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André COIN,
Conseil en Ossatures des Bâtiments
Plan
• Introduction
• Les principaux textes
• Calcul des ouvrages avant exécution
- les principales actions
- les!états limites à envisager
- les matériaux
• Examen d'un ouvrage construit
- normalisation des risques
- exarrien contractuel
- conformité « réglementaire»
- essais de réception
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Les principaux textes texte, en renvoyant tous les autres textes à ce texte premier
pour ce sujet. Or, dans cet exemple de température, la
L' évolution actuelle vers le remplacement des textes natio- façon de la prendre en compte dans une tour hertzienne, où
naux par des textes européens, ou Eurocodes, en cours c'est une action fondamentale dans les calculs des défor-
d'établissement et/ou d'approbation n'incite pas à citer ses mations, n'a rien à voir avec la façon de la prendre en
sources et même rend incertaine toute référence à un article compte dans un bâtiment courant, où elle est le plus sou-
précis qui risque dans un avenir plus ou moins proche de vent négligée compte tenu de dispositions constructives
devenir caduc en étant soit repris soit modifié soit oublié appropriées. On pourrait dire de même pratiquement pour
dans ces futurs textes européens. On peut cependant penser tous les sujets (fluage, retrait, eau, vent, ... ).
que l' esprit des textes nationaux et leurs fondements
subsistera même si les Eurocodes s'en écartent car on n'a
pas d'exemple en France d'une réglementation technique CALCUL DES OUVRAGES
qui aurait perduré dès lors qu'elle s'écartait trop notable-
ment des usages. AVANT EXÉCUTION
D'un autre côté, il semble absurde d'attendre l'aboutisse-
ment des textes européens pour écrire en toute certitude. Les principales actions
C'est pourquoi, et aussi parce que ce n'est pas l'objectif du
présent article, je ne ponctuerai pas mon texte de réfé- Bien, que l' on se réfère à une définition semi-probabiliste,
rences précises pas plus que je ne donnerai l' état et la en parlant de la valeur caractéristique de toute action, celle-
nature des textes utilisés et parfois cités (règlements, textes ci présente pratiquement toujours un caractère nominal
contractuels, textes professionnels, textes en vigueur, en donc déterministe. En effet, cette valeur est donnée par les
projet, en recouvrement avec d'autres, ...). textes en vigueur ou dans les documents techniques des
Les principaux textes traitant de la conception, du calcul et fournisseurs (cas des dalles alvéolées, de certaines cloi-
de l' exécution des ouvrages de bâtiments peuvent être clas- sons, ... ) ou, à défaut, dans les DPM (documents particu-
sés en catégories distinctes, avec une liste des textes cités à liers du marché) et parfois sur les plans d'exécution
titre d'exemple et qui est loin d'être exhaustive: (épaisseur de terre par exemple).
o Textes traitant plus spécialement de la définition et de la
- Actions permanentes : Pour le poids propre on part du
nature des actions et des bases de la conception des cal- coffrage prévu sur les plans et du poids spécifique du maté-
culs : les Directives communes de 1979, puis à venir riau et donc les incertitudes sur la réalisation du coffrage,
l'Eurocode EN 1990. et sur le poids spécifique, sont prises par ailleurs (voir plus
o Textes traitant plus spécialement des actions : la norme loin). Pour les autres charges rapportées peu importantes
NF P 06-001 (charges d'exploitation), les actions clima- (cloisons légères, petits équipements, ... ) on se ramène le
tiques, sismiques et du feu, les normes sur les actions plus souvent à une charge répartie associée, ce qui permet-
accidentelles et les actions vibratoires, puis à venir tra ultérieurement les modifications d' aménagements. Les
l'Eurocode ECI. charges rapportées plus importantes sont censées être posi-
o Textes traitant plus spécialement de la conception, des tionnées à demeure comme prévu sur les plans de maîtrise
calculs et des dispositions constructives des ouvrages d'œuvre (cloisons lourdes par exemple), sauf à ce que les
courants : le BAEL et le DTD 23-1, puis à venir, DPM définissent d'autres règles spécifiques d'évolution
l'Eurocode EC2. d'aménagement (cas fréquent des centres commerciaux).
o Textes traitant de la conception, des calculs et des dispo- - Déformations imposées : On peut citer les effets du
sitions constructives d'ouvrages spéciaux: le DTD 14-1 retrait, de la température avec comme déformation impo-
pour les cuvelages. sée des variations linéaires et/ou des gradients (avec par-
o Textes traitant d' actions particulières : les règles PS92 fois également des auto-contraintes). Ainsi une poutre sur
puis à venir l'Eurocode EC8, le DTD feu puis à venir deux appuis bloquée en dilatation à ses extrémités va déve-
l'Eurocode feu. lopper en son sein un effort normal de compression si on la
o Textes traitant plus spécialement des matériaux : les chauffe uniformément alors qu'elle se contenterait de s'al-
normes sur les aciers, le béton prêt à l' emploi. longer sans effort normal si on la laissait libre de se dilater.
o Texte traitant plus spécialement de l' exécution des De même, une poutre sur deux appuis bloquée en rotation
ouvrages : le DTD 21 et le fascicule 65 puis à venir la à ses extrémités va développer en son sein un moment de
norme européenne concernant l' exécution. flexion si on la chauffe sur une face en la refroidissant sur
Actuellement, la grande majorité des textes nationaux sont l'autre alors qu'elle se contenterait de s'incurver sans
autoportants (un seul texte traite de tout ce qui concerne un moment de flexion si on laissait ses extrémités libre de
ouvrage) mais ce ne devrait plus être le cas des Eurocodes tourner. On constate ainsi que c'est la gêne à l'allongement
(il faudra donc consulter plusieurs Eurocodes pour calculer et/ou à la rotation qui conduit à des efforts internes et donc,
un ouvrage). que la fissuration inéluctable du béton armé (car il n'y a
On ne peut que le regretter d'autant plus que ce choix, qui pas de fonctionnement de béton armé sans fissuration) va
peut présenter des avantages d'harmonisation par ailleurs, dans le sens d'une diminution voire d'une disparition des
est en partie basé sur l' idée fausse bien française qu' on efforts internes. La conclusion est qu'une bonne concep-
peut traiter une bonne fois pour toutes d'un sujet de façon tion est de favoriser ces fissurations en les localisant dans
exhaustive, par exemple l' action de la température, dans un des emplacements acceptables par des dispositions
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- EQU : Etat limite d'équilibre statique: Il faut envisager pose pour ces choix de ratios sanctionnés par l' expérience
les cas où l'on place les actions variables majorées (par le (par exemple: ratios hauteur sur portée selon les charges et
coefficient 1,5) uniquement là où elles augmentent le la continuité).
risque de perte d'équilibre et où l'on admet que les actions Le calcul de la flèche totale d'un ouvrage, dont une partie
permanentes sont multipliées par le coefficient 1,1 là où peut être compensée par une contre-flèche, n'est pas habi-
elles augmentent le risque de perte d'équilibre et par le tuellement requis.
coefficient 0,9 là où elles le réduisent (dans l'état ELU on
prend le même coefficient, soit 1 soit 1,35, pour toutes les Les matériaux
actions permanentes d'une même nature quel que soit leur
emplacement). - Acier: les aciers sont des produits normalisés bien cer-
En fait, les vérifications EQU n' ont de sens que si les sol- nés et suivis. On peut signaler l'émergence de demande
licitations internes associées restent à l'intérieur du d' aciers ductiles (fort allongement de rupture garanti) dans
domaine des sollicitations internes associées aux états le cas d'action sismique.
ELU, car dans le cas contraire il est absurde de justifier de - Béton: Il est aisé d' écrire sur les plans la qualité requise
l'équilibre d'un ouvrage qui ne tient pas. Or, cette condi- pour le béton des ouvrages de ces plans, sous forme de sa
tion n'est, la plupart du temps, pas réalisée dans les contrainte caractéristique à 28 jours. Mais cela repousse les
ouvrages courants de bâtiment. Il en va ainsi pour les éventuels problèmes au contrôle du béton in situ et au pas-
poutres-consoles par défaut de longueur des chapeaux. sage des valeurs mesurées à la résistance caractéristique
C' est aussi le cas des justifications de non-basculement des associée (essais préalables, contrôle en cours de travaux,
murs de soutènement autour de leur arête extrême car on méthodes d'investigation pour le béton in situ, corrélation
passe avant basculement par un dépassement de avec les essais classiques d'écrasement de cylindres,
contraintes. Il est donc surprenant que les textes européens nombre et type de points de mesure et/ou d'éprouvettes,
en préparation ne précisent pas cette condition qui fait qu'il valeur moyenne et valeur minimale et écart type des résul-
n'est pas nécessaire de vérifier l'équilibre EQU. tats, pour arriver in fine à la résistance caractéristique in
Il faut noter également que les conditions de non-soulève- situ). C'est un vaste sujet qui est habituellement tranché
ment des bâtiments sous l'action d'une nappe d'eau envi- affaire par affaire.
ronnante sont moins sévères (coefficient de 1,05), soit une
nouvelle discordance par rapport à d'autres textes.
- ELS : Ces états limites sous charges de service (YG et YQ EXAMEN D'UN OUVRAGE CONSTRUIT
sont égaux à 1) sont là pour s'assurer d'une part, de défor-
mations et déplacements acceptables et d'autre part, du Il faut d'abord noter qu'on ne peut plus raisonner comme
respect du niveau de fissuration requis (en particulier pour avant puisque la construction a figé tous les paramètres,
la durabilité compte tenu de l' ambiance climatique et/ou sauf les aléas concernant les charges restant à appliquer et
pour des objectifs d'étanchéité). ceux concernant la façon dont l' ouvrage sera utilisé.
Les ouvrages courants du bâtiment ne sont pas habituelle-
ment à justifier en fissuration sous réserve du respect de Normalisation des risques
dispositions constructives (enrobages selon l'ambiance eli-
matique, ... ) et les autres ouvrages font l'objet de règles Il s' agit ici de statuer sur le fait que l' ouvrage n' est pas
spécifiques dans les textes qui les concernent. impropre à sa destination, c'est-à-dire qu'il sera apte à
Les limites de déformation concernent : remplir sa fonction (porter les charges d' exploitation, ... )
• Des limites à respecter pour la validité de méthodes de durant un temps habituellement non défini qui correspond
calculs simplifiées. Par exemple, il y a la règle du 1/500e à la durée de vie probable de cet ouvrage.
de la portée pour négliger l'effet des tassements d'appuis Si l'on imagine qu'il puisse exister des méthodes d'inves-
pour les structures et pour les éléments fragiles rapportés. tigation non destructrices permettant de tout connaître par-
Il faut aussi respecter une règle de rigidité suffisante pour faitement de l' ouvrage construit, les charges sont connues,
éviter toute amplification dynamique notable sous l' effet les dimensions sont connues, les imperfections sont
d'actions variables mobiles (individus, véhicules). connues, les caractéristiques des matériaux sont connues et
• Des limites à respecter pour le confort des occupants donc la vérification de l'ELU, dans l'hypothèse, prise à
(déplacement horizontal en tête des immeubles, flexibi- titre d'exemple, où l'on n'aurait à envisager que des
lité des planchers, ... ). charges permanentes déjà en place et des charges d'exploi-
• Des limites à respecter pour le bon comportement des tation à venir, se présente comme auparavant sauf que l' on
éléments fragiles rapportés (carrelage, cloisons, ... ). On pourrait prendre :
parle alors de flèche nuisible, à savoir la part de défor- YG = 1 pour les charges permanentes connues
mation qui se produira après montage de ces éléments YQ = 1,33 pour les charges d'exploitation à venir
fragiles. Le calcul de cette flèche nuisible et les limites Yb = 1 pour la résistance caractéristique connue
associées sont à considérer comme une démarche Ys = 1 pour la résistance caractéristique connue.
conventionnelle. C'est d'ailleurs la démarche suivie lorsque l'on procède à
Habituellement, les calculs de déformation viennent en des essais d'ouvrages poussés à rupture pour estimer ou
confirmation car il a bien fallu choisir les dimensions des recouper la charge ultime constatée (dans ce cas on a aussi
ouvrages avant de les calculer, ce qui explique qu'on dis- YQ = 1 car la charge d'exploitation est connue).
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Or, il n' en est rien et la démarche décrite ci-dessus ne s' ins- Il est cependant exclu d'adopter une telle démarche pour
crit pas dans le cadre des principes à la base de la concep- justifier des ouvrages présentant des défauts de calculs
tion de la sécurité des ouvrages. irréfutables (par exemple le fait que les aciers en travée
On constate aussi que l' examen plus ou moins dissocié des d'une poutre sur deux appuis simples n'équilibrent pas le
études et de l' exécution revient en fait à attribuer à chaque moment isostatique).
intervenant ses propres coefficients d'ignorance alors que Les essais ne peuvent donc concerner que des interroga-
la sécurité d'un ouvrage forme un tout (le fait que des tions sur des points qui ne peuvent être tranchés intégrale-
charges soient plus faibles que celles prévues doit, par ment par le calcul (par exemple des dispositions
exemple, pouvoir compenser le fait que les résistances du constructives inhabituelles, le choix entre plusieurs modes
béton in situ soient plus faibles que celles prévues, etc.). de fonctionnement, ... ). Et ils sont aussi le plus souvent là
Et d'ailleurs, si on poursuivait dans cette voie, le Maître pour conforter une position délicate à prendre et donc pour
d'Ouvrage pourrait vouloir un jour récupérer pour son clore un débat.
compte le coefficient de 1,33 pour majorer les charges
d'exploitation prévues initialement au motif qu'illes maî- Il existe deux types d' essais:
trise bien. • Ceux avec des chargements supérieurs aux charges de
En conclusion, l' examen de la normalité des risques d'un service (et éventuellement poussés à rupture). A la fin de
ouvrage construit ne peut être conduit qu'en intégrant au tels essais, les ouvrages testés doivent être réparés (ou
mieux dans une étude unique tout ce que l' on connaît de reconstruits) car on ne sait pas dans quel état de
cet ouvrage, y compris études et travaux, au moment où contraintes ils se trouveront (en particulier les aciers, le
l'on fait cet examen et en tenant alors compte des incerti- béton, l' adhérence, ... ).
tudes restantes par des coefficients y réduits et convenable- • Ceux consistant en un certain nombre de cycles de char-
ment calibrés. gements et déchargements progressifs sous charges de
Rien n'empêche toutefois de procéder aux démarches service avec le contrôle des déformations et du bon com-
décrites ci-dessus pour ce qu'elles sont et en toute connais- portement (retour à zéro, examen des fissurations éven-
sance de cause. tuelles, ... ). Ces essais sont censés pouvoir permettre de
prendre position sur la durabilité du bon comportement
Essais de réception constaté.
On peut toujours tenter de justifier de la normalité des Le fait que les essais aient été prévus par les DPM ou qu'ils
risques d'un ouvrage à l'aide d'essais de chargement et soient demandés ultérieurement conduit à des modalités de
déchargement. règlement différentes.
[8J SOLECO
60, petite rue des Seigneurs
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