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Caractérisation de la décharge contrôlée de


Jebel Chakir-Tunis (Tunisie)
■ A. AYDI1, M. ZAIRI1, A. KALLEL1, H. BEN DHIA1

Mots clés : décharge contrôlée, déchets ménagers et assimilés, tassement, lixiviat, biogaz
Key words: sanitary landfill, domestic and assimilated waste, settlement, leachate, biogas

Introduction lixiviats, des biogaz et des tassements, évoluant en


fonction de la durée de vie de la décharge [AGHTM,
La gestion des déchets ménagers et industriels consti- 2000].
tue une problématique environnementale de taille, Au cours du temps et selon l’âge des déchets, la com-
d’autant plus que la production de déchets ne cesse position physico-chimique des lixiviats, des biogaz,
de croître sous l’effet de la croissance démographique et le tassement des déchets vont refléter l’évolution
et urbaine, de l’amélioration du niveau de vie et du du contenu de la décharge. Cette évolution tient
développement économique. Ces sources sont géné- compte de l’apport en continu de nouveaux déchets
ratrices de nombreuses nuisances menaçant le milieu lors de la période d’exploitation [AGHTM, 1990].
avoisinant telles que le lixiviat, le biogaz, la pollution Dans ces travaux de recherche, un intérêt particulier
des eaux, de l’air, les mauvaises odeurs et l’envol des a été accordé à la caractérisation fine de la décharge
déchets [AGHTM, 2000]. contrôlée de Jebel Chakir par la présentation des
aménagements existants, la nature et la composition
Il existe aujourd’hui plusieurs modes de gestion des
physico-chimique des déchets enfouis, le suivi du tas-
déchets (recyclage, compostage, incinération et mise
sement des déchets, la production et la composition
en décharge), choisis en fonction de ces enjeux sani-
des lixiviats et la caractérisation des biogaz générés.
taires, environnementaux et économiques. La mise
en décharge contrôlée est le mode le plus pratiqué
dans le monde pour le traitement des déchets [El-
1. Présentation de la décharge
FADEL et al., 1997]. La décharge de Jebel Chakir est située dans le gou-
vernorat de Tunis, à 10 km environ au sud-ouest de
En Tunisie, la priorité pour la gestion des déchets mé- la capitale.
nagers et assimilés a été accordée à la réalisation d’in- Cette décharge comprend une surface d’enfouisse-
frastructures composées de décharges contrôlées et ment de 31,32 ha divisée en quatre casiers et reçoit
de centres de transfert dans les communes des 1 800 t/j de déchets ménagers et assimilés de la ré-
grandes villes et à la réhabilitation des dépotoirs sau- gion de Tunis.
vages. La décharge contrôlée de Jebel Chakir est la En plus du secteur privé, 19 municipalités apparte-
première de son genre en Tunisie et reçoit les déchets nant à quatre gouvernorats acheminent leurs déchets
ménagers et assimilés du Grand Tunis depuis le mois vers cette décharge.
de mai 1999.
Le gouvernorat de Tunis produit la majeure partie des
Les déchets enfouis dans une décharge subissent une déchets : 49 % de la quantité totale. Le secteur privé
série de réactions physico-chimiques et biologiques. présente un pourcentage non négligeable, de l’ordre
Ces changements aboutissent à la formation des de 15 % de la quantité totale, des déchets reçus dans
la décharge de Jebel Chakir.
Un total de 320 camions en moyenne entre à la
1 École nationale d’ingénieurs de Sfax - B.P. W - 3038 Sfax - Tunisie. E-mail :
abdelwaheb_2000@yahoo.fr décharge chaque jour. La majeure quantité des

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Étude

déchets est reçue entre 8 heures et 16 heures (56 %).


Le minimum du tonnage journalier est reçu entre
16 heures et 24 heures (18 %).
La pluviométrie moyenne interannuelle, calculée sur
107 ans, est de 450 mm. Le régime des précipitations
se caractérise par un temps pluvieux de septembre à
mai et une période sèche du mois d’avril jusqu’au
mois d’août.
Les températures mensuelles moyennes révèlent un
minimum pour le mois de janvier de 11 °C et un Figure 1. Bassins de stockage de lixiviats en terre.

maximum pour le mois d’août de 27 °C. La tempéra-


ture moyenne annuelle est de 18 °C. à 120 m de profondeur, de qualité médiocre et de sa-
L’évapotranspiration réelle a été calculée par la for- linité assez élevée (12 g/l) [EL HANI, 2002].
mule de Turc à partir de la précipitation annuelle et Cette décharge remplit les conditions d’exploitation
de la température moyenne annuelle par l’équation d’une décharge contrôlée. Elle comprend les aména-
suivante : gements suivants (figure 2) :
– un grillage de 2 m de hauteur entourant le site ;
– une surface d’enfouissement de 31,32 ha divisés en
quatre casiers C1, C2, C3 et C4, séparés par une
digue en terre. Chaque casier est divisé en trois al-
Où : P = la hauteur de la précipitation annuelle (mm) ; véoles séparées par des diguettes ;
L = 300 + 25 t + 0,05 t3 ; – un réseau de drainage, de collecte de lixiviat et un
t = température annuelle moyenne de l’air (°C). lit drainant installés sous les casiers ;
L’application de cette formule à la région de Tunis – des caniveaux d’eaux pluviales autour de la zone
(pour P = 450 mm et t = 18,4 °C, L = 1 071,48), d’enfouissement ;
donne une ETR annuelle moyenne de 434 mm/an. – un bassin de transfert de lixiviats (Bt) ;
Trois forages de reconnaissance et trois sondages ca- – un bassin en béton de stockage de lixiviats (B) ;
rottés ont été effectués dans le site de la décharge de – six bassins de stockage de lixiviats (B1, B2, B3, B4,
Jebel Chakir sans rencontrer de nappe d’eau jusqu’à B5 et B6), aménagés dans la zone prévue pour l’ex-
une profondeur de 10 m. tension de la décharge ;
Un sondage, d’une profondeur de 150 m, réalisé à – une plate-forme de tri de 3 000 m2 de superficie ;
proximité de la décharge présente une eau, récoltée – une zone de stockage de matériaux de remblai.

Figure 2. Les aménagements existants dans la décharge de Jebel Chakir

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Le premier casier et le deuxième casier sont déjà ex-


ploités. Ce dernier est en cours de réexploitation.
L’exploitation du premier casier a démarré le 17 mai
1999 et s’est arrêtée le 24 octobre 2001. Tandis que
le deuxième a démarré le 25 octobre et s’est arrêté le
30 septembre 2003. La réexploitation du premier ca-
sier a commencé en juin 2007.

2. Quantité et nature des déchets reçus


dans la décharge
Les déchets reçus dans la décharge de Jebel Chakir
sont classés en quatre groupes [FERCHICHI, 2002] :
Figure  4. Composition des déchets reçus dans la décharge de Jebel
– ordures ménagères (OM) ; Chakir (1999-2006)
– déchets industriels banals (DIB) : ce sont les dé-
chets des entreprises et des commerces dont le trai-
Le maximum mensuel de déchets reçus à la décharge
tement peut être réalisé dans les mêmes installations
est enregistré au mois de juillet, avec une moyenne
que les ordures ménagères ;
de 51 635 tonnes, et le minimum au mois de
– déchets putrescibles : viandes, poissons, volailles décembre, avec une moyenne de 58 202 tonnes. Ces
qui ont subi une détérioration en leur ajoutant de la moyennes sont calculées à partir des rapports men-
chaux ou du pétrole ; suels fournis par la société exploitante sur une
– les boues de curage d’égouts urbains. Les boues des période de sept ans (de 1999 à 2006).
stations d’épuration ont été interdites à partir de dé- La classification des déchets reçus dans la décharge
cembre 2001. de Jebel Chakir selon leurs natures est représentée
La figure 3 donne la quantité de déchets reçus dans la dans la figure 4. Le tonnage d’ordures ménagères
décharge de Jebel Chakir depuis le 17 mai 1999. Le représente en moyenne 82 % du total des déchets
tonnage reçu montre des irrégularités avec une reçus, les déchets industriels banals représentent en-
moyenne annuelle de 549 226 tonnes. Le maximum viron 11 %, les déchets putrescibles 2 % et les boues
est enregistré en 2004 avec 690 370 tonnes. La quan- des stations d’épuration des eaux usées 5 % du total
tité totale reçue depuis le début de l’exploitation de des déchets reçus.
la décharge jusqu’à 2006 est de 3 985 727 tonnes.
3. Caractérisation physico-chimique des
déchets entrants à la décharge de Jebel
Chakir
Pour la caractérisation physico-chimique des déchets
reçus dans la décharge, deux campagnes ont été réa-
lisées : l’une en période hivernale (15 décembre
2006) et l’autre en période estivale (12 juillet 2007).
Les mois de décembre et juillet correspondent res-
pectivement aux périodes de réception de la quantité
minimale et maximale.
Lors de l’échantillonnage, les jours atypiques (festi-
val, foire…) ont été évités. L’échantillonnage a été
réalisé à l’entrée de la décharge de Jebel Chakir, au
Figure  3. Quantités annuelles de déchets reçus dans la décharge de
Jebel Chakir niveau du pont-bascule. Il consiste à prélever un

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Étude

Figure 5. Organigramme du choix de déchet pour l’analyse

poids de 2 kg environ de déchets à partir de chaque Une classification en sept catégories est adoptée pour
camion entrant de 8 à 16 heures. les déchets reçus à la décharge de Jebel Chakir
[MODECOM 1993 ; modifié] :
L’échantillonnage en période hivernale a porté sur
– fermentescibles : composés dégradables, résidus ali-
163 camions sur un total de 312 entrants à la
mentaires ;
décharge le jour d’échantillonnage, soit un taux de
– papiers-cartons : papier, emballage papier, bro-
52 % des camions entrants. La campagne estivale
chures, magazines, etc. En effet, il est souvent diffi-
couvre un taux de 57,43 % des camions entrant à la
cile de différencier les papiers des cartons dans un
décharge le jour d’échantillonnage.
déchet en cours de dégradation [CHARNAY, 2005] ;
Un poids total de 325 kg et 600 kg de déchets est pré- – textiles et textiles sanitaires : pièces de tissu, vête-
levé. À partir des déchets prélevés, environ 100 kg ments, couche, etc.
sont analysés. Lors du tri des 100 kg, on essaye de re- – plastiques, cuirs et caoutchoucs ;
présenter toutes les catégories de déchets.
– verres, céramiques ;
Les échantillons prélevés sont séchés dans une étuve – métaux : boîtes de conserve, ferrailles, bouteilles ;
à 80 °C pendant 24 heures. Le tri des déchets est en- – autres : fines (taille < 20 mm) : boues de curage
suite effectué par catégorie (figure 5). d’égouts urbains, matériaux de démolition.

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3.1. Masse volumique soleil, surtout en période estivale, l’humidité est


Un seau de 10 litres est rempli d’ordures ménagères déterminée le jour d’échantillonnage.
et ensuite pesé. Les masses volumiques sont calcu- L’analyse de l’humidité a été effectuée sur les déchets
lées par la formule suivante : pendant la période estivale et la période hivernale
avec deux essais pour chaque période.
Les résultats obtenus ont mis en évidence des diffé-
rences significatives en fonction de la saison, parti-
Où : e est la masse volumique en kg/m3 ;
culièrement pour les déchets fermentescibles
m est le poids obtenu en kg ;
(tableau I).
et v est le volume du seau en m3.
L’humidité globale des déchets ménagers est très éle-
La masse volumique des déchets entrants à la
vée à cause des teneurs élevées en fermentescibles. Elle
décharge de Jebel Chakir est déterminée avec une
varie de 80 % en période estivale et de 60 % en période
balance de 5 kg et une précision de 0,2 g. Cette
hivernale. Soit une humidité globale moyenne de 70 %.
mesure est doublée pour chaque camion.
Cette humidité élevée, apportée essentiellement par
La masse volumique moyenne des déchets entrants
les fermentescibles (fruits, légumes, reste de nourri-
dans la décharge de Jebel Chakir est de 300-410 kg/m3
ture), n’est pas en faveur d’un traitement par inciné-
en période estivale et de 280-350 kg/m3 en période
ration [ALOUEIMINE, 2006].
hivernale.
3.3. Détermination de la matière organique
3.2. Humidité des déchets par catégories
La matière organique est déterminée par la méthode
Dans cette étude, une masse de 2 kg de déchets triés
gravimétrique (NF.90.029 1970). Les résultats des
par voie sèche et par catégorie a été séchée dans une
analyses sur les ordures ménagères ont montré que
étuve à 80 °C afin de ne pas détériorer les composés
la matière organique moyenne varie de 70 à 85 % et
organiques [OLIVIER, 2003]. La durée de séchage est
représente en moyenne 77,5 % du poids sec des dé-
de 72 heures. Le pourcentage d’humidité des caté-
chets. Ces valeurs sont comparables à celles des dé-
gories de déchets est déterminé par la différence de
chets des pays en voie de développement tels que l’île
poids de l’échantillon avant et après séchage à l’étuve
Maurice avec 85 % [MOHEE, 2002] et la Tanzanie
selon la formule suivante :
avec 80 % de déchets secs [MBULUGWE, 2004].

où :
3.4. Détermination de la teneur en métaux
lourds
W (%) est le pourcentage d’humidité,
Les teneurs en métaux lourds sont déterminées par
M0 est la masse initiale de l’échantillon avant séchage et
spectrométrie d’absorption atomique (ISO NF X31-
M1 est la masse finale de l’échantillon après séchage.
147, 1996). Les résultats obtenus figurent dans le
Pour éviter les pertes d’humidité par évaporation, par
tableau II.
des températures qui peuvent atteindre 40 °C sous le
Les valeurs des charges polluantes métalliques sont
élevées dans les déchets analysés (1 008,1 mg/kg de
Humidité (%) Humidité (%)
Catégories
Période estivale Période hivernale déchets secs), mais restent dans les gammes des va-
Ferm entescibles 65 55 leurs trouvées pour les déchets ménagers en général
Papiers-cartons 10 11 [ALOUEIMINE, 2006].
Textile et textile sanitaire 20 18
Le zinc est le métal le plus présent dans les déchets
Plastique, cuir et caoutchouc 14 16
de la décharge de Jebel Chakir avec des quantités de
Verre, céram ique 1 2
l’ordre du 353 mg/kg de déchets secs, suivi par le fer.
Métaux 1 1

Fines 18 14
La teneur en cadmium est la plus faible.
Humidité globale 80 60 Les textiles et les textiles sanitaires présentent des te-
Tableau I. Humidité globale et résiduelle des déchets par catégorie neurs en métaux lourds plus élevées que les autres

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Étude

Teneurs en métaux lourds (mg/kg de déchets secs)

Fe Ni Zn Pb Cd Cr Cu

Fermentescibles 10 3,2 6,0 42,1 0,2 0,2 0,1

Papiers-cartons 80 2,8 16,1 14,3 1,0 22,5 6,5

Textile et textile
110 21,7 165 20,5 1,9 65,1 40,5
sanitaire

Plastique, cuir et
18 15,8 145 60,2 4,5 5,4 20,1
caoutchouc

Fines 70 3,9 20,5 10,6 2,4 2,0 1,2

Total 288 47,4 352,6 147,7 10 95,2 67,2

Gammes des
- 16-200 380-2 677 100 - 800 3 - 41 21 - 426 75 - 1 048
ordures ménagères

[ALOUEIMINE, 2006]
Tableau II. Teneur moyenne en métaux lourds dans les déchets ménagers reçus à la décharge de Jebel Chakir

catégories. Ils forment 42 % de la charge métallique Les plots ont été installés directement sur les déchets
des déchets. de manière à ne pas prendre en compte le tassement
Il est à noter également que les fermentescibles ont de la couverture (composée de 20 cm de remblais,
des teneurs en métaux non négligeables (6 %). La te- 60 cm de tuff et 30 cm de terre végétale riche en ma-
neur en plomb est la plus élevée des métaux analysés tière organique pour favoriser la croissance végétale).
dans les fermentescibles avec 42 mg/kg de déchets La hauteur moyenne des déchets enfouis dans la dé-
secs. Par ailleurs, le taux élevé de ces métaux dans la charge de Jebel Chakir est de 15 m.
fraction des fermentescibles est probablement dû à
Un premier relevé est effectué lors de la mise en place
une contamination secondaire par contact avec
des cubes au 13 avril 2005. Ensuite, une série de rele-
d’autres matériaux.
vés est réalisée suivant des fréquences de deux à
Il serait intéressant donc de trier les déchets à la
quatre mois.
source avant d’effectuer des analyses pour connaître
l’origine principale des métaux dans cette catégorie. L’évolution des tassements des plots en fonction du
temps est représentée sur la figure 7.
4. Suivi des tassements des déchets dans
la décharge contrôlée de Jebel Chakir
Pour suivre le tassement des déchets au niveau du
premier casier de la décharge, on a utilisé neuf plots
en béton de dimensions 20 × 20 × 20 cm pour un
poids de 18,5 kg chacun. La méthode consiste à pla-
cer ces plots (repères) sur le premier casier et suivre
leur évolution (déplacement vertical) en fonction du
temps à l’aide de relevés des altitudes relatifs par rap-
port à une station repère fixe en dehors du casier.
L’emplacement des plots considérés dans cette étude
est reporté sur la figure 6. Ces derniers sont répartis
sur le premier casier de telle façon qu’ils couvrent
toute la surface. La station repère fixe est choisie sur
Figure  6. Emplacement des cubes pour les mesures de tasse-
la digue extérieure (figure 6). ment

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Figure 7. Évolution du tassement en fonction du temps

Le tassement du premier mois est identique pour tous


les points. Ce tassement peut être attribué au poids
des cubes.
Le tassement des cubes augmente avec le temps. Cela
confirme bien que le premier casier est en phase se-
condaire de tassement lié au temps et indépendam-
ment de la surcharge [El-FADEL et al., 1999 ;
AGHTM, 2000 ; OLIVIER, 2003 ; ADEME, 2005].
Le maximum de tassement enregistré est de 12,4 cm
Figure 8. Production moyenne mensuelle des lixiviats des casiers C1 et
dans la zone de stockage des boues de station d’épu- C2 au cours de la période 2001-2003

ration (cube 9).


suelle des lixiviats des deux casiers sur une période
5. Génération des lixiviats de trois ans. Le volume des lixiviats produit dans la
décharge de Jebel Chakir est très élevé dans les deux
Dans une décharge, les lixiviats sont générés par les
casiers C1 et C2.
apports d’eau mis en contact avec les déchets ; il s’agit
principalement de la part des eaux météoriques qui La production du deuxième casier C2 est très
percolent dans les masses de déchets avant la mise en variable, le maximum est de 5 179 m3, observé au
stockage, ainsi que des eaux contenues dans les mois de janvier. Ensuite, elle baisse et augmente de
déchets et libérées par compactage et/ou biodégra- nouveau au mois de mai.
dation [MILLOT, 1986]. La production du premier casier C1 présente plus
Une lecture faite sur une règle graduée dans le bassin de régularité. Elle est de 4 448 m3 en janvier, puis
en béton en aval du casier C1 permet de suivre la pro- diminue pour atteindre 2 511 m 3 en décembre.
duction des lixiviats. En refoulant ces lixiviats vers C’est une diminution naturelle de la production
ce bassin et connaissant la superficie de ce dernier, la due à la dégradation microbienne des déchets qui
production journalière du casier C1 est ainsi estimée. favorise la production des biogaz [El-FADEL et al.,
Pour le casier C2, deux débitmètres ont été placés à 1997].
la sortie du regard de pompage, permettant de suivre
la production journalière des lixiviats. 6. Caractérisation des lixiviats
La production moyenne des lixiviats dans la décharge La formation des lixiviats à partir des déchets met en
de Jebel Chakir est de 90 000 m3/an. La figure 8 donne jeu une grande diversité de phénomènes, résultant
une représentation de la production moyenne men- essentiellement du mode d’exploitation de la

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Étude

Paramètres Méthodes d’analyses Norme de l’analyse


maximum en 2001. Ces valeurs dépassent largement les
pH Électrochimie ISO NF 10390, 1994
valeurs reportées par [EHRIG, 1989 ; TCHOBANO-
Matière organique Gravimétrie F.90.029, 1970 GLOUS et al., 1993], en raison de la richesse en fractions
Conductivité Electrochimie ISO NF 11265, 1994 biodégradables des déchets stockés dans la décharge.
DBO5 Oxymètre NF EN 1899-2, 1998 Le rapport DBO5 permet d’estimer la biodégradabi-
DCO Spectrophotomètre AFNOR [T90-101-1988] DCO
COT Colorimétrie ISO NF 14235, 1998 lité de la matière organique et donne des informations
Spectromètre d’absorption sur la nature des transformations biochimiques qui
Éléments minéraux ISO NF X31-147, 1996
atomique
COT : carbone organique total ; DBO5 : demande biologique en oxygène sur 5 jours ;
règnent au sein de la décharge [MILLOT, 1986].
DCO : demande chimique en oxygène.
Tableau III. Techniques d’analyse des lixiviats À ce titre, il faut se rappeler que pour les décharges
d’ordures ménagères jeunes où l’activité biologique
décharge (hauteur des déchets, surface exploitée,
correspond à la phase acide de la dégradation anaé-
compactage…) et de l’infiltration des eaux. Ainsi, la
robie, ce rapport atteint la valeur de 0,50 et il décroît
composition du lixiviat est très variable. Les tech-
jusqu’à 0,1 pour les lixiviats stabilisés où l’étape de
niques d’analyse sont décrites dans le tableau III. La
fermentation ultime (méthanogenèse) est atteinte
récapitulation de résultats de ces analyses est portée
[EHRIG, 1989 ; KRUSE, 1994 ; SWANA, 1997].
dans le tableau IV.
La figure 9 présente une superposition des résultats des Dans le cas de la décharge de Jebel Chakir, les lixi-
analyses de la DCO et DBO5 des lixiviats faites viats accusent une biodégradabilité assez forte qui se
depuis la mise en service de la décharge. Les teneurs en DBO5
traduit par un rapport qui tend sensiblement,
DBO5 et en DCO augmentent depuis 1999, avec un DCO

Paramètres 1999 2000 2001 2002 2003

pH 6,74 6,05 6,85 6,55 7,26

Couleur Noirâtre Noirâtre Noirâtre Noirâtre Noirâtre


-1
Conductivité (μS·cm ) 25100 40900 5 239 4 496 4 467

DCO (mg d’O2/l) 42388 75961 99300 28678 31196

DBO (mg d’O2/l) 25887 35600 69300 15831 15255

DBO5
0,61 0,46 0,69 0,55 0,49
DCO
COT total (g/l) 6,99 20,74 27,1 25,45 21,1

Plomb (mg/l) 0,166 1,43 29,9 – –

Cadmium (mg/l) 0,058 < 0,003 0,518 – –

Zinc (mg/l) 0,541 3,36 0,0212 – –

Cobalt (mg/l) 0,083 0,52 4,89 – –

Nickel (mg/l) 0,533 2,06 0,345 – –

Chrome (mg/l) 1,45 3,56 1,89 – –

Cuivre (mg/l) 0,04 0,34 – – –

Manganèse (mg/l) 5,62 9,6 – – –

Fer (mg/l) 25,62 253 – – –

COT : carbone organique total ; DBO5 : demande biologique en oxygène sur 5 jours ; DCO : demande chimique en oxygène.
Tableau IV. Analyse physico-chimique des lixiviats de la décharge de Jebel Chakir

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Caractérisation de la décharge contrôlée de Jebel Chakir-Tunis (Tunisie)

Une campagne de
mesure de biogaz
est effectuée en no-
vembre 2004 dans
le premier casier.
Les paramètres me-
surés sont le mé-
thane (CH4), le di-
oxyde de carbone
(CO2), le dihydro-
DBO5 : demande biologique en oxygène sur 5 jours ; DCO : demande chi- gène (H2) et l’hy-
mique en oxygène.
Figure 9. Évolution de la biodégradabilité des lixiviats drogène de soufre Figure 10. Puits de dégazage des bio-
gaz dans le premier casier
(H2S). Le débit est
en général, à des valeurs de l’ordre de 0,56. également mesuré au niveau de chaque puits en l/h. Les
Il en ressort que la décharge de Jebel Chakir est à concentrations de ces paramètres sont exprimées en
l’étape réactionnelle de la dégradation anaérobie. pourcentage, sauf pour le H2S et H2 exprimés en ppm
Les lixiviats de la décharge de Jebel Chakir sont chargés [HANCHI et al., 2005].
en métaux lourds et en espèces chimiques, ce qui per- La concentration de méthane varie entre 55 % et 76 %
met d’avoir un pH de l’ordre de 6 à 7 [WILLIAMS, 1998]. (figure 11). Le maximum est enregistré au puits P12
et le minimum aux puits P18 et P19.
La conductivité est un important indicateur des ma-
La concentration de CO2 varie entre 30 et 35 %
tières ioniques dissoutes dans les lixiviats. Les pre-
(figure 12). Le minimum de la concentration est enre-
miers éléments cationiques et anioniques qui contri-
gistré au puits P18.
buent à la conductivité sont : le calcium, le magné- CO2
sium, le sodium, le chlorure et les sulfates. Le rapport de concentration reflète l’âge de la
CH4
La conductivité électrique dans la décharge de Jebel décharge et l’état d’évolution des déchets enfouis dans
Chakir est très forte par rapport aux eaux usées la décharge [AGHTM, 2000 ; ZAIRI et al., 2004].
domestiques ayant une valeur caractéristique variant
de 3 à 10 mS/cm. Ceci montre la charge cationique et
anionique importante du lixiviat.
En général, la conductivité diminue au cours du
temps, résultant de la diminution du matériel inor-
ganique soluble à l’intérieur des déchets.
Les lixiviats de la décharge de Jebel Chakir présentent
des teneurs non négligeables en métaux lourds. Ces
métaux ont des influences négatives sur la croissance
de la charge bactérienne contenue dans le lixiviat.
La minéralisation excessive et la faible teneur en
métaux lourds montrent que ces lixiviats sont issus
de déchets à caractère domestique prédominant
[KERBACHI, 1994].

7. Caractérisation des biogaz


Vingt puits de dégazage sont installés en 2002 dans
le premier casier après sa fermeture en octobre 2001.
Les torchères ne sont pas installées jusqu’à présent. Figure 11. Isoconcentration du CH4 dans le premier casier

TSM numéro 5 - 2009 - 105e année | 109


Étude

2000]. Cependant, les concentrations en H2S dans la


décharge de Jebel Chakir restent assez élevées. En effet,
la nature et la quantité des biogaz sont variables d’une
décharge à une autre et fonction de nombreux para-
mètres : température, humidité, nature des déchets,
taux de compactage [AGHTM, 2000].
Le débit de biogaz des puits varie entre 25 et 800 l/h.
Le puits P18 montre la valeur la plus faible.
Les valeurs les plus faibles des concentrations et de
débit sont marquées au puits P18. En effet, ce puits
correspond aux déchets les plus récents enfouis au
premier casier.
En résumé, les paramètres identifiés (concentration et
débit) montrent que les déchets enfouis dans le premier
casier de la décharge contrôlée de Jebel Chakir sont en
phase de dégradation anaérobie (méthanogenèse).

Conclusion
L’étude montre qu’après sept années d’exploitation,
Figure 12. Isoconcentration du CO2 dans le premier casier de la
décharge de Jebel Chakir
la décharge contrôlée de Jebel Chakir est à l’étape ré-
actionnelle de la dégradation anaérobie (méthanoge-
CO2 DBO5
Dans la décharge de Jebel Chakir, le rapport de nèse). Cela est confirmé par un rapport des
CH4 DCO
varie entre 0,42 et 0,59, confirmant que la décharge des lixiviats de l’ordre de 0,56 et un rapport de
est d’un âge compris entre deux et quarante ans (pré- CO2
variant entre 0,42 et 0,59 pour les biogaz.
cisément huit ans) et que les déchets sont en phase CH4
Malgré que cette décharge soit implantée dans une zone
de méthanogenèse.
montrant un bilan globalement positif pour l’évapora-
La concentration du H2S varie entre 11 et 855 ppm.
tion, cela n’empêche pas le massif de déchets de déve-
Le minimum est enregistré au P18.
lopper une activité biologique importante. Cela s’ex-
Pour le dihydrogène (H2), la concentration varie
plique par le fait que les déchets enfouis présentent une
entre 220 et 5 590 ppm. Le puits P18 montre la va-
humidité élevée (70 %) et sont composés essentielle-
leur la plus faible.
ment d’ordures ménagères (82 % du total des déchets
Les teneurs en méthane et dioxyde de carbone mon-
reçus). De plus, l’énorme volume des lixiviats générés
trent qu’il s’agit des principaux composés des biogaz
dans cette décharge assure une humi-
dans la décharge de Jebel Cha-
dité suffisante pour la dégradation de
kir. Les teneurs en H2S et en
ces déchets.
H2 y sont faibles.
La teneur moyenne en mé- Les lixiviats analysés, dont le volume
thane, en dioxyde de carbone, de production est de 250 m3/j, repré-
en H2S et en H2 dans la décharge sentent une importante source de
de Jebel Chakir est de 66 %, 32 %, pollution organique et minérale qui,
433 ppm et 2 905 ppm, respecti- en l’absence de système de traite-
vement. Ces valeurs sont com- ment, peut être transférée aux eaux
parables aux teneurs en biogaz de surfaces et souterraine.
dans les décharges en phase Ces lixiviats sont stockés dans des
de méthanogenèse [AGHTM, Figure 13. Étalement des déchets bassins en terre avec une étanchéité

110 | TSM numéro 5 - 2009 - 105e année


Caractérisation de la décharge contrôlée de Jebel Chakir-Tunis (Tunisie)

non garantie. Il est en effet probable que le contact des nuisances olfactives et limitation de l’effet de
continu de ces eaux avec le sol vienne en altérer la serre), l’installation d’un système de dégazage est
structure (superficielle et même profonde). Ainsi, nécessaire dans la décharge de Jebel Chakir.
pour pallier ces risques, il est nécessaire d’assurer
l’étanchéité des bassins, de collecter et de traiter ces Remerciements
lixiviats. Les auteurs remercient l’Agence nationale de gestion
Dans le but d’assurer la sécurité du site (incendie, de déchets (Tunisie) pour son aide dans la réalisation
explosion) et de protéger l’environnement (réduction de ce travail.

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TSM numéro 5 - 2009 - 105e année | 111


Étude

Résumé
A. AYDI, M. ZAIRI, A. KALLEL, H. BEN DHIA
Caractérisation de la décharge contrôlée de Jebel Chakir-Tunis (Tunisie)
La croissance urbaine et le perfectionnement de la production et de la composition des lixiviats
technique de la vie moderne sont à l’origine de la et des biogaz générés et le suivi du tassement des
prolifération des résidus urbains de toutes natures déchets.
(déchets ménagers, industriels, hospitaliers…) qui Les déchets reçus à la décharge de Jebel Chakir
nécessitent une élimination avec précaution. montrent une densité de 335 kg/m3, une humidité
En Tunisie, la priorité pour la gestion des déchets globale de 70 %, une teneur en matière organique
ménagers et assimilés a été accordée à la de l’ordre de 77 % de leur poids sec.
réalisation d’infrastructures primaires composées La caractérisation des lixiviats provenant de la
de décharges contrôlées et de centres de décharge de Jebel Chakir a permis de mettre en
transferts dans les communes de grandes villes et évidence la relation existante entre les différents
à la réhabilitation des dépotoirs sauvages. La éléments et les conditions du milieu. Ces derniers
décharge contrôlée de Jebel Chakir est la ont permis de conclure que les lixiviats sont en
première de son genre en Tunisie et reçoit les phase de dégradation anaérobie.
déchets ménagers et assimilés du grand Tunis La caractérisation des biogaz montre que les
depuis le mois de mai 1999. déchets enfouis sont en phase de dégradation
Dans ces travaux de recherche, il a été question anaérobie : méthanogenèse.
d’étudier et d’identifier le stade d’évolution de la Le tassement des déchets, suivi dans le premier
décharge de Jebel Chakir à travers la casier pendant trois années, est en phase
caractérisation de la nature et de la composition secondaire, lié au temps et indépendant de la
physicochimique des déchets enfouis, l’évaluation surcharge.

A b st ra c t
A. AYDI, M. ZAIRI, A. KALLEL, H. BEN DHIA
Characterization of the sanitary landfill of Jebel Chakir-Tunis (Tunisia)
The urban growth and the technical perfection of leachate and biogases, and a follow-up of the
modern life are the source of domestic, industrial settlement of waste.
and healthcare waste proliferation that requires The waste received in the landfill of Jebel Chakir
safe elimination. shows an average density of 335 kg/m3, a humidity
In Tunisia, as far as urban waste management is of 70% and an average organic matter content of
concerned, priority is given to the construction of 77% from the dry weight.
sanitary landfills and transfer centres in the main The composition of the leachate generated at the
cities, as well as to the closing and rehabilitation of landfill of Jebel Chakir revealed the impact of
uncontrolled wastes dumping sites. The sanitary environmental conditions. It also allowed us to
landfill of Jebel Chakir was the first of its kind in conclude that the waste was in a phase of
Tunisia. It has received the urban waste of Greater anaerobic degradation. Furthermore, the biogases
Tunis city since May 1999. composition indicates an anaerobic deterioration
The purpose of this study is to evaluate the phase: methanogenesis.
evolution phase of this landfill. The method The settlement of waste, measured in the first cell
consists of a fine characterization of the physico- during three years, is in the secondary phase,
chemical composition of deposited waste, an related to time and irrespective of the load.
estimation of the quantity and composition of

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