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numéro 412
16. Médias
Le joli mois de mai d’Emmanuel Macron
Abonné(e) à la version numérique
17. Lieu
Tous les suppléments pédagogiques Q Rendez-vous directement sur les Une soirée à la BPI
sont directement accessibles à par- pages « À écouter » et « À voir » :
tir de votre édition numérique de cliquez sur le nom des artistes 18. Langue
la revue : ou des œuvres pour visionner Philippe Gelluck :
les vidéos ou les bandes - « L’humour est notre langage universel »
Q Cliquez sur le picto « fiche annonces des films.
pédagogique » sur les pages 20. Métiers des langues
lors de la lecture pour téléchar- Q Cliquez sur les liens ci-dessous Délégué pédagogique
ger la fiche d’exploitation de pour télécharger les reportages
l’article en question. audio et leur transcription. 21. Mot à mot
Dites-moi Professeur
MÉTIER
Photo de couverture © 2016 VALERIAN SAS – TF1 FILMS PRODUCTION
édito
« Ici, ensemble » : pour un français utile et urgent MÉMO
60. À écouter
34. Manières de classe 62. À lire
Dernière démarque 66. À voir
36. Initiative
L’ odyssée eTwinning
L
22. Poésie es cultures populaires font-
40. Tribune Zéno Bianu : « Reprendre haleine » elles partie de la culture ? Si la
Les accords interuniversitaires réponse semble être dans la
internationaux 46. En scène! question, il n’y a pas d’évidence
Mensonges & trahisons en la matière en France. La
42. Innovation sortie mondiale du film Valérian et la
Baladodiffusion : l’oral en plus et en mieux 58. BD cité des mille planètes remet le débat
Les Nœils : « SF en tout genre » sur le devant de la scène. Ce long-
44. Ressources métrage à grand spectacle est tiré d’une
série de bande dessinée bien connue
des amateurs francophones, mais peu
diffusée dans d’autres langues. Depuis
les années 1960, la bande dessinée est
pourtant l’un des domaines où la France
et la Belgique s’illustrent sur la scène
mondiale par une grande diversité de
DOSSIER productions soutenue par la qualité de
VALÉRIAN : DE L’ESPACE-TEMPS
AU GRAND ÉCRAN 48
« Une entreprise de découverte de l’autre » ....................................................... 50
Le film : des étoiles plein les yeux !.................................................................... 52
nombreux auteurs. Alors que la littérature
ou le cinéma français s’exportent bien,
le patrimoine et les nouveautés de la
bande dessinée restent cloisonnés au
public restreint de l’aire francophone.
Tout Star Wars dans Valérian ? ......................................................................... 54 Fortement soutenue par des politiques
Valérian et Laureline : tout un monde ! ............................................................. 56 publiques d’exportation, la « grande »
culture voyage, pendant que les cultures
populaires font du sur place. Le réalisateur
Luc Besson redonne vie à un véritable
OUTILS 73. Fiche pédagogique trésor culturel en revenant à l’une de
69. Mnémo Schtroumpfons ensemble ! ses amours de jeunesse, les albums de
L’incroyable histoire des nasales Valérian. Même s’il doit en passer par la
75. Fiche pédagogique langue anglaise, langue de tournage et
70. Quiz Juste pour rire de diffusion première du film… Q
L’ espace… Sébastien Langevin
77. Fiche pédagogique
69. Test Dernière démarque Avis à nos abonnés « Formation »
… et le temps ! La parution du n° 62 de Recherches &
+ 3 fiches sur notre site : Applications est repoussée à la rentée 2017,
avec le prochain Français dans le monde
http://www.fdlm.org (n° 413, septembre-octobre 2017).
Le français dans le monde, revue de la Fédération internationale des professeurs de français - www.fipf.org, éditée par CLE International – 9 bis, rue Abel–Hovelacque – 75013 Paris
h(ċƱčƫăăƫĨĀĩƫāƫĈĂƫăćƫăĀƫćĈƫĥƫ4ƱčƫăăƫĨĀĩƫāƫąĆƫĉĈƫąăƫāĉƫđƫ!.2%!ƫ+**!)!*0/ƱčƫăăƫĨĀĩƫāƫąĀƫĊąƫĂĂƫĂĂƫĥƫ4ƱčƫăăƫĨĀĩƫāƫąĀƫĊąƫĂĂƫăĂƫđƫDirecteur de la publication Jean-Marc Defays (FIPF)
Rédacteur en chefƫh/0%!*ƫ*#!2%*ƫđƫConseiller de la rédactionƫ
-1!/ƫh$!1.ƫđƫSecrétaire général de la rédaction (h)!*0ƫ(0ƫđƫRelations commerciales Sophie Ferrand
Conception graphique - réalisationƫ)%6Ě!*,#!ƫġƫ333ċ)%6!*,#!ċ+)ƫđƫCommission paritaire: 0417T81661. 56e année. Impriméƫ,.ƫ ),.%)!.%!/ƫ !ƫ$),#*!ƫĨĆĂĀĀĀĩƫđƫ
Comité de rédactionƫ
%$!(ƫ+%.+*Čƫ$.%/0+,$!ƫ$%((+0Čƫ.*'ƫ!/.+$!/Čƫ
1(%!00!ƫ(!.0Čƫ /!((!ƫ.1Čƫ$*0(ƫ.,!00!Čƫh.. ƫ%+0ƫđƫConseil d’orientation sous
la présidence d’honneur de Mme Michaëlle Jean, Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie: Jean-Marc Defays (FIPF), Loïc Depecker (DGLFLF),
Franck Desroches (Alliance française), Cynthia Eid (FIPF), Youma Fall (OIF), Odile Cobacho (MAEDI), Stéphane Grivelet (FIPF), Évelyne Pâquier (TV5MONDE), Nadine Prost
(MEN), Doina Spita (FIPF), Lidwien Van Dixhoorn (RFI), Jean-Luc Wollensack (CLE International).
ÉLU(E)
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© Felipe Ribon
RYOKO SEKIGUCHI
LA SAVEUR DES LANGUES
N
ée au Japon en 1970, couverte qu’à l’université. « À 18 ans, je n’existais pas en tant qu’auteure gés entre les deux peuples. Suit en
résidant en France, en entrant à l’Université de Tokyo, en France. C’est pour remédier à cela 2015, La Voix sombre, un petit livre
à Paris, depuis 1997 j’avais le choix entre diverses langues, que j’ai fait ma première tentative sur les voix « en-allées », celles dont
et par tageant sa le chinois, le russe, l’allemand, et le d’auto-traduction. C’est ainsi que on garde le souvenir au creux de la
vie entre ces deux français. Et, déjà, je pensais qu’en ap- l’aventure de l’écriture en français mémoire, celles dont on garde la
pays quand elle ne voyage pas prenant le français je pourrais… bien a commencé… » Publié en 2001, trace par des enregistrements. Un
dans d’autres contrées du monde, manger. Plus tard, j’ai appris que je Calque, traduction ou, plus précisé- livre né après la mort de son grand-
Ryoko Sekiguchi ne cesse de croi- pourrais aussi… bien boire. » Forte ment, « version française » de deux père, avec lequel elle entretenait
ser leurs deux langues, ses deux de ces « motivations », elle se lance recueils publiés au Japon, est bien- régulièrement des conversations
langues, puisqu’elle est auteure et donc dans l’apprentissage de la tôt suivi de deux autres recueils, téléphoniques dont elle a été sou-
traductrice dans l’une et l’autre. langue française, avec assez de réus- Cassiopée Péca, cette même année, dain privée. « Mon grand-père était
Un itinéraire pluriel qui semble ex- site pour obtenir une bourse de trois et Héliotropes, en 2005. éditeur, cultivé et généreux, c’est sans
primer dès le premier vers qui sert ans afin de poursuivre ses études en En 2011, Ryoko franchit le pas et doute lui qui m’a transmis la fibre lit-
d’exergue à son premier recueil France. Ses premières lectures se publie son premier livre de prose di- téraire. »
écrit en français (publié chez son tournent vers la poésie médiévale, rectement écrit en français : Ce n’est
éditeur privilégié, P.O.L), Calque : puis vers Diderot, qui la passionne. pas un hasard, des « chroniques ja- Altérité
« la rencontre prévue au singulier est C’est à son arrivée en France qu’elle ponaises » rédigées entre le 10 mars Aujourd’hui, Ryoko Sekiguchi a pu-
soudain devenue nombreuse ». découvre la poésie contemporaine et le 30 avril 2011, en écho immé- blié plusieurs livres écrits en fran-
Ryoko Sekiguchi commence par et les écrivains vivants. diat à la catastrophe de Fukushima çais, mais garde néanmoins une
écrire et publier en japonais, mais si que l’auteur vivait à distance, à distance, prudente et modeste :
elle demeure fidèle, pour la poésie, Auto-traduction Paris. Des chroniques qui observent « Je sais que je dois être humble avec
à sa langue maternelle, elle choisit « Quand je suis arrivée à Paris, le regard porté par les Français sur cette langue qui me demande beau-
désormais volontiers, pour la prose, j’avais déjà publié trois livres en ja- le Japon. Une lecture en miroir des coup plus de temps pour écrire. J’ai
la langue française qu’elle n’a dé- ponais mais aucun n’était traduit et clichés et autres stéréotypes parta- toujours du mal à dire que le français
« Automne 2016,
dans une ferme à
Okayama, au Japon.
Les cuisiniers, le
boucher, le fromager,
etc., se réunissent
et chacun apporte
ses produits et fait
la cuisine (à gauche
au fond, il y a un four
construit à la main
par le fermier). J’aime
beaucoup cet esprit
de partage. »
LE CAMBODGE
UN PAYS EN MUTATION
© Theerawat – Adobe Stock
ÉVÈNEMENT
© Shutterstock
entre souffle musical et chant, est
une expérience féconde. Q
ÉCONOMIE
LE POIVRE DE KAMPOT
Depuis le xiiie siècle, le poivre (fa- pieds de poivre plantés (sur 20 Nous reboisons nos collines. Et pour
mille des pipéracées, venu de Mala- hectares) certifiés bio et commerce préserver l’architecture traditionnelle
bar, en Inde) poussait dans la région équitable. Nathalie : « En plus de khmère, nous avons acheté des mai-
de Kampot. Abandonnée pendant la notre mission sociale auprès des fa- sons pour les remonter dans notre pro-
guerre civile des années 70, sa culture milles de fermiers, nous nous occupons priété. » 25 000 touristes y viendront
renaît dans les années 2000 avec le d’une centaine d’élèves. Ils bénéficient en 2017. Q
retour sur leurs terres des familles d’équipement scolaire, de vélos, d’une
de planteurs de poivre. Consommé nouvelle route d’accès à leur école. Le poivre rouge et vert de Kampot.
vert, rouge ou blanc selon le degré
de maturation, il se distingue par des
parfums uniques, un piquant relati-
vement doux, des arômes fruités et
complexes appréciés par les grands
chefs cuisiniers. En 2010, le poivre
de Kampot obtient son IGP (indica-
tion géographique protégée) par le
ministère du Commerce et l’Agence
française du développement (AFD).
On le cultive selon les méthodes tra-
ditionnelles ancestrales et un cahier
© PSE
C
’est un constat que chacun sion de soi, le partage des informations nuel Godo appelle « une balade à tra- 16 avril : « Les gens qui démarrent une
peut faire : on n’a jamais et l’effort de compréhension ». Et il en vers les mots » où « l’on n’arrive jamais conversation numérique n’ont de cesse
autant conversé. Cela mé- déduit que le xxie siècle doit avoir une là où l’on pensait arriver au départ ». de retrouver les gens dans la vraie vie. »
ritait bien de pouvoir en nouvelle ambition : « promouvoir non Il ne saurait mieux dire… L’économie
parler dans cette chronique… Qui, la discussion, mais la conversation, qui Les neuf voix du chat du partage qui est en train de gagner
malgré son titre, n’hésite pas à revenir transforme les gens. » Eh bien voilà, S’exprimer, s’opposer, digresser, bref du terrain dans tous les secteurs est
un peu en arrière, en souvenir d’un nous y sommes. Réseaux sociaux, échanger : l’ère numérique est en une économie de la conversation : en
délicat petit livre écrit sur le sujet par forums, groupes de discussion, l’in- train de redonner ses lettres de no- témoigne BlaBlacar, le site de covoi-
Theodore Zeldin à la fin des années ternaute est invité en permanence à blesse à cet art de la conversation que turage qui ne s’appelle pas ainsi par
1990 : De la conversation, sous-titré : faire « fuser ses messages des pouces » l’on dit français, né aux xviie et xviiie hasard. Colocation, cotravail, covoi-
comme dirait l’un, à « mettre le feu à siècles, art de salon avant de devenir turage ont partie liée avec cette éco-
la conversation » comme dirait l’autre. art de bistrot, brève de comptoir. Une nomie par laquelle, écrit encore Theo-
FICHE PÉDAGOGIQUE Et il est vrai que via le numérique, ère numérique qui est en train d’in- dore Zeldin, « nous tentons d’apprêter
téléchargeable sur s’ouvre une multitude de fenêtres de venter de nouvelles conversations le monde pour le rendre moins amer ». Q
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12 Le français dans le monde | n° 412 | juillet-août 2017
ÉPOQUE | SPORT
Vue d’Abidjan, avec, au centre, le stade Félix-Houphouët-Boigny où se dérouleront les épreuves d’athlétisme.
D’OR ET D’IVOIRE
© Shutterstock.com
Akwaba ! Soit Après Rabat et Casablanca (Maroc, et gouvernements membres de exceptionnel pour des nombreux
« bienvenue », en langue en 1989), après Niamey (Niger, l’Organisation internationale de la athlètes et artistes en herbe et faire
2005), la Côte d’Ivoire est le troi- Francophonie, de 3 000 bénévoles office de révélateurs de talent (Hi-
baoulé. Une bonne sième pays africain chargé d’orga- et de 700 journalistes, avec quelque cham El Guerrouj, Marie-José Pérec
façon d’inviter à la niser la grand-messe francophone 500 000 spectateurs attendus, no- ou Donovan Bailey côté sportif, Jean
diversité et au brassage des arts et des jeux. La capitale éco- tamment des pays francophones Jean Roosevelt, Kareyce Fotso ou Ma-
nomique du pays, Abidjan, riche de voisins, Mali, Burkina Faso, Guinée. thieu Lippé côté culture). Le concept
pour cette 8e édition des 7 millions d’habitants, est aussi la Les Jeux représentent ainsi un enjeu unique et original des Jeux de la Fran-
Jeux de la Francophonie cinquième ville du Sud à accueillir touristique important et l’assurance cophonie est en effet de mélanger
qui se tiendra, du 21 au les Jeux en y ajoutant Antananarivo de renforcer l’attractivité et la visibi- compétitions sportives et concours
(Madagascar, 1997) et Beyrouth lité de la Côte d’Ivoire sur la scène in- culturels. À quoi s’ajoutent depuis
30 juillet, à Abidjan, (Liban, 2009). Ce n’est pas négli- ternationale pour une édition placée l’édition niçoise un concours de créa-
en Côte d’Ivoire. geable quand on sait que cette can- officiellement sous le signe de « la tion dans les domaines du développe-
didature s’inscrit dans un projet de solidarité, de la diversité et de l’ex- ment durable et du numérique.
PAR CLÉMENT BALTA développement, de renforcement de cellence ». Robert Mambé, qui a été À Abidjan, en cette fin du mois de
la cohésion nationale – alors que plu- désigné ministre en charge de ces juillet, l’athlétisme, la lutte africaine,
sieurs mouvements de mutinerie se- Jeux, entend bien qu’ils soient « un le football, le tennis de table ou le cy-
I
l y a quatre ans nous étions à couent sporadiquement le pays de- facteur de brassage des clisme sur route côtoie-
Nice pour suivre la dernière édi- puis janvier – ainsi que dans le cadre jeunes et des cultures ront ainsi la chanson, le
tion des Jeux de la Francopho- de son processus de « pays émergent mais aussi une occa- conte, la peinture, le hip-
nie. Nous serons cette année à l’horizon 2020 ». sion de célébrer la co- hop ou les marionnettes
également présents à Abidjan. hésion, l’union dans la géantes. L’occasion de
Deux villes tragiquement réunies en Solidarité et diversité diversité des cultures ». montrer que la franco-
2016 par des attentats terroristes. Si le budget d’Abidjan 2017 (7 mil- Opportunité unique phonie est un grand ras-
La francophonie aura la part belle liards et demi de francs CFA, soit d’échanges entre semblement solidaire et
pour montrer que d’un lieu à l’autre 11,5 millions d’euros) est consé- jeunes du monde en- festif tournée vers la jeu-
la langue universelle du sport et quent, les retombées économiques tier ayant le français nesse et la culture. Q
des jeux rassemble et fédère les po- ne devraient pas être en reste grâce en partage, l’évène-
pulations, en plus de cette langue à la participation de 4 000 artistes ment peut également Pour en savoir plus :
qu’elles ont en partage. et sportifs venus des 84 pays États constituer un tremplin www.jeux.francophonie.org
« LA TOLÉRANCE RELIGIEUSE
CONTINUE DE FAIRE PROBLÈME »
PROPOS RECUEILLIS PAR en réconciliant les intérêts diver- Chaque communauté dispose de
ALICE TILLIER gents. Cette tolérance se concrétise ses écoles, de ses lieux de culte,
Politologue, Denis Lacorne
est directeur de recherche par des droits : liberté de conscience, de ses tribunaux et les gère de
au CERI-Sciences Po. liberté de culte et neutralité de l’État. façon autonome, en échange
Le pluralisme religieux débouchera d’une contrepartie, un impôt, la
sur le pluralisme politique des démo- capitation. Quelques restrictions
craties modernes. existent, notamment en termes
Denis Lacorne, Les Frontières de la tolérance, coll. L’esprit de la cité, Gallimard, 2016, p. 199.
d’habillement, mais elles ne sont d’aller et venir dans l’espace pu- Peut-on tout tolérer? « insulte à l’islam ». Au niveau inter-
pas toujours appliquées. Au même blic, à la liberté personnelle de se La tolérance religieuse ne fonc- national, l’organisation des États
moment, en Europe, les guerres vêtir comme on veut. On voit que tionne que si la liberté d’expression islamiques avait d’ailleurs essayé, à
de religion conduisent en France les territoires de la tolérance se ré- est la plus complète possible. C’est l’ONU, de faire de la « diffamation
au bain de sang de la Saint-Bar- trécissent peu à peu. le cas en France, où l’on peut cri- des religions » un délit pénal. Elle
thélemy et à la guerre de Trente tiquer les croyances sans limites, échoua dans cette tentative qui au-
ans, qui fait 200 000 morts, les La France refuse là des mais où il est interdit d’insulter rait eu des effets désastreux sur la
princes voulant imposer leur reli- accommodements raisonnables quelqu’un du fait de son apparte- liberté d’expression et la survie de
gion à l’ensemble de leurs sujets. que d’autres pays acceptent nance religieuse : la loi protège les religions minoritaires. La tolérance
Le régime de tolérance ottoman parfaitement, à l’image des personnes. Le délit de blasphème, religieuse, qu’on a pu croire, il y a
disparaîtra précisément au mo- policiers sikhs qui peuvent lui, a disparu. Il perdure ailleurs, quelques années, acquise au profit
ment où la tolérance se généralise porter leur turban en Grande- comme le montre la condamnation d’autres enjeux, notamment la to-
en Europe, au xixe siècle. Bretagne… récente du gouverneur chrétien lérance sexuelle, continue de faire
La France est focalisée sur la ques- de Jakarta à 2 ans de prison pour problème. Q
Que dire de la France tion du vêtement, mais chaque
d’aujourd’hui? La laïcité à la pays a ses intolérances et ses ac-
française ne frise-t-elle pas commodements. Les États-Unis
parfois l’intolérance? sont intraitables sur les monu-
Plusieurs conceptions de la laï- ments religieux : la présence d’une COMPTE RENDU
cité coexistent en France : l’une grande croix, d’une table des dix Ghetto juif de Venise – quartier clos assorti de libertés –, système du millet
plus accommodante, l’autre, pure commandements, d’une crèche ottoman, tolérance de la polygamie des Mormons aux États-Unis au XIXe siècle
et dure. Et c’est cette dernière dans l’espace public est interdite. ou d’une scolarité écourtée des Amish encore de nos jours, acceptation des
conception qui s’est exprimée La France est plus souple sur cette turbans des sikhs dans la police anglaise... Autant d’exemples de tolérance
dans l’interdiction du voile isla- question, même si la construction qui sont évoqués dans l’ouvrage de Denis Lacorne. Partant des fondements
mique à l’école, de la burqa dans de mosquées fait débat et si la hau- philosophiques de la notion, il retrace l’histoire d’une tolérance qui varie au gré
l’espace public et du burquini sur teur des minarets est réglementée. des sociétés: chacune pratique des accommodements « raisonnables ». Dans
les plages. Car sous couvert de En Italie, les salles de classe sont une perspective délibérément comparatiste, faisant la part belle aux exemples
lois qui se prétendent neutres – la ornées d’un crucifix et la Cour eu- américain, anglais, allemand, italien, l’ouvrage apporte de nombreux éclairages
loi de 2004 n’interdit pas nom- ropéenne des droits de l’homme sur le cas français, depuis l’intolérance à l’égard des huguenots jusqu’aux lois
mément le voile, mais tous les n’a pas remis en cause cette pra- sur le voile à l’école et la burqa dans l’espace public, et la question du droit à
« signes religieux ostentatoires » tique : dans la mesure où les écoles l’outrance dans un pays où la caricature est une vieille tradition, pouvant susci-
–, c’est un groupe religieux en italiennes enseignent toutes les ter des réactions très violentes, notamment lors de l’affaire des caricatures de
particulier qui est visé. L’interdic- religions et permettent le port du Mahomet et des attentats contre Charlie Hebdo. Q
tion de la burqa est attentatoire à voile, le crucifix est accepté comme
la liberté de religion, à la liberté un symbole identitaire.
© Shutterstock
« Mai le joli mai »
comme disait Apollinaire.
Idéal pour décrire la
« révolution En Marche »
du nouveau président
français, élu en mai
dernier. Et ce sont
peut-être les autres qui
en parlent le mieux.
Petite revue de presse
internationale.
PAR JACQUES PÉCHEUR
Ateliers
Toujours dans la cafétéria, Patrick
et Evariste, 54 et 52 ans, viennent
de se retrouver. Ce dernier, d’ori-
gine camerounaise, confie être
E
n ce lundi soir, la foule au chômage. « Je suis ingénieur en
n’est pas nombreuse de- génie civil, mais dehors, les pers-
vant l’entrée du Centre pectives d’obtenir un bon travail ne
Pompidou, en plein cœur sont pas nombreuses. Alors je fais ici
de Paris. En revanche, derrière cet mes recherches dans les domaines de
énorme bâtiment contemporain, l’énergie solaire et hydroélectrique.
une centaine de personnes attend C’est le cadre idéal ! » Son camarade
de passer le portillon de la BPI, la sort d’un atelier de conversation en
Bibliothèque publique d’informa- anglais. Chaque jour, la BPI propose
tion. Une jeune femme relit une en effet des ateliers : conversation
partie de sa thèse, une femme d’une en Français langue étrangère, ini-
cinquantaine d’années attend son tiation au traitement de texte ou
sac de courses à la main, un vieil techniques de recherche d’emploi.
homme porte un sac de couchage... « J’ai assisté à des lectures par les co-
© Ded Picture
La BPI est ouverte toute la semaine médiens Éric Ruf ou Denis Podalydès.
(sauf le mardi), de midi à 22 heures. travaille, cela nous y incite plus que portable. Si jamais certains parlent Je viens aussi voir des expos à la BPI »,
Chaque année, plus d’un million quand on est à la maison. » Les deux un peu trop fort, des regards noirs explique ainsi Patrick, qui aimerait
d’entrées sont comptabilisées. amies ont repéré le rayonnage des s’abattent vite sur les gêneurs ou un trouver un boulot dans l’animation,
annales de baccalauréat. Ce soir, « chut » retentit. le spectacle ou la vente.
Ambiance studieuse elles vont faire des fiches de mathé- Sur la terrasse où les gens s’aggluti-
Ce soir-là, les deux immenses matique et de physique. L’ambiance Publics nent pour faire une pause, Rolande
étages de la bibliothèque sont sur- de la BPI est studieuse, silencieuse, Les pauses et les discussions ont lieu fume avec sa copine Aurélia. « La
tout fréquentés par des lycéens et presque monacale. Le public est à la cafétéria ou sur la terrasse du BPI est ma seconde maison, avoue-
des étudiants. Comme Katherine et assis autour d’immenses tables sur premier étage. Ayoub rigole avec t-elle. Et vers la fin de la soirée, les
Lin, 18 et 20 ans, qui sont en Termi- lesquelles chacun a disposé des deux amies, devant le distributeur langues se délient et parfois les gens
nale S à Paris. Lin : « Tout le monde livres, des cahiers ou son ordinateur de boissons chaudes. Il vit en Seine- se parlent. » Q
PHILIPPE
GELUCK
« L’HUMOUR EST NOTRE
ces conditions par le créateur hu-
moriste que je suis, qui ne pouvait
approuver que d’autres s’emparent
de son personnage. Ça reste un beau
Avez-vous déjà rencontré
des profs de FLE qui ont
utilisé vos dessins pour
leurs cours ?
LANGAGE UNIVERSEL » projet. Il faudrait le reprendre à zéro. Justement, en mai dernier j’étais en
vacances dans le sud de l’Italie, et
LingoZing reprend-il une femme m’est littéralement tom-
Vous êtes l’un des parrains de a aucune langue dans laquelle Le des albums déjà traduits ? bée dans les bras : « Vous êtes mon
LingoZing, une application Chat a un impact aussi grand qu’en On s’est basé sur les traductions héros, j’ai appris le français grâce au
d’apprentissage des langues « francophonie ». Ça a d’ailleurs anglaises du Chat, faites par un Chat ! Mon professeur en était fou et
par la BD. Qu’en est-il du donné l’idée à l’Alliance française, Anglais très « moderne », puisqu’il nous a expliqué plein de choses grâce
rapport que vous entretenez il y a deux ou trois ans, de réaliser voyage entre New York, New Delhi, à lui. J’ai été tellement séduite qu’en-
avec la traduction de votre à partir de mon personnage un ou- Londres et Bruxelles. Il a traduit déjà suite j’ai lu tous les albums ! » Une
personnage fétiche, Le Chat ? vrage d’initiation au français pour 3 albums et c’est lui qui a décidé de jolie histoire. Donc pour répondre
Philippe Geluck : Le Chat a été tra- des étudiants à travers le monde. l’appeler « Le cat », ce que je trouve à votre question, bien sûr, des profs
duit dans une quinzaine de langues. Mais le projet est tombé à l’eau. Des assez fin car on y inscrit son origine se servent du Chat pour leur cours
Il reste donc pertinent autrement enseignants, mal briefés au départ, francophone. Et il parle un anglais de français, en Belgique, en France
qu’en français, mais il a fallu choisir ont rédigé presque tout un livre en remarquable. Je lui ai dit quand il ou en Suisse. D’ailleurs on réfléchit
des extraits qui ne reposent pas que utilisant Le Chat comme ils l’enten- a traduit La Bible selon Le Chat qu’il à cette idée de faire, non pas un livre
sur des jeux de mots, sans quoi c’est daient. Ils ont fait un beau travail, était même plus drôle dans sa ver- officiel d’enseignement, mais un
intraduisible. Mais bien sûr, il n’y mais qui n’était pas acceptable dans sion anglaise que dans l’originale. manuel parascolaire, une sorte de
complément éducatif qui puisse ins-
Quel effet cela vous fait-il truire les mômes en les divertissant.
de voir Le Chat traduit ?
Dans une autre langue, je suis On a parlé au sujet du Chat
presque un lecteur vierge, je redé- d’un « comique rhétorique ».
couvre des choses. Ce qui est drôle En quoi vous a-t-il permis de
aussi, c’est la réaction de lecteurs travailler la langue ?
étrangers. Des Chinois sont venus J’ai publié mon premier dessin à
me dire : « On adore Le Chat, vous êtes l’âge de 17 ans. J’ai été comédien
très connu chez nous », alors que je ne pendant dix ans. Et puis je suis
suis pas traduit dans leur langue ! passé des planches de théâtre aux
Ils me disent qu’ils préfèrent lire en planches de dessin. Ce n’est pas de
français. En Flandre ou même en Fin- la BD que je fais, plutôt du dessin
lande, alors qu’il y a des traductions, d’humour. Avant l’arrivée du Chat
les gens trouvent la version originale (en 1983), je faisais exclusivement
« plus savoureuse ». Comme pour des dessins muets, des gags visuels.
Sempé, me disent-ils, quittes à par- Quand je l’ai inventé, je l’ai fait ba-
fois se faire expliquer les subtilités. vard. Je me suis retrouvé à ciseler,
© Pablo Garrigos / Le Soir
18 Le français dans le monde | n° 412 | juillet-août 2017
à devoir exprimer un gag, une idée, se défendre avec l’arme imparable
une situation à travers une ou deux du faible, du petit, qui est l’humour.
phrases, à les rendre percutantes.
Ça fait partie de mon travail quo- Après 4 ans d’interruption,
tidien. Autant je dois être précis et vous avez repris votre
juste dans le dessin, avoir une ligne collaboration avec le
claire, autant je veux être dans quotidien belge Le Soir, où
l’écriture claire. Pierre Assouline a le Chat est né, en 1983. Et
dit un jour à propos du Chat qu’il en 2020, c’est carrément
proférait des « haïkus belges ». C’est un musée qui va lui rendre
une belle définition. hommage à Bruxelles...
Ce sera un musée du Chat et du des-
Le Chat est passé maître dans sin d’humour : il ne s’agit pas de faire
l’art du second degré et du un temple à ma gloire. Une partie
jeu de mots. Est-ce justement principale présentera mon travail,
une caractéristique belge, un ancien, présent et futur. Un espace
rapport particulier au français sera réservé à une grande exposi-
qu’en tant que wallon vous que notre attachement à la langue qui viennent se produire ici disent tion d’hommage à un dessinateur
pourriez revendiquer ? est plus fort, que nous nous posons que les Belges sont un des meil- humoriste : Sempé, Steinberg, Un-
Le Belge est attaché à la langue des questions et sur la manière de leurs publics. On comprend mieux gerer… Et une troisième partie du
française car elle est aussi un peu un la pratiquer et sur nous-mêmes l’humour, voilà. De façon générale. musée sera consacrée à l’animal le
combat. Il doit la mériter. On lui fait qu’aucun Français ne se pose ! Bon, C’est notre langage universel, la chat et sa présence dans l’art. La ré-
savoir depuis très longtemps qu’il la il faut dire qu’ils ne se posent pas langue qui nous rassemble. gion Bruxelles-Capitale me fait un
parle mal, qu’il est minoritaire dans beaucoup de questions (rire). immense bonheur en m’attribuant
son pays. Comme les Suisses, les Comment l’expliquez-vous ? un monument en plein cœur du
Québécois. La francophonie y est Il existerait donc bien C’est dû au fait que nous avons quartier des musées, à 200 mètres
un concept qui veut dire quelque un « humour belge » ? toujours été un petit pays. Même de celui consacré à Magritte. Je
chose, quand pour les Français ça Disons un esprit. Un esprit décalé. quand le pays n’existait pas, nous m’engage énormément en faisant
ne semble pas le cas… Ce n’est pas Je ne sais pas s’il est compréhen- étions déjà un petit pays (rire). Qui don de quantité d’œuvres à la ré-
pour rien qu’on trouve de grands sible dans le monde entier, mais ce a été traversé par toutes les cultures gion et en m’engageant à réunir un
grammairiens belges, comme qui est certain, c’est que les Belges et toutes les armées d’Europe. De- budget de 4 millions et demi d’euros
Maurice Grevisse ou André Goosse. sont compatibles avec tous les hu- puis les Romains en passant par les auprès d’investisseurs privés. Je vais
On dit toujours qu’un enfant qui mours de la planète. Le Belge est un Vikings, les Espagnols, les Français, créer 25 à 30 emplois. C’est un pro-
fut malade devient ensuite plus receveur universel, très sensible à la et puis les Anglais, les Hollandais, les jet très ambitieux. Et ce ne sera pas
fort dans sa tête. Que d’être sourd déconne. À mes débuts en France, Allemands (qui ont laissé moins de qu’un « vrai » musée, mais un lieu où
ou aveugle renforce les autres mes gags pouvaient tomber à plat. souvenirs comiques…), etc. Et nous s’amuser et fraterniser. Q
sens. Et nous, Belges, sommes Mais avec l’expérience, j’ai compris avons même été autrichiens. Je crois
amputés de la France elle-même. que je devais presque donner le que ça nous a appris à essayer de de- POUR EN SAVOIR PLUS
Nous sommes des excroissances mode d’emploi avec. En revanche, venir compatibles, de comprendre www.geluck.com
www.lingozing.com/fr
de la francophonie et peut-être beaucoup d’humoristes français ce qu’on nous voulait, toujours. Et de
DR
DÉLÉGUÉ PÉDAGOGIQUE
LE VRP DE L’ÉDITION
PAR CÉCILE JOSSELIN 3 QUESTIONS À LAURE PATUANO,
DÉLÉGUÉE PÉDAGOGIQUE CHEZ CLE INTERNATIONAL
Toujours entre deux avions, c’est En quoi consiste votre métier? l’étranger (pour ma part, l’Italie, FORMATION:
un peu le VRP de l’édition scolaire Nous avons deux casquettes. La pre- la Suisse, le Canada, les États-Unis Pour ce métier de niche,
mière est pédagogique et consiste à et l’île de Malte). J’organise mes aucune formation spé-
et du FLE. Bon communicant, visiter les écoles, à rencontrer les visites par régions géographiques cifique n’existe a priori.
organisé, débrouillard, le délégué responsables pédagogiques et les en fonction de nos actualités édi- Poste de seconde partie
pédagogique aime voyager et professeurs afin d’écouter leurs toriales et d’évènements que je de carrière, le métier de
besoins. Nous assurons aussi ponc- lance ou auxquels je participe. délégué pédagogique en
partir à la rencontre d’autres tuellement des actions de forma- L’autre moitié du temps, je suis au FLE s’aborde par ailleurs
cultures. Observateur et très tion. Celles-ci prennent la forme bureau, à Paris, pour préparer mes presque toujours après
à l’écoute de ses interlocuteurs, soit d’une présentation après-vente prochaines visites. Je dois aussi ré- une première expérience
dans une école qui adopte un de nos pondre à tous les courriels que l’on en tant qu’enseignant de
il se doit d’être disponible, manuels, soit de journées de forma- m’envoie et rendre compte de mes FLE et/ou responsable pé-
car il est souvent très sollicité tion transversale pour lesquelles on visites à ma direction. dagogique dans une école.
par les professeurs de FLE, invite tous les profs d’une région. Un master FLE est à pri-
La deuxième casquette est com- Comment s’exerce vilégier pour la formation
les responsables pédagogiques, merciale. Je suis en relation avec votre métier? initiale, avec si possible
comme les distributeurs ou les libraires en France et avec nos Chez CLE International, nous une dominante en TICE.
les libraires. Relais d’une maison distributeurs à l’étranger. Mon rôle sommes actuellement deux en Dans les maisons d’édi-
est de m’assurer que nos livres sont interne, mais on a six ou sept tion qui ont également
d’édition sur le terrain, il prend bien présents dans les rayons. Je personnes qui travaillent comme un catalogue scolaire
le pouls du marché et renseigne sollicite aussi les libraires sur des délégués pédagogiques en tant plus généraliste dont le
les équipes éditoriales sur la évènements et leur propose des que prestataires externes sur une délégué pédagogique a
opérations commerciales. zone géographique lointaine. Ils souvent aussi la charge,
réception des ouvrages. sont basés sur place. Certains sont comme Hachette, un pro-
À l’occasion, il peut aussi faire Comment organisez-vous auto-entrepreneurs, d’autres sont fil plus généraliste ou plus
remonter de nouveaux besoins votre temps? rattachés au distributeur (Inter- commercial (marketing
qui se traduiront par le lancement Je suis en déplacement la moi- forum) comme salariés, à temps ou commerce interna-
tié du temps, en France comme à plein ou à temps partiel. Q tional) peut aussi être
d’un nouveau produit éditorial. envisagé. Q
LEXIQUE
DITES-MOI
s’engager à payer ses dettes. Celui, ensuite, de « lier
quelqu’un (par promesse ou convention) »; le verbe
est alors synonyme d’embaucher: engager un cuisi-
nier, s’engager dans la Légion étrangère.
PROFESSEUR
À partir du XVIe siècle, engager développe un second
type d’emploi, dont on saisit la genèse. Mettre en
gage, c’est aliéner un objet; promettre, c’est aliéner
sa liberté: (s’)engager prend dès lors l’acception
« (faire) pénétrer dans quelque chose qui retient ».
Le verbe devient synonyme d’introduire: engager
ÉTYMOLOGIE la clef dans la serrure, s’engager dans un sentier
Ces mots anglais sont français tortueux. On saisit les acceptions dérivées courantes
de nos jours. D’une part « entamer » (engager des
Qui ne s’est jamais plaint des angli- cesseurs. Ce qui a pour effet qu’une très rôtir) de bœuf; sport, de l’ancien fran- négociations, des dépenses, le combat); d’autre part
cismes que le monde moderne et sa grande part des mots anglais que nous çais desport, « divertissement »; tennis, « mettre en œuvre des moyens humains »: engager
technicité déversent dans la langue avons empruntés depuis sont d’origine de l’ancien français tenez, impératif du des troupes nouvelles dans la lutte.
française? Nous avons deux raisons de française: ils ont fait un aller et retour verbe tenir; test, de l’ancien français On comprend par suite la valeur morale du prono-
nous consoler. En pensant d’abord que au-dessus de la Manche. Les exemples test, « pot de terre » et spécialement en minal s’engager: « participer, par conviction et en
ces anglicismes, effets de mode, s’im- en sont légion: blue jean, de bleu de alchimie « pot servant à l’essai de l’or »; prenant des risques, à la vie sociale, politique, intel-
plantent rarement de façon durable; Gênes, nom d’une toile; caddie (garçon ticket, de l’ancien français estiquet, lectuelle ou religieuse de son temps ». L’engage-
en constatant, ensuite, qu’il s’agit sou- de golf), de cadet; nurse, de nourrice; « petit écriteau », cousin d’étiquette. ment est une entrée, quasi-physique, dans la mêlée
vent de mots français. pedigree, de pied de grue (les arbres Cela rappelle le joli mot de Georges sociale; il vous engage tout entier. Q
Le lexique de la langue anglaise est généalogiques sont disposés en forme Clemenceau: « L’anglais, ce n’est jamais
formé à plus de 50 %, de termes in- de patte d’oiseau); poney, du moyen que du français mal prononcé. »
troduits par les braves Normands de français poulenet, diminutif de poulain; La « résistance » à l’anglicisation passe RETROUVEZ LE PROFESSEUR
Guillaume le Conquérant et leurs suc- rosbif, de l’ancien français rôt (du verbe aussi par l’humour. Q et toutes ses émissions sur le site
de notre partenaire
WWW.TV5MONDEPLUS.COM
EXPRESSION
ZÉNO BIANU
Né à Paris en 1950 d’une mère française et d’un père roumain réfugié politique, Zéno Bianu
est l’auteur d’une œuvre protéiforme, interrogeant à la fois la poésie, le théâtre, le jazz et
l’Orient. Ce qui lui a valu de recevoir le prix Robert Ganzo au dernier festival Étonnants Voya-
geurs de Saint-Malo (3-5 juin). Gallimard a récemment publié ensemble Infiniment Proche
et Le désespoir n’existe pas avec une préface d’Alain Borer, qui parle de la « parole jazzée,
syncopée, écrite à l’oreille » de celui qui a dédié quatre recueils à Chet Baker, Jimi Hendrix,
© Fotofang – Adobe Stock
John Coltrane et Bob Dylan. Avant de composer selon ses propres mots des « mandalas
sonores », fasciné qu’il est par l’Orient : « pour moi toute une longue histoire palpite derrière
ce mot » dit Zéno Bianu, qui possède « le zen et le théâtre Nô dans son nom ». Q
FICHE PÉDAGOGIQUE
téléchargeable sur
www.fdlm.org
RÉSEAUX
LE PLURILINGUISME
NE S’IMPROVISE PAS
Il ne suffit pas d’exposer des élèves ou des l’apprentissage de chaque nouvelle langue
étudiants à plusieurs langues entre les quatre apprise reste instable et limité, et porte même
murs d’une classe ou de les envoyer en stage à préjudice aux précédentes langues (mal) as-
l’étranger pour les rendre plurilingues et pluri- similées comme aux fondations cognitives de
culturels. Il est souvent arrivé au contraire que l’enfant et conséquemment à la réussite de son
des responsables politiques et éducatifs, des parcours scolaire.
directeurs d’établissement scolaire, voire des C’est pour cela qu’il faut aborder la question
parents, tous certainement bien intentionnés, du plurilinguisme scolaire et universitaire
commettent d’irréparables erreurs en impo- dans le contexte propre aux apprenants.
sant l’apprentissage à l’école, du jour au len- Il convient d’abord de distinguer le plurilin-
PRIX DES CINQ demain, au nom du progrès ou de la tradition,
soit d’une langue étrangère, soit d’une langue
guisme individuel du multilinguisme social,
et ensuite, dans le cas de plurilinguisme in-
CONTINENTS patrimoniale, à des enfants qui n’y avaient
pas été préparés, dans un système scolaire qui
dividuel, celui qui nous intéresse ici, voir
comment se distribuent et se combinent les
Doté d’un montant de 10 000 euros, le Prix n’avait pas été adapté. langues pour les usages vernaculaires (en
des cinq continents, créé en 2001 par l’Or- Il faut le dire et redire, comme à l’occasion de famille), véhiculaires (de communication),
ganisation internationale de la Francopho- tables rondes sur cette problématique organi- de référence (de scolarisation) et d’apparte-
nie (OIF), permet de mettre en lumière des sées en mars dernier à Beyrouth et à Tripoli nance (d’affiliation identitaire). Il faut donc
talents littéraires reflétant l’expression de par l’Association nationale des enseignants raisonner en terme de situations linguis-
la diversité culturelle et éditoriale en langue de français au Liban : les langues ne sont pas tiques (les langues et les cultures pratiquées
française sur les cinq continents. Ce prix des matières interchangeables ni des connais- dans l’entourage de l’écolier, de l’étudiant, de
permet également d’offrir à l’auteur(e) sances emboîtables comme les autres. Leur l’apprenant), de profils linguistiques (les lan-
un rayonnement international. Le lauréat bé- apprentissage engage des processus cognitifs gues et les cultures qu’il pratique lui-même,
néficiera d’un accompagnement promotion- d’acquisition et requiert des investissements à des degrés et dans des contextes divers),
nel pendant toute une année, l’OIF assurant socio-affectifs beaucoup plus longs, com- de parcours linguistiques (les langues et les
sa participation à des rencontres littéraires, plexes, subtils, exigeants que les autres ap- cultures qu’il est appelé à pratiquer, à permu-
foires et salons internationaux identifiés prentissages, et leurs enjeux et implications ter, à combiner aux différentes stades de sa
de commun accord avec lui. La liste des sont plus déterminants pour la personnalité scolarité et de sa vie).
10 finalistes sera dévoilée le 12 juillet 2017, et l’avenir de l’apprenant. La mondialisation aidant, les situations et
le lauréat recevra son prix dans le cadre de Raison pour laquelle menace dangereuse- les profils sont de plus en plus complexes et
la Foire internationale du livre de Francfort, ment les enfants et adolescents soumis aux variés, et les parcours de plus en plus incer-
en octobre 2017. Pour rappel, le Prix 2016 expériences plurilingues mal conçues, mal tains ; il convient donc que toute initiative
avait été attribué à Fawzia Zouari (Tunisie) organisées, mal planifiées, sans précaution, linguistique, dans le monde éducatif comme
pour son roman Le Corps de ma mère aux sans encadrement, sans suivi, ce qu’on appelle dans la vie de tout un chacun, fasse préalable-
Éditions Joëlle Losfeld (Lire l’entretien dans le « plurilinguisme soustractif ». Le risque, sou- ment l’objet d’une réflexion qui tient compte
Francophonies du Sud n°41, p. 4). Q vent avéré, est que sans une langue (éventuel- du contexte et du long terme, parce qu’on ne
lement deux) de référence solide, résultat d’un change pas de langues et a fortiori de cultures
Pour en savoir plus : www.francophonie.org apprentissage intense, assidu et cohérent, comme de chemises. Q
© Barbara Helgason
LES PAYS DU NORD
OFFICIELLEMENT FRANCOPHONES
Vue de Vancouver, au Canada. Un Québécois est en droit d’y demander des « services » en français dans les administrations locales: c’est le principe de personnalité.
Si l’ordonnance de Villers-Cotterêts remplaçait etc. Nous avons là une situation très Lorsque la gestion du plurilin-
le latin par le français dans les actes juridiques, particulière et plutôt rare : trois lan- guisme est le fait de l’État, on choi-
gues officielles qui sont parlées par sit généralement entre ce qu’on
sans se préoccuper des autres langues parlées en toute la population autochtone, en appelle le principe de personnalité
France (voir FDLM n° 411, p. 20-21), on observe famille ou dans la rue, à l’école ou au et le principe de territorialité. Dans
aujourd’hui dans les pays francophones du Nord travail. Mais il en va différemment le premier cas l’individu transporte
en Suisse, en Belgique et au Canada, avec lui son droit à sa langue, dans
une volonté de gérer le plurilinguisme, entre pays dans lesquels des citoyens le second il se plie à la loi linguis-
principe de personnalité et principe de territorialité. peuvent être monolingues, ou ne tique de l’endroit où il se trouve. Et
dominer qu’imparfaitement une se- l’on rencontre l’application de ces
conde langue, dans lesquels aussi, deux principes dans les pays fran-
A
ux frontières de la gérer dans ces conditions le droit comme en Suisse ou en Belgique, il cophones que nous évoquons ici.
France se trouvent aux langues et permettre aux ci- est difficile de demander aux fonc- Ainsi, au Canada, l’administration
trois pays dans les- toyens d’utiliser la leur dans leurs tionnaires de connaître toutes les doit pouvoir parler en français et
quels le français rapports avec l’administration ? langues officielles ou d’avoir dans en anglais, à la demande des utili-
est une des langues Que se passe-t-il lorsqu’il y a trois ou toutes les administrations des fonc- sateurs. C’est le principe de person-
officielles : le Luxembourg, la Bel- quatre langues officielles ? Doit-on tionnaires parlant l’une d’entre elles. nalité : un Québécois, par exemple,
gique et la Suisse. Ajoutons-y, exiger des fonctionnaires de l’État
pour compléter la liste des pays du qu’ils les connaissent toutes ? On
EXTRAIT 1
Nord, le Canada. Nous avons alors voit que ces situations, qui consti-
cinq pays dont le français est soit la tuent certes de beaux exemples de Cet exemple de communication téléphonique entre la standardiste
seule langue officielle (la France), respect de la diversité linguistique, du service des rendez-vous d’un hôpital de Montréal et une patiente,
soit coexiste avec une autre langue sont complexes. illustre bien le bilinguisme de l’administration canadienne. La stan-
(l’anglais au Canada), avec deux Dans l’un de ces pays, le Luxem- dardiste décroche : « Central Booking, may I help you ? » La patiente
autres langues (le luxembourgeois bourg, les dimensions réduites du répond : « Oui, allô ? » La standardiste passe alors au français : « Bureau
et l’allemand au Luxembourg, le territoire (2 500 km2) et de la popu- de renseignement, est-ce que je peux vous aider ? » Et le reste de la
flamand et l’allemand en Belgique) lation (115 000 habitants) font que conversation se poursuit en français. Elle se serait déroulée en anglais
ou avec trois langues (l’allemand, les trois langues sont partout super- si la patiente avait répondu dans cette langue.
l’italien et le romanche en Suisse). posées, qu’on les utilise dans la jus-
Exemple donné par Monica Heller, « Negociations of Language Choice in Montreal », in John Gumperz, Language and
Ce plurilinguisme officiel pose évi- tice, l’administration gouvernemen- Social Identity, Cambridge University Press, 1982, p. 108-118.
demment un problème : comment tale, l’enseignement secondaire,
© Ludmila Smite
qui se déplace à Vancouver a le droit Le Parlement européen, à Bruxelles.
En Belgique, les citoyens ne transportent
de demander des « services » en pas avec eux le droit à leur langue: c’est
français dans les administrations le principe de territorialité. La région de
locales, de la même façon qu’un an- Bruxelles est toutefois la seule officiellement
glophone de Vancouver en déplace- bilingue (français, flamand) du pays.
ment à Montréal a droit à des « ser-
vices » en anglais. (voir extrait 1).
La Belgique est un État fédéral qui
compte trois régions (la région fla- est une province canadienne of-
mande, la région wallonne et une ficiellement bilingue et l’on en lit
région bilingue, celle de Bruxelles) la trace sur les plaques indiquant
et trois communautés linguistiques le nom des voies publiques. Mais
(française, flamande et germa- l’administration locale a choisi
nophone). Et en Suisse, selon les de tirer parti des caractéristiques
cantons, l’allemand, le français, le syntaxiques des deux langues en
romanche ou l’italien sont la langue présence. En effet, on dit en fran-
de l’administration, et les utilisa- çais Rue X là ou en anglais on dira
teurs doivent s’en accommoder. X street et les plaques des rues de
Les cantons y jouissent d’une cer- Moncton, la capitale de la province,
taine liberté, la Confédération se jouent sur cette particularité en re- bilinguisme officiel est donc ici in- grands principes, la personnalité et
contentant de faciliter leurs initia- groupant ces deux structures : Rue terprété d’une façon particulière, la territorialité. Le but n’est pas de
tives. Dans les deux cas, Belgique et X street. puisque c’est l’anglais qui s’impose, mettre en place un monolinguisme,
Suisse, les citoyens ne transportent Cela donne par exemple rue le français ne se manifestant que comme dans le système français,
pas avec eux le droit à leur langue : Church street (voir extrait 4) ou rue par des rues, places ou boulevards mais d’aménager le plurilinguisme.
c’est le principe de territorialité. Main street, qu’un anglophone lira suivis d’un mot anglais. L’État a, bien sûr, d’autres questions
(voir extraits 2 et 3). Church street et un francophone Mais il demeure que c’est la loi qui, à régler, en particulier celle des lan-
Cette gestion officielle peut parfois rue Church, alors qu’on attendrait dans ces différents cas, se charge de gues dans les entreprises, au tra-
mener à des solutions cocasses. Le plutôt rue de l’église et Church street, gérer la gestion du plurilinguisme, vail. Nous y reviendrons dans une
Nouveau Brunswick par exemple ou rue principale et Main street. Le et qu’elle choisit entre ces deux prochaine chronique. Q
À LIRE
M. Auzanneau, M. Bento et M. Leclère (dir.), Espaces, mobi- « La guerre et les langues: reconfigurations sociolinguis-
lités et éducation plurilingues, éclairages d’Afrique ou tiques et adaptations didactiques », Revue Lenguas,
d’ailleurs, Éditions des archives contemporaines, Paris, 2016 n° 80, 2016
Cet ouvrage collectif regroupe des études concernant principale- Quelles sont les relations entre les guerres et les langues?
ment l’Afrique, qu’elle soit francophone ou lusophone, mais aussi À partir d’études concernant l’Ukraine, le Luxembourg, le
la Thaïlande ou le Liban. Au-delà des descriptions de certaines Nicaragua ou l’ex-Yougoslavie, les auteurs de ce numéro
situations sociolinguistiques, on y lit des réflexions et des analyses tentent de répondre à cette question centrale dans un cer-
tain nombre de situations. Éléonore Yasri-Labrique, dans
d’activités concrètes dans l’enseignement des langues africaines
sa longue introduction, souligne que les solutions poli-
en milieu formel et informel, les activités d’édition en langues lo-
tiques ou pédagogiques avancées aident à réfléchir sur
cales, les classes bilingues impulsées par l’OIF, bref un large éven-
« des perspectives possibles d’un mieux vivre ensemble ».
tail de situations plurilingues et de leur gestion. Q À retrouver en ligne sur: https://lengas.revues.org/1168 Q
JOUER
AVEC LE SLAM
Deux des plus grands slameurs français: Abd al Malik (ici en couverture de son album Château rouge) et, en haut à droite, Grand Corps Malade (à Nice, aux Jeux de la Francophonie 2013).
S
lam : le verbe désigne l’ac- dont la principale règle est la rapi-
place des ateliers de tion de claquer, au propre dité : les mots doivent fuser dans Au-delà de ce champ sémantique
comme au figuré. Être tous les sens. De fait, le slam est une foisonnant, le slam peut être défini
poésie orale grâce à percutant, critiquer avec affaire de mots, d’expression libre et comme un art du verbe, un espace,
la pratique ludique et virulence, incendier ou insulter ludique, d’instantané et de partage, dispositif contemporain de poésie
créative du slam. quelqu’un, manifester sa colère… de mots offerts à qui veut entrer scénique délimité par quelques
Mais ce que le slam propose, c’est dans la danse. règles et contraintes visant essen-
PAR CAMILLE FORGER, DOMINIQUE justement d’apprendre à dompter Le slam, c’est aussi la danse – ce qui tiellement à stimuler la créativité
ABRY ET KATIA BOUCHOUEVA la colère par les mots, pour sortir du n’est pas sans rappeler la métaphore et à favoriser les interactions avec
cachot (in the slammer), se libérer de Paul Valéry reprenant la comparai- le public.
d’une parole en faisant claquer ses son de Malherbe en associant la prose Première règle : écrire pour dire,
mots, symboliquement. à la marche et la poésie à la danse –, pour déclamer son texte et non le
Un slam, c’est une claque sonore celle où l’on se balance en rythme en lire, ce qui suppose l’avoir appris
et émotionnelle, potentiellement se cognant les uns contre les autres. « par cœur » pour pouvoir se dé-
Camille Forger est maître libératrice. Ces quatre lettres qui C’est la danse des mots ou la danse tacher du support écrit et libérer
d’enseignement et de recherches
à l’EFLE de Lausanne. Dominique correspondent à une onomatopée avec les mots, et le slalom entre les sa gestuelle. Il s’agit de donner vie
Abry est professeure de FLE et en anglais (équivalente à « clac ») mots, tant l’énergie du collectif, la et voix à ses propres mots, dans
formatrice d’enseignants. Katia invitent aussi au jeu avec les mots. dynamique qui en émane, peut se ré- l’intention de les partager publi-
Bouchoueva est poète et slameuse.
« Boogle Slam » est un jeu de lettres véler éminemment créative. quement. Dans « ce genre discursif
© Patrick Lazic
trique : à chacun son flow, à chacun faire une majestueuse architecture
son style ! sonore. »
Troisième règle : le temps, cir- L’atelier de slam peut contribuer à
conscrit à 3 ou 5 minutes. Trois mettre les apprenants en voie de se
minutes, pour trois caractéristiques les mots. (…) le slam est sûrement namique du collectif qui s’ensuit sentir chez soi dans la langue fran-
essentielles : la concision qui peut un moment d’écoute, un moment de constituent un atout dont un atelier çaise, de développer une familiarité
engendrer une certaine densité, un tolérance, un moment de rencontre, slam pourra tirer profit dans l’en- avec elle en la désacralisant. Le slam
flot de mots ; le naturel et la spon- de partage. » seignement-apprentissage du fran- est donc le lieu d’une poésie orale et
tanéité d’une interprétation, qui çais – qu’il soit langue étrangère, ludique, le plus souvent médiati-
permet d’entrer en relation avec le Des jeux pour des enjeux maternelle ou seconde. Le slam sée par l’écrit, une invitation à une
public pour mieux l’enrôler dans en classe de FLE permet ainsi la libération de l’écri- exploration créative de la langue.
un jeu créatif avec les mots et les Les jeux proposés en classe de FLE ture par une approche ludique, un Dans le slam, tous les jeux sont per-
sons ; la brièveté du slam créé et in- ménageront un va-et-vient entre ensemble cohérent de jeux d’oralité mis et tous les mots aussi ! Il s’agit
terprété est le gage de sa vivacité, écrit et oral, oral et écrit qui contri- au service d’une approche créative de dépasser des frontières tout en
et surtout du partage de la scène : buera à désinhiber l’écriture – en de la langue. Il s’agit aussi en fran- apprenant à les appréhender : entre
« Le slam, écrit Grand Corps Ma- la rendant ludique et spontanée – çais langue étrangère et seconde de les codes (écrit/oral), les registres,
lade, c’est avant tout une bouche qui tout en mobilisant la phonétique trouver sa voie/voix dans une autre les genres, les mots, etc.
donne et des oreilles qui prennent. et en entraînant le flow, la fluidité langue. L’atelier de slam est l’occa- Au fil des activités avec le slam, on
C’est le moyen le plus facile de par- du phrasé, ainsi que la mise en sion d’offrir à l’apprenant un voyage pourra ainsi travailler plusieurs ma-
tager un texte, donc de partager corps, la mise en espace des mots. au pays des mots, une exploration nières de se présenter, faire son mar-
des émotions et l’envie de jouer avec L’idée d’écriture partagée et la dy- des profondeurs et des richesses de ché des mots (travailler par exemple
la langue française. les onomatopées), travailler sur le
L’atelier de slam est aussi le lieu rythme et les allitérations, parler
d’une mise en voix qui permettra de ses sentiments, travailler sur la
À LIRE aux apprenants de mieux accepter variation vocalique à partir d’une
Découvrir le slam à travers 21 artistes français, leur voix en français avec un timbre même consonne, découvrir les pro-
belges, suisses et québécois; stimuler chez l’ap- aigu ou plus grave, d’incorporer cédés comme l’homophonie, repérer
prenant le goût de la créativité et de l’oralité par une gestuelle et des mimiques dif- les jeux de sonorités, se familiariser
un travail d’écoute, associé à des jeux d’écriture férentes. Un travail sur l’acquisition avec les lipogrammes, virelangues,
et d’interprétation, l’atelier de slam, décliné en des sons ainsi que sur la rythmique poèmes-listes, slam-fables, enrichir
une trentaine de fiches très bien structurées et et la mélodie propres à la langue son vocabulaire avec un travail sur
classées par niveau, vise à aider les apprenants française (élision du « e » instable ; l’antonymie ou la synonymie ou en-
slameurs à trouver leur voix. Q liaisons) est indispensable. Par la core s’approprier le passé composé
mise en scène, l’apprenant osera ou le dire avec des si…
Camille Vorger, Dominique Abry, Katia Bouchoueva, Jeux de slam,
Collection « Les Outils malins du FLE », FLE PUG. s’approprier la musicalité et l’into- Bref, devenir ainsi un bon nageur
nation à la fois linguistique et ex- dans le flot des mots ! Q
« ICI, ENSEMBLE »
POUR UN FRANÇAIS UTILE ET URGENT
Des fictions, des documentaires et
des animations pour accompagner les
primo-arrivants et plus généralement
les migrants – lecteurs et non-
lecteurs – dans leur apprentissage
de la langue. Voici ce que propose
la collection de ressources
pédagogiques intitulées
« Ici, ensemble » à retrouver
sur le site de TV5Monde.
Les équipes de TV5Monde et de Langues Plurielles réunies lors de la présentation d’« Ici, ensemble », le 8 décembre dernier.
D
emandeurs d’asiles, réfugiés, personnes im-
migrées depuis longtemps et passés entre les
mailles de l’apprentissage du français, les mi-
grants ont besoin d’apprendre la langue du pays
d’accueil, tant il est urgent de vivre, de se loger, de se soi- Témoignage d’Anna Cattan
gner, de se déplacer, de connaître la société d’accueil et ses Responsable pédagogique chez Langues Plurielles
valeurs, de travailler.
C’est pourquoi TV5Monde met à disposition, grâce au tra- Je suis formatrice en français langue étrangère, j’ai
vail des pédagogues de Langues Plurielles, des ressources un master de didactologie des langues et des cultures,
d’enseignement immédiat du français, gratuites et en télé- et très vite je me suis rendu compte que je n’avais pas
chargement légal. Il s’agit de capsules vidéo, accompagnées envie de travailler dans le cadre du développement de
de leurs scénarios pédagogiques, ainsi que « d’astuces péda- la francophonie à l’étranger, en Alliances françaises ou
gogiques », qui permettent à tout acteur bénévole, engagé Instituts français, mais dans un pays francophone avec
dans l’accueil de ces personnes, de s’emparer du média pour des adultes migrants, qui avaient besoin de mieux maîtriser la langue
s’improviser professeur. On y enseigne un français efficace, dans le pays dans lequel ils vivaient.
un français utile et urgent appelé à devenir compétence pro- Je me suis donc spécialisée en français langue étrangère. Je voulais en
fessionnelle, du français aussi pour ceux qui n’ont jamais tout cas développer le français langue seconde et être dans une logique
connu l’alphabet et les bancs de l’école. d’accueil, dans le sentiment d’avoir cette langue comme seconde langue
« Nos droits, nos devoirs » ; « Allô Docteur » ; « A table » ; et non comme langue étrangère. Je voulais enlever le mot “étrangère”
« Des Droits et un travail » ; « Je voudrais m’inscrire s’il vous de l’enseignement du français pour les adultes que j’avais, qui étaient
plaît » ; « Ça va la famille ? »... Autant de thèmes abordés, demandeurs d’alphabétisation à l’écrit.
auxquels l’apprenant peut accéder librement, en autono- Je suis allée me former au Québec, qui est un des premiers pays qui
mie, ou accompagné d’un professeur. Les ressources ont été se soit vraiment penché sur la question de l’alphabétisation, qui parle
traitées de façon à faciliter le cours, quelles que soient les d’“andragogie” depuis vingt ans, et non plus de “pédagogie”, qui a inté-
conditions matérielles de chacun. En effet, elles sont entiè- gré les réflexes de la formation pour adultes à l’enseignement du fran-
rement téléchargeables et imprimables, et ne nécessitent çais langue étrangère. Il s’agit de développer une vraie méthodologie de
ainsi pas de connexion Internet performante, par exemple. l’alphabétisation, qui soit vraiment adaptée aux réflexes cognitifs des
Elles sont accompagnées de fiches enseignant, de fiches ap- personnes qui n’ont jamais eu de rapport avec l’écrit. À part notre expé-
prenant, de matériaux complémentaires pour des activités rience, notre travail, on n’a pas vraiment le temps de penser autrement.
pédagogiques particulières, d’une transcription… Q Donc nous sommes vraiment dans un travail de recherche-action, à
TRIBUNE
Shahid, réfugié bangladais. Il est arrivé en France en 2005 mais, à 45 ans,
il retourne à l’école pour apprendre le français, élément clé d’intégration, lui qui vit
entouré d’autres compatriotes ne parlant entre eux bien souvent qu’anglais ou bengali. LE PLURILINGUISME
REFOULÉ DES EANA
notre échelle de travailleurs, dans une petite SCOP (1); on expérimente. Par Fatima Chnane-Davin
« Ici, ensemble » a été une occasion de proposer nos tentatives et nos Professeur des Universités, Aix-Marseille Université
expérimentations à l’utilisation par d’autres, et donc à la mutualisa-
tion, pour que des formateurs nous fassent connaître à leur tour leurs
D
pratiques. Il y a des choses, dans cette collection, qui sont un peu éton- ans le système éducatif français, la dénomination
nantes, mais qui relèvent des réflexes de plein d’adultes formateurs d’élèves allophones nouvellement arrivés (EANA)
pour migrants. Le fait de valoriser leur expérience orale pour passer à est fondée sur leur biographie langagière. Pourtant,
l’écrit naturellement. On leur montre qu’il n’y a pas de différence entre l’accueil et l’intégration de ces élèves dès leur arrivée
l’oral et l’écrit, dès lors qu’on se dit que parler ou écrire, c’est mettre sur sur le territoire français se font dans une seule langue, le français.
papier ou à l’oral une pensée. Cette pensée s’élabore dans le cerveau, Ce monolinguisme institutionnel reflète un plurilinguisme à re-
quel que soit le niveau qu’on a de maîtrise de l’écrit. On s’attache à l’éla- fouler car non adapté aux attentes de l’école. L’élève allophone
boration de cette pensée. est alors orienté vers une unité pédagogique pour élèves allo-
Enfin, j’attache une énorme importance au titre que nous avons phones arrivants (UPE2A, par exemple CLIN, CLA, DAI...) afin de
trouvé à cette collection, qui est un titre plutôt universel, qui n’a pas faciliter son inclusion scolaire. La réponse aux besoins langagiers
de rapport avec la France en tant que pays, mais avec tous les pays qui de communication, de scolarisation, d’acculturation est alors
souhaitent accueillir correctement des migrants, quels qu’ils soient. réduite à une forme d’initiation à des actes de parole pour faire
Je suis passionnée par la linguistique même si je n’ai plus l’occasion face aux problèmes de la vie quotidienne. Quant à la valorisation
d’en faire. Le “ici” est un déictique, c’est-à-dire qu’on ne le prend que de la langue maternelle, quasi absente, elle est réduite à son tour
dans le contexte dans lequel il est énoncé. Je trouve que cette notion à des cours de langues et de cultures d’origines (ELCO).
d’ « ici » et d’ “ensemble” c’est précisément ce qu’on fait ici et ce qu’on Sur le plan didactique, la formation des enseignants ne suit
fait ensemble. On ne voulait absolument pas d’un titre qui parle du pas. Ces derniers ont rarement une formation spécifique aux
nous ou du vous, qui est forcément excluant et parle d’un “eux”. On conditions d’apprentissage du français comme langue seconde,
voulait quelque chose qui nous réunit. Un accueil ouvert, bienveillant, langue de scolarisation et encore moins à la question du plurilin-
un accueil dans la francophonie. » Q guisme. Par exemple, depuis la mise en place du CAPES lettres
option FLE/FLS, on constate que peu d’université et leurs com-
1. Société coopérative et participative (SCOP): « Langues Plurielles » associe des formateurs, traducteurs, inter-
prètes, et comédiens. En conjuguant activité économique et utilité sociale au service de l’humain, il s’agit d’inscrire posantes les ESPE organisent la préparation à ce concours. Par
l’action de l’entreprise dans l’économie sociale et solidaire. La répartition des résultats est prioritairement affectée conséquent, l’enseignant se retrouve seul face à l’hétérogénéité
à la pérennité des emplois, au développement des projets de Langues Plurielles et à la recherche.
linguistique et culturelle des élèves allophones et procède à un
bricolage de dispositifs dont il n’est pas sûr de l’efficacité. Ce
bricolage, résultat d’autoformation et de quelques heures de
formation continue, oblige les enseignants à inventer leur style
POUR EN SAVOIR PLUS
et leurs gestes professionnels dans le cadre d’une scolarisation
đŏ+1.ŏh !.ŏHŏ1*!ŏ.!//+1.!Čŏ.!* !6ġ2+1/ŏ/1.ŏ(ŏ,#!ŕč conditionnée par le monolinguisme d’un système éducatif qui
http://enseigner.tv5monde.com/collection/ici-ensemble
%.!ŏ1*!ŏ.!$!.$!ŏ#.>!ŏ14ŏü(0.!/ŏ,.+,+/h/ŕčŏĝŏg 10%+*ŏĞČŏ impose la maîtrise de la langue française comme une priorité.
ĝŏ1%/%*!ŏĞČŏĝŏ1(01.!ŏ 1ŏ)+* !ŏĞČŏĝŏ/*0hŏĞČŏĝŏ2%!ŏ-1+0% %!**!ŏĞďŏ Pourtant, de nombreux travaux de recherche sur la scolarisation
!0ŏ/h(!0%+**!.ŏ(!ŏ*%2!1ŏ Ě,,.!*0%//#!ŏ/+1$%0hŏŏ des EANA permettraient d’améliorer les conditions didactiques
Ĩ(!/ŏ.!//+1.!/ŏ/+*0ŏ,,!(h!/ŏHŏh2+(1!.ĩċ
et pédagogiques et de valoriser un plurilinguisme (CECR, 2001)
đŏŏ*#1!/ŏ(1.%!((!/ŕčŏhttps://langues-plurielles.fr/
reconnu et exploité. Q
« MANIÈRES DE CLASSE »,
une rubrique qui inaugure un
voyage dans le monde de la
formation des enseignants.
Dans chaque livraison du Français
dans le monde, elle présente
une situation d’enseignement
sur laquelle réfléchir et qui
se présente comme suit:
1. La tâche: on définit une tâche
complexe, qui est décomposée
en sous-tâches, en fonction des
compétences à acquérir.
2. Les objectifs: on part d’un
objectif actionnel, en fonction
de la tâche prévue, pour donner
ensuite des exemples d’objectifs
d’apprentissage liés aux sous-
tâches établies dans la démarche
méthodologique envisagée.
3. Les obstacles: on essaie d’iden-
tifier les difficultés d’ordre général
qui peuvent surgir dans les diffé-
rentes étapes conçues pour par-
venir à la réalisation de la tâche.
DERNIÈRE
DÉMARQUE
4. Les conditions de réussite: on
prend en considération ce qui est
© yanlev – Adobe Stock
À
place: on explique quelle est la l’instar de Basile La réponse est simple : c’est juste- fications DELF Pro correspondantes
démarche prévue et on indique dans Le Barbier de ment le fait d’être un phénomène à aux niveaux de compétences pré-
les instruments d’évaluation/ Séville et de son « Ca- peu près planétaire qui rend le sujet sentes dans la classe, d’où l’accueil
autoévaluation possibles dont des lomnions, calom- non seulement très intéressant d’un positif de la proposition de l’ensei-
exemples concrets sont fournis nions, il en restera point de vue interculturel, mais aussi gnant de travailler sur l’univers des
sur la Fiche « activités » en ligne. toujours quelque chose », on pour- hautement rentable d’un point de soldes qui agit sur une double mo-
Sur Internet, une fiche rait dire pour les soldes : « Ache- vue communicatif et interactionnel. tivation :
« Activités » réunit les activités tons, achetons, il en restera toujours textrinsèque car on peut améliorer
que l’enseignant peut proposer à quelque chose », tellement cette ha- La tâche les compétences demandées par les
la classe pour mettre en place le bitude est entrée dans les mœurs Se repérer dans l’univers des soldes. certifications, en réception et en
projet, sans négliger des activités des pays industrialisés. Contextualisation : Classe de grands production ;
d’autoformation à l’usage de Mais pourquoi s’en occuper dans un adolescents de niveau A2/B1 qui tintrinsèque, car les contenus pro-
l’enseignant même. cours de FLE si le phénomène est font des études dans un lycée pro- posés permettront de mieux s’impli-
tellement répandu ? Comment et à fessionnel (option « Métiers de la quer, à travers les échanges en ligne
quels niveaux ? Et quelle est la va- mode ») et ont des jumelages par avec les partenaires du jumelage,
leur ajoutée qu’une promenade dans Internet (« eTwinning ») avec des dans un travail comparatif de type
FICHE D’ACTIVITÉS
DISPONIBLE EN
cette consommation à outrance peut lycées français et francophones. Le interculturel plus intéressant et dans
PAGES 77-78 apporter à une classe de FLE ? groupe-classe prépare aussi les certi- une interaction plus « authentique ».
À cela s’ajoutent des objectifs par exemple, on aura tout intérêt à pour vérifier l’acquisition des com-
d’ordre linguistique concernant la faire comprendre aux apprenants pétences interactionnelles impli-
mise en place des compétences adé- que les soldes sont « une aubaine », cites dans les savoir-faire pris en
quates en matière d’interrogation, que faire des achats devient « ma- compte.
de comparaison, d’utilisation des gasiner » et qu’être fauché se dit tEt, pour ce qui est du dévelop-
verbes d’opinion, des formes de la « cassé ». pement des compétences linguis-
quantification, de la qualification… De toute évidence, pour les appre- tiques, on ne saurait négliger des
Et en dernier lieu, mais pas par ordre nants de niveau A2, l’obstacle ma- activités concernant :
d’importance, des objectifs d’ordre jeur sera représenté par l’utilisation tles formes de l’interrogation et
lexical concernant les domaines de de stratégies de communication l’utilisation du conditionnel pour
l’habillement et de l’argent, avec les qui permettent de mener à bien les « demander quelque chose » ;
collocations qui s’ensuivent. interactions prévisibles pour des si- tles formes qui permettent d’établir
tuations de vente/achat et de com- une comparaison (à l’intérieur d’un
Les obstacles paraison malgré une compétence énoncé et entre deux énoncés) ;
C’est un des cas où la compétence partielle, alors que pour les appre- tl’expression de la quantité (déter-
linguistique est étroitement imbri- nants de niveau B1 les difficultés minants, chiffres, pourcentages…)
quée avec l’interculturel. Surtout peuvent être liées surtout à la maî- et de la qualité pour « exprimer ses
dans un travail commun avec des trise des mêmes stratégies mais in- goûts » ;
apprenants d’autres horizons, la tervenant dans le secteur plus pro- tla localisation dans l’espace, pour
compétence interculturelle est celle prement relationnel (pour réparer nuancer la demande (à côté de, en
qui permet d’éviter des bourdes du à un malentendu, pour justifier une dessous de, au-dessus de, en bas /
type : devant une vitrine, vanter la appréciation, etc.). en haut, devant/derrière, etc.) ;
beauté d’un complet blanc à une tl’utilisation de l’impératif pour ex-
copine chinoise qui n’appréciera pas Les conditions de réussite primer la mise en garde.
votre enthousiasme, vu que le blanc, Pour la bonne réussite de la dé-
en Chine, est signe de deuil. Et c’est marche envisagée, il semble op-
toujours la mise en place d’une com- portun d’insister sur les éléments L’évaluation du dispositif
pétence interculturelle adéquate qui suivants : On ne saura jamais trop insister sur
permettra de comprendre pourquoi tle travail sur la comparaison in- le fait que l’évaluation du dispositif,
la même copine ne salue pas le ven- terculturelle entre langue et culture qui comprend le travail du profes-
deur (dans les transactions commer- maternelle, langue et culture fran- seur, a tout intérêt à être faite avec
çantes, en Chine, on ne se salue pas çaises et/ou francophones pour des instruments de surveillance
en entrant dans un magasin). pouvoir faire mieux ressortir les (« monitoring ») qui permettent de
Les objectifs Et, du côté plus strictement linguis- codes culturels respectifs ; suivre l’évolution des différentes
À géométrie variable en fonction tique, si on a affaire à des Québécois tla mise en place de jeux de rôles étapes mises en place en vue de la
des compétences présentes dans le réalisation de la tâche finale (jour-
groupe d’apprenants. nal de bord, listes de contrôle par
La tâche finale sera ainsi déclinée exemple).
en sous-tâches comportant des ob- BIBLIOGRAPHIE Une place particulière pourra
jectifs communicatifs et interaction- đƫƫ.+3*ƫċČƫ1(!ƫċČƫāĊĉăČƫTeaching the Spoken Language, Cambridge, être donnée à l’évaluation de la
nels, tels que : Cambridge University Press compétence interactionnelle des
tmaîtrise des rituels de l’interaction đƫƫ%((%!006ƫċČƫĂĀĀąČƫĝƫ!ƫ2%.#!ƫ0%+**!(ƫ !/ƫ)+ t(!/ƫ 1ƫ %/+1./ƫ apprenants qui, tout en restant
orale dans des situations d’achat- à l’épreuve des interactions de service », Langage et SociétéČƫ*ŋƫāĀĈČƫ différenciée, devrait prévoir des
vente (limitée au but transactionnel %/,+*%(!ƫ/1.ƫ(!ƫ/%0!ƫčƫ333ċ%.*ċ%*"+ĥ.!21!ġ(*##!ġ!0ġ/+%!0!ġ instruments capables de prendre en
pour le niveau A2, impliquant aussi ĂĀĀąġāġ,#!ġăāċ$0) charge les quatre composantes de la
un but relationnel au niveau B1) ; đƫƫ!..0ġ.!$%+*%ƫċČƫāĊĉćČƫL’implicite, Paris, A. Colin compétence interactionnelle iden-
tmaîtrise des actes de parole : de- đƫƫ!0%0&!*ƫċČƫĂĀāāČƫĝƫ!401(%0hƫ .)0%-1!ƫ!0ƫ0!/ƫ !ƫ %/+1./ƫĞČƫ tifiées par Kerbrat-Orecchioni, à
mander et donner une information LinxČƫćąġćĆČƫ %/,+*%(!ƫ/1.ƫ(!ƫ/%0!ƫčƫ$00,čĥĥ(%*4ċ.!21!/ċ+.#ĥāąĀĆ savoir : la composante linguistique,
/ comparer / apprécier / exprimer đƫƫ.2!./+ƫċƫĨh ċĩČƫĂĀĀĀČƫPerspectives interculturelles sur l’interaction, la composante culturelle (encyclo-
son opinion / demander et donner 5+*ČƫƫQ pédique), la composante logique et
un conseil / mettre en garde… la composante pragmatique. Q
J
’utilise le site www.kahoot.it pour une évaluation for-
outil nécessaire pour communiquer et non mative ludique : je prépare un quiz à l’avance, avec 4 ré-
ponses proposées pour chaque question, parmi lesquelles
comme une fin en soi. Dans la pratique, la seulement une est correcte. Je diffuse les questions sur
place de la grammaire est très changeante l’ordinateur avec le rétroprojecteur. Les étudiants choisissent leurs
d’un enseignant à un autre. Personne ne réponses sur leurs téléphones dans le temps imparti. Après chaque
question, la bonne réponse et les statistiques des réponses sont af-
met en doute la nécessité d’apprendre les fichées. Je vois alors rapidement les difficultés des étudiants, et
règles fondamentales d’une langue pour avant la question suivante je leur demande de réexpliquer pour-
la parler, pourtant nombre d’apprenants quoi telle réponse est correcte ou incorrecte. À la fin on voit le ga-
gnant, et les étudiants peuvent donner un feed-back sur le quiz. Q
rechignent à l’apprendre. Comment faire pour
changer cette image ennuyeuse et difficile
de la grammaire française ? Comment la Émilie Thévenet, Chine
P P
our enseigner le passé composé on lacés en îlots et par groupe de 5, les
peut commencer par un classement élèves inventent un récit à partir
phonétique des participes passés : d’un cadre précis (un conte merveil-
[e], [y], [i], [ ]. Le prof fait répéter leux, une nouvelle fantastique...).
chaque verbe en associant un geste à la parole. D’une part, ils devront se concentrer sur les
Le geste illustre le verbe et peut renforcer la mé- contraintes du genre choisi, d’autre part, ils
J
morisation. Puis, le prof redit chaque verbe et e prépare des points procéderont à des relectures et des améliora-
c’est aux apprenants de mimer. C’est intéressant de grammaire imagés tions de leur texte. C’est là que se joue l’ap-
d’encourager les étudiants à avoir des gestes per- avec Power Point et prentissage de la grammaire. Au centre de la
sonnels. Enfin, le prof peut présenter les verbes parfois avec le logiciel table, les élèves disposent de dictionnaires,
de la « maison d’être » en dessinant une scène ou Prezi sur Internet. Je cherche de Bescherelle, de manuels... tout est mis en
tout simplement une maison au tableau et racon- des images drôles pour illustrer œuvre pour qu’ils trouvent eux-mêmes, en
ter une histoire pour présenter les verbes dans un le point grammatical et faciliter équipe, les réponses et s’approprient la gram-
contexte et rendre cette information vivante et la mémorisation. Pour la conju- maire française. Le professeur n’est alors
plus facile à mémoriser ! Les verbes de la maison gaison j’utilise des cartes heuris- qu’un instrument qui passe d’îlot en îlot pour
peuvent être associés à un geste et dits de la ma- tiques, toujours très illustrées et souligner les maladresses, conseiller et mettre
nière suivante : « Je suis entré(e), il est sorti :-( » ; je demande aux apprenants de sur la piste un groupe autonome, heureux de
«Je suis montée, il est descendu »… Bref, toutes construire les leurs. Q l’être et tout entier captivé par la production
les contradictions possibles, afin de mémoriser de son récit. Q
les verbes par paire. Il faut être expressif ! Q
Stéphanie Giron, Suisse
Aurélie Derose, France
Candy Raluy, France
D
epuis plusieurs an- qui s’organise en différents espaces de travail, chacun dédié
nées, devant des à un thème en particulier. Les participants se divisent en
étudiants chinois et sous-groupes et traitent un sujet pendant un temps limité. À l’issue
ukrainiens, j expéri- du temps écoulé, les participants changent d’espace et de thème, à
mente avec succès le recours à la l’exception d’une personne qui fait le lien entre le groupe « sortant » et
chanson « Promenons-nous dans le groupe « entrant ». J’avais organisé chaque espace autour d’un sujet
les bois » : le clip vidéo avec sous- particulier (les pronoms relatifs, l’emploi du subjonctif, l’hypothèse
E
titres permet de se familiariser n utilisant la ma- et la condition…) et j’avais mis à la disposition des apprenants des
de manière très ludique avec nière inductive grammaires, des corpus, des dessins humoristiques illustrant le point
l’emploi du conditionnel dans car elle implique de grammaire à traiter… L’objectif était qu’à la fin des 2 heures de
sa forme complexe : « si le loup y davantage les cours, les étudiants soient passés par un maximum d’espaces et qu’ils
était, il nous mangerait » ! Q apprenants. Q aient travaillé, dans chacun de ces espaces, à l’élaboration d’un poster
commun de présentation. Au niveau graphique, j’avais demandé à
chacun des groupes de s’inspirer d’une reproduction au choix d’une
Claire Vilpoux, Royaume-Uni Angela Solcan, Moldavie œuvre d’art de Luc Schuiten (dessinateur et architecte belge). Cela a
créé une dynamique extraordinaire en classe et le résultat au niveau
graphique a été époustouflant. Q
O
n étudie la grammaire pour Les témoignages des lecteurs montrent bien la
communiquer. Donc, pas diversité des pratiques d’enseignement. Cer-
J
de séances de grammaire : tains, comme Émilie, prennent appui sur la tech- ’essaie de toujours donner un sens au
j’introduis un point selon nologie afin de dynamiser les points de langue point de langue. Cela peut passer par
le thème étudié. On étudie en contexte et personnaliser l’évaluation. D’autres font appel le contexte : vous vous retrouvez dans
un point utile à la compréhension d’un à la littérature ou à la chanson, comme Aurélie telle situation, vous devez utiliser tel
document ou pour que l’élève s’exprime. et Claire. D’autres encore sollicitent les intelli- temps de la conjugaison. Lorsque j’écris une
L’idéal : faire deviner la règle par l’élève. gences multiples : le visuel comme le propose conjugaison au tableau je complète toujours
J’évite les détails avec les débutants ; la Stéphanie avec les cartes heuristiques ou le avec des phrases pour donner du sens car
1ère fois on voit la règle générale puis, kinesthésique (par le geste) comme proposé « je suis, tu es, il est… », en soi ça ne veut rien
plus tard, on approfondit. Après avoir par Candy. J’aime également beaucoup l’expé- dire ! Q
établi la règle, je donne 3 ou 4 exemples rimentation du « World Café grammatical » de
pour vérifier que c’est compris, mais pas Christine qui permet aux apprenants de butiner
de séries d’exercices, rébarbatives et qui la grammaire tels des abeilles, de s’investir et Catherine Miron, France
n’aident pas à communiquer ensuite. En de s’entraider. Pour ma part, je vous invite à lire
début de séance, j’utilise l’appli Plickers et utiliser les incroyables histoires de la gram-
(QCM avec codes QR), c’est ludique, les maire et de la phonétique de votre revue (voir
élèves adorent, et ça permet de vérifier page 69) ! Vous pouvez aussi programmer dans
que tout est compris. Après, il faut réuti- votre établissement Il était une fois le français, PARTICIPEZ !
liser le point de grammaire souvent dans l’adaptation théâtrale de ces histoires. Une
les activités pour automatiser. Q pièce déjantée pour changer à jamais la vision Merci aux enseignants qui
de la grammaire française dès le niveau A2 ont participé à cette rubrique.
(rendez-vous pour cela sur mon site : Pour participer aux prochaines
Emeline Holland, Chine thématiques, rendez-vous sur Rejoignez
www.fle-adrienpayet.com/spectacles/). Q l’onglet forum de notre page FACEBOOK/LeFDLM
Facebook. www.fdlm.org
LES ACCORDS
INTERUNIVERSITAIRES INTERNATIONAUX
PRÉPAFLE, UN PROJET DE FORMATION EN LIGNE SE RE-CONNAÎTRE
POUR PRÉPARER LES ÉTUDIANTS À VENIR AU CLA EXCENTRIQUE
PAR DAVID GAVEAU, CLA BESANÇON Le parcours de formation se compose de 6 mo- PAR STEFANO PIZZETTI,
DIRECTEUR DE USAC LYON
Depuis de nombreuses années le CLA a investi dules développant chacun une thématique pré-
le champ du développement des technologies cise : problématiques liées à l’arrivée dans une USAC (University Studies Abroad Consortium) est
éducatives et notamment celui de la formation ville étrangère, l’accueil au CLA, les programmes un des acteurs américains sur la scène des accords
ouverte et à distance (FOAD). Le CLA a œuvré à de formation. Les étudiants se retrouvent ensuite interuniversitaires internationaux depuis plus de
la conception d’un dispositif innovant répondant plongés dans l’univers d’une classe au CLA et tra- 35 ans (50 programmes dans 30 pays), ayant pour
à la demande d’un public connecté et de parte- vaillent les compétences favorisant le bon dérou- mission d’offrir aux étudiants inscrits des oppor-
naires exigeants. C’est ainsi que dans le cadre du lement de leur apprentissage. tunités et des expériences qui changeront leur vie.
développement de la FOAD, il a conçu en colla- Ce projet s’inscrit au CLA dans la continuité de USAC gère deux accords de partenariat universi-
boration avec ses partenaires japonais (Univer- deux autres projets de FOAD : le projet FR2003 (1) taire en France ; avec l’Université de Pau depuis
sité Sophia et Université Aoyama de Tokyo), un qui s’est attaché à étudier les apports de l’utilisa- plus de 30 ans et avec le CIEF – Université Lyon 2
dispositif d’apprentissage en ligne destiné aux tion de la visioconférence dans un programme depuis 2014. En tant que coordinateur puis direc-
étudiants souhaitant s’inscrire dans des cursus de FLE et VIFE (2) (Voyage internaute en France teur de différents programmes USAC, j’ai toujours
universitaires français. pour les étudiants) dispositif qui a servi à étudier consacré mes efforts pour que les étudiants en
Le projet PrépaFLE est un dispositif de forma- les stratégies d’apprentissage d’étudiants dans échange adoptent leur « identité excentrique (4) »,
tion en ligne offrant une série de parcours d’ap- un dispositif autonomisant à distance. Le pro- c’est-à-dire d’accepter que leur centre change pen-
prentissage qui permettent aux apprenants qui jet PrépaFLE s’attache quant à lui à interroger dant la période d’immersion culturelle dans un
ne sont pas encore arrivés en France d’acquérir les pratiques tutorales mises en œuvre au sein autre pays ; leur nouveau « moi » sera différent et
différentes compétences nécessaires à leur fu- du dispositif, notamment en croisant types de enrichi de retour dans leur pays d’origine. Je suis
ture vie d’étudiant. Les parcours, conçus pour tâches et productions langagières afin de forma- convaincu que le moyen et le point de départ les
un public de niveau A2 et B1, représentent un liser les plus efficientes. Q plus efficaces pour permettre et faciliter ce proces-
volume total d’apprentissage de 60 heures et sus d’apprentissage et d’intégration c’est la langue
proposent à travers le travail des 4 compétences, 1. Gaveau, Tanaka (2005), « Utilisation de la visioconférence dans un cours de FLE à dis- qui, avec la juste maîtrise, permet aux interlocu-
tance » in Cahiers de l’ASDIFLE, n° 16, Les métiers du FLE, Actes des 33 et 34e rencontres.
un contenu linguistique et culturel axé sur une teurs étrangers de se rapprocher de la culture qu’ils
problématique estudiantine. Ils sont tutorés par 2. Mogi, Tanaka (janv. 2010), « La préparation en ligne des étudiants japonais expérimentent, et également de partager des élé-
aux études supérieures en France » in Le français dans le monde, supplément
les étudiants de master 2 FLE du CLA. Recherches et applications, n° 47. ments profonds de leur propre culture. Le partena-
BALADODIFFUSION
I
nventé au Québec, le terme écouter n’importe où grâce aux
de baladodiffusion semble smartphones, ordinateurs et ta-
pour remplacer le mot anglais élargir le champ des possibles blettes ;
podcast, contraction des mots puisqu’il ne restreint pas la tQSPQPTFSBVYBQQSFOBOUTEFOSF-
iPod et de broadcast : autrement diffusion de médias au simple gistrer eux-mêmes des productions
dit, diffusion de contenus audio baladeur iPod mais prend acte du orales que l’enseignant pourra écou-
fait qu’il existe aujourd’hui de très ter ultérieurement ;
ou vidéo par l’intermédiaire nombreux outils que les enseignants tQFSNFUUSFÈMFOTFJHOBOUEFOFQBT
d’un baladeur. peuvent utiliser pour proposer des corriger que des écrits, il faut donc
contenus à leurs apprenants. saisir cette chance d’écouter des pro-
PAR LIONEL FAVIER Tout en gardant à l’esprit que la ductions pour donner un nouveau
diffusion de vidéos aux apprenants souffle aux obligations monotones
reste possible, nous allons nous de correction ;
concentrer ici sur la diffusion de do- tÌDPVUFSEFTQSPEVDUJPOTQBSUPVUPÞ
cuments audio, dont les avantages on le souhaite et surtout quand on a
sont nombreux : du temps disponible : évaluer une
tEPOOFSMBQPTTJCJMJUÌBVYFOTFJ- production orale dans le bus est pos-
Lionel Favier est formateur de formateurs, expert conseil
en strategies e-learning (ou pédagogie digitale). gnants de sélectionner des bandes- sible alors qu’y corriger des copies a
www.azurlearning.com son que les apprenants peuvent toujours semblé bien compliqué…
LE FRANÇAIS AUX
QUATRE COINS DU MONDE Du mal à gérer vos mails, à
vous rappeler les différentes
Du café Mila d’Istanbul où l’on parle en français ou traduits ? Suivent relances à effectuer? Boome-
français tous les lundis soirs au club 6 leçons d’une double page appuyées rang est fait pour vous! Parmi
de pétanque d’Addis-Abéba, de Phi- sur des adaptations de documents de nombreuses fonctionnalités
ladelphie avec son hôtel de ville à francophones, de France et d’ailleurs, à son actif, cette extension de
la française aux Galeries Lafayette de sites Internet pour la plupart : La nippons » qui utilisent des noms fran- Gmail permet de différer l’envoi
de Pékin, la méthode Cosmopolite gazette de Berlin en Allemagne, Aca- çais, ou la présentation d’un « bar- de messages, programmer une
(N. Hirschsprung et T. Tricot, Ha- die Nouvelle pour le Canada, des sites bouquin » parisien où l’on peut à la relance en cas de non-réponse
chette 2017) met résolument l’ac- de journaux français ou de voyages, fois consommer et se plonger dans les de la part des destinataires et
cent sur la francophonie en poin- comme VizEat, proposant des formes livres offerts sur les étagères. également de supprimer tempo-
tant les espaces francophones ou les de tourisme atypiques. En cohérence avec le parti pris fran- rairement un message de votre
« petits coins de France » présents un Les activités d’apprentissage in- cophone de l’ouvrage, la réalisation boîte de réception pour vous
peu partout dans le monde. tègrent étroitement la compréhen- finale du dossier, le Projet de classe et le renvoyer à un créneau plus
Au niveau A1, l’ouvrage déroule sion et les échanges oraux par deux ou le Projet ouvert sur le monde, conduit opportun. De quoi retrouver une
8 dossiers sur les thématiques de la en petits groupes, avec des modalités les apprenants à entrer en contact messagerie en bonne santé! Q
rencontre, de la vie quotidienne, de de travail très clairement explicitées. avec les francophones de leur envi- www.boomeranggmail.com/fr
l’information, des habitudes cultu- La production écrite s’appuie égale- ronnement : identifier une personne
relles, etc. La double page d’ouver- ment sur le travail collectif à partir des et organiser une rencontre, réaliser GALLICADABRA!
ture met les apprenants en situation acquis de la leçon. Les points de gram- un rallye « la France dans notre ville »,
de discussion autour de photos et maire, Focus langue, font appel à la réaliser un portrait de la classe sur
d’énoncés brefs afin qu’ils fassent réflexion des apprenants qui doivent des sites de rencontres amicales, ou
le point en petits groupes sur leurs compléter une règle, corriger des er- encore créer une vidéo de son expé-
connaissances et représentations : reurs, ou trouver des exemples. Les rience d’apprentissage à publier sur le
Celio, H&M, Zara sont-elles des en- activités de la double page Cultures site de son centre de langue. Cosmo-
seignes françaises ? Le Testament s’organisent autour d’une vidéo au- polite existe du niveau A1 à B2, avec
français de Makine, L’Enfant des thentique de quelques minutes : un de nombreuses activités complémen-
sables de Ben Jelloun ont-ils été écrits reportage sur « ces magasins 100 % taires sur support numérique. Q
FRANÇAIS FACILE
LA FABRIQUE
DES MOTS
Les mots sont beaucoup
plus riches qu’on ne
l’imagine généralement.
C’est pour cela qu’ils ré-
sistent au locuteur à qui il
faut du temps pour com-
prendre que « savoir » et
« connaître » ne sont pas
interchangeables, que la
« tristesse » n’est pas la
« nostalgie », que « par-
tir » se nominalise en « départ », et que si l’on
est « vert de peur » on a « une peur bleue »…
Dans Les mots. Origine, formation, sens (PUG
2017), D. Dumarest et M.-H. Morsel proposent
un enseignement systématique du vocabu-
laire en passant en revue les différentes di-
MENSONGES
&TRAHISONS
Dans chaque numéro du L’AMANTE (en aparté, au public) : LE MARI: Je ne sais pas quoi te dire
Français dans le monde, Il m’avait promis qu’il quitterait sa Christophe, nous sommes en plein
femme. Cela faisait deux années repas là, tu es sûr que ça ne peut
retrouvez une saynète qu’on se voyait. Deux ans à at- pas attendre demain matin ?
écrite pour les apprenants tendre, pour rien. Au début, c’était L’AMANTE: Tu me déçois ! Je
de français adultes et excitant. C’était un jeu. Il me di- croyais que tu avais envie de me
sait qu’il m’aimait plus qu’elle, que voir !
adolescents. j’étais plus jolie. Il me disait que nos LE MARI: Je suis désolé, je dois
conversations étaient plus intéres- raccrocher. Je te rappelle dans la
PAR ADRIEN PAYET santes et que chaque moment était soirée, d’accord ?
plus intense. Un jour il m’a dit qu’il L’AMANTE: Tu as intérêt, sinon
allait venir tout de suite, qu’il quitte- c’est ta femme que j’appelle !
rait tout, maintenant, dans l’heure. LE MARI: Très bien, je prends note.
C’était faux. Il me racontait des L’ÉPOUSE: C’était qui ?
mensonges. Il y avait toujours un LE MARI: C’était Christophe, un
problème, toujours une échéance. nouveau collègue. Il m’a demandé
si je pouvais l’aider sur le dossier
Au téléphone. L’homme est côté Herbert.
jardin, l’amante côté scène. Les lu-
mières les éclairent séparément. L’ÉPOUSE: Tu as dit oui ?
LE MARI: Je lui ai dit que je ne pou-
L’AMANTE: Allô, tu peux parler ? vais pas ce soir, mais j’ai peur qu’il
LE MARI: Ah, salut Christophe ! insiste…
Comment ça va ? L’ÉPOUSE (en aparté au public) :
L’AMANTE: Ta femme est à côté, J’ai toujours pensé qu’il avait une
c’est ça ? amante. Il me disait qu’il avait
LE MARI: Oui, oui, oui, c’est bien ça. des réunions le soir, mais je savais
L’AMANTE: On peut se voir ce que c’était faux. Quand je lui de-
soir ? mandais comment s’était passée
LE MARI: J’aimerais beaucoup sa journée il me disait « comme
mais ça va être difficile mon cher d’habitude chérie, comme d’habi-
Christophe. tude… ». On pense que son couple
L’AMANTE: Tu m’avais promis va bien, on a l’impression que tout
qu’on se verrait dans la semaine. fonctionne et puis voilà. Une jolie
LE MARI: Hum… oui, oui, je com- fille passe, un regard, un sourire et
prends… hop, on l’a déjà perdu. Les hommes
L’AMANTE: Fais un effort, trouve sont comme ça, ils disent tous qu’ils
une excuse… un dossier à aller sont honnêtes. Mensonge ! Je suis
Si vous souhaitez publier chercher d’urgence au bureau. allée à son travail. Je l’ai vue. Elle
une vidéo de votre mise en AVANT DE COMMENCER LE MARI: Le dossier Herbert ? est élégante, elle a un air un peu
scène sur Particularité grammaticale: le discours L’AMANTE: Oui, voilà ! supérieur. J’ai vu aussi ses collè-
www.fle-adrienpayet.com, indirect (au passé). LE MARI: C’est vraiment urgent ? gues, tous attirés par elle comme
envoyez un courriel à
adrien-payet@hotmail.com Nombre d’acteurs: 3 L’AMANTE: Oui mon amour, plus des mouches par un réverbère. Je
que tu n’imagines. lui ai demandé comment elle trou-
© DR
dances des temps.
vait mon mari. Elle m’a répondu LE MARI: C’est normal, c’est mon L’ÉPOUSE: C’est ça, tire-toi. Pour 3. Faire réagir
qu’il était charmant, qu’elle n’avait associée. moi c’est tout réfléchi ! a) Demander aux apprenants de
jamais rencontré un collègue aussi L’ÉPOUSE: C’est elle, François ? LE MARI (en aparté au public) : rapporter les propos qui les
attentionné. La peste ! LE MARI: Mais non… Qu’est-ce Tout ça c’est de ma faute. J’au- ont interpellés dans le discours
que tu racontes ! ? rais dû écouter les conseils de de l’homme, de l’épouse et de
Le mari et l’épouse sont dans leur L’ÉPOUSE: C’est tout de même Jacques. Il m’avait prévenu de l’amante, puis les faire réagir.
salon. bizarre qu’elle s’appelle Fran- faire attention avec cette fille. b) Lancer un débat avec les
çoise… C’est un tourbillon, une tempête. apprenants: Qu’est-ce qu’une
L’ÉPOUSE: Je peux savoir ce que LE MARI: Il y a plein de femmes qui Elle est rentrée dans ma tête. Que tromperie? Comment réagir
tu trouves à cette fille ? s’appellent Françoise ! dois-je écouter maintenant ? Mon à un mensonge? etc.
LE MARI: Rien, je t’assure… Rien L’ÉPOUSE: Ne fais pas l’imbécile. cœur ou ma raison ? Françoise…
du tout. Je sais très bien que tu me trompes Elle m’avait dit qu’elle raconte- 4. Mettre en scène
L’ÉPOUSE: Je pensais que tu men- avec elle. Je lui ai parlé ce midi et rait tout si je ne la rappelais pas. Le jeu d’acteur: Demander aux
tais mieux que ça ! elle m’a tout raconté. Vos soirées Je ne l’ai pas crue. J’aurais dû… apprenants de parler fort et de
LE MARI: Écoute, je ne sais pas ce en amoureux, votre voyage à Flo- L’amour se multiplie, il ne se di- mettre le ton. De préférence
qui te prend. Bon, d’accord, elle est rence… Dire que je croyais que tu vise pas. C’est un sage qui a dit ça. privilégier la sincérité et l’expres-
jolie. Tous les collègues te le diront. étais avec ta mère ! Elle aussi elle J’aimerais bien savoir ce qu’il fe- sion des émotions plutôt que
L’ÉPOUSE: Ils m’ont dit autre m’a menti ! rait à ma place, le sage ! Et merde ! la caricature.
chose aussi… LE MARI: Bon, maintenant tu es J’ai foutu en l’air ma vie à courir Technique: Si possible, prévoir
LE MARI: Comment ça, autre au courant. C’est bien. C’est mieux après une illusion. Cette fille est deux lumières afin de séparer l’es-
chose… comme ça. (Il sort.) un tourbillon, une tempête. Ren- pace dans la scène du téléphone.
L’ÉPOUSE: Ils racontent que vous L’ÉPOUSE: Alors quoi ? Tu pars trons à la maison. Le vent se cal- Demander aux apprenants de
passez beaucoup de temps en- avec elle, c’est ça ? mera et l’éclaircie reviendra. C’est chercher une musique pour ac-
semble. LE MARI: Je dois réfléchir. la météo qui a dit ça. Q compagner les monologues. Q
VALÉRIAN DE L’ESPACE-
D
epuis 50 ans qu’ils traversent l’es- projet d’adapter les aventures des agents spa-
pace-temps, Valérian et Laureline tio-temporels en un long-métrage à grand
ont fini par percer le grand écran. spectacle. Les auteurs de la BD, le scénariste
Fervent admirateur de la série de Pierre Christin et le dessinateur Jean-Claude
bande dessinée, le réalisateur Luc Mézières, mesurent toute la distance parcou-
Besson (Lucy, Le Cinquième Élément, Nikita…) rue par leurs personnages de papier, qui vont
caressait depuis de nombreuses années le désormais voyager à la vitesse de la lumière.
Réalisateur,
scénariste et
producteur
Jean-Claude Mézière de films,
s’est lancé dans la bande Luc Besson
dessinée en 1967 avec a notamment
Valérian. Il a travaillé sur dirigé les
Scénariste pour la BD et le
les décors du film films à succès
cinéma, romancier, fondateur
Le Cinquième Élément Le Grand
de l’école de journalisme de
et a reçu le Grand prix Bleu, Le
Bordeaux, Pierre Christin est
d’Angoulême en 1984. Cinquième
le scénariste d’une soixantaine
Élément et
d’albums de bande dessinée.
Lucy.
DR
« VALÉRIAN, UNE ENTREPRISE
DE DÉCOUVERTE DE L’AUTRE »
Série culte de la bande Luc Besson, comment est née Pour tromper l’ennui, je traçais des stations spatiales dans les albums de
votre envie d’adapter Valérian marques jaunes partout autour de Valérian ! Il a fallu attendre la révo-
dessinée de science- au cinéma ? moi en attendant de découvrir le lution permise par James Cameron :
fiction, Valérian prend Luc Besson : C’est la faute de Pierre nouvel épisode la semaine suivante ! quand Avatar est sorti, je me suis dit
vie pour le grand Christin et Jean-Claude Mézières ! L. B. : Des années plus tard, j’ai eu la que la technologie permettrait peut-
Quand j’avais dix ans, je lisais toutes chance de rencontrer Jean-Claude être de le réaliser enfin. J’avais déjà
écran. Entretien croisé les semaines les aventures de Valé- Mézières, puis nous avons travaillé écrit les premières versions d’une
entre les auteurs de rian dans Pilote. C’était d’ailleurs ensemble sur Le Cinquième Élément. adaptation quelques années plus
la bande dessinée, très frustrant : j’attendais la paru- Jean-Claude Mézières : Pendant tôt, mais c’est vraiment Avatar qui a
tion du journal pendant six jours. presque une année ! rendu les choses possibles.
Pierre Christin et Jean- Mais une fois que je l’avais entre L. B. : C’est à ce moment-là que
Claude Mézières, et le les mains, je ne le lisais pas tout de nous avons commencé à évoquer À quelle phase de l’adaptation
réalisateur du film, suite. Je patientais une heure ou la possibilité de voir un jour Valé- intervenez-vous ?
deux, je cachais même la page de rian au cinéma. Jean-Claude me L. B. : D’abord, lors de l’écriture du
Luc Besson. droite pour ne pas risquer de re- disait toujours : « Puisque tu adores scénario. C’est la partie du travail
garder la fin ! Et je dois avouer que la série, pourquoi tu ne l’adaptes la plus créative et la plus excitante :
j’étais très amoureux de Laureline, pas ? » Mais dans les années 1990, je suis tout seul et je n’embête per-
PROPOS RECUEILLIS même si j’aimais bien Valérian. un tel film aurait été impossible. Il sonne ! C’est à ce stade que je me
PAR CHRISTOPHE QUILLIEN Pierre Christin : À l’époque, les y a trop d’aliens, de monstres et de sens le plus en accord avec Christin
bandes dessinées étaient réalisées et Mézières. Ensuite, je change de
par de « vieux petits garçons » pour casquette pour me transformer en
les jeunes petits garçons. Les filles « Dans les années 1990, réalisateur. Là, je deviens un véri-
étaient très rares dans la BD ! Le table chef de guerre ! Je ne suis plus
rythme de parution hebdomadaire un tel film aurait été le même, je dois prendre une déci-
contribuait à ancrer fortement une impossible. Il y a trop sion toutes les quatre secondes, je
histoire dans les esprits… Quand d’aliens, de monstres me retrouve face à 2 700 plans pen-
j’étais adolescent, j’avais été très dant 23 semaines de tournage, je di-
impressionné par La Marque jaune, et de stations spatiales rige une équipe de 900 personnes…
une aventure de Blake et Mortimer. dans Valérian ! » Ce n’est pas la partie que je préfère
LE FILM
DES ÉTOILES PLEIN LES YEUX
Une distribution internationale et prestigieuse, un budget record pour un film français
(près de 200 millions d’euros), les meilleurs spécialistes mondiaux des effets numériques :
Valérian et la cité des mille planètes veut jouer dans la cour des grands films de science-
fiction. Le long-métrage a ainsi mobilisé près de mille personnes en même temps à la Cité
du Cinéma, tout près de Paris. Sortie en salle cet été 2017 sur tous les écrans du monde.
53
DOSSIER | ANALYSE
L’Empire des mille planètes (1971) La Revanche des Sith (2005) L’Ambassadeur des ombres (1975) La Menace fantôme (1999)
ET LAURELINE
Une bande dessinée engagée
Homme de gauche assumé, le scénariste Pierre
Christin n’a cependant jamais privilégié un courant
d’idées politiques ou une idéologie dans les aven-
tures de Valérian. Il prend même un malin plaisir
à égratigner le communisme et le capitalisme en
les renvoyant dos à dos dans l’album Les Héros de
l’équinoxe. Il n’en reste pas moins que la série peut
être qualifiée d’engagée : Laureline et Valérian ont
toujours pris la défense des exploités et des laissés-
pour-compte. Saga humaniste teintée de généro-
sité, Valérian affirme son soutien à tous les damnés Une série sous influences
de la Terre comme des autres planètes. Q Les influences de Valérian sont multi-
ples, de la littérature au cinéma en pas-
sant par l’architecture. Son nom vient
Un festival d’inventions Plaidoyer pour l’altérité de Valéran (sans le i), un personnage
C’est à se demander si les scientifiques chargés d’ima- Grands amateurs de SF, Christin et Mézières ont créé dans un roman d’anticipation de
giner les produits technologiques d’aujourd’hui ne toujours regretté que les romans et films d’antici- Nathalie Henneberg. L’idée du voyage
sont pas des lecteurs de Valérian. Dès 1972, dans pation dépeignent les extraterrestres comme des temporel a été puisée chez H. G. Wells
Le Pays sans étoile, Laureline et Valérian dialoguent créatures aussi repoussantes que dangereuses. mais surtout Poul Anderson, auteur de
à l’aide d’un appareil qui anticipe nos portables. Les Dans Valérian, quelles que soient son origine, son La Patrouille du temps. Plus inattendus,
scooters de l’espace que l’on croise dans L’Orphelin apparence et sa vision du monde, « l’Autre » n’est le philosophe Gaston Bachelard et le
des astres sont peut-être à l’origine des mini-scooters pas forcément un ennemi. Le rejet de l’altérité naturaliste Charles Darwin sont décrits
utilisés par les astronautes de la Station spatiale inter- n’a pas sa place, comme l’a bien noté Luc Besson par le scénariste comme des figures tu-
nationale. Quant au TümTüm de Lüm et au Tchoung dans un entretien publié dans l’édition intégrale télaires de la série. Sans oublier le film
traceur, ne sont-ils pas les ancêtres de la caméra de la série : « Le racisme ne peut pas [y] exister. Il y 2001 : L’Odyssée de l’espace, de Stanley
GoPro et du GPS ? Christin et Mézières devraient a tellement de différences entre deux créatures que Kubrick, qui a inspiré le vaisseau spatial
peut-être songer à réclamer des droits d’auteur… Q tout le monde accepte les races telles qu’elles sont. » Q de l’album La Cité des eaux mouvantes. Q
© DR
JE VOUS FAIS UNE CHANSON
Comme ses prédécesseurs, le nouveau
président français Emmanuel Macron
inspirera sans doute bon nombre
d’auteurs de chansons. La plupart
du temps, ils ont la dent dure. Petit
passage en revue.
VIANNEY
et « Chicken Manager » d’Alexis HK,
sortis en 2009.
LAMOMALI AVEC – M –
AU BON SON grands succès (adaptés parfois en kabyle).
© Philippe Colignon
À partir de 6 ans
PRÉCIEUSE ET Écrivain prolifique
PLAISANTE PÉPITE (romans, nouvelles,
pièces de théâtre)
Au fil des pages, et animateur de
grands et petits nombreux ateliers
plongent dans le d’écriture en France
sillage du palpi- et à l’étranger,
tant périple de Abdelkader Djemaï
Poisson et Péli- vit en France
can. Ce très joli depuis 1993, tout
album permet de en gardant un
partager le plaisir contact étroit avec
ludique de l’alli- sa ville d’origine,
tération et la poé- Oran, qui est
sie d’un univers au cœur de son
fantaisiste. Enfants, parents et ap- dernier livre, Une
prenants savoureront l’inventivité ville en tant de
du langage et la délicatesse des guerre (voir ci-
illustrations. Plein d’humour et de contre).
trouvailles, ce titre donne envie de
découvrir le reste du catalogue de PAR BERNARD MAGNIER
cette maison d’éditions solidaire
et écologique. Toujours prêt pour
partir pour le pays de mots rigolos
et des belles images ! Q
Anne Defréville, Péripéties d’une pêche impromptue,
Maison Eliza
8-12 ans
« L’ÉCRITURE EST MA
CONSTELLATION
AMICALE
CENTRALE NUCLÉAIRE »
CONTEMPORAINE
Les aventures Comment est née l’idée d’écrire un roman humour. Deux qualités nécessaires selon
d’Aliénor dé- sur cet abbé, personnage aux multiples vous pour ce type de travail à la frontière
marrent littéra- facettes, aussi sombres que séduisantes? du journalisme et du romanesque?
lement sur les L’abbé Gabriel Irénée Séraphin Lambert est un Je me suis documenté sur lui, sur cette période,
chapeaux de roue. personnage qui a réellement existé. Il est né en sur la situation politique, notamment sur l’ex-
Elle traverse Kou- 1900 à Villefranche-sur-Mer, a fréquenté le sémi- trême droite dont l’abbé était l’un des chantres.
rou sur la moto de naire de Saint-Flour et fait ses études à l’Institut Il a publié des ouvrages dans lesquels il célèbre
son père pour pos- catholique de Toulouse, dont il sortira docteur l’Allemagne nazie, Mussolini et Franco. Il me
ter dans les temps en théologie et en philosophie. À cela s’ajoutent fallait, sur le plan du récit, ne surtout pas tom-
sa participation ses qualités de vrai sourcier, auteur, dans ce do- ber dans la caricature, cela aurait été trop facile.
à un concours de maine, d’un ouvrage de référence publié en 1931 J’ai choisi le moyen de l’humour, en créant des
construction de aux éditions Gallimard. En somme, un homme situations, des péripéties qui montreraient l’abbé
fusée. Grâce à un commentaire brillant, cultivé, qui sera ordonné prêtre à Seilh, dans ses « œuvres », ses reniements et ses turpi-
désagréable récolté sur Twitter, un petit village près de Toulouse. Sa réputation tudes. C’est au lecteur de se faire une idée sur ses
la jeune ado se lie d’amitié avec de grand sourcier le conduira, dans les années agissements et ses malfaisances.
3 autres filles aussi singulières 1930, en Algérie et notamment à Oran, ma ville
qu’elle. Les illustrations de Diglee natale, dont il sera le maire durant sept années. Au-delà de la personnalité et de la
rajoutent encore de la fraîcheur et Voilà pourquoi je me suis intéressé à lui, d’autant destinée exceptionnelles de cet abbé,
du dynamisme à ce récit enlevé et que sur le plan romanesque c’est un personnage n’est-ce pas l’entreprise coloniale que
délicat. Un coup d’essai réussi pour à part : défroqué, coureur de jupons, aimant vous entendez dénoncer?
l’auteur et la maison d’édition qui se l’anisette, l’argent et en conflit avec sa hiérarchie. L’histoire de l’abbé Lambert appartient à celle de la
lancent tous deux avec ce roman. Q colonisation, elle aussi dans ses œuvres, avec son
Vous rapportez les faits avec une grande mépris pour l’autochtone, ses manipulations et
DR
POCHES
POCHES
POCHES
POCHES
ROMANS PAR SOPHIE PATOIS ET BERNARD MAGNIER
tique, l’éveil à la sensualité et à la conscience po- n’a de point que final, telle est la forme choisie
litique. Elle donne à lire et à ressentir ce que si- par l’écrivain haïtien pour conter la destinée
gnifie en profondeur le trouble dans une époque d’une défunte hors du commun, mais en re-
troublée. Q S. P. vanche très semblable à bien d’autres destins
silencieux de ce morceau d’île caraïbe. Une vie
de misère et d’oppression vécue tant au sein de
la famille que dans la société où règnent l’am-
biguïté du religieux, la détresse économique, la
© Casterman
Mont rauque ou l’Oiseau du destin. Mattotti qualifie Lorenzo Mattotti et Jerry Kramsky, Guirlanda, Casterman
POCHES
POCHES
POCHES
POCHES
Peut-on définir l’identité nationale SCIENCE-FICTION PAR MARTIN BAUDRY
sans exclure certains Français? En
reprenant les critères utilisés par EN BARBARIE
Renan dans sa célèbre conférence Dix-neuf ans avant Sa
PAR CLAUDE OLIVIÉRI sur la nation – race, mœurs, religion, Majesté des mouches du
langue –, Hervé Le Bras montre que Britannique William Gol-
© Patrick Swirc
sans toujours bien comprendre tribués en salle, Ndlr). Pas seulement en
le sens des mots. Comme sur un parlant des grandes plateformes comme
fil, il tangue, se rattrape et finit Amazon. Le problème est plus général
par atteindre l’autre rive, malgré et nous en faisons le constat toute l’an- place et comment se traduiront-
les traumas réels ou supposés. née : les films francophones sont dans elles concrètement?
Les Démons s’inscrit indubitable- certains pays de moins en moins vus, no- Nous avons listé les expériences pi-
ment dans la veine des grands tamment par la jeune génération, ou de lotes qui marchent, comme le festival
films où l’enfant est « roi »! Q moins en moins diffusés dans les salles en ligne My FrenchFilmFestival (www.
de cinéma. C’est un réel problème. C’est myfrenchfilmfestival.com/fr/) ou le
la raison pour laquelle j’ai voulu, avec festival initié par les Québécois, Pleins
Lucien Jean-Baptiste. nos partenaires, la SODEC et l’Institut Écrans, premier festival sur Facebook.
RÉUSSITES français, profiter de Cannes pour donner Nous allons mettre en place un indice
EN CASCADE un écho médiatique à ce sujet, prendre le pour répertorier la distribution com-
Le Gang des Antillais (réalisé temps de la réflexion et surtout proposer merciale des films francophones dans
par Jean-Claude Barny, édité des pistes de solution concrètes. le monde. Cela paraît étonnant mais
par Blaq Out), Il a déjà tes yeux ce mode de calcul n’existe pas encore !
(de et avec lui, TF1 Vidéo) ou Y a-t-il une « résistance » à faire Nous allons donc unir nos forces, sur-
encore la série Munch, sans valoir, notamment face au cinéma tout avec le Québec, depuis l’existence
oublier le tournage de américain? d’un accord entre le Centre national du
La Deuxième Étoile, suite de Oui, c’est un vrai combat. Il ne s’agit pas cinéma (CNC) et la SODEC, pour établir
la « première » qui lui a valu d’être en opposition stérile au cinéma une base de données et une géographie
sa notoriété, en 2008… hollywoodien, mais plutôt de faire exis- des sorties de films francophones par-
C’est simple, en ce moment, ter le cinéma francophone comme alter- tout dans le monde. Mieux répertorier,
Lucien Jean-Baptiste est partout! Acteur-réalisateur-scé- native. C’est la concrétisation de la diver- pour mieux analyser les sorties, mais
nariste, ce Martiniquais au sourire rayonnant porte haut les sité culturelle. Et le mot « résistance » est aussi les comportements et les attentes
couleurs cinématographiques de son île natale et du choc particulièrement bien adapté… du public, c’est déjà un bon début pour
des cultures, avec talent et humour, alternant jeu et mises aider ensuite à distribuer et faire circuler
en scène avec le même bonheur. Q Quelles sont les grandes lignes ces films, qui valent d’être vus par le plus
directrices qui ont été mises en grand nombre. Q
LA MUSIQUE
DANS LA PEAU
Premier film coup
de poing bardé de
récompenses glanées
dans les plus grands
festivals internatio-
naux, Compte tes
blessures (Rezo Films)
de Morgan Simon,
SOLUTIONS
A1-A2. : Ce qui manque : le paréo. Ce qui est en trop : les magazines. B1-B2.: Ce qui manque : le ballon. Ce qui est en trop : le matelas gonflable.
L’INCROYABLE HISTOIRE
DES NASALES
ASTUCES MNÉMOTECHNIQUES
Pour produire
le son [ ], O se
place à côté de N ou de M comme dans
« CONCOMBRE ».
L
e saviez-vous ? Chaque lettre a une odeur. — Mais… et la mauvaise odeur ? demandent N et
Oui, oui… une odeur ! Mises côte à côte, M d’une seule voix.
les senteurs se mélangent et forment le — Nous avons trouvé une solution, dit O. Nous Pour produire le son
magnifique parfum des mots. Enfin, ma- avons toutes acheté un petit ustensile pour nous [ ], I se place à côté
gnifique... pas toujours ! pincer le nez. de N ou de M comme
Comme partout, certains malchanceux ne sentent — Ça fera un son bizarre, observe M. dans « TINTIN ».
pas bon ! C’est le cas de N et de M. — Essayons, nous verrons bien, dit N avec espoir.
N sent les nouilles pourries et M, une matière ma-
lodorante que je préfère ne pas nommer ici. Tour à tour les voyelles se placent devant N et M Pour produire
— Toutes les lettres nous rejettent à cause de notre pour former de nouveaux mots. O commence en le son [ ], U
haleine ! dit N. premier pour former le mot « CONCOMBRE ». se place à côté
— C’est injuste, répond M. Comment allons-nous Tous applaudissent. Ensuite E se place pour pro- de N ou de M
faire pour nous marier ? Je rêve de rencontrer une noncer le mot « ENSEMBLE » puis c’est A pour le comme dans
belle voyelle… mot « grand ». Pour conclure, I se place à côté de N « BRUN ».
— Oublie ton rêve, personne ne voudra d’une pour prononcer le mot… FIN !
consonne qui sent mauvais ! Une voyelle devant
— C’est très joli, dit A. une double consonne
Dès qu’une lettre marche près de N ou de M, elle — Moi, je trouve ça sexy ! dit I. (NN ou MM) n’est pas
part très vite en se bouchant le nez. Une fois, R (qui — Oui, et avec cette pince sur le nez, c’est pratique, une nasale (exemple :
sent bon la rose) dit à N : on ne sent vraiment rien, dit E. innocent), car même
— Fais un effort, N : mets du parfum, brosse-toi les — Appelons cela les nasales ! s’exclame O. avec une pince l’odeur serait insuppor-
dents, lave-toi trois fois par jour, fais quelque chose ! table ! Quelques exceptions toutefois :
— Je fais déjà tout ça, répond N, mais ça ne fonc- En voyant ces voyelles si heureuses et excitées, N et immangeable, immanquable, emmener.
tionne pas : je sens toujours mauvais. M deviennent rouges d’émotion.
— Merci d’avoir accepté d’être avec nous, dit M.
Le temps passe. N et M font une dépression. Elles — Oui, nous vous sommes très reconnaissantes, FICHE PÉDAGOGIQUE
restent seules, isolées. Les mots deviennent de plus dit N. téléchargeable sur
en plus difficiles à construire sans elles. Jusqu’au
B1 www.fdlm.org
jour où O vient sonner à leur porte. Ce jour-là les nasales ont fait leur entrée dans le
— J’ai une bonne nouvelle. J’ai parlé avec mes co- vaste monde de la langue française. Si vous en ren- Le plus audio sur
pines les voyelles et… on est d’accord pour revenir contrez un jour n’hésitez pas à vous pincer le nez, WWW.FDLM.ORG
espace abonnés
près de vous ! elles ne se vexeront pas, bien au contraire ! Q
L’ESPACE…
Quiz à faire en lien avec le Dossier,
pages 48 à 57.
… ET LE TEMPS !
1. SAVEZ-VOUS DÉCODER LES NOMS DE
PHÉNOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES? RETROUVEZ
LES LETTRES QUI CORRESPONDENT AUX CHIFFRES
DANS LES PHRASES SUIVANTES :
a. 1l y 4 du v3n7
b. 1l pl3u7
c. 1l y 4 d3 l’0r4g3
d. 1l f417 834u 3. REGARDEZ LES CARTES CI-DESSOUS ET COMPLÉTEZ
e. 1l y 4 d35 nu4g35 LE BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE AVEC LES MOTS
f. 1l n31g3 QUI CONVIENNENT.
SCHTROUMPFONS ENSEMBLE!
Un nouveau film des Schtroumpfs est sorti récemment au cinéma et sera bientôt disponible en DVD. Une bonne occasion pour faire
découvrir ces célèbres personnages de bande dessinée (de l’auteur belge Peyo) qui font voir la vie en bleu !
1. MISE EN ROUTE
Observez l’affiche du film ci-contre. En grand groupe, répondez aux questions suivantes :
Avez-vous déjà vu le nouveau film des Schtroumpfs ? Avez-vous déjà vu un ou plusieurs films de
la série ? Vous rappelez-vous de leur histoire ? Si oui, avec qui et où le ou les avez-vous vu(s) ?
2. COMPRÉHENSION
A) Vous visionnerez une première fois la bande-annonce du nouveau film des Schtroumpfs :
Les Schtroumpfs et le village perdu : www.youtube.com/watch?v=uhsQCt9KcHw
Cochez les noms des Schtroumpfs que vous entendez.
maladroit prétentieux costaud le Grand Schtroumpf
Schtroumpfs : à lunettes créateur grognon la Schtroumpfette
fouineur angoissé rouspéteur bavard
C) Pendant le visionnage de la bande-annonce, avez-vous remarqué l’emploi de quelques expressions françaises ? Seriez-vous capable de
deviner leur sens ?
1. 2. 3. 4. 5.
3. FONCTIONNEMENT DE LA LANGUE
A) Observez les phrases ci-dessous. Repérez les pronoms en gras, puis rappelez-vous l’emploi de chaque pronom.
62/87,216
ACTIVITÉ 2
A) Schtroumpf : fouineur, costaud, maladroit, à lunettes ; Schtroumpfette
B)
Vrai Faux ?
Le Grand Schtroumpf n’est pas content de la fuite des Schtroumpfs X
Le film est à l’affiche depuis le mois d’avril X
La Schtroumpfette est la seule fille de la série X
Dans le nouveau film, Gargamel attrape enfin les Schtroumpfs X
La suite de l’histoire se déroule dans un village perdu X
C)
1 : Cause toujours
2 : Se mêler de ses affaires
3 : Être piégé
4 : Se sentir comme chez soi
5 : Être mort de peur (où le mot « Schtroumpf » veut dire « peur »)
ACTIVITÉ 3
B)
[où] employé pour reprendre un complément de lieu ou de temps.
[que] complément d’objet (personne, chose) du verbe qui suit.
[qui] ce pronom reprend le sujet (personne, chose) du verbe qui suit
[dont] remplace un complément précédé par « de » et par un complément de nom.
B)
a) qui
b) où
c) dont
d) que
OBJECTIFS MATÉRIEL
travailler l’humour dans la langue elle-même bouts de papiers ou des cartes avec des blagues, charades et devinettes
WUDYDLOOHUDYHFGHVSURYHUEHVEODJXHVFKDUDGHVGHYLQHWWHVMHX[GHPRWVYDULD- bande-annonce de Bienvenue chez les Ch’tis : https://www.youtube.com/watch?v=_ZbGb8Tzi6o
WLRQVOLQJXLVWLTXHVHWDFFHQWVDÀQGHIDLUHGpFRXYULUODULFKHVVHVpPDQWLTXHGHOD VFqQHGXÀOPLe Dîner de cons : https://www.youtube.com/watch?v=UYYwaFy05-U
langue française SXEOLFLWp2UDQJHhttps://www.youtube.com/watch?v=SS5qWk0Af-U
1. ACTIVITÉ D’ÉCHAUFFEMENT
Lecture à tour de rôles des proverbes sur le rire, avec une petite réflexion et un court débat avec toute la classe.
- Mieux vaut rire comme une baleine que pleurer comme une madeleine.
- Mieux vaut rire dans une chaumière que pleurer dans un château
- On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde.
2) Enrichir le lexique
Tirage au sort de blagues et les raconter à tour des rôles. Expliquer le vocabulaire le cas échéant.
Pourquoi un fa bémol est-il toujours malade ? Parce qu’il vaut mi.
Un chien et un crocodile se rencontrent :
- Salut, sac à puces ! dit le crocodile au chien
- Salut, sac à main ! répond le chien au crocodile
Trois amis ont des noms bizarres. L’un s’appelle Fou, le deuxième Rien et le dernier Personne. Un jour Personne tombe à l’eau. Rien, qui l’a vu,
dit à Fou d’appeler la police. Fou appelle le commissariat et dit : « Allô ! Je suis Fou, j’appelle pour Rien, Personne est tombé à l’eau ! »
Ça a été aujourd’hui ? Pas du tout, on est en automne !!!
3) Quelques charades
Des volontaires lisent quelques charades pour que le groupe trouve la réponse.
a) Mon premier aime le lait.
Mon deuxième est le contraire de tard.
Mon tout est un monument fortifié. Que suis-je ?
6. Le Dîner de cons
Faire regarder la scène choisie du film : https://www.youtube.com/watch?v=UYYwaFy05-U et faire répondre en grand
groupe.
- Expliquer le quiproquo sur le nom « Juste Leblanc »
- De quoi se moque-t-on dans cet extrait ?
- Quel est l’effet comique de la fin du passage : pourquoi M. Pignon a-t-il commis « une boulette » ?
7. Publicité Orange
Toujours en grand groupe, faire visionner la publicité Orange : https://www.youtube.com/watch?v=SS5qWk0Af-U. Poser des questions telles que : Comprenez-vous
ce que dit le jeune homme avec un casque ? En quoi consiste l’intention comique de cette pub ? Trouvez-vous cela drôle?
62/87,216
3. Quelques charades
a) Chat, tôt : château
b) La, pain : lapin
c) Pou, belle : poubelle
d) Pois, son : poisson
4) Devinettes
a) Un timbre b) Un rhume c) Le silence d) La Poste
DERNIÈRE DÉMARQUE
Faire des achats, c’est bien, c’est amusant ! Mais faire les soldes, c’est un plaisir ! Des rabais de 30, 40, 50 %, allons-y !
Mais attention aux arnaques !
ACTIVITÉ 1
Les dates des soldes ne sont pas les mêmes dans les différents pays ; en France elles sont fixées par une réglementation. En été les soldes
commencent à 8 heures du matin, le dernier mercredi de juin, sauf si celui-ci tombe après le 28, auquel cas ils commencent l’avant-dernier
mercredi de juin ; en hiver ils commencent à 8 heures du matin, le deuxième mercredi de janvier, sauf si celui-ci tombe après le 12, auquel
cas ils commencent le premier mercredi de janvier. Ils durent 6 semaines.
Et dans votre pays ? Proposez à vos apprenants de retrouver la réglementation de chez vous pour la comparer à celle en vigueur en France.
Préparez aussi une fiche sur la comparaison.
ACTIVITÉ 2
Avant la saison des soldes, on fait normalement le tri dans son armoire pour voir ce qu’il faut acheter. Faites une liste des étapes que
demande cette tâche avant de la proposer en classe.
ACTIVITÉ 3
La présence d’une amie peut rendre le travail plus facile. Jeu de rôles entre Alice, en train de ranger son armoire, et son amie Corinne
qu’elle a appelée pour l’aider. Donnez les consignes et précisez la situation de communication.
ACTIVITÉ 4
ARTICLES TISSU COULEUR Les filles sortent pour faire les soldes. Elles choisissent d’aller dans un
Soutien-gorge coton Blanc grand magasin où, en quelques minutes, elles trouvent plusieurs articles
intéressants.
Slip cachemire Bleu
Elles expriment leur satisfaction pour ce qui concerne les tissus et les
Chaussettes soie Ecru couleurs (voir tableau ci-contre).
T-shirt acrylique Gris
Débardeur viscose Jaune
Pull polyester Marron
Jupe madras Noir
Pantalon cuir Orange
Jean laine Rose
Pull lin Rouge
Veste velours Vert
Pouvez-vous leur suggérer comment manifester leur appréciation ? Prépa-
Anorak denim Violet
rer une fiche.
ACTIVITÉ 5
Jeux de rôles. Dans le magasin Alice s’adresse à une vendeuse pour une petite robe et des chaussures qui lui plairaient. Comme elle doit poser
des questions sur sa taille et sa pointure et qu’elle a vécu les derniers trois ans à Milan et à Londres, ces deux grilles lui seront utiles.
Royaume-Uni 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24
Préparez un canevas de jeu de rôles à proposer à
États-Unis 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 vos élèves.
ACTIVITÉ 7
Sur le même site, à la page suivante, on trouve des phrases que l’on peut entendre pendant la période des soldes.
http://www.marieclaire.fr/, 10-phrases-que-l-on-entend-que-pendant-les-soldes, 729029.asp
Faites retrouver pour chaque phrase les paramètres de la situation d’interaction vendeur-client qui sont en jeu.
1. Vous les avez en 38 ? Non. En 39 ? OK, je prends, je mettrais des grosses chaussettes ! / 2. On sait bien que vous cachez les jolis modèles
pour écumer ces horreurs. / 3. Combien ça fait 60 % de 150 € ? Comment ça vous ne savez pas ? / 4. Vous l’auriez en 38 ? Non ? En 40 ? Vous
avez raison, 44 c’est bien ! Ça donne un style « décontracté » ! / 5. Le 3e article à -50 % ! Mais pourquoi le troisième article est forcément le
moins cher ? / 6. C’est normal qu’il n’y ait qu’une chaussure dans la boîte ?
SOLUTIONS
Activité 1 – Savoir comparer : exemple de fiche
1. Si / Quand on compare X et / à / avec Y
Lorsqu’on fait une comparaison entre X et Y… / En comparant X à (et, avec) Y… / Si l’on observe les deux réalités …
2. On voit / remarque / découvre /constate / s’aperçoit que...
3. En/dans X … il y a …. alors que dans Y // X a plus de … que de … // En / dans X il y a plus / moins de …. que dans Y
En/dans X il y a autant de … que de … mais il n’y a pas de … // Le/Les … de X est/sont un peu/beaucoup/bien plus/moins … que celui/ceux/celle(s) de Y.
Activité 2 – t7JEFSMBSNPJSFFUGBJSFVOHSBOEUBTEFTWÍUFNFOUTTVSMFMJUt/FUUPZFSMBSNPJSFt1BSUBHFSMFTWÍUFNFOUTFOUSPJTUBTMFTWÍUFNFOUTj+BJNFx
MFTWÍUFNFOUTj+FOFTBJTQBTxMFTWÍUFNFOUTj+FOFOWFVYQMVTxt3FNFUUSFEBOTMBSNPJSFMFTWÍUFNFOUTj+BJNFxt-BJTTFSTVSMFMJUMFTWÍUFNFOUTj+FOF
TBJTQBTxt.FUUSFEBOTEFVYTBDTMFTWÍUFNFOUTj+FOFOWFVYQMVTxEBOTMFQSFNJFSDFRVPOQFVUPĎSJSÈEFTVWSFTEFDIBSJUÌEBOTMFEFVYJÏNFDFRVJFTUVTÌ
à jeter à la poubelle.
Activité 3 – Alice Corinne
Lieu Dans la chambre d’Alice
Etat d’âme Stressée Calme, contente
1re partie Pose des questions sur les vêtements remis dans l’armoire Propose d’en jeter deux et explique pourquoi
2e partie Explique son indécision à propos de trois vêtements du tas « Je ne sais pas » Tranche en positif (1 vêtement) et en négatif (2 vêtements) en expliquant pourquoi
Activité 5 – Exemple possible : - Alice entre et salue. / - La vendeuse salue et demande ce qu’elle peut faire pour elle. /- Alice demande d’essayer la robe qu’elle a vue
dans la vitrine. /- La vendeuse demande si c’est pour elle et lui demande sa taille. /- Alice précise sa taille. /- La vendeuse demande si elle veut essayer la robe et en quelle
couleur. / - Alice demande où sont les cabines d’essayage. /- La vendeuse répond. /- Après avoir essayé la robe Alice dit que c’est bien, que la robe lui va. Puis elle demande
à la vendeuse de lui confirmer le prix. / - La vendeuse confirme et fait un commentaire sur le prix.
Activité 6 – 1c / 2d / 3a / 4e / 5b.
Activité 7 – Ex. pour l’énoncé 1 : Cliente qui achète une paire de chaussures. Elle demande sa pointure (38) et quand on lui dit qu’on n’a que le 39, elle les prend également
en justifiant maladroitement son achat (mettre de grosses chaussettes).
ISSN 0015-9395
9782090373059
9 782090 373059
N° 41 - JUILLET-AOÛT 2017
DOSSIER
ENSEIGNEMENT ET FORMATION
TECHNIQUES ET PROFESSIONNELS
LES ENJEUX EN AFRIQUE
FOCUS ACTU SANTÉ PÉDAGOGIE
La langue française,
signature de TV5MONDE
tv5monde.com/languefrancaise
N° 41 - JUILLET-AOÛT 2017
Édito ABONNEMENT
Chères lectrices, chers lecteurs,
Abonnement Découverte 1 an : Abonnement Découverte 2 ans :
Ce numéro 41 s’ouvre sur une belle réflexion historique 88 euros 158 euros
(6 numéros du (12 numéros du
de M. Colin Nicholls, ancien représentant de l’Unesco au
Français dans le monde Français dans le monde
Burundi, à sujet d’une exposition intéressante intitulée + 3 Francophonies du Sud + 6 Francophonies du Sud
+ espace abonné en ligne) + espace abonné en ligne)
« L’Afrique des routes » au musée du Quai Branly, à Paris.
Abonnement Formation 1 an : Abonnement Formation 2 ans :
Toutefois, le maître mot de cette livraison est « ré- 105 euros 189 euros
(6 numéros du (12 numéros du
forme », avec la présentation et l’analyse des projets de
Français dans le monde Français dans le monde
renouvellement pédagogique dans nombre de pays du Sud. C’est le but d’un + 3 Francophonies du Sud + 6 Francophonies du Sud
+ espace abonné en ligne + espace abonné en ligne
grand dossier sur l’enseignement et la formation techniques et professionnels
+ 2 Recherches et applications) + 4 Recherches et applications)
(EFTP) au Maghreb et en Afrique subsaharienne, mais aussi d’un article sur
le renouveau des curricula au Sénégal. Par conséquent, ce numéro se veut Les frais d’envoi sont inclus dans tous les tarifs (France et étranger).
un miroir des enjeux décisifs de l’EFTP pour le développement du continent. POUR TOUT RENSEIGNEMENT, CONTACTEZ-NOUS !
Tél. : 00 33 (1) 40 94 22 22 – Fax : 00 33 (1) 40 94 22 32
Il évoque aussi les institutions nationales et internationales comme l’OIF, courriel : fdlm@cometcom.fr
l’Unesco et les ONG qui accompagnent ces réformes dans des pays comme
Francophonies du Sud n°41
le Sénégal, le Congo, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, Haïti. Pays qui ont pris Supplément au n°412 du Français dans le monde.
(numéro de commission paritaire : 0417T81661)
conscience de son importance à tous les niveaux. Sans oublier le rôle décisif
Directeur de la publication : JEAN-MARC DEFAYS – FIPF
que jouent les associations d’enseignants dans la mise en place et le fonction- Directeur de la rédaction : SÉBASTIEN LANGEVIN
Rédactrice en chef : ODILE GANDON
nement de ces réformes. Parallèlement, nous retrouvons un important article Relations commerciales : SOPHIE FERRAND
« santé » sur la lutte contre les grandes pandémies comme le VIH, la tubercu- Maquette et secrétariat de rédaction : CLÉMENT BALTA
Photo de couverture : © Centre ASPAIL
lose et le paludisme en Afrique. Enfin, nous avons la rubrique « pédagogie » :
© CLE international 2017
des fiches, le concours lancé par l’ASPF sur la pédagogie numérique, une ini-
Revue de la Fédération internationale des professeurs de
tiation à l’art contemporain (à partir d’une œuvre de P. M. Tayou, créateur français (FIPF), réalisée avec le soutien de l’Organisation internationale
de la Francophonie (OIF) et la collaboration de l'Association des
camerounais) et le concours des dix mots de la Francophonie 2017, dont la professeurs de français d'Afrique et de l’océan Indien (APFA-OI)
LE FRANÇAIS DANS LE MONDE – 9 bis, rue Abel-Hovelacque – 75013 Paris
déclinaison « orthographique » organisée par l’APFB. Un cocktail savoureux ! Rédaction : +33 (0)1 72 36 30 67 – www.fdlm.org cbalta@fdlm.org
Abonnements : +33 (0)1 40 94 22 22 – Fax : +33 (0)1 40 94 22 32
Bonne dégustation, FIPF – Tél. : +33 (0)1 46 26 53 16 – www.fipf.org secretariat@fipf.org
Baytir Kâ, Président de l’APFA-OI fdlm@fdlm.org – www.fdlm.org, onglet « Suppléments »
L’AFRIQUE DES
ROUTES
Mobile, multiple et ouvert au cours d’une
longue histoire : tel apparaît le continent à
travers « L’Afrique des routes », exposition
qui se tient au musée du Quai Branly, 1.
à Paris jusqu’à la fin novembre 2017.
Du Ve millénaire avant notre ère à nos
fins d’études, d’éducation et de délectation. » Le Quai Branly remplit
jours, trois cents œuvres et documents à la lettre les termes et conditions de cette définition large et géné-
révèlent les différentes routes qui reuse, qui constitue en même temps un mandat impératif à l’égard
ont contribué à la circulation et aux des civilisations, cultures, patrimoine et acquis artistiques des pays
contacts des hommes, des objets et des dits « du Sud ».
idées en Afrique et de l’Afrique vers Par pure coïncidence (y a-t-il véritablement coïncidence ?), se tient
les autres continents. L’occasion d’une jusqu’au 23 juillet 2017, dans l’enceinte du même musée, une ex-
réflexion sur cette histoire et sur un choix position intitulée « Picasso primitif » : elle démontre les influences
muséographique qui renouvelle le regard. des cultures africaines sur ce peintre célébrissime, mais surtout
ses emprunts à un art africain que l’époque coloniale conquérante
PAR Dr COLIN NICHOLLS
qualifiait dédaigneusement d’« art primitif » – comme le rappelle
Ancien représentant de l’Unesco au Burundi. fort opportunément le titre de l’exposition sur Picasso. Le visiteur
ne manquera pas de faire la liaison, positive ou négative, entre les
deux expositions (africaines !). Il y a là encore une route à déminer
S
’il est usuel de caractériser les continents ou les na- et à explorer, une route africano-européenne, longtemps ignorée,
tions par l’ethnicité, la démographie, l’économie, oubliée ou minimisée. Car une route, de par son architecture et dé-
le climat, la langue, le commerce, les luttes, voire ploiement dans l’espace, invariablement et inévitablement consti-
les aspirations, il est inhabituel de les identifier par tue un voyage à double sens, un aller-retour, une irrigation mutuelle
les axes routiers. Mais, comme on le verra plus loin, de ses deux extrémités, tout aussi bien que de toutes les étapes in-
ceux-ci peuvent être le relais et la traduction de ceux-là. Non pas termédiaires qui la jalonnent. Nul n’échappe à l’influence durable
les routes au sens des voies permettant les contacts dans l’espace ni à l’enseignement didactique que l’on peut tirer des routes, pour
géographique, mais au sens des traversées culturelles véhiculant autant que l’on accepte de les suivre…
personnes, produits, croyances, et valeurs. La notion de routes in-
tracontinentales invite à repenser l’histoire de l’Afrique dans ses di- En suivant les routes de l’exposition
mensions ethniques, culturelles, commerciales, spirituelles, et tout Quelles sont donc ces routes emblématiques du développement his-
simplement humaines, à travers un paradigme jusque-là méconnu torique et continental de l’Afrique dans ses profondeurs ? Sauf er-
et inexploré. Voilà le message de « L’Afrique des Routes ». reur ou oubli, elles sont au nombre de neuf, sans aucune hiérarchie
préalable : spirituelles et religieuses ; esthétiques ; des objets ; fores-
Au carrefour de deux expositions tières, fluviales et côtières ; musicales ; commerciales ; des plantes
La réputation du musée du Quai Branly-Jacques Chirac, à Paris, et de la pharmacopée ; de l’esclave ; coloniales.
n’est plus à faire : il remplit une mission critique de présentation À cette liste s’ajoute l’interstice des villes, jalons des routes, et car-
et de représentation des cultures africaines, océaniques, et préco- refours de tout commerce, toute interaction, tout échange qui réu-
lombiennes. Véritable tour de force tant dans sa conception origi- nissent tout ce faisceau de routes qui vont, de manière récurrente,
nale que dans son exécution novatrice, « L’Afrique des routes » ne se croiser, se rencontrer, se superposer, et parfois même s’unir, dans
déroge ni à la qualité ni à l’envergure auxquelles le musée a habi- un contexte de relations latérales et/ou horizontales. Sans oublier
tué son public toujours avide de découvertes inattendues. Rappe- d’autres routes connexes, telle l’ouverture à l’est vers l’océan Indien,
lons la définition énoncée par le Conseil international des musées conduisant à la Chine et à l’Inde, ou à l’ouest vers l’Atlantique – route
(ICOM), relié à l’UNESCO : « Un musée […] transmet le patrimoine peut-être beaucoup mieux connue et analysée par les historiens.
matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des On pourrait penser que l’expérience et les activités humaines ne
DR
LES CONFESSIONS
DE SALIM BACHI Elle a reçu le prix des 5 continents de la
faire l’économie de ses
Francophonie en 2016, pour Le Corps de
Né en Algérie ma mère (Éd. Joëlle Losfeld/Gallimard). incohérences, supersti-
en 1971, Salim Entretien avec Fawzia Zouari. tions ou exagérations, sa
Bachi vit à Paris foi dans des mondes in-
PROPOS RECUEILLIS PAR CLÉMENT BALTA
depuis 1997 et visibles. D’ailleurs, son
s’est fait connaître Que représente pour vous point de vue nous soulage un peu des sociétés
par son œuvre cette récompense? étriquées et à imaginaire unique dans lesquelles
romanesque, Un beau geste de la Francophonie. Une recon- nous vivons. Le « roman » de nos anciens ne se
notamment Le naissance de la relation intime et existentielle qui limitait pas aux écrans, aux séquences virtuelles
Chien d’Ulysse, me lie à la langue française depuis des décennies. et aux activités minutées de l’époque actuelle.
prix Goncourt du Une façon de rendre publiques des épousailles
premier roman en 2001. entre l’Arabe que je suis et ce pays de francopho- C’est aussi un livre sur vos rapports à
Dans un récit autobiographique nie, devenu mon pays. J’ai misé dans cette langue la langue française – de l’école et de
DR
intitulé Dieu, Allah, moi et les autres, une bonne partie de ma vie. Elle a déterminé l’écriture, « langue étrangère » (dernier
l’auteur raconte son parcours d’in- mon parcours, ma courbe d’existence. Et ce prix mot du roman) – et à la langue arabe,
tellectuel et confesse sans détours m’a édifiée, en quelque sorte, sur cette intuition. maternelle et orale. Comment vivez-vous
un athéisme résolu. Une prise de le fait d’être « entre deux langues »?
position plutôt courageuse par les Le Corps de ma mère oscille entre J’ai beaucoup hésité à écrire ce livre, juste-
temps qui courent et qui va de pair réalisme et merveilleux. Est-ce un roman- ment, parce que je me demandais si je pouvais
avec la conscience d’un détermi- témoignage, une fable, les deux? dire ma mère dans une langue qui n’est pas la
nisme historique. « Je suis né en Ce livre a le visage, l’esprit, la façon d’être au sienne et qu’elle aurait appelée « infidèle ». J’ai
1971 et la guerre civile algérienne a monde de ma mère. Je n’y invente rien qui ne culpabilisé de la mettre à nue dans des phrases
débuté en 1991. Ce sont des hommes puisse être « validé » par elle. Il ne s’agit pas de étrangères. Je suis même allée sur sa tombe
de vingt ans qui l’ont faite. La plu- ma façon de voir les choses. Celles-ci sont ra- lui demander pardon. Puis, peu à peu, je me
part sont morts ou devenus fous. Je contées comme ma mère les racontait, donc les suis rendu compte que je ne l’ai peut-être pas
suis un peu dingue, on n’échappe concevait. Avec ses images, ses croyances, ses pa- trahie ni exposée. Que les mots français la res-
pas à ce genre de cataclysme, on raboles, ses expressions, son rapport au temps. tituaient telle qu’elle était, en fin de compte.
n’échappe pas à sa génération », Bien sûr, tout cela se passe sur fond d’une Tunisie C’est là où j’ai décidé que je n’étais plus entre
écrit-il. à la fois moderne et ancienne. Je ne sais pas com- deux langues. Ni que je devais m’en tenir à une
Mêlant tour à tour humour et mélan- ment mes frères et sœurs auraient raconté notre seule définition de la « langue maternelle ».
colie, ce texte est aussi un précieux mère, mais moi, je voulais la raconter de l’inté- J’ai décidé que la langue maternelle est celle-là
témoignage d’un homme cultivé rieur, de sous ses paupières Je ne voulais pas même qui restitue à l’identique nos mères ! Q
confessant ses blessures d’enfance.
Désespéré et sincère, l’homme livre ESSAI
ses failles, éclaire ses choix et ra-
conte finalement l’histoire d’une vo- CONAKRY, CAPITALE DU LIVRE
cation, celle d’un écrivain qui trouve Pour 2017, la capitale de la Guinée a été choisie France, devient peu à peu une grande ville mo-
dans la littérature et dans l’art le comme « capitale du livre » par l’Unesco. C’est derne, rattachée au continent dans une Guinée
seul refuge salvateur. Poignant et l’occasion de lire l’ouvrage passion- dont les colonisateurs dessinent en
lucide.QSophie Patois nant de Raymond Lehideux-Ver- 1904 les frontières définitives. Au prix
nimmen, La Naissance de Conakry, d’une conquête administrative et mi-
Salim Bachi
fille du vent et de l’Atlantique. Il s’agit litaire sanglante et de travaux forcés
d’une véritable biographie, alerte et pour une partie des Guinéens. Cette
vivante, celle d’une ville née dans naissance d’une ville se lit comme un
le dernier quart du XIXe siècle sur roman, mais solidement documenté,
la petite île équatoriale de Tumbo doté d’une bibliographie et illustré
d’un accord commercial entre un de cartes postales anciennes qui en
© C. Hélie / Gallimard
© Michael-Setzfandt
poésie africaine. Boni, Breyten Breytenbach, Aimé
Établie par les éditeurs écrivains Césaire, Léon Gontran Damas, David
Bruno Doucey, Nimrod et Christian Diop, Edmond Jabès, Léopold Sédar
Poslaniec, cette anthologie fait en- Senghor, Véronique Tadjo, Tchicaya Quand Abdourahman A. Waberi
tendre les voix de cent vingt poètes U Tam’si, Kateb Yacine et de tant s’amuse à inverser les valeurs cela
de toutes les Afrique(s), depuis les d’autres… Elles chantent les luttes et donne un roman vif et enlevé qui
traditions orales des origines : mé- les espoirs, les rages et les passions, décrit un monde où les Suisses sont
diterranéenne, saharienne, sahé- les bonheurs et les déchirures de pauvres et les Africains étoffés…
lienne, équatoriale, australe pour le conti- tous ces poètes qui ont l’Afrique au cœur. QO. G. Les États-Unis d’Afrique ne peuvent
nent, mais aussi insulaire, de Mayotte aux plus accueillir toute la misère du
Antilles, américaine autour du blues, blanche 120 nuances d’Afrique, éd. Bruno Doucey. monde: jouant avec ironie sur ce
renversement de la réalité et des
valeurs, l’auteur s’amuse dans
« MON PAYS QUE VOICI… » cette fiction à imiter Voltaire et
Le prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde a été attribué fin 2016 au poète et ses contes pour mieux réveiller les
Anthony Phelps
romancier haïtien Anthony Phelps, un des fondateurs du mouvement « Haïti litté- consciences et pointer l’absurdité
raire », qui dans les années 1960 a représenté un pôle important de résistance à la et la violence des rapports Nord-
dictature duvaliériste. Après un séjour dans les prisons de Duvalier, l’écrivain s’est Sud. La figure centrale du récit, c’est
exilé au Canada, d’où il a développé une œuvre importante, dont le célèbre recueil Maya. Née dans un bidonville de
Mon pays que voici, publié en 1968 et devenu un repère essentiel dans la littérature la région de Rouen et adoptée par
haïtienne. Une anthologie de sa poésie sous le titre Nomade je fus de très vieille une riche famille érythréenne, elle
mémoire et son dernier recueil en date Je veille, incorrigible féticheur viennent part à la recherche de ses origines…
d’être publiés par les éditions Bruno Doucey. Lors de la cérémonie de remise du Elle découvre à Paris (en « Absur-
prix, Anthony Phelps a déclaré: « J’accepte ce prix au nom de mon pays toujours distan »), la misère et sa vraie mère.
debout, malgré les dictatures, la corruption de nombreux politiciens, malgré les D’une langue souvent imagée qui
© Michael-Setzfandt ne craint pas les envolées lyriques,
tremblements de terre et les cyclones. » QFélix Traoré
l’auteur bouscule les références
par ces propositions inversées qui
dérangent et interrogent. Ainsi, la
scène quasi d’anthologie où l’hé-
UNE BELLE TABLE D’AUTEURS roïne débarque dans la capitale,
« Investir tous les territoires de la lit- hommage également à l’écrivain algérien Moham- découvre un minable aéroport aux
térature, de la pensée vive, de la poé- med Dib. D’Alima Abdhat, universitaire algérienne « allures délabrées dans la pâle
sie… », telle est l’intention déclarée de dont le recueil de poésie n’a pas encore été publié, clarté d’une aube de neige » et
l’écrivain Hubert Haddad, initiateur et à Benny Ziffer, Israélien, écrivain et traducteur (il a s’installe dans
rédacteur en chef de la revue annuelle notamment traduit du français à l’hébreu Huysmans, un petit hôtel
Apulée, lancée en février 2016 et édi- Claudel, Cendrars…), plus de cent signatures figurent de la place
tée par Zulma. Ce deuxième numéro, dans la « table des auteurs », belle sortie de la revue… Vendôme « où
sous-titré « De l’imaginaire et des Ils constituent un panorama cosmopolite de talents tout autour, la
pouvoirs », rassemble en presque 500 plus ou moins connus, parmi lesquels des « têtes misère s’allège
pages un ensemble disparate de textes, poèmes, d’affiche » comme Kamel Daoud, Anouar Benmalek, d’être côtoyée,
photographies… dans lequel on pourra puiser ins- Abdellatif Laâbi, Bernard Noël, Jean Rouaud, Boua- sans cesse par-
piration et réflexions. Imprimée en noir et blanc, la lem Sansal… ou encore René Depestre dans un entre- tagée »! Q
revue balaye un large spectre avec une mise à l’hon- tien avec Catherine Pont-Humbert. QSophie Patois S. P.
neur de l’écrivain marocain Driss Chraïbi (disparu en
2007), auteur entre autres du Passé simple, et un Apulée #2, « De l’imaginaire et des pouvoirs », Zulma Abdourahman A. Waberi, Aux États-Unis d’Afrique, Zulma
L
e printemps parisien a été sous le signe de l’art contem- 1.
porain africain. À commencer par la foire Art Paris
2017 qui, sous la bannière « L’Afrique à l’honneur »,
a réuni fin mars-début avril des galeries d’art africaines
et européennes qui offraient l’occasion de prendre la mesure de
la production foisonnante des artistes du continent : peintures,
sculptures, photos, vidéos, installations… Avec en prime une
journée de rencontres, riche en échanges autour de la création,
à La Colonie, ce nouvel espace de réflexion indépendante et libre
fondé par l’artiste Kader Attia. Aux côtés des hautes figures fon-
datrices de l’art contemporain en Afrique, comme Ousmane Sow
ou Seydou Keïta – tous deux récemment disparus –, des œuvres
des grands « inventeurs » que sont Soly Cissé, Chéri Samba ou
Romuald Hazoumé étaient présentées, accompagnées de celles
2.
d’une nouvelle génération d’artistes, originaires d’Afrique, mais
travaillant souvent dans le monde entier.
Singularité et universalité
C’est ce foisonnement de talents artistiques émergents qui s’est
ensuite déployé lors du festival 100 % Afrique à La Villette, haut
lieu de la culture contemporaine vivante à Paris, avec l’exposi-
tion « Afriques capitales » ouverte fin mars et relayée jusqu’en
septembre à Lille sous le titre « Vers le cap de Bonne-Espérance ».
Dédiée aux grandes villes africaines et organisée sous le commis-
sariat de Simon Njami, elle réunit une soixantaine d’artistes, dont,
entre autres, Pascale Marthine Tayou, Akinbode Akinbiyi, James
Webb, Leïla Alaoui, Mimi Cherono Ng’ok, Lavar Munroe, Hassan
Hajjaj, Abdoulaye Konaté, venus de tout le continent. 3.
L’ensemble de ces œuvres offre au public des perspectives radi-
calement nouvelles, obligeant à remettre en question la notion
même d’« art contemporain africain ». Certes, tous ces plasticiens
ont en commun une origine – le continent africain –, mais la di-
versité des capacités d’invention, des options formelles choisies,
des parcours personnels, des modes d’attache ou de rapports à
l’histoire ou à la culture des différents pays se déploie avec une
telle évidence que, hors de tout étiquetage géographique, on per-
çoit d’abord la singularité de chacun ou chacune de ces artistes et
sa puissance à créer de l’universel. 5.
Les deux expositions consacrées à l’Afrique qui viennent d’ouvrir
dans ce nouveau lieu de la création contemporaine qu’est la Fon-
4.
dation Louis Vuitton, « Les Initiés » et « Être là » confirment que les
artistes venus du continent jouent aujourd’hui un rôle majeur dans
la création contemporaine mondiale. QOdile Gandon
LÉGENDES
1. Abdoulaye Konaté (Mali). Pièce textile produite spécialement pour
« Afriques Capitales » à la Villette, Alep 2017. © Primo Marella Gallery.
2. Aida Muluneh (Éthiopie), City Life, 2016. Photographie © David Krut Projects.
3. Leila Alaoui (Maroc), Crossings, 2015. Installation vidéo en triptyque, 6 min.
4. Lavar Munroe (Bahamas), Of the Omens He Has as he Entered His Own
Village, and other Incidents that Embellished and Gave a Colour to a
Great History, 2017. Sculpture, installation. © Lavar Munroe.
5. Moataz Nasr (Égypte), Le Minaret, 2016. Sculpture © Galleria Continua,
photo Bernardo Ricci.
PAUL BALTA,
LE MÉDITERRANÉEN
La Méditerranée, notre « mère-mer », Paul
© Ons-Abid
Balta l’a parcourue en tous sens pendant
des décennies. Il l’a toujours aimée et aurait
voulu que tous ses riverains s’entendent enfin
un jour pour mettre en valeur ensemble leur
bien commun plutôt que de se la disputer.
PAR CLAUDE COLIN
P
aul Balta est né en 1929 dans la mythique ville
d’Alexandrie et dans une famille typiquement mé-
diterranéenne, pourrait-on dire : un grand-père
paternel chypriote grec émigré à Paris et marié à
une Lorraine avant de gagner Mansourah ; un ar-
rière-grand-père maternel libanais, lui aussi émigré en Égypte,
etc. Il a gagné Paris dix-huit ans plus tard, pour y poursuivre des
études supérieures. Au début, la ville de l’après-guerre, aux fa-
çades noircies, lui fut d’autant moins une fête que l’ignorance du
monde arabe ou musulman de ses condisciples au lycée Louis
le Grand – brillants en de nombreux domaines, dont l’Antiquité
grecque et romaine – lui parut étrange. De cette époque, il dit
avoir pris la décision de devenir un « passeur » entre les deux
rives : journaliste. Il était, entre-temps, retourné sur sa terre uns les autres, lutter contre les préjugés, les idées reçues, l’igno-
natale où il enseigna pendant une année le français aux Écoles rance (« Non, les Arabes ne sont pas tous musulmans ; non les musul-
grecques d’Alexandrie – le directeur, ne trouvant pas d’ensei- mans ne sont pas tous arabes ; non, les Iraniens ne sont pas arabes ;
gnant, menaçait de passer à l’anglais… non, les Européens ne sont pas tous catholiques », etc.).
Après Le Monde, quitté en 1985, viennent la direction du CEOC à
Le rêve d’un « Monde » plus oriental la Sorbonne Nouvelle et un engagement de plus en plus marqué :
Quelques années chef de service au centre de documentation dialogue euro-arabe, islamo-chrétien, euro-méditerranéen, as-
du CNRS – emploi plus stable que celui de pigiste – il enchaîna sociations variées et nombreuses, de « France-Pays arabes » à «
les collaborations dans diverses revues : de Combat aux Temps Espoir Palestine » en passant par l’IEMed et l’ACCM, pour n’en
Modernes, en passant par Esprit, Diagrammes, Ishtar-Orient/ citer que quelques-unes. Et pendant toutes ces années, la grande
Occident jusqu’à l’entrée au bureau parisien de l’agence Asso- maison de Villiers-sur-Marne, outre la famille et les amis, ac-
ciated Press, puis à France-Soir et – enfin ! – son rêve à la fin de cueillait pour des durées variables de nombreux hôtes : exilés
l’année 1970 : au service étranger du Monde, où il forma avec politiques, apprentis ou étudiants, jeunes stagiaires étrangèrs,
Jean Gueyras et Éric Rouleau le trio réputé chargé du Maghreb, maghrébins ou d’origine maghrébine. Ne parvenant pas à re-
du Proche et du Moyen-Orient. joindre son frère en Angleterre, l’une de ces stagiaires retournera
C’est sous la pression amicale de Pierre Bernard, lui aussi rêvant poursuivre sa carrière d’interprète en Iran, une autre deviendra
de rapprochement entre Méditerranéens, créateur quelques an- garde des Sceaux en France, etc.
nées plus tôt des Éditions Sindbad, qu’il publia en 1973 son pre- Le temps passant, les ennuis de santé venant, Paul Balta a dû re-
mier livre La Politique arabe de la France, de De Gaulle à Pompidou, noncer à de nombreuses activités, mais il a gardé intact son inté-
coécrit avec son épouse, Claudine Rulleau. Analyses, grands re- rêt pour la Méditerranée : s’il y défend toujours la francophonie
portages en envoyé spécial ou permanent (cinq ans en Algérie, – en théorie facteur idéal de compréhension et de rencontre –
des mois en Iran au moment de la révolution, entre autres) consti- il souhaite aussi que ses riverains s’ouvrent davantage mutuel-
tuèrent la matrice de très nombreux ouvrages, articles et études, lement à la culture et à l’apprentissage des langues des voisins.
toujours sous-tendus par une même volonté : faire se connaître les Vaste programme ! Q
© Unesco
ENSEIGNEMENT ET FORMATION
TECHNIQUES ET PROFESSIONNELS (EFTP)
LES ENJEUX EN AFRIQUE
Handicaps et leviers
E
n juin 2006, en lançant la seconde
décennie de l’Éducation pour Il n’empêche ! De lourds handicaps pèsent
l’Afrique (2006-2015), l’Union sur le secteur : un certain rejet de la part de
africaine déclarait : « Dans notre l’opinion publique, encore trop habituée
société du XXIe siècle, fondée sur le savoir et à voir dans ces filières une voie d’échec
dominée par les technologies d’information scolaire ; l’inadéquation trop fréquente de
et de communication, où les demandes du la formation professionnelle avec la de-
marché sont en perpétuel changement, il est mande économique et particulièrement le
important d’offrir aux garçons et aux filles des marché du travail ; la difficulté récurrente
programmes d’Enseignement technique et de à convaincre les entreprises de participer à
Formation professionnelle pertinents. » Onze ces formations (par l’apprentissage, mais
ans plus tard, où en sommes-nous ? Franco- aussi par la concertation avec les autorités
phonies du Sud se propose de faire un tour éducatives) ; le coût souvent élevé de ces fi-
d’horizon sur la situation de ce secteur de lières, qu’il s’agisse de la formation perfor-
l’éducation. Certes, l’importance de l’EFTP, mante des formateurs ou de l’indispensable
pour le développement du continent et rénovation des équipements et supports
l’insertion socioprofessionnelle des jeunes, pédagogiques.
fait aujourd’hui consensus chez les acteurs Plusieurs leviers existent cependant, avec
concernés, à tous les niveaux. Et, dans le un intérêt renforcé de la part des bailleurs
vaste chantier des réformes en cours dans la de fonds ainsi que la mise en place de par-
plupart des pays du continent – renouvelle- tenariats publics-privés prometteurs. Mais,
ment des programmes, redéfinition des cur- dans ce déploiement parfois bien difficile
P. 10-13 ricula et prise en compte de l’évaluation des d’un EFTP « pertinent », apparaît le facteur
Enjeux compétences dans l’approche pédagogique sans doute le plus porteur d’espoir : l’ac-
P. 14-15 –, l’EFTP n’apparaît plus comme le parent croissement de la coopération Sud-Sud,
Sénégal pauvre des systèmes éducatifs. Les projets et entre les États, avec tout ce qu’elle ouvre
P. 16-21 les réflexions que nous présentons dans ce comme promesse d’avenir pour la jeunesse
Maghreb dossier en témoignent. du continent. Q
P. 22
Haïti
POUR EN SAVOIR PLUS
P. 23 OIF (Organisation internationale de la Francophonie) www.fpt-francophonie.org
Agriculture UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) www.pefop.iiep.unesco.org
CIEP (Centre international d’études pédagogiques) www.ciep.fr/formation-professionnelle-employabilite
GRET (Groupe de recherche et d’échanges technologiques) www.gret.org/themes/microfinance-et-insertion-professionnelle
RAIFFET (Réseau africain des institutions de formation de formateurs) https://raiffet.org
PRÉPARER L’AVENIR
Depuis plus de vingt ans, ministères concernés et employeurs s’accordent sur le bien-fondé
d’une orientation des jeunes du continent vers l’enseignement professionnel et technique.
Mais les filières restent mal organisées et l’offre de formation est encore insuffisante et
peu adaptée à l’emploi. Une situation qui nuit au développement économique du continent
et se complique du fait de la situation démographique. Sur le terrain, la créativité des
acteurs ouvre cependant des perspectives prometteuses.
PAR FANNY DUPRÉ
E
n raison de l’évolution démographique, l’insertion des
jeunes dans la vie professionnelle représente un enjeu
économique et social majeur. C’est particulièrement
vrai en Afrique. Là, une personne sur cinq a entre 15 et
24 ans, et ce nombre doublera entre 2010 et 2050. Le
continent devrait alors compter presque 440 millions de jeunes, soit
un tiers de la tranche d’âge au niveau mondial. D’ores et déjà, plus
de douze millions d’entre eux arrivent chaque année sur un marché
du travail où les perspectives d’emploi sont minces.
Mais ce n’est pas tout. À la différence des générations précédentes,
ces jeunes garçons et filles sont majoritairement alphabétisés car,
dans le cadre des objectifs du Millénaire pour le développement fixés
par l’ONU, ils ont eu accès à l’éducation primaire. Sortis du système 1.
éducatif, ils se heurtent à un marché de l’emploi saturé et rencontrent
de réelles difficultés à trouver leur autonomie financière. Situation
qui peut représenter un facteur d’instabilité pour les pays. tion publique comme dans les grandes entreprises, les postes sont
Les observateurs rappellent à ce propos que les printemps arabes rares. Ils sont à créer en zones rurales et dans le secteur informel,
sont liés à des manifestations survenues fin 2010, en protestation cette économie populaire où chacun est son propre employeur et
notamment contre le chômage qui touche une forte proportion de qui bâtit les maisons, fabrique les meubles, transforme les produits
la jeunesse. La croissance n’est pas la clé du problème. Depuis le agricoles, répare les automobiles, récupère, recycle…
début du xxie siècle, celle de l’Afrique subsaharienne est relative-
ment constante – en 2015 elle était de 3 % – mais elle ne contri- Les atouts de la formation professionnelle
bue pas à financer des mesures en faveur de l’emploi. Ses bénéfices Dans ce contexte, dans les pays d’Afrique subsaharienne, le sys-
servent notamment à accompagner les conséquences de la hausse tème d’enseignement et de formation technique et professionnelle
démographique en construisant les infrastructures nécessaires (EFTP) constitue une partie importante de la réponse potentielle.
dans les domaines de la santé ou de l’éducation de base. Ils ne fa- Depuis plus de vingt ans, la nécessité d’orienter les jeunes vers cette
vorisent pas la résolution des difficultés des jeunes. Dans la fonc- voie est admise. Mais la formation professionnelle reste le parent
pauvre de la politique éducative : elle reçoit seulement 2 à 5 % des
budgets de l’enseignement et la grande majorité des jeunes est for-
mée sur le tas…
En 2015, cette situation conduisait l’Organisation internationale
de la Francophonie (OIF) à adopter le programme « Formation et
insertion professionnelle des jeunes » qui se déploie jusqu’en 2030.
L’OIF apporte son appui et son expertise aux ministères en charge de
l’enseignement technique et de la formation professionnelle dans
le cadre des transformations en cours des curricula dans la majo-
rité des pays. En 2017, plus de 70 000 jeunes issus de dix pays ont
déjà bénéficié de ces actions. Il s’agit en particulier de développer
une offre de formation tournée vers les besoins des secteurs écono-
2. miques prioritaires et les emplois existants.
LÉGENDES
1. Dynamiser le secteur informel: c’est l’objectif de l’association sénégalaise ASPAIL. Dans son centre de Thiès, au Sénégal, elle assure une formation
continue des ouvriers et une formation par apprentissage pour les jeunes, en électromécanique, électricité, énergie solaire et informatique, grâce à
des équipements techniques de normes européennes, des ateliers et une petite entreprise. Approche par compétence et renforcement des capacités
sont y sont au cœur de la pédagogie. © Centre ASPAIL
3. De gauche à droite: Damantang Albert Camara, ministre guinéen de l’Emploi, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle,
et Adama Ouane, administrateur de l’OIF, lors de la signature d’un protocole d’accord, en avril 2016. Cet appui vise à un transfert d’expertise pour
maîtriser différents outils de pilotage, de gestion et de suivi, permettant de planifier l’offre de formation professionnelle en fonction de la demande
des employeurs du secteur de l’artisanat urbain et périurbain. Un secteur qui représente 300000 maîtres artisans et environ 900000 apprentis
dans 105 corps de métiers (du BTP aux métiers de la réparation en passant par le tourisme). © OIF
4. Atelier couture au centre de formation professionnelle pour jeunes déscolarisés de Koupa Kagnam, au Cameroun. Créé en partenariat (ministère de
l’Éducation et de la Formation professionnelle, association des parents d’élèves et ONG REA-Cameroun), ce centre dispense des formations en métiers
du bâtiment, agriculture et couture. © DR
ACTUALISER
LA FORMATION TECHNIQUE
Sur le continent africain, l’enseignement technique et la formation professionnelle
sont en pleine expansion. Mais les voies suivies doivent s’adapter à la diversité du terrain.
FDS présente quelques dispositifs à différents niveaux, des apprentis aux cadres.
PAR NATHALIE RIVIÈRE
AU CONGO, DÉVELOPPEMENT ET
STRUCTURATION DE L’APPRENTISSAGE
E
n République du Congo, un projet piloté par le Groupement
DR
interprofessionnel des artisans du Congo (GIAC), un réseau
d’organisations professionnelles fédérant 600 entreprises
artisanales de Pointe Noire, et le GRET, ONG française de dévelop-
pement, permet de former des jeunes, issus de milieux défavorisés,
qui, après avoir décroché de l’école, sont placés en apprentissage au
sein d’une très petite entreprise du secteur informel.
Aux dires de leurs patrons, le niveau scolaire de ces apprentis se-
rait vraiment très faible, pour la plupart il ne dépasse pas celui des
élèves en fin de cycle primaire. Dans le cadre du projet qui débutait
en 2015 et s’achèvera en 2018, 180 jeunes, dont 120 filles, vont
pouvoir suivre une formation par alternance, débouchant sur un
diplôme de niveau CAP reconnu par l’État. Ils retrouveront donc le
chemin de l’école et se partageront entre la salle de classe et un lieu
d’apprentissage pour préparer un CAP, une démarche qui amélio-
Apprenti en menuiserie, au Congo-Brazzaville.
rera leur employabilité.
C
réer un espace d’échanges entre professionnels, c’est ce que,
depuis 2002, propose le Réseau africain des institutions Le RAIFFET apporte son aide aux jeunes chercheurs, en particulier
de formation de formateurs de l’enseignement technique en attribuant des prix aux travaux les plus remarquables et mise
(RAIFFET). S’il est né en France, il est une réponse au besoin des beaucoup sur les colloques internationaux, qui donnent aux acteurs
étudiants originaires d’Afrique et venus se former dans les universités du secteur l’occasion de se rassembler et de réfléchir à un thème
françaises. Le RAIFFET vise à développer les échanges scientifiques, d’actualité. La cinquième rencontre de ce type se tiendra en octobre
la coopération entre les acteurs de la formation des formateurs dans prochain à Douala (Cameroun). Elle portera sur les nouvelles tech-
l’enseignement technique et professionnel. Il permet que des liens nologies dans l’enseignement et la formation. Dans ce domaine, les
entre pays se créent. Aujourd’hui, le RAIFFET en rassemble vingt. Il membres du réseau partagent des points communs. Les représen-
est financé par les cotisations des membres, principalement les mi- tants des institutions trouveront l’opportunité de développer des
nistères et des institutions, des subventions de l’UNESCO, de l’Agence coopérations scientifiques, de présenter les pratiques innovantes,
universitaire de la francophonie (AUF), de la Banque africaine du de s’interroger sur les opportunités que les NTIC ouvrent mais aussi
développement et de missions d’expertise, d’audit et de formation. sur l’accroissement des écarts sociaux, culturels et économiques. Q
© banque mondiale
© banque mondiale
U
n tiers des Africains hautement qualifiés ne sont pas re- universitaire et scientifique malienne de
tournés dans leurs pays d’origine. Or les besoins en for- France), dont un des objets consiste à ac-
mation professionnelle et technique existent à tous les compagner la coordination TOKTEN dans
niveaux. Dans un hôpital, par exemple, maîtriser un nouveau geste les démarches de constitution d’un réseau
opératoire est un enjeu. de partenariats et dans des réflexions pour
Pour répondre à ce type de demandes, depuis plusieurs décennies, la pérennisation du programme.
le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) La jeune association coordonne les acti-
finance le dispositif TOKTEN (Transfer of Knowledge Through vités des universitaires et scientifiques
Expatriate Nationals). Il donne à des cadres originaires d’un pays des Maliens de France et entend utiliser
l’opportunité d’y retourner pour un court séjour d’une à trois se- l’expertise de ses membres pour agir à
maines afin de transmettre leur expertise dans un domaine précis. côté des politiques. Elle s’intéresse par-
Le PNUD prend en charge les frais de voyage. Le choix des missions ticulièrement à la jeunesse et organisait
est réalisé en étroite collaboration avec le pays hôte qui veille à l’hé- en 2016, à Bamako, un colloque international portant sur cette
bergement. Si nécessaire, un expert revient à plusieurs reprises. Le question. La même année, les membres de l’association publiaient
principe semble vraiment convenir aux expatriés. aux éditions de L’Harmattan et sous la direction de leur président,
Tiefing Sissoko, enseignant à l’Université de Paris, un ouvrage col-
L’implication de la diaspora malienne de France lectif intitulé Penser l’État, penser la jeunesse : quelle gouvernance des
À tel point que la diaspora malienne de France vient de se doter d’une politiques de jeunesse dans les États d’Afrique francophone ?, qui fait
association, l’APUMAF (Association de la diaspora professionnelle, le point sur la question et ouvre des pistes de réflexion et d’action. Q
© Aurélie Fondaine
our les politiques, comme pour les ensei-
gnants et les entrepreneurs, l’enseigne-
ment professionnel semble être devenu
une priorité. D’ici quatre ans, le gouver-
nement sénégalais espère créer dix-huit
centres de formation dans le pays, pouvant chacun
former jusqu’à six cents personnes. Un premier centre
a été ouvert en avril dans le Sud du Sénégal, spécialisé
dans l’agriculture et l’élevage. « Avec ces centres nous
voulons sortir de la logique scolaire pour nous tourner
vers une logique de compétence, pour répondre aux be-
soins du marché du travail en main-d’œuvre qualifiée »,
explique Sanoussi Diakité, directeur de l’Office natio-
nal de la formation professionnelle (ONFP).
Selon vous, plusieurs obstacles empêchent Vous pointez aussi le manque de coordination entre
une réforme efficace. Le problème majeur serait le monde de l’enseignement et celui de la formation
le manque de collaboration entre les institutions professionnelle.
de formation et les entreprises? Ibrahima Diallo : Oui, il faut développer les passerelles entre
Oui, pour l’instant les choses évoluent difficilement car les gouver- éducation et formation professionnelle. Les élèves devraient pou-
nements pensent que la formation professionnelle et l’éducation voir intégrer une formation professionnelle dès le primaire ou
sont uniquement de leur ressort. Or il faut y associer le secteur le collège. Il y a cependant des frémissements. En Côte d’Ivoire,
privé, car c’est le monde du travail qui accueille les sortants des par exemple, les ministères de la Formation professionnelle et de
formations. L’idée, c’est un partenariat public-privé. Sur le papier, l’Éducation, auparavant distincts, sont désormais réunis.
il existe mais en réalité cela ne fonctionne pas. Changer le calendrier de la formation professionnelle est aussi né-
cessaire. Les formateurs de l’enseignement professionnel ne de-
Pourquoi? vraient pas être en vacances en même temps que les enseignants
Ibrahima Diallo : Parce que les partenaires privés n’ont pas été de l’élémentaire et du collège.
assez inclus, ni dans l’élaboration, ni dans la gestion des formations
professionnelles. Et ce qui existe aujourd’hui ne leur convient pas. En Afrique de l’Ouest, l’agriculture représente
Les acteurs de la formation professionnelle ne s’adressent aux en- une part très importante de l’emploi. Qu’en est-il
treprises qu’au moment des stages pour leurs élèves. En plus, est-ce de la formation des métiers agricoles?
que l’entreprise est vraiment préparée à recevoir des stagiaires ? Khalil Bahloul : Il n’y a pas suffisamment de coordination entre
Khalil Bahloul : Les centres de formations aux métiers du BTP le ministère de l’Agriculture, le ministère de l’Élevage et le minis-
fonctionnent sur une logique de partenariat et de gestion avec le tère de la Formation professionnelle. Personne ne communique
privé. Mais dans les faits ces centres n’arrivent pas vraiment à se sur ce secteur, qui pâtit d’une vision négative. Les gens se disent
rapprocher des entreprises, donc la formation n’est pas adéquate que la filière agricole, c’est pour ceux qui n’ont pas réussi à l’école
à leurs besoins. « classique » ! Q
1. La Pefop est une plateforme développée depuis 2015 par le pôle de Dakar de l’IIPE (Institut international de planification de l’éducation), dont les activités s’inscrivent dans le cadre du soutien de l’Unesco au développement de
politiques d’éducation efficaces, viables, équitables et endogènes en Afrique. www.iipe-poledakar.org
© OFPPT
juillet 2015 par le Conseil
du gouvernement d’une
stratégie très ambitieuse
à horizon 2021, le Maroc
est engagé dans une vaste
réforme de son système de
formation professionnelle.
Stagiaire africain au Maroc : le nombre de places pour des stagiaires de pays subsahariens est
en augmentation à l’OFPPT (Office pour la formation professionnelle et la promotion du travail).
I
l s’agit de mettre en œuvre « une formation professionnelle de de la qualification des actifs par le développement de la formation
qualité, partout, pour tous et tout au long de la vie, au service du continue, particulièrement pour les PME/TPE et les catégories de la
développement et de la valorisation du capital humain et pour population qui en sont exclues. Plus généralement, il existe un large
une meilleure compétitivité de l’entreprise ». consensus parmi les responsables marocains pour penser que le dé-
Déclinée selon cinq objectifs tels que la formation de 10 mil- veloppement et la réforme de la formation professionnelle peuvent
lions de citoyens d’ici 2021, la formation continue de 20 % des sa- apporter une contribution majeure au traitement des problèmes
lariés chaque année, et la croissance du taux d’insertion profession- du pays.
nelle des diplômés jusqu’à 75 % en fin de période, la stratégie vise
aussi l’intégration de la formation professionnelle et de l’éducation Patronat et bailleur de fonds
nationale et le renforcement de la gouvernance du système. Elle Le patronat – rassemblé au sein de la Confédération générale des
cherche ainsi à répondre aux défis lancés à la société et l’économie entreprises du Maroc (CGEM) – est associé depuis le début à l’éla-
marocaines : croissance insuffisante, problèmes massifs de sous boration de la stratégie et il est un des partisans les plus fervents
qualification, de chômage, d’inactivité et d’exclusion sociale qui d’une démarche ambitieuse. L’ensemble des bailleurs de fonds sont
frappent en particulier les jeunes et les femmes, notamment dans engagés dans le soutien à ces mesures et en particulier les coopé-
les zones rurales. On estimait en effet en 2014 que 8 millions de rations bilatérales française (avec l’Agence française de dévelop-
personnes dont 3,5 millions de jeunes étaient sans qualification, pement), allemande, britannique, espagnole et belge, mais aussi
que 45 % des 25-34 ans étaient inactifs et que l’abandon scolaire à le Millenium Challenge américain, la Banque mondiale, la Banque
la fin du primaire était très fréquent, surtout en milieu rural. africaine de développement et l’Union européenne avec un pro-
gramme d’appui budgétaire de 60 millions d’euros.
Un large consensus D’ores et déjà de nombreux chantiers ont été lancés dont nous ne
Cette stratégie concernant la formation professionnelle est mainte- citons ici que quelques-uns des plus emblématiques (voir encadré).
nant intégrée dans le vaste chantier engagé par le ministère de l’Édu- La stratégie vise aussi à donner aux entreprises un rôle central dans
cation nationale sous l’appellation Vision 2030 pour le développe- l’élaboration des programmes et le pilotage du système, le renforce-
ment de l’ensemble du système d’éducation et de formation. ment de l’apprentissage et la création de nouveaux établissements
En parallèle, une stratégie nationale de l’emploi a été élaborée en au moyen de partenariats publics privés. Un nouveau modèle de
parfaite complémentarité avec les objectifs de la formation profes- gouvernance participative associant toutes les parties prenantes
sionnelle : rapprochement de la formation des besoins du marché aux niveaux national, régional et sectoriel et où les régions verront
du travail, meilleure qualification pour les jeunes, et amélioration leur rôle renforcé.
DR
celle du financement qui s’appuie sur un accroissement massif des
contributions de l’État mais surtout des entreprises et celle du recrute-
ment massif de formateurs qu’appellent les prévisions ambitieuses en
matière d’effectifs formés tant en formation initiale qu’en formation
continue. Et surtout celle de la gouvernance et de la capacité de l’en-
semble des acteurs et opérateurs à travailler en bonne harmonie pour
la réussite de la stratégie. Cette difficulté concerne en particulier le
plus important d’entre eux, l’Office pour la formation professionnelle
et la promotion du travail (OFPPT, qui accueille environ les trois quarts
des effectifs en formation professionnelle initiale, véritable « État dans
l’État » au sein du système de la formation professionnelle), compte
tenu des réserves qu’il avait manifesté et du « cavalier seul » qu’il avait
fait tout au long du processus d’adoption de la stratégie.
ENCADRÉ
© DR
posées à l’enseignement
scientifique et technique
en Algérie, la question de
la langue. Depuis le passage
de cet enseignement en arabe
(1988) dans les collèges et
lycées, l’étudiant algérien
s’est trouvé déstabilisé une fois
à l’université. Un spécialiste
du français sur objectifs
spécifiques (FOS) propose
ici des pistes de solutions.
L
e paysage linguistique algérien se caractérise par la (pas d’enseignants spécialisés). Comment identifier ces échecs en
présence de nombreuses variétés de langues, domi- première année universitaire : problèmes pédagogiques ou accultu-
nées actuellement par deux langues super-centrales, ration universitaire ? Voici quelques éléments de réponses.
dont l’une est langue nationale officielle, l’arabe mo-
derne, et l’autre langue étrangère, le français. Une rupture secondaire/universitaire
Si dans les textes et les discours institutionnels, le français n’est Le français est la langue principale d’enseignement à l’uni-
qu’une langue étrangère parmi d’autres (anglais, espagnol, alle- versité dans les filières scientifiques, techniques et technolo-
mand, etc.), il demeure, pour des raisons historiques, scientifiques giques ainsi que dans les formations professionnalisantes. Nous
et techniques, le principal vecteur d’enseignement dans l’enseigne- sommes en présence d’une rupture secondaire/universitaire à
ment supérieur scientifique (60 % des filières environ) alors même plusieurs niveaux : institutionnel, académique, pédagogique,
que durant le cycle secondaire, les matières scientifiques sont dis- cognitif, discursif. Ajoutons à cela, une rupture linguistique due
pensées en arabe. au changement de langue d’enseignement : de l’arabe au français.
Il s’agit d’une véritable fracture linguistique.
Identifier les échecs Pour l’étudiant, ce changement de milieu de vie et d’études est
Plus précisément, de la première année du primaire jusqu’à la troi- renforcé par le changement de langue d’enseignement. Cela va en-
sième année du secondaire (terminale), ces matières scientifiques gendrer des difficultés et notamment une surcharge cognitive ainsi
(mathématiques, physique et sciences de la nature et de la vie) sont qu’un stress dès les premières semaines. D’où la nécessité de l’aider
enseignées en langue arabe. Par contre, à l’université, l’enseigne- à gérer la transition. Nous avons pensé mettre en place des stages
ment se fait exclusivement en français (à l’exception des sciences en début d’année : cours de français en session intensive. Mais le
humaines). Les étudiants, ne maîtrisant pas vraiment le français, stage ne peut pas aborder tous les problèmes et tous les aspects de
ont du mal à suivre des cours dans leurs spécialités, et malheureu- l’acculturation universitaire. Il est donc important que l’étudiant
sement les deux conceptions différentes de l’enseignement du fran- prenne conscience de la rupture de culture éducative entre le lycée
çais à l’université (cours de terminologie et enseignement du FLE) et l’université.
n’ont donné que des résultats médiocres. Au lycée, l’élève algérien a le choix entre deux types d’enseigne-
Il fallait donc se démarquer de ces deux approches caduques. ments : dans les écoles bilingues privées ou dans l’école publique
Le choix d’enseigner le français sur objectifs spécifiques dans l’univer- monolingue. Afin de leur faciliter la tâche à leur arrivée en 1re année
sité algérienne s’est concrétisé avec l’aide de Madeleine Rolle-Bou- universitaire et de simplifier celle des enseignants de spécialité,
mlic. Mais les universités ont rencontré des difficultés à mettre en il serait judicieux que les élèves de tous les lycées suivent les cours
place des cours de FOS notamment par manque de moyens humains des disciplines scientifiques en français.
DES STRATÉGIES
AMBITIEUSES
Les profonds changements politiques
© DR
et sociaux intervenus en Tunisie après
la Révolution de Jasmin (2010-2011)
n’ont pas changé fondamentalement
les grandes orientations décidées
depuis 2008 en faveur de la formation
professionnelle : création de filières
porteuses d’emploi, projet d’un bac
pro et mise en place de collèges
techniques (CET). Mais il s’agit
aujourd’hui de les replacer dans la
perspective de la régionalisation et
d’en renforcer l’urgence.
PAR JEAN-RAYMOND MASSON Au Centre d’excellence dans les métiers de l’industrie aéronautique (CEMIA)
Consultant européen pour la formation professionnelle. d’El Mghira (Grand Tunis), inauguré le 16 mai 2017. Financé en partie par l’Agence
française du développement (AFD), ce centre dispensera 6 spécialités dans un cadre
d’alternance, avec une capacité d’accueil de près de 600 stagiaires. Une équipe de
11 experts du CIEP accompagne le projet.
E
ntre 2005 et 2010, l’accélération soudaine de la mon- en général et l’organisation patronale (UTICA) en particulier n’ont
tée du chômage en Tunisie a révélé entre autres une jamais jusqu’à présent manifesté un grand intérêt pour la formation
profonde inadéquation du système de la formation professionnelle, qu’il s’agisse de formation initiale ou de formation
professionnelle face aux demandes des entreprises continue.
dans un contexte économique en changement rapide, En même temps, la stratégie d’alimentation des filières de forma-
mais encore marqué par la prédominance de micro-entreprises à tion professionnelle par l’orientation des élèves à la fin de la 7e
faible valeur ajoutée, par des choix de politique industrielle qui année vers les collèges techniques (CET) faisait long feu, notam-
avaient privilégié des activités d’assemblage, elles aussi à faible va- ment faute d’investissements satisfaisants dans ces établissements.
leur ajoutée, et par un secteur informel qui occupait 39 % de l’em- Le baccalauréat professionnel était aussi abandonné, faute d’accord
ploi non agricole. Les offres d’emploi du secteur privé étaient ainsi entre les ministères concernés et en l’absence de volonté politique.
marquées par des bas salaires et des conditions de travail peu at- La formation professionnelle restait un dispositif cloisonné, sans
tractives, qui incitaient une proportion notable de jeunes chômeurs autre passerelle avec l’enseignement général que celle qui l’ali-
à refuser l’embauche et à privilégier les emplois publics tandis que mentait par l’échec scolaire, et sans débouché sur l’enseignement
ceux-ci s’étaient considérablement raréfiés depuis les années 90. supérieur. Tout ceci n’était pas de nature à encourager les jeunes
à s’engager dans cette voie. Entre 2011 et 2013, la part des élèves
La qualité des formations en question de l’enseignement secondaire dans les filières de formation profes-
Cette montée du chômage posait enfin la question de la qualité de sionnelle était tombée de 13,9 % en 2011 à 9,3 % en 2013.
la formation dispensée, et en particulier des programmes et des
approches pédagogiques mis en œuvre. Ainsi, le modèle pédago- Les stratégies de changement en cours
gique de l’alternance (entre l’entreprise et le centre de formation) L’ensemble du système éducatif avait donc besoin de changements
fonctionne mal, bien qu’il soit la règle dans la formation profession- considérables : tâche à laquelle se sont attelés les nouveaux respon-
nelle : le plus souvent, le stagiaire ne dispose pour les périodes en sables aux lendemains de la Révolution. Soutenue par un vaste pro-
entreprise ni d’un tuteur dans l’entreprise ni d’un suivi consistant gramme d’appui budgétaire de l’Union européenne, une stratégie
par le centre de formation. Il faut dire que les partenaires sociaux « d’appui à l’éducation, la formation professionnelle et l’enseigne-
© DR
Un centre de formation professionnelle forme les mères seules Le collège LaSalle, école supérieure de formation professionnelle cana-
tunisiennes dans les domaines de la production textile, des soins dienne à Tunis, assure, entre autres, une formation « Réseaux et sécurité
aux personnes âgées et de la cuisine/restauration. informatique ».
ment supérieur en rapport avec l‘employabilité des diplômés » a été fessionnelle, mais aussi Tourisme, Agriculture, Santé et Défense
engagée autour des priorités suivantes : renforcement du partena- nationale), ainsi que plusieurs agences créées dans les années 60
riat avec le monde professionnel, amélioration de la gouvernance du ou 70 et disposant d’une autonomie substantielle à l’égard de leurs
système avec un rôle renforcé des structures régionales, plus grande tutelles. Des difficultés sont apparues dans le pilotage de réformes
autonomie des universités et développement d’un système intégré qui engageaient la transition entre un passé marqué par une ges-
d’orientation scolaire et professionnelle. Orientations qu’a renfor- tion très centralisée et un avenir fondé sur la décentralisation, dans
cées en 2013 la signature d’un accord tripartite gouvernement/pa- un contexte de liberté d’expression et de pluralisme syndical. Au
tronat/syndicat qui promouvait le partenariat et l’adoption en 2014 niveau patronal, la monolithique UTICA s’est vue contestée par
d’une nouvelle Constitution instituant la régionalisation. une nouvelle organisation CONECT (Confédération nationale des
Dans la formation professionnelle, il s’agissait de sortir de la lo- entreprises citoyennes de Tunisie) plus ouverte aux questions de
gique de scolarisation par l’échec et de l’absence de passerelles avec formation professionnelle.
l’enseignement général et l’enseignement supérieur. Organisé en
novembre 2012, le Congrès national pour la réforme du dispositif Des perspectives ambitieuses
national de la formation professionnelle a procédé à une analyse Avec le lancement du Plan 2016-2020 et l’adoption conjointe des
extrêmement lucide de la situation et a tracé la voie d’une réforme réformes de l’éducation, de la formation professionnelle et de l’en-
ambitieuse fondée sur la redéfinition de la place de ces formations seignement supérieur, la Tunisie dispose d’une stratégie intégrée
au sein du dispositif national de développement des ressources de développement des ressources humaines au service des grands
humaines, sur un meilleur ancrage dans l’environnement écono- objectifs de développement économique et social. Quelques me-
mique, sur une gouvernance axée sur le partenariat et la régionali- sures traduisent cette ambition : création d’une instance nationale
sation et sur la mise en œuvre d’un système performant de forma- de concertation pour le développement du système des ressources
tion continue. humaines avec pouvoir décisionnel ; introduction dans la forma-
tion professionnelle de référentiels de certification élaborés par
Difficultés de pilotage des commissions sectorielles réunissant les partenaires sociaux
Le projet de réforme était adopté fin 2013, mais il a fallu attendre avec les représentants des ministères ; création d’une agence na-
novembre 2015 pour que le document de mise en œuvre soit adopté tionale de l’orientation professionnelle fédérant et dynamisant les
en Conseil des ministres avant de l’être par l’Assemblée des repré- actions des ministères concernés ; mise en place du baccalauréat
sentants du peuple en avril 2016 et de s’inscrire dans le Plan de dé- professionnel et d’un système de passerelles entre les trois sys-
veloppement 2016-2020 adopté à l’été 2016. tèmes ; mise en œuvre d’outils communs d’analyse, le tout appuyé
Ces retards étaient dus en partie aux difficultés inhérentes aux sur un partenariat renforcé avec les organisations syndicales et
changements politiques et à l’instabilité qui en avait résulté no- patronales et la société civile, au niveau national, mais surtout au
tamment jusqu’aux élections de 2014. Cinq ministres en charge niveau régional et local.
de la formation professionnelle s’étaient en effet succédé depuis Bien entendu, malgré la mobilisation des parties prenantes et
le 17 janvier 2011, et autant de ministres de l’éducation et de l’unité de vue qui se manifeste entre les principaux décideurs et
l’enseignement supérieur ! Ils doivent également être imputés à leurs partenaires, tout ne va pas aller de soi, et le soutien des bail-
la complexité des structures de gouvernance de la formation pro- leurs de fonds multilatéraux et bilatéraux reste indispensable à la
fessionnelle qui comptent plusieurs ministères (Formation pro- réussite de ces stratégies. Q
DU PRIMAIRE À LA FORMATION
PROFESSIONNELLE
Miser sur le numérique et installer des tableaux numériques
interactifs dans les écoles haïtiennes, c’est l’une des grandes
missions d’Haïti Futur. Cette association, créée il y a plus de
20 ans par Josette Bruffaerts-Thomas, développe un
ambitieux programme éducatif. Rencontre avec une
présidente passionnée et déterminée.
PAR SOPHIE PATOIS Josette Bruffaerts-Thomas
DR
P
résidente de Haïti Futur (1), Josette Bruffaerts-Thomas vice –, mais également la formation continue des enseignants et la
s’emploie depuis de nombreuses années à soutenir et production d’un contenu pédagogique adapté. « Nous nous sommes
participer au développement de son pays d’origine, vite rendu compte de la nécessité de former et d’accompagner les en-
Haïti. Et l’ouragan Matthew, qui, en 2016, a drama- seignants dans cette démarche, il faut savoir qu’il y a seulement 15 %
tiquement détruit plusieurs écoles qui bénéficiaient d’enseignants diplômés dans les écoles haïtiennes », rapporte Josette
de l’équipement installé par son association, n’a en rien balayé sa Bruffaerts. Effet inattendu de la catastrophe climatique : s’il a rendu
détermination. « Un jour, raconte-t-elle, j’ai vraiment pris un stylo le pays encore plus fragile, il permet aussi à Haïti Futur d’ouvrir une
et rayé le mot “découragement” de mon dictionnaire ! » Parmi les voie nouvelle de formation sur le terrain, avec la reconstruction des
missions importantes, défendre une éducation de qualité pour tous écoles... « Sur les quarante écoles que nous recontruisons en priorité,
figure en première ligne. « Je ne voulais pas m’engager seulement quinze sont à nouveau fonctionnelles, se réjouit la présidente. Avec
comme quelqu’un qui fait partie de la diaspora et envoie ses dons au les ingénieurs, un architecte belge et un professeur d’architecture de
pays. J’ai toujours considéré qu’il fallait vraiment vivre et accompa- Lyon nous avons également lancé tout un programme de formation à
gner le développement sur place. C’est ce que je peux faire maintenant la construction paracyclonique avec une école professionnelle et nous
en consacrant 100 % de mon temps à cette tâche. » sommes d’ailleurs en train de filmer des capsules de formation. »
Dont acte : dès 2010, en collaboration avec l’Éducation nationale et
de la Formation professionnelle haïtienne (MENFP), l’association Mille enseignants déjà certifiés
s’engage dans un ambitieux programme d’éducation numérique Impliquer et former les acteurs locaux afin qu’ils puissent travailler
avec la mise en place de tableaux interactifs dans des écoles pri- en autonomie fait en effet plus que jamais partie du projet porté
maires, publiques ou privées, laïques ou communautaires. par l’association. « Je suis heureuse, conclut Josette Bruffaerts, de
constater la belle dynamique qui naît à l’occasion de cette reconstruc-
Formation et reconstruction tion, des mondes qui n’avaient rien à voir entre eux, bâtiment et ensei-
Soutenu par la Fondation de France, le programme (2) prévoit l’ins- gnement, se rencontrent. Nous avons eu aussi une bonne surprise dans
tallation (avec l’aide notamment de l’AFD et d’Électriciens sans le malheur en constatant la solidité des projecteurs que nous avions
frontières) de 500 vidéoprojecteurs – 200 ont déjà été mis en ser- choisis : beaucoup ont pu être remis en marche et nous avons décidé de
construire aussi un atelier de réparation qui va permettre de préserver
le matériel. »
Reconstruction de l’École Nouvelle Génération de Camp-Perrin, dans le
département du Sud. Une occasion de formation pour des jeunes. En parallèle, Haïti Futur poursuit ses principaux objectifs : mettre
en place des formations techniques (déjà mille enseignants ont été
certifiés et sont capables d’utiliser le tableau numérique), acadé-
miques (pour maîtriser le contenu) et pédagogiques (savoir ensei-
gner). Signe que la démarche initiée dans les écoles primaires a
de l’avenir : les centres de formation et les universités auront aussi
bientôt leur tableau numérique... Q
UN PARTENARIAT STRATÉGIQUE
L’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad)
viennent de signer un accord cadre pour renforcer les partenariats scientifiques au sein de l’espace francophone dans les domaines de la formation et de
la recherche agronomique. Avec pour objectif prioritaire, la question de la formation et du renforcement des compétences. Q
P
artenariat public-privé, le Fonds mondial réunit pour tiques). « Nous ne viendrons à bout
© Le Fonds mondial / Nana Kofi Acquah
la première fois tous les acteurs concernés par les trois du paludisme que si nous devenons
pandémies : États bénéficiaires et donateurs, société tous les agents de changement »,
civile, communautés affectées, secteur privé. Face aux précise Elhadj. À Thiénaba, on s’as-
défis sanitaires, il finance des programmes proposés sure que les écoliers dorment sous
par les pays eux-mêmes, alliant des critères de transparence et de moustiquaires durant l’hivernage
performance, et s’appuyant notamment sur la société civile et les et chaque habitant veille à ce que
communautés en vue d’atteindre toutes les populations concer- son voisin en dispose. Une caisse oùElhadj Diop, tenant une photo
figure sa petite fille morte du
nées, en particulier celles en situation de vulnérabilité. de solidarité permet d’en acheter paludisme.
© humanium
© collectes-partages.org
L
es évaluations faites par des spécialistes et les résultats formation ;
aux examens scolaires (CFEE, BFEM, BAC) attestent – l’absence d’outils didactiques appropriés : dans certaines disci-
de l’impact négatif sur les résultats des élèves des dys- plines, il est difficile de trouver un manuel ou support qui corres-
fonctionnements du système actuel. Sans pour autant pond aux contenus des programmes enseignés.
occulter les avantages du système éducatif mis en
place depuis l’indépendance, il faut reconnaître que de nombreux Les objectifs du PARC
éléments ont mis en question son efficacité ou sa pérennité. En effet Le Projet d’appui au renouveau des curricula (PARC) a été initié
le monde bouge, et il est impératif de revoir sa copie pour ne pas par le ministère de l’Éducation nationale et soutenu par des parte-
rater le train de la mondialisation. naires de l’Université du Québec à Montréal et par des organisations
Organisé par l’Association sénégalaise des professeurs de français (ASPF), un grand concours de fiches pédagogiques s’est déroulé de décembre 2016
à mars 2017. L’appel à concourir s’adressait à tous les professeurs du Sénégal qui enseignent le français. Il s’agissait de produire une fiche pédagogique
intégrant un outil numérique, avec pour objectif d’amener les enseignants à améliorer leurs pratiques pédagogiques en intégrant les TIC afin de mieux
faire apprendre leurs élèves. Il visait aussi à les inciter à utiliser les ressources existantes (francparler-OIF, TV5 monde, RFI, etc.).
Après délibération du jury, le concours a permis de récompenser les auteurs des meilleures fiches démontrant leur sérieux et leurs capacités d’inno-
vation. La remise des prix a eu lieu le 25 mars 2017, lors de la quinzaine de la Francophonie.
Les gagnants sont :
1. Bora Baldé, professeur de Lettres modernes au nouveau lycée de Kaolack : un Power point interactif pour s’entraîner à l’identification du plan d’une
dissertation (classe de 1re).
2. Dieynaba Cissé, enseignante à l’école élémentaire El Hadji Cheikhou Wade (département de Saint-Louis) : entraînement à l’expression orale
(intonation, vocabulaire, analyse des comportements non verbaux et production de messages de type argumentatif) à partir d’une vidéo réalisée par
des élèves (CM2).
3. Magatte Fall, enseignante à l’école maternelle Fass Ngom : expression orale (vocabulaire, messages oraux de type descriptif et narratif), à partir
d’une vidéo réalisée par les élèves (moyenne section).
Pour des raisons évidentes de transcription sur un support papier d’une séance faisant appel au numérique, nous ne pouvons publier ici que la
fiche n° 2. En effet, il est possible d’effectuer le travail didactique proposé sans recours au numérique – en perdant, bien entendu, les améliorations
notables apportées par les TICE, que signale Dieynaba Cissé en conclusion de sa fiche.
ANALYSE DE L’ŒUVRE
t0OQSÌTFOUFSBMBSUJTUF WPJSÌMÌNFOUTCJPHSBQIJRVFT
QVJTPO
donnera le titre de l’œuvre : Falling Houses (en français : « les mai-
sons qui tombent »). Ce titre indique que l’installation s’inspire du
roman de l’écrivain nigérian (donc anglophone) Chinua Achebe,
Things Fall Apart, paru en 1958 et traduit en français en 1966 sous
MISE EN ROUTE le titre Le monde s’effondre. Ce roman raconte comment la vie d’une
tribu villageoise de la forêt, à la fois guerrière et violente mais très
t*MFTUJNQPSUBOUEFMBJTTFSMFTÌMÏWFTEÌDPVWSJSMVWSFBWBOU organisée par des traditions, est détruite par l’arrivée des colons
toute information ou explication. Le premier contact, qui peut européens.
être de surprise, d’adhésion ou parfois de rejet, peut servir de
tremplin pour l’approche à venir. t0OMJSBMFDPVSUFYUSBJUEVSPNBO
FOQSÌDJTBOUBVYÌMÏWFTRVJM
s’agit d’une des plus grandes œuvres littéraires du continent afri-
t%JTUSJCVFSMFTQIPUPDPQJFTEFMVWSF-JNBHFQSPQPTÌFQFS- cain, que l’on peut conseiller de lire en entier, du moins au niveau
met de saisir qu’il s’agit non d’une œuvre peinte ou sculptée du lycée.
au sens habituel du terme, mais d’une installation. Il s’agit de
la mise en espace d’éléments qui ont du sens. Une fois les pre- t6OFGPJTDFTJOGPSNBUJPOTDPOOVFT
POEFNBOEFSBBVYÌMÏWFT
mières réactions des élèves, on pourra passer à une analyse de de repérer dans l’installation les éléments qui peuvent renvoyer
l’œuvre. à cette thématique de l’« effondrement » d’un monde traditionnel
Noter au tableau ces réactions, à partir de quelques questions : africain. Le renversement des maisons, le désordre apparent qui y
– Que voyez-vous sur l’image ? Des maisons à l’envers accrochées règne, les sculptures évoquant une culture ancienne, des person-
au plafond, au-dessus des visiteurs. nages nombreux tout petits, quelques personnages plus grands avec
– Quelle impression cela provoque-t-il ? Ces maisons risquent de des casques coloniaux. Mais aussi des plantes et des animaux qui
tomber. On peut très vite préciser qu’il s’agit de matériaux légers évoquent la forêt, lieu où existaient ces cultures qui ont été détruites.
qui ne peuvent provoquer d’accidents !
– Que voyez-vous sur ces maisons « à l’envers » ? Des toitures qui t0OQSÌDJTFSBDFQFOEBOURVF5BZPVEÌDMBSFMVJNÍNFRVFDFUUF
font penser à de la tôle, des personnages, des animaux des sculp- œuvre n’est pas nostalgique d’un monde ancien, mais veut être
tures, des éléments de literie… Demander aux élèves d’identifier une vision universelle, et pas seulement liée à l’histoire africaine.
certains éléments. Cette œuvre, qui a été présentée dans des expositions sur tous les
– Ces maisons sont-elles luxueuses ? Non, elles ressemblent à de continents, concerne le monde entier aujourd’hui, où les risques
vieilles cabanes, encombrées et en assez mauvais état. écologiques et géopolitiques menacent tous les humains.
t1PVSDPODMVSFDFUUFQSFNJÏSFBQQSPDIF
EFVYRVFTUJPOTQMVT
générales, auxquelles les élèves peuvent répondre très libre-
POUR EN SAVOIR PLUS sur l’artiste et son œuvre :
ment et qui, au niveau lycée, pourront même donner lieu à un https://artplastoc.blogspot.fr/2015/07/382-loeuvre-de-pascale-marthine-tayou.html
débat (15 min maximum) :
BIOGRAPHIE
Pascale Marthine Tayou est né au Cameroun, en 1967. Artiste autodidacte, il abandonne ses études de droit et commence
à créer dans les années 1990, à partir d’objets de récupération. Sa renommée internationale date du début des années
2000 : il multiplie alors les expositions collectives et personnelles, notamment dans toute l’Europe, mais aussi dans son pays.
Il séjourne en Suède et en France, puis à Gand (Belgique) en 2003. Depuis 2013, Pascale Marthine Tayou est professeur à
l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris et partage son temps entre Gand, Paris et Yaoundé, quand il ne part pas
en voyage autour du monde.
TEXTE
Okonkwo est un grand et valeureux guerrier du village d’Umuofia, au cœur de la forêt. Exilé durant sept ans par son clan,
il revient parmi les siens, mais tout a changé : missionnaires, commerçants et administrateurs européens sont passés par là.
« Le clan avait subi une transformation si profonde au cours de son exil qu’il était à peine reconnaissable. La religion et le
gouvernement nouveau et les boutiques occupaient beaucoup les yeux et les esprits de gens […] Okonkwo était profondé-
ment chagriné. Et ce n’était pas seulement un chagrin personnel. Il se lamentait pour le clan, qu’il voyait se briser et tomber
en morceaux, et il se lamentait sur les hommes belliqueux d’Umuofia, qui étaient devenus si inexplicablement aussi mous
que des femmes. » Chinua Achebe, Le monde s’effondre, 1958
TEXTE DE LA DICTÉE
Si les élèves sont prêts à jouer le jeu, voici le texte de la dictée proposée Faculté des Lettres, Art et Sciences humaines de l’Université d’Abomey-Calavi,
à Cotonou. Attention, elle est difficile et demande à être préparée à l’avance pour les niveaux collège! Selon le niveau des élèves, on peut n’en dicter
que certains passages.
« Je fus ravie d’être l’opposée des thuriféraires que les narcotrafiquants ou autres vendeurs de psychotropes recrutèrent comme des
pyromanes pour commettre, un peu partout dans le monde, des incendies digitaux. Moi, j’usai le narghilé mais n’eus nulle privauté avec
la toxicomanie. Ce fut un canular de penser que l’amphétamine fut l’élixir le plus violent pour délocaliser la scissure de la pie-mère.
Aujourd’hui, j’en arrive à faire croître ma théorie sur l’addiction au Twitter, au Facebook, à Instagram : les vrais stimulants que ma vie
hallucinogène m’a montrés sont des paroles qui hébergent des avatars des nombres. Les mots maudits, dérivés de zéro et un, créent
une sorte de métamorphoses au niveau neuronal et fonctionnent à la fois comme une télépathie, une télékinésie et une téléportation.
Avec les nouveaux réseaux binaires, les hackers ou pirates, parfois de simples fureteurs habités de mégalomanie, par les manipulations
des virus, des rootkits, du pharming (dévoiement), du phishing (hameçonnage), infestent le monde numérique avec une griffe d’humour
que sanctionnent les émoticônes. De fait, des cyber-attaques ciblent des chaînes de télévisions, des finances publiques, des services
secrets et occasionnent parfois des incidents diplomatiques.
Il est un terrorisme informatique si effroyable que les blogosphères, imbues du monde virtuel et nuages de quanta nomades, télésnobent
les indigents et leurs smartphones de caniveau.
Je fus contente, répété-je aujourd’hui, d’être la crypte, l’hypogée où les doigts cacochymes viennent s’inhumer comme un ersatz à la
péremption imminente ! Je suis la robotique, la cybernétique, la bionique et je m’attelle à épanouir l’homme avec ma nanotechnologie,
ma nouvelle favorite. »
Daté Atavito Barnabé-Akayi
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