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Mots clés : décharge contrôlée, déchets ménagers et assimilés, tassement, lixiviat, biogaz
Key words: sanitary landfill, domestic and assimilated waste, settlement, leachate, biogas
poids de 2 kg environ de déchets à partir de chaque Une classification en sept catégories est adoptée pour
camion entrant de 8 à 16 heures. les déchets reçus à la décharge de Jebel Chakir
[MODECOM 1993 ; modifié] :
L’échantillonnage en période hivernale a porté sur
– fermentescibles : composés dégradables, résidus ali-
163 camions sur un total de 312 entrants à la
mentaires ;
décharge le jour d’échantillonnage, soit un taux de
– papiers-cartons : papier, emballage papier, bro-
52 % des camions entrants. La campagne estivale
chures, magazines, etc. En effet, il est souvent diffi-
couvre un taux de 57,43 % des camions entrant à la
cile de différencier les papiers des cartons dans un
décharge le jour d’échantillonnage.
déchet en cours de dégradation [CHARNAY, 2005] ;
Un poids total de 325 kg et 600 kg de déchets est pré- – textiles et textiles sanitaires : pièces de tissu, vête-
levé. À partir des déchets prélevés, environ 100 kg ments, couche, etc.
sont analysés. Lors du tri des 100 kg, on essaye de re- – plastiques, cuirs et caoutchoucs ;
présenter toutes les catégories de déchets.
– verres, céramiques ;
Les échantillons prélevés sont séchés dans une étuve – métaux : boîtes de conserve, ferrailles, bouteilles ;
à 80 °C pendant 24 heures. Le tri des déchets est en- – autres : fines (taille < 20 mm) : boues de curage
suite effectué par catégorie (figure 5). d’égouts urbains, matériaux de démolition.
où :
3.4. Détermination de la teneur en métaux
lourds
W (%) est le pourcentage d’humidité,
Les teneurs en métaux lourds sont déterminées par
M0 est la masse initiale de l’échantillon avant séchage et
spectrométrie d’absorption atomique (ISO NF X31-
M1 est la masse finale de l’échantillon après séchage.
147, 1996). Les résultats obtenus figurent dans le
Pour éviter les pertes d’humidité par évaporation, par
tableau II.
des températures qui peuvent atteindre 40 °C sous le
Les valeurs des charges polluantes métalliques sont
élevées dans les déchets analysés (1 008,1 mg/kg de
Humidité (%) Humidité (%)
Catégories
Période estivale Période hivernale déchets secs), mais restent dans les gammes des va-
Ferm entescibles 65 55 leurs trouvées pour les déchets ménagers en général
Papiers-cartons 10 11 [ALOUEIMINE, 2006].
Textile et textile sanitaire 20 18
Le zinc est le métal le plus présent dans les déchets
Plastique, cuir et caoutchouc 14 16
de la décharge de Jebel Chakir avec des quantités de
Verre, céram ique 1 2
l’ordre du 353 mg/kg de déchets secs, suivi par le fer.
Métaux 1 1
Fines 18 14
La teneur en cadmium est la plus faible.
Humidité globale 80 60 Les textiles et les textiles sanitaires présentent des te-
Tableau I. Humidité globale et résiduelle des déchets par catégorie neurs en métaux lourds plus élevées que les autres
Fe Ni Zn Pb Cd Cr Cu
Textile et textile
110 21,7 165 20,5 1,9 65,1 40,5
sanitaire
Plastique, cuir et
18 15,8 145 60,2 4,5 5,4 20,1
caoutchouc
Gammes des
- 16-200 380-2 677 100 - 800 3 - 41 21 - 426 75 - 1 048
ordures ménagères
[ALOUEIMINE, 2006]
Tableau II. Teneur moyenne en métaux lourds dans les déchets ménagers reçus à la décharge de Jebel Chakir
catégories. Ils forment 42 % de la charge métallique Les plots ont été installés directement sur les déchets
des déchets. de manière à ne pas prendre en compte le tassement
Il est à noter également que les fermentescibles ont de la couverture (composée de 20 cm de remblais,
des teneurs en métaux non négligeables (6 %). La te- 60 cm de tuff et 30 cm de terre végétale riche en ma-
neur en plomb est la plus élevée des métaux analysés tière organique pour favoriser la croissance végétale).
dans les fermentescibles avec 42 mg/kg de déchets La hauteur moyenne des déchets enfouis dans la dé-
secs. Par ailleurs, le taux élevé de ces métaux dans la charge de Jebel Chakir est de 15 m.
fraction des fermentescibles est probablement dû à
Un premier relevé est effectué lors de la mise en place
une contamination secondaire par contact avec
des cubes au 13 avril 2005. Ensuite, une série de rele-
d’autres matériaux.
vés est réalisée suivant des fréquences de deux à
Il serait intéressant donc de trier les déchets à la
quatre mois.
source avant d’effectuer des analyses pour connaître
l’origine principale des métaux dans cette catégorie. L’évolution des tassements des plots en fonction du
temps est représentée sur la figure 7.
4. Suivi des tassements des déchets dans
la décharge contrôlée de Jebel Chakir
Pour suivre le tassement des déchets au niveau du
premier casier de la décharge, on a utilisé neuf plots
en béton de dimensions 20 × 20 × 20 cm pour un
poids de 18,5 kg chacun. La méthode consiste à pla-
cer ces plots (repères) sur le premier casier et suivre
leur évolution (déplacement vertical) en fonction du
temps à l’aide de relevés des altitudes relatifs par rap-
port à une station repère fixe en dehors du casier.
L’emplacement des plots considérés dans cette étude
est reporté sur la figure 6. Ces derniers sont répartis
sur le premier casier de telle façon qu’ils couvrent
toute la surface. La station repère fixe est choisie sur
Figure 6. Emplacement des cubes pour les mesures de tasse-
la digue extérieure (figure 6). ment
DBO5
0,61 0,46 0,69 0,55 0,49
DCO
COT total (g/l) 6,99 20,74 27,1 25,45 21,1
COT : carbone organique total ; DBO5 : demande biologique en oxygène sur 5 jours ; DCO : demande chimique en oxygène.
Tableau IV. Analyse physico-chimique des lixiviats de la décharge de Jebel Chakir
Une campagne de
mesure de biogaz
est effectuée en no-
vembre 2004 dans
le premier casier.
Les paramètres me-
surés sont le mé-
thane (CH4), le di-
oxyde de carbone
(CO2), le dihydro-
DBO5 : demande biologique en oxygène sur 5 jours ; DCO : demande chi- gène (H2) et l’hy-
mique en oxygène.
Figure 9. Évolution de la biodégradabilité des lixiviats drogène de soufre Figure 10. Puits de dégazage des bio-
gaz dans le premier casier
(H2S). Le débit est
en général, à des valeurs de l’ordre de 0,56. également mesuré au niveau de chaque puits en l/h. Les
Il en ressort que la décharge de Jebel Chakir est à concentrations de ces paramètres sont exprimées en
l’étape réactionnelle de la dégradation anaérobie. pourcentage, sauf pour le H2S et H2 exprimés en ppm
Les lixiviats de la décharge de Jebel Chakir sont chargés [HANCHI et al., 2005].
en métaux lourds et en espèces chimiques, ce qui per- La concentration de méthane varie entre 55 % et 76 %
met d’avoir un pH de l’ordre de 6 à 7 [WILLIAMS, 1998]. (figure 11). Le maximum est enregistré au puits P12
et le minimum aux puits P18 et P19.
La conductivité est un important indicateur des ma-
La concentration de CO2 varie entre 30 et 35 %
tières ioniques dissoutes dans les lixiviats. Les pre-
(figure 12). Le minimum de la concentration est enre-
miers éléments cationiques et anioniques qui contri-
gistré au puits P18.
buent à la conductivité sont : le calcium, le magné- CO2
sium, le sodium, le chlorure et les sulfates. Le rapport de concentration reflète l’âge de la
CH4
La conductivité électrique dans la décharge de Jebel décharge et l’état d’évolution des déchets enfouis dans
Chakir est très forte par rapport aux eaux usées la décharge [AGHTM, 2000 ; ZAIRI et al., 2004].
domestiques ayant une valeur caractéristique variant
de 3 à 10 mS/cm. Ceci montre la charge cationique et
anionique importante du lixiviat.
En général, la conductivité diminue au cours du
temps, résultant de la diminution du matériel inor-
ganique soluble à l’intérieur des déchets.
Les lixiviats de la décharge de Jebel Chakir présentent
des teneurs non négligeables en métaux lourds. Ces
métaux ont des influences négatives sur la croissance
de la charge bactérienne contenue dans le lixiviat.
La minéralisation excessive et la faible teneur en
métaux lourds montrent que ces lixiviats sont issus
de déchets à caractère domestique prédominant
[KERBACHI, 1994].
Conclusion
L’étude montre qu’après sept années d’exploitation,
Figure 12. Isoconcentration du CO2 dans le premier casier de la
décharge de Jebel Chakir
la décharge contrôlée de Jebel Chakir est à l’étape ré-
actionnelle de la dégradation anaérobie (méthanoge-
CO2 DBO5
Dans la décharge de Jebel Chakir, le rapport de nèse). Cela est confirmé par un rapport des
CH4 DCO
varie entre 0,42 et 0,59, confirmant que la décharge des lixiviats de l’ordre de 0,56 et un rapport de
est d’un âge compris entre deux et quarante ans (pré- CO2
variant entre 0,42 et 0,59 pour les biogaz.
cisément huit ans) et que les déchets sont en phase CH4
Malgré que cette décharge soit implantée dans une zone
de méthanogenèse.
montrant un bilan globalement positif pour l’évapora-
La concentration du H2S varie entre 11 et 855 ppm.
tion, cela n’empêche pas le massif de déchets de déve-
Le minimum est enregistré au P18.
lopper une activité biologique importante. Cela s’ex-
Pour le dihydrogène (H2), la concentration varie
plique par le fait que les déchets enfouis présentent une
entre 220 et 5 590 ppm. Le puits P18 montre la va-
humidité élevée (70 %) et sont composés essentielle-
leur la plus faible.
ment d’ordures ménagères (82 % du total des déchets
Les teneurs en méthane et dioxyde de carbone mon-
reçus). De plus, l’énorme volume des lixiviats générés
trent qu’il s’agit des principaux composés des biogaz
dans cette décharge assure une humi-
dans la décharge de Jebel Cha-
dité suffisante pour la dégradation de
kir. Les teneurs en H2S et en
ces déchets.
H2 y sont faibles.
La teneur moyenne en mé- Les lixiviats analysés, dont le volume
thane, en dioxyde de carbone, de production est de 250 m3/j, repré-
en H2S et en H2 dans la décharge sentent une importante source de
de Jebel Chakir est de 66 %, 32 %, pollution organique et minérale qui,
433 ppm et 2 905 ppm, respecti- en l’absence de système de traite-
vement. Ces valeurs sont com- ment, peut être transférée aux eaux
parables aux teneurs en biogaz de surfaces et souterraine.
dans les décharges en phase Ces lixiviats sont stockés dans des
de méthanogenèse [AGHTM, Figure 13. Étalement des déchets bassins en terre avec une étanchéité
non garantie. Il est en effet probable que le contact des nuisances olfactives et limitation de l’effet de
continu de ces eaux avec le sol vienne en altérer la serre), l’installation d’un système de dégazage est
structure (superficielle et même profonde). Ainsi, nécessaire dans la décharge de Jebel Chakir.
pour pallier ces risques, il est nécessaire d’assurer
l’étanchéité des bassins, de collecter et de traiter ces Remerciements
lixiviats. Les auteurs remercient l’Agence nationale de gestion
Dans le but d’assurer la sécurité du site (incendie, de déchets (Tunisie) pour son aide dans la réalisation
explosion) et de protéger l’environnement (réduction de ce travail.
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Résumé
A. AYDI, M. ZAIRI, A. KALLEL, H. BEN DHIA
Caractérisation de la décharge contrôlée de Jebel Chakir-Tunis (Tunisie)
La croissance urbaine et le perfectionnement de la production et de la composition des lixiviats
technique de la vie moderne sont à l’origine de la et des biogaz générés et le suivi du tassement des
prolifération des résidus urbains de toutes natures déchets.
(déchets ménagers, industriels, hospitaliers…) qui Les déchets reçus à la décharge de Jebel Chakir
nécessitent une élimination avec précaution. montrent une densité de 335 kg/m3, une humidité
En Tunisie, la priorité pour la gestion des déchets globale de 70 %, une teneur en matière organique
ménagers et assimilés a été accordée à la de l’ordre de 77 % de leur poids sec.
réalisation d’infrastructures primaires composées La caractérisation des lixiviats provenant de la
de décharges contrôlées et de centres de décharge de Jebel Chakir a permis de mettre en
transferts dans les communes de grandes villes et évidence la relation existante entre les différents
à la réhabilitation des dépotoirs sauvages. La éléments et les conditions du milieu. Ces derniers
décharge contrôlée de Jebel Chakir est la ont permis de conclure que les lixiviats sont en
première de son genre en Tunisie et reçoit les phase de dégradation anaérobie.
déchets ménagers et assimilés du grand Tunis La caractérisation des biogaz montre que les
depuis le mois de mai 1999. déchets enfouis sont en phase de dégradation
Dans ces travaux de recherche, il a été question anaérobie : méthanogenèse.
d’étudier et d’identifier le stade d’évolution de la Le tassement des déchets, suivi dans le premier
décharge de Jebel Chakir à travers la casier pendant trois années, est en phase
caractérisation de la nature et de la composition secondaire, lié au temps et indépendant de la
physicochimique des déchets enfouis, l’évaluation surcharge.
A b st ra c t
A. AYDI, M. ZAIRI, A. KALLEL, H. BEN DHIA
Characterization of the sanitary landfill of Jebel Chakir-Tunis (Tunisia)
The urban growth and the technical perfection of leachate and biogases, and a follow-up of the
modern life are the source of domestic, industrial settlement of waste.
and healthcare waste proliferation that requires The waste received in the landfill of Jebel Chakir
safe elimination. shows an average density of 335 kg/m3, a humidity
In Tunisia, as far as urban waste management is of 70% and an average organic matter content of
concerned, priority is given to the construction of 77% from the dry weight.
sanitary landfills and transfer centres in the main The composition of the leachate generated at the
cities, as well as to the closing and rehabilitation of landfill of Jebel Chakir revealed the impact of
uncontrolled wastes dumping sites. The sanitary environmental conditions. It also allowed us to
landfill of Jebel Chakir was the first of its kind in conclude that the waste was in a phase of
Tunisia. It has received the urban waste of Greater anaerobic degradation. Furthermore, the biogases
Tunis city since May 1999. composition indicates an anaerobic deterioration
The purpose of this study is to evaluate the phase: methanogenesis.
evolution phase of this landfill. The method The settlement of waste, measured in the first cell
consists of a fine characterization of the physico- during three years, is in the secondary phase,
chemical composition of deposited waste, an related to time and irrespective of the load.
estimation of the quantity and composition of