses et Tropicales, Hôpital d'Instruction des Armées
Bégin, 69, avenue de Paris, 94163 Saint-Mandé Cedex, France ;
e-mail: hiagegin.mit@worldonline.fr

III
Manuel de maladies infectieuses pour l'Afrique
alnTro
4% 1%

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D Virus

Campylobacters

Shigelles

Salmonelles

10%
D EPEC

Figure 1.
Répartition
0 ETEC

-
cks étiologies 0 Lamblia
cks diarrhùs
chez les Amibes
enfants.

--
3% 1%

D Salmonelles

Staphylocoques

Clostridium perfringens

Shigelles

8%
0 Yersinia enterocolitica

Figure 2. D Campylobacter jejuni

Répartition
D Bacillus cereus

-
cks étiologies
cks diarrhées E:ZJ Echovirus
chez les
Autres et parasites
adultes.

188
Manuel de maladics infecticuses pnur l'Afriquc

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Figure 1. Répartition géographique de la drépanocytose en Afrique.

342
Manuel de maladies infectieuses pour l'Afrique

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SÉNÉGAL
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OCÉAN
OCËAN ATLANTIQUE lNDIEN

D Fréquent

D Rare

D Exceptionnel
ou non connu

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Figure l Répartition géographique de la peste


en Afrique.
Manuel de maladies infectieuses pour l'Afrique

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SAHARA
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NIGER TCHAD

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OCÉAN
OCÉAN ATLANTIQUE INDIEN

NAMIBŒ

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AFRIQUE \.-'

Figure 1. Répartition du charbon animal DU SUD

en Afrique (1999).

424
Rickettsioses 1

Tableau 1. Rickett'iioses du groupe boutonneux transmises en Afriqoe tropicale


par les tiques et leurs vecteurs.

Continent Rickettsie Principal(aux) vecteur(s)


Afrique Rickelfsia conorii Rhipicep/w/us sanguineus
Rickelfsio africae Amblyomma hebraeum
Amblvomma variegalum

Fièvre boutonneuse
'-'::-
méditerranéenne
Particularités épidémiologiques
Cette rickettiose, due à Rickellsia conorii,
est transmise par des tiques de chien
Rhipicephalus sanguineus qui vivent dans
J'entourage immédiat des hommes et de
leurs chiens, ce qui explique que la mala-
die soit autant urbaine que rurale. Bien
que cette tique soit assez peu anthropo-
phile et que son hôte préférentiel soit le
Figure J. Répartition géo-
graphique de la fièvre bou-
chien, elle peut tout de même piquer
tonneuse méditerranéenne l' homme. La maladie est endémique sur
due à Rickettsia conorii tout le pourtour méditerranéen et a égaIe-
(isolats ou détection de ment été rapportée dans certains pays
patients ou de tiques).
d'Afrique subsaharienne (figure 1).

Clinique
L'incubation est en moyenne de 6 jours. Le début est brutal avec typiquement une fièvre supérieure
à 39 oC, une sensation de malaise, des frissons, des céphalées, des arthromyalgies. Une escarre
d'inoculation unique au site de piqûre est retrouvée dans 75 % des cas. Après 3 à 4 jours, une érup-
tion apparaît (dans 97 % des cas) et se généralise en un à 3 jours, y compris au niveau des paumes
et plantes. Le plus souvent papuleuse ou maculo-papuleuse, eUe est purpurique dans la % des cas.
Dans les formes modérées, la guérison est spontanée en 2 à 3 semaines. Les formes sévères (6 %
des cas, notamment chez les sujets âgés) comportent des complications cardiaques, neurologiques,
rénales et cardiovasculaires. La mortalité peut atteindre 2, 5 % des cas.
Manuel de maladies infectieuses pour [' Afrique

Fièvre à tique africaine


Particularités épidémiologiques
La fièvr à tique africaine, due à
Rickerrsia africae, est transmise en
milieu rural par des tiques de bétail du
genre Amblyomma. R. ct/ricae a été
décrite dans de nombreux pays
d'Afrique subsaharienne (où elle suit
vraisemblablement la distribution des
Amblyomma) ainsi que dans les
Antilles (où des tiques Amblyomma ont
été introduites avec des zébus importés
du Sénégal au XIX e siècle) (figure 2). Figure 2. Répartition géographique de la fièvre à tique
Les Amblyomma (en général fortement africaine due à Riàettsia africae (isolats ou détection
parasitées par Rickellsia africae) sont de patients ou de tiques). En médaillon, la répartition
les agents de la très grande majorité des en AfTique des tiques Amb!yomma.
piqûres de tique chez l'homme en
Afrique subsaharienne. La séroprévalence en Afrique est très élevée (jusqu'à 80 %), même si du
fait de son caractère bénin et du manque de moyens diagnostiques, elle est peu diagnostiquée. Elle
a en fait été décrite chez des voyageurs sous forme d'épidémies (74 % des cas) chez des randon-
neurs ou des chasseurs en brousse correspondant aux habitudes des Amblyomma qui attaquent en
nombre les animaux ou l'homme.

Clinique
Une piqûre ou un contact avec des tiques est rapporté dans 44 % des cas et l'incubation est d'en-
viron 6 jours. La fièvre est présente dans 88 % des cas. Dans 55 % des cas, les patients présentent
des escarres d'inoculations noirâtres multiples témoignant des piqûres de nombreuses
Amblyomma. Les escarres sont essentiellement localisées aux membres inférieurs (62 %) et des
adénopathies régionales sont notées dans 43 % des cas. L'éruption, pourtant caractéristique des
rickettsioses, n'est présente que dans 49 % des cas et peut être vésiculeuse (50 %). Aucune forme
sévère ni aucun décès n'ont été décrits.

Autres rickettsioses à tiques


Les manifestations cliniques, comme le pronostic, varient selon la rickettsie en cause (tableau II).

44(
Manuel de maladies infectieuses pour l'Af(ique

Une éruption maculo-papu-


leuse apparaît ensuite dans
20 à 60 % des cas. La face,
la paume des mains et la
plante des pieds sont, en
règle, épargnées. Une ané-
mie est possible. Les com-
plications neurologiques ou
cardiaques font la gravité
de la maladie. La mortalité
atteint 30 % chez des
patients sans traitement.
Figure 3. Foyers de typhus épidémique dû à Rickettsia prowazekii.
Sous antibiothérapie spéci-
tique, l'apyrexie est obtenue
en 48 heures.
La maJadie de Brill-Zinsser, la résurgence du typhus qui peut survenir de nombreuses années plus
tard, est à peu près identique à la primo-infection. Elle en diffère par une sévérité moins grande et
sa létalité naturelle est de l'ordre de 1,5 %.

Typhus murin
Épidémiologie
Le typhus murin ou typhus endémique est dû à une rickettsie du groupe typhus, Rickellsia typhi.
Les rats sont le réservoir et leurs puces Xenopsylla cheopis transmettent la maladie à l'homme par
leurs déjections, inhalées ou pénétrant la peau par des lésions de grattage, ou par piqûre.
Cependant, moins de la moitié des patients rapportent un contact avec des puces ou des rats. La
répartition du typhus murin est mondiale. Elle semble particulièrement présente dans les zones
portuaires où les rats prolifèrent (figure 4).

Signes cliniques
L'incubation varie de une à 2 semaines. La maladie est peu sévère et les signes peu spécifiques:
fièvre et céphalées sont fréquentes mais l'éruption, souvent transitoire, est absente dans la moitié
des cas. Sans traitement, la fièvre disparaît en 7 à 15 jours et en 48 heures sous antibiotique.

442
Rickettsioses 1

Figure 4. Aire de dis·


tribution du typhus
murin dû à
Rickettsia typhi (les
zones côtières des
pays concernés sont
particulièrement
tauchées).

Diagnostic des rickettsioses


Une thrombocytopénie et une leucopénie (mais aussi parfois une leucocytose) sont courantes tan-
dis que les enzymes hépatiques sont fréquemment élevées.
Le diagnostic spécifique est souvent basé sur la sérologie (présence d'IgM et/ou élévation du titre
d'IgG entre deux prélèvements espacés d'au moins 2 semaines). La technique sérologique de réfé-
rence est l'immunofluorescence qui ne permet cependant pas toujours de différencier les espèces de
rickellsies notamment à l'intérieur du groupe boutonneux. Dans les laboratoires spécialisés, le
Western blot pemlet un diagnostic plus précoce (environ 5 jours) et peut permellre de préciser l'es-
pèce de rickettsie particulièrement si l'on associe des techniques d'adsorption croisée.
L'immunodétection dans le sang ou les tissus, l'isolement en culture cellulaire en laboratoire spécia-
lisé et l'identification par biologie moléculaire sont réalisables dans les laboratoires de référence. La
biopsie cutanée de la tache noire constitue le meilleur prélèvement. Les vecteurs sont à recueillir et
adresser, même morts, à un laboratoire référent; ils peuvent être un outil diagnostique en employant
la biologie moléculaire.

Traitement des rickettsioses


Un traitement empirique est débuté en général avant la confirmation du diagnostic. La référence
thérapeutique est la doxycycline 200 mg/jour en dose unique (ou pendant 2 à 7 jours selon la sévé-
rité de la maladie dans les rickellsioses à tiques). La josamycine (3 g/jour chez l'adulte ou
50 mg/kgijour chez l'enfant pendant 8 jours) peut être utilisée en cas de contre-indication (femme
Manuel de maladies infectieuses pour l'Afrique

Figure 1. A. Carte de la répartition de la fièvre Q en Afrique (noir : séroprévalence de 1 à


37 % ; gris: cas isolés). B. Répartition du bétail en Afrique (blanc: < 50 têres de bétail pour
100 habitants; gris ClaiT: 50-99; gris foncé : 100-199; noir: > 200).

L'hépatite (40 %) ainsi que la pneumopathie (17 %) peuvent être isolées. La fièvre nue est rare
(8 %). D'autres atteintes sont moins fréquentes: péricardite, myocardite, méningite et encéphalite.
Les formes asymptomatiques sont les plus fréquentes.

Signes biologiques
La VS est normale ou accélérée. Une thrombopénie modérée (100-150 giga/I) est retrouvée dans
25 % des cas. Les leucocytes sont le plus souvent normaux (85 %) mais une hyperleucocytose ou
une leuconeutropénie peuvent être observées. Les transaminases hépatiques sont élevées dans
40 % des cas. Parfois, la présence d'anticoagulants circulants, d'anticorps antimuscle lisse et d'an-
timitochondries est retrouvée.
Manuel de maladies infectieuses l'our ['Afrique

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OCÉAN
OCËAN ATLANTIQUE INDIEN

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DU SUD

Figure 1. Zone d'endémicité a~rile (d'après l'OMS, 1996).

502
Fièvres hémorragiques virales 1 al a.......

• Virus Ebola • Virus Lassa

FiguTe 1. RépaTtition géographique des fièvres hémoTragiques ViTaleS.

sévères (hépatites nécrosantes. encéphalites. insuffisance rénale, etc.) et d'un syndrome hémorra-
gique, qui est inconstant, souvent différé et toujours de mauvais pronostic. Ces infections sont en
effet à l'origine d'anomalies de l'hémostase et de lésions vasculaires diffuses car les virus impli-
qués ont un tropisme pour les cellules endothéliales des petits vaisseaux, à l'origine de troubles de
la perméabilité des capillaires.

Prise en charge des fièvres hémorragiques virales (tableau Il)


Généralités
Du fait de leur mode de transmission, les FHV surviennent par bouffées épidémiques imprévi-
sibles. Les manifestations peuvent apparaître dans un délai maximal de 3 semaines après un séjour
en zone d'endémie et l'anamnèse doit rechercher tous les contacts du patient avec des vecteurs
et/ou avec des personnes malades.

513
Manuel de maladies infectieuses pour l'Afrique

Ëquareur

OCÊAN ATL""'TIQUG

D Fascioloses à Fasciola hépalica

Q Fascioloses à Fasciola gigantica

Distomaloses intestinales:

Figure 1. Répartition géographique


des distomatoses africaines.

566
Les maladies infectieuses représentent la
plus grande part de la pathologie en
Afrique, Tous les personnels de sa nté y sont
confrontés, Ce manuel pratique est un outil
utilisab le sur le terrain pour les prises de
décisions aux différents niveau x de la
pyramide sanitaire, L'utili sation d'arbres
décisionnels et de schémas thérapeutiques
standa rdisés faisant appel prioritairement
aux techniques de laboratoires et aux
médicaments essentiels s'inscrit dans les
politiques recomma ndées par les
programmes nationaux de lutte contre les
maladies transmissibl es , Le champ des
infections abordées est volontairement
limité aux maladies communautaires et
curables les plus fréquentes,
1111 11111111 111111111111111111
9 782742 003723

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